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Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun

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par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue
Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

Disponible en mode multipage

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FACULTE DES ARTS, LETTRES

ET SCIENCES HUMAINES

*********

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

FACULTY OF ARTS, LETTERS

AND SOCIAL SCIENCES

*********

DEPARTMENT OF SOCIOLOGY

UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I

LES COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUCTIFS DES FEMMES VIVANT SOUS ANTIRETROVIRAUX AU CAMEROUN

MEMOIRE PRESENTE ET SOUTENU EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLOME DE MASTER EN SOCIOLOGIE

SPECIALISATION : POPULATION ET DEVELOPPEMENT

PAR :

MOUSTAPHA MOHAMMED MONCHER NSANGOU MBOUEMBOUE

SOUS LA DIRECTION DE :

VALENTIN NGA NDONGO

Professeur

Avril 2010

« L'acte sexuel d'après la conception négro-africaine des choses, et cela ressort des analyses que nous avons faites jusqu'à présent et de celles que nous ferons par la suite est une réalité ambivalente ; en tant que moyen de parvenir à la procréation, valeur suprême et exigence sociale, il est quelque chose de bénéfique et de noble ».

J. P. OMBOLO, Sexe et société en Afrique noire, Paris, Harmattan, 1990, p101

A

Mon père, Adamou  MBOUEMBOUE ;

Ma mère, Ladifatou NGUETEMALEU ;

Ma chère Valdehi Djamila NSANGOU ;

Ma feue grand-mère Salamatou NGNAMI ;

Mes frères et soeurs ;

Toutes les personnes vivant avec le VIH/SIDA.

REMERCIEMENTS

Nous exprimons notre profonde gratitude :

- A notre directeur de mémoire, le Professeur Valentin NGA NDONGO, pour l'intérêt et la disponibilité dont il a fait preuve pour l'aboutissement de ce travail malgré ses nombreuses occupations.

-A tous les enseignants du Département de sociologie pour les enseignements qu'ils nous ont dispensés tout au long de notre passage à l'université de Yaoundé I. Nous avons en outre, une pensée particulière pour les Drs Honoré MIMCHE, Robert MBA, Pierre MBOUOMBOUO, LEKA ESSOMBA, les MM. DJOUDA Yves Bertrand, Bienvenu MOULIOM, pour leurs conseils édifiants.

-A tous nos camarades de promotion et ami(e)s, particulièrement à PENIBECK MATOCK, Abel MOUNTAPMBEME, Abakar MEFIRE, Placide AKOA, Nadège ATANGANA, Herman EPOH NDONGUE, Rosine, Marie Josette KOUOGHEM, Pélagie YOUMOUE, Léonie EBEM, Colins SOP, pour leur soutien multiforme.

-Aux Mamans Amina NAMBOUO, Awa MONKOUOP, Nji Marie-Claire PAMBOUDEM MBOUDOUO, Maman Jeanne-Nicole NGNAMI FOUBAIN, Monsieur et Madame MEFIRE, Monsieur NKOUANDI FIFEN, Madame KALTOUMI DINA pour leur assistance régulière.

- A toute notre famille en l'occurrence aux familles NJI PEMI, MEFIRE, FIFEN, NJOYA pour leur soutien moral, affectif, matériel et financier.

Que tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué d'une manière ou d'une autre à la réalisation de ce modeste travail, trouvent ici l'expression de notre profonde reconnaissance.

RESUME

Ce mémoire qui a pour titre « les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun », est le résultat d'un travail académique mené à Yaoundé. Le choix de cette ville n'a pas été fait au hasard mais, en raison non seulement de son statut de capitale politique du Cameroun, mais aussi du fait de son caractère cosmopolite. Caractérisée par la présence d'une population à culture hétérogène, échantillon d'un Cameroun en miniature.

Cette recherche se construit sur un constat de départ : la mise sous traitement antirétroviral booste, dans une certaine mesure, la féminité de la femme séropositive camerounaise qui ne parvient plus toujours à retrouver son statut ou à jouer son rôle tel que perçu dans l'imaginaire social africain à savoir : celui de mère et épouse.

En outre, malgré les politiques de lutte contre la pandémie SIDA mises en oeuvre au Cameroun par les pouvoirs publics depuis le début des années 2000 à savoir : la prise en charge du traitement de certaines infections opportunistes, les réductions des coûts des examens qui précèdent le traitement et la gratuité des ARV, les femmes séropositives ne parviennent pas toujours à évacuer certaines contraintes d'ordre économique, familial, social, culturel et religieux qui, pour beaucoup d'entre elles, sont plus importantes que leur santé.

Ainsi, la question principale de cette recherche est de savoir : quels sont les enjeux qui sous-tendent les comportements sexuels et reproductifs des femmes séropositives sous traitement antirétroviral au Cameroun ? L'hypothèse formulée pose que, dans le domaine de la santé de reproduction ou de procréation, les comportements sexuels et reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral ne concorderaient pas toujours avec le discours biomédical en raison des logiques socioculturelles, économiques et religieuses qui orienteraient les actes de ces dernières. Pour conduire cette recherche, la méthode qualitative a été utilisée pour collecter, traiter et analyser les données de terrain.

La présente analyse met en exergue les enjeux sexuels et reproductifs qui présentent des risques sociaux, économiques, culturels et religieux d'où les résistances de changements des comportements par certaines de ces femmes qui préfèrent exister socialement à travers leur maternité que d'exister sur le plan sanitaire. Par ailleurs, le discours biomédical prescrit par le personnel de santé évacue dans une certaine mesure la féminité de la femme africaine en général et donc celle de la femme camerounaise qui préfère exister socialement. Ce qui est de nature à renforcer la stigmatisation que fuient ces femmes.

ABSTRACT

This thesis whose title is "the sexual and reproductive behaviours of women living under antiretroviral treatment in Cameroun ", is the result of an academic work led to Yaounde. The choice of this city was not made randomly but; because not only of its status of political capital of Cameroun, but also because of its cosmopolitan character, characterized by the presence of a population with heterogeneous culture, sample of Cameroon in miniature.

This research is built on a starting report: the setting under treatment antiretroviral booste to a certain extent the feminity of the cameroonian HIV affected woman who does not always manage to find again her status or to play her role as perceived in african social imaginary namely: mother and wife.

Moreover, in spite of the policies of fight against pandemia AIDS that are set up in Cameroon by public administation since the beginning of the years 2000 with knowing: the charge taking of certain opportunist infections treatment, the reduction of examination fees that precede the antiretroviral treatment, the amountlesness of medical treatment, HIV women always don't manage to evacuate certain constraints of economic, family, social, cultural and religious order which, for some are more significant than their health.

Thus, the main question of this research this way to know what are stakes imply sexual and reproductive behaviours of women under antiretroviral treatment in Cameron? We have expressed the hypothesis according to which, in the field of the health of reproduction, the sexual and reproductive behaviours of women under antiretroviral treatment may be heterogeneous because of sociocultural, economical and religious bounds that are preserve. To undertake this research, the qualitativ method has been applied to collect, treat and analyze the data on the field.

The present analysis highlights the sexuals and reproductives stakes that present social, economic, cultural and religeous risks from whith it can be concluded that resistances of changes of behaviours by some of these women who prefer to exist socially through their motherhood than living medically. Morever, the biomedical speech of the medical staff in a certain extent kicks aside the feminity of the african woman in general and that the cameroonian woman in particular who prefers to exist socially. This is likely to reinforce the stigmatization from these women run.

LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

AFASO : Association des femmes actives et solidaires

AFSU : association des frères et soeurs unis

ARV : antirétroviraux

AS : assistant(e) social(e)

AZT : zidovudine

CEAM : cercle d'entraide et d'assistance des mères de la fondation Chantal BIYA

CMPY : centre médical de police de Yaoundé

CNLS : Comité national de lutte contre le SIDA

CTA : centre de traitement agréé

FIV : fécondation in vitro

HCY : hôpital central de Yaoundé

HDJ : hôpital du jour

HMY : hôpital militaire de Yaoundé

IEC : information, éducation et communication

IO : infection opportuniste

IST : infection sexuellement transmissible

MSP : ministère de la santé publique

MST : maladie sexuellement transmissible

N-né : nouveau né

OEV : orphelins et enfants vulnérables

ONG : organisation non gouvernementale

ONU : organisation des nations unies

ONUSIDA : organisation des nations unies pour le SIDA

PEC : prise en charge

PMA : procréation médicalement assistée

PPTE : pays pauvre très endetté

PTME : prévention de la transmission de la mère à l'enfant

PVVIH : personne vivant avec le VIH/SIDA

SIDA : syndrome d'immunodéficience acquise

TAR : traitement antirétroviral

UPEC : unité de prise en charge

VIH : virus immunodéficience humain

LISTE DES TABLEAUX

1-Tableau I : Distribution des personnes interrogées................................................24

2- Tableau II : Distribution des enquêtées (femmes séropositives) selon leurs âges ..........25

3- Tableau III : Distribution des enquêtées (femmes séropositives) selon leurs régions d'origine....................................................................................................25

4- Tableau IV : Distribution des enquêtées (femmes séropositives) selon leurs catégories socioéconomiques et activités..........................................................................25

5- Tableau V : Distribution des enquêtées (femmes séropositives) selon leurs nombres d'enfants en vie ...........................................................................................26

6- Tableau VI : Distribution des enquêtées (femmes séropositives) selon leur état de grossesse au moment de l'enquête.................................................................................26

7- Tableau VII : Distribution des enquêtées (femmes séropositives) selon leurs religions...................................................................................................26

8- Tableau VIII : Distribution des enquêtées (femmes séropositives) selon leur situation matrimoniale..............................................................................................27

9-Tableau IX : Critères d'éligibilité à la prise en charge thérapeutique..........................69

10-figure 1 : relation entre alimentation saine, équilibrée et VIH.................................84

11-figure 2 : relation entre sous alimentation et VIH...............................................84

SOMMAIRE

-Epigraphe...................................................................................................I

-Dédicace...................................................................................................II

-Remerciements..........................................................................................III

-Résumé.............................................................................................................IV

-Abstract....................................................................................................V

-Liste des abréviations, sigles et acronymes...........................................................VI

-Liste des tableaux et illustrations...................................................................VIII

-Sommaire.................................................................................................IX

INTRODUCTION.........................................................................................1

PREMIERE PARTIE : DE LA DECOUVERTE DU STATUT DE SEROPOSITIVITE DES FEMMES A LEUR PRISE EN CHARGE............................................................36

CHAPITRE I : CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE DE LA SEROPOSITIVITE DES FEMMES INFECTEES ET CONDUITES OBSERVEES..........................................38

CHAPITRE II : ELIGIBILITE AU TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGE.................64

DEUXIEME PARTIE : COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUTIFS DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL : RECOMMANDATIONS ET INCIDENCES.............................................................................................88

CHAPITRE III : LES COMPORTEMENTS SEXUELS DES FEMMES SEROPOSITIVES SOUS TRAITEMENT..............................................................................................90

CHAPITRE IV : LES COMPORTEMENTS REPRODUCTIFS DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL AU CAMEROUN........................................113

CONCLUSION..........................................................................................143

BIBILIOGRAPHIE......................................................................................155

ANNEXES...............................................................................................164

TABLE DES MATIERES..............................................................................175

INTRODUCTION

I - PROBLEME

Dans la plupart des pays du monde entier, le VIH/SIDA constitue un sérieux défi de santé publique et de développement socio-économique. Selon les données de l'ONUSIDA1(*), parmi les 42.000.000 de personnes qui sont infectées dans le monde, 26.000.000 d'entre elles sont des travailleurs dont 18.000.000 vivent en Afrique. Depuis le début de la pandémie dès les années 1980, environ 65.000.000 de personnes dans le monde ont été infectées du VIH/SIDA. Les prévisions de nouvelles victimes sont estimées à des millions d'autres personnes à la fin de la décennie si rien n'est fait. En fin 2006, on estimait à 39.500.000 le nombre de personnes infectés dans le monde et parmi elles, près de 3.000.000 sont mortes de causes connexes au SIDA2(*). Par ailleurs, si les taux de prévalence ne sont pas maîtrisés, la force de travail de 29 pays africains sera réduite d'au moins 12 % à cause de ce fléau d'ici 20203(*). En plus d'être une question de santé publique, la pandémie VIH/SIDA présente des défis politiques, économiques, sociaux et scientifiques dans les pays du monde entier4(*). Les chiffres interpellent d'autant plus que, 5.000.000 de nouvelles infections sont enregistrées chaque année et près de 12.000.000 d'enfants orphelins.5(*)

Par ailleurs, un constat en termes de féminisation de la maladie mérite d'être fait. Sur près de 40.000.000 de PVVIH (personnes vivant avec le VIH/SIDA), environ 60% d'entre elles sont des femmes. On estime également que les jeunes de moins de 25 ans comptent pour la moitié de toutes les nouvelles infections du VIH/SIDA à l'échelle mondiale.

Au Cameroun, la maladie a connu entre 1985 et 2002 une évolution inquiétante touchant principalement les jeunes, les femmes enceintes, les prostituées, les transporteurs qui sont devenus par ailleurs les catégories les plus prisées dans la définition des groupes cibles au niveau des institutions en charge de la question. La pandémie fait son entrée au Cameroun au début des années 1980.Mais c'est en 1985 que le premier cas de SIDA est diagnostiqué suite aux tests pratiqués au Centre Pasteur de Yaoundé sur des malades présentant des symptômes cliniques suspects6(*) . De la découverte de la maladie à nos jours, les chiffres des personnes infectées vont grandissant. Estimé à environ 0,5% en 1987, ce taux passera à 12% en 2002 ; d'après les sources sentinelles, qui ont été dans un premier temps, l'instrument pour la surveillance épidémiologique. Cependant, d'après les données de la dernière enquête démographique et de santé7(*), des données représentatives de la réalité sanitaire et socio démographique nationale ont montré que ce taux est de 5% pour les adultes (15 - 49 ans) avec les spécificités suivantes pour quelques catégories sociales :

- le taux de prévalence est plus élevé chez les femmes 6,8 % contre 4,1% chez les hommes d'où la féminisation de la maladie ;

- Le milieu urbain présente un risque d'infection nettement plus élevé que les zones rurales, mais les comportements sexuels et les phénomènes de la discrimination et de la stigmatisation sont assez récurrents dans le monde rural.

Dans l'attente d'une probable découverte d'un vaccin contre ce qui a été appelé « le mal du siècle », le phénomène SIDA a dépassé le cadre de la seule expertise médicale ou sanitaire pour devenir un problème de société. Il nécessite désormais des politiques publiques qui ne se contentent pas d'élaborer des messages de prévention portant sur la promotion du préservatif, l'abstinence ou la fidélité mais qui visent l'accès des personnes infectées au traitement.

Le Cameroun est l'un des pays qui a affiché une politique volontariste en matière d'élargissement de l'accès aux ARV (antirétroviraux) dans la perspective de « 3 by 5 »8(*). De ce fait, il est un des pays ayant bénéficié des financements les plus significatifs des différents bailleurs de fonds internationaux notamment le FMI (Fond Monétaire International) et la Banque Mondiale. La prise en charge des personnes vivant avec le VIH, comprenant les ARV, a été incluse dans le plan stratégique national de lutte contre le SIDA (2000 - 2005), conduit par le conseil national de lutte contre le SIDA. Ainsi grâce à un autre plan stratégique 2004 - 2006, prônant la mise de plus de la moitié des PVVIH sous ARV, une décision de création des unités de prise en charge (UPEC) au sein de 60 des 155 hôpitaux de district du pays a été prise en septembre 20049(*). Le Cameroun sera donc l'un des premiers pays africains à tester à large échelle une montée en puissance de l'accès des ARV par leur diffusion à un niveau relativement décentralisé du système de soin.

Cependant, la mise sous traitement des ARV est, comme la maladie du SIDA, porteuse d'enjeux multiples pour les patients et leurs entourages. Les patients soumis au traitement antirétroviral sont tiraillés par deux registres normatifs présentant chacun un certain nombre d'enjeux pour eux : les normes traditionnelles en matière de sexualité et de procréation qui suscitent un modèle de comportement sociodémographique de type nataliste, donc anti contraceptif d'une part, et les dispositions thérapeutiques prescrites par le personnel médical et paramédical qui incitent à «  faire l'économie de l'utérus10(*) »ou « à faire la grève de ventre »11(*) et à utiliser les nouvelles technologies de reproduction.

En outre, l'observance du traitement du SIDA est génératrice d'un certain nombre de changements dans la vie du patient, notamment au niveau de l'organisation quotidienne de sa vie professionnelle12(*), familiale13(*) mais également au niveau de leur vie reproductive et génésique. Comme le montre l'histoire d'une femme séropositive à Abidjan, racontée par KEROUEDAN, D: « Etre infectée par le VIH a des répercussions sur la vie sexuelle mais aussi sur les choix de procréation 14(*)».

Les enjeux soulevés par les modèles de comportements témoignent de la complexité des liens entre l'épidémie du SIDA, les différents domaines de la santé de reproduction et de l'intérêt pour les sciences sociales en général et de la sociologie en particulier. Ces personnes infectées, notamment les femmes séropositives sous ARV, doivent faire face à un contexte où décider de ne plus avoir d'enfants les expose à plusieurs risques, notamment celui d'être rejetées par le partenaire qui désire avoir des enfants (pour celles qui sont mariées ou celles qui vivent une relation avec des partenaires). Certaines femmes séropositives choisissent délibérément de cacher leur sérologie positive à leurs maris et continuent à chercher de nouvelles grossesses pour poursuivre leur quota d'enfants pour celles qui en ont encore besoin. Ainsi elles cherchent non seulement, à ne pas perdre leurs maris (ceci à travers de nouvelles naissances), si elles n'avaient pas atteint un nombre suffisant, mais aussi à résoudre l'équation de la belle famille. Car en Afrique subsaharienne, malgré le recul du taux de fécondité qui s'observe (6,7 enfants/femme en1985, 6,1 entre 1990 - 1994 et 5,4 entre 2000-2004), la demande d'enfants reste élevée dans la zone contrairement à l'Asie (2,8 enfants/femme) contre 3,0 en Afrique du Nord15(*). Ainsi, l'enfant, malgré certains changements sociaux demeure une préoccupation sociale.

Même si les professionnels de santé interdisent, à l'accouchement, de ne plus allaiter le nouveau né au lait maternel pour celles qui ont un enfant, une autre contrainte sociale ne sera pas réellement évacuée. Dans le contexte africain, une femme qui n'allaite pas est stigmatisée, elle est étiquetée comme sorcière ou malade. Le lait maternel est valorisé et a une portée symbolique, il inscrit l'enfant dans la parenté et lui apporte une « force sociale » particulière.

II - PROBLEMATIQUE

Dès son apparition, la pandémie du SIDA a fait l'objet de plusieurs études dans les facultés de sciences, les laboratoires de microbiologie et de virologie. Ces travaux ont abordé le thème de manière restrictive .En effet, ils portaient sur l'évolution du virus dans l'organisme humain, la dégénérescence du système immunitaire de l'homme, les symptômes et les modes de transmission de la maladie.

Peu de temps après, il passe du domaine de laboratoire de médecine pour se poser comme un problème de société. Des études ont révélé qu'il se transmettait par voie sexuelle et n'était pas l'apanage des homosexuels. Certains le percevaient en terme religieux ; pour eux, il était taxé de maladie incurable, de mort, de malédiction, c'était l'ultime chance pour les impurs et les païens de se rendre compte de la colère de Dieu et de se reconvertir16(*). A ce moment, le SIDA devient une maladie de la honte, des marginaux et étrangère en Afrique amenant les PVVIH à se cacher17(*). Tout ceci a donc permis de comprendre l'ampleur de la maladie au cours de la décennie 1990 - 2000 amenant les sciences sociales à se pencher sur la question.

Cependant, une importante littérature a été écrite sur la question de VIH/SIDA parce qu'en absence de traitement curatif et de vaccin préventif, il fallait recourir par des sciences sociales qui devaient permettre de comprendre les croyances, les attitudes, les comportements qui favorisent ou freinent l'épidémie et lui donnent forme. Egalement, les enjeux politiques, économiques, éthiques de la prévention et du traitement reposaient sur l'introduction de ces sciences18(*). Pour procéder à cette étude il a été important pour nous de parcourir les écrits des autres parce que selon QUIVY, R. et CAMPENHOULT,

Lorsqu'un chercheur entame un travail, il est peu probable que le sujet traité n'ait jamais été abordé par quelqu'un d'autre auparavant, au moins en partie ou indirectement... Tout travail de recherche s'inscrit dans un continuum et peut être situé dans ou par rapport à des courants de pensée qui le précèdent et l'influencent. Il est donc normal qu'un chercheur prenne connaissance des travaux antérieurs qui portent sur des objets comparables et qu'il soit explicite sur ce qui rapproche et sur ce qui distingue son propre travail de ces courants de pensée19(*).

Les questions de propagation ont été examinées dans différents aspects notamment au niveau de la transmission du VIH, des enjeux de traitement et de prévention et au niveau des facteurs de développement des comportements à risque.

Sur ce, certains chercheurs ont révélé que sa propagation était liée au statut social de la femme20(*) et à sa précarité économique21(*) ; ce qui a contribué à aggraver le taux de prévalence chez les femmes d'où la féminisation de la maladie au Cameroun. D'autres par contre, ont évoqué les différents processus de transmission du virus, car des études ont révélé qu'il existe un rapport entre la transmission du VIH, la culture et le système de croyances et de représentations. Car la propagation de la pandémie est aussi liée à sa non acceptabilité en Afrique comme maladie22(*), à cause de la corrélation qui existé entre l'infection au VIH et la sexualité et fécondité des PVVIH en général23(*)en ce sens que les PVVIH sont contraintes de vivre un nouveau modèle de comportement.

En outre, vu la fonction biologique de la femme à savoir la procréation, il a été prouvé que la transmission du virus de la mère à l'enfant24(*) est d'un pourcentage non négligeable. Or, la femme étant la donneuse de vie, et que sa considération sociale en Afrique est liée à sa fonction biologique, on observera une différentiation de chiffres des personnes infectées entre ce continent et les autres. De même, les conventions qui lient ce continent et l'Occident pour la recherche des médicaments, EBOKO, F a affirmé que c'est « le continent africain qui paye le plus lourd tribut à la pandémie du SIDA, avec 70% des cas de contamination25(*) » ; dans la même lancée, il aborde le thème sous un angle sociopolitique en 2007 en posant le problème de la disponibilité des médicaments et de la dépendance du continent vis-à-vis du Nord et constate que les médicaments sont au Nord et les malades au Sud26(*).

Au cours d'un séminaire doctoral sur les sciences sociales et VIH/SIDA en France, plusieurs problèmes ont été soulevés par les participants à savoir : l'inégalité structurelle d'accès au traitement, l'évolution et le vécu de la maladie, le rapport entre les malades et leurs proches27(*). Mais ce qui n'a pas été fait c'est de spécifier le vecu de la maladie chez les femmes séropositives africaines qui ont des contraintes plus visibles que celles de l'Occident ; ce qui a des répercussions sur les rapports avec leurs proches.

Au Cameroun, ayant pris acte de certains problèmes soulevés, des politiques seront donc mises sur pied pour favoriser un accès des personnes infectées au traitement : la confidentialité dans la déclaration des résultats des tests sérologiques, la non discrimination, la reconnaissance du VIH comme une question de vie collective, la prise en charge et le soutien des patients et leurs familles. C'est pour cette raison que le gouvernement camerounais a entrepris depuis 1996 28(*)des actions visant à faciliter l'accès du plus grand nombre de PVVIH à l'ARV. Dans un point de presse du 19 avril 2007, le Ministre de la santé publique a annoncé la gratuité des antirétroviraux à compter du 1er mai 2007. Cette décision arrive au moment où les unités de prise en charge (UPEC) et les centres de traitement agrées (CTA) enregistrent chaque jour de nouveaux malades et de personnes mises sous traitement antirétroviral. La mise en oeuvre de cette politique a permis une augmentation du nombre de personnes ayant initié le traitement ARV de 600 malades en fin 2001 à 53238 en juin 200829(*). De plus, 38.000 personnes ont eu recours au dépistage au cours de l'année 2003. Ces indicateurs ne doivent pas masquer la difficulté du programme, soulignée explicitement par les promoteurs, dans le plan stratégique de lutte contre le SIDA 2004 - 200630(*). Les ARV étant introduits depuis 1996 dans le pays, il est important de vérifier les effets de l'accès au traitement sur la sexualité et le comportement procréateur des patients qui suivent ce traitement afin de savoir les modifications qui surviennent. A ce titre, le Cameroun peut d'une manière générale à travers sa capitale politique(YAOUNDE), constituer un terrain privilégié de recherche sur les spécificités sanitaires des femmes vivant avec le virus du SIDA. Plus spécifiquement, le Cameroun apparaît comme un terrain d'observation des effets de la mise sous ARV sur le comportement des femmes et des hommes atteints par le virus du SIDA notamment dans le domaine de la vie sexuelle et reproductive.

Lorsqu'un individu apprend qu'il est infecté par le VIH, le conseil délivré par les équipes de santé est d'utiliser des préservatifs à chaque relation pour ne pas donner naissance à un enfant qui pourrait être infecté, ou qui pourrait se retrouver orphelin quelques années plus tard.31(*)

Ces propos soulèvent une question importante dans le champ de la santé de la reproduction. On pourrait s'attendre à ce que des personnes qui se savent infectées, fassent des choix volontaires pour éviter dans leurs processus reproductifs toute sexualité à risque. Ceci est pourtant loin de la réalité, surtout dans le contexte africain en général et au Cameroun en particulier où l'enfant est, malgré les mutations de la société considéré comme une richesse.

Notre approche sera spécifiquement axée sur les femmes sous traitement et la gestion de leur désir d'enfants parce qu'il existe un rapport entre l'infection au VIH chez les femmes et leurs comportements sexoreproductifs. En temps de VIH, les femmes ne rencontrent pas les mêmes difficultés que les hommes séropositifs ce qui crée une disparité dans les conséquences enregistrées entre les hommes et les femmes32(*). Ces problèmes sont d'ordre socioculturel, économique, affectif et religieux. Ainsi dans cette étude nous nous attèlerons à comprendre si la mise sous ARV constitue un facteur de modification de comportements des femmes séropositives notamment les femmes enceintes, celles qui ont des nouveaux nés, et celles qui n'en ont pas encore. Une étude menée au Rwanda a au contraire montré que les femmes dépistées positives pendant les campagnes de dépistage et qui n'avaient pas encore de quota d'au moins 4 enfants se « dépêchaient » plutôt à faire d'autres enfants afin d'atteindre un nombre « suffisant ». En Côte d'Ivoire, une équipe franco ivoirienne a montré qu'après notification à la femme de son statut sérologique, elles utilisent peu la contraception, et encore moins le préservatif33(*).

Au Cameroun, une étude sur l'accessibilité aux ARV a fait constater que l'une des motivations des femmes à assurer une observance thérapeutique est surtout le souci de retrouver un certain équilibre physique ou physiologique qui leur permettrait ensuite de continuer un projet de procréation. Décider de ne plus avoir d'enfants constitue une négation de l'avenir car celui-ci constitue un gage de survie pour les parents34(*). Même lorsque les professionnels de la santé proposeront à l'accoucheuse infectée, les options d'allaitement en temps de VIH parmi lesquelles on peut citer l'allaitement maternel exclusif ou le lait artificiel qui est sans risque, la forte pression sociale que subissent les femmes infectées ou les accoucheuses peut contraindre certaines d'entre elles à abandonner l'allaitement artificiel au profit de l'allaitement maternel à risque. Aussi dans le contexte de pauvreté où l'on assiste de plus en plus à un « épuisement financier » des malades du SIDA, il n'est pas toujours possible pour les femmes pauvres sous ARV d'assurer une réelle survivance nutritionnelle ou une substitution en micronutriment. Ces femmes pauvres pour la plupart, doivent donc gérer des contraintes sanitaires et sociales liées à leur désir de procréation. Ce projet de procréation ou ce désir de contribuer à assurer sa sexualité conjugale doit être corrélé à la fois à l'accessibilité sanitaire, économique, sociale, culturelle et religieuse. Car, en Afrique subsaharienne en général et au Cameroun en particulier, malgré la tendance du recul des naissances, l'imaginaire social qui prédomine est la recherche de l'enfant .Cette ambition peut être immédiate ou à long terme selon l'aspiration des uns et des autres. La femme est plus honorée quand elle a fait des enfants35(*). Ainsi, au vu de ceci, on constate que ce programme des ARV n'a pas su allier faits sanitaires, faits culturels, économiques et sociaux car au Cameroun et dans plusieurs sociétés subsahariennes, la procréation est au coeur des préoccupations sociales.

III - QUESTIONS DE RECHERCHE

Quatre questions vont constituer la toile de fond de ce travail à savoir : une principale et trois autres qui lui sont subsidiaires.

III-1-Question principale :

Quels sont les enjeux qui sous-tendent les comportements sexuels et reproductifs des femmes séropositives placées sous traitement antirétroviral au Cameroun ?

III-2-Questions secondaires :

Q1 : Quelles sont les logiques sociales qui orientent les comportements des femmes séropositives placées sous ARV en matière de sexualité et de reproduction au Cameroun ?

Q2 : Quelle est l'influence du traitement antirétroviral sur les comportements sexuels et procréateurs de ces femmes ?

Q3 : Dans un contexte de forte stigmatisation où les PVVIH, spécifiquement les femmes, ont le plus souvent peur de rendre public leur statut sérologique, comment parviennent - elles à gérer leur sexualité et leur vie féconde ?

A la suite de ces questionnements, nous formulerons des hypothèses qui sont des réponses provisoires.

IV - HYPOTHESES

Tout travail de recherche nécessite la formulation d'une hypothèse qui reste un préalable pour l'accomplissement d'une telle tache. C'est ainsi que M. GRAWITZ définit l'hypothèse comme étant ; « une proposition de réponse à la question posée. Elle tend à formuler une relation entre des faits significatifs(...) Elle doit être vérifiable de façon empirique ou logique. »36(*). Pour conduire cette étude il s'est dégagé deux catégories d'hypothèses à savoir : une hypothèse principale et trois hypothèses secondaires.

IV-1-Hypothèse principale :

Comme hypothèse principale, nous formulons que :

Dans le domaine de la santé de reproduction ou de procréation, les comportements sexuels et reproductifs des femmes séropositives sous traitement antirétroviral ne concorderaient pas toujours avec le discours biomédical en raison des logiques socioculturelles et religieuses qui orienteraient les actes de ces dernières dans la société.

De cette hypothèse principale découlent trois hypothèses secondaires.

IV-2-Hypothèses secondaires

H1 : l'imaginaire social axé sur la valorisation des enfants et la tradition en matière de sexualité et de fécondité sont les principales logiques qui orientent les comportements sexuels et reproductifs des séropositives sous TAR.

H2 : La mise sous traitement antirétroviral introduit les femmes séropositives dans une nouvelle « carrière thérapeutique37(*) » qui interagit avec la nature de leurs rapports sexuels et leur finalité.

H3 : Dans la gestion de leur sexualité et de leur fécondité, ces femmes sont partagées entre deux registres normatifs qui pourraient les amener à opérer un choix selon le contexte où elles se trouvent.

V - METHODOLOGIE

Dans tout travail de recherche, la méthodologie constitue le noeud. Car elle comporte, selon F. CHINDJI-KOULEU, « à la fois la structure de l'esprit et de la forme de la recherche et les techniques utilisées pour mettre en pratique cet esprit et cette forme ».38(*)Cette partie du travail est subdivisée en quatre moments à savoir : le cadre théorique d'analyse, le cadre de l'étude et les techniques de collecte de données, l'analyse des données et enfin la définition de la population d'étude.

V-1- CADRE THEORIQUE D'ANALYSE

Une mobilisation des théories s'impose d'autant plus que c'est le préalable de toute connaissance scientifique. Notre thématique à savoir les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous ARV au Cameroun, a amené à envisager la mobilisation de certaines grilles théoriques pour l'observation, l'exploitation, l'interprétation et la compréhension du phénomène. Dans le cadre de notre travail, la théorie de l'imaginaire social et l'ethnométhodologie ont servi à l'interprétation de cette réalité sociale.

V-1-1 - La théorie de l'imaginaire social

Dans cette approche, la clé de compréhension du phénomène de procréation réside dans les valeurs culturelles partagées par un ensemble de personnes. La reproduction ou la fécondité et la sexualité étant liées en Afrique, comprendre le niveau de ce phénomène dans une société revient à sonder les profondeurs de son inconscient collectif. Il existe donc une relation qui pourrait être qualifiée de cause à effet, entre le système de représentation et le système de reproduction d'un peuple. C'est ainsi que LOCOH 39(*) affirme qu'il existe une rationalité collective dans la fécondité d'une nation. Ceci étant, le constat qui se dégage est que : sexualité et reproduction sont indissociables en Afrique noire car le but premier de la sexualité dans l'imaginaire collectif africain c'est la procréation.

Dans le cadre de ce travail, cette théorie a été mobilisée pour expliquer les fondements des comportements sexuels et reproductifs des africains en général et des Camerounais en particulier. L'une des figures phares de ce courant en Afrique est Jean -Marc ELA, sociologue camerounais. Pour lui, le sociologue qui veut décrypter les déterminants de la fécondité, trouve dans la théorie de l'imaginaire qui s'impose aujourd'hui à de nombreuses recherches en sciences sociales, un cadre d'analyse incontournable.40(*)

Ainsi, cet auteur démontre que c'est l'imaginaire social qui structure les comportements, les représentations et le choix stratégique d'un individu en matière de fécondité.

En Afrique subsaharienne, malgré la tendance à la baisse de la fécondité et la variété des comportements en matière de sexualité et de fécondité (due à la crise économique, à l'instruction de la femme et son accès à l'emploi rémunéré, à l'utilisation des méthodes contraceptives...), l'enfant demeure une préoccupation sociale. Il a une place dans l'imaginaire africain ; aucun individu ou couple n'y échappe. C'est lui qui fait de l'homme, un père et de la femme, une mère. Ainsi, un africain ou un camerounais quelque soit son niveau d'instruction, sa tendance à l'individuation41(*) est structurée par cet imaginaire social, sa trajectoire socialisatrice ou son « à priori historique ».42(*) En Afrique noire, loin d'être un acte engageant les seuls individus, la fécondité est un fait de société. Elle répond ainsi à des sollicitations sociales et la société à travers un certains nombre d'images et de symboles.

Le cadre souhaitable pour exprimer ce désir reste le mariage, c'est pour cette raison que malgré des transformations sociales43(*), cette institution est toujours valorisée et a pour but la procréation. C'est dans cette union que l'individu se sent en sécurité. Car, cela lui permettra de pérenniser l'espèce humaine à travers sa descendance. Cela se justifie par ce proverbe Béti qui stipule que « l'homme n'a de valeur que s'il est marié ».

Pour l'appliquer à ce travail, nous comprendrons pourquoi certaines femmes sous ARV opèrent une résistance aux changements de leurs comportements. Pour celles-ci, ne décider de ne plus accoucher ce n'est plus assurer sa féminité car, il n'ya pas de féminité sans maternité44(*), dans un contexte de forte stigmatisation45(*). Egalement le recours aux nouvelles technologies de reproduction46(*) (pour celles qui désirent avoir absolument des enfants) demande assez de moyens financiers, or elles sont dans un contexte où prévaut la précarité économique. A ce niveau, l'accouchement sous ARV sera l'apanage des femmes pécuniairement aisées. Pour ne pas semer le moindre doute dans la société (partenaire, belle famille, entourage), ces femmes (celles qui sont mariées) pour la plupart voudront faire des enfants pour assurer leur considération sociale et allaiter maternellement car, cette forme d'allaitement est symbole de santé physique dans la société. Pour celles qui ne sont pas mariées ou qui sont encore en quête de mariage pourront camoufler leur statut sérologique pour ne pas compromettre leur chance47(*).

En outre, les femmes ont des difficultés à allier les normes thérapeutiques (utilisation des méthodes de contraception...), les normes traditionnelles en matière de sexualité et de procréation puisqu'en Afrique noire en général, la procréation est contraignante et pour en arriver là il faut passer par des rapports sexuels naturels48(*).

V-1-2-L'ETHNOMETHODOLOGIE

Cette théorie est convoquée pour compléter la lecture de cette réalité sociale. Malgré le caractère structurant de la société, l'individu a la liberté de se défaire de cet impensé structurant grâce à l'idiosyncrasie. Initiée par le sociologue américain Harold GARFINKEL, cette méthodologie profane s'oppose à la tradition sociologique qui est le holisme durkheimien et s'insurge contre la stabilité de l'ordre social .Il rompt ainsi avec cette tradition positiviste qui fait de la société une réalité objective et l'acteur, un agent sans histoire, ni passion et largement englué dans un ensemble de valeurs qui déterminent ses comportements49(*).

Pour GARFINKEL, il faut intelligibiliser les faits car les acteurs ne sont pas les  idiots culturels ou des « monsieur JOURDAIN 50(*)» mais ont des réactions les uns différents des autres et sont capables de racontabilité. Dans le cadre de la socialisation des individus, soit on aboutit à des individus conformes à des normes sociales, soit à des individus déviants. Le social est un processus, le fruit de l'activité permanente des membres de la société.

Dans le cadre de ce travail, ce modèle a permis de comprendre les motivations des femmes ou leurs démotivations à prendre les ARV et à respecter les recommandations qui les accompagnent. Egalement, il a permis de comprendre que la stigmatisation qui entoure cette maladie peut susciter des stratégies d'action51(*). Ainsi, pour comprendre toutes les postures comportementales de ces individus sous ARV, il convient de les faire parler eux-mêmes, de rendre compte de ce qu'ils vivent, voient et entendent.

V.2.CADRE D'ETUDE ET TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES

V.2.1. CADRE DE L'ETUDE

La pertinence d'un thème est tributaire de sa délimitation spatio-temporelle.

Dans le cadre de cette étude, le site géographique choisi est la ville de Yaoundé pour représenter le Cameroun pour plusieurs raisons :

Elle a été choisie non pas seulement à cause de son statut de capitale politique du Cameroun, siège des institutions et des décisions politiques, mais aussi en raison de son caractère macrocéphalique52(*) c'est-à-dire un lieu de centralisme des institutions et par le même effet jouît de multiples fonctions et d'activités à savoir : l'agriculture, l'administration, l'enseignement, l'artisanat, l'industrie, les services sociaux ...

Ce groupement d'activités et de fonctions attire les individus des campagnes et crée un boom démographique en zone urbaine. Par ailleurs, elle a été choisie en raison de son caractère cosmopolite ; c'est-à-dire un lieu de diversité culturelle et socioéconomique, constitué des personnes venant des quatre coins du pays. Car, elle connait un afflux massif d'immigrants provenant de tout le pays et de l'étranger53(*) comme si toutes les ethnies s'étaient données rendez-vous dans la capitale du Cameroun. Car, elle attire de nombreux migrants, modifiant ainsi leur composition ethnique54(*) et la hisse au second rang à travers son poids démographique après la ville de Douala avec plus de 1 200 000 habitants55(*).

Elle est également une force centripète et centrifuge du pays56(*) et, un lieu par excellence de réalisation des projets pilotes dans les essais thérapeutiques qui, par la suite, sont soumis à la diffusion sur l'ensemble du territoire national.

Il est également nécessaire de souligner que la ville de Yaoundé est un lieu qui dispose en son sein 7 CTA57(*) des 18 que possède le pays ; soit un pourcentage de 38,88%. Avant la décentralisation des CTA et des UPEC, cette ville était la seule à prendre en charge les PVVIH au Cameroun. Cette situation poussait les personnes séropositives qui habitaient en province ou en périphérie à effectuer périodiquement des déplacements pour y aller recevoir leurs soins. Certains patients se sont familiarisés avec les CTA de cette ville au point où après la décentralisation dans la prise en charge survenue en 2001, ils ont continué à recevoir leurs soins dans les formations hospitalières de cette ville. Ceci à cause des réseaux sociaux qu'ils ont noués avec les techniciens de soins. Mais aujourd'hui, malgré la décentralisation, la capitale reste le centre car cette politique loin de marquer l'autonomie des UPEC, favorise l'augmentation de la prise en charge du nombre des malades.

De même, l'introduction des PTME survenue en 2001 s'est faite à travers un projet pilote à Yaoundé.

Sur les 12 associations des PVVIH que compte la région du Centre, cette ville compte à elle seule en son sein 9 associations ; ce qui représente 75 % au niveau régional et 11,11 % au niveau de tout le pays. Une des preuves qui montre que Yaoundé reste le laboratoire central dans les stratégies de lutte contre le VIH-SIDA.

Enfin, le choix de Yaoundé, en tant que zone urbaine et considérée au même titre que les zones rurales au Cameroun, provient du fait que l'urbanisation n'a pas eu des effets escomptés sur la fécondité. Des études montrent que le niveau de fécondité urbaine n'est pas très éloigné de celui des zones rurales. En Afrique noire, la ville n'est très souvent que le prolongement de la campagne avec son univers de valeurs, ses systèmes de représentations que les citadins tentent de reconstruire dans leur nouveau milieu.58(*)

Au sein de cette ville, quelques unités ou sites de recherche ont été retenues. Il s'agit des CTA de l'hôpital du jour de l'hôpital central, de l'hôpital militaire et l'UPEC du centre médical de l'Ecole de Police, la PTME de la maternité de l'HCY et une association des femmes séropositives dénommée AFASO.

En ce qui concerne le CTA de l'hôpital du jour de l'hôpital central de Yaoundé (HDJ) et la PTME dudit hôpital, nous l'avons choisi parce qu'il est considéré comme le CTA mère au Cameroun. L'HCY a été choisi en raison de son ancienneté dans le suivi et le traitement des PVVIH car il a été agréé comme centre de traitement agréé par décision ministérielle59(*) depuis 2001, date du début de la prise en charge au Cameroun. De même, malgré la décentralisation dans le traitement, l'HCY à travers les services de l'HDJ reste le centre des structures de lutte contre le VIH/SIDA et constitue un laboratoire des essais thérapeutiques comme l'exemple du projet DAYANA60(*).

Quant au CTA de l'hôpital militaire et de l'UPEC du centre médical de la police, nous les avons choisis pour deux raisons : la vulnérabilité au VIH-SIDA des hommes en tenue et de leurs partenaires61(*). Ensuite nous les avons choisis dans un souci de confrontation des procédures de prise en charge.

Nous avons également choisi l'association AFASO parce qu'elle est l'unique association qui compte uniquement les femmes séropositives .Née à partir d'un détachement de l'AFSU, elle s'est détachée de celle-ci pour constituer un cadre intime à travers lequel les femmes séropositives devaient se retrouver et discuter de leurs différents problèmes dans leur stricte intimité.

Quant à la durée de la recherche, elle s'est étendue à la période allant du mois d'août 2009 à février 2010.

V.2.2.TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES

Dans le cadre de ce travail, le choix des techniques de collectes des données a été porté sur les techniques essentiellement qualitatives qui visent la recherche, l'explication, l'analyse des phénomènes visibles ou cachés pour leur compréhension en profondeur62(*). Car, pour MENDRAS63(*),une technique sociologique doit être congruente avec la réalité sociale qu'elle essaie d'étudier .Cette étude porte sur un thème qui touche la sensibilité et l'intimité des enquêtées ce qui peut les entrainer à cacher certaines informations . Pour pallier à cette inquiétude nous avons choisi des techniques qui nous ont permis de nous rapprocher de notre public cible afin de pouvoir entrer en profondeur dans la réalité sociale et pouvoir débusquer sa face cachée64(*). Ici, ce qui nous a intéressé c'est la qualité des informations et non leur quantité. Ainsi comme techniques, nous avons mobilisé un ensemble de procédés purement qualitatifs qui nous ont permis de recueillir les informations relatives à notre thème à savoir : l'observation directe, la recherche documentaire, les entretiens, et enfin quelques récits de vie.

V.2.2.1.L'observation directe

Considérée comme l'une des techniques de collectes des informations les plus importantes en sciences sociales parce qu'elle permet l'entrée en contact direct avec la réalité sociale, de porter un regard attentif sur une situation sans la modifier, l'observation directe permet au chercheur de la vivre à partir de ses sens. C'est le préalable à toute activité scientifique Comme l'atteste V. NGA NDONGO en ces termes : 

L'observation directe favorise l'accès immédiat aux comportements, aux actes et aux objets en tant que situation et contexte pratiquement réel dans lesquels interagissent différents acteurs sociaux65(*).

Dans le cadre de ce travail, nous avons recouru à l'observation à caractère ethnographique qui a reposé sur trois savoirs faire fortement imbriqués à savoir : « percevoir, mémoriser et noter66(*) ».

Pour faire cette observation, nous avons assisté à des séances de counseling à l'HDJ, l'UPEC du CMPY et à l'AFASO où nous avons tour à tour joué les rôles d'observateur interne et d'assistant social pour entrer dans l'intimité de ces femmes. Cette technique nous a permis non pas d'observer in situ les comportements sexuels des femmes séropositives sous traitement antirétroviral, mais plutôt d'utiliser nos sens, principalement, notre vue et notre ouïe à l'effet de comprendre leur vie sexuelle et féconde tout en écoutant les recommandations qui leur sont données concernant leur vie sexuelle et féconde lors des séances de prise en charge psychosociale et thérapeutique ; d'observer leurs attitudes en notant dans notre journal de terrain ,afin d'analyser et comprendre le pourquoi certaines PVVIH continuent à adopter des comportements à risque (nouvelles grossesses même lorsqu'elles ne sont pas encore prêtes et allaitement maternel même lorsqu'il est jugé dangereux, qui sont des preuves patentes du non respect des consignes médicales).

Elle nous a également permis de recueillir les informations sur les PVVIH sous traitement en captant leurs attitudes et leurs propos pour saisir des éléments de réponse sur le vif de notre sujet afin de ne pas dépendre des réponses qu'elles vont nous fournir dans le cadre des entretiens67(*).

V.2.2.2.L'observation documentaire

C'est une observation qui porte sur l'analyse des documents ou l'étude des traces68(*).Pour V. NGA NDONGO, « il s'agit d'une observation médiatisée par les documents », il continue en disant qu' 

 Est document tout élément matériel ou immatériel, qui a un rapport avec l'activité des hommes vivant en société et qui de ce fait constitue indirectement une source d'informations sur les phénomènes sociaux69(*).

C'est en somme une méthode de collecte des données qui porte sur les sources écrites ou non.

Pour mieux appréhender notre objet d'étude, nous avons au préalable procédé à une recherche documentaire qui a consisté à recenser des mémoires, des ouvrages, des articles, des rapports, des revues consacrés au SIDA en général.

Ainsi, nous sommes arrivés à constituer un corpus de textes, d'articles, d'émissions radiophoniques et télévisées sur la question du SIDA en général et particulièrement sur le traitement antirétroviral. Ce qui nous a permis de mieux fixer les contours de notre préoccupation.

De manière générale, notre recherche documentaire est constituée des ouvrages généraux, des ouvrages spécialisés (SIDA, Allaitement, Sexualité, Fécondité...), des thèses, des mémoires, des articles, revues et rapports scientifiques divers.

Pour entrer en possession de ces documents sus -cités, nous avons tour à tour visité le Cercle-Philo-Psycho-Socio-Anthropo(CPPSA) de l'Université de Yaoundé I, les bibliothèques de l'IFORD, du Centre régional de promotion du livre en Afrique au Sud du Sahara(CREPLA), du Comité national de lutte contre le SIDA(CNLS), et de l'AFASO, toutes situées à Yaoundé. De même, nous avons visité la direction de la santé publique du ministère de la santé publique du Cameroun pour entrer en possession des arrêtés ministériels portant la gratuité des ARV et fixant les prix des examens qui précèdent la prise en charge et d'autres relatifs au suivi du TAR.

Cette observation documentaire nous a permis tout au long de ce travail, de combler les lacunes de l'observation directe en entrant dans les documents qui sont relatifs aux recommandations données aux personnes séropositives en général et des femmes en particulier concernant la gestion de leur sexualité et de leur désir de procréation.

Ainsi, après cette étude normative, nous avons fait une confrontation de ces normes thérapeutiques avec les valeurs socioculturelles africaines pour établir leurs concordances ; car, en dépit des changements sociaux qui ont cours dans ces sociétés, la prévalence d'un imaginaire social reste d'actualité. Cela se traduit par ces termes de MULAGO cité par ELA : « Pour l'africain, vivre c'est exister au sein d'une communauté. Il possède son être, sa vie qu'en commun »70(*). Elle a aussi permis de relever les formes de stigmatisation qui continuent à avoir lieu dans la société.

V.2.2.3.Les entretiens

L'entretien est une technique de collecte des données en sciences sociales qui est défini par LABOV et FANSHEL cités par BLANCHET et GOTMAN  comme étant « Un speech évent (évènement de parole) dans lequel une personne A obtient une information d'une personne B, information qui était contenue dans la biographie de B ».71(*)  

Ainsi, plusieurs entretiens ont été faits aux deux catégories de personnes qui constituent les composantes de notre échantillon72(*).

Le premier type d'entretien à caractère ethnographique nous a permis d'établir une communication verbale, avec les femmes séropositives sous traitement, de classes socioprofessionnelles et de cultures hétérogènes se situant dans la tranche d'âge de fécondité à propos de leur vie sexuelle et féconde après l'établissement de leur sérologie. Ceci, pour connaître leurs motivations ou démotivations à prendre les ARV et à respecter les recommandations hospitalières pour enfin savoir si leurs comportements ont changé après leur mise sous ARV. Car, les faits, « existent en tant que réalité vécue, mais ils sont fabriqués au cours du processus d'interrogation, d'observation et d'expérience. »73(*).

Dans ce cadre, nous avons fait l'effort d'avoir une proximité sociale en assistant à plusieurs séances de prise en charge dans les CTA de l'hôpital du jour de Yaoundé, du CTA de l'hôpital militaire et à l'UPEC du centre médical de la police de la même ville, en nous passant parfois pour une PVVIH ou un personnel médical pour nous situer dans le même univers social que l'interviewé74(*). Nous les avons rencontrées dans les CTA de l'HDJ, de l'HMY, de l'UPEC du CMPY et dans deux associations des femmes séropositives à savoir AFASO et CEAM, et enfin dans des endroits privés pour d'autres. Au cours de cette rencontre, nous avons eu des entretiens sur les recommandations qui leur sont données dans les formations sanitaires et ensuite sur les difficultés liées à ces prescriptions.

A coté de cela, nous avons fait des entretiens semi directifs à une autre catégorie de personnes à savoir : les personnes ressources constituées des personnels de santé.

S'agissant des personnes ressources constituées d'un médecin gynécologue, de conseillères psychosociales qui sont aussi séropositives mais qui ont fait des stages de recyclage pour être associées à la prise en charge, d'assistante sociale et d'infirmière, nous les avons rencontrées dans leurs lieux de service suivant cette répartition :

Au CTA de l'hôpital de jour, nous avons rencontré l'infirmière major de l'HDJ de Yaoundé, une assistante sociale , des conseillères psychosociales(séropositives et bénévoles) dans la même institution et enfin un médecin gynécologue de la PTME de la maternité de l'HCY pour savoir comment se fait la prise en charge des PVVIH en général et en particulier les femmes séropositives pour savoir les dispositifs thérapeutiques et les mesures d'accompagnement qui sont déployés dans leur désir de fécondité pour enfin savoir si celles-ci parviennent à les respecter.

Dans un souci de confrontation de cette prise en charge, nous nous sommes rendus au CTA de l'HMY et à l'UPEC du CMPY du fait du caractère vulnérable des hommes en tenue et de leurs partenaires, où nous avons respectivement rencontré une conseillère psychosociale et l'infirmière major responsable de la prise en charge.

Cette opération d'entretien s'est déroulée durant la période allant du mois d'août 2009 à février 2010.

V.2.2.4. Les récits de vie

Le récit de vie est un instrument de collecte de données qui permet au chercheur d'établir une conversation avec l'enquêté dans le but d'avoir les éléments de sa biographie et son expérience vécue. Pour WILLIAME R, « L'étude des faits passés est indispensable à l'explication ou la compréhension des faits sociaux actuels »75(*), car pour comprendre les faits sociaux actuels, il faut entrer dans leur historicité.

Cette technique a été utilisé dans l'optique de comprendre la vie en général, la trajectoire sexuelle et reproductive de ces femmes depuis leur entrée dans la maladie jusqu'au début de leur traitement, puis examiner les logiques qui orientaient les comportements de ces femmes en matière de sexualité et de reproduction.

Ainsi, nous avons dans le cadre de travail récolté trois récits de vie de certaines femmes qui ont vécu des situations particulières depuis leur entrée dans la séropositivité. Ce qui fait qu'en dehors des entretiens que nous avons eus avec qu'elles, nous avons eu des rendez vous supplémentaires pour acquérir des fragments de leur vie.

V.3. Population de l'étude

Pour faire face à cette étude qui s'intitule : « les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun », nous avons procédé à l'échantillonnage de la population cible de ce travail.

Par échantillonnage, il faut entendre une «technique par laquelle on choisit une partie représentative de la population pour déterminer les caractéristiques de l'ensemble de la population à étudier »76(*).

Ainsi, pour aborder ce travail nous avons eu recours à une population cible à deux composantes à savoir : les personnes ressources qui s'occupent de la prise en charge, et les femmes séropositives.

Mais dans le cadre de cette étude, nous n'avons pas travaillé avec tout le personnel de santé du pays impliqué dans la prise en charge ou toutes les femmes séropositives du Cameroun, mais avec celui et celles de Yaoundé pour des raisons sus évoquées .Et au sein de cette ville, nous avons opéré un choix théorique c'est-à-dire aller directement vers les personnes qui sont à même de nous fournir des informations relatives à notre thème. Ceci nous a emmené à aller vers les personnes impliquées dans la prise en charge des personnes séropositives à Yaoundé. Celles que nous avons repérées sont les infirmières major (deux), une assistante sociale, un médecin gynécologue de la PTME de l'HCY et des conseillères psychosociales.

Quant aux femmes séropositives que nous avons rencontrées dans le cadre de notre recherche, elles sont de classes sociales et de cultures hétérogènes .Nous avons choisi des femmes issues des toutes les régions du pays, de classes sociales, de situations matrimoniales, d'âges, et de catégories socioprofessionnelles différentes.

Pour ce qui est de la taille de notre échantillon, nous avons au total interrogé 30 personnes dans le cadre des entretiens, reparties ainsi qu'il suit : 26 femmes séropositives et 4 personnels de santé. A coté de ces entretiens, quelques histoires de certaines personnes ont été récoltées dans le cadre des récits de vie. Ceci parce que, nous avons recouru essentiellement aux techniques qualitatives. Or dans le cadre d'une approche qualitative, « les entretiens approfondis ne visent pas à produire des données quantifiées et n'ont pas besoin d'être nombreux. Ils n'ont pas pour vocation d'être « représentatifs »77(*). Allant à la suite de ces auteurs, nous comprenons que dans les recherches qualitatives, le plus important n'est pas la quantification ou la mathématisation du social, mais la compréhension de ce social en profondeur même comme leur catégorisation les expose au retour à cette mathématisation.

La répartition des personnes interrogées se trouve sur les tableaux ci-dessous selon leurs âges, leurs statuts socioéconomiques et leurs régions d'origine :

1-Tableau I : Distribution des personnes interrogées

Personnes interrogées

HDJ/HCY

PTME/HCY

HMY

UPEC/CMPY

AFASO/CEAM

total

Personnels de santé

2

1

0

1

0

4

Femmes séropositives associées dans la prise en charge

2

0

1

1

4

8

Femmes séropositives

4

0

4

6

4

18

total

8

1

7

8

5

30

Source : Enquête de terrain

2- Tableau II : Distribution des enquêtés (femmes séropositives) selon l'âge

Classe d'âge

effectif

Pourcentage (%)

-de 20 ans

2

7,69

20-30 ans

8

30,76

30-40 ans

6

23,07

40-49 ans

10

38,46

total

26

99,98

Source : Enquête de terrain

Le tableau de ces femmes présentant leurs différents âges montrent que nous nous sommes intéressés à des femmes se situant dans la fourchette de l'âge de la procréation.

3- Tableau III : Distribution des enquêtés (femmes séropositives) selon leurs régions d'origine

Région d'origine

effectif

Pourcentage(%)

Adamaoua

0

0

Centre

7

26,92

Est

2

7,69

Extrême-Nord

2

7,69

Littoral

2

7,69

Nord

0

0

Nord-ouest

1

3,84

Ouest

6

23,07

Sud

3

11,53

Sud-ouest

1

3,84

Etranger

2

7,69

total

26

99,96

Source : Enquête de terrain

Ce tableau met en exergue la diversité et l'hétérogénéité culturelle de notre échantillon. Etant donné que notre étude est basée sur le Cameroun, il était question pour nous d'opérer un choix raisonné de notre échantillon. Pour impliquer toutes les entités culturelles ou ethniques dans notre étude.

4- Tableau IV : Distribution des enquêtés (femmes séropositives) selon leurs catégories socioéconomiques ou leurs activités

Catégories socioéconomiques (activités)

effectif

Pourcentage (%)

Élèves ou Etudiantes

4

15,38

Secteur public/privé

7

26,92

Activité de bénévolat

7

26,92

Secteur informel

3

11,53

Sans activité

5

19,23

Total

26

99,98

Source : Enquête de terrain

Ce tableau présente la distribution de nos enquêtées en fonction de leurs statuts socioéconomiques et leurs activités ; question de montrer la diversité sociale de ces femmes. Dans la gestion de leur sexualité et de leur fécondité, certains paramètres entre en jeu comme les examens, l'alimentation etc... Ce qui fait que pour relever les difficultés auxquelles elles sont confrontées, il était important de varier nos enquêtées au niveau des activités.

5- Tableau V : Distribution des enquêtés (femmes séropositives) selon leurs nombres d'enfants vivants ou leur grossesse au moment de l'enquête

Nombre d'enfants en vie et/ ou une grossesse

effectif

Pourcentage(%)

0

5

19,23

1

8

30,76

2

2

7,69

3

4

15,38

4

2

7,69

+ de 4

5

19,23

total

26

99,97

Source : Enquête de terrain

6- Tableau VI : Distribution des enquêtés (femmes séropositives) selon leur état de grossesse

Femmes en état de grossesse et reparties selon leur CTA/UPEC

effectif

Pourcentage(%)

CTA/HDJ

1

25

CTA/HMY

2

50

UPEC/CMPY

1

25

total

4

100

Source : Enquête de terrain

Ces deux tableaux présentent les distributions de nos enquêtées en fonction du nombre d'enfant en vie et de grossesse. Ceci parce que dans la compréhension de la vie sexuelle et procréative des femmes sous TAR, ce paramètre est important. Les femmes continuent à faire des enfants si le quota de leurs enfants en vie n'est pas atteint.

7- Tableau VII : Distribution des enquêtés (femmes séropositives) selon leurs religions

religions

effectif

Pourcentage(%)

Chrétienne

22

84,61

musulmane

4

15,38

total

26

99,99

Source : Enquête de terrain

Nous avons également pensé à l'aspect religion en évoquant ce tableau qui présente la distribution de nos enquêtées en fonction de leurs religions. Dans la lutte contre la pandémie SIDA, cet aspect est pris en compte. Ceci parce qu'il y a des personnes qui préfèrent s'attacher au discours religieux plutôt que de s'intéresser au discours médical.

8- Tableau VIII : Distribution des enquêtés (femmes séropositives) selon leur situation matrimoniale

situation matrimoniale

effectif

Pourcentage(%)

mariées

4

15,38

Célibataires

10

38,46

Union libre

1

3,84

veuves

7

26,92

divorcées

4

15,38

total

26

99,98

Source : Enquête de terrain

Ce tableau met en exergue la situation matrimoniale de nos enquêtées. Cela montre une fois de plus le caractère hétérogène de notre échantillon. Nous nous sommes intéressés à toutes les couches des femmes séropositives car les difficultés rencontrées dans la gestion de leur sexualité et leur fécondité dépendent de ces paramètres.

V.4. DU TRAITEMENT A L'ANALYSE QUALITATIVE DES DONNEES

Après la phase de collecte des données, nous avons procédé à la phase de traitement et d'analyse des données récoltées sur le terrain. Cette phase se subdivise en trois moments à savoir : la transcription, la catégorisation et l'analyse proprement dite.

V.4.1.La transcription

Cette phase a permis de reproduire et de saisir les données ou les informations collectées sur le terrain, enregistrées sur cassette ou dans le journal de terrain sur un support papier.

Sur le terrain, un magnétophone a été utilisé pour couvrir certains entretiens individuels approfondis et récits de vie récoltés.

Quant au journal de terrain, il a permis de noter tous les éléments , détails et attitudes des femmes séropositives observés sur le terrain notamment dans les différents CTA et UPEC lors des différentes séances de prise en charge. Cette phase a commencé juste une semaine après le début de la collecte.

Ainsi, après cette épreuve de transcription, une autre phase a été entamée : celle de regroupement ou de la catégorisation.

V.4.2.La catégorisation

Dans le processus d'analyse de ce travail, la catégorisation est l'étape qui a suivi la transcription. Elle consiste à regrouper les données allant dans le même sens en vue de permettre leur meilleure analyse.

Après la transcription des données sur des papiers, nous avons procédé à un regroupement des données en fonction de leur sens pour non seulement permettre leur saisie en profondeur, mais aussi pour relever les occurrences dans les propos et les attitudes des femmes interrogées car l'utilisation des techniques qualitatives n'exclut pas le retour à la mathématisation des faits.

Après cette étape s'en est suivie l'étape d'analyse proprement dite.

V.4.3.L'analyse

Etant donné que,

L'entretien ne parle pas de lui-même, il faut pour parvenir aux résultats de la recherche, effectuer une opération essentielle, qui est l'analyse du discours. Elle consiste à sélectionner et à extraire des données susceptibles de permettre la confrontation des hypothèses aux faits.78(*)

De ce fait, l'enquête qualitative repose sur cette analyse de contenu et contextuel puisque l'action sociale n'a de signification que dans une situation particulière. Ceci, nous a amené à prendre en compte les lieux où se sont déroulées nos enquêtes, le temps et les acteurs mêmes dans cette analyse sociologique qui repose sur la description et l'interprétation des conduites, des comportements afin de les comprendre pour mieux les expliquer sans les juger.

Ainsi, nous avons recouru à l'interdisciplinarité79(*) pour avoir une saisie globale et totale de notre objet d'étude. C'est dans ce sens que nous avons recouru tour à tour à la biologie, la médecine, l'anthropologie, la sociologie, la psychologie et au droit parce que la logique de la sociologie contemporaine l'expose à une ouverture car, selon BALANDIER, une seule science ne peut pas ouvrir les portes de la vérité80(*).

La biologie et la médecine nous ont servi dans ce travail à mettre en exergue les nouvelles connaissances de la PTME axées sur la gestion de la sexualité et la fécondité des femmes séropositives. Quant aux connaissances anthropologiques et sociologiques, elles ont été mobilisées, pour mettre en exergue les rapports entre les représentations socioculturelles et religieuses de ces femmes et le discours biomédical. En ce qui concerne la psychologie, elle a été utilisée pour ressortir l'état psychologique des personnes infectées avant la prise en charge et après les différentes recommandations. Le droit ici, a été mobilisé pour mettre en relief les textes juridiques qui régissent la gestion de la séropositivité.

Au cours de nos analyses, nous ne nous sommes pas seulement focalisé sur les propos échangés ou produits par nos personnes clés, mais nous nous sommes aussi intéressés à leurs attitudes car celles nous ont aidé à comprendre des non- dits de nos enquêtées et ressortir la face latente de la réalité à partir de l'imagination sociologique81(*).

A l'HDJ par exemple nos enquêtées étaient moins ouvertes alors qu'à l'AFASO, au CEAM, à l'HMY et à l'UPEC du CMPY, elles étaient très ouvertes.

Nous avons également pris en compte les occurrences qui ont un sens et une puissance82(*) dans cette étude. Occurrences qui aussi dans une certaine mesure montrent un retour à la mathématisation du social.

VI -DEFINITIONS DES CONCEPTS OPERATOIRES

Avant tout travail scientifique de recherche, il s'avère impératif de faire une clarification conceptuelle pour spécifier le sens des concepts que le chercheur a choisi afin d'évacuer tout usage parasitaire de ces concepts. C'est dans ce sillage que DURKHEIM attache du prix à cette partie et pense que cette clarification conceptuelle permet au chercheur d'éviter de tomber dans le piège du confusionnisme. A ce titre il dit :

Toute investigation scientifique porte sur un groupe déterminé de phénomènes qui répondent à une même définition. La première démarche du sociologue doit donc être de définir les choses dont il traite que l'on sache bien de quoi il est question. C'est la première et plus indispensable condition de toute preuve de vérification.83(*)

Dans le cadre de ce travail, notre tache a consisté à clarifier les concepts suivants : Les comportements sexuels, les comportements reproductifs, femme sous ARV, ARV.

Avant de définir les comportements sexuels et les comportements reproductifs, il a été important de commencer par donner le sens du terme comportement avant de le recadrer dans ce travail

1 - Comportement : concept psychologique venant des termes anglais behaviour et américain behavior qui signifient manière d'être et d'agir des animaux et des hommes, manifestations objectives de leur activité globale.

C'est Henri PIERON qui insère ce concept dans le langage psychologique français en 1907.

Pour la psychologie, la notion de psychologie contient deux aspects :

- un organisme animal entretient des relations spécifiques avec son environnement ; ces relations différent profondément de celles des organismes végétaux.

- ensemble des phénomènes observables de façon externe. Le comportement est un objet de perception ordinaire, observable de façon externe ou publique.84(*)

Pour PIERON, le comportement est une manifestation de l'activité globale des individus. Quant aux behavioristes comme WATSON, 

 Le comportement est l'ensemble des réactions objectivement observables qu'un organisme généralement pourvu d'un système nerveux exécute en réponse au stimulus du milieu, elles même objectivement observables.85(*)

Une autre approche psychologique définit ce concept comme étant une expression des interactions entre organisme et milieu. Ceci étant, il est une réalité appréhendable sous la forme d'unités d'observation, les actes, dont la fréquence et les enchainements sont susceptibles de se modifier. Il exprime une forme de représentation et de construction d'un monde particulier.

En sociologie, le comportement est un ensemble de conduite d'un individu dans son environnement proche ou dans sa société. Il est caractérisé par son extériorité à l'organisme, son interaction et les mouvements.86(*) .

Parler du comportement ici revient à présenter les différentes attitudes des PVVIH, car la mise sous ARV influence leur attitude sexuelle et leur fécondité car, la norme thérapeutique les incite à une autre façon de se conduire en matière de sexualité et dans la recherche de toute procréation.

2 -Comportement Sexuel : Un comportement sexuel est un ensemble de conduite d'un individu en vue de la recherche du plaisir érotique qui fait intervenir son sexe. Or en Afrique généralement, sexe et procréation sont indissociables, c'est le sexe avec une finalité utile qui fait le mariage et le consolide.

Etant donné que le sexe est l'un des organes sensibles dans la transmission du VIH-SIDA, les professionnels de santé recommandent aux PVVIH de se protéger avant tout rapport sexuel pour éviter de contaminer les autres partenaires ou se réinfecter à nouveau. Les PVVIH mariées ou non doivent désormais vivre avec des méthodes de contraception quand il faudra faire intervenir les rapports sexuels. Leur sexe remplira beaucoup plus la fonction de plaisir que de procréation dans un contexte où c'est la procréation qui est le but principal de l'acte sexuel. Cette situation créera un climat de suspicion surtout qu'en Afrique en général, la femme existe socialement que par son oeuvre de procréation. En situation de VIH/ SIDA, les femmes sous TAR seront mues par le désir d'exister socialement avant de voir dans quelle mesure retrouver leur santé.

Dans le cadre de ce sujet, pour comprendre le concept de comportement sexuel, nous avons examiné la perception du sexe les PVVIH, la nature des rapports sexuels, les représentations sociales du préservatif ; étant donné que c'est l'unique méthode recommandée par le personnel médical en matière de sexualité et comme conséquence logique, elle devrait être suivie par une limitation ou une restriction des naissances chez les femmes sous TAR. Ainsi, examiner les comportements sexuels de ces femmes revient à s'interroger sur leur nature et leur finalité pour comprendre si la mise sous traitement antirétroviral modifie les comportements sexuels et réduit les risques.

3 - Comportement Reproductif : Dans ce contexte un comportement reproductif est un comportement qui vise à concevoir un enfant et à le mettre au monde.

En Afrique, généralement on aboutit à la naissance d'un enfant en passant par des comportements sexuels naturels. Ce qui marque une inséparabilité entre sexe et reproduction dans ce continent. Ainsi, un comportement reproductif est tout comportement dont le but est la copulation ou la fécondité. Il concerne les personnes hétérosexuelles c'est-à-dire les individus de sexes opposés.

A partir des normes thérapeutiques construites autour des ARV (protection de tout rapport sexuel, restriction des naissances pour éviter la naissance des futurs orphelins, l'allaitement maternel exclusif puis sevrage brusque à l'âge de six mois pour celles qui ont pu accoucher sans association avec d'autres aliments...), il ressort que la procréation en temps de SIDA serait un phénomène presque inexistant ou incertain chez les PVVIH ou du moins possible chez celles qui recourront aux outils technologiques de la fécondité (insémination artificielle...).

De manière générale, ce qui nous intéresse dans cette étude c'est le désir d'enfant qui reste une préoccupation majeure pour ces femmes. Après l'analyse de ce désir, nous examinerons, les méthodes utilisées pour arriver à cette fin, le nombre d'enfant souhaité et le nombre d'enfant existant déjà, et enfin la gestion de leur vie quotidienne en matière de leur alimentation et de celle de leurs progénitures.

4 - Femme sous traitement ARV: Femme qui est porteuse de VIH-SIDA et qui est éligible au traitement antirétroviral. Ce qu'il faut relever c'est que ce n'est pas toutes les personnes séropositives qui bénéficient de ce traitement mais, il est tributaire du taux de CD4 de la personne infectée ou de la présence de certaines infections opportunistes (IO) comme la tuberculose, l'hépatite virale B ou C dans l'organisme du patient qui contribue à sa fragilisation.

Lorsqu'une personne est éligible au TAR, cela montre que son organisme est déjà fragile et par conséquent tout activité ou pratique qui peut susciter le déclin de son organisme est proscrite. Or, la mise sous traitement s'accompagne généralement de certaines conditions thérapeutiques dont l'application déstabilise souvent les fonctions sociales des femmes.

En Afrique en général, la femme pour exister socialement est mue par le désir de remplir la fonction sociale qui lui a été attribuée. Or les conditions du TAR contribuent à détériorer l'image de la femme séropositive et renforce la stigmatisation dans sa société ; ce qui entraine chez celle-ci des stratégies d'action.

5 - ARV : Ensemble de protocoles de médicaments ayant pour but de bloquer la multiplication et le développement du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) dans le sang tout en permettant de remonter le taux de CD4 (qui, sont des cellules responsables de l'immunité dans l'organisme face à certaines maladies )et de baisser la charge virale.

Dernière trouvaille en matière de lutte contre le SIDA dans sa version prophylactique et curative, il convient de noter que ces médicaments ne soignent pas le SIDA mais jouent un rôle inhibiteur, stabilisateur du virus dans l'organisme et « capable de prolonger la vie des PVVIH87(*) ».

Au Cameroun, la politique récente (1er mai 2007) est la distribution gratuite aux patients dans le but de rependre la prise en charge dans tout le pays et que les personnes infectées du VIH-SIDA issues de toutes les couches sociales, de toutes les catégories socioprofessionnelles se sentent concernées .Mais dans la procédure de mise sous ARV, le patient a plusieurs conditions à respecter ce qui entraine nécessairement une modification dans sa vie sexuelle et reproductive qui est source des problèmes socioéconomiques, culturels, et religieux.

VII. PLAN DE L'ETUDE

Pour rendre compte de notre recherche, qui est à cheval entre théorie et pratique, intitulée « les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivants sous antirétroviraux au Cameroun », nous la présenterons en deux parties subdivisées en deux chapitres chacune.

La première partie s'intitule : De la découverte du statut de séropositivité des femmes à leur prise en charge. Quant à la deuxième partie, elle s'intitule : Enjeux des comportements sexuels et reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral : recommandations et incidences.

Au niveau de la première partie nous présenterons le premier chapitre intitulé Circonstances courantes de la découverte du statut de séropositivité des femmes infectées et conduites observées. Il s'agira de présenter les différentes circonstances qui amènent généralement les femmes à faire leur dépistage de VIH/SIDA et les conduites associées à la découverte de leur statut de séropositivité. Ce chapitre comprendra deux sections à savoir : une première qui liste quelques circonstances de découverte du statut de séropositivité de ces femmes infectées qui généralement se découvrent séropositives pendant les consultations prénatales, lors de l'apparition de certaines pathologies opportunistes, après le décès d'un conjoint ou/et d'un enfant, pour une autre catégorie des femmes, à la suite d'un dépistage volontaire.

La deuxième section de ce chapitre quant à elle fera mention des différentes réactions qui interviennent après la notification du statut sérologique. Ces réactions ne sont pas homogènes car elles sont fonctions des enjeux des personnes dépistées séropositives. Ces enjeux étant fonctions de l'âge, du statut matrimonial, de la situation socioéconomique, de la culture et de la religion de celles-ci. La réaction inclut les interactions de ces personnes avec leur entourage. Ce qui nous amènera à examiner la gestion de l'information de la séropositivité qui demeure un problème dans la société Camerounaise.

Dans le second chapitre de la première partie intitulée : Eligibilité au traitement et la prise en charge, nous examinerons à la première section le rôle de l'hôpital ou des centres de traitement agréés ou des unités de prises en charge dans la gestion des personnes infectées. Nous examinerons également les différents types de prise en charge offerts par les centres de santé et les conditions d'éligibilité au traitement car ce n'est pas toute personne infectée qui bénéficie du TAR.

Dans la seconde section du chapitre 2, nous examinerons le rôle des associations des personnes vivant avec le VIH et des relais communautaires dans la prise en charge, ainsi que les différents soutiens qu'ils apportent aux PVVIH et les répercussions auprès de celles-ci.

Quant à la deuxième partie, nous listerons les différents enjeux des comportements sexuels (Chapitre 3)et reproductifs (Chapitre 4)des femmes infectées sous traitement antirétroviral et les différentes contraintes socio-affectives, familiales, économiques, culturelles et religieuses auxquelles elles font face.

Au niveau du troisième chapitre (Les comportements sexuels des femmes séropositives sous traitement), nous présenterons d'un coté le discours biomédical relatif à la sexualité en temps de SIDA, la perception du sexe après l'infection et de l'autre coté la norme culturelle en Afrique en matière de sexualité, le statut social de la femme Africaine en général qui sont des éléments qui entrent en contradiction et empêchent le changement de comportement des femmes séropositives.

Dans la deuxième section de ce chapitre, nous examinerons les différentes contraintes qui concourent au boycott pour certaines femmes infectées, au discours médical notamment les contraintes affective, familiale, culturelle, ou/et religieuse. Cependant ces contraintes se font beaucoup plus ressentir chez ces femmes en fonction de leur statut socioéconomique.

Le dernier chapitre s'intitule : les comportements reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral au Cameroun. La première section présentera les normes thérapeutiques en matière de procréation d'un coté, et d'un autre coté le poids de l'enfant dans l'imaginaire collectif africain.

Dans la deuxième section de ce chapitre, il sera question de relever les différentes contraintes auxquelles sont confrontées les femmes sous TAR dans la gestion de leur désir d'enfant.

Ainsi à travers cette étude, on pourra lire la matérialisation des ambitions des femmes sous traitement qui évitent toute exclusion sociale en s'efforçant de trouver des stratégies qui suscitent des actions visant à les maintenir au sein de la société.

PREMIERE PARTIE :

DE LA DECOUVERTE DU STATUT DE SEROPOSITIVITE DES FEMMES A LEUR PRISE EN CHARGE

Dans cette subdivision de notre travail, il est question de présenter de manière générale, des circonstances courantes dans lesquelles les femmes séropositives découvrent leur statut sérologique au Cameroun et les conduites observées. Pour le faire nous partirons d'abord de quelques récits de vie issus des enquêtes de terrain pour lister ces circonstances ainsi que les réactions qui s'en suivent souvent.

Deux chapitres constituent l'ossature de cette partie. Le premier s'attarde sur ces circonstances courantes de la découverte de la séropositivité qui ont des liens directs avec les réactions de ces femmes dépistées qui sont généralement dans un dilemme : dire pour subir une répudiation ou ne pas dire et continuer à infecter ou se réinfecter. C'est la préoccupation de la deuxième section de ce chapitre.

Quant au deuxième chapitre, il présente les conditions d'éligibilité au traitement antirétroviral, les typologies de prises en charge ainsi que les différentes tâches reparties entre personnels soignants, associations des PVVIH et relais communautaires.

CHAPITRE I :

CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE DE LA SEROPOSITIVITE

DES FEMMES INFECTEES ET CONDUITES OBSERVEES

Nous introduirons ce premier chapitre avec quelques interrogations signifiantes à savoir : quelles sont les circonstances qui permettent généralement aux femmes séropositives de connaitre leur statut sérologique ? Quelles en sont leurs réactions ? Quel est le rôle des professionnels de santé dans la gestion de cette séropositivité ? Ici, il sera question de partir de quelques cas individuels pour ressortir les circonstances qui permettent aux femmes de se découvrir séropositives. Notre démarche sera essentiellement inductive. A ce titre, nous partirons de quelques récits de vie récoltés sur le terrain et des paroles des acteurs pour essayer de les généraliser.

Manuela, 19 ans, élève dans un collège de la ville de Yaoundé, originaire du Sud-ouest (tribu Banyangui) est issue d'une famille modeste. Compte tenu de la taille de leur famille et de la précarité de leurs conditions de vie, Julia sa soeur ainée décide d'amener Manuela avec elle à Yaoundé, où elles habitent le quartier Oyom-Abang depuis une décennie. Elles sont très liées et s'entendent bien, puisque Julia raconte pratiquement tout à sa soeur, question de ne pas créer un écart avec sa soeur. Alexandre, l'époux de Julia est un homme très dur de caractère et très bavard. Ce qui est souvent à l'origine de disputes fréquentes entre Julia et ce dernier.

En 2004, Manuela avait 14 ans lorsqu'elle fit la connaissance de Yan, un garçon apparemment très calme et sérieux, étudiant en Biochimie, âgé de 25 ans. Ils ont de grands projets .Quelques mois après, Manuela contracte une grossesse. Prise de panique, elle n'a pas d'arguments pour affronter sa soeur, surtout que celle-ci lui fait confiance et la considère comme une fille très sage. Manuela va faire pression auprès de Yan pour qu'il se présente chez soeur Julia pour lui expliquer la situation, ou dans le cas contraire, recourir à un avortement. Pour Yan, il faut préserver sa visibilité sociale d'une part car, ce n'est socialement pas admissible qu'un « grand étudiant » fasse un enfant avec une « gamine », affirme Manuela. De l'autre coté, recourir à un avortement est un risque surtout qu'ils ont  découvert la grossesse à 3 mois. Une situation qui amène Yan à prendre la clé des champs.

Ainsi, Manuela abandonnée à elle-même, s'est retrouvée dans une situation où il fallait gérer à la foi la solitude et les besoins financiers. Sa grossesse lui imposait d'autres envies alimentaires. Voilà qu'un matin, elle est abordée par Monsieur MANFRED, un homme pécuniairement assis, mais marié. Pour Manuela, c'est une occasion idoine pour résoudre son problème. Au bout d'un mois, sa soeur établit des soupçons de grossesse puisque Manuela a pris un peu plus de poids que d'habitude et dort un peu plus qu'avant. Après moult questions de sa soeur, elle passe aux aveux. Ce qui a créé chez Alexandre, l'époux de Julia, un scandale. Manuela ne pouvant plus se faire avorter comme elle l'envisageait au départ, n'a plus qu'à commencer à passer les consultations prénatales. A l'hôpital, une série d'examens est prescrite à cette dernière parmi lesquels le test de dépistage de VIH/SIDA. Elle passe ses examens, et celui du VIH s'avère positif, « chose que j'entend souvent », dit-elle. Or, elle se souvient qu'avant de passer aux rapports sexuels non protégés avec Yan, ce dernier lui avait préalablement montré son résultat de dépistage de VIH. Il était séronégatif.

Face à ce résultat, Manuela ne pense qu'à une seule chose : se suicider parce qu'elle ne vivra plus pour longtemps ou même si sa vie se prolonge, elle ne pourra plus se marier. Déjà, son état de grossesse lui créé un problème à la maison, car elle subit fréquemment injures et humiliations de la part d'Alexandre. Une situation qui devrait selon elle, être exacerbée en raison de son statut sérologique. A l'hôpital, assise sur un banc de malades, elle se perd durant plusieurs heures dans un monologue et fond en larmes. Elle est visiblement abattue et inconsolable.

De retour à la maison, Manuela n'a pas le courage de révéler la vérité à sa soeur aînée. Elle lui explique simplement que son carnet lui sera remis dans deux semaines, espérant qu'entre temps elle va trouver d'autres arguments pour ne pas montrer son carnet. C'est ainsi que la jeune fille devient de plus en plus enfermée et cachotière. Pour Julia, sa soeur aînée, cette situation est due à la panique de sa cadette, puisqu'elle est encore petite et primipare. Après la pression de Julia, Manuela décide de lui présenter son carnet, mais à une condition : ne pas mettre Alexandre au courant de la situation, car ce dernier étant bavard, pourrait immanquablement informer un grand nombre de personnes, notamment les parents de Manuela. Or, cet aveu pourrait être lourd de conséquences. En effet, le père de Manuela et Julia irait même jusqu'à renier sa fille, et probablement incriminer Julia comme responsable de la situation.

Julia et Manuela vont donc garder « leur secret ». Cette dernière va porter sa grossesse jusqu'à terme, puis accouche dans des conditions normales. Toutefois, et ce d'après les recommandations du médecin, l'enfant sera privé du lait maternel pour échapper à toute possibilité de contamination. A la place de l'allaitement maternel, Manuela opte pour l'allaitement artificiel. Cela ne manque d'attirer l'attention de son entourage qui se demande pourquoi opter pour une telle méthode qui est coûteuse. Pour justifier ce choix, Julia s'explique en alléguant que la mère de l'enfant est encore élève et doit se consacrer de nouveau à ses études. Par conséquent, elle ne sera pas toujours aux côtés de l'enfant des journées entières. Il n'y a donc pas d'autres choix que d'opter pour l'allaitement artificiel. Entre temps, Manuela s'est effectivement remise à ses études et a fortement renforcé sa croyance en Dieu qu'elle qualifie de « seul sauveur, puissant soutien ».

La seconde histoire est celle de Solange ADA, 25 ans, conseillère psychosociale à l'hôpital de jour de Yaoundé, célibataire et mère d'un enfant. Solange, dans son enfance (à l'âge de 7 ans) était très maladive au point où elle faisait régulièrement des anémies.

En 1996, Solange avait 12 ans lorsqu'elle a fait une crise d'anémie sévère et à été conduite dans un centre de Santé de Mbalmayo où elle était en congé chez son oncle. Il lui fallait du sang puisqu'elle n'en avait plus. C'est ainsi que l'un de ses oncles s'est porté volontaire d'offrir son sang à la petite puisque les autres avaient toujours eu à la secourir quand nécessité s'imposait. Ainsi, dans la précipitation, le sang de l'oncle ATE a été recueilli et transfusé à Solange sans aucun examen préalable puisque à voir ATE, il était un homme apparemment bien portant et toujours en forme.

Un an plus tard, Solange rechute. Elle est cette fois ci transportée à l'hôpital central de Yaoundé. Son médecin traitant lui a cette fois ci prescrit une série d'examens parmi lesquels celui du VIH/SIDA. Les résultats de Solange montraient qu'elle était séropositive. Or, à cette période Solange était encore vierge et ne connaissait pas comment ça se passe entre un homme et une femme. Mais son maître du cours moyen deuxième année avait fait un cours sur le SIDA au cours duquel il a présenté les modes de transmission du VIH/SIDA en insistant sur la voie sexuelle comme principal mode ; également au cours de cet enseignement, il a relevé que toute personne infectée au VIH était vouée à la mort.

Les recherches effectuées sur l'origine de la séropositivité de Solange ont montré qu'elle avait été contaminée par le sang de son oncle puisque ses anciens livrets médicaux faisaient état de sa séronégativité. Suite à cette annonce, la petite ne pensait qu'à ce que son maitre leur disait en classe de cours moyen deuxième année et se voyait à tout moment dans la voie de la mort.

Après son rétablissement, elle est allée en classe puisqu'elle était élève au CETIC de Ngoa-Ekélé mais, était toujours dominée par l'idée du SIDA c'est-à-dire l'idée de la mort. C'est ainsi qu'un jour à la pause, elle a rassemblé ses copines pour leur passer ses adieux parce qu'elle était convaincue que la mort était proche. C'est ainsi qu'elle n'était plus concentrée en classe jusqu'au jour où elle part du collège.

Quelques années plus tard à l'âge de 19 ans, elle rencontre Stéphane. Un homme qui a accepté vivre avec elle malgré son statut sérologique. Ils s'entendaient bien mais seulement après deux ans et demi de vie commune, Stéphane ne supportait plus les contraintes médicales ; puisque Solange non seulement faisait partie d'une association des PVVIH (AFASO), mais aussi, était déjà conseillère psychosociale et paire éducatrice. Par conséquent respectait les consignes médicales. Stéphane était de temps en temps traversé par l'idée d'entretenir des rapports non protégés avec sa compagne. Chose qui allait à l'encontre de l'éthique des PVVIH. Car dans les associations, il est recommandé aux PVVIH d'éviter de transmettre volontairement le virus aux personnes non atteintes. Cette situation a entraîné un climat de tension entre les deux partenaires jusqu'au jour où Stéphane a décidé de mettre Solange à la porte en lui disant « va avec ton SIDA là ».

Cette période a été pour Solange une période très difficile car elle avait déjà appris à vivre « normalement », puisqu'au départ elle se disait qu'elle ne pouvait plus vivre en couple avec un homme. Ce qui traversait son esprit après cette déception était juste de chercher un homme qui pouvait lui faire un enfant. Car, cet enfant allait lui permettre non seulement d'être femme comme les autres mais aussi de ne pas vivre pour « rien ».

Un an après, Solange rencontre Julien, un jeune homme de 26 ans, mécanicien de profession avec qui ils ont eu un enfant après avoir satisfait tous les examens cliniques qui précédent la procréation en période de SIDA. Julien aime bien sa copine et sa fille, mais c'est la famille de ce dernier qui constitue un obstacle à leur union. Cette situation a commencé lorsque l'une des cousines de Julien a aperçu Solange avec la plaque de l'AFASO au défilé des femmes le 8 mars 2008. Elle est venue se rassurer auprès de Solange sur ce qu'elle avait vu. Celle-ci a affirmé qu'elle était séropositive, ce qui a poussé la cousine de son partenaire à propager la nouvelle dans la famille de celui-ci entraînant menaces et injures auprès de la fille.

De ces deux histoires, il ressort que les circonstances de découverte de la maladie ou du statut sérologique des patients en général et des femmes en particulier ne sont pas homogènes.

I. DES CIRCONSTANCES COURANTES DE DECOUVERTE DU STATUT SEROLOGIQUE

Les recherches menées sur les circonstances courantes de découverte du statut sérologique du patient montrent qu'elles sont multiples et varient d'individus à d'autres surtout au niveau des femmes. Les enquêtes de terrain ont montré que certaines des femmes interrogées font leur test de dépistage de VIH/SIDA en situation de grossesse, quant à d'autres, elles le font en cas de maladie ou du décès d'un membre de leur famille (conjoint ou enfant), cependant rares sont les personnes qui le font par curiosité sauf dans certaines situations où le test de dépistage est obligatoire.

I.1.Pendant les consultations prénatales

L'histoire de Manuela en est une des preuves concrètes qui montrent que les consultations prénatales sont des périodes au cours desquelles nombreuses femmes découvrent leur statut sérologique au Cameroun. La période de la grossesse chez la femme représente ainsi dans une famille et même dans la société globale une phase délicate.

Sur 26 femmes interrogées, 15 d'entre elles ont affirmé avoir découvert leur statut sérologique durant leur grossesse. Une preuve patente de la résistance des Camerounais en général à se faire dépister malgré les campagnes de sensibilisation et de dépistage gratuit qui sont régulièrement faites dans le pays. Très souvent le test est fait en masse par les Camerounais, mais lors de la remise des résultats certaines personnes n'acceptent pas aller les récupérer. Cette situation traduit la psychose généralisée qu'incarne encore cette maladie dans le pays. Car, d'une manière générale les Camerounais ont peur malgré la mise sur pied d'un traitement gratuit, d'être inscrits en classe de séropositif.

Au Cameroun, très peu de personnes connaissent leur statut sérologique88(*). Cette situation met en exergue la peur qui accompagne la maladie, une peur qui est non seulement liée à la procédure de prise en charge qui n'est pas toujours certaine pour les uns89(*), mais beaucoup plus à la stigmatisation qui demeure forte dans la société camerounaise. C'est pour cette raison que les efforts du MINSANTE vont dans le sens de la lutte contre la stigmatisation. Cela se vérifie au niveau des affiches et plaques où l'on peut constamment voir des photos des personnes saines qui entourent des personnes séropositives et lire des messages tels que « non à la discrimination des personnes vivant avec le VIH/SIDA » ou « non à la stigmatisation des séropositifs »...

La grossesse est une période où plusieurs femmes se découvrent en termes de statut sérologique. Parmi les examens qui sont prescrits à toutes les femmes enceintes lors des consultations prénatales figure le test de VIH. Il est un passage obligé pour toute femme enceinte et par conséquent, devient incontournable. La période de grossesse implique un suivi médical et par conséquent le passage d'un certain nombre d'examens prénataux prescrit par le système médical. Examens déterminants dans le suivi prénatal en ce sens que ce sont eux qui renseignent les personnels de santé sur les conduites à adopter pour obtenir l'accouchement d'un bébé sain. Ainsi, le statut sérologique est l'un des éléments primordiaux dans le suivi de la femme enceinte en ce sens qu'il influence ce suivi dans le contexte de séropositivité.

En situation de grossesse, c'est le préalable à tout suivi médical et par conséquent devient obligatoire. Madame Anne, présidente du CEAM atteste d'ailleurs que :

 C'est quand je suis allée faire mes examens prénatals et l'écographie surtout dans le but de savoir le sexe de mon enfant que le médecin m'a prescrit un test de VIH/SIDA. J'ai voulu lui dire que ça ne servait à rien puisque dans ma peau je me sentais à l'aise et le père de mon enfant est quelqu'un de très sérieux .je n'imaginait pas cette hypothèse. J'ai quand même fait ce test dans le but de satisfaire le médecin .Mais lorsque celui-ci m'a annoncée que je suis porteuse de VIH/SIDA. J'ai perdu la tète, j'ai tout imaginé : la mort, l'avenir de mes enfants qui n'auront plus bientôt une mère. Mais après quelques conseils et surtout lorsqu'il m'a révélée qu'il y avait des possibilités de sauver mon enfant que j'ai retrouvé mes esprits sinon c'était...très difficile90(*).

Le cas de cette dame n'est pas unique car plusieurs femmes entendent toujours parler du test de dépistage comme si cela ne les concerne pas. Chez les femmes, beaucoup d'entre elles découvrent ce test lors des visites prénatales. Une preuve de la non adhésion au projet de lutte contre le VIH/SIDA. Pour la plupart des Camerounais, il faut présenter des signes extérieurs comme : la perte de poids, des diarrhées, des vomissements pour soupçonner le SIDA. Manuela a d'ailleurs affirmé que :

 C'est à la visite prénatale que je découvre pour la première fois comment le test de dépistage se passe. Mais j'avais déjà des connaissances dessus puisque ma soeur ainée m'en avait déjà parlé. 91(*)

Ainsi, malgré les efforts entrepris dans la lutte contre la pandémie il existe encore un décalage entre le discours et la pratique. Plusieurs personnes sont au courant de son existence mais peu d'entre elles ont vérifié de manière volontaire leur statut sérologique.

En outre, d'autres situations, en dehors de la grossesse, nécessitent des examens médicaux parmi lesquels est inclus le test de VIH/SIDA.

I.2. Lors d'un épisode de maladie ou du développement des pathologies opportunistes

La sérologie positive est un état de santé caractérisé par la diminution des anticorps et d'autres éléments de protection de l'organisme. Cette diminution des anticorps rend l'organisme faible et vulnérable face aux maladies ou aux infections. Il devient ainsi le siège des maladies ou infections dites opportunistes à l'instar de la tuberculose, la diarrhée, les dermatoses, de l'hépatite virale.

La personne séropositive devient de temps en temps malade. Ces pathologies font parfois l'objet des hospitalisations du patient ou de la patiente sans succès. C'est ainsi que parfois à l'issu de certains examens (d'urine, de selles, et de sang), le personnel soignant ne parvient pas véritablement à déterminer avec exactitude ce dont souffre le/la malade.

Au cours de nos enquêtes, 5 femmes interrogées ont affirmé avoir découvert leur statut sérologique suite à la persistance de certaines pathologies qui, pour certaines, ne trouvaient pas toujours de succès malgré des soins intenses et pluriels92(*) qu'elles subissaient.

Certaines d'entre elles, déçues par la médecine moderne ont du recourir à la médecine traditionnelle mais sans succès comme nous a affirmé Mme 0044/0893(*), élève institutrice que nous avons rencontré à l'UPEC du CMPY en ces termes :

Il y a de cela plusieurs mois que j'ai été secouée par une longue maladie. J'ai été transférée à l'hôpital général de Yaoundé où j'ai passé environ trois mois. Mon état de maladie s'aggravait de plus en plus. Mon oncle maternel m'a emmené chez un tradi-praticien car il estimait que d'après ses recherches il s'agissait d'un poison de nuit qui m'avait été donné par l'ex-épouse de mon ami. Nous avons fait un mois chez un tradi-praticien à Mendong. Mais jusque là sans succès. On m'a ramenée à la maison pour ruptures des moyens financiers. Je n'attendais plus que la mort. Une semaine après, un conseil de famille a été organisé à mon intention. Comme décision, ma famille a décidé de me ramener à l'hôpital. Mais cette fois c'était à l'hôpital central de Yaoundé. Y étant le premier examen prescrit était celui du VIH. Examen à l'issu duquel j'ai été déclarée séropositive. Un autre examen de bilan a été prescrit pour permettre de déterminer mon taux de CD4 et me mettre sous traitement. J'étais à 200 de CD4. Mais heureusement après quelques jours de traitement j'étais soulagée malgré les effets secondaires des ARV.94(*)

Le cas de cette dame n'est pas unique. Car, plusieurs d'entre elles ont découvert leur séropositivité à la suite des pathologies diverses. Cette découverte met encore en exergue le caractère de la séro-ignorance des Camerounais. Ces personnes ont fait leur test par contrainte alors que selon la déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme à l'article 6 alinéa 1:

Toute intervention médicale de caractère préventif, diagnostique ou thérapeutique ne doit être mise en oeuvre qu'avec le consentement préalable, libre et éclairé de la personne concernée, fondée sur des informations suffisantes. Le cas échéant, le consentement devrait être exprès et la personne concernée peut le retirer à tout moment et pour toute raison sans qu'il en résulte pour elle aucun désavantage ni préjudice.95(*)

Chez d'autres personnes, l'infection VIH se manifeste par des infections opportunistes telles que la tuberculose. C'est le cas de Mme 0073/08 ,28 ans, ex-hôtelière qui a d'ailleurs perdu son emploi suite à son infection découverte après une longue et intense saison de tuberculose. Cette situation l'a amenée à retourner dans son village Ebolowa où elle réside jusqu'à l'heure actuelle entraînant chez elle une mobilité thérapeutique et toutes les dépenses que ça comporte (transport, nutrition,...). Lors de la rencontre que nous avons eue à l'UPEC du CMPY elle nous a affirmé :

Je découvre mon statut sérologique à la suite d'une intense tuberculose que je traitais sans suite. C'est à l'issu d'un test de dépistage que le médecin m'en a informé. Mon mari s'est précipité, puisque je l' avais informé, de me mettre à la porte et d'aller publier à mon lieu de service. Ce qui a valu mon renvoi. Abandonnée à moi même j'ai pris la résolution d'aller mourir auprès de mes parents. Y étant j'ai informé ma famille mais l'entourage savait juste que j'avais la tuberculose. Au début, j'étais isolée c'est lorsque j'ai repris la forme avec le traitement que certaines personnes m'approchent.96(*)

Les propos de cette dame témoignent une fois de plus la séro-ignorance qui caractérise plusieurs Camerounais en général. De même sa répudiation par son partenaire est une preuve que la maladie constitue encore un sérieux problème chez les Camerounais. Puisqu'il n'a pas cherché à connaître lui-même son statut sérologique .De même son renvoi de son lieu de service et son isolement au village témoignent de la persistance de la discrimination et de la stigmatisation que vivent les PVVIH.

Une autre catégorie de personnes découvre leur sérologie positive à la suite des dermatoses. Car, certaines répondantes ont affirmé que c'est à la suite d'un Zona répété avec traitement sans succès que le personnel soignant leur recommande un test de dépistage qui s'avère positif. C'est dans ce cadre que Madame QD7177/03, 34 ans, coiffeuse que nous avons rencontrée à l'HDJ a affirmé que : 

C'est après une succession de Zona que je suis allée à chez un tradi-praticien pour aller vérifier ce qu'il se passait parce que dans ma vie je n'avais jamais eu des choses comme ça. Il m'a donné des poudres que je devais utiliser pour me laver et a dit que c'était une de mes tantes avec qui je m'étais disputée il y a quelques jours qui m'avait lancé ce sort. J'ai commencé le traitement et au bout de quelques jours ça avait l'air d'aller. Peu de temps c'est revenu plus qu'avant. C'est une de mes copines qui m'a conseillé d'aller faire mon test car elle avait une soeur séropositive qui avait les mêmes symptômes. Au début j'ai eu peur. C'est au cours d'un passage à l'hôpital que je vois des gens faire leur test. Moi-même, je les ai suivies et j'ai fait le mien. C'est à l'issu de ce test que j'ai constaté que j'étais séropositive. Je suis allée refaire cela au centre pasteur pour avoir la confirmation et effectivement ce n'était pas une erreur. Le médecin m'a recommandé des examens à faire pour me placer sous antirétroviraux. Depuis que je prends mes médicaments il ne reste que les cicatrices de ce Zona.97(*) 

Mme 022/07, 43 ans, tristement, relevait  qu'elle découvre sa sérologie après une intense maladie accompagnée d'un comma de 7 jours. Maladie durant laquelle elle avait été abandonnée par son mari et sa famille. Nous a-t-elle expliqué. Ce sont les soeurs de la mission catholique qui se sont occupées et continuent encore à s'occuper d'elle. Car elle est une fervente religieuse pratiquante.

A coté de ces cas d'autres femmes ont déclaré avoir connu leur statut à la suite du décès de leur partenaire ou de la succession de décès de leurs progénitures.

I.3.Après le décès d'un conjoint ou d'un enfant

Le décès d'un conjoint, d'un nouveau né ou d'un mort né peuvent conduire une femme à faire des examens pour « avoir le coeur net98(*) ». Sur les 26 femmes interrogées, 6 veuves sur les 7 de notre échantillon ont affirmé avoir découvert leur statut sérologique à la suite du décès de leurs conjoints qui sont morts de suite de longue maladie ou qui présentaient des symptômes de SIDA au cours de leurs maladies. C'est ce qu'atteste Maman Coco, 48 ans, veuve et mère de 5 enfants en ces termes :

 Après le décès de mon mari et comme il est resté longtemps malade, on m'a lavée au village pour chasser la mort ; ce qui est un rite de veuvage dans notre coutume. J'ai commencé à avoir une santé très fragile quelques temps après sa mort. Malgré les remèdes traditionnels que je prenais, je faiblissais et je maigrissais à vue d'oeil. On a parlé de sorcellerie et d'autres disaient que c'est ma belle mère qui m'en voulait d'avoir tué son fils pour rester avec ses biens et que c'est la raison pour laquelle elle voulait finir avec moi. Après les conseils d'une de mes belles soeurs complice qui avait assez fréquenté et que dans un film j'avais vu un cas similaire. C'est alors que je suis allée à l'hôpital faire mon test et que le médecin m'a informée que j'étais porteuse du VIH/SIDA et que je faisais la maladie. Apres un examen bilan, il m'a immédiatement mise sous ARV.99(*) 

Le cas de cette femme n'est qu'un cas parmi tant d'autres car plusieurs d'entre elles se sont retrouvées dans des situations similaires. Pour madame Judith Sim, veuve et épouse d'un feu militaire, lorsque le médecin de la garnison militaire a découvert la séropositivité de son mari qui n'a pas pu être sauvé à cause du retard dans la découverte, il a immédiatement demandé à la conjointe de faire son test. Test qui a révélé le statut positif de celle-ci, un examen de taux de CD4 a permis de placer celle-ci sous TAR.

Cette situation montre que plusieurs Camerounais(es) font leur test par intermédiaire de leur partenaire. C'est-à-dire que c'est à travers le statut sérologique du partenaire ou du conjoint qu'ils/elles découvrent le leur.

Ainsi, « en Afrique, très peu de personnes savent qu'elles sont infectées par le VIH/SIDA. »100(*). Car, lorsqu'elles sont bien portantes ou ne portent aucun symptôme, l'idée de cette maladie ne les passe pas dans la tête. Elles ne peuvent pas s'imaginer malades. En Afrique noire, un individu se sent malade lorsqu'il est couché ou lorsqu'il maigrit. Le maintien du poids normal est signe du parfait état de santé physique de l'individu.

Une autre catégorie de femme a découvert sa sérologie à la suite d'un ou des décès de leurs enfants. C'est le cas de Mlle Eléonore Samba, 27 ans, rencontrée au CTA de l'HMY qui nous a répondu en coulant les larmes qu'elle a découvert sa séropositivité après le décès de son petit bébé garçon. Alors qu'elle avait tellement désiré un enfant garçon car ses 2 premiers enfants sont des filles. Selon elle :

A la naissance, mon enfant n'avait aucun problème. C'est à partir de 7 mois qu'il a commencé à être très maladif. Comme j'habite dans un foyer polygamique, j'ai cru que c'était la coépouse de ma mère qui était à l'origine parce que chez nous il n'y a pas de garçon. J'assimilais sa maladie à une sorcellerie. C'est lorsqu'il a fait une dernière crise d'anémie qui l'a emporté qu'à l'hôpital, le médecin m'a révélé qu'il était séropositif, puisqu'il est mort quelques heures après sa prise de sang pour le test de dépistage. Je n'en revenais pas. Il m'a aussi prescrit un test qui s'est avéré positif. Donc il avait été contaminé par moi. Je ne sais à quelle période puisque lors de mes consultations prénatales j'étais séronégatif.101(*)

Ainsi, « une mère qui perd son enfant à cause du SIDA, ne sait généralement pas que son enfant était infecté et qu'elle risque d'avoir à nouveau un enfant infecté en étant de nouveau enceinte »102(*) puisque, Eléonore Samba est de nouveau enceinte alors que ça ne faisait que 5 mois qu'elle avait perdu son enfant.

D'autres catégories de femmes découvrent leur statut sérologique suite à un dépistage volontaire pour des fins de mariage, pour un voyage à l'étranger, pour un don de sang, pour un recrutement dans un emploi ou tout simplement par curiosité.

I.4. Du dépistage volontaire

Au cours de nos enquêtes de terrain, d'autres femmes ont affirmé avoir découvert leur statut suite à un dépistage volontaire avec des finalités différentes.

Des campagnes de dépistages volontaires et gratuits sont organisées pendant certaines périodes de l'année notamment pendant la célébration de la journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA le 1èr décembre de chaque année. C'est donc pendant cette période que certaines femmes profitent pour se faire dépister gratuitement. Mlle Adjara, 24 ans, divorcée, a d'ailleurs déclaré :

J'ai été dépistée séropositive au mois de décembre après avoir retiré mes résultats au cours d'une campagne de dépistage gratuit et volontaire le 1er décembre 2008 au CHU. J'avais l'impression que ces résultats étaient faux et il y avait de fortes chances que mes résultats aient été confondus à cause du nombre élevé de personnes qu'il y avait. J'ai pris l'initiative de faire un contre test qui a malheureusement confirmé les résultats du premier.103(*) 

Des propos de cette dame, il ressort que plusieurs personnes n'attendent que les campagnes de dépistages gratuits pour se faire dépister. Cela veut dire que si ces campagnes n'avaient pas été organisées plusieurs personnes ne connaîtraient pas leur statut sérologique. En plus, le fait que cette dame ait fait le contre test témoigne de la non crédibilité que les gens associent à ces campagnes. Car, pour beaucoup d'entre elles, le fait qu'il y ait une présence massive des personnes lors de ces campagnes, il y a possibilité de confusion des résultats par les techniciens de laboratoire. D'où l'abandon de certaines personnes.

Quant à d'autres catégories de femmes, elles découvrent leur séropositivité à la suite d'un test de dépistage précédant le mariage ou lorsqu'elles veulent se mettre ensemble avec un partenaire. Le SIDA a tellement fait des ravages et a provoqué une psychose chez les Camerounais qu'avant tout mariage ou toute union, certains couples préfèrent aller se faire dépister. C'est à cette occasion que certaines femmes ont découvert leur sérologie. Comme l'a déclaré Mlle Estella Poufong, 22 ans, commerçante, que nous avons interrogée au CTA de l'HMY :

J'ai rencontré mon ex en 2008, il a demandé de m'épouser. Chose que je n'ai pas refusé parce qu'il était un garçon doux, sympa, plein d'avenir. Mais seulement tout s'est gâté lorsque nous sommes allés faire le test sous l'insistance de sa mère. Mes résultats ont montré que j'étais séropositive. Je n'imaginais pas cela car dans ma vie je n'ai pas eu de désordre sexuel. J'étais fidèle à mon premier gars qui m'avait abandonnée il y avait seulement 3 mois avant que je ne fasse la connaissance de celui qui devait m'épouser.104(*)

D'autres femmes à l'instar de Mme 062/09, officier de police de 2e grade, affirmaient :

 C'est quant je suis allée faire un don de sang à une amie malade que le médecin m'a convoquée et arrivée à son bureau, il m'a annoncé que j'étais porteuse du virus du VIH/SIDA et de plus d'une grossesse de trois semaines. C'est d'ailleurs cette nouvelle qui a expulsée le foetus car j'étais tellement traumatisée105(*)

Par ailleurs, certaines femmes se sont découvertes séropositives suite au test pré emploi et d'autres, suite au test qui précède un voyage. Certains recrutements à certains emplois106(*) sont conditionnés par le test de dépistage de VIH tout comme certains voyages à l'étranger. C'est ainsi que c'est dans le souci de satisfaire à ces exigences que certaines femmes se sont découvertes séropositives. C'est le cas de Mlle Christiane, étudiante, 18 ans, qui voulait effectuer un voyage en Belgique et en voulant satisfaire les examens médicaux qui lui avaient été demandés qu'elle se découvre séropositive.

Ainsi, au regard de ces différentes circonstances de découverte de la séropositivité, il en ressort que malgré les campagnes axées dans le sens d'encourager les camerounais à faire leur test et à connaitre leur statut sérologique, beaucoup d'entre eux développent une résistance. Or tant que chacun ne connaitra pas son statut sérologique, la lutte contre la pandémie ne restera toujours que théorique. C'est ainsi qu'au niveau des personnes qui se sont découvertes infectées, les réactions et la gestion de l'information relative à la sérologie présentent des disparités.

II. REACTIONS ET GESTION DE L'INFORMATION

De manière générale, le verdict du dépistage est un moment bouleversant dans la vie d'un patient. Il s'accompagne au départ de l'anxiété, de la dépression, de l'angoisse, de la peur ou des pleurs. L'information vient sonner comme un glas sur la vie du patient qui fait un bref bilan de ses relations. Mlle Christiane dira à propos :

 La première des choses qui m'est venue en tête était de me poser la question de savoir qui m'a fait ça avant de me poser la question de savoir comment réagira le reste et surtout mes parents à cette nouvelle. Il fallait donc à tout prix et à tous les prix garder la confidentialité de ma situation.107(*) 

A la question de savoir si à son avis la nouvelle avait été bien annoncée, ce qui participerait selon nous à influencer sa position et ses prises de décisions, Mme Solange ADA ajouta :

 Ce sont des professionnels de la santé et ils connaissent comment prendre une personne qui est en situation. J'avoue cependant que si ça avait été une vulgaire personne qui se chargeait de me transmettre la nouvelle, je serai devenue folle108(*) 

II.1.Du rôle du personnel médical 

Face à la découverte de la séropositivité d'un patient, le personnel soignant est tenu de donner les résultats d'un patient dans une stricte intimité et confidentialité, c'est régi par le serment d'Hippocrate. Ainsi, conformément à ce serment,

Il est ainsi interdit au médecin de divulguer la nature de l'affection ou de l'infection dont souffre un individu sans autorisation expresse et formelle de ce dernier. Dans le cas du SIDA, la loi n'autorise pas de faire subir le test à une personne sans consentement, ni de communiquer les résultats du test à une tierce, fût- elle son conjoint, sans son accord préalable. Ici également, se pose le dilemme entre le droit de se taire et le devoir de dire109(*).

Face cette situation, le personnel médical créé un environnement psychologique favorable pour le patient dans l'optique d'une réception positive de la nouvelle car la dédramatisation et l'acceptation de la maladie sont deux éléments importants pour permettre de « vivre avec la maladie ». Mal accepté le séropositif peut se permettre de penser au pire et de fataliser la maladie. Ce qui peut l'emmener à contaminer les autres volontairement pour dire « on m'a donné et moi aussi je transmets »110(*).

Cependant, comment gérer le secret de la séropositivité d'une femme (enceinte ou pas) vis-à-vis de son conjoint ou de son partenaire? A cette question, le personnel médical laisse le soin à la personne infectée de le faire. Il lui présente juste les avantages du partage de l'information à travers des séances de counseling. Car, dans cette tâche ils sont appuyés par des assistants sociaux et des conseillers psychosociaux. Mais, le fait de laisser la latitude aux personnes infectées de parler de la nature de leur affection ou infection ne garantit pas toujours vérité. En ce sens que celles-ci, spécifiquement les femmes ont le souci de préserver leurs réseaux socioculturels, affectifs ou religieux. C'est pour cette raison que le partage de l'information n'est pas toujours effectif. C'est d'ailleurs à ce titre que Christine TCHOKOUTE, assistante sociale à l'HDJ nous a affirmé que :

Par semaine, nous enregistrons au moins 5 à 6 cas de personnes qui ne veulent pas informer leurs partenaires de leur sérologie. La dernière fois, nous avions eu le cas d'une jeune étudiante, qui nous expliquait qu'elle disparaissait chaque 20 heures pour aller à la douche prendre ses médicaments. Cette situation se vérifie dans des couples mariés. Car, chacun redoute de la réaction de l'autre.111(*)

A l' HDJ, lorsque nous y étions pour nos enquêtes, nous avons trouvé l'infirmière-major se fâcher parce qu'un garde malade avait été informé de la nature de l'infection d'un patient. Ce qui témoigne de la complicité des professionnels de santé dans l'entretien du secret chez les PVVIH.

Le personnel médical n'a pas le droit d'informer l'entourage du patient ou même le (la) conjoint(e) d'un malade. Or, lorsqu'il s'agit d'autres maladies comme le paludisme, la typhoïde, ou le cholera tout le monde est informé.

Ainsi, le problème se situe au niveau de la « protection du secret médical112(*) » du malade développée par les professionnels de santé alors que d'autres maladies font l'objet de la diffusion. Ce silence consentant autour de la maladie orchestré par le personnel médical est de nature à rendre le patient suspect et entraîne le développement de la rumeur puisque, en l'absence d'information claire, l'entourage du patient crée une autre information qui est susceptible de se répandre très rapidement.

Par ailleurs, dans le processus de prise en charge, l'ouverture d'un dossier médical n'est pas automatique après la découverte du statut sérologique d'un individu. Car, conformément à l'article 6 alinéa 1 de la déclaration universelle de la bioéthique et les droits de l'homme sus-cité, le personnel médical ne peut pas procéder à toute intervention médicale sans consentement du patient. Cette situation montre qu'un patient peut délibérément refuser la prise en charge s'il trouve que ses enjeux sociaux sont menacés.

Par contre chez les femmes séropositives nouvellement dépistées, les comportements post test ne sont pas homogènes et sont fonctions de leur situation matrimoniale, de leur nombre d'enfants, de leur niveau d'instruction, de connaissance sur la maladie et de l'environnement social dans lequel elles se trouvent.

Certains médecins affirment que beaucoup des malades développent des comportements à risque car, sur place ils font semblant d'accepter la maladie mais vont multiplier des rapports sexuels non protégés et parfois avec plusieurs partenaires.

D'autres par contre acceptent la maladie, décident de changer de comportement et deviennent responsables.

II.2.Femmes dépistées séropositives et comportements post test : l'heure du dilemme.

De manière générale, après l'annonce du résultat, les femmes se trouvent dans une situation de troubles psychologiques car, «  la découverte de la séropositivité bouleverse très profondément l'existence de la personne qui subit un véritable choc. Cette annonce remet souvent en question l'ensemble des relations familiales et sociales.113(*) » Comme le cas de Manuela qui était dans un dilemme ou d'ADA qui ne savait pas que cela pouvait lui arriver. Généralement assises sur la chaise devant le médecin, il s'observe deux principaux types de comportements :

Une première catégorie de patientes observe un calme plat, tête baissée se posant des questions en remontant leur vie ou en s'évaluant pour essayer de retrouver la période ou la personne qui leur a transmis le virus ; c'est le cas de Mme Anne qui nous confiait :

 J'étais pétrifiée, j'ai passé plus de 45 minutes sur la chaise du bureau du médecin et l'idée de la mort trottait sans cesse dans ma tête et sur le champ je voulais savoir les réponses à certaines questions à savoir : quand est ce j'ai contracté la maladie ? Où est ce que j'ai contracté cette merde ? Avec qui ? Avec combien de personnes j'ai entretenu des rapports alors que j'étais déjà infectée ? (...) Pourquoi moi et pas les autres ? Qu'ai-je fait à Dieu ? Suis-je condamnée à mourir ? Et mes enfants, à qui vais-je les laisser ?114(*) 

La seconde catégorie de femmes interrogées observe un comportement plutôt agité accompagné des pleurs. Après l'annonce de son résultat par le médecin, Mlle Eléonore SAMBA nous a affirmé justement :

A l'annonce de mes résultats j'ai commencé à crier car, pour moi c'était inconcevable, inacceptable, inimaginable bref je ne pouvais pas songer un seul instant que je sois porteuse de cette infamie. Cela me faisait davantage mal à l'idée de savoir ce que vont dire mes proches et la réaction violente de mes parents, surtout de ma mère qui a passé le plus de sa vie à nous inculquer des valeurs comme l'abstinence ; pour tout vous dire je ne pouvais pas retenir mon émotion.115(*)

Ainsi,  la maîtrise individuelle du diagnostic `'séropositif `' ou du SIDA dépend, outre des conditions spécifiques de la personne et à la situation, de processus de maitrise sociale qui favorise ou contrarie le développement de stratégie de domination.116(*)

Ceci étant, les réactions post test des femmes infectées dépendent de plusieurs paramètres.

II.2.1.Du statut matrimonial

Il a été constaté que le statut de mariée augmentait l'angoisse et l'hostilité face à l'annonce du statut sérologique de la femme ; car en tant que mère et épouse, rôle qu'elle assure et assume jusque là avec succès. L'idée de la mort immédiate, de laisser ses enfants orphelins et un mari veuf complique encore l'état d'esprit. Ainsi les femmes mariées n'acceptent pas facilement le verdict et vont pour la plupart des cas multiplier les contres tests.

Après l'annonce de mes résultats, le médecin m'a demandée de refaire un autre test après un mois. Cette période était pour moi une période d'espoir dans la mesure où je croyais que les résultats cette fois là pouvaient s'améliorer et je n'avais parlé à personne, même pas à mon mari avec qui j'ai fait trois enfants. Le moment venu j'ai fait le test à trois endroits différents, mais tous les trois résultats étaient positifs. Je me suis donc résignée car c'était fini.117(*)(Mme QD 7177/03, rencontrée au siège de l'AFASO)) .

Elle a poursuivi dans la même lancée pour annoncer le résultat à son mari :

 Plus dur encore était d'annoncer la nouvelle à mon conjoint car être malade est une chose mais le faire accepter par votre conjoint en est une autre. Ainsi je lui ai demandé d'aller faire son bilan de santé. Il a d'abord compliqué puis s'est résolu de le faire. C'est alors qu'il a accepté la nouvelle plus stoïquement que je ne l'imaginais. C'est d'ailleurs lui qui m'a demandée d'aller vers un centre agrée pour le suivi. Il a été mon principal soutien et c'est comme ça que jusqu'ici nous vivons sans problèmes 118(*)

De manière générale, les femmes mariées qui se découvrent séropositives ont peur de révéler leur statut sérologique à leurs conjoints parce que pour certaines, il y a la peur de répudiation comme le cas de la jeune Christine citée par KOUROUEDAN ; car leur séropositivité peut être appréhendée par ceux-ci comme conséquence d'infidélité ou de débauche sexuelle. Par contre, certaines ne révèlent pas leur statut parce que estiment-elles sera utilisé comme « arme » contre elles comme l'a affirmé Mme ONDOUA, une séropositive, veuve, rencontrée à l'UPEC du CMPY.

Quant aux filles ou femmes célibataires, elles entretiennent un silence autour de leur sérologie parce qu'elles ont peur de perdre leur chance pour le mariage, car il est socialement, culturellement et religieusement approuvé au Cameroun. Ainsi, « l'unique statut approuvé d'une femme est le mariage et la maternité, le mariage est par conséquent une étape majeure dans la vie d'une jeune femme 119(*)».

II.2.2. De l'état d'esprit du patient avant le test et du niveau de connaissance de celui ci sur la maladie

Avant le dépistage, un bref aperçu accompagné des conseils est souvent fait aux personnes à dépister. Mais il se trouve que certains centres de santé ou certaines occasions de dépistage ne mettent pas à l'ordre du jour le counseling pré test. Ce qui fait que certaines personnes subissent le choc de l'annonce de leur séropositivité en pensant au pire. C'est le cas de Anne, présidente de l'association CEAM de la fondation Chantal BIYA de Yaoundé qui nous a affirmé qu'elle a découvert sa séropositivité lors d'une visite prénatale et au préalable n'avait pas subit un counseling pré test, ce qui fait qu'elle a été tellement affectée au point où elle voulait avorter parce que dit-elle :

Dans ma tête c'était que je donnais la vie et la mort au même moment c'est-à-dire un enfant qui était appelé à mourir plus tard. Ce qui fait que j'ai passé toute une journée sans manger en réfléchissant120(*).

De cette déclaration, il en ressort que le niveau de connaissance du patient sur la maladie influence sa réaction. En ce sens qu'en l'absence d'information ou de connaissance relative à la maladie, l'individu infecté ne pense qu'à la mort car, l'ancienne image qui avait été présentée de la pandémie reste toujours gravée dans les mémoires de la plupart des individus. C'est le cas de Solange ADA qui a pensé à la mort après l'établissement de sa sérologie car son enseignant de l'école primaire lui avait donné une image de la maladie à savoir la mort, image qui a changé avec le temps car le domaine du VIH/SIDA est très dynamique surtout en matière de connaissance.

Par contre, certaines femmes qui ont eu à faire des tours entre la médecine moderne et les tradi praticiens sans succès accueillent avec passivité cette nouvelle ; étant donné qu'elles ont recouru à plusieurs soins sans solutions. Pour elles, avec au moins la nature de leur infection connue, cela apparait comme un « triste soulagement » comme expliquait madame Agnès en ces termes :

Lorsqu'on m'a dit que j'étais séropositive, j'ai poussé « un ouf » de soulagement car, j'avais déjà marché dans plusieurs hôpitaux et chez plusieurs guérisseurs sans suite. J'étais contente parce que je connaissais au moins de quoi je souffrais mais triste parce que apprendre qu'on a le VIH n'est pas facile à digérer.121(*)

Ainsi, la réception de l'annonce du statut de séropositivité n'est pas toujours aisée quelles que soient les circonstances environnementales ou sociales car, cette annonce suppose l'entrée dans une carrière thérapeutique122(*) ou est le signe d'un classement social. Les personnes qui se découvrent séropositives ont l'impression d'appartenir à une nouvelle catégorie de personnes à savoir « des personnes qui ne sont pas normales comme tout le reste123(*) » selon Rosita, secrétaire générale du CEAM.

II.2.3. Du statut socio-économique du patient

La réaction des personnes dépistées positives dépend souvent également du statut socioéconomique de la personne dépistée séropositive en ce sens que le VIH/SIDA est une infection dont la survie du porteur dépend de ses moyens financiers. Avant l'année 2007, date de la prise de décision de la gratuité des ARV, ces médicaments antirétroviraux étaient payants et coutaient énormément chers124(*). Cependant, à partir du mois de Mai 2007, malgré le TAR devenu gratuit, les examens qui accompagnent ce traitement restent payants125(*). Pour des patients à ressources limitées, l'annonce du statut sérologique est considérée comme un lourd fardeau en ce sens que pour eux, la survie avec le VIH est l'apanage des personnes relativement aisées sur le plan financier. Pour ces personnes à ressources limitées, cette découverte apparait comme le moment le plus stressant, étant donné que vivre avec le VIH/SIDA est synonyme d'une présence régulière à l'hôpital. Or selon Madame SIM Judith, 39 ans, militaire,

Le fait de se présenter à l'hôpital, c'est une manière de dépenser. On ne peut pas avoir à faire dans ce lieu sans débourser de l'argent. Il y a toujours des motifs de dépenses. Que ce soit au niveau des examens, même comme on nous a fait comprendre que les ARV sont gratuits126(*).

II.2.4. De la trajectoire historique du patient

Pour des personnes qui ont eu un passé ou une histoire sexuelle moins ordonnée, ou qui ont vécu dans le multi partenariat sexuel, l'annonce du statut sérologique s'accompagne des remords et d'un calme interrogateur. Elles pensent que l'atteinte de la maladie n'est qu'un châtiment ou une récompense pour ce qu'elles ont eu à faire et que ce sont elles mêmes qui sont à l'origine de ce qui leur arrive.

II.3.Gestions et stratégies d'annonce de la séropositivité

De manière générale, l'information chez les PVVIH s'accompagne de plusieurs enjeux (sociaux, économiques, et même spirituels). Ces personnes ne livrent leurs informations qu'à ceux qu'elles estiment qu'ils peuvent leurs apporter de l'aide127(*) tout en gardant le secret. Car, les PVVIH ne se sentent à l'aise que lorsque leur statut reste un secret. A ce niveau, un certain nombre de questions se dégagent à savoir : comment gèrent-elles l'information ? comment annoncent-elles leur séropositivité ? A qui l'annoncent-elles ? Et à quel moment ?

A ces questions nos répondantes ont été unanimes sur le filtre ou la sélectivité qu'elles développent dans la gestion de leurs informations ; sauf quelques unes qui, dans le cadre de leurs activités font des témoignages à visage ouvert dans les médias. Elles ne font pas état de leur statut à tout le monde pour celles qui essayent de partager.

Dans les différents CTA et UPEC où nous avons assisté à la remise des médicaments aux patients, nombreux sont ceux qui enlevaient les produits dans leurs étuis d'emballage ou tout simplement détachaient la notice qui couvrait la boite de médicament. Cette attitude témoigne de la dissimulation que ces PVVIH entretiennent autour de la maladie. Car, le fait de garder l'emballage ou la notice rendrait compte au partenaire ou de l'entourage de la nature de l'infection dont souffre ces personnes.

Ainsi, pour elles, avoir le SIDA c'est avoir une nouvelle condition sociale ou ne plus appartenir à l'ancienne classe. Cette situation pourrait entraîner selon certaines femmes, le manque de respect soit à la maison, soit dans la société les amenant à opérer une sorte de théâtralisation dans la vie quotidienne128(*). Ce qui entraîne une sélection dans le partage de l'information. Le partage de l'information est à ce niveau, fonction d'un certain nombre d'enjeux, c'est pour cette raison que les PVVIH opèrent une sorte de sélection sociale dans le choix de leurs confidents.

II.3.1.Enjeux économiques

Dans la gestion de l'information chez les PVVIH, il s'observe que le partage de l'information a un enjeu économique en ce sens que celles-ci ne livrent leurs informations qu'en fonction de leurs attentes.

Pour que certaines PVVIH parlent de leur sérologie, elles se rassurent d'abord si en retour elles bénéficieront de l'aide et que la personne à qui elles se confient gardera le secret. Car, vivre avec le VIH nécessite assez de moyens financiers pour les dépenses liées à la prise en charge notamment les examens, le transport et la nutrition. C'est l'exemple d'Adjara qui a affirmé que :

 J'ai juste informé ma soeur ainée avec qui j'habite parce que c'est elle qui s'occupe des frais de prise en charge. Si je lui cachais cette information, j'allais être coincée lorsqu'il allait falloir que j'aille à l'hôpital ou lorsqu'il allait falloir débourser de l'argent pour le taxi, les examens biologiques qui précèdent les soins129(*).

Toujours dans la même lancée, Manuela nous a livré des informations après que nous lui avons proposé un plat dans un restaurant et une fois elle s'est montrée de plus en plus ouverte après une promesse d'aide que nous lui avons formulée.

II.3.2.Enjeux sociaux

D'après les données collectées sur le terrain, l'annonce de la séropositivité n'est pas effective chez les PVVIH surtout les femmes car, elles subissent plusieurs contraintes que les hommes. Cette annonce dépend aussi des enjeux sociaux. Dans ces enjeux interviennent la situation matrimoniale de la femme séropositive, le nombre d'enfant en vie, le climat social dans lequel vit la séropositive.

Pour les femmes mariées, l'annonce de leur statut dépend du nombre d'années passé avec le conjoint et du degré de confiance qu'ils s'accordent mutuellement. Plus les deux partenaires se font confiance, plus ils s'ouvrent l'un envers l'autre.

Cependant, lorsqu'il y a absence de confiance entre les deux, la femme a peur d'annoncer son statut à son partenaire sous peine de s'exposer à la répudiation ou d'avoir une coépouse. C'est d'ailleurs à ce titre que Mme 022/07 a affirmé qu'elle n'a pas informé son mari parce que dit-elle :

Nous résidions à BAMBILI, mon mari me soupçonnait d'entretenir des relations avec un homme dans le quartier. Si je lui annonce mon statut aujourd'hui, ça ne sera qu'une confirmation de ce qu'il pensait de moi et il pourra me chasser. Et s'il m'abandonne avec les enfants, sans profession que je suis, que pourrais-je faire ?130(*)  

De ces propos, il ressort que les femmes qui ne partagent pas leur sérologie avec leurs partenaires ont peur de la répudiation. Or, l'Afrique est un continent où le mariage demeure encore une valeur malgré les transformations sociales qui ont cours actuellement. Ce qui entraine « la passivité des jeunes filles à se marier »131(*) parce qu'elles ont le souci d'exister socialement.

De même, l'annonce de cette information dépend également du nombre d'enfants en vie avec le partenaire en ce sens que, la probabilité de répudiation diminue avec la croissance du nombre d'enfants. Certains hommes continuent souvent à garder leurs épouses à cause des enfants car en la répudiant, les enfants s'exposent aux risques de l'instabilité familiale.

Un nombre important d'enfants permet à la femme de gagner du terrain. Ainsi, pour celles qui n'ont pas encore atteint leur quota d'enfants, elles préfèrent se taire et de faire leurs enfants en entretenant un silence.

Cette annonce dépend aussi du climat social qui règne entre les deux partenaires ou dans l'entourage de la personne dépistée positive. Certaines femmes interrogées ont affirmé avoir caché leur statut à cause de la tension sociale qui régnait dans leur foyer. Lorsque le climat est tendu, la femme pense que l'annonce de son statut pourrait constituer un tremplin pour la séparation d'où son silence comme le cas de Mme 470/03, 43 ans, employée de banque qui relate :

Lorsque mon mari a appris que j'étais séropositive, il a abandonné la chambre conjugale pour séjourner au canapé du salon. Et comme avant cette situation, entre nous il y avait déjà des petits problèmes, il a demandé l'affectation pour aller travailler au Nord. Ça fait trois ans aujourd'hui je n'ai plus de ses nouvelles et je suis abandonnée avec les enfants. Heureusement que mon petit salaire me permet de m'occuper de leur nutrition, de leur scolarité et des petits nécessaires132(*).

Par contre, certaines femmes ont affirmé avoir partagé l'information avec leur partenaire mais en usant des stratégies. Pour celles qui ne se reprochaient de rien ont pu annoncer comme Rosita du CEAM qui, à la remise de son statut, appelle son partenaire parce que dit-elle « ne trompait pas son conjoint ».

Certaines ont fait la pression à leurs partenaires d'aller faire leur test tout en demandant au médecin de garder les premiers résultats comme le cas de 062/09 qui a « joué à la séro ignorante » nous a-t-elle affirmé. Certaines par contre, qui au départ ont caché leur statut, ont bénéficié de l'aide des associations des conseillères psychosociales et des agents de relais communautaires pour informer leurs conjoints en recourant préalablement au counseling.

Pour les filles ou femmes célibataires qui étaient relativement jeunes, chez qui l'idée de mariage prédomine, elles ont peur d'être abandonnées, c'est pour cette raison que la plupart n'a pas partagé l'information avec leurs partenaires. Elles préfèrent camoufler leur statut. De même, certaines d'entre elles renoncent au mariage car, dans la majorité des mariages, il s'observe un test pré marital. Alors accepter le mariage pour elles, c'est une façon de livrer l'information. C'est pour cette raison que la plupart d'entre elles préfèrent s'abstenir ou solliciter des séropositifs comme elles pour se marier. La confirmation de cette idée a été faite par Adjara en ces termes :

Je ne peux plus me marier parce que de nos jours, le test de VIH est l'une des conditions de mariage dans mon village. Si un homme cherche à m'épouser, je vais refuser parce qu'il risque découvrir mon statut lors du test et ce qui fera que tout le monde sera au courant de ma maladie. Pour éviter cela je préfère dire que je ne veux pas me marier.133(*)

Par contre, celles qui ont été déjà en union et ont accompli leur féminité, (en accouchant le nombre d'enfants souhaité) elles ont pour la plupart signifié leur statut d'une manière ou d'une autre parce qu'elles désirent juste avoir une stabilité en restant avec des partenaires qui vont les accepter.

II.3.3.Enjeux spirituels

Sur les 26 femmes interrogées, celles qui sont de religion chrétienne nous ont affirmé toutes que parmi les personnes qui connaissent leur statut sérologique figuraient les prêtres et les pasteurs. Ceci parce qu'il ya des enjeux spirituels dans le partage de l'information.

Certaines d'entre elles pensent qu'elles ont été victimes d'un châtiment divin et comme les hommes d'église sont des « représentants de Dieu sur terre » c'est en se confiant à eux qu'elles pourraient obtenir le pardon de celui-ci et sa grâce pour qu'elles puissent retrouver leur santé. Le cas de Manuela en est très illustratif lorsqu'elle affirme que le « Seigneur est son seul sauveur, son puissant soutien134(*) ».

Pour certaines, Dieu est un être suprême, détenteur de tous les pouvoirs et capable de miracle, par conséquent il faut chercher sa voie pour espérer à une quelconque guérison comme le pense madame 1571/03, 40 ans, vendeuse :

Dieu n'oublie pas ses enfants, et écoute leur prière .il est capable de tout miracle. Avec cette force, il peut faire disparaitre la maladie. Nous ne pouvons lui demander ce genre de service qu'en priant. Voilà pourquoi il est notre seul recours135(*).

D'autres par contre, recourent à la prière parce qu'elles ont besoin d'un soutien pour supporter le poids de la maladie. En situation de séropositivité, les personnes sont psychologiquement affectées. Elles recourent à la prière pour rechercher l'allègement de leur fardeau psychologique.

Cependant, les femmes musulmanes interrogées n'ont pas avoué avoir partagé leur statut avec leurs leaders religieux. Ceci parce que dans leur religion, le discours développé concernant le SIDA est de nature à marginaliser le détenteur de la maladie. D'où la nécessité pour ces femmes de se taire et de ne pas être victime de la marginalisation.

En conclusion, de ce qui précède, il en ressort que les circonstances de découverte du statut séropositif des personnes infectées en général et des femmes en particulier sont très nombreuses impliquant une pluralité de réactions. Ces réactions dépendent de plusieurs paramètres à savoir : le niveau de connaissance de la personne infectée, son environnement socioéconomique, son nombre d'enfants vivants et sa trajectoire historique. Car, la gestion du statut sérologique ou du partage de l'information est fonction de plusieurs enjeux. Ainsi, l'individu pour partager son statut sérologique, pense d'abord à la réaction de l'autre. Ceci parce qu'il ne veut pas être victime de stigmatisation, ni de discrimination ou de répudiation pour les femmes, surtout dans un contexte où être sous le toit d'un homme est une valeur.

CHAPITRE II :

ELIGIBILITE AU TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGE

Dans ce chapitre, il sera question de présenter l'itinéraire thérapeutique que suit un individu avant et après le test, les conditions de mise sous TAR car, la découverte du statut sérologique d'un patient ne s'accompagne pas automatiquement des antirétroviraux. Dans ce chapitre également, nous parlerons des structures de prise en charge, de leurs différents rôles et des interactions qui existent entre elles ; puis l'impact de cette prise en charge sur les PVVIH.

I. ROLES DES HOPITAUX ET DES ASSOCIATIONS DES PVVIH DANS LA PRISE EN CHARGE

Dans la prise en charge quotidienne des personnes séropositives, les taches sont partagées entre les personnels de santé et certaines PVVIH formées, qui apportent leur appui aux formations sanitaires dans le cadre du bénévolat. Cette initiative permet l'implication de ces personnes dans la lutte quotidienne de la maladie et fait d'elles des acteurs engagés car, un projet de développement ne peut être solide que si et seulement si les bénéficiaires sont impliqués. C'est pour cette raison que pour SCHRAMM W, il faut « assurer la participation intelligente de la population aux décisions concernant les transformations sociales constitue donc un moyen efficace de tenir compte des relations dans le cadre du groupe136(*)». Il convient donc pour la réussite d'un projet de développement, de placer la population bénéficiaire au centre de ce projet pour qu'elle ne soit pas spectatrice du développement. C'est dans ce souci que les PVVIH sont impliquées dans la prise en charge se présentent sous forme d'ONG. Cependant, dans cette tâche, malgré une division qui a été faite délimitant ainsi les actions des hôpitaux ou des structures sanitaires et les associations, les PVVIH de façon générale se plaignent des tares auxquels elles font face au quotidien dans leurs différentes structures de prise en charge.

I.1.A l'hôpital

Les hôpitaux ou les centres de santé sont des formations sanitaires où commence la prise en charge. Mais avant d'y arriver ce sont ces structures qui sont chargées de faire des tests de dépistage aux personnes nécessiteuses. Cette prise en charge se subdivise en deux parties à savoir : la prise en charge psychosociale et la prise en charge thérapeutique.

La première prise en charge se fait avant et après le test de dépistage. Cette tache incombe aux assistants sociaux, aux psychologues et aux conseillers psychosociaux qui sont des personnels des structures sanitaires ou des personnes séropositives associées à la prise en charge.

Apres cette prise en charge psychosociale, d'autres activités s'en suivent à savoir :la prise en charge thérapeutique, mais avant de passer à cette activité, il y a une autre procédure à suivre à savoir, les examens et le bilan clinique

I.1.1.Prise en charge psychosociale

Elle commence à l'hôpital avant et après le test de dépistage du VIH/SIDA. Elle est faite par les assistants sociaux, les psychologues, qui sont des personnels d'appui aux formations sanitaires et les associations des PVVIH reconnues comme des ONG.

Avant le test de dépistage, « il faut au préalable avoir le consentement de la personne à qui on veut faire le test137(*) » affirme Madame Christine TCHOKOUTE, assistante sociale en service à l'hôpital du jour de l'hôpital central de Yaoundé. Ce consentement s'obtient après une séance de conseil (counseling) pré-test au cours de laquelle l'AS présente les avantages du test au demandeur d'examen et lui parle des conduites à tenir si jamais, il se découvre infecté ou non infecté. Ainsi, pendant cette séance, il obtient toutes les informations relatives à la maladie, sur les causes, les manifestations, les conduites à tenir en cas de contagion pour celui qui se découvrira contaminé.

C'est à l'issu de ce counseling pré test que le personnel de santé effectue le test au demandeur sur agrément de celui ci. Le test consiste à prélever un échantillon de sang sur l'individu, l'analyser pour voir si le sang de cet individu contient des anticorps138(*) de VIH/SIDA. Si ces anticorps sont présents cela veut dire que l'individu ayant subi le test est porteur de VIH/SIDA ou séropositif, mais s'ils sont absents cela suppose que la personne est séronégative.

Etre séropositif veut dire qu'on a trouvé les anticorps du VIH dans le sang testé. Mais cela ne veut pas dire qu'il est déjà malade. Une personne peut en effet avoir le VIH et paraître en bonne santé pendant de nombreuses années. On dit alors que la personne est porteuse asymptomatique ou sans symptômes. C'est-à-dire que la personne a le VIH dans son sang mais n'a pas encore développé de signes de la maladie SIDA parce que son système immunitaire est encore capable de se défendre. Une personne porteuse du virus du VIH peut en effet paraître en bonne santé pendant de nombreuses années. Mais, même si elle ne présente pas encore de signes de la maladie, elle peut transmettre le VIH.

Après le test, tous les individus ayant subi cet exercice bénéficient pour la deuxième fois d'un counseling post test. Cette fois ci, ceux qui sont dépistés séronégatifs bénéficient encore des conseils relatifs à la prévention, quant aux individus dépistés séropositifs, les personnels de santé leur demandent une autorisation d'ouverture d'un dossier de suivi. Ils bénéficient en outre, des conseils des assistants sociaux, des psychologues pour leur réconfort moral. Ils sont appuyés dans cette activité par un certain nombre d'association de PVVIH qui sont présentes dans les structures sanitaires sous forme d'ONG.

Ces ONG, constituées de plusieurs associations des PVVIH (AFSU, CEAM, AFASO, SWAA, ...), déploient un certain nombre de leurs membres dans un cadre de bénévolat pour apporter leur soutien aux personnes infectées à travers des causeries éducatives, des témoignages à visage ouvert. Cette initiative d'implication des PVVIH dans la lutte contre le VIH/SIDA, s'inscrit dans le cadre de la durabilité du projet, car en les impliquant, elles deviennent actrices de la lutte et non des simples bénéficiaires du projet. C'est une initiative qui permet selon SCHRAMM W, de faire avec la population bénéficiaire et non de faire pour elle139(*). Faire pour elle, participe à la rendre spectatrice du projet et par conséquent, ne permet pas au projet d'avancer. Ce volet est partagé entre les formations sanitaires et les associations des PVVIH.

Ce volet psychosocial continue avec les personnes dépistées positives au niveau des CTA, des UPEC et en association pour celles qui vont y adhérer.

Après cette phase, qui est sans fin et sera de temps en temps reprise, car avec l'infection au VIH le malade bénéficie toujours d'un réconfort psychologique et social, il passe au test d'éligibilité.

I.1.2.Test d'éligibilité au traitement

Dans le test d'éligibilité, plusieurs examens sont prescrits aux malades afin que leur stade clinique puisse être évalué. Selon l'OMS, le paquet d'examen prescrit dans le cadre de l'éligibilité comprend :

-la numérotation formule sanguine (NFS) 

-la glycémie à Jeun

-la numérotation lymphocytaire CD4/CD8

-les transaminases hépatiques (ASAT, ALAT).

La numérotation formule sanguine (NFS) est un examen recommandé au malade dans le but de connaître sa différentielle, celles des lymphocytes totaux et des plaquettes.

Quant à la glycémie, elle est faite pour avoir d'autres renseignements sur le sang du patient à savoir le paludisme, le diabète ou autres maladies.

Pour ce qui est de la numérotation lymphocytaire CD4/CD8, elle renseigne sur l'état du système immunitaire du patient, permet de savoir la capacité de résistance qui reste à l'organisme du patient face aux virus : les transaminases hépatiques (ASAT,  ALAT) permettent d'obtenir les renseignements si l'organisme est attaqué par les IO (tuberculose, hépatite B, C), donnent aussi des renseignements sur le poids du patient et de la présence d'une grossesse chez la femme. C'est à l'issu de cet examen qu'il est décidé si le patient peut être placé sous ARV et son protocole qui lui correspond.

Il existe trois stades qui peuvent refléter l'état d'un malade. Et certains stades ne nécessitent pas le TAR. Ces stades sont répartis ainsi qu'il suit :

-stade A

-stade B

-stade C

Ces critères de prise en charge se résument dans le tableau (IX) suivant :

Stade clinique selon l'OMS

CD4 non disponible

CD4 inférieur ou égal à 200 cell/mm3

CD4 sup. à 200 et inférieur à 350 cell/mm3

CD4 sup. ou égal à 350 cell/mm3

Stade A

asymptotique

Ne pas traiter

Traiter

Ne pas traiter

Ne pas traiter

Stade B

Modéré

Traiter si les leucocytes totaux sont moins de 1200 mm3

Traiter

Ne pas traiter

Ne pas traiter

Stable C

Avancé

Traiter

Traiter

Considérer le traitement en fonction du contexte clinique140(*), cependant initier avant CD4 inf. à 200 cell/mm3

Ne pas traiter

Stade D

Sévère

Traiter

Traiter

Traiter

Traiter

Source : Guide national pour la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA

Selon l'OMS, si le premier stade A appelé stade asymptomatique correspond à un taux de CD4 inférieur ou égal à 200 cell/millimètre cube, chez le patient, il faut le mettre sous TAR. Mais si à ce stade, son taux de CD4 est supérieur à 200 ou inférieur à 350 cell/millimètres cube, ou également ce taux est supérieur ou égale à 350 cell/ millimètre cube, le TAR n'est pas nécessaire.

Le deuxième stade B, appelé stade modéré nécessite le TAR si et seulement si le taux de lymphocytes totaux sont moins de 1200 cell/millimètre cube ou si le taux de lymphocytes totaux sont moins de 1200 cell/millimètre cube ou si le taux de CD4 est inférieur ou égal à200 cell/millimètre cube. Quant au troisième stade, dit avancé, le TAR est nécessaire sauf au cas où le patient présente plus de 350 cell/millimètre cube.

En outre, le patient peut aussi bénéficier du TAR s'il présente des IO quelque soit le niveau élevé de son CD4 car les IO détruisent rapidement le système immunitaire des patients.

Après l'éligibilité au traitement, le malade est placé sous ARV et son protocole sera fonction de son organisme. C'est pour cette raison que chaque individu dispose d'un protocole d'ARV qui lui est spécifique.

I.1.3.Prise en charge thérapeutique

La prise en charge thérapeutique est la dernière étape et dépend des étapes précédentes. Elle comprend l'offre des soins et des médicaments, le suivi mensuel par des rendez-vous, et enfin les examens de bilan semestriel.

I.1.3.1.Offre des médicaments et de soins

Après le test d'éligibilité, les patients éligibles bénéficient des soins et des médicaments.

L'infection à VIH entraine la réduction du système immunitaire de l'organisme aux infections. Il est donc plus facile de tomber malade. C'est pour cette raison qu'une offre spéciale de soins et de médicaments est destinée aux PVVIH. Au Cameroun, en ce qui concerne les médicaments toutes les personnes séropositives bénéficient du traitement gratuit par le Cotrimoxazole141(*), médicament qui leur permet de lutter contre les IO, « étant donné que tous ces patients sont à la merci de toutes les maladies (I0) ».142(*) Mais en ce qui concerne les protocoles ARV, ils ne concernent que les patients éligibles selon les grilles de l'OMS.

Dans la gamme des protocoles on peut citer : la névirapine, la Zidovudine, l'atripla, l'aluvia, la névirapine-truvada, l'aluva-viread...Ces protocoles se présentent sous forme de comprimés, de gélules ou de sirop pour les bébés. La prescription de ces protocoles dépend de l'organisme du patient et de son sous type de virus car, les personnes infectées n'ont pas les mêmes organismes ni les mêmes sous types de virus.

Pour ce qui est de l'offre des médicaments, les patients éligibles reçoivent dans leurs unités de prise en charge des boites de comprimés ou de gélules pour une prise d'un mois. Ceci parce que ces médicaments sont renouvelés mensuellement. La remise des médicaments d'une durée d'un mois seulement est selon Madame EBALLE :

 Une stratégie d'observance thérapeutique. C'est-à-dire une manière de voir de temps en temps le patient à l'hôpital pour surveiller son état sanitaire. Si on leur donne des rendez vous très long, il peut se passer des choses qui peuvent conduire à l'échec thérapeutique. Or en les ayant à tout moment auprès de nous ça nous permet non seulement de veiller sur la prise des médicaments parce qu'à tout moment avant de donner d'autres médicaments nous comptons les comprimés ou gélules restantes, mais aussi, nous rassurer si le patient n'a pas eu des complications ou des effets secondaires qui peuvent nous pousser à changer le protocole de médicament143(*).

Quant à l'offre des soins, elle concerne les patients qui ont atteints la phase symptomatique144(*), qui présentent des infections opportunistes145(*). C'est la phase qui nécessite l'hospitalisation. A ce moment les centres de santé ou les structures hospitalières offrent des soins supplémentaires à ces patients visant à éliminer ces maladies ou infections qui contribuent à affaiblir davantage le système immunitaire de ceux-ci.

Dans l'accompagnement de la prise en charge thérapeutique, un suivi médical mensuel est organisé à leur intention puis un bilan général semestriel.

I.1.3.2.Suivi mensuel

Une fois que le patient a fait ses examens qui lui ont été prescrits et que les personnels de santé ont pu repérer les protocoles de médicaments qui cadrent avec son organisme, il obtient des rendez-vous mensuels dans son CTA ou son UPEC.

Dans l'optique de s'assurer de la progression de leur état sanitaire et de leurs protocoles de médicaments, il leur est donné des rendez-vous mensuels. Ces rendez-vous sont programmés dans le but de vérifier l'aspect physique du malade (poids, mine, corpulence...). Aspect apparent qui donne des renseignements sur l'état interne du patient ; car si le patient a une mauvaise mine, perd le poids, le traitant peut changer le protocole de médicaments pour proposer celui qui est jugé plus adapté à l'organisme et au sous type de virus du patient.

Cependant, dans le souci d'éviter toute rupture dans cette prise de médicament, les personnels de santé donnent des rendez-vous 3 ou 5 jours à l'avance, car une quelconque rupture ou interruption même momentanée, entraînerait la résistance du virus et par conséquent rendra le TAR nul.

Au cours de notre enquête, nous avons assisté à quelques rendez-vous mensuels, nous avons observé que lorsqu'un patient est face à son traitant il commence par se faire peser pour que l'on sache si le traitement évolue, son poids est évalué par rapport à celui du mois précédent. Après cette prise de poids, on assiste de nouveau à une prise en charge psychosociale, car le malade dans sa carrière de maladie rencontre d'énormes difficultés d'ordre psychologique et social. Pour entrer en contact avec ces problèmes, le traitant, établit une conversation avec le malade au cours de laquelle, il écoute puis prodigue des conseils à ce dernier, et le rassure d'avantage en lui donnant toujours espoir. Le traitant s'illustre ainsi comme le meilleur confident du patient. C'est dans cette optique que madame EBALLE, affirme que :

 Nous sommes des confidents des malades, et pour cela nous devons nous montrer disponibles et utile. Parfois, je reçois des coups de fil à des heures très tardives lorsque certains malades m'appellent pour me parler de leurs problèmes. Ils me considèrent comme leur sauveur et pour cela, je suis obligée de les écouter, de les comprendre et d'essayer de proposer des solutions à leurs problèmes. Bref, ces PVVIH sont désormais ma famille.146(*)

Toujours dans ce volet de suivi médical, pour se rassurer que le TAR correspond avec l'organisme du patient, un bilan semestriel lui est prescrit.

I.1.3.3.Bilan semestriel

C'est un contrôle général qui se fait tous les six mois. Contrôle au cours duquel tous les examens sont refaits au patient. Ce bilan permet d'avoir un renseignement sur le taux de lymphocytes CD4 et CD8, la charge virale, et l'état sanitaire général du patient. Il permet également de vérifier s'il y a eu échec thérapeutique. Echec qui peut se vérifier à trois niveaux147(*) :

-au niveau des CD4 et CD8 si ceux-ci sont toujours bas et ne remontent pas. On parle à ce niveau d'échec immunologique.

-au niveau de la charge virale si elle est encore élevée dans l'organisme à ce moment on parlera d'échec virologique.

-au niveau de l'état général du patient s'il présente des maladies ou des infections .opportunistes, ici on dira qu'il y a échec clinique. Certains patients au cours de leur bilan général se découvrent porteurs des IO.

Pour avoir toutes ces informations, un paquet d'examens est prescrit tous les six mois aux PVVIH ou lorsque celles-ci manifestent le désir d'enfant. Parmi le paquet des examens prescrits on peut citer les examens de charge virale, de contrôle CD4 et CD8 par la numérotation lymphocytaire CD4/CD8, des tests des IST, la numérotation formule sanguine (NFS), les transaminases hépatiques (ASAT, ALAT).

Avec les progrès de la biologie et de la médecine qui ont mis sur pied des médicaments pouvant prolonger la vie des séropositifs, avec également la gratuité de certains de ces médicaments, le nombre de PVVIH devient de plus en plus croissant dans les points de traitement agréés avec plus de 53238 PVVIH placées sous TAR en juin 2008 contre 600 seulement en 2001148(*). Cette situation crée des stagnations des personnes séropositives dans leurs structures de prise en charge en raison de l'insuffisance du personnel de santé et du matériel pour la prise en charge. Ce qui participe à augmenter le stress chez ces personnes déjà vulnérables.

En ce qui concerne la sous-dotation de certains services en ressources humaines149(*), cela se vérifie dans plusieurs CTA ou UPEC. Par exemple, à l'UPEC du CMPY, une seule infirmière major s'occupe de toutes les PVVIH ; elle est parfois aidée d'une assistante volontaire séropositive qui n'est pas toujours présente en raison du manque des frais de transport. Ce qui donne beaucoup de travail à cette infirmière et peut l'amener à interrompre parfois des suivis suite à une démotivation liée aux conditions de travail difficiles (charge de travail élevée, moyens techniques insuffisants).

Aux CTA de l'HDJ et de l'HMY, nous avons plusieurs fois vu des personnes qui attendaient longuement leurs soins. Cette longue durée d'attente s'accompagne généralement des famines. Certaines personnes ne pouvant pas faire face à ces tares en raison de leur manque de moyens sont obligées de rentrer. Ce qui est souvent à l'origine de l'interruption des médicaments et des désertions (perdus de vue). Certains patients qui ont des moyens financiers, nouent des relations avec les personnels de santé au point où lorsqu'ils arrivent, ils sont aussitôt servis et reçoivent même parfois des médicaments pour une durée plus longue. Au CTA, nous avons vu une femme recevoir des médicaments pour une durée de deux mois parce qu'elle avait des rapports personnels avec le Capitaine-médecin pharmacien en charge de distribution de médicaments. Or, dans les principes, les médicaments donnés aux PVVIH sous TAR devraient couvrir une période de 30 jours renouvelables autant que possible. Ce qui permet à la personne suivie de se présenter à son traitant tous les mois afin que celui-ci puisse se rassurer du bon déroulement des soins. Dans le cas où la PVVIH reçoit les médicaments pour une longue période, c'est en sa défaveur en ce sens qu'elle peut avoir des problèmes entre temps et son traitant ne sera pas au courant pour demander l'interruption ou changer le protocole.

Certains patients qui n'ont pas de moyens ou des relations particulières avec les personnels de santé sont parfois angoissés lorsque la période de rendez-vous arrive ou lorsqu'ils doivent aller faire des examens de bilan. Rosita du CEAM à ce titre a attesté que :

Lorsque je pense que je dois aller faire mes examens, je suis très mal à l'aise. C'est toute une journée que je sacrifie parce qu'on arrive à l'hôpital très tôt le matin pour être reçu au plutôt à partir de 13 heures 30. Quand je dois faire mes examens, je demande une permission deux jours avant à mon patron. Il m'appelle même déjà madame permission. Mais je ne lui donne pas exactement la raison. Il sait simplement que je continue mes études supérieures150(*).

Une autre difficulté est celle de l'approvisionnement. En raison du nombre croissant des PVVIH sous TAR, les personnels de santé font généralement face à des ruptures de stock en ARV et des réactifs pour les examens de CD4. Ce qui a un impact négatif sur l'observance au traitement des patients, directement du fait de l'absence des médicaments et indirectement du fait du système lui-même qui n'incite pas les patients à respecter les prescriptions151(*).

De manière générale, les facteurs liés à l'offre de soins de qualité retardent le démarrage du TAR et influencent sur l'observance du patient. Dans ce role de prise en charge, les structures sanitaires associent également les associations des PVVIH non seulement pour rendre actives les personnes déjà infectées mais aussi pour les prendre comme des témoins de la maladie.

II. ROLES DES ASSOCIATIONS DES PVVIH

En dehors de l'appui psychologique qui se fait dans les hôpitaux, les CTA et les UPEC avant et après le test de VIH à travers l'envoi de leurs membres dans le cadre du volontariat, les associations des pvvih au niveau de leurs structures apportent également un soutien multidimensionnel aux PVVIH adhérentes.

II.1.Soutien psychologique, social et spirituel aux PVVIH

Pour vivre positivement avec le VIH, il faut d'abord accepter son statut sérologique. C'est l'une des missions fondamentales des associations des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Cette acceptation de la sérologie ne se fait qu'en recourant à la prise en charge psychosociale qui n'est en réalité qu' « un soutien aussi psychologique que social apporté aux personnes vivant avec le VIH/SIDA 152(*)».

Cette prise en charge se subdivise en deux parties à savoir : le volet psychologique, spirituel et le volet social.

II.1.1.Soutien psychologique et spirituel.

Parlant du volet psychologique, elle est beaucoup plus axée sur des conseils visant à promouvoir la vie positive. Pratique qui consiste à cultiver et à développer une attitude et un regard positifs envers soi-même et envers les autres puisque la découverte de la séropositivité s'accompagne très souvent du sentiment d'impureté, de souillure chez la personne infectée l'amenant à développer une auto-discrimination153(*) ou auto-stigmatisation154(*).

Les associations des PVVIH permettent donc à ce titre selon Madame Pauline MOUNTON, présidente de l'AFASO « le remodelage de la perception du VIH/SIDA chez les personnes infectées »155(*)pour assister à ce que THIAUDIARE appelle la transition épidémiologique156(*). Pour en arriver, des séances de counseling sont encore organisées au sein de ces associations indépendamment des formations sanitaires. Séances au cours desquelles, des éclairages sur la maladie sont faites surtout avec la gratuité du TAR car, la perception de la maladie change avec cette gratuité du traitement ; à ce moment « le SIDA passe du spectre de la mort à la chronicité »157(*). Selon les dires de madame 00670/00 que nous avons rencontrée à l'AFASO,

 Je préfère le VIH que le cancer. Parce qu'aujourd'hui avec le VIH, une personne infectée a déjà les médicaments pour se soigner, peut également suivre un régime alimentaire pour vivre longtemps alors qu'avec le cancer, il n'y a pas espoir de vie. La personne atteinte par le cancer attend tranquillement sa mort158(*).

Les propos de cette dame traduisent que son association lui a déjà permis d'accepter sa maladie.

Cette acceptation du statut devient évidente avec les témoignages à visage découvert faits au sein des associations. Au cours des séances de réunion auxquelles nous avons assisté pendant notre enquête notamment à l'AFASO et au CEAM, avant les débuts de ces réunions, chaque membre se présentait nommément, donnait sa profession, son ethnie puis l'année de la découverte de son statut de séropositivité. Cette situation permet non seulement aux nouveaux membres de comprendre qu'ils ne sont pas les seuls dans cette situation, mais aussi leur permet grâce à la présence des anciens ou des doyens en âge dans la maladie, de comprendre qu'on peut vivre longtemps avec la maladie. Cette illustration se lit dans les propos de quelques femmes interrogées au sein de leur association en ces termes :

Je suis arrivée au CEAM en 2008, lorsque j'ai vu plusieurs femmes comme moi et dans la même situation que moi, j'ai compris que je n'étais pas la seule. Malgré le discours de consolation que développe le personnel de santé, une personne séropositive ne peut se sentir réconfortée que si et seulement si c'est une autre personne qu'elle qui lui donne des conseils. Ce ne sont que les personnes qui vivent avec le VIH qui sont mieux outillées pour vous parler du VIH/SIDA159(*).

L'espoir renait quand on voit les autres comme soi et lorsque chacun ou chacune de nous raconte les circonstances de la contamination, les modes de transmission, tu te rends compte que même sans avoir une vie de débauche comme pensent les gens, tu peux être contaminée160(*).

Nous sommes très solidaires entre nous. Ce qui fait que nous parvenons à surmonter le poids de la maladie. Nous avons au sein de notre structure des petites activités qui nous lient par exemple des AGR, des tontines, des visites à domiciles et bien d'autres161(*).

Une fois que la maladie est acceptée par les PVVIH, les associations font former quelques uns de leurs membres pour contribuer à la lutte contre le VIH/SIDA. C'est ce qui explique le fait que bon nombre de femmes rencontrées sur le terrain soient des conseillères psychosociales, des pairs éducateurs, des agents de relais communautaire. Les associations à travers ces personnes permettent d'impliquer les PVVIH dans la lutte contre la pandémie et de les rendre responsable du point de vue comportemental. L'histoire de Mme 1571/03 rencontrée à l'AFASO en est une illustration.

En effet, cette dame de 40 ans, découvre sa sérologie positive depuis 2001 au cours d'une consultation prénatale lorsqu'elle était en classe de terminale A4 au lycée Général Leclerc de Yaoundé. Elle cachait son statut sérologique parce que dit elle « avait peur du regard de l'autre », puisque si elle annonçait son statut, non seulement ses camarades allaient l'éviter et le père de son enfant allait s'en aller l'abandonnant avec le bébé. Etant donné qu'elle évoluait dans un multi partenariat sexuel, elle développait des comportements peu responsables. Avec son partenaire principal(le père de son enfant), elle a dit qu'elle ne voulait plus concevoir pour la deuxième fois, une manière de le protéger. Quant aux autres qui l'abordaient, lorsqu'elle se rendait compte qu'elle avait à faire à un homme qui pouvait lui porter plainte pour contamination, elle refusait de sortir avec lui. Mais quand il s'agissait des personnes qui ne peuvent rien contre elle, elle les infectait. Sa logique était qu'il fallait infecter des personnes qu'elle n'aimait pas et préserver ceux qu'elle aimait. Puisqu'elle l'a affirmé en ces termes : « j'aimais mes ennemis et les vraies personnes je les détestais parce que je ne voulais pas les contaminer »162(*).

Elle a caché son statut pendant plusieurs années à son partenaire et à son entourage puisque même l'enfant qu'elle avait mise au monde n'avait pas été allaité au sein. Elle avait évoqué l'argument selon lequel elle était encore élève et non seulement elle ne pouvait pas avoir le temps nécessaire pour allaiter son bébé mais aussi, voulait préserver sa poitrine.

Cinq ans après elle entre à l'AFASO, fait la connaissance de plusieurs femmes comme elles avec qui elle a partagé ses expériences et son statut. Ce qui lui a fait bénéficier des conseils et grâce à ces conseils reçus de l'association elle a pu changer de comportement en quittant ses autres partenaires pour rester avec le père de son enfant. Malgré les conseils reçus en association de partager l'information, elle n'avait pas toujours annoncé son statut à son partenaire principal jusqu'au jour où celui-ci a découvert qu'elle prenait les ARV. « C'était un scandale » a-t-elle-dit. Mais après explication, son partenaire ne l'a pas quitté puisque au moment de notre enquête elle annonçait son mariage avec lui pour janvier 2010.

De l'histoire de cette dame, il ressort que les associations jouent un rôle primordial dans la lutte contre le VIH/SIDA en ce sens qu'elles permettent de

(...) promouvoir la reconnaissance de la maladie (...) pour établir le lien préventif et thérapeutique indispensable à l'efficacité des stratégies de lutte. A cet égard, l'affirmation publique de leur séropositivité par certaines personnes, parmi lesquelles les leaders sociaux ou culturels, aura permis de lever le tabou entretenu autour de la maladie dans nombreuses sociétés africaines163(*).

Les associations socialisent leurs membres dans la protection des autres puisque selon leur idéologie, il faut préserver ceux qui ne sont pas encore atteints. Cette socialisation va se lire dans l'attitude de plusieurs membres. Au cours de nos entretiens, plusieurs femmes nous ont révélé qu'elles préfèrent fuir les hommes qui les approchent parce que en les acceptant, certains d'entre eux ne voudront pas porter le préservatif. L'histoire de Rosita en est une illustration.

En effet, Rosita est une jeune femme de 28 ans, elle fait la connaissance d'un homme en 2008. Avant d'entretenir des rapports sexuels, ils ont décidé aller faire leur test de VIH. Son amant l'a amené dans un centre de santé où il connaissait des techniciens de laboratoire. Les deux tests ont révélé que les deux étaient séronégatifs. Or, l'homme était déjà infecté.

Quelques mois plus tard, une des copines de Rosita tombe malade. Celle-ci conseilla à sa copine d'aller faire son test. Elle l'a accompagnée à l'hôpital de district de la cité verte où elle a même payé les frais de dépistage de sa copine. Voulant aussi faire un test de curiosité puisqu'elle connaissait déjà son statut sérologique, elle se rend compte que son résultat montre qu'elle est séropositive et sa copine qui était souffrante se révèle séronégative ; quel contraste. Elle a d'abord pensé à une probable confusion des résultats. Elle s'est donc dirigée vers le centre Pasteur du Cameroun (CPC) où il y a eu confirmation de son statut sérologique. Rosine, ne se reprochant de rien informe son partenaire. Celui-ci lui demande de se débrouiller. Elle a fait des efforts pour qu'ils restent ensembles puisqu'ils étaient déjà tous deux infectés. Mais l'homme l'a toujours quitté. Elle rejoint le CEAM en 2008 où elle reçoit des conseils de ne pas infecter autrui, de songer à sa préservation et à celle de l'autre.

En 2009, elle rencontre un autre jeune homme avec qui elle s'entend. Rosita insiste sur l'utilisation du préservatif parce qu'elle ne voulait pas infecter l'homme qu'elle aimait. Peu de temps après son partenaire fait un accident de moto au point où il a fait un mois sans marcher. Rosine le soutient pendant la durée de son infirmité. Leur relation s'intensifie au point où le nouvel amant de Rosita lui demande qu'ils aillent faire leur test parce qu'il ne voulait plus utiliser le préservatif. Selon lui entre deux personnes qui s'aiment bien, le préservatif ne doit pas s'interposer. Rosita connaissant bien son statut déploie des stratégies pour contourner le test. Son homme s'en va faire son test. Lors d'un rapport il a insisté ne pas utiliser le préservatif. Rosita a refusé parce que pour elle, la loi n'autorise pas à contaminer quelqu'un d'autre de manière consciente.

Un soir, après plusieurs heures de conversation entre les deux, Rosita avoua qu'elle refuse de ne pas entretenir des rapports sexuels sans préservatif parce qu'elle est séropositive. Situation qui amena son partenaire à se plier. Aujourd'hui, elle préfère fuir un homme lorsqu'il l'aborde parce qu'elle ne veut plus être victime des déceptions, ni infecter un partenaire parce qu'elle veut le garder.

De même les associations des PVVIH encouragent tous leurs membres à continuer le traitement car certaines personnes abandonnent très souvent leur traitement parce qu'elles ont retrouvé leur santé physique. Selon la major EBALLE de L'UPEC du CMPY,

Il est déconseillé aux patients d'interrompre leur traitement. Car, même si la charge virale du patient devient indétectable ça ne veut pas dire que le virus n'est plus présent. Il est toujours là mais n'attend que des opportunités pour revenir en force. A ce moment le traitement sera inefficace car le virus aura développé des résistances. Cependant, il y a des patients qui interrompent leur traitement lors qu'ils ont retrouvé leur santé physique parce qu'ils craignent la suspicion de leur entourage due à la continuation du traitement alors qu'ils sont déjà en santé164(*).

Pour éviter l'interruption volontaire des traitements, madame Solange BEKOMO, conseillère psychosociale à l'AFASO, affirme que,

L'une de nos missions c'est de veiller à ce que nos membres poursuivent leur suivi médical. Ceci n'est possible que grâce à des causeries éducatives que nous organisons au sein de notre structure au cours desquelles nous présentons les avantages du suivi médical et les inconvénients de l'interruption du traitement. Nous les encourageons également à consulter le médecin dés l'apparition des premiers symptômes des maladies ou des infections opportunistes et les déconseillons l'automédication qui est source de nombreuses aggravations des maladies165(*).

Sur le plan spirituel, ces associations encouragent leurs membres à beaucoup prier. Avant de commencer toute réunion, une séance de prière est d'abord faite. Car en situation d'infection au VIH, ces personnes trouvent une grande force dans la religion et constatent que leurs craintes diminuent. Lors de notre passage dans les différentes associations, ce qui a retenu notre attention c'est la présence des photos de la vierge Marie et du seigneur Jésus respectivement installées dans les locaux de l'AFASO et du CEAM. Ce qui traduit l'importance qu'accordent les PVVIH au domaine spirituel parce qu'elles sont en détresse et recherchent une force spirituelle pour affronter l'épreuve de la maladie.

De même, les PVVIH sont en contact permanent avec les religieux car cela leur permet de s'accepter, d'accepter les autres et à chasser les idées pessimistes. La foi leur permet ainsi de rester constructifs. C'est le cas de madame 00670/00 qui, lorsqu'elle se découvre séropositive au cours d'un épisode de maladie, a été abandonnée par sa famille. Pour se maintenir en vie, elle a dû bénéficier du soutien des soeurs de la mission catholique de Mendong166(*) pour son suivi médical et pour obtenir un logement. Au départ, elle était stressée, angoissée, elle savait qu'elle devait mourir mais ne voulait pas être méconnaissable avant de mourir comme son mari. Mais, lorsqu'elle a fait la connaissance des soeurs par le biais d'une de ses copines, après sa sortie de l'hôpital où elle a séjourné pour deux mois, elle est devenue très pieuse. Elle effectue souvent des travaux domestiques au sein de sa confession religieuse, une façon pour elle de témoigner sa reconnaissance auprès des soeurs qui lui ont sauvé la vie. Elle envisageait, lorsque nous l'avons interrogé, monter un projet AGR pour obtenir un financement. Parce que selon elle, « je dois me battre pour vivre et montrer à ma famille que Dieu existe 167(*)».

II.1.2.Soutien social

Sur le plan social, les membres des associations des PVVIH bénévoles dans les centres de santé ou hôpitaux permettent aux personnes dépistées séropositives de joindre un groupe de soutien en adhérant à une des associations de leur choix. Par cette initiative, ils visent le non isolement des PVVIH, l'esprit de solidarité et la cohésion sociale de leurs membres tout en assurant leur contrôle social. Pour renforcer les liens sociaux entre les membres, il est organisé au sein de ces structures des réunions toutes les deux semaines. Réunions au cours desquelles, les messages d'espoir sont transmis à tous les adhérents.

Chaque membre extériorise ses problèmes puis le groupe essaie d'apporter des solutions. Le fait que ces personnes se côtoient, se partagent les secrets, participe à renforcer leurs liens sociaux. La preuve en est que lors de notre passage dans ces structures nous avons entendu ces femmes s'appeler de part et d'autre « ma soeur », une façon de manifester leur attachement.

De même, des visites à domiciles sont souvent organisées pour assurer le soutien social des membres surtout pour celles qui sont désireuses. Cependant, certaines qui n'ont pas annoncé leur statut à leur partenaire ou à leur entourage n'acceptent pas de visite. Une façon pour elle de ne pas attirer des suspicions. Ce soutien s'accompagne de quelques conseils d'hygiène qui permettent de vivre en évitant des ennuis dans la société.

-Il s'agit d'informer son partenaire de sa séropositivité et de l'encourager à se faire dépister afin que celui-ci n'adopte pas des comportements déviants en cas de découverte par lui même.

-Eviter d'avoir plusieurs partenaires sexuels.

-Pratiquer l'abstinence ou avoir des rapports sexuels protégés (port systématique et correct du préservatif) pour éviter de se réinfecter ou d'infecter son partenaire.

-Consulter immédiatement le médecin en cas d'IST.

Sur le plan corporel, la PVVIH doit pratiquer une bonne hygiène de son corps et de son environnement en :

-se lavant au moins une fois par jour pour éviter toute infection de la peau ou éviter d'attirer l'attention de l'entourage qui contribuerait au rejet de la PVVIH.

- lavant le linge dès qu'il est sale, souillé par le sang, des selles ou d'autres liquides corporels.

II.2.Soutien nutritionnel, financier, et médical aux PVVIH en association

L'évolution de l'infection à VIH vers la phase avancée qui est le SIDA peut être lente et durer plusieurs années. Ceci dépend de l'environnement de l'individu infecté, de son état général et plus particulièrement de son état nutritionnel.

II.2.1.Soutien nutritionnel

Il existe une corrélation entre la nutrition et le VIH. Les associations des PVVIH apportent un soutien nutritionnel à leurs membres au niveau des conseils pratiques et au niveau des collations offertes lors des jours de réunion.

Pour ce qui est des conseils pratiques, les conseillères psychosociales à la suite des professionnels de santé demandent à leurs membres de bien se nourrir. Ceci parce que la relation nutrition et VIH est que plus l'individu est bien nourris plus il capitalise des vitamines qui vont accroitre les globules blancs pour lutter contre les infections opportunistes. Or lorsqu'un séropositif est sous alimenté, étant aussi immunodéprimé, il ne capitalise pas sa défense immunitaire pour lutter contre les IO.

Pour garder son poids, sa forme et sa santé, il est recommandé à ces personnes d'adapter les aliments à des situations c'est-à-dire manger ce qu'elles aiment et ce qu'elles supportent. En situation de VIH, les individus sont contraints de manger même s'ils n'ont pas faim mais surtout en respectant le régime alimentaire tel que prescrit par les personnels de santé c'est pour cette raison qu'on leur demande de consommer:

- des aliments sains et équilibrés168(*) et en quantité suffisante pour maintenir son système immunitaire fort.

-des céréales complètes comme du soja, du mais, du blé qui sont riches en magnésium et en vitamine E antitoxique.

- des fruits, légumes frais qui sont d'un très grand apport en vitamines et en sels minéraux et des agrumes169(*) qui sont riches en vitamine C naturelle.

- des yaourts et autres aliments lactofermentés pour la santé des intestins.

- de l'eau potable, des aliments liquides comme des jus de fruits et semi-liquides pour faciliter la digestion.

En outre, il leur est déconseillé de consommer :

-les huiles frites à plus de 100° C qui pourraient participer à l'installation des tumeurs dans leur organisme ; car elles sont déjà affaiblies et doivent éviter ce qui peut participer à les affaiblir davantage.

-l'alcool, le thé, le café et tous autres excitants dépourvus de propriétés nutritives.

-la cigarette et le tabac sont également proscrits car ils affaiblissent les défenses et empêchent une bonne oxygénation.

-trop de sucre car, 100 grammes de sucre blanc empêchent le travail des globules blancs pendant 5 heures.

Ces conseils leurs sont donnés parce qu'une alimentation équilibrée et saine chez les PVVIH contribuent à les solidifier et à renforcer leur système immunitaire déjà faible. Cette relation se lit dans les schémas ci-dessous :

Bien manger appétit stimulé

Immunité plus forte et résistance à l'infection

Evolution plus lente de la maladie du stade de l'infection par le VIH au stade déclaré du VIH

Bonne nutrition maintien du poids de forme

Figure 1 : relation entre alimentation saine, équilibrée et VIH

Figure 2 : relation entre sous-alimentation et VIH

Malnutrition

Immunité affaiblie et réduction de la résistance au VIH et aux infections

HIV

Evolution plus rapide de la maladie et accroissement de l'exposition aux IO

Augmentation des besoins nutritionnels et apports alimentaires insuffisants

Source : Vie positive avec le VIH.

En dehors des conseils, les associations contribuent à soutenir leurs membres sur le plan nutritionnel. A l'AFASO, des collations sont offertes aux membres à chaque réunion c'est-à-dire deux fois par mois. Au cours de notre passage dans cette structure, nous avons eu l'occasion de prendre avec ces femmes une collation. Egalement, pour les personnes nécessiteuses, une aide leur est souvent allouée grâce aux subventions des partenaires.

Au CEAM, une aide est allouée aux personnes de temps en temps grâce aux dons des personnes généreuses ou des partenaires. Cette aide, lorsqu'elle est disponible, est distribuée à tous les membres de la structure. A coté de ce soutien, un autre type d'aide est aussi apporté sur le plan financier.

II.2.2.Soutien financier

Pour promouvoir l'autonomie des femmes séropositives, un soutien financier est alloué aux femmes nécessiteuses de ces associations. Il s'agit des subventions des projets des femmes membres de ces associations. A coté de ces subventions, dans le but de promouvoir l'épargne, des tontines sont mises sur pied.

Pour ce qui est des subventions des projets, à l'AFASO, elles appellent cela AGR170(*). Ces subventions ont des critères d'éligibilité. C'est pour cette raison que madame Pauline MOUTON a affirmé que :

Pour bénéficier des subventions AGR, la première condition est d'être Séropositive membre de l'AFASO, ensuite monter un projet qui sera soumis à une étude. Le comité d'étude s'assure de la rentabilité, de la durabilité et de l'autonomie du projet. Si le projet est retenu il peut être subventionné à un montant d'une hauteur de 100 000 à 150 000 francs CFA remboursable dans un délai de 6 à 12 mois171(*).

Cette initiative est une forme de contribution à la lutte contre le VIH, puisque des études172(*) ont révélé que les femmes étaient plus vulnérables à la pandémie à cause de leur situation socioéconomique précaire.

Au CEAM, nous avons rencontré des femmes en pleine cotisation pour leur tontine. Ce qui veut dire que dans toutes les associations des PVVIH, la promotion de l'autonomie des membres est l'une des missions prioritaires. Selon Anne, présidente du CEAM,

Il y a des personnes qui interrompent leur traitement ou ne font pas des bilans semestriels parce qu'elles n'ont pas de l'argent ni pour les frais d'examens ou de déplacement. Notre initiative est d'encourager nos membres de ne compter que sur elles-mêmes afin d'éviter tout désagrément173(*).

II.2.3.Soutien médical

Dans le souci de promouvoir la lutte des infections opportunistes, les associations des PVVIH soutiennent médicalement leurs adhérentes. Ce soutien n'est pas dans le sens de la distribution des médicaments antirétroviraux parce que cette fonction est exclusive aux centres de traitement agréés et aux autres formations sanitaires associées, mais dans le sens de l'aide à l'observance à partir des relais communautaires, des conseils médicaux et des bons de commande de certains antibiotiques dans leurs structures.

A l'AFASO, nous avons assisté non seulement à des séances de conseils médicaux faites par des femmes formées mais aussi, avons observé la distribution des antibiotiques en l'occurrence du Cotrimoxazole aux femmes, une façon de soutenir ces femmes dans la lutte des infections opportunistes.

En plus, en période de rupture de médicaments, les associations plaident auprès des décideurs pour le ravitaillement en médicament.

En somme, après la découverte du statut sérologique d'une personne, elle est tenue de faire son test d'éligibilité pour suivre son traitement. Dans la prise en charge des personnes séropositives, il y a une division des tâches. La prise en charge psychosociale est assurée par les personnel d'appui des centres de santé et en association à savoir : les assistants sociaux, les psychologues, et les conseillers psychosociaux, agents de relais communautaires qui sont des séropositifs associés et exerçant dans le cadre du bénévolat. En outre, la prise en charge thérapeutique faite à l'hôpital est assurée par le personnel médical. Pour assurer la prise en charge totale et assurer une meilleure observance, les personnes séropositives sont impliquées dans la lutte contre la pandémie à travers des formations qu'elles subissent pour s'encadrer elles mêmes.

DEUXIEME PARTIE :

COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUTIFS DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL : RECOMMANDATIONS ET INCIDENCES

Dans cette subdivision de notre travail, qui en constitue d'ailleurs le noeud, il est question de présenter de manière générale les typologies des comportements sexuels et reproductifs des femmes séropositives sous traitement et les enjeux qui les sous tendent au Cameroun.

Ainsi, deux chapitres ont constitué l'ossature de cette partie. Le premier présente les comportements sexuels des femmes vivant sous traitement au Cameroun car, le discours médical recommande un modèle de comportement sexuel à toute personne infectée. Et le respect de ces recommandations n'est pas toujours effectif par ces personnes à cause des normes traditionnelles, culturelles, et religieuses qui sont en cours au Cameroun. Ce chapitre examine la nature des comportements sexuels de ces femmes qui n'est pas toujours en conformité avec le discours médical et les enjeux qui les sous tendent.

La préoccupation du deuxième chapitre de cette partie est axée sur les comportements reproductifs ou procréateurs des femmes vivant sous traitement au Cameroun. Ils ne sont pas toujours homogènes à cause des contraintes économiques, sociales, affectives, culturelles et religieuses. Ce qui pousse ces femmes à présenter des comportements hétérogènes qui sont fonctions des enjeux qu'elles veulent préserver.

CHAPITRE III :

LES COMPORTEMENTS SEXUELS DES FEMMES SEROPOSITIVES SOUS TRAITEMENT

Dans ce troisième chapitre consacré à l'analyse des comportements sexuels des femmes vivant sous ARV au Cameroun, il sera question de mettre en exergue les logiques socioculturelles, familiales, économiques et religieuses qui sous tendent les rapports sexuels de ces femmes en temps de VIH. Ainsi, seront passées en revues les croyances, les considérations entretenues autour de ces comportements pour mieux comprendre le rapport qui existe entre le discours biomédical et ces logiques socioculturelles, affectives, économiques et religieuses. Ce chapitre semble déterminant dans le cadre de la vérification de nos hypothèses axées sur les logiques qui déterminent les comportements sexuels au Cameroun, sur l'influence du traitement ARV sur ces comportements et sur la gestion de la sexualité des femmes sous TAR.

I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES THERAPEUTIQUES, NORMES CULTURELLES ET LA PERCEPTION DE L'ACTE SEXUEL

I.1.Discours biomédical sur la sexualité

Lorsqu'un individu a été découvert séropositif, les principales recommandations des personnels médicaux sont axées sur l'usage systématique du préservatif à chaque rapport sexuel quelque soit son sexe et un régime alimentaire équilibré.

I.1.1.Usage systématique et correct du préservatif lors des rapports sexuels

Le discours médical prescrit un modèle de comportements à adopter aux personnes séropositives. « En Afrique, le moyen privilégié dans les efforts de prévention est l'usage du préservatif 174(*)». Il reste également un mode contraceptif incontournable en situation de VIH/SIDA. Ceci pour plusieurs raisons :

-Il permet de protéger le partenaire contre l'infection au VIH s'il ne l'a pas encore.

-Ensuite, il permet de protéger la personne déjà infectée contre la réinfection car le virus de SIDA est de plusieurs types à savoir : « le VIH1 et le VIH2175(*) ». La personne séropositive peut présenter un type puis en allant sans protection avec un partenaire qui dispose d'un autre type, elle peut se réinfecter et l'amener vers une résistance aux médicaments qui pourraient être la source de leur dégénérescence. De même,

Chez les patients séropositifs pour le VIH, il est possible qu'une exposition fréquente au VIH puisse faire décompenser un système immunitaire déjà fortement stimulé, et être ainsi la cause d'une progression plus rapide vers le SIDA. C'est dans cette crainte qu'il a toujours été recommandé aux couples séropositifs d'avoir des rapports sexuels protégés176(*).

Egalement, le virus du SIDA est un virus extrêmement mutant qui, une fois dans l'organisme humain, développe des souches de virus en fonction de l'organisme où il se trouve.

Pour le major EBALLE,

 Les souches de virus sont de plusieurs sortes ; il existe des virus VIH1 de souche M, VIH1 souche N, ..., des VIH2 souche M et VIH2 souche N. Voila pourquoi il est recommandé aux personnes déjà infectées de se protéger afin qu'elles ne soient plus réinfectées par d'autres souches de virus177(*).

Le préservatif permet ainsi la protection des deux partenaires quelque soit leur statut sérologique (sérodiscordant ou séroconcordant).

Dans la situation de séroconcordance, les partenaires sont tenus de se protéger parce que le VIH/SIDA est un virus qui se développe en fonction de l'organisme dans lequel il se trouve dans sa multiplication des souches. Lorsqu'il intègre un organisme, il cherche à s'adapter dans son nouveau milieu en développant des souches propres à son nouveau milieu. Or, étant donné que les organismes humains sont différents, on assistera à des virus à souches différentes. C'est pour cette raison qu'en l'absence des médicaments pouvant complètement guérir cette maladie, le préservatif se trouve être un instrument indispensable en situation de VIH/SIDA.

La mise sous ARV est tributaire de l'organisme de chaque individu et de sa souche de virus. C'est pour cette raison que Mme Catherine AYISSI atteste qu'«il existe plusieurs protocoles de médicaments et chaque protocole est fonction de l'organisme de chaque individu et de son sous-type de virus »178(*). Ainsi, une situation de réinfection peut annuler l'action d'un protocole de médicament car, on assistera au développement d'une résistance d'un virus mélangé par un nouveau sous-type. Ce qui peut rendre l'action du protocole de médicament nulle. Pour renforcer la puissance du traitement, il est demandé au patient de suivre un régime alimentaire qui lui permettra de remonter le taux de ses leucocytes CD4 afin qu'il récupère sa mine et sa forme.

I.1.2. Un régime alimentaire équilibré

Une autre recommandation médicale s'oriente sur l'alimentation de la PVVIH parce qu'il existe une relation entre son alimentation et sa sexualité. L'alimentation influence sur l'activité sexuelle parce que celle-ci est un exercice physique et suppose une perte d'énergie au cours de sa pratique. Or, les PVVIH, étant déjà immunodéprimées se doivent de consommer des aliments riches en apport énergétique pour ne pas épuiser leur dernière réserve et énergie disponibles.

Cependant, lorsque les patients commencent à récupérer, certains d'entre eux développent une certaine perception vis-à-vis du sexe. Ce qui est source de nombreuses attitudes vis-à-vis de celui-ci.

I.2. Perception de l'acte sexuel

Par perception, il faut entendre la représentation qu'un individu se fait d'une chose. Dans ce contexte, c'est la représentation qu'un individu se fait de l'acte sexuel. Cette image tire source de la société des représentations sociales de la maladie car « quand on dit cancer, oh la pauvre, elle n'a pas eu de chance, mais quand on dit SIDA, oh peut être qu'elle a eu un passé, voilà ça y est, c'est bien fait179(*) ». Ce qui montre que le SIDA apparait dans la société comme d'abord une maladie vénérienne.

Etant donné qu'en Afrique, le mode le plus connu dans la transmission du VIH est la voie sexuelle,

La séropositivité affecte l'image de soi à travers la perception de son propre corps considéré comme dangereux. La peur apparait doublement : la peur de soi du fait de son statut sérologique, et celle de contaminer l'autre. Si la peur peut être mise à distance dans les autres moments de la vie quotidienne, les rapports sexuels la rappellent toujours180(*).

Cette perception de l'acte sexuel, va entrainer chez certaines personnes infectées une culpabilisation voire même une distanciation vis-à-vis du sexe aux premières heures de la séropositivité. Des entretiens que nous avons eus avec ces femmes, nombreuses sont celles qui ont affirmé qu'après l'annonce de leur statut, il en est suivi un arrêt provisoire ou définitif des relations sexuelles. Pour le PR KAPTUE cité par RENAUDIN, c'est « une période de relâchement et de ressaisissement dans les comportements sexuels 181(*)» surtout pour des femmes célibataires et veuves.

Ce relâchement s'explique parce que,

Devenir séropositives entraine des altérations importantes de l'image de soi. La plupart des personnes séropositives éprouvent un sentiment de perte d'estime de soi, la sensation d'être devenus sales et dangereux. Elles se considèrent comme indignes d'être aimées. (...) Apprendre que l'on est séropositif incite à se définir soi-même en fonction des représentations sociales relatives à l'épidémie et des ruptures que celles-ci introduisent dans les normes qui sous tendent le déroulement de la vie amoureuse182(*).

Pour les femmes en union ou en mariage et qui n'ont pas partagé l'information avec leur partenaires, elles ne peuvent pas le faire sans motifs valable sous peine de développer des suspicions contre elles.

Des propos des femmes interviewées, l'on peut retenir les plus signifiants :

« Depuis que j'ai découvert ma sérologie en 2008, j'ai arrêté les rapports sexuels parce que c'est à cause de cela que je suis dans cette situation183(*) ».

« J'ai complètement arrêté, surtout avec la mort de mon mari car je dois vivre longtemps pour éduquer mes enfants. J'ai déjà un nombre suffisant donc inutile de courir des risques qui vont me faire partir et laisser mes enfants 184(*)».

« Il faut que je m'occupe d'abord de ma santé ; le reste vient après185(*) ».

« J'ai fait sept ans sans coucher avec un homme, je les fuyais mais aujourd'hui j'ai repris mon activité avec modération 186(*)».

De ces propos, il ressort que la période de l'annonce de la séropositivité s'accompagne dans la plupart des cas d'une diminution de l'intensité des rapports sexuels. Il devient parfois nul chez certaines femmes qui sont veuves et ont un âge relativement élevé surtout lorsque le partenaire lui-même est mort de SIDA.

Certaines femmes par contre, qui ont des enjeux sociaux à préserver préfèrent continuer à se livrer à la pratique sexuelle. C'est le cas des femmes qui sont en union et qui n'ont pas signalé leur statut à leur partenaire.

Ce qui fera qu'on assiste à des rapports sexuels de nature hétérogène qui sous tendent des enjeux multiples.

I.3.Normes traditionnelles en matière de sexualité en Afrique

La sexualité dans l'imaginaire collectif des africains, respecte un certain nombre de règles. Elle a d'abord un but utile, ensuite sa pratique, sa nature, sa période de praticabilité relève le plus souvent de la décision de l'homme à cause du statut social de la femme qui est toujours inférieur malgré les dynamiques sociales.

I.3.1.Rapports sexuels naturels et finalité de procréation

Dans la tradition africaine, la sexualité a toujours été pratiquée avec un but utile. Ce but est la procréation. Le modèle de sexualité qui a cours dans l'imaginaire social africain, expose ce continent à une politique nataliste par conséquent à un modèle de croissance démographique. Car, en Afrique la valeur d'un individu est avant tout tributaire de sa descendance. Ainsi, l'acte sexuel avant d'être plaisir, a d'abord une finalité utile.

En situation de mariage, l'acte sexuel n'est plus seulement plaisir, mais il doit se faire utile. C'est dans ce sens que OMBOLO J.P affirme que :

 S'il ya des périodes ou des occasions qui interdisent l'acte sexuel, il en est d'autres qui le rendent obligatoire (...). L'obligation de l'acte sexuel est d'abord liée au culte de la procréation (...), l'obligation de l'exercice de la sexualité s'observe encore dans le cadre des cultes de la fécondité.187(*)

Ainsi, en Afrique noire, la sexualité occupe une place de choix et dans certaines situations comme en union, elle se veut utile c'est-à-dire avec une matérialisation par des enfants.

Or, étant donné que dans ce continent l'individu est un être culturel, la femme est dans l'obligation de respecter ses valeurs socioculturelles pour ne pas être considérée comme déviante. Car, pour PAQUOT, « le comportement de la femme est conditionné par sa culture et sa tradition »188(*).

Au Cameroun, le mariage est un cadre où se matérialise et se valorise la procréation. Il y a parfois des ruptures d'union parce que la femme est incapable de procréer puis que la stérilité est toujours perçue comme ayant une origine chez elle. Dans plusieurs ethnies du Cameroun comme chez les Bulu, les Béti, les Bamiléké..., la dot de la femme est élevée parce qu'on considère celle-ci comme un être qui va aller produire chez son mari. Le mariage devient ainsi comme un marché qui a comme bénéfice : les enfants. A ce titre, L. M. OMGOUM, définit le mariage comme étant «  un marché où la femme est le capital. Lorsqu'elle a des enfants, elle produit des bénéfices, mais, dans le cas contraire, son mari, l'investisseur, tourne à perte »189(*) .

Cette sexualité à but utile amène donc à classer la femme au second plan dans une union, puisque la décision de procréation et de la sexualité ne relève pas d'elle.

I.3.2.Statut social de la femme et décision relative à la sexualité en Afrique

Le statut social implique la notion de position sociale d'un individu dans la société. Sous sa forme statique, il indique un sens de droit et d'obligation socialement définis et rattachés à une position.

En Afrique noire en général, et au Cameroun en particulier, la socialisation qui a cours dans la société est différentielle et est basée sur des stéréotypes sexistes qui prônent la supériorité du genre masculin sur le genre féminin. Ce qui entraine une inégalité de statut sociale entre l'homme et la femme. A partir de la socialisation différentielle, la sexualité et la conjugalité sont construites par la société de manière à renforcer la supériorité de l'homme sur la femme.190(*).

Dans la tradition africaine, la femme est appelée à faire la volonté de son mari. C'est pour cette raison que « Les attentes sociales et culturelles exigent qu'elles soient sexuellement disponibles et dociles à leur mari »191(*). Dans cette même lancée plusieurs femmes séropositives mariées ou vivant en couple avec leur partenaires nous ont affirmé qu'elles sont obligées de satisfaire leur mari ou leurs partenaires afin que ceux-ci ne les quittent pas ou n'aillent ailleurs. C'est ainsi que

Plus souvent, les femmes sont prises dans un dilemme entre essayer de plaire à leur mari et satisfaire ses besoins sexuels et leurs propres souhaits  (...)  La nécessité de garder un mari est extrêmement importante car le mariage est porteur d'enjeux : respectabilité et sécurité d'où leur absence de pouvoir 192(*)

Certes la fonction de reproduction appartient à la femme, mais la décision de la taille de la famille, du choix du moment et des méthodes relatives à la sexualité appartiennent à l'homme. Ce qui rend toujours la femme inférieure et dépendante à l'homme voire même impuissante dans la lutte contre le VIH/SIDA.

Ainsi,

Les mesures prises contre la pandémie de VIH/SIDA ne seront efficaces que si elles tiennent compte du déséquilibre des forces entre les hommes et les femmes, qui empêchent les femmes d'exercer des droits fondamentaux de la personne humaine, notamment en matière de santé sexuelle et procréative. La protection des femmes (...) n'est pas toujours garantie parce que leur choix en matière de santé sexuelle et procréative sont déterminés par leur position sociale subalterne et par les attentes socioculturelles193(*).

De même, le statut économique de la femme est un paramètre qui ne la rend pas indépendante. Dans certains ménages où la femme dépend économiquement de l'homme, elle ne peut qu'exercer les désirs de son partenaire afin de ne pas être victime du sevrage d'argent. A ce titre madame QD 7177/03 de l'AFASO a affirmé qu'

 Il veut toujours des rapports sexuels et je ne peux pas refuser. Une fois quand j'ai refusé de le satisfaire parce que je ne me sentais pas bien, il m'a menacé et à promis de prendre une deuxième épouse sous prétexte que j'étais déjà fatiguée. Et la période là, il a fait trois jours sans me donner de l'argent pour la ration. Le quatrième jour, étant déjà à bout de souffle, j'étais obligée d'aller vers lui.194(*)

De ces propos, il ressort que la santé génésique des femmes ne dépend pas d'elles à cause de leur statut socioéconomique inférieur. Ce sont leurs partenaires qui sont des décideurs de la gestion de leur sexualité. Ceci parce que ceux-ci, à cause de leur pouvoir économique, ils ont le dessus sur leurs partenaires et imposent leur manière de faire et d'être.

Enfin,  

Le manque d'autonomie économique des femmes, en particulier, les empêche souvent de se protéger contre l'infection par le VIH/SIDA, de négocier les modalités des rapports sexuels ou de rompre les relations à risque ou des relations empreintes de violence.195(*)

Ainsi, ces logiques socioculturelles, affectives et économiques sont source de plusieurs comportements sexuels de nature hétérogène puisque l'individu tire son action dans le contexte où il se trouve.

I.4.Nature des rapports sexuels chez ces femmes

Par nature, il faut entendre la propriété d'une chose. Mais dans ce contexte il s'agit de voir si les rapports sexuels entretenus sont protégés ou pas. Cette nature des rapports sexuels chez les PVVIH n'est pas homogène tel que stipule le discours médical. Ceci parce qu'il y a des enjeux multiples qui sous tendent ces comportements sexuels.

I.4.1.Chez les femmes mariées

Des enquêtes de terrain, il ressort que chez cette catégorie de femme, la nature des rapports sexuels n'est pas toujours homogène.

Ils sont protégés si le partenaire est au courant, parce que lorsqu'il est informé de la situation, s'il est compréhensif, il va juste chercher à pendre des dispositions pour aider sa conjointe à se maintenir en vie. Car, aujourd'hui avec les progrès de la science, être infecté au VIH/SIDA n'est plus synonyme de la mort « sick die 196(*)» (comme le relevait une patiente). Dans ce contexte, le cas de madame 062/09 en est une illustration lorsqu'elle nous a révélé que :

Si j'allais prendre mon résultat seule, j'allais le cacher. Mais ce jour, nous étions deux : mon mari et moi. Lorsque c'est sorti comme c'est sorti, il m'a beaucoup soutenu alors que lui-même était séronégatif. Il m'aide à respecter les conditions prescrite à l'hôpital et ne  dérange pas en matière de sexualité.197(*)

Mais si le partenaire n'est pas au courant du statut de sa conjointe, celle-ci continuera à entretenir des rapports sexuels non protégés. Dans ce cas, ce qui est important pour cette catégorie de femme, c'est de garder sa place et sa considération sociale.

De manière générale, les femmes déjà en mariage ont peur d'être répudiée surtout de suite de VIH ou de voir leur conjoint épouser une autre femme. Les femmes que nous avons interrogées ayant le statut de femme mariée, ont avoué qu'elles ne peuvent pas introduire le préservatif du jour au lendemain dans leurs couples car il y a risque de suspicion d'infidélité de la part du partenaire sauf si celui-ci est au courant de la situation. De même, certaines femmes pensent qu'en demandant subitement l'usage du préservatif à leur conjoint c'est une façon de révéler son statut à son conjoint d'où la nécessité pour elle de ne pas en parler. Ce qui nous fait penser que l'usage du préservatif n'est pas toujours systématique dans des couples infectés. Ainsi, (...) « le préservatif peut être perçu subjectivement par la personne séropositive comme révélateur pour autrui de son statut sérologique tout en agissant en tant qu'un rappel de ce statut pour elle-même 198(*)».

I.4.2.Chez les femmes célibataires

Plusieurs d'entre elles ont affirmé qu'elles utilisent le préservatif au cours de leurs rapports sexuels bien qu'elles aient souligné les difficultés qu'elles rencontrent. Certaines d'entre elles qui ont eu des nouveaux partenaires après la découverte de leur séropositivité brandissent l'argument selon lequel elles éviteraient des grossesses non désirées ou des IST.

Par contre, celles qui ont eu leurs partenaires avant de se découvrir séropositives continuent à avoir des rapports sexuels de même nature qu'avant le test. Ceci parce qu'elles ne veulent pas attirer l'attention du partenaire sur leur statut à savoir des rapports protégés ou non protégés en fonction des modes d'avant test. Certaines d'entre elles qui étaient financièrement autonomes ont préféré rompre avec leurs partenaires comme le cas de Madame 470/03, 43 ans, employée de banque qui nous a affirmé :

Je préfère le perdre que de lui faire du mal car je l'aime beaucoup. Si je le contamine, j'aurai des remords toute ma vie. C'est mieux que je le quitte sans lui faire du mal sans qu'il ne sache aussi pourquoi. Pour le faire j'ai du profiter d'un petit problème de rien du tout pour m'en aller.199(*)

Ainsi, celles qui ont eu des ruptures de relations préfèrent attendre ou souhaitent tout simplement rencontrer des hommes séropositifs comme elles (comme elles nous l'ont souligné plus haut). La majorité d'entre elles ne souhaitant plus vivre des relations d'aventure, préfèrent éviter tout rapprochement des hommes ou ne pas céder à leurs avances. Ceci pour mieux gérer leur secret. Le fait pour elles de souhaiter rencontrer des séropositifs comme elles c'est de pouvoir ensemble appliquer les recommandations médicales parce que selon Mme TCHOKOUTE,

Dans les couples concordants les recommandations réussissent à être appliquées parce que chacun des partenaires sait ce qu'il doit faire. Et en plus la femme est à l'abri de nombreuses frustrations. Or dans cette situation la préservation de l'ataraxie est importante.200(*)

Cette situation n'est pas vécue de la même manière chez les veuves.

I.4.3.Chez les veuves

Les veuves que nous avons rencontrées n'ont pas émis l'idée de remariage parce qu'elles ne souhaitent plus voir un autre conjoint s'en aller ou mourir. Pour madame QD 7235/05, membre de l'AFASO,

 La mort d'un conjoint est traumatisante et affecte tellement la femme. Ce qui fait qu'elle ne veut plus s'engager dans une autre relation sachant qu'elle sera encore victime d'un autre décès du conjoint. C'est pour cette raison que les veuves en général ne veulent plus se remarier après le décès de leur conjoint201(*).

Cependant, leurs activités sexuelles dépendent de leur âge et de leur nombre d'enfants en vie. Pour celles qui ont un âge relativement élevé et qui ont atteint leur quotas d'enfants, la fréquence de leur sexualité baisse considérablement voire même devient nulle202(*).

Quant à celles qui sont encore relativement jeunes, elles préfèrent vivre à distance avec leurs partenaires. Le fait d'être mise sous TAR, entrainent chez bon nombre d'entre elles des comportements sexuels responsables. Elles n'ont plus rien à préserver puisque la société a été témoin de leur mariage. Elles vivent pour la plupart d'entre elles pour leurs enfants. Inutile pour elles de multiplier des comportements à risque qui pourraient contribuer à leur déchéance et les empêcheraient de s'occuper de leurs enfants.

Mais de manière générale, les femmes séropositives mises sous TAR et membres des associations ont tendance à protéger leurs rapports sexuels. Ceci parce qu'elles ont côtoyé les professionnels de santé et certaines d'entre elles qui ont reçu des formations des pairs éducateurs, des conseillères psychosociales et des assistantes sociales qui leur ont inculqué les biens fondés de la protection, elles ont également été impliquées dans la lutte contre le VIH en suivant des formations des pairs éducateurs ou des conseillères psychosociales ou des assistantes sociales. De même, pour celles qui font partir des associations des PVVIH, des notions de droits des PVVIH leur sont inculquées tout en leur interdisant d'infecter les autres. Dans toutes les associations, l'idée essentielle véhiculée est la préservation des personnes saines. Le respect de cette éthique leur permet d'adopter des comportements sains. Même comme plusieurs d'entre elles ne parviennent pas à respecter cette éthique à cause de leur souci de se maintenir dans l'anonymat.

I.4.4.Les associations des PVVIH : une source de motivation

Les associations des PVVIH sont des stimuli pour le retour à la sexualité chez certaines femmes. Lorsqu'un individu se découvre séropositif, son désir des relations sexuelles disparait car il existe une relation entre l'infection au VIH/SIDA et la sexualité de cet individu. En réalité l'infection au VIH ne pose aucun problème sur la libido de cet individu mais, avec les troubles psychologiques qui suivent l'annonce, le patient est bouleversé et ne manifeste plus aucune envie d'entretenir les rapports sexuels.

Dans les associations des PVVIH, on stimule les membres à créer le désir. Le souci des associations des PVVIH c'est de motiver leurs membres à retrouver leur vie de départ. Pour y parvenir, les membres sont encouragés à se faire convoiter par des partenaires mais en se préservant non seulement la PVVIH mais aussi le partenaire.

De même, lors des réunions, les membres se racontent leurs histoires, leurs aventures, se conseillent et peu à peu le désir renait chez celles qui l'avaient perdu tout en prônant la protection des rapports sexuels.

II. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE CONTRAINTES AFFECTIVES, FAMILIALES, CULTURELLES ET RELIGIEUSES

II.1. Les contraintes affectives et familiales

Dans la situation de séropositivité, les femmes sont confrontées à plusieurs contraintes qui sont d'ordre affectif et familial. Ces contraintes se font de plus en plus ressentir en fonction du statut matrimonial de celles-ci. Car, elles ne vont pas se présenter de la même manière, mais vont dépendre de leur statut vis-à-vis des hommes. C'est pour cette raison que ces contraintes se présentent avec une assez grande hétérogénéité qui est aussi fonction du statut matrimonial de ces femmes.

II.1.1.Cas des femmes mariées ou ayant un (des) partenaire(s) sexuel(s)

De cette enquête, il en est ressorti que les femmes en général ont le souci de vivre dans le mariage ou d'avoir à leur côté un homme. Parce que c'est le mariage qui garantit acceptabilité et responsabilité de la femme.

Etant donné que la seule et unique règle de pratique des rapports sexuels en situation de VIH/SIDA reste l'usage systématique du préservatif, certaines femmes sont confrontées à plusieurs contraintes.

Le premier problème est que le préservatif conduit à un modèle de restriction de naissance. Pour cela, il n'est pas accepté par tous les partenaires. Son acceptabilité dépend avant tout du niveau d'instruction203(*) et de compréhension du partenaire. En ce sens que plusieurs d'entre eux voient en cet instrument un indicateur d'infidélité de leur partenaire. Comme nous a relaté madame Pasma AHMADOU, que lorsque les personnels de santé lui ont recommandé le préservatif comme instrument devant régir ses rapports sexuels, elle a commencé à voir naître des problèmes dans son ménage. Elle continue en disant :

J'étais la seule à savoir pourquoi j'insistais sur le port du préservatif à mon mari parce que je ne lui avais pas au préalable annoncé la nouvelle. Mais cependant, il m'a soupçonné et m'a traité d'infidèle. Je n'avais pas le choix que de subir ses menaces.204(*)

Certaines femmes choisissent de sauver leur foyer, leur mariage au détriment de leur santé. Car, elles estiment qu'étant déjà séropositives, si elles sont abandonnées par leurs maris ou leurs partenaires, elles risquent ne plus en trouver surtout qu'actuellement au Cameroun, nombreux sont les hommes qui demandent à faire le test de dépistage du VIH/SIDA avant tout mariage. Malgré les résistances de certains camerounais vis-à-vis du dépistage, nombreux sont ceux qui n'échappent pas à cette règle. Pour certaines femmes, leurs maris, même leurs partenaires comptent beaucoup pour elles, il est donc difficile pour elles de les voir partir. Surtout que dans plusieurs ménages, malgré les transformations sociales qui s'opèrent au Cameroun, l'homme reste le pourvoyeur important des ressources. C'est lui qui assure le loyer, la nutrition, et la santé...dans le ménage.

Cependant, à côté des femmes qui choisissent de préserver leur réseaux affectifs, familiaux et sociaux, il ya une autre catégorie de femmes qui préfère sauvegarder leur santé car, elle la juge primordiale.

Dans le désir de préserver leur santé, certaines femmes perdent parfois le côté affectif ou familial. En ce sens qu'en essayant d'exiger le préservatif à leurs partenaires ou à leurs maris, ces derniers les abandonnent souvent pour ceux qui ne sont pas compréhensifs. C'est le cas de madame 470/03 qui affirme :

 Lorsque j'ai incité mon mari de porter le préservatif, il a choisi sortir de la chambre conjugale et trois mois après, il a demandé l'affectation pour Bafoussam, me laissant avec trois enfants à Yaoundé. Heureusement que grâce à mon petit boulot, je me débrouille à payer le loyer, de nourrir les enfants et d'assurer leur scolarité205(*) .

Cependant, certaines partenaires qui ont au préalable été informées et qui ont choisi de continuer avec leurs partenaires dans le cas de la sérodiscordance où les femmes sont infectées, les femmes subissent les caprices de leurs partenaires. C'est le cas de madame 00670/00 qui affirme que son mari lui a dit qu'ils continuent à rester ensemble à condition que la femme accepte d'avoir une autre rivale, car pour son mari, il a de temps en temps besoin des rapports naturels qui procurent un autre type de plaisir.

De même, dans certains ménages ou certains couples où les hommes ne sont pas informés du statut sérologique de leurs partenaires ou de leurs femmes, celles-ci sont généralement victimes des violences sexuelles206(*). Les hommes abusent d'elles en allant contre leur gré ou en entretenant des rapports non protégés avec elles. Surtout qu' « environ 80% des africains ont des rapports sexuels dans l'obscurité. La lumière est éteinte et les partenaires sont sous la couverture 207(*)». Ce qui fait qu'il est facile à ces hommes qui n'ont pas la culture du préservatif d'abuser de la confiance de leurs partenaires en enlevant le préservatif. Comme nous a attesté Mme 299/09, 25 ans, lorsqu'elle affirmait que :

Mon partenaire a des problèmes avec le préservatif. Nous nous sommes toujours disputés à propos de son usage. Parfois il le porte mais pendant que nous passons à l'acte, il l'enlève. Il a déjà fait cela au moins trois fois et j'ai peur de l'infecter voilà pourquoi quand il me veut j'ai toujours peur. Il me dit très souvent que faire l'amour avec le préservatif ce n'est pas vraiment faire l'amour. Pour lui c'est agréable de faire l'amour sans préservatif. Mais malheureusement il ne connait pas mon statut208(*).

Dans la même lancée, certains hommes créent des problèmes avec le préservatif en disant que « ça empêche la nature de suivre son cours » surtout quand ils sont ivres précise Mme SIM Judith, 39 ans, veuve.

Ainsi, le traitement ARV influence la nature et l'intensité des rapports sexuels lorsque les deux partenaires sont informés de leur statut sérologique mais dans le cas où l'un des partenaires n'est pas au courant, certaines femmes continuent de dissimuler leur statut en pratiquant des rapports sexuels non protégés. Cette contrainte ne se présente pas de la même manière chez les femmes célibataires.

II.1.2. Cas des femmes célibataires

Est femme célibataire ici, une femme qui n'est pas officiellement mariée à un homme, mais cependant qui dispose ou pas d'un partenaire sexuel. La gestion de la sexualité ici dépend de plusieurs paramètres à savoir : l'autonomie financière de ces femmes vis-à-vis de leurs partenaires, le partage de l'information et le nombre de temps mis avec ceux-ci.

Pour les femmes célibataires qui sont financièrement autonomes, elles ont une marge de liberté dans la gestion de leur sexualité en ce sens qu'elles ne sont pas victimes des caprices de leurs partenaires. Au Cameroun, les hommes ont du respect pour les femmes qui sont financièrement autonomes. Ce qui fait que dans la gestion de leur sexualité, elles ont aussi leur mot à dire dans la nature des rapports sexuels. Situation qui leur permet de prendre en compte leur état de santé même si les partenaires ne sont pas au courant de la sérologie de ces femmes.

Quant aux femmes célibataires dépendantes de leurs partenaires, elles n'ont pas une marge de manoeuvre grande comme chez les femmes autonomes. Etant donné qu'elles dépendent de leurs partenaires, elles sont victimes des pressions de ces partenaires. Surtout qu'en situation de dépendance, les femmes n'ont le voeu que d'être auprès de leurs hommes. Chez cette catégorie de femmes, la recherche d'un statut social ou celui de femme mariée est plus importante car non seulement c'est un signe de sécurité tant sur le plan économique que sur le plan social.

De même, la nature des rapports sexuels dépend généralement du temps passé avec le partenaire. Plus les partenaires mettent du temps, plus ils se font confiance et abandonnent le préservatif. Pour certaines femmes qui se sont découvertes séropositives qui, avaient déjà mis du temps avec leurs partenaires ont des difficultés à introduire cet instrument qui est perçu par la majorité des personnes comme instrument indicateur de manque de confiance. Le problème est que dans la plupart des relations libres, les partenaires sont beaucoup plus complaisants.

Ainsi, le plus important pour les filles ou femmes célibataires c'est la recherche de l'estime du partenaire pour assurer leur place auprès de celui-ci.

Des rapports sexuels impliquent une relation sérieuse comme le mariage ou les fiançailles. Compte tenu de la diminution des taux de nuptialité et de l'augmentation des taux de la divortialité, les rapports sexuels sont justifiés par les femmes par le sentiment amoureux. Les hommes pressent leur petite amie d'avoir des rapports sexuels avec eux pour leur prouver qu'elle est amoureuse (et donc une partenaire de confiance) et pas seulement à la recherche des biens matériels. Inversement les femmes aspirant à une relation sérieuse auront tendance à renoncer rapidement au préservatif pour donner une preuve d'amour, de constance et de confiance209(*)

Ce qui pousse à dire que la mise sous TAR des femmes célibataires n'entraine pas toujours des changements de comportement en matière de sexualité quand l'autre partenaire n'est pas informé du statut sérologique de sa conjointe.

II.2. Les contraintes culturelles et religieuses

II.2.1.Culture et préservatif

Le préservatif est l'une des méthodes contraceptive qui permet aux individus non seulement de se protéger contre les maladies mais aussi, d'éviter les grossesses non désirées. On en distingue deux types à savoir : le préservatif masculin, porté par les individus de sexe masculin et le préservatif féminin porté par les individus de sexe féminin.

Parmi les recommandations données aux personnes infectées par le VIH/SIDA, le préservatif est considéré comme un instrument indispensable lors de tout rapport sexuel. Ceci pour deux raisons : il permet aux personnes déjà infectées de ne plus se réinfecter, ou de ne pas occasionner des grossesses non désirées et empêche la contamination des personnes saines.

Cependant son usage n'est pas toujours systématique chez les PVVIH car « bien que la plupart des populations subsahariennes connaissent le préservatif, son emploi dépend du contexte social et religieux »210(*).

Etant donné que le préservatif est un instrument artificiel, son acceptabilité n'est pas homogène dans la société. Or, à partir du statut social de la femme qui la confère au second rang dans la prise de décision en matière de sexualité et de fécondité, il ne lui appartient pas de décider du moment, de la façon dont il faut entretenir les rapports sexuels surtout que pour certaines personnes, « la femme est un objet de plaisir » souligne Catherine AYISSI211(*).

A coté de cela, certaines femmes, qui de par leur position sociale et économique inférieure (dépendantes sur le plan financier), ne parviennent pas à imposer le préservatif à leurs partenaires pour plusieurs raisons : elles préfèrent sauvegarder leur réseau social plutôt que de préserver leur santé. La demande du préservatif peut entrainer des suspicions auprès de leurs partenaires surtout que « le préservatif n'est pas vu d'un bon oeil dans le couple »212(*), c'est pour cette raison qu'elles préfèrent se taire et d'en subir les conséquences. C'est le cas de Mme 062/09 qui, au courant de sa sérologie lorsqu'elle était secouée par une maladie durant sa grossesse, n'a pas véritablement révélé de quoi elle souffrait parce qu'elle avait peur de la réaction de son mari.

Cependant, certaines femmes qui se préfèrent et qui sont conscientes de la non compréhension de leur partenaires préfèrent juste se retirer de la relation tout en subissant les conséquences sociales à savoir la stigmatisation dont sont souvent victimes les filles ou les femmes célibataires.

Pour certaines qui sont inférieures et dépendantes de leur partenaire dans leurs relations, elles préfèrent continuer à aller à l'encontre des prescriptions médicales parce que disent-elles  « veulent sauvegarder leurs relations ».

Le problème d'usage du préservatif est d'ordre culturel au Cameroun car il est très souvent utilisé lors des rencontres occasionnelles, lors des rapports sexuels avec des prostituées ou lors des premiers mois d'une relation entre deux partenaires. Généralement, il est perçu par les partenaires ayant mis du temps comme une preuve d'infidélité c'est pour cela que certaines femmes infectées ne trouvent pas d'arguments convaincants à réintroduire le préservatif dans leur union.

De même, certaines personnes qui sont conservatrices des valeurs traditionnelles ont du mal à s'accommoder au préservatif en ce sens que bon nombre de cultures africaines n'autorisent pas le gaspillage du sperme. C'est l'exemple des Béti. Ainsi,

Dans la société Béti, on relève également que « le ndem », liquide séminal sécrété par l'organe mâle, considéré comme le signe de vie destiné à procréer, est un liquide sacré qu'il n'est pas permis de gâcher, en le déposant hors du vagin par exemple.213(*)

L'autre problème du préservatif est dû à la disponibilité financière des individus surtout en ce qui concerne le préservatif féminin qui est en pleine promotion au Cameroun.

Le préservatif masculin, malgré sa disponibilité et son prix accessible, dépend de l'homme. Pour promouvoir l'utilisation de cet instrument par la femme et l'impliquer dans la prise de décision, la promotion du préservatif féminin suit son cours. Cela se lit à travers les spots publicitaires récurrents dans certains média en ces termes : « protectiv214(*), je prends les choses en main ». Cela veut dire que c'est la femme qui prend les choses en main. Et prendre les choses en main c'est prendre la décision de l'utilisation du préservatif. Cependant son utilisation est entravée par plusieurs facteurs215(*).

Egalement les rapports sexuels forcés sont courants dans la vie conjugale de plusieurs femmes. Ce qui les empêche toujours de veiller au port du préservatif par leurs partenaires. Surtout que dans la majorité des relations, les hommes aiment des rapports sexuels naturels qui procurent plus de plaisir que des rapports protégés.

Ce problème d'usage du préservatif n'étant pas seulement d'ordre culturel et économique mais aussi d'ordre religieux.

II.2.2.Religion et méthodes contraceptives

Le Cameroun est un pays caractérisé par la prépondérance de deux principales religions à savoir : le christianisme et l'islam. Ces deux principales religions développent des discours allant à l'encontre des méthodes contraceptives en général, et principalement le port du préservatif. De manière générale, aucune religion n'autorise l'utilisation du préservatif à ses adeptes.

II.2.2.1.Le Christianisme

Dans le combat de la lutte contre le VIH/SIDA, le christianisme avec pour figure emblématique le catholicisme a une position hostile contre le préservatif. Pour cette confession religieuse, il relève de l'artificiel et favorise la fornication et la débauche sexuelle qui sont des contre valeurs de la doctrine. Ainsi, le moyen recommandé dans la lutte contre la propagation du VIH/SIDA est l'abstinence et la fidélité. Cela se justifie dans les propos du Pape Benoit XVI lors de sa première tournée216(*) en terre africaine lorsqu'il affirme :

Je dirai le contraire. Il me semble que l'entité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le SIDA est vraiment l'Eglise catholique, avec ses mouvements et ses diverses structures. (...) je dirai que l'on ne peut pas dépasser ce problème de SIDA avec seulement de l'argent, qui est nécessaire, mais s'il n'ya pas l'âme, si les Africains ne s'aident pas, on ne peut pas dépasser le fléau avec la distribution de préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème. La solution ne peut venir que d'un double engagement : en premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui permette une nouvelle manière de se comporter les uns avec les autres, et deuxièmement une vraie attention particulière à l'égard des personnes qui souffrent, la disponibilité, les sacrifices aussi, les renoncements personnels pour être avec les personnes souffrantes. Ce sont les moyens qui aident et permettent des progrès visibles c'est pour quoi, je dirais que c'est là notre double force : renouveler l'homme intérieur, donner une force spirituelle et morale pour un comportement juste dans la manière de considérer son corps et celui d'autrui, et d'autre part cette capacité à souffrir avec ceux qui souffrent, d'être présents aux cotés de ceux qui traversent des épreuves. Je crois que c'est là la juste réponse, que l'Eglise la met en oeuvre et offre ainsi une aide très grande et importante.217(*)

De cette position du Pape, il apparait que l'église ne développe pas une idéologie de confiance dans le préservatif. Selon elle, il aggrave le problème en donnant une fausse sécurité, une sécurité qui n'en est pas toujours une selon Monseigneur Laurent MONSONSENGWO PASINYA218(*) lorsqu' il reprenait le Pape. Pour lui, le préservatif n'est pas le moyen le plus sûr car il peut être de mauvaise qualité. La morale chrétienne préfère l'abstinence pour les personnes non mariées et la fidélité pour les personnes mariées car recommander le préservatif, c'est encourager la débauche sexuelle.

Ainsi, certaines personnes vont s'appuyer sur les arguments de la proscription du préservatif par l'église sans chercher à comprendre la position soutenue. De même, l'infection au VIH /SIDA amène les malades à changer spirituellement et à croire en DIEU plus qu'ils ne le faisaient avant leur séropositivité.219(*) Certaines personnes infectées qui ne croient qu'en la délivrance de DIEU, vont respecter la logique de l'église pour éviter de tomber dans un dilemme. C'est le cas de Manuela qui depuis sa séropositivité n'entretient plus de rapports sexuels parce que pense-t-elle, le faire, irait à l'encontre de sa religion en utilisant les préservatifs, et à l'encontre de sa santé en allant sans préservatif. À coté de cette tendance religieuse, l'islam va aussi aborder la question du préservatif dans le même sens.

II.2.2.2.L'Islam

Considéré comme l'un des grands courants religieux du Cameroun, l'islam a une idéologie qu'il développe dans sa stratégie de lutte contre le VIH/SIDA. Il s'agit de l'abstinence et de la fidélité. Abstinence pour les fidèles qui ne sont pas encore mariés et fidélité pour ceux qui vivent déjà en union reconnue.

Cependant, en ce qui concerne l'usage du préservatif, cette religion maintient une position ferme, celle de la proscription. Pour elle, le préservatif est un instrument artificiel qui empêche les individus d'entretenir des rapports sexuels naturels tels que prévus par le Coran.

De même, le sperme est un liquide qui contient les germes humains, utiliser le préservatif c'est gaspiller ce liquide. Par conséquent, gaspiller les germes humains. Or dans la tradition musulmane, l'enfant est un don de Dieu et il est intolérable qu'un individu aille à l'encontre de la divinité en recourant aux méthodes contraceptives.

Accepter le préservatif dans l'islam, c'est autoriser la débauche sexuelle, la fornication qui sont des contre-valeurs de cette religion.

A ce moment, il se pose un problème d'interprétation. D'un côté, on a des fidèles musulmans qui sont confrontés à la situation de la non autorisation du préservatif dans le but de limiter les comportements jugés peu ordonnés et d'un autre côté, le discours biomédical qui recommande fermement l'usage de cet instrument ou contraceptif à toute personne séropositive. Or l'Islam est une religion qui impose soumission et obéissance de la femme vis-à vis de son mari, car c'est la première règle dans tout mariage musulman.

Ainsi, la femme séropositive est confrontée à une situation dans laquelle, si elle veut respecter sa religion, elle sacrifie sa santé au profit de sa religion. Surtout qu'en situation de VIH/SIDA, la PVVIH devient de plus en plus croyante parce qu'elle croît en la délivrance divine.

En conclusion, chez les PVVIH les comportements sexuels ne sont pas toujours homogènes. Au Cameroun, le discours médical axé sur la sexualité recommande l'usage systématique du préservatif, l'alimentation équilibrée et saine coince les femmes séropositives. Le fait de vouloir respecter ce discours les expose à des risques socioéconomiques, culturels et religieux. D'un coté, elles sont confrontées à des recommandations médicales qui doivent désormais régir leur sexualité et d'un autre coté, elles font face à des contraintes cultuelles, sociales, économiques, et religieuses. Ce qui ne leur permet pas toujours de développer des comportements sexuels tels que le défini le discours médical. En plus, la santé sexuelle et reproductive des femmes au Cameroun ne dépend pas d'elles. Face à cette incapacité de pouvoir échapper à ces contraintes, certaines femmes qui désirent se préserver et ne pas contaminer leurs partenaires, préfèrent juste s'abstenir de relations sexuelles espérant rencontrer des hommes ayant leur statut sérologique. De même, ce mode de comportement défini par la médecine semble faire une scission entre sexualité et procréation, or en Afrique les deux vont de paires.

CHAPITRE IV :

LES COMPORTEMENTS REPRODUCTIFS DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL AU CAMEROUN

Dans ce quatrième et dernier chapitre, il faut entendre par comportement reproductif, toute attitude consistant à concevoir, à mettre au monde un enfant puis à l'alimenter. A ce niveau, les préoccupations qui se dégagent sont celles de savoir : quel est le discours biomédical mis sur pied par les professionnels de santé pour assurer le désir d'enfant chez les femmes séropositives ? Quelles sont les conditions à remplir pour être éligible à la fécondité ? Quelles sont les logiques sociales qui orientent les comportements reproductifs de ces femmes ? Quelles difficultés rencontrent -elles dans la gestion de leur fécondité ? Il sera question ici de présenter les recommandations faites par les professionnels de santé aux femmes séropositives en matière de procréation, puis des représentations sociales de l'enfant qui ont cours en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Nous présenterons également les différentes options d'alimentation des enfants nés de ces femmes ensuite dans la deuxième partie nous relèverons les différentes contraintes auxquelles font face ces femmes.

I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES THERAPEUTIQUES ET REPRESENTATIONS SOCIALES DE L'ENFANT AU CAMEROUN

I.1.Normes thérapeutiques en matière de procréation

L'infection au VIH /SIDA influence la fécondité de toute personne séropositive en ce sens que dans cette situation elle devient conditionnée par son état de santé. Ce qui entre en contradiction aux habitudes de procréation ayant cours dans le continent en général et dans le pays en particulier.

Avant 1990, du fait des connaissances limitées, le VIH était incompatible avec le désir d'enfant. Lorsqu'un individu se découvrait séropositif, surtout la femme, le seul conseil prodigué par le personnel de santé était de ne pas ou plus accoucher. Ceci parce que la science n'avait pas encore progressé au niveau de la PTME pour essayer de sauver le bébé qui devait naitre de l'individu infecté.

Mais à la fin des années 1990, avec les avancées de la PTME, il s'est révélé que le VIH est présent dans le sperme des hommes non traités entre 80 - 90% et 10% chez les sujets traités grâce aux techniques de triage du sperme mis au point.

De nos jours, le désir d'enfant et l'infection au VIH ne sont plus incompatibles grâce aux avancées de la PTME. Mais cette procréation en temps de VIH se fait par assistance médicale.

I.1.1.Une procréation sur autorisation médicale

Chez les personnes infectées, le désir d'enfant est conditionné par une assistance médicale. Ce sont les professionnels de santé qui donnent un agrément pour la conception. Cette conception est précédée par des examens biologiques qui déterminent le taux de lymphocytes CD4, puis la charge virale de l'individu.

D'autres examens sont également prescrits avant l'acceptation de la procréation à savoir le prélèvement urétral (PU) chez les hommes séropositifs ou le prélèvement cervico vaginal (PCV) chez les femmes pour détecter la présence des IO ou des IST car selon le Dr YMELE FOUELIFACK,

Généralement les gynécologues demandent le test d'IST parce qu'elles peuvent influencer sur la fécondité d'une femme en expulsant la grossesse ou en développant les mécanismes d'infection du bébé pendant l'accouchement220(*).

Dans le cas où la femme présente un taux de CD4 inferieur ou égal à 200, le personnel de santé n'autorise pas à la femme de concevoir. Elle est tenue de patienter pour que son taux de lymphocyte CD4 remonte. Quant aux femmes qui sont à 500 de CD4, elles peuvent concevoir leur enfant au cas où elles ne présentent pas des pathologies opportunistes ou des IST.

I.1.2.Cas de restriction de grossesse chez les femmes

Lorsqu'une femme a un taux de CD4 inférieur à 500, ou lorsqu'elle présente des IO ou IST quelque soit son taux de CD4, il lui est proscrit pour l'heure de concevoir. A ce moment, elle se situe dans un stade d'immunodépression, stade délicat pour elle car, cet état peut entrainer sa mort soit avant, pendant ou après l'accouchement.

Pendant la grossesse,

Le taux des lymphocytes CD4 est partagé par moitié entre la femme et son foetus, c'est pour cette raison qu'il est proscrit à une femme n'ayant pas atteint au moins 500 de CD4 de procréer. Ainsi, la grossesse pourrait augmenter le risque de mortalité des femmes infectées par le VIH et inversement, l'infection pourrait accroitre le risque de décès maternel car, avec un faible taux de CD4, qui sera plus tard divisé par deux, une nouvelle grossesse contractée par une pvvih est une menace pour elle, et préjudiciable à sa santé.221(*) Nous a affirmé Madame EBALLE.

Une femme qui s'expose à une quelconque grossesse, court des risques de décès lors de l'accouchement laissant son bébé ou ses enfants pour celles qui en ont. Or, le Cameroun ne dispose pas assez de moyens pour s'occuper des OEV. Leur intégration sociale nécessite d'énormes moyens pour leur scolarité, leur nutrition, et leur santé. Ce refus de conception se justifie à deux niveaux, au niveau de l'enfant qui pourrait souffrir après la mort de sa mère, et au niveau de l'Etat qui pourrait être confronté aux difficultés d'insertion des OEV.

Ainsi,

Le problème est en partie financier. La pandémie est à la fois une cause et une conséquence de l'aggravation de la pauvreté dans le pays causée aussi par la dette extérieure qui(...) empêche les pouvoirs publics de remédier à la crise des orphelins 222(*)

C'est pour la sécurité de la mère et de son enfant que les professionnels de santé demandent à celle-ci d'attendre l'amélioration de son état de santé avant de concevoir. Une fois qu'elle a atteint le taux de lymphocytes requis, il lui sera présenté différentes possibilités des techniques de procréation sous TAR. Dans ce contexte, le désir d'enfant ne peut être résolu qu'avec l'adoption d'un enfant.

I.1.3. Différentes possibilités de procréation avec assistance médicale de la PTME pour les femmes à taux de CD4 élevé.

La procréation chez les femmes séropositives est conditionnée par une assistance médicale, en ce sens qu'elle dépend du statut sérologique des deux partenaires, du taux de CD4 de la femme et avant de concevoir, il leur est demandé de passer un certain nombre d'examens pré partum.

I.1.3.1. Procréation dans les couples concordants

Ici, il s'agit des couples dans lesquels les deux partenaires sont séropositifs. La procédure de procréation est particulière.

Dans la plupart des cas, lorsque les deux partenaires sont séropositifs, la grossesse est souvent déconseillée par les professionnels de santé à cause du risque que court l'enfant à venir en ce sens que, les femmes VIH sont susceptibles de développer des maladies mortelles liées au VIH223(*) pendant ou après la grossesse ; et même, la grossesse pourrait augmenter la mortalité des femmes infectées par le VIH et inversement, l'infection pourrait accroitre le risque de décès maternel. Généralement, dans ce cas, c'est l'adoption d'un ou des enfants qui est souvent recommandée.

Mais pour les partenaires qui désirent absolument faire un enfant, ils doivent impérativement passer par des examens de taux de CD4, de charge virale, le PU (pour le partenaire masculin) ou le PCV (pour la femme), puis les examens des IST.

Ensuite chez le partenaire masculin, un recueillement de sperme est accompagné d'un traitement ou d'un lavage dans un laboratoire dans le but d'obtenir la séparation des leucocytes infectés des spermatozoïdes, de les stériliser, et de détruire au maximum le nombre de virus contenu dans ce sperme car il contient les anticorps du VIH.

Quant à la femme, en dehors des examens qui lui sont recommandés à savoir, le contrôle CD4, de la charge virale, des IST, du PCV, la prise de température pour déterminer la période féconde. Puis, une insémination artificielle du sperme lavé est faite à l'aide d'une seringue (c'est-à-dire introduire ce sperme lavé dans le vagin de la femme pendant sa période féconde afin qu'il puisse avoir ovulation). Après l'insémination, la femme est placée immédiatement sous traitement pour celle qui ne l'était pas encore, mais pour celle qui suivait déjà son traitement, elle ne l'interrompt pas.

Cette méthode de procréation ne garantit pas toujours la protection de la transmission de l'enfant car elle ne détruit pas totalement les anticorps de VIH dans le sperme mais vise plutôt sa diminution à un pourcentage très bas224(*). C'est pour cette raison qu'avant d'y arriver les professionnels de santé veillent que les concernés aient une charge virale très faible voire même indétectable.

En 2000, sur 217 grossesses obtenues par insémination en Italie, seulement 172 enfants ont été découverts non infectés225(*). Ce qui revient à dire que lorsque les deux partenaires sont séropositifs les chances pour obtenir un enfant séronégatif sont réduites quelle que soit la méthode utilisée. C'est pour cette raison que dans certaines unités de prise en charge, il est souvent déconseillé à ces catégories de personnes de procréer.

Cependant dans les couples sérodiscordants, la méthode de procréation présente des éléments de différence.

I.1.3.2. Procréation dans les couples discordants

Les couples sérodiscordants sont des partenaires qui présentent des statuts sérologiques différents. Il peut s'agir d'un homme positif et d'une femme négative ou d'une femme positive et d'un homme négatif. A ce moment, les méthodes utilisées pour la procréation présentent des légères disparités.

Lorsqu'il s'agit d'un homme positif et d'une femme négative, les professionnels de santé procèdent également par insémination du sperme traité avec au préalable présentation des résultats des examens de la charge virale, du contrôle CD4, des tests d'IST, du PU. Ils peuvent également recourir à la fécondation in vitro (FIV) puis opérer au transfert d'embryon au lieu de procréer par insémination. Pour effectuer cette FIV, l'on effectue un prélèvement de sperme chez le sujet masculin, puis procède au traitement des ovules chez la femme afin de reproduire les conditions de fécondation en milieu stérile. L'embryon est par la suite transplanté dans l'utérus de la femme.

Une autre possibilité de fécondation chez les discordants (homme positif, femme négative) c'est permettre à l'homme, après avoir présenté les résultats de ses examens, d'entretenir des rapports sexuels non protégés le jour de l'ovulation. Mais cette méthode comporte trop de risques car quelle que soit la charge virale, le risque de contamination de la femme est réel étant donné que la morphologie sexuelle de la femme se présente comme un réservoir. Le sperme infecté va rester dans son « réservoir » et si elle a des lésions, elle sera infectée.

Lorsqu'il s'agit d'une femme séropositive et d'un homme séronégatif, la procédure de procréation est différente. Les examens de numération CD4, de charge virale, des IST, et le PCV sont recommandés chez la femme.

Lorsqu'elle présente un résultat de numération CD4 supérieur ou égal à 500 et une charge virale indétectable, le gynécologue leur demande d'entretenir des rapports sexuels non protégés uniquement pendant la période féconde et de continuer à se protéger après cette période. Le médecin autorise ces relations sexuelles non protégées à cette période parce que lorsqu'un séropositif présente une numération CD4 élevée, sa charge virale est indétectable, et le risque de contagion est réduit. Puis, il est recommandé à la femme de prendre un traitement ARV pré, per et post partum.

Dans le cas où une femme ne présente pas ces résultats ou a une numération CD4 inférieure à 500 alors elle présente des risques accrus pour la transmission du virus. A ce niveau, il y'a deux options :

soit le couple recourt à l'adoption des enfants ou s'ils insistent eux mêmes faire leurs enfants, le médecin met la femme sous traitement AZT si elle ne l'est pas encore avant qu'elle ne tombe enceinte puis, demande au couple d'entretenir des rapports sexuels protégés tout en utilisant un préservatif spécial qui ne contient pas des antiseptiques ensuite, on procède par insémination c'est-à-dire au recueillement du sperme du partenaire dans une seringue qui est introduite dans le vagin de la femme après le rapport sexuel. Ce rapport sexuel doit se déroulé au pic ovulatoire, affirme le DR YMELE FOUELIFACK226(*).

I.1.3.3. Pour les femmes séropositives déjà enceintes

Dans le cas où la femme découvre sa séropositivité déjà enceinte, la gestion de sa grossesse est toute particulière par le personnel médical. Selon le Dr YMELE FOUELIFACK,

Chez ces femmes déjà enceintes avant la découverte de leur séropositivité, la politique du Cameroun voudrait qu'elles soient placées à partir de la 28e semaine sous bithérapie pour baisser leur charge virale. Mais si elles présentent les signes cliniques, elles sont plutôt placées sous trithérapie. Lorsqu'elles entrent en travail, on évite que cette période ne soit longue parce que les contractions favorisent la transmission227(*) 

En général, chez toutes les femmes séropositives enceintes, un ensemble de précautions est pris de la grossesse jusqu'à la période post partum. Ainsi, les manoeuvres traumatiques qui peuvent favoriser le saignement sont évitées. Pendant le travail, le touché se fait chez ces femmes deux fois au lieu de quatre fois comme chez les femmes séronégatives.

Lors de l'accouchement, pendant la sortie vers la filière génitale, le personnel accoucheur nettoie l'enfant avec des antiseptiques comme le « Cytréal ou le Chlorexidine228(*) » pour diminuer le risque d'infection qui est de 10-20% pendant le travail et l'expulsion.

Après l'accouchement, l'enfant est mis sous traitement au plus tard dans les 72 heures qui suivent la naissance, ce qui dure 7jours pour l'AZT ou 1 mois pour la névirapine.

De manière générale, il est recommandé à ces femmes d'espacer les naissances pour permettre à leurs organismes de se régénérer. Ce qui les entraine dans une sorte de planification de naissance même sans le vouloir. Parmi les technologies de reproduction, les techniciens de soins recourent à la césarienne pour limiter la contamination. Une méthode qui présente assez de risques.

Ainsi, avec l'arrivée de l'AZT, des progrès de la PTME, les femmes séropositives parviennent à surmonter leur désir d'enfant car, c'était l'une de leurs préoccupations majeures. Mais seulement, les méthodes auxquelles elles sont confrontées ne leur permettent pas d'évacuer un certain nombre de contraintes qui sont d'ordre économique, affectif, familial, et culturel. Egalement, en temps de VIH, les grossesses ne se font plus de manière anarchique, il y a une planification des grossesses ou un espacement considérable pour permettre à la femme de remonter ses CD4 perdus lors de la précédente grossesse et l'allaitement. Cette avancée de la PTME se présente aussi au niveau de l'allaitement.

I.1.3.4. Traitement post partum des nouveaux- nés des femmes séropositives

Après la naissance du nouveau -né chez la femme séropositive, l'enfant est soumis à des consultations permanentes229(*) dans un centre de santé suivi d'un dépistage du VIH après 18 mois. Il lui est également administré un traitement prophylactique des IO à partir de 6 semaines de sa naissance, un traitement préventif du paludisme et un supplément en vitamine A et en fer.

Ce désir d'enfant au Cameroun est orienté par l'imaginaire social qui lui donne un certains poids social. Ce qui fait que toute femme qui veut exister socialement veut s'exprimer à travers sa maternité.

I.2. Le poids des représentations sociales de l'enfant

L'enfant en Afrique noire, a un poids social qui n'est plus à démontré. Il est à la fois une preuve de santé génésique de ses parents notamment pour sa mère, et constitue de ce fait un argument de réussite sociale et de gage d'avenir pour ses ascendants.

I.2.1.Enfant comme preuve de la bonne santé de la mère

En Afrique, la fécondité est une preuve ou un indicateur de fertilité ou de santé biologique des individus. Généralement, la santé de reproduction est toujours socialement évaluée chez la femme même si c'est l'homme qui est à l'origine de l'infertilité ou de la stérilité. Celui ci est souvent indexé lorsqu'il est impuissant et à ce moment la société saura que c'est lui qui est l'origine de l'infertilité.

Lorsque deux individus se mettent ensemble dans le cadre d'une union ou d'un mariage, si au bout d'une période, il n'y a pas de signe de grossesse, c'est la femme qui est interpellée. Même chez les filles qui ont un âge relativement élevé, malgré la scolarisation qui est souvent poussée, la professionnalisation, autres formes d'occupations, celles-ci sont très souvent l'objet des pressions, afin que celles-ci essayent de prouver leur féminité. A ce niveau, l'enfant apparait comme la matérialisation de la santé génésique des parents plus précisément de la mère. La société très souvent, lit la santé de l'homme au niveau de son aptitude à garder la femme. Elle suppose ainsi qu'une femme ne peut rester longtemps avec un homme qui « ne fonctionne pas230(*) » ou est impuissant sans se plaindre.

Lorsqu'une femme entre en union en Afrique noire, la société s'attend à ce qu'elle tombe enceinte dans une durée relativement courte. Cette situation non seulement rassure le partenaire de son choix, mais aussi permet à la famille, la belle famille et l'entourage de témoigner de la santé génésique parfaite de la femme.

Cette situation se vérifie également dans les circonstances de contraception en ce sens que, lorsqu'un couple à l'unanimité, décide de limiter ou d'espacer largement les naissances, c'est la femme qui est d'abord interpellée pour répondre aux questions de la famille, de la belle famille ou des chuchotements de l'entourage sur leur silence procréateur. Ainsi, l'enfant est perçu comme preuve de réussite sociale et gage d'avenir.

I.2.2.Enfant comme preuve de réussite sociale et gage de l'avenir

L'enfant occupe une place de choix dans les structures de l'imaginaire en Afrique noire quelles que soient les couches sociales. Il est source d'honneur pour ses parents. Ceux ci à travers leur progéniture reçoivent une nouvelle naissance et cette renaissance est consacrée dans la société par un changement symbolique de nom. Une personne ayant eu un enfant est rarement appelé par son nom. La naissance d'un enfant permet à l'individu d'accéder à un statut privilégié dans l'univers des valeurs sociales.

Ainsi, en Afrique noire, la fécondité s'inscrit dans une sorte de « code d'honneur ». Malgré de nombreuses transformations qui s'opèrent dans ces sociétés, l'enfant demeure une richesse. Chez les Bamiléké de l'Ouest Cameroun, le deuil d'un individu qui n'a pas d'enfant quelque soit son âge, se déroule avec légèreté. La durée des cérémonies funéraires est plus réduite et tout se passe comme si la société n'exprimait aucun regret à l'endroit du défunt. Une fois enterré, la société l'oublie, or si cet individu avait eu une descendance, celle-ci devait pérenniser son existence. D'après THEGHO, l'enfant permet d'« assurer l'immortalité des ascendants et perpétuer la lignée, constituer une main d'oeuvre et une assurance vieillesse, témoigner sa reconnaissance et sa gratitude, assurer un prestige social et la puissance de la famille »231(*).

Au niveau de la mère, il permet à celle ci d'accéder à un meilleur statut et constitue par ailleurs la condition de son insertion auprès de la belle famille ; car en Afrique, le mariage est à la fois une affaire d'individus et de groupes. La femme est toujours une étrangère tant qu'elle n'a pas encore remplit son contrat avec la belle famille c'est-à-dire accoucher. Ainsi, par sa descendance plus ou moins nombreuse, la femme devient membre à part entière de son lignage d'adoption.

Egalement, l'enfant constitue en même temps la condition de la survie des relations, et d'unions dans la plupart des cas, car son absence crée parfois des ruptures de couple ou d'union et la non application du système anthroponymique232(*). Une relation marquée par la présence d'une progéniture est difficilement tarissable car celle-ci emmène toujours les parents à se voire pour s'entretenir à son sujet.

Quant au système anthroponymique, il impose à l'Africain de faire des enfants pour ressusciter les morts, en leurs donnant les noms des défuntes personnes importantes de la famille. Cette pratique des noms donnés aux enfants impose à l'Africain de remonter aussi loin que possible son arbre généalogique, et, lui permet en même temps d'instaurer un lien d'attachement entre les enfants et leur lignage. Cette pratique a pour objectif le maintien du nom des ancêtres et à comme finalité la protection des enfants auprès de ceux-ci.

Dans la même lancée, l'enfant est considéré en Afrique noire comme un gage d'avenir ou un investissement à long terme, en ce sens que, c'est lui qui prendra la relève lorsque ses parents auront atteint le troisième âge, étant donné qu'ils vivent dans un contexte de pauvreté ambiante. A cet instant faire un enfant, c'est assurer sa sécurité sociale, car, c'est lui qui soutiendra ses parents lorsque ceux-ci ne parviendront plus à travailler ou à pouvoir s'occuper d'eux mêmes avec l'achat des médicaments en cas de leurs maladies, de l'assistance financière, matérielle ou nutritionnelle. C'est ainsi que le choix est souvent porté dans la plupart des sociétés africaines sur l'enfant de sexe masculin car « le garçon est celui qui reste et la fille, celle qui s'en va233(*) » c'est-à-dire que la fille est très souvent considérée comme une personne appelée à aller en mariage. Le garçon quant à lui perpétuera la lignée et deviendra le futur chef de famille. La religion et la société dans la plupart des cas valorisent le garçon en lui conférant le pouvoir de domination et certains privilèges politiques, économiques, sociaux et culturels. C'est ce qui explique la présence des grossesses supplémentaires dans certaines sociétés dans l'optique de faire des garçons. Comme l'histoire d'une femme rapportée par ISATOU TOURAY en ces termes :

Je ne suis plus la femme favorite parce que je n'ai que des filles et mes belles soeurs me rappellent sans cesse que j'ai été amenée dans la famille pour leur donner un héritier. J'aimerai avoir un garçon pour ne plus subir les violences verbales de ma belle famille234(*).

Ainsi, l'enfant (surtout le garçon) apparait dans la société africaine comme un argument qui permet à ses parents de s'affirmer et à la mère de garantir sa place auprès de son époux ou de son partenaire. Pour certaines femmes, une fécondité élevée est une stratégie qui, à long terme pourra leur permettre de s'affranchir d'une écrasante domination économique maintenue par des structures familiales inégalitaires. Ainsi, les enfants constituent pour leurs parents une source future d'avantages économiques. Demander à celle-ci de ne pas procréer, de retarder, de limiter les naissances ou de recourir à plusieurs conditions thérapeutiques posera à la femme séropositive des contraintes qui ne seront pas faciles à évacuer. Le principal souci de cette femme sera donc de prouver sa féminité à la société et de prendre en compte les recommandations médicales.

I.3. Allaitement et VIH au Cameroun

Selon, les recommandations de l'UNICEF et de l'OMS, tous les enfants de moins de six mois devraient être exclusivement nourris au sein jusqu'à six mois. Car, le lait maternel est à lui seul suffisant pour satisfaire aux besoins nutritionnels d'un nourrisson pendant cette période de sa vie. Il contient tous les éléments nutritionnels et les immunités requis. En plus d'être plus digeste pour le bébé, il est meilleur dans la promotion de sa croissance.

Le fait de commencer à allaiter dans les premières minutes de la naissance contribue à l'expulsion du placenta et réduit l'hémorragie chez la mère. Ce mode d'allaitement dès la naissance permet de garder le bébé au chaud et jette les bases requises pour un allaitement sain au cours des semaines et des mois à venir. De même, le colostrum qui est un liquide jaunâtre produit par les seins de la mère au cours des jours qui suivent immédiatement l'accouchement, apporte à l'enfant les immunités importantes et sert de laxatif naturel qui facilite les premières selles de ce dernier.

En outre, l'introduction trop précoce des aliments de complément n'est pas recommandée car, elle expose les nourrissons aux agents pathogènes et augmente ainsi leur risque de contracter des maladies, en particulier la diarrhée et la pneumonie. Cette situation peut être provoquée par l'utilisation du biberon mal nettoyé ou des tétines mal stérilisées qui sont à l'origine des troubles gastriques .C'est pour cette raison que l'utilisation du biberon est proscrite chez les jeunes enfants, en ce sens qu'elle est le plus souvent associée à une augmentation de risques de maladies.

Si des efforts ont été fournis pour que le bébé de la séropositive échappe à la contamination pendant la grossesse et l'accouchement, il n'en demeure pas moins que celui-ci a échappé à cette situation car, il peut être infecté par le virus pendant l'allaitement maternel. C'est pour cela que des précautions sont toujours prises par le personnel médical pour épargner le bébé de cette infection.

Dans les pays occidentaux, après l'établissement du statut de séropositivité d'une femme, la recommandation qui lui est donné par le personnel médical lorsqu'elle attend un enfant, c'est de ne pas allaiter l'enfant de son sein car, des études ont révélé que l'une des formes de transmission du VIH/SIDA de la mère à l'enfant se faisait par le lait maternel. Ce lait est substitué par le lait artificiel. Selon le Dr FOUELIFACK YMELE :

Le lait maternel d'une femme séropositive contient les anticorps du VIH/SIDA et est dangereux pour le nouveau né en ce sens que ce dernier peut avoir des lésions au niveau de la bouche ou dans le tube digestif .Ces lésions faciliteraient l'introduction des anticorps ou des germes du VIH dans le sang du nourrisson et développeraient une contamination de l'enfant c'est pourquoi en temps normal il est interdit à femmes dépistées séropositives de donner du lait provenant de leur sein au bébé.235(*)

Au Cameroun, cette mesure est difficile à appliquer à cause des conditions socio-économiques et culturelles des femmes séropositives qui ne sont pas homogènes.

Peu avant, compte tenu du risque que comportait le mode d'allaitement traditionnel, le personnel de santé demandait de recourir uniquement à l'allaitement artificiel.

Mais aujourd'hui, vu les avantages du lait maternel236(*), il est recommandé à toutes les femmes séropositives en général, et compte tenu des difficultés économiques associées à l'allaitement artificiel de recourir à l'allaitement au sein exclusif sans association des aliments de complément ou même de l'eau suivi d'un sevrage brusque à 4 ou 6 mois.

Pour l'ONUSIDA, il faut recourir à une alimentation de substitut237(*) quand elle est acceptable, faisable, pérenne et sans risques. Cependant, les femmes qui sont financièrement disponibles peuvent recourir à l'allaitement artificiel car avec l'allaitement au sein, le risque de transmission n'est pas totalement évacué, il est de 5-20%238(*).

A Yaoundé, le programme national du Cameroun recommande l'alimentation aux substituts du lait maternel à toutes les femmes séropositives, qu'elles soient en phase avancée ou non pour évacuer tout risque d'infection car, la possibilité de choix officiel du mode d'allaitement leur permettrait de s'appuyer sur des prétextes économiques pour contrer les contraintes sociales. Or, étant donné que ce mode d'allaitement nécessite beaucoup de précautions, il peut arriver des fausses manoeuvres de négligence avec pour conséquence la contamination de l'enfant. C'est pour cette raison que Madame Christine TCHOKOUTE réitère la proscription du lait maternel chez les séropositives tout en expliquant qu' : 

Il peut arriver que le bébé lors de sa gestuelle envoie le doigt dans sa bouche et se blesse ou qu'il ait des lésions au niveau du tube digestif ou encore que les pratiques qui consistent à frotter la langue du nouveau né pour la nettoyer de la couche blanche qui est signe de pathologie, ne se déroulent pas sans laisser des petites lésions au niveau de sa langue, il ne pourra pas dire à sa mère qu'il est blessé parce qu'il ne parle pas. A ce moment, il est exposé et lorsque le lait infecté viendra, la contamination sera évidente239(*)

Si une femme séropositive souhaite allaiter au sein, elle doit discuter des différentes options avec un prestataire de service de santé. Parmi ces options,

- Elle peut procéder à un traitement antirétroviral à la fois pour elle et/ou pour l'enfant durant la période de l'allaitement et ce mode est exclusif. Cependant, la durée d'allaitement autorisée se situe entre trois et six mois suivie d'un sevrage brusque afin de ne pas multiplier les risques de contagion qui est de 25 à 35%240(*). Ceci parce qu' « un arrêt précoce et complet de l'allaitement maternel réduit évidemment le risque de transmission du VIH en réduisant la durée d'exposition de l'enfant au VIH présent dans le lait maternel »241(*).

-Elle peut recourir au lait maternel exprimé et pasteurisé en extrayant son lait et de le traiter thermiquement242(*) avec interdiction stricte de ne pas y associer de l'eau car celle-ci peut comporter des particules de microbes pouvant créer des infections dans le tube digestif de l'enfant.

-Elle peut également choisir recourir à un allaitement par une nourrice c'est-à-dire donner son enfant à une autre femme pour nutrition à base de son sein.

-Elle peut toujours dans cette optique recourir au lactarium ou aux banques de lait.

Une autre option est le recours au substitut du lait maternel 243(*) qui est sans danger244(*) pour l'enfant en ce sens qu'il ne peut pas transmettre le virus du VIH1.

Pour les femmes ayant un nourrisson, parvenues au stade clinique C de la maladie c'est-à-dire qui sont avancées dans la maladie et ont une numération CD4 faible, il n'y a pas de choix à opérer. L'unique recours est la cessation complète de l'allaitement maternel à cause de leur charge virale élevée ; et plus la charge virale est élevée, plus il y a risque de contamination sauf dans le cas des femmes infectées au VIH2 car jusqu'à nos jours, aucune étude n'a révélé que l'allaitement à VIH2 transmettait le virus à l'enfant245(*).

L'autorisation à l'allaitement maternel est aussi tributaire de l'alimentation de la femme séropositive.

I.3.1.Alimentation et procréation

Le discours biomédical tourne aussi autour de l'alimentation de la personne infectée car il existe un rapport de consubstantialité entre l'alimentation d'un individu et sa santé procréative (de la grossesse à l'allaitement).

Les personnels de la prise en charge de PVVIH recommandent une alimentation saine et équilibrée en ce sens qu'une alimentation déséquilibrée et souillée augmenterait d'autres microbes dans l'organisme de la PVVIH, or elle est suffisamment immunodéprimée, fragile et exposée à plusieurs coïnfections qui peuvent l'emporter à tout moment.

La principale recommandation est la consommation des aliments riches en vitamine A car, elle est nécessaire au développement et à la conservation du tissu épithélial des appareils digestif et respiratoire. La vitamine A est stockée par le foie, mais lorsqu'elle est de faible quantité, les conséquences deviennent manifestes au niveau de la mère et de l'enfant.

Chez la femme enceinte qui présente des carences en vitamine A, elle court un risque accru de mort durant l'accouchement ou juste après. C'est pour cette raison que l'alimentation est l'un des facteurs importants dans la vie génésique des femmes et en particulier celles atteintes par le VIH. Or, la grossesse et l'allaitement réduisent les réserves en vitamine A chez toutes les femmes.

Chez l'enfant, la carence en vitamine A provoque des lésions oculaires et entraine une moindre résistance aux maladies infantiles.

De même, une alimentation saine et équilibrée participe au renforcement et au remplacement du lait absorbé par le bébé pour des femmes qui choisissent d'allaiter. Elles doivent non seulement manger qualité mais aussi quantité pour assurer leur ration alimentaire plus exigeante et pour le nourrisson. C'est pour cela que le major EBALLE demande à ces femmes de,

Manger beaucoup, pas parce qu'elles ont faim mais parce que l'organisme en a besoin. Il faut manger pour trois personnes et non pour une ou deux. Et de préférence des aliments riches en vitamine A, en fer. Cela participerait à réduire certaines maladies ou carences chez les enfants comme la cécité, le goitre, le crétinisme, l'anémie ou l'affaiblissement du système immunitaire246(*).

L'organisme étant comme un système qui, en situation d'attaque quelque part, présente un dysfonctionnement total ; par exemple certaines maladies ou infections alimentaires peuvent provoquer ce dysfonctionnement surtout chez la femme qui allaite au sein.

En situation de VIH/SIDA, l'organisme ne dispose plus assez de CD4 pour combattre les maladies ou les infections, ce qui rend l'organisme de l'individu infecté fragile. Il doit prendre les médicaments dans le but d'accroitre son taux de CD4 pour renforcer son système immunitaire qui est déjà insuffisant et des aliments qui vont l'aider à se maintenir étant donné que l'allaitement épuise la femme. A ce stade, elle est tiraillé entre l'alimentation de son enfant et la sienne qui n'est pas déjà suffisante. C'est pour cette raison qu'elle ne doit pas consommer des aliments qui sont de nature à la détruire.

Une alimentation saine et équilibrée permet à la personne infectée, non seulement de réduire les microbes dans son organisme, mais aussi de susciter un apport nutritionnel riche en vitamine dans l'optique de renforcer ou de solidifier son organisme.

En outre, certains médicaments sont très actifs au point où leurs prises nécessitent d'abord une bonne alimentation. Ceci parce qu'ils ont des effets secondaires comme des nausées, des diarrhées, des maux de tête, et des effets toxiques tels que l'hépatite, les problèmes rénaux ou risque accru des problèmes cardio-vasculaires et des troubles digestifs. Certains de ces effets secondaires peuvent amener la PVVIH à éprouver un dégout pour les rapports sexuels ou à interrompre les médicaments.

Or, l'interruption des médicaments avec pratique des rapports sexuels constitue un risque accru pour la PVVIH et son partenaire. En ce sens qu'en absence des médicaments, la charge virale s'accroit et le risque de contagion ou la réinfection est très accru.

Lors de notre enquête, nous avons assisté à plusieurs cas d'interruption des médicaments à cause d'une sous alimentation. A l'UPEC du CMPY, nous avons rencontré madame Pasma AHMADOU, 26 ans, de religion musulmane qui ne prenait pas suffisamment ses médicaments. Elle devait apporter six comprimés lors de son rendez-vous mais elle en a présenté quinze(15). Comme argument justifiant son interruption, elle nous a dit que ce produit la menaçait. Elle nous a également avoué qu'elle faisait le jeun de Ramadan247(*). Or, madame EBALLE, son traitant lui avait préalablement refusé de faire le jeun. Elle s'est justifiée en ces termes :

J'habite une cour commune. Il est inadmissible chez nous qu'une personne en santé physique ne fasse pas le Ramadan. Il est dit dans le Coran que, ne doit interrompre le jeun qu'une personne qui est gravement malade ou une femme en période de menstruation. Or, tout le monde me voient bien portante, je n'aurais pas de justification à leur donner248(*)

Ainsi, le désir d'enfant chez les femmes s'accompagne toujours d'un certain nombre de dispositions cliniques. C'est pour cette raison que lorsque les femmes sous traitement expriment ce désir, les personnels sanitaires leur demandent d'attendre la montée du taux de CD4 et voir si elles peuvent satisfaire aux exigences thérapeutiques. Or parfois, elles ne peuvent pas attendre à cause de certaines contraintes socioculturelles qu'elles doivent satisfaire.

II. FEMMES SEROPOSITIVES ENTRE CONTRAINTES AFFECTIVES, FAMILIALES, SOCIALES, ECONOMIQUES ET CULTURELLES

La procréation en temps de VIH malgré les avancées de la recherche au niveau de la PTME s'accompagne toujours d'un certain nombre de contraintes au Cameroun. Ces contraintes peuvent être lues au niveau affectif, familial, social, économique ou culturel. Ces difficultés que rencontrent les femmes séropositives ne leur permettent pas d'appliquer les recommandations formulées par les professionnels de santé. Cette situation entraine ainsi, l'avancée de la pandémie avec la croissance des cas d'infection et de réinfection.

II.1.Procédures de conceptions et difficultés familiales, économiques et culturelles

Avec les nouvelles techniques de procréation, les personnes infectées connaissent encore de nombreuses difficultés liées à leur praticabilité.

II.1.1.Femmes séropositives entre Procédures de conceptions et contraintes socio-familiales

Sur le plan familial, la méthode proposée par la PTME est truffée de plusieurs difficultés liées au partage de l'information, à la pression familiale. Pour les femmes qui n'ont pas annoncé leur statut à leurs partenaires, elles ne disposent pas généralement d'argument pour demander à ceux-ci d'utiliser un préservatif puis procéder à l'insémination à partir d'une seringue. C'est pour cette raison que certaines d'entre elles continuent à entretenir des rapports sexuels non protégés. Comme nous a affirmé Mme 7177/03 rencontrée au CTA de l'HMY attendant ses médicaments :

Je n'ai jamais parlé de ma situation à mon mari parce que c'est un monsieur difficile. Et si subitement je commence à utiliser le préservatif ou à pratiquer la méthode qu'on nous a enseignée ici, il va me taxer de sorcière et me chasser. Je préfère me taire car je sais que c'est lui qui m'a contaminé. Et aussi, je suis déjà un cadavre ambulant je n'ai plus peur de rien, je préfère rester dans mon foyer et garder mes enfants car je ne vis que pour eux249(*).

Pour des femmes qui n'ont pas eu à informer leurs partenaires de leur séropositivité, elles sont confrontées à la difficulté liée à la demande d'enfant par ceux-ci. Généralement dans la plupart des pays subsahariens, la demande d'enfant est souvent impulsée par l'homme. Certaines femmes n'ayant pas suffisamment d'arguments, ne peuvent pas convaincre leurs partenaires d'attendre. Car, nous avons vu plus haut que la procréation chez les femmes séropositives est conditionnée.

De même lorsque le mari est informé de la sérologie de son épouse, il existe toujours une pression au niveau de sa famille ou de sa belle famille de faire un autre enfant. Pour des femmes qui ont encore un taux de CD4 en dessous de la norme thérapeutique pour la conception, elles sont butées par d'autres formes de pression familiale. Car, étant enceinte, la femme se partage son taux de CD4 avec son foetus. A moins de 500 de CD4, elle est très fragile et risque perdre sa vie pendant la grossesse, lors de l'accouchement suite à son état d'immunodépression. Pendant notre enquête à l'UPEC du CMPY, nous avons entendu la major EBALLE, gronder une de ses patientes qui est tombée enceinte alors que son taux de CD4 était à 250 mais développait une TB. Celle-ci alors d'un regard pensif et désespéré s'est mise à pleurer. Ce qui montre que l'idée de tomber enceinte ne dépendait pas d'elle mais d'une autre personne qui pourrait être son partenaire, sa famille ou sa belle famille. Si elles ont des infections opportunistes, le personnel médical leur demandera d'attendre. Cette attente constitue généralement un motif de suspicion dans la famille.

Pour des femmes qui décident de respecter cette consigne médicale, elles ont des difficultés à trouver des partenaires qui acceptent leur faire des enfants dans cette condition. C'est pour cette raison que Mlle 299/09 a affirmé qu' :

Avant de trouver un gars qui a accepté faire un enfant avec moi, j'ai dû aller à trois gars car lorsqu'un d'eux m'abordait et je lui parlais de mon problème il s'éclipsait sans hésitation. Le premier avait fait semblant de compatir à ma souffrance lorsque je lui avais annoncé ma séropositivité trois mois après et s'est retiré en évoquant un voyage fictif. Le second, quant à lui, j'ai émis juste le voeu d'avoir un enfant de lui et le reste allait me regarder. Il m'a répondu qu'un enfant ça peut attendre. Et c'était son départ. Quant au père de mon enfant, il a accepté parce qu'il a fait beaucoup d'études et connait les modes de transmission du VIH250(*).

Quant à Mme ADA Solange, elle nous a affirmé sa discrétion en ces termes :

J'avais conçu de manière discrète en procédant moi-même à l'insémination. Si je parlais de ça au père de mon enfant, il allait avoir des doutes sur moi. J'ai apprêté une seringue, après notre rapport, je lui ai enlevé la capote pour aller mettre à la douche où je devais me nettoyer et une fois là bas j'ai procédé à l'opération. Quand il a constaté que j'étais enceinte alors qu'on utilise toujours le préservatif, il a pensé que je l'avais trompé. Mais cependant, j'ai émise l'hypothèse que le préservatif était peut être défectueux. Un médecin qui était son voisin a confirmé cette hypothèse251(*).

En outre, « le fait d'aller à l'hôpital tout le temps rend le malade suspect et le rend aussi visible252(*) ». Étant donné que dans la procédure de conception telle que stipule le discours biomédical, les partenaires ont des examens à passer. Ces examens ne sont pas fais en un jour avec le retrait des résultats. Des rendez-vous avec le gynécologue dans la cadre du traitement du sperme pour les hommes infectés et à l'insémination chez la femme peuvent créer un climat de suspicion surtout pour des partenaires qui vivent dans une maison commune. En Afrique et surtout au Cameroun, lorsqu'un individu dit qu'il va à l'hôpital, et surtout si c'est récurrent, la société commence à douter de lui.

II.1.2. Des méthodes de conception contradictoires aux habitudes traditionnelles de la sexualité et de reproduction en Afrique

En Afrique noire, la procréation passe par des rapports sexuels naturels. Lorsqu'un individu entretient des rapports sexuels avec sa partenaire (surtout pour les couples mariés) il sait qu'il le fait dans le but de faire l'enfant. Le fait d'entretenir des rapports sexuels naturels est une preuve que sa partenaire lui appartient. Le fait de recourir aux méthodes recommandées par la PTME apparait un peu contraignant chez certaines personnes. L'Africain étant très lié à sa culture, recourir à tout moment aux nouvelles technologies de procréation s'appréhende chez certaines personnes comme de l'artificiel. Or, certains Africains n'aiment pas des pratiques artificielles surtout en matière de sexualité, car cela fait de la femme, un objet de plaisir.

« De façon générale, ces normes sont sous tendues par l'idéologie de la planification familiale et de la parenté responsable253(*)» c'est-à-dire que la fécondabilité de la femme dans ce contexte est orientée vers le malthusianisme. Or en Afrique, il existe encore dans certaines sociétés des représentations sociales selon lesquelles c'est Dieu qui donne l'enfant. Le fait de vouloir espacer les naissances peut apparaitre aux yeux de la société comme un signe d'abandon du seigneur. En Afrique, certaines personnes pensent que c'est lui qui donne les enfants et c'est lui qui arrête la procréation. Il n'est donc pas nécessaire de vouloir le faire par le canon des personnels de santé. Le fait même de vouloir respecter ces logiques médico-sanitaires peut participer à la paupérisation de certaines personnes qui sont financièrement démunies.

II.1.3.Une procédure économiquement contraignante

La procréation chez les PVVIH telle que recommandée par la PTME est un peu contraignante notamment sur le plan financier. Pour prétendre à une grossesse, il y a des examens préalables à faire.

Dans les couples concordants, les deux partenaires doivent faire ces tests. Pour l'homme, il doit faire le PU qui coute environ 9750 francs CFA254(*), la charge virale (16 000 francs CFA), le test des IST et MST ( syphilis qui coute environ 7500 francs CFA, chlamydiae qui lui coute entre 5000 et 8000 francs CFA), le lavage de sperme ou le spermogramme qui est estimé à environ 9060 francs CFA et chez la femme infectée, elle doit aussi elle-même faire le PCV et l'antibiogramme (9750 francs CFA), le contrôle CD4 (environ 2500 francs CFA lors qu'il est subventionné par le CNLS).

Quant aux couples discordants, seul le partenaire infecté est tenu de faire ces examens.

De ces montants liés aux examens, il ressort que le non respect des techniques de la PTME est très souvent lié au manque de moyens financiers car, l'enfant devient l'apanage des PVVIH qui ont des moyens financiers. Ceci pourrait même aussi justifier le fait que certaines femmes camouflent leurs statuts sérologiques. Car, certains hommes conscients des dépenses qui sont liées à la procréation chez les femmes séropositives préfèrent les fuir. Or, la plupart des pays africains tout comme le Cameroun traverse depuis les années 1980, une période de crise économique. Nombreuses sont des personnes qui vivent dans la précarité, pire encore si ces formes de dépenses s'ajoutent dans leur vie.

Quant à certains couples concordants, conscients des dépenses qui, sont liées à la procréation (pire encore s'il y recourt à la césarienne), préfèrent utiliser des méthodes classiques. Ceci parce qu'ils sont confrontés à des contraintes sociales et leurs moyens ne leurs permettent pas d'attendre ou de ne pas en faire. Pour eux, ne pas faire des enfants c'est une manière de faire naitre la suspicion au sein de la société qui attend ceux-ci pour attester leur santé.

II.2.Allaitement et difficultés affectives, familiales, culturelles et économiques

Dans les pays du nord, la substitution du lait maternel avec le lait artificiel est une stratégie de limitation de la transmission du VIH au nouveau né, or dans les pays du sud, on assiste à des difficultés liées à des obstacles socioculturels et économiques.

En 2001, on estimait à 800 000 enfants infectés par VIH parmi lesquels plus de 90% d'entre eux vivent dans les pays aux ressources limitées. 1/3 de cette contamination serait imputable à l'allaitement.

II.2.1.Modes d'allaitement en temps de VIH et contraintes économiques

Dans la prévention de la transmission du VIH par l'allaitement, les pays du Nord et ceux du Sud ne présentent pas les mêmes stratégies de lutte à cause des logiques socioculturelles et économiques différentes.

Dans les Pays industrialisés dés qu'il a été démontré que le VIH pouvait être transmis au nouveau-né lors de l'allaitement , il a été recommandé aux femmes infectées par le VIH d'allaiter artificiellement leurs enfants(...)Dans les pays en voie de développement , l'accès à l'eau potable n'est pas assuré , et où les conditions d'hygiène sont précaires, il a été démontré que l'allaitement artificiel était associé à un risque accru de morbidité et de mortalité par diarrhée ou malnutrition, alors que l'allaitement au sein , d'un cout minimal ,assurait au nouveau-né une protection vis-à-vis de nombreuses maladies infectieuses, un apport nutritionnel optimal , renforçait la relation mère- enfant ,tout en favorisant l'espacement des naissances255(*)

Pour les femmes ayant choisi d'allaiter exclusivement leur enfant au sein, certaines d'entre elles sont confrontées à des difficultés liées à l'alimentation. Elles ne doivent que donner de leurs seins au bébé sans eau ni autre boisson sauf des médicaments en sirop si les professionnels de santé font des prescriptions. Le lait maternel devient pour l'enfant son eau et sa nourriture. Or, lorsque le bébé traverse une poussée de croissance, il demande davantage d'allaitement. Ces poussées de croissance se produisent généralement selon Mme EBALLE, « aux environs de trois semaines, six semaines, trois mois et six mois256(*) ». Ce qui entraine des pertes énormes chez la mère. Ainsi, elle doit bien s'alimenter pour compenser les pertes dues à l'allaitement et assurer la pérennité du lait. Or, au Cameroun, plusieurs ménages font face à la crise économique qui a une influence non négligeable dans leur alimentation.

Dans les métropoles camerounaises et précisément à Yaoundé qui est formé des populations allogènes, nombreuses sont celles qui se nourrissent des produits dont l'origine est commerciale. Face à des difficultés liées à la rareté ou à la flambée des prix des denrées de première nécessité, certaines femmes ne parviennent pas à opérer une consommation de qualité et de quantité. Ce qui a des conséquences non négligeables sur leur état de santé à savoir la baisse de leur taux de CD4 et l'exposition aux IO. A ce niveau, il ya risque d'amaigrissement de la mère qui peut la conduire vers le stade C de la maladie.

En outre, le sevrage brusque recommandé par la PTME pour limiter le risque de contagion devrait s'accompagner d'une alimentation de compléments riche et équilibré afin que le nourrisson ne puisse pas ressentir un déséquilibre nutritionnel lié au sevrage. Mais dans les populations économiquement démunis, les aliments de compléments sont souvent pauvres du point de vue nutritionnel. Ce qui peut entrainer chez le nourrisson des maladies liées à la carence ou à une malnutrition. Or, cette sous alimentation ou malnutrition du bébé peut entrainer des maladies257(*) qui vont contribuer à alimenter le climat de suspicion dans la société.

Quant aux femmes qui n'ont pas un taux de CD4 leur permettant d'allaiter, la PTME recommande l'allaitement artificiel. La difficulté qui ressort de ce mode d'allaitement est qu'elle est couteuse.

Pour des femmes qui donnent du lait de vache ou de chèvre à leur enfant, il y a un risque de rupture d'approvisionnement. Etant donné que dans les centres villes ou plus particulièrement à Yaoundé où les points d'élevage ne sont pas très récurrents, les femmes peuvent être butées à la difficulté d'approvisionnement. Or, au Cameroun, le prix d'un produit est généralement fonction de sa disponibilité. Ce qui fait que vu sa rareté, le prix est exorbitant.

En ce qui concerne le lait maternisé artificiel, il est présent dans tous les rayons commerciaux mais il s'apparente à un mode d'allaitement élitiste en ce sens que non seulement il est coûteux mais sa préparation nécessite un certain nombre de conditions d'hygiène. En ce qui concerne son coût, il varie en fonction de la marque et de l'endroit258(*) où il est vendu. On peut l'avoir dans des boutiques, des supermarchés, des pharmacies à des prix se situant entre 1800 à 3000francs CFA la boite. Il peut être associé à d'autres aliments de nourrisson fait à base de blé, de riz ou d'autres céréales toujours disponibles en boite. Dans le cas où l'enfant est nourri au biberon, il peut prendre en moyenne 3 à 4 boites259(*) par mois. Ce qui pourrait constituer une difficulté pour des femmes n'ayant pas assez de moyens financiers. Surtout que pour madame Solange BEKOMO,

Les hommes ne soutiennent pas les femmes dans ce mode d'allaitement. Ils acceptent parfois à condition que les dépenses soient partagées entre les deux partenaires. Comme mon cas je m'étais entendu avec le père de mon enfant pour partager les dépenses destiner à acheter le lait de notre enfant. Ainsi, chaque fin du mois, chacun de nous savait combien il devait contribuer pour la nutrition de l'enfant.260(*)

De même ce mode d'allaitement est souvent associé à un autre type de difficulté lié à l'approvisionnement en eau potable. Yaoundé tout comme de nombreuses localités du Cameroun ou des villes du Sud, est très souvent confronté à des problèmes d'approvisionnement en eau potable261(*).

L'eau salubre est un facteur fondamental de la santé. Or, une grande partie de la population n'a pas accès à de l'eau salubre en Afrique subsaharienne. L'insuffisance des systèmes d'assainissement et d'évacuation des matières fécales complique les données du problème, notamment dans les régions rurales et les bidonvilles situés à la périphérie des villes où les infiltrations et les eaux de ruissellement peuvent contaminer les étangs, les cours d'eau et les rivières.262(*)

Ainsi, pour la préparation du lait artificiel, un certains nombre de conditions d'hygiène doit être respecté. A défaut de l'utilisation de l'eau minérale qui n'est pas accessible à tout le monde à cause de son coût au Cameroun, il faut traiter de l'eau soit en la chauffant, en la filtrant ou en la javellisant. Or, nombreuses sont des femmes qui ne savent pas traiter de l'eau. Pour elles, lorsqu'une eau est claire, elle est buvable. Ces eaux généralement sont de grands dangers pour l'enfant qui, a un organisme encore très fragile et en l'absence du lait maternel comportant des substances d'immunité naturelle, il y a risque que ce dernier soit à la merci des maladies causées par l'eau sale. Car, il existe des microbes qui, même après élévation de la température sont résistants. Ces maladies occasionnées par les eaux sales risquent appauvrir d'avantage les PVVIH suffisamment pauvres à cause des aléas de la prise en charge.

II.2.2.Création d'un vide affectif entre la mère et l'enfant

Par l'allaitement maternel, l'enfant développe un comportement d'attachement vis-à-vis de sa mère. Par attachement, il faut entendre le lien affectif d'une personne avec une autre263(*). Dans ce cas, il s'agit du lien réciproque qui nait entre la mère (ou la nourrice) et l'enfant suite à la satisfaction des besoins de nourriture. Les effets de carence maternelle dus à la restriction de l'allaitement au sein peuvent générer des conséquences importantes sur les comportements futurs de l'un et de l'autre.

L'allaitement maternel est une période qui va de la naissance jusqu'à environ un à deux ans parce que « une fois l'enfant venu au monde et nourrit de son premier lait, la mère et l'enfant se partagent chaque instant de la journée et de la nuit pendant une période264(*). » Dans le cas où il est exclusif, il est compris entre zéro à quatre ou six mois au moins. Période pendant laquelle l'enfant dépend exclusivement de sa mère ou de sa nourrice. Ici cet allaitement a deux fonctions à savoir : la fonction utilitaire et la fonction ludique. Au niveau de la première, l'on note que le sein est en même temps un repas, une boisson et un médicament pour le N-né. Au niveau de la seconde, l'on relève que le sein est en même temps un objet de distraction pour l'enfant. Etant donné que sa mère lui met du sein quand il a faim ou soif dans la bouche ou même lorsqu'il veut être flatté, il développe une faculté de reconnaissance de sa mère ou de sa nourrice suite à son odeur qu'il a toujours l'habitude de humer. L'odeur de sa mère ou de sa nourrice lui fait développer un amour particulier parce que lors qu'il a faim ou soif c'est cette odeur qui lui donne à manger.

Cet amour va s'intérioriser dans la partie intégrante de l'enfant au point où il va grandir avec cela comme une partie de lui. Ce qui fait que même lorsque devenu grand, il va manifester un amour continuel pour sa mère ou sa nourrice.

Il existe un système de communication entre la mère ou la nourrice et l'enfant à partir du sein. Généralement, certaines femmes ressentent le désir de tétée de leurs enfants à travers les seins car, lorsque ceux-ci ont faim, leurs mères ressentent une douleur au bout de leurs seins.

Dans le cas où cet allaitement est proscrit, puisqu'il est recommandé de donner des aliments de substitut à l'enfant lorsqu'il est faisable, fiable, pérenne, l'enfant ne connaitra pas cette odeur maternelle et par conséquent ne manifestera pas le même degré d'attachement que les autres enfants qui ont été allaités au sein vis-à-vis de leurs mères. Cette situation ira jusqu'à avoir des répercussions dans la société.

En outre, si l'enfant est allaité par sa nourrice, il y a risque que celui-ci ne manifeste qu'un attachement envers sa nourrice au détriment de sa mère biologique.

II.2.3.Allaitement et société

Les sociétés africaines sont caractérisées pour la plupart par une solidarité mécanique manifestée au niveau phénoménal.

En effet lorsqu'une femme accouche, elle reçoit des visites non seulement des membres de sa famille, de sa belle famille mais aussi de son entourage (amis, voisins...). Ces personnes au cours de leurs visites exercent deux fonctions : l'une au niveau patent et l'autre au niveau latent265(*).

La première fonction qui s'apparente comme patente est la fonction d'assistance en ce sens que ces personnes viennent témoigner à l'accouchée, leur affection, leur soutien et leur sympathie car, l'accouchement en Afrique est un événement qui se célèbre souvent. Ceci parce que la femme a traversé une étape de risque qui pouvait l'emporter.

La deuxième fonction (latente) qui met en exergue la pseudo solidarité mécanique266(*) évoquée plus haut est la fonction d'espionnage et de vérification. Parmi les visiteurs, certaines personnes viennent vérifier si la mère et le bébé sont bien portants. Cette vérification se lit à plusieurs niveaux parmi lesquels on peut citer la forme de l'enfant, sa ressemblance et son mode d'allaitement. Etant donné que les sociétés africaines pour la plupart sont dans un contexte de soupçon permanent, ou de la prédominance du « je » c'est-à-dire que certaines personnes se plaisent à voir les autres souffrir et vouloir être les seules à être contentes ou à avoir des enfants en bonne santé, lorsque la mère ne donne pas de son sein à l'enfant, elle est entourée de soupçon si elle ne produit pas d'arguments valables. Cette situation pousse certaines femmes séropositives à développer des stratégies pour contourner les normes.

En Afrique, l'allaitement maternel a une valeur sociale et une multitude de symboles. Il est la preuve de la santé de la mère, c'est-à-dire qu'elle n'a aucune maladie parce qu'il est non seulement produit par le corps mais aussi, il est une substance qui sera intégrée dans les représentations du corps267(*).

Dans la même lancée, il inscrit l'enfant dans la parenté en créant un lien social, car il existe une parenté de lait. C'est pour cette raison que MADINA QUERRE affirme que « des enfants qui ont tété le même sein ne peuvent jamais se marier. Un lien de parenté direct est alors établi entre les deux enfants. (...) La filiation par le lait est alors privilégiée au détriment de celle parle sang.268(*)»

De même, l'allaitement symbolise le lien non seulement entre l'enfant et sa mère mais aussi avec celui-ci et ses frères et soeurs. C'est ce qui explique la proximité affective entre les frères et/ou soeurs germains ou utérins que les frères et /ou soeurs consanguins.

Il donne également une force sociale à l'enfant car généralement, les conceptions populaires disent qu'un enfant nourrit au sein est plus considéré qu'un enfant nourrit au substitut de lait. Lorsqu'une femme nourrit un enfant au sein, c'est une preuve que l'enfant lui appartient sauf en cas de décès de celle-ci ou de maladies graves qui poussent des nourrices à faire un lavage de sein pour nourrir l'enfant.

C'est ainsi que voulant contourner cette situation, plusieurs femmes évoquent l'idée de leur profession, c'est le cas de madame SIM Judith qui avait déclaré à son entourage qui lui faisait pression d'allaiter qu'elle travaille et que si elle habituait son enfant à prendre les seins, il y avait risque que celui-ci s'y adapte et refuse le biberon quand elle allait reprendre le travail.

D'autres femmes ou filles quant à elles évoquent l'idée de vouloir préserver leur jeunesse en gardant leur sein en forme comme le cas de Manuela. Cet argument passe généralement avec des filles qui sont encore sur les bancs ou qui sont encore célibataires. La société tolère parce qu'elle estime que la fille n'a pas assez de temps pour allaiter le bébé ou dans l'autre cas, on estime que l'allaitement est souvent source de détérioration de la morphologie de la femme. Or étant célibataire, elle désire se maintenir pour ne pas compromettre ses chances pour le mariage.

Par contre certaines d'entre elles évoquent les maladies fictives de seins. C'est à ce titre que Mme Christine TCHOKOUTE a affirmé qu' :

Il y a des filles qui frottent du mercurochrome sur le bout de leur sein et disent qu'elles ont été blessées. Mais d'autre ne s'en sortent pas. C'est le cas d'une jeune fille qui avait fait l'enfant avec un gars Bassa, elle lui a dit qu'elle avait des problèmes de coulée de sein et de peur que son partenaire aille faire quelque chose qui allait avoir des répercussions sur sa santé a finalement dit la vérité à ce dernier. Ce qui a entrainé une rupture de leur relation.269(*)

Pour les femmes ayant informé leur partenaire et que généralement c'est l'homme qui couvre sa femme en disant que c'est lui qui achète le lait.

Ainsi, il ressort de cette situation que certaines femmes malgré les arguments avancés, ne parviennent pas à évacuer certaines contraintes. Ce qui fait que pour celles qui ne parviennent pas à évacuer préfèrent donner leur sein à l'enfant pour échapper à la suspicion.

Pour des femmes qui ont recours à la nourrice pour l'allaitement de leurs enfants, d'autres difficultés se posent au niveau de la mère et de la nourrice.

Au niveau de la mère, elle est exposée à un risque de stigmatisation car étant en vie et n'étant pas couchée sur un lit de malade ou n'ayant pas des problèmes de seins, la société peut considérer cette attitude comme la résultante de la maladie de la mère.

Au niveau de la nourrice, si elle connait la véritable raison pour laquelle la mère biologique n'allaite pas, elle peut penser à un risque de contagion si le résultat de test de l'enfant n'est pas préalablement présenté.

En définitive, « l'angoisse de mourir sans avoir rien fait »270(*) est le principal sentiment chez les PVVIH. C'est pour cette raison que le désir d'enfant semble être la principale préoccupation chez ces femmes. Cette préoccupation leur permet non seulement de ne pas perdre leur considération ou reconnaissance sociale mais aussi leur permet de retrouver l'espoir qu'elles sont encore des personnes comme les autres. Cependant « Contrairement aux valeurs traditionnelles, la mise sous traitement apparait comme une perspective de construction d'une nouvelle identité sexuelle et reproductive.271(*) » Ces femmes recherchent au quotidien des stratégies pour affirmer leur existence sociale.

CONCLUSION

En définitive, au sortir de ce travail de recherche s'intitulant « les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun », notre préoccupation était de savoir : Quels sont les enjeux qui sous-tendent les comportements sexuels et reproductifs des femmes séropositives placées sous traitement antirétroviral au Cameroun ?

Notre démarche qui se voulait beaucoup plus interdisciplinaire nous a permis d'avoir un échange avec les populations cibles. Notre série d'entretien avec les femmes séropositives et les professionnels de santé, nous a permis de constituer un corpus empirique intéressant. A l'aide de ce dernier, nous avons pu vérifier nos hypothèses de recherche après une analyse basée sur l'imaginaire social. Ainsi, il ressort que les comportements sexuels et reproductifs des séropositives sous traitement antirétroviral ne concordent pas toujours avec le discours biomédical en raison des logiques socioculturelles, familiales, économiques et religieuses qui font obstacles chez la plupart d'entre elles. Les résultats de cette recherche ont été présentés en deux parties.

La première partie s'intitulant : « De la découverte du statut de séropositivité des femmes à leur prise en charge » se subdivisait en deux chapitres.

Le premier a fait état des circonstances de découverte de la séropositivité de ces femmes. Des données récoltées ont montré qu'elles sont nombreuses. La plupart d'entre elles se sont découvertes infectées au cours des consultations prénatales car, le test de dépistage à ce niveau constitue l'une des conditions sine qua non pour le suivi des femmes enceintes. Quant aux autres, elles se sont découvertes infectées lorsqu'elles développaient des pathologies ou infections opportunistes. Une autre catégorie des femmes infectées a découvert son statut sérologique après le décès du conjoint ou d'un enfant. Cependant, une petite tranche de femmes interrogées s'est découverte infectée après le passage d'un test volontaire. Mais un test pseudo volontaire car, certaines d'entre elles étaient contraintes de le faire à cause des voyages ou des mariages. Des ratios des circonstances de cette découverte, il apparait que malgré les campagnes de sensibilisation axées sur la promotion des tests272(*) et de la connaissance du statut sérologique, les Camerounais en général développent une résistance vis-à-vis des tests. Cette situation traduit la peur qui réside en les Camerounais, car « la communauté perçoit le VIH comme une maladie occulte 273(*)» (...) donnant un caractère stigmatisant à la maladie. Ce qui fait que les individus ont peur de se retrouver dans une autre catégorie de personnes leur conférant une autre nouvelle façon de vivre et d'être.

Dire ou ne pas dire qu'on est séropositive ou malade. Cette partie a constitué la deuxième section du premier chapitre. Tout depend à l'évidence de la personne à qui l'on a dit. Nous sommes partis des questions selon lesquelles : Quel est le role des professionnels de santé dans la gestion de l'information ? Comment la société traite t- elle ses séropositifs ? Comment l'autre va la regarder et regarder sa maladie ? De ces interrogations, il en est ressorti que les enjeux qui sous tendent l'information sont énormes. Au niveau des professionnels de santé, le sermon d'Hippocrate ayant un caractère à la limite d'hypocrite ne leur permet pas de divulguer la nature de l'affection d'un individu surtout en matière de VIH. Le filtre de l'information est d'abord orchestré par ces professionnels. Attitude qui va s'enchainer dans la société avec une gestion de la maladie sous anonymat. Etant donné que la société a généralement tendance à marginaliser ses malades et mêmes ses proches, ceux-ci ne se sentiront à l'aise que si leur statut est caché. De même, la peur de répudiation, de perdre leur place ou la peur d'éclabousser les enfants sont les principaux mobiles qui amènent les femmes séropositives à opérer un filtre dans le partage de l'information. A ce moment, le partage de l'information chez ces femmes est jonché de plusieurs enjeux. Elles ne se livrent qu'aux personnes dont elles estiment bénéficier d'un soutien matériel, financier, et/ou spirituel. La maladie leur imposant des moyens assez élevés pour les frais des examens qui accompagnent le TAR, la nutrition, et le transport pour leurs lieux de prise en charge.

Dans le chapitre 2, il était question de parler de la critériologie et de l'effectivité de la prise en charge des personnes dépistées séropositives. Pour en arriver, il en est ressorti que cette prise en charge a deux volets fondamentaux à savoir : le volet psychosocial et le volet thérapeutique.

La première section de ce chapitre parle des rôles des structures de cette prise en charge à savoir : les formations sanitaires agréées et les associations des PVVIH qui se présentent sous forme d'ONG. Le premier volet de la prise en charge commence dans les centres de santé à partir des tests de dépistage et se poursuit au sein des associations avec les personnes confirmées séropositives. Avant le test l'individu bénéficie d'une séance de counselling qui consiste en « un dialogue confidentiel entre le client et un conseiller, en vue de surmonter le stress et de permettre au client de surmonter le stress et de prendre les décisions personnels en rapport avec le VIH/SIDA.274(*)» Ce premier volet prépare les individus à développer des attitudes stoïques face à leur statut quelque soit le résultat. Mais, le constat qui a été fait est que ce premier volet du counselling n'est pas toujours associé à tous les tests parfois à cause de l'effectif des demandeurs de tests. Pendant les séances de dépistages gratuits dans certaines structures, les individus subissent des tests de dépistages sans au préalable des counselling pré test. Ce qui participe à entrainer chez certaines personnes le non recours au TAR et l'augmentation du stress. Cette prise en charge psychosociale continue dans les formations sanitaires pour les personnes dépistées séropositives avec l'aide des personnels d'appui à la santé comme des psychologues, des assistants sociaux, des agents de relais communautaires qui apportent régulièrement des conseils liés à la gestion de la séropositivité. Cet appui est également apporté par les associations des PVVIH, qui ont été coptées pour entretenir les personnes infectées. Ce qui fait que certaines personnes d'entre elles ont reçu des formations pour contribuer à la lutte de la pandémie.

Quant au deuxième volet de la prise en charge, il se fait uniquement dans les centres de traitement agréés. Mais avant d'en arriver à ce stade la PVVIH passe par le stade d'éligibilité au TAR parce que selon l'OMS, le traitement antirétroviral n'est pas destiné à toute personne infectée. Il dépend non seulement du stade du patient mais aussi de la présence des infections récidivantes. Pour déterminer le statut d'éligibilité du patient au TAR, celui-ci passe impérativement par les examens biologiques ce qui l'inscrit dorénavant non seulement à une carrière hospitalière susceptible d'entrainer un regard stigmatisant de la société sur lui, mais aussi à un début de dépenses visant à l'appauvrir. Au Cameroun,

Malgré la gratuité des ARV adoptée en mai 2007 et le subventionnement par le gouvernement et les bailleurs internationaux d'autres dépenses liées au traitement (telles que les examens biologiques), les dépenses à la prise en charge des patients restent considérables : un quart des patients traités et près d'un tiers des patients non traités font encore face à des dépenses catastrophiques de santé275(*).

Apres, les examens pré thérapeutiques, la patiente placée sous TAR est suivie mensuellement dans son CTA ou son UPEC question pour son traitant de se rassurer de l'observance de celle-ci. A coté de cela, un examen de bilan général lui est prescrit chaque semestre pour le suivi des leucocytes CD4 et de son état général de santé. Ce qui n'est pas toujours aisé pour les PVVIH en général. Déjà, leur présence régulière à l'hôpital est souvent corrélée des difficultés financières pour les patientes financièrement démunies, mais aussi pour toutes ces personnes qui font face à des difficultés liées à leur prise en charge. En raison de leur nombre croissant dû au TAR gratuit, elles font généralement face à des longues heures d'attentes ceci est dû aux personnels d'encadrement insuffisants dans les structures de prise en charge. Ce qui semble être la cause de nombreuses interruptions de traitement.

La seconde section de ce chapitre deuxième quant à elle, évoque le rôle des associations des PVVIH en général, notamment celles de l'AFASO et du CEAM dans la lutte contre le SIDA. En réalité, le choix de ces deux associations a été fait en raison de leur caractère purement féminin et de leur présence respectivement particulière au CTA de l'HDJ et de la Fondation Chantal BIYA. Leurs rôles ont été examinés sur plusieurs plans :

- Sur le plan psychologique et spirituel en ce sens que les associations permettent aux femmes d'accepter leur statut sérologique. Ceci à partir des témoignages à visages ouverts, et des causeries éducatives. De même, les femmes de ces associations sont encouragées à être plus pieuses qu'avant leur séropositivité parce qu'elles estiment trouver la force de pouvoir surmonter le poids de leur maladie en Dieu et de pouvoir développer des comportements responsables.

- Sur le plan social, la gestion sociale de la maladie reste pour ces femmes un problème épineux en ce sens qu'elles doivent rechercher l'alliance entre les logiques médico-sanitaires et les logiques socioculturelles. Les associations à partir de leurs relais communautaires apparaissent à ce niveau pour essayer de résoudre certains problèmes qui naissent souvent entre la femme séropositive et son entourage. Ces problèmes sont souvent fréquents entre ces femmes et leurs partenaires. C'est pour cela que les associations par le biais de certains de leurs membres, rendent souvent visite à domicile (à celles qui autorisent) pour gérer ces différends. De même, elles permettent à ces femmes de ne pas se sentir seules pour celles qui ont été rejetées, et de créer une sorte de cohésion sociale entre elles. Ce qui participe à la naissance d'un autre type de solidarité mécanique.

- Sur le plan nutritionnel, les femmes de ces associations bénéficient non seulement des conseils relatifs à leur nutrition mais aussi des aides, des dons de nourritures grâce aux partenaires de ces structures. Ceci parce qu'il existe une corrélation entre la nutrition et l'infection au VIH/SIDA. Une nutrition saine et équilibrée participe à préserver la PVVIH de l'évolution du virus alors qu'une sous alimentation contribue à sa déchéance car, non seulement elle ne fournira aucun élément nutritif capable de multiplier les leucocytes CD4 pour bloquer les IO mais aussi, elle pourra générer des microbes qui vont participer à l'avancée au stade C ou SIDA.

- Sur le plan financier, ces associations mettent en leur sein des politiques d'autonomisation des femmes car, il a été démontré que la dépendance économique et son insubordination sont des facteurs qui amènent les femmes à ne pas changer de comportements276(*).

- Sur le plan médical, les associations soutiennent leurs membres non pas avec la distribution des médicaments antirétroviraux parce que ce rôle appartient exclusivement aux professionnels de santé, mais avec des conseils de prise en charge, de l'observance et de la distribution des médicaments de traitement des IO. Ces institutions plaident également auprès des décideurs en temps de rupture des ARV et participent à la commande des protocoles rares.

Mais cependant, leur regroupement reste joncher de quelques obstacles liés à la présence des femmes issues de différentes catégories socioprofessionnelles. Car, là où il y a regroupement humain, il ya toujours conflits. Ces conflits sont généralement dus à la différentiation des ethnies, des niveaux d'instruction, de statut matrimonial. Ce qui entraine des problèmes de coordinations et la désertion de certains membres.

Notre deuxième partie présentant « les comportements sexuels et reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral au Cameroun », était constituée de deux chapitres. De manière générale, nous sommes partis des recommandations médicales pour en arriver aux incidences socioéconomiques, familiales, culturelles et religieuses.

Le chapitre 3 subdivisé en deux sections, présente les comportements sexuels des femmes sous TAR. Ici, il était question de présenter le discours biomédical axé sur la sexualité des personnes infectées et d'analyser les différentes contraintes qui entravent l'application de ce discours chez la plupart d'entre elles.

La première section de ce chapitre présente le discours biomédical en matière de sexualité chez les PVVIH en général, les normes traditionnelles en matière de sexualité en Afrique, la perception de l'acte sexuel par les personnes infectées, le statut social des femmes en général en Afrique et les natures des rapports sexuels chez ces femmes infectées.

En ce qui concerne la norme thérapeutique, il est recommandé à toute PVVIH l'usage systématique du préservatif à chaque rapport sexuel. Ceci pour la protection non seulement du partenaire qui doit être préservé de la contamination, mais aussi pour la protection de la PVVIH qui doit être préservée contre la réinfection qui peut participer à la résistance de son sous type de virus et participer à son avancée à un stade sévère. Avec l'apparition des ARV, il n'est non plus seulement question de protéger les personnes non contaminées mais aussi, de protéger les personnes déjà infectées de la réinfection car, des études ont montré que le TAR pouvait prolonger la vie des personnes infectées. Il est donc question de les réinsérer dans la société et ceci ne peut être possible que si et seulement si celles-ci sont préservées de la réinfection. Toujours dans cette section, nous avons présenté la norme traditionnelle en matière de sexualité et le statut social de la femme africaine qui malgré les transformations sociales apparaissent comme des logiques socioculturelles qui influencent les comportements sexuels des femmes sous TAR. En Afrique en général et au Cameroun également, la norme traditionnelle en matière de sexualité oriente les rapports sexuels naturels avec pour finalité la procréation. Avant d'en arriver au statut social des femmes en Afrique, nous avons examiné la perception de l'acte sexuel chez les femmes sous TAR. Des données issues du terrain, il en ressort que, de manière générale l'infection au VIH influence la sexualité des personnes dépistées séropositives. Elle ne baisse pas les performances sexuelles de l'individu mais réduit le désir chez celui-ci à cause des troubles psychologiques qui accompagnent souvent l'annonce du statut. Ainsi,

Son mode de transmission par voie sexuelle lui confère par ailleurs le statut de la maladie vénérienne, avec pour corolaire le sentiment de culpabilité et de honte. (...) L''Afrique va devoir désormais faire face à une maladie dont les porteurs se sentent coupables277(*).

Face à cette situation de perception de la maladie ou du corps comme objet souillé, les femmes sous TAR vont observer une période de relâchement. La reprise des activités sexuelles sera fonction du statut matrimonial de ces femmes et du partage de l'information avec le partenaire. Pour les veuves ayant un âge relativement avancé et disposant un nombre important d'enfants, leur fréquence va même atteindre zéro rapport. Par contre, pour les femmes mariées ou femmes vivant en couple n'ayant pas informé leurs partenaires, elles vont continuer à simuler en entretenant des rapports non protégés, quant aux femmes célibataires disposant de leur propres moyens financiers, elles ont parfois la possibilité de prendre des décisions relatives à leur sexualité. Cependant, les femmes célibataires pour qui le mariage est important continueront à entretenir des rapports sexuels de mêmes natures qu'avant leur séropositivité. Ce qui pousse à dire que pour elles la visibilité sociale est plus importante que leur santé.

Quant au statut social des femmes africaines en général ou camerounaises en particulier, des études ont relevé que, malgré les discours féministes voulant mettre les femmes au même statut que les hommes, celles-ci occupent encore le second plan dans les prises de décision à cause de leur dépendance vis-à-vis des hommes. Une dépendance qui se vérifie sur tous les plans notamment sur les plans socioéconomiques, culturels et religieux. Ce qui participe à bouleverser la nature des rapports sexuels des femmes séropositives sous TAR. On assiste ainsi à des rapports sexuels de nature hétérogène. Certaines préfèrent entretenir des rapports sexuels non protégés à cause des logiques socioéconomiques, culturelles et religieuses. Quant à d'autres, le désir de préserver leur santé est important parce qu'elles n'ont pas d'énormes contraintes et qu'elles le jugent nécessaire.

La deuxième section de ce chapitre quant à elle, met en exergue les différentes contraintes socioéconomiques, culturelles et religieuses que ces femmes rencontrent au quotidien. Les premières difficultés sont d'ordre socio-familial. Ces difficultés sont fonction du statut matrimonial et du statut socioéconomique de ces femmes. Ce qui fait qu'elles ne présentent pas de la même manière chez toutes les femmes séropositives.

Pour les femmes mariées ou vivant en couple avec leurs partenaires, la nature, la fréquence, la praticabilité des rapports sexuels dépendent de ceux-ci. Pis encore si ces femmes dépendent économiquement de leurs partenaires, elles subissent en victimes résignées les assauts sexuels des hommes. Quant aux femmes célibataires ne vivant pas avec leurs partenaires, pour celles qui en ont, elles ont parfois une marge de liberté à imposer le port du préservatif à ceux-ci surtout lorsqu'elles ne sont pas financièrement autonomes. Certaines femmes qui désirent éviter des désagréments dus à ce genre de situation, préfèrent éviter de se mettre en relation avec des hommes ou tout simplement émettent le souhait de trouver des partenaires séropositifs comme elles pour la recherche d'une meilleure compréhension de leur situation.

Une autre contrainte soulevée dans cette section est d'ordre culturel et religieux. Au Cameroun, malgré les campagnes de vulgarisation du préservatif, son utilisation n'est pas toujours systématique. Pour certains, il relève de l'artificiel, il est perçu comme un instrument d'infidélité. Pour d'autres, les rapports sexuels non protégés sont synonymes de satisfaction totale et de vilité. Il est à ce moment perçu comme un instrument qui empêche « la nature de suivre son cours »et entraine la frustration du male. En plus, au Cameroun, ayant constaté que le préservatif masculin dépendait de l'homme, une Campagne de promotion est aujourd'hui axée sur la promotion du préservatif féminin. Ceci parce qu'on estime que par là les femmes pourront elles mêmes « prendre les choses en main 278(*)». Mais à cause de la morphologie, de la non disponibilité dans tous les points de vente, du coût, et même des difficultés liées à l'utilisation de cet instrument, son usage n'est pas toujours systématique. De même, sur le plan religieux, ces méthodes sont proscrites parce qu'elles sont source de débauches sexuelles, et d'autres pratiques considérées comme étant des contre-valeurs pour ces religions. Or, certaines PVVIH qui considèrent leur maladie comme une malédiction ou un châtiment divin, ne veulent plus aller à l'encontre de la parole de Dieu parce qu'elles estiment qu'en le faisant leur châtiment risque s'aggraver. Ainsi, certaines qui ne veulent pas être coincées à cause du non respect de la parole de Dieu ou du discours médical préfèrent arrêter leur sexualité.

Le dernier chapitre quant à lui s'intitulant les comportements reproductifs des femmes sous traitement antirétroviral au Cameroun, se subdivise également en deux sections.

La première section de ce chapitre évoque deux points essentiels à savoir : le discours médical axé sur la procréation dans le contexte d'infection au VIH, ensuite les représentations sociales de l'enfant en Afrique. En ce qui concerne le volet du discours médical, ce chapitre met en exergue les conditionnalités de procréation offerte par la PTME. Cette procréation est conditionnée par l'état de santé de la PVVIH. Dans le cas où elle présente un état très fragile (- de 500 de CD4) ou des IO, les professionnels de santé lui demandent d'attendre. A cet instant, la procréation est proscrite. Le seul recours ici est l'adoption des enfants. Lorsqu'elle est à un taux de CD4 élevé et ne présentant pas des IO, la procréation est autorisée. Mais une procréation médicalement assistée. Aujourd'hui avec les avancées de la recherche, la PTME a mis sur pied différentes possibilités et techniques de procréation en fonction des statuts sérologiques des deux partenaires (concordants ou discordants). La première condition est l'examen des IST et MST parce que ces maladies ou infections peuvent être à l'origine des avortements ou de l'infection du bébé. Apres le passage de ces tests, si les partenaires sont éligibles, ils recourent à l'une des techniques proposées par la PTME :

-Dans le cas des couples concordants, l'on procède au lavage du sperme, puis à l'insémination artificielle.

-Dans le cas des couples sérodiscordants, la démarche change. Si c'est la femme qui est séropositive, le partenaire procède juste à un rapport sexuel protégé puis à l'insémination artificielle.

Cependant, l'alimentation est un paramètre important dans les conditionnalités de procréation. Pour qu'une femme séropositive conçoive cette variable n'est pas à négliger. Ceci parce qu'il existe une corrélation entre grossesse et nutrition. Lorsqu'une femme est enceinte, son taux de CD4 est divisé en deux : la première moitié pour la mère et la seconde moitié pour le bébé. Toujours dans ce volet nutrition, nous avons examiné les options d'alimentation recommandées pour les bébés. La première est l'allaitement artificiel exclusif lors qu'il est faisable et pérenne ou pour le cas des femmes qui ont un état de santé très déprimé. L'autre possibilité c'est l'allaitement maternel exclusif sans association avec de l'eau, ni aucune autre boisson sauf des sirops si les professionnels de santé en font des recommandations.

A coté de ce discours biomédical, nous avons examiné les représentations sociales de l'enfant en Afrique. Il en est ressorti que l'enfant est non seulement une preuve de santé génésique de ses parents plus précisément sa mère, mais aussi une preuve de réussite sociale et d'un meilleur lendemain.

Quant à la deuxième section de ce chapitre, elle présente les différentes contraintes auxquelles les femmes séropositives sont butées.

Les premières sont d'ordre socio-familial, économique et culturel. Ces méthodes mises au point par la PTME sont contradictoires aux habitudes traditionnelles en matière de conception ou de fécondité. Elles nécessitent également assez de moyens financiers parce que dans les procédures de conception les partenaires passent au préalable par un certain nombre d'examens. Or, dans un contexte où certaines PVVIH sont déjà appauvries par les examens de prise en charge, le transport pour celles qui se déplacent pour aller se faire suivre, et les frais de nutrition, le respect de ces procédures ne sera que l'apanage des femmes issues d'une certaine classe sociale aisée. Quant aux couples ou aux femmes qui n'ont pas la possibilité de satisfaire aux exigences médicales, étant aussi victimes de la pression sociale ou familiale, vont chercher à faire des enfants sans toutefois satisfaire à ces exigences.

De même, les modes d'allaitement prévus par la PTME présentent d'énormes difficultés. Les premières étant d'ordre économique en ce sens qu'il nécessite que les PVVIH soient financièrement outillées afin d'assurer la pérennité du lait artificiel et son sevrage. Quant à l'allaitement maternel exclusif, la difficulté reste presque la même car, le lait maternel ici reste le seul aliment du nourrisson et sa boisson. Pour assurer sa pérennisation, il est recommandé aux femmes séropositives de manger qualité et quantité. Or, dans un contexte de paupérisation croissante, il est difficile pour certaines femmes d'allaiter et même de continuer à suivre le traitement. Ceci parce que certains protocoles de médicament sont très actifs au point où si la PVVIH ressent un déséquilibre nutritionnel, elle sera secouée par ces produits qui ont des effets indésirables non négligeables.

Cette situation pousse souvent certaines femmes à abandonner leur traitement pour se retrouver dans des cas de resistance du virus.

L'autre difficulté étant d'ordre social résulte du fait que le fait que l'enfant soit nourrit par une nourrice alors que sa mère vit ou le fait que la mère ne trouve pas d' argument valable pour justifier l'allaitement artificiel du bébé peut contribuer à créer un climat de suspicion dans la société. Or, les femmes séropositives afin de préserver leur secret, ne donnent jamais l'occasion à la société de les suspecter. Ce qui conduit généralement aux recours à certaines stratégies de contournement qui peuvent dans certaines manières participer à la contamination de l'enfant.

L'allaitement maternel inscrit l'enfant dans un système de parenté sociale en ce sens qu'il cultive l'idée d'appartenance sociale ou du « nous » parce qu'on a tété le même sein et par conséquent, il y a instauration de certains interdits sociaux comme le mariage entre deux individus ayant tété le même sein. Par le sein, deux individus de maternité différente deviennent des frères ou des soeurs. Par le sein, une nourrice devient la mère d'un individu.

De même, la dernière difficulté qui est ressorti de ce travail est d'ordre psychologique. Le fait pour certaines femmes séropositives de ne pas donner de leurs seins aux enfants peut contribuer à la naissance d'un vide affectif entre la mère et l'enfant. L'allaitement maternel est avant tout une communication entre la mère et son enfant. En son absence la mère n'est plus liée à son enfant et cette situation peut contribuer à détériorer la relation de celle-ci et de son enfant plus tard. Ce qui peut contribuer à une absence d'affection entre la mère et son enfant.

A l'issue de ce travail d'autres perspectives peuvent être relevées à savoir :

La problématique des tests au Cameroun en ce sens qu'au vu des circonstances de découverte de la séropositivité des femmes, il en est ressorti que plusieurs d'entre elles ont connu leur statut sérologique à la suite des tests forcés. Les pourcentages des femmes testées demeurent encore faibles au Cameroun or, le fait de ne pas maitriser son statut sérologique apparait comme un facteur de propagation de VIH/SIDA.

En outre, une autre piste qui peut être dégagée à la suite de ce travail est le partage de l'information chez les PVVIH. Il apparait que les personnes séropositives opèrent une sorte de sélection sociale et de réseautage dans le choix de leurs confidents. Or, le fait de vivre dans ce cercle fermé participe non seulement à détruire la PVVIH mais aussi ne sécurise pas leurs partenaires.

Toujours dans cette optique, une autre réflexion peut également être axée sur l'accès aux soins chez les PVVIH au Cameroun. De cette étude, il ressort que grâce à la gratuité des ARV, le nombre des patients sous traitement devient croissant. Ce qui a des répercussions tant au niveau des personnels de santé qui se sentent débordés, qu'aussi au niveau des infrastructures et des médicaments qui ne parviennent plus à satisfaire le nombre des PVVIH. De même, les centres de santé du fait de leur saturation deviennent pour les malades des lieux stressants. Ce qui entraine des répercussions au niveau de l'observance des patients.

Enfin, une autre piste peut encore susciter des interrogations à savoir : l'idée ou la perception du mariage chez les PVVIH. Elles perçoivent le mariage comme un instrument de révélation de leur statut sérologique. Pour continuer à dissimuler leur statut, elles préfèrent éviter le mariage ou faire des mariages de réseaux arrangés par les professionnels de santé en laissant leurs coordonnées auprès de ceux-ci.

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NDOMBOU NDOMBOU, Elodie Carine, « La perception du SIDA par les jeunes de Melong (Moungo) », Mémoire de maitrise de sociologie, Université de Yaoundé I; 2003-2004.

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http://www.arns.fr/VIH-SIDA/santé-publique-sciences-sociales

http://www.bsmfrance.fr/comment-entre-on-en-contact-avec.html

http://www.droitsenfant.com/sida

http://www.globalhealthreporting.org

http://www.infoforhealth.

http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/transida/transmission sida.html

ANNEXE I

Liste des informations

Noms et prénoms ou n°dossier

Statut sérologique

Ages (ans)

Situation matrimoniale

Ethnie ou régions d'origine

Profession

Nombre d'enfant

Lieu de résidence

Lieu de rencontre

Date

Heure d'entretien

Avant sérologie +

Après sérologie +

1

Mme Catherine AYISSI

-

 

Mariée

Ewondo (centre)

Infirmière major HDJ

/

/

Yaoundé

HDJ

24/09/09

9h-9h42

2

Mme Christine TCHOKOUTE

-

 

Mariée

Bamiléké (ouest)

AS HDJ

/

/

Yaoundé

HDJ

24/09/09

11h-13h

3

Mme EBALLE

-

 

Mariée

Béti (centre)

Officier de police 2e grade- infirmière major UPEC CMPY

/

/

Yaoundé

UPEC CMPY

-25/08/09

-08/09/09

-13/09/09

13H10-14h15

13h-14h10

13h-14h30

4

Dr FOUELIFACK Ymele Florent

-

 

Mariée

Bamiléké (ouest)

Gynécologue obstétricien

PTME-HCY

/

/

Yaoundé

PTME HCY

30/09/09

10h-10h45

5

Mme MOUNTON Pauline

+

43

Veuve

Bamoun (ouest)

Présidente AFASO

03

/

Yaoundé

AFASO

10/09/09

12h-13h10

6

Mme Anne

+

 

Mariée

Ewondo

(centre)

Présidente CEAM fondation C.B

/

/

Bafoussam

CEAM fondation C BIYA

15/01/10

14h-15h

7

Mlle Rosita

+

28

Célibataire

Bamiléké (ouest)

Comptable

SG CEAM

01

/

Yaoundé

CEAM domicile anonyme

-15/01/10

-20/02/10

-28/02/10

13h-13h36

18h-21h

12h-16h

8

Mme ADA Solange

+

25

Célibataire

Malienne

Conseillère psycho sociale HDJ

/

01

Yaoundé

CTA HDJ

16/09/09

14h-15h30

9

Mme ONDOUA

+

41

Veuve

Est

Conseillère psycho sociale UPEC-CMPY

04

/

Yaoundé

UPEC CMPY

08/09/09

15h-16h

10

Mama coco

+

48

Veuve

Bassa (littoral)

Conseillère psycho sociale CTA HMY

05

/

Yaoundé

CTA HMY AFASO

10/09/09

16h-16h30

11

Mlle SAMBA Eléonore

+

27

Célibataire

Maka

(EST)

Etudiante

0

02 + grossesse

Yaoundé -Soa

CTA HMY

10/10/09

9h-11h

12

Mlle POUFONG Estella

+

22

Célibataire

Bamiléké (ouest)

Commerçante

/

/

Yaoundé

CTA HMY

20/10/09

9h10-11h10

13

Mme SIM Judith

+

39

Veuve

Ntumu (Sud)

Militaire

02

/

Yaoundé

CTA HMY

03/11/09

10h10-11h

14

Mme AGNES

+

41

Veuve

Nord-ouest

Contrôleur

poids-mesure

01

 

Santa

CTA HMY

02/11/09

9h-10h20

15

Mme 0073/08

+

28

Célibataire

Bulu (sud)

Ex-hôtelière

01

/

Ebolowa

UPEC CMPY

25/08/09

13h-13h30

16

Mme 0064/08

+

47

Veuve

Bamoun (ouest)

Ménagère

08

/

Akonolinga

UPEC CMPY

25/08/09

16h-16-30

17

Mme 0044/08

+

33

Célibataire

Eton (centre)

Elève institutrice

01

/

Yaoundé

UPEC CMPY

01/09/09

13h-13h33

18

Mme 062/09

+

33

Mariée

Toupouri (Extrême-nord)

Officier de police 2e grade

03

02

Sangmélima

UPEC CMPY

01/09/09

13h50-14h25

19

Mlle Adjara

+

24

Divorcée

Bamoun (ouest)

Sans profession

0

/

Yaoundé

UPEC CMPY

25/08/09

16h-17h

20

Mme Pasma Ahmadou

+

26

Mariée

Haoussa Extrême-nord)

Ménagère

01

02

Yaoundé

UPEC CMPY

13/08/09

14h30-15h20

21

Mme Solange BEKOMO

+

47

Veuve

Sawa (littoral)

Conseillère psycho sociale AFASO

05

/

Yaoundé

AFASO

18/08/09

10/09/09

15h-17h10

17h-17h20

22

Mlle Manuela

+

19

Célibataire

Banyangui (sud-ouest)

Elève

/

01

Yaoundé

AFASO Anonyme

18/08/09

9h-10h20

23

Mme 00670/00

+

40

Rupture union

Ewondo (centre)

Conseillère psycho sociale AFASO

05

/

Yaoundé

AFASO

10/11/09

9h45-10h50

24

Mlle Christiane

+

18

Célibataire

Eton (centre)

Etudiante

/

/

Yaoundé

AFASO

18/08/09

11h-11h40

25

Mme 470/03

+

43

Rupture union

Béti (centre)

Employée de banque

/

02

Yaoundé

HDJ

16/09/09

10h-10h45

26

Mlle 299/09

+

25

Union libre

Niger

Paire Educateur

/

01

Yaoundé

HDJ

16/09/09

11h-12h

27

Mme 022/07

+

43

Rupture union

Bulu (centre)

Sans profession

0

0

Yaoundé

HDJ

30/09/09

13h-14h

28

Mme QD7177/03

+

34

Mariée

Ewondo (centre)

Coiffeuse

01

02 + grossesse

Yaoundé

AFASO

13/11/09

11h-11h30

29

Mme 1571/03

+

40

Célibataire

Yambassa (centre)

Vendeuse

/

/

Yaoundé

HDJ AFASO

27/08/09

10h22-11h

30

Mme QD 7235/05

+

38

Veuve

Bamiléké (ouest)

Conseillère psycho sociale AFASO

/

01

Yaoundé

HDJ AFASO

27/08/09

12h43-13h20

ANNEXE II

GUIDES D'ENTRETIEN

I-GUIDE D'ENTRETIEN POUR FEMMES SEROPOSITIVES SOUS ARV

1-Identification

-Nom ou pseudonyme ou numéro de dossier de prise en charge

-âge

-ethnie

-profession

-religion

-statut matrimonial

-nombre d'enfants

2-Circonstance de découverte du statut sérologique positif

3-Conseils reçus

4-gestion de l'information avec votre entourage

-partenaire

-famille et ami(e)s

-belle famille (pour celles qui sont mariées)

5-Recommandations et début de prise en charge

6-Motivations de la recherche de la prise en charge

7-médicaments et effets secondaires

8-gestion de votre sexualité et de votre désir d'enfant

9-Nouveau rapport avec votre partenaire ou votre famille ou belle famille

10-Symbolique de l'enfant

11-Symbolique de l'allaitement maternel

12-représentation du préservatif

13-Dépenses liés à votre prise en charge

-examens

-nutrition

-nutrition de l'enfant (pour celle qui a un enfant)

14-Difficultés rencontrées et mesures palliatives

II-GUIDE D'ENTRETIEN POUR PERSONNELS DE SANTE

1- Caractéristiques sociodémographiques

-Sexe - âge -statut sérologique

-Niveau d'instruction

-Ancienneté dans la profession

-Ethnie

-lieu de résidence

2-Circonstances courantes de découverte de la séropositivité de vos patients

3-Connaissance et pratique en matière de prise en charge et du suivi médical

-Recommandations immédiates

-critères de prise en charge du patient séropositif

-mode d'observance des patients sous ARV

4-Morphologie et posologie des ARV

5-ARV et effets secondaires

6-Typologie de prise en charge

7-Cout des examens qui accompagnent la prise en charge

8-Gestion des l'information avec l'entourage du patient (partenaire, famille et amis)

9- Influence du VIH sur la sexualité du patient

10-Mesures d'accompagnement des femmes séropositives dans leur désir d'enfant

III-GUIDE D'ENTRETIEN POUR ASSISTANTES SOCIALES, CONSEILLERES PSYCHOSOCIALES

1-1- Caractéristiques sociodémographiques

-Sexe -âge -statut sérologique

-Niveau d'instruction

-Ancienneté dans la profession

-Ethnie

-lieu de résidence

2-Rôle et déroulement de la prise en charge psychosociale des PVVIH

3-Condition d'éligibilité à cette prise en charge

4-Période et lieu de la prise en charge

5-Gestion des problèmes socio affectifs, culturels et religieux des PVVIH

IV-GUIDE D'ENTRETIEN POUR EXPERTS DE LA PTME

1- 1- Caractéristiques sociodémographiques

-Sexe -âge -statut sérologique

-Niveau d'instruction

-Ancienneté dans la profession

-Ethnie

-lieu de résidence

2-Historique de la procréation chez les PVVIH

3-Gestion du désir d'enfant par les femmes séropositives et nouvelles techniques

4- Femmes séropositives et allaitement

5-Difficultés de l'adoption des techniques recommandées

ANNEXES IV

Tableau des dépenses pour la lutte contre le sida (2004-2007)

 

 

2004

2005

2006

2007

 

 

Dépenses intérieures(en dollars US)

1 334 544

4 411 183

6 002 497

9 617 262

 

 

Dépenses internationales (en dollars US)

22 949 539

38 762 442

27 935 338

28 208 699

 

 

Dépenses intérieures et internationales (en dollars US)

24 284 083

43 173 625

33 937 835

37 825 961

 

Source : Rapport CDMT279(*) SIDA Cameroun 2008-2010, 2007.

Tableau des prix de traitement ARV au Cameroun de 2000-2007.

années

Prix du traitement ARV

Examens biologiques

2000

3 00 000-6 00 000

 

2001

70 000

 

2002

22 000

 

2003

22 000

 

2004

5 000

 

2005

5 000

 

2006

3 000-7 000

 

2007

0

3 000

Source :CLNS

TABLE DES MATIERES

-Epigraphe...................................................................................................I

-Dédicace...................................................................................................II

-Remerciements..........................................................................................III

-Résumé...................................................................................................IV

-Abstract...................................................................................................V

Liste des abréviations, sigles et acronymes.........................................................XIII

-Liste des tableaux et illustrations.......................................................................X

-Sommaire.................................................................................................XI

INTRODUCTION.........................................................................................1

I. Problème..................................................................................................2

II. Problématique...........................................................................................5

III. Questions de recherche..............................................................................10

III-1-Question principale................................................................................10

III-2-Questions secondaires............................................................................10

IV. Hypothèses de recherche...........................................................................10

IV-1-Hypothèse principale..............................................................................11

IV-2-Hypothèses secondaires...........................................................................11

V. Méthodologie..........................................................................................11

V.1.Cadre théorique d'analyse..........................................................................12

V.1.1.La théorie de l'imaginaire social................................................................12

V.1.2.L'ethnométhodologie.............................................................................14

V.2.Cadre d'étude et techniques de collecte de données............................................15

V.2.1. Cadre de l'étude..................................................................................15

V.2.2.Techniques de collecte de données.............................................................18

V.2.2.1.L'observation directe...........................................................................18

V.2.2.2.L'observation documentaire...................................................................19

V.2.2.3.Les entretiens....................................................................................21

V.2.2.4. Les récits de vie................................................................................22

V.3. Population de l'étude..............................................................................23

V.4. Du traitement à l'analyse qualitative des données.............................................27

V.4.1.La transcription....................................................................................27

V.4.2.La catégorisation..................................................................................28

V.4.3.L'analyse...........................................................................................28

VI. Définitions des concepts opératoires...............................................................29

VII. Plan de l'étude........................................................................................34

PREMIERE PARTIE : DE LA DECOUVERTE DU STATUT DE SEROPOSITIVITE DES FEMMES A LEUR PRISE EN CHARGE...........................................................36

CHAPITRE I : CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE DE LA SEROPOSITIVITE DES FEMMES INFECTEES ET CONDUITES OBSERVEES.........................................38

I. DES CIRCONSTANCES COURANTES DE DECOUVERTE DU STATUT SEROLOGIQUE......................................................................................43

I.1.Pendant les consultations prénatales...............................................................43

I.2. Lors d'un épisode de maladie ou du développement des pathologies opportunistes.......45

I.3.Après le décès d'un conjoint ou d'un enfant..................................................48

I.4.Du dépistage volontaire.............................................................................49

II. REACTIONS ET GESTION DE L'INFORMATION..........................................51

II.1.Du rôle du personnel médical.....................................................................52

II.2.Femmes dépistées séropositives et comportements post test : l'heure du dilemme........54

II.2.1.Du statut matrimonial...........................................................................55

II.2.2. De l'état d'esprit du patient avant le test et du niveau de connaissance de celui ci sur la maladie....................................................................................................56

II.2.3. Du statut socio-économique du patient.......................................................57

II.2.4. De la trajectoire historique du patient.........................................................58

II.3.Gestions et stratégies d'annonce de la séropositivité..........................................58

II.3.1.Enjeux économiques...............................................................................59

II.3.2.Enjeux sociaux.....................................................................................60

II.3.3.Enjeux spirituels...................................................................................62

CHAPITRE II : ELIGIBILITE AU TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGE.................64

I. ROLES DES HOPITAUX ET DES ASSOCIATIONS DES PVVIH DANS LA PRISE EN CHARGE..................................................................................................65

I.1.A l'hôpital.............................................................................................65

I.1.1.Prise en charge psychosociale.....................................................................66

I.1.2.Test d'éligibilité au traitement...................................................................68

I.1.3.Prise en charge thérapeutique....................................................................70

I.1.3.1.Offre des médicaments et de soins............................................................70

I.1.3.2.Suivi mensuel.....................................................................................71

I.1.3.3.Bilan semestriel...................................................................................72

II. ROLES DES ASSOCIATIONS DES PVVIH...................................................75

II.1.Soutien psychologique, social et spirituel aux PVVIH..........................................75

II.1.1.Soutien psychologique et spirituel...............................................................76

II.1.2.Soutien social.....................................................................................81

II.2.Soutien nutritionnel, financier, et médical aux PVVIH en association........................82

II.2.1.Soutien nutritionnel.................................................................................82

II.2.2.Soutien financier...................................................................................85

II.2.3.Soutien médical....................................................................................86

DEUXIEME PARTIE : COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUTIFS DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL : RECOMMANDATIONS ET INCIDENCES............................................................................................88

CHAPITRE III : LES COMPORTEMENTS SEXUELS DES FEMMES SEROPOSITIVES SOUS TRAITEMENT...................................................................................90

I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES THERAPEUTIQUES, NORMES CULTURELLES SUR LA SEXUALITE ET LA PERCEPTION DE L'ACTE SEXUEL...................................................................................................91

I.1.Discours biomédical sur la sexualité................................................................91

I.1.1.Usage systématique et correct du préservatif lors des rapports sexuels......................91

I.1.2. Un régime alimentaire équilibré..................................................................93

I.2. Perception de l'acte sexuel........................................................................93

I.3.Normes traditionnelles en matière de sexualité en Afrique....................................95

I.3.1.Rapports sexuels naturels et finalité de procréation..........................................96

I.3.2.Statut social de la femme et décision relative à la sexualité en Afrique....................97

I.4.Nature des rapports sexuels chez ces femmes....................................................99

I.4.1.Chez les femmes mariées..........................................................................99

I.4.2.Chez les femmes célibataires.....................................................................100

I.4.3.Chez les veuves....................................................................................101

I.4.4.Les associations des PVVIH : une source de motivation....................................102

II. FEMMES SEROPOSITIVES: ENTRE CONTRAINTES AFFECTIVES, FAMILIALES, CULTURELLES ET RELIGIEUSES ..............................................................102

II.1. Les contraintes affectives et familiales..........................................................102

II.1.1.Cas des femmes mariées ou ayant un (des) partenaire(s) sexuel(s)........................103

II.1.2. Cas des femmes célibataires...................................................................105

II.2. Les contraintes culturelles et religieuses.......................................................106

II.2.1.Culture et préservatif.............................................................................106

II.2.2.Religion et méthodes contraceptives..........................................................109

II.2.2.1.Le Christianisme...............................................................................109

II.2.2.2.L'Islam.........................................................................................111

CHAPITRE IV : LES COMPORTEMENTS REPRODUCTIFS DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL AU CAMEROUN........................................113

I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES THERAPEUTIQUES ET REPRESENTATIONS SOCIALES DE L'ENFANT AU CAMEROUN.......................114

I.1.Normes thérapeutiques en matière de procréation..............................................114

I.1.1.Une procréation sur autorisation médicale....................................................115

I.1.2.Cas de restriction de grossesse chez les femmes.............................................115

I.1.3. Différentes possibilités de procréation avec assistance médicale de la PTME pour les femmes à taux de CD4 élevé...........................................................................116

I.1.3.1. Procréation dans les couples concordants...................................................117

I.1.3.2. Procréation dans les couples discordants....................................................118

I.1.3.3. Pour les femmes déjà enceintes...............................................................119

I.1.3.4. Traitement post partum des nouveaux- nés des femmes séropositives.................120

I.2. Le poids des représentations sociales de l'enfant...............................................121

I.2.1.Enfant comme preuve de la bonne santé de la mère...........................................121

I.2.2.Enfant comme preuve de réussite sociale et gage de l'avenir................................122

I.3. Allaitement et VIH au Cameroun.................................................................124

I.3.1.Alimentation et procréation......................................................................128

II. FEMMES SEROPOSITIVES ENTRE CONTRAINTES AFFECTIVES, FAMILIALES, SOCIALES, ECONOMIQUES ET CULTURELLES.................................................130

II.1.Procédures de conceptions et difficultés familiales, économiques et culturelles.........130

II.1.1.Femmes séropositives entre Procédures de conceptions et contraintes socio-familiales..................................................................................................131

II.1.2. Des méthodes de conception contradictoires aux habitudes traditionnels de la sexualité et de reproduction en Afrique..........................................................................133

II.1.3.Une procédure économiquement contraignante..............................................133

II.2.Allaitement et difficultés affectives, familiales, culturelles et économiques................134

II.2.1.Modes d'allaitement en temps de VIH et contraintes économiques......................135

II.2.2.Création d'un vide affectif entre la mère et l'enfant........................................138

II.2.3.Allaitement et société............................................................................139

CONCLUSION ........................................................................................143

BIBILIOGRAPHIE.....................................................................................155

ANNEXES................................................................................................164

TABLE DES MATIERES.............................................................................175

* 1 ONUSIDA, Aids epidemic update, 2006.

* 2 ibid.

* 3 http//www.camerounaids.

* 4 http://www.globalhealthreporting.org.

* 5 U.OLANGUENA AWONO, Le SIDA en terre Africaine : l'audace des ruptures, Toulouse, éd. Privat, 2006, p.15.

* 6 F. EBOKO et C.RENAUDIN, « la lutte contre le SIDA au Cameroun : collusion entre perspectives internationales et dynamiques d'un Etat fragile » in terroir, n° SIDA 1-2, 2005, p.203.

* 7 Source : EDSC III 2004.

* 8 3 by 5 : une politique qui a été mise en place en 2004 par l'ONUSIDA permettant de placer au moins 3personnes infectées sur 5 sous antirétroviraux à travers un fond international ; le programme 3/5 fut en fait un projet qui permettait de fournir les antirétroviraux à trois millions de personnes infectées au VIH à l'horizon 2005.

* 9 MINSANTE, Plan stratégique de lutte contre le VIH/SIDA/IST du secteur de santé au Cameroun 2004-2006, novembre 2004.

* 10 H. MIMCHE et al, «  Les enjeux sexuels et reproductifs de la mise sous ARV des PVVS au Cameroun », 5e conférence sur la population africaine, Arusha, 2007, p.2.

* 11 J-M. ELA, Afrique, L'irruption des pauvres. Société contre ingérence, pouvoir et argent, Paris, L'harmattan, 1994, p.64.

* 12 -Source : UNESCO 1990

* 13 L. LAURINDO DA SILVA, Vivre avec le SIDA en phase avancée, étude sociologique de la maladie au Brésil, Paris, L'Harmattan, 1999.

* 14 D.KEROUEDAN, « Christine, jeune femme séropositive. Réflexion sur la prévention et la prise en charge du SIDA de la mère en Cote d'Ivoire » in D.KEROUEDAN et F.EBOKO, Politiques publiques du SIDA en Afrique, CAEN Bordeaux n 61-62, 1999, pp.3-8.

* 15 D. TABUTIN (dir), Population et sociétés en Afrique au Sud du Sahara, Paris, L' Harmattan, 1988.

* 16 J.TONDA, « SIDA, pentecôtisme et périls bio politiques en Afrique centrale » in Enjeux n°31, avril-juin, 62-66, 2007, pp.59-62.

* 17 U.OLANGUENA AWONO, op. cit. p.35.

* 18 Revue internationale des sciences sociales, Le VIH/SIDA vu par les sciences sociales, UNESCO/érès, vol.186, n°4, 2005.

* 19 R. QUIVY et L. CAMPENHOULT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995, pp.42-43.

* 20 G. T. MBANG, « Statut social, connaissance et prévention du SIDA chez la femme Camerounaise », Mémoire de Maitrise en Sociologie, Université de Yaoundé, 1991-1992.

* 21 C. RENAUDIN, « Prévenir et traiter le Sida en Afrique, l'exemple du Cameroun », Mémoire de maitrise en Géographie, Université Paul Valery (Mont Pellier 3), septembre 2004, p.91.

* 22 L. VIDAL, Faire de l'Anthropologie. Santé, science et développement, Paris, La Découverte, 2010.

* 23 H. MIMCHE et al. op. cit.

* 24 http//.bms.france.fr/comment-entre-on-en-contact-avec-html :2/3 pendant la grossesse, 1/3 des cas lors de l'accouchement, et 10 à 30% lors de l'allaitement si la femme n'est pas suivie.

* 25 F. EBOKO, « Le droit contre la morale ? L'accès aux médicaments contre le SIDA en Afrique » in Revue des sciences sociales...op. cit. p.789.

* 26 F. EBOKO, « Une sociologie de l'accès aux médicaments contre le SIDA au Cameroun », in Enjeux n°31, 2007, p.12.

* 27 http//calenda.revues.org/nouvelles11669.html.publié par D. CAVALLO le 15 avril 2008.

* 28 Les ARV ont été découverts en 1990, mais c'est en 1996 que leur efficacité a été prouvée dans le monde entier.

* 29 ARNS, Actualité en santé publique, doc. De l'ARNS, juin 2009, p.2.

* 30 MINSANTE, Plan stratégique..., op. cit.

* 31 D. DESGREES DU LOU, « SIDA et fécondité » in A. GUILLAUME et M. KHLAT (dir.), Santé de reproduction au temps du SIDA, CEPER, 2001, p.101.

* 32 P. AGGLETON, Analyse comparative : recherches effectuées en Inde et en Ouganda. Discrimination, stigmatisation et rejet liés au VIH et au SIDA, Genève, ONUSIDA, 2002.

* 33 D. DESGREES DU LOU, ibid.

* 34 J-M. ELA, op. cit.

* 35-Chez les Béti du Sud-Cameroun par exemple, la femme qui vient d'accoucher est appelée « femme accomplie ou encore la remplie des remplies ».

* 36 M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 11e éd.2001, p.398.

* 37 C. THIAUDIERE, Sociologie du sida, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2002, p.24.

* 38 F. CHINDJI-KOULEU, Mes premiers pas dans la recherche, Yaoundé, Sagraaph, 2002, p.74.

* 39 T. LOCOH, Fécondité et famille en Afrique de l'Ouest : le Togo méridional contemporain, Paris, PUF, travaux et documents, cahier n° 107, 1984.

* 40 J-M. ELA, « Fécondité, structures sociales et fonctions dynamiques de l'imaginaire en Afrique noire » in H. GERARD et V. PICHE (dir.), La sociologie des populations, Montréal, PUM, 1995, p.192.

* 41 Concept de WEBER, M qui montre que les individus ont tendance à s'autonomiser en se détachant plus ou moins de leur groupe. Dans ce cas précis, ce concept est utilisé pour expliquer les transformations sociales qui s'opèrent dans la plupart des sociétés actuelles, en ce sens que certes l'enfant appartient à la communauté mais les charges liées à sa nutrition, à sa scolarisation, à sa santé sont l'apanage de ses parents. Ce qui amène les individus à restreindre leur fécondité.

* 42 Concept de M. FOUCAULT, L'archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969, p.166.

* 43 La société africaine en générale est caractérisée par un certains nombres de transformations sociales à savoir : l'abondance des célibats, des mariages tardifs dues à l'autonomie de la femme impulsée par sa scolarisation, son accès à des emplois rémunérés.

* 44 J-M. ELA, op. cit. p.198.

* 45 En Afrique noire généralement, une femme qui n'a pas d'enfants est étiquetée ou stigmatisée de malade ou de sorcière.

* 46 En santé de reproduction, avec les progrès de la science, une femme peut forcer l'accouchement soit par assistance médicale ou par FIV ou procréer à partir d'une couveuse. Quant à l'allaitement, il peut avoir substitution du lait maternel au lait artificiel. Mais les méthodes naturelles restent plus prisées car elles offrent une force sociale à l'enfant.

* 47 H. MIMCHE et al, op. cit. p.11.

* 48 J. KENYATTA, Au pied du mont Kenya..., Paris, Maspero, 1967.

* 49 M. LALLEMENT, Histoire des idées sociologiques : de Parsons aux contemporains, Paris, Nathan, t2, 1993, p.231.

* 50 Expression utilisée par les ethno méthodologues pour montrer que les individus ne sont pas des marionnettes sociales.

* 51 E. GOFFMAN, Stigmate. Les visages sociaux des handicaps, Paris, Minuit, 1975

* 52 J-M. ELA, La ville en Afrique noire, Paris, Karthala, 1983.

* 53 S. M. ENO BELINGA et J. P. VICAT, Yaoundé : une grande métropole africaine au seuil du troisième millénaire, Yaoundé, Les classiques Camerounais, 2001, pp. 4-6.

* 54 J-M. ELA, op. cit.

* 55 S. M. ENO BELINGA et J. P. VICAT, ibid.

* 56 C. RENAUDIN, op. cit. p.39.

* 57 La ville de Yaoundé totalise à elle seule 7 CTA à savoir : celui de l'hôpital central encore appelé hôpital du jour et considéré comme CTA mère au Cameroun, celui de l'hôpital général, du centre hospitalier de Yaoundé, de l'hôpital militaire, de l'hôpital de la CNPS, de l'hôpital Jamot, et enfin celui du centre mère et enfant de la fondation Chantal BIYA.

* 58 J-M. ELA, op. cit.

* 59 Décision n 0190/D/MSP/CAB du 30 mars 2001 du Ministère de la Santé Publique.

* 60 DAYANA est un projet qui est en cours à l'HCY qui s'étant sur deux ans. Projet de recherche qui fait ses essais thérapeutiques sur un certains nombre de personnes séropositives n'ayant jamais pris un médicament, ensuite chez les femmes séropositives qui ont été désignées pour ce projet ; le souhait du projet c'est qu'elles ne tombent pas enceintes mais dans le cas contraire elles sont toujours maintenues dans le projet.

* 61 Généralement, ils préfèrent se faire prendre en charge dans leurs structures hospitalières.

* 62 Voir A. MUCCHIELI, Les méthodes qualitatives, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, 1994.

* 63 H. MENDRAS, Eléments de sociologie, Paris, Armand colin, 1967, p.74.

* 64 Voir A. TOURAINE, Pour la sociologie, Paris, Seuil, 1974.

* 65 V. NGA NDONGO, « L'opinion camerounaise », thèse de Doctorat d'Etat en sociologie, Université de Paris x Nanterre, 1999, t1, p.23.

* 66 S. BEAUD et F. WEBER, Guide de l'enquête de terrain, Paris, La découverte, 2003, p.143.

* 67 J. GUIBERT et G. JUMEL, Méthodologie des pratiques de terrain en sciences humaines et sociales, Paris, Armand colin, 1997, p.97

* 68 R. GHIGLIONE et B. MATALON, Les enquêtes sociologiques : théories et pratiques, paris, Armand colin, 1992, p.92.

* 69 V. NGA NDONGO, op. cit. p.283.

* 70 J-M. ELA, « fécondité... », op. cit. p.191.

* 71 A. BLANCHET et A. GOTMAN, L'enquête et ses méthodes : L'entretien, Paris, Armand colin, 2e éd. Coll.128, 2007, p.17.

* 72 Cf. tableau de distribution des enquêtés à la section intitulée : population d'étude.

* 73 P. RABINOW, Un ethnologue au Maroc : Réflexion sur une enquête de terrain, Paris, Hachette, 1988, p.137.

* 74 A. BLANCHET et A. GOTMAN, op. cit. p.71.

* 75 R. WILLIAM, « Pour une micro- sociologie historique » in H. GERARD et M. LORIAUX, Au-delà du quantitatif : espoirs et limites de l'analyse qualitative en démographie. Chaire de Quételet, Liège, UCL, 1985, p.80.

* 76 ONU, Conduite de petites enquêtes nutritionnelles : Manuels de terrain, Rome, n°5, 1992, p.29.

* 77 S. BEAUD et F. WEBER, op. cit. p.177.

* 78 A. BLANCHET et A. GOTMAN, op. cit. p.89.

* 79 G. GURVITCH, La vocation actuelle de la sociologie, Paris, PUF, 1950.

* 80 G. BALANDIER, dans son ouvrage intitulé Sens et puissance : Les dynamiques sociales, Paris, PUF, 1971

* 81 Voir C. W. MILLS, L'imagination sociologique, Paris, Maspero, 1978.

* 82 -concepts utilisés par G. BALANDIER qu'il utilise pour montrer que la réalité sociale révèle toujours une signification qui n'est pas toujours ce qu'elle parait être ou ce qu'elle est. Elle a un contenu qui ne peut être révélé qu'en profondeur.

* 83 E. DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 1999, p.34.

* 84 Voir BLOCH et Al (dir), Dictionnaire fondamental de la psychologie, A-K, Paris, Larousse, 1997, p.240.

* 85 WATSON, Le behaviorisme, Paris, CEPL, 1972.

* 86 A. AKOUN et P. ANSART (dir.), Dictionnaire de sociologie, collection le Robert/Seuil, 1999, p.98.

* 87 A. HARDON, « la lutte contre l'épidémie du VIH /SIDA en Afrique subsaharienne : les politiques à l'épreuve de la pratique » in Revue internationale des sciences sociales : le VIH/SIDA vu par les sciences sociales, 186, UNESCO, 2008, p.661.

* 88 Selon le rapport établi par l'EDSC III, 17% de filles et 8,1% de garçons de 15 à 24 ans ont fait leur test de dépistage. Mais seuls 7,3% de filles et 6,7% de garçons ont retiré leurs résultats. Dans la tranche 25-29 ans, 31,9% des femmes ont fait leur test, mais seulement 11,7% ont retiré leur résultat contre 21,9% des hommes qui ont été testé mais 19,5% d'entre eux ont retiré les résultats de leur test. Dans la tranche de 30-39 ans, 28,1% de femmes ont été testées mais seulement 11,0% d'entre elles qui ont retiré leurs résultats. Par contre chez les hommes de cette même tranche, 24% ont été testés mais 20,8% ont retiré leurs résultats. Quant à la tranche de 40-49 ans, 22% des femmes ont été testées mais seulement 12,8% ont retiré leurs résultats. Quant aux hommes, 22,8% ont été testés, mais 18,8% ont retiré leurs résultats.

* 89 La prise en charge n'apparait pas toujours évidente pour certaines personnes au Cameroun ; car, avec la rumeur qui est de temps en temps rependue faisant acte de la rupture des ARV, ils estiment que la vie des séropositifs qui en dépend peut toujours s'arrêter à tout moment.

* 90 Entretien, janvier 2010.

* 91 Entretien, août 2009.

* 92 J. BENOIST (dir), Se soigner au pluriel. Essai sur le pluralisme thérapeutique, Paris, Karthala, 1996.

* 93 Pour besoin de confidentialité, certaines femmes ont émis le souhait de ne pas voir leurs noms apparaitre, c'est pour cette raison que nous les appelons par leur numéro de dossier de prise en charge. Cette initiative rentre toujours dans le cadre du respect de la stricte confidentialité et de la vie privée des patientes.

* 94 Entretien, septembre 2009.

* 95 « Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme » in Revue internationale des sciences sociales : le VIH/SIDA vu par les sciences sociales, UNESCO/ères, n°186, pp.811-819

* 96 Entretien, Août 2009

* 97 Entretien, novembre 2009.

* 98 Extrait de propos d'une enquêtée.

* 99 Entretien, septembre 2009.

* 100 A. DESGREES DU LOU, op. cit.

* 101 Entretien, octobre 2009.

* 102 A. DESGREES DU LOU, ibid.

* 103 Entretien, août 2009.

* 104 Entretien, octobre 2009.

* 105 Entretien, septembre 2009.

* 106 Parmi les métiers dont le recrutement nécessite au préalable le passage d'un test de VIH /SIDA on put citer : le métier des armes (armée, police), l'emploi dans certains Hôtels etc....

* 107 Entretien, août 2009.

* 108 Entretien, août 2009.

* 109 U. OLANGUENA AWONO, op. cit. p. 121.

* 110 Extrait de propos d'une enquêtée

* 111 Entretien, septembre 2009.

* 112 C. BIOS NELEM, «  La médiatisation de la sphère privée au Cameroun : facteurs et enjeux », thèse de doctorat Ph/D en sociologie politique, Université de Yaoundé I, Octobre 2008, p.105.

* 113 SCHENEEBERGER et M. PERMET, « personnel de santé face à l'infection par VIH » in SIDA et infection par VIH, Paris, Flammarion, p.521.

* 114 Entretien, janvier 2010.

* 115 Entretien, octobre 2010.

* 116 Sandra LUCCHETTI « Défi et menace : théories subjectives d'un séropositif et d'un sidéen » in UWE FLICK, La perception quotidienne de la santé et de la maladie ; théories subjectives et représentations sociales, P. 177. 

* 117 Entretien, novembre 2009.

* 118 ibidem.

* 119 S. FAIZ RACHID, « Peu de pouvoirs, peu de choix : droits sexuels et reproductifs dans le contexte des bidonvilles au Bangladesh » in Au coeur de l'importance de la sexualité, IDS, Bulletin, vol 37, n°5, 2008, p.118.

* 120 Entretien, janvier 2010 au siège du CEAM.

* 121 Entretien, novembre 2009 au CTA de l' HMY.

* 122 C. THIAUDIERE, op. cit.

* 123 Entretien, février 2010.

* 124 cf. tableau des grilles de prix aux annexes.

* 125 L. NCHOUNDAP LIMBEPE, op. cit. p.76.

* 126 Entretien, novembre 2009.

* 127 L'aide ici est de plusieurs natures : financière, matérielle, spirituelle ou sociale.

* 128 E. GOFFMAN, op. cit.

* 129 Entretien, août 2009.

* 130 Entretien, septembre 2009.

* 131 I. BARDEM et I. GOBATTO, Maux d'amour, vies de femmes : sexualité et prévention du SIDA en milieu urbain Africain, Paris, Harmattan, 1995, p.27.

* 132 Entretien, septembre 2009.

* 133 Entretien, septembre 2009.

* 134 Se référer à l'extrait du récit de vie sus -cité.

* 135Entretien, août 2009.

* 136 W. SCHRAMM, L'information et le développement national, UNESCO, 1964, p.102.

* 137 Entretien, septembre2009.

* 138 Lorsque le VIH entre dans l'organisme, les globules blancs réagissent en produisant des substances chimiques appelées anticorps. C'est la présence de ces substances qui montre que l'organisme est infecté au VIH/SIDA.

* 139 W. SCHRAMM, op. cit.

* 140 Tenir compte des IO ou de la grossesse chez les femmes enceintes.

* 141 Conformément à l'article 5 de la décision n 00094/C/MSP/CAB du 14 janvier 2005 portant sur les traitements des infections opportunistes.

* 142 L. NCHOUTNDAP, op. cit. p.33.

* 143 Entretien, aout 2009.

* 144 Cette phase s'accompagne très souvent de plusieurs signes cliniques comme :

-infection invasive à salmonelle

-pneumonie à pneumocystis (pic de fréquence entre 4 et 7 mois de vie)

-candidose oesophagienne

-zona

-dermatose généralisée persistante ne répondant pas au traitement

-fièvre prolongée ou récurrente

-infections bactériennes sévères récurrentes

* 145 Parmi les IO récurrentes chez les personnes infectées au VIH on peut citer la tuberculose, les hépatites virales B et C, la syphilis, la chlamydiose, le chancre mou, l'herpès, etc...

* 146 Entretien, septembre 2009.

* 147 SIDA : un glossaire, mise à jour, juillet 2005, Act up, Paris, p.36.

* 148 ARNS, op. cit. p.2.

* 149 Manque de médecins, infirmiers qualifiés, et assistants sociaux.

* 150 Entretien, février 2009.

* 151ARNS, op. cit., p.12.

* 152 M. A. ABESSOLO, « L'impact de la prise en charge psychosociale sur l'amélioration de l'état de santé des jeunes femmes séropositives de 21 à 30 ans : le cas de l'hôpital de jour de l'hôpital central de Yaoundé », mémoire de maitrise de psychologie, Université de Yaoundé I, 2001-2002, p.21.

* 153 L'auto-discrimination est une attitude qu'adopte généralement les séropositifs pour se retirer, se marginaliser de la société parce qu'elles estiment qu'elles ne sont plus des personnes normales.

* 154 L'auto-stigmatisation est une attitude qui consiste à un auto-déclassement. Au cours de notre enquête, nous avons vécu cette auto-discrimination avec la plupart de nos enquêtées célibataires qui ont avouées qu'elles ne peuvent plus se marier à cause de leur statut sérologique. Au Cameroun actuellement, nombreuses sont des personnes qui recourent au test pré marital avant de s'unir.

* 155 Entretien, septembre 2009

* 156 Voir C. THIAUDIAIRE, op. cit. En effet, il utilise ce concept pour montrer que le SIDA devient une maladie qui s'attaque à l'individu et lui laisse la possibilité de vivre longtemps. Ce qui participer au changement de perception chez celui-ci.

* 157 L. NCHOUTNDAP, LIMBEPE, op cit. p.60.

* 158 Entretien, novembre 2009.

* 159 Entretien avec Rosita, 28 ans, Secrétaire générale du CEAM, janvier 2010.

* 160 Entretien, avec Mme QD 7235/05, 38 ans, veuve, membre de l'AFASO aout 2009.

* 161 Entretien avec Maman Coco, AFASO, septembre 2009.

* 162 Entretien, septembre 2009.

* 163 U. OLANGUENA AWONO, op cit, p.59.

* 164 Entretien, aout 2009.

* 165 Entretien, septembre 2009.

* 166 Mendong est un quartier de la ville de Yaoundé 6e.

* 167 Entretien, novembre 2009.

* 168 Parmi ces aliments, nous pouvons citer : du poisson, de la viande, des oeufs, des légumes, etc...

* 169 Parmi ces agrumes, on peut citer : des oranges, des citrons, des mandarines, des pamplemousses...

* 170 AGR signifie activité génératrice des revenus. Forme de micro projet subventionné dans les associations des PVVIH, pour promouvoir leur autonomie. Ceci en réaction aux abandons multiformes dont sont victimes ces personnes en détresses.

* 171 Entretien, septembre 2009.

* 172 Lire à ce titre : G. T. MBANG, op. cit. / N. LYDIE et GARENNE, Genre et SIDA, Paris, CEPED, n° 67 ou Revue des sciences sociales, op. cit.

* 173 Entretien, janvier 2010.

* 174 P. BEAT SONGUE, SIDA et prostitution au Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1993, p.29.

* 175 N. LYDIE et GARENNE, op. cit.

* 176 I. HEARD, « l'absence de protection pendant les rapports sexuels entre des sujets séropositifs pour le VIH est-elle un facteur de risque de progression vers le SIDA ? » in Séropositivité, vie sexuelle et risque de transmission du VIH, collection sciences sociales et SIDA, ARNS, septembre 1999, p.39.

* 177 Entretien, août 2009.

* 178 Entretien, septembre 2009.

* 179 Entretien d'une femme citée par I. THERY, « Une femme comme les autres »  séropositivité, sexualité et féminité » in op. cit. pp.116-136.

* 180 F. LERT et Y. SOUTENAUD, op. cit. p. 7. 

* 181 C. RENAUDIN, op. cit. p.89.

* 182 G. MEYSTRE AGUSTONI, « Prises de risque chez les personnes vivant avec le VIH/SIDA » in op. cit. pp.103-104.

* 183 Entretien avec madame 0044/08,33 ans, élève institutrice rencontrée à l'UPEC du CMPY, septembre 2009.

* 184 Entretien avec madame 0064/08, 47 ans, veuve, rencontrée à l'UPEC du CMPY, août 2009.

* 185 Entretien avec madame Agnès, 41 ans, veuve, rencontrée au CTA de l'HMY, novembre 2009.

* 186 Entretien avec Mme 022/07, 43 ans, rupture d'union, rencontrée au CTA de l'HDJ, septembre 2009.

* 187 J. P. OMBOLO, Sexe et société en Afrique noire, Paris, Harmattan 1990, p.118.

* 188 PAQUOT (dir) ; Terre des femmes, Paris, La découverte-Maspero, 1982, p.111.

* 189 L. M. OMGOUM, « poème des femmes Bamiléké » in Barbier, J, C, (dir), Femmes du Cameroun, Paris Karthala, 1985, p.294.

* 190 Voir C. GUIONNET et E. NEVEU, Féminins/Masculins. Sociologie du genre, Paris, Armand Colin, 2004.

* 191 S. FAIZ RASHID, op cit, p.122.

* 192 Ibid.

* 193 M. CHIPASULA-BANDA et al, « Violence sexuelle et vulnérabilité des femmes à la transmission du VIH au Malawi. Les droits des femmes » in Revue...op cit, p.716.

* 194 Entretien, novembre 2009.

* 195 M. CHIPASULA-BANDA et al, ibid. p.717.

* 196 Terme empreinté chez les anglo-saxonnes, puis transformé de cette manière pour désigner une maladies qui tue automatiquement.

* 197 Entretien, septembre 2009.

* 198 F. DELOR, « Vie sexuelle des personnes atteintes, sérodiscordance et risque du SIDA » in Séropositivité...op.cit., p.92.

* 199 Entretien, septembre 2009.

* 200 Entretien, septembre 2009.

* 201 Entretien, août 2009.

* 202 H. MIMCHE et al, op. cit. p.2.

* 203 - G. LANGUE MENYE et al, op.cit. 1999 p.11.

* 204 Entretien, août 2009.

* 205 Entretien, septembre 2009.

* 206 Des études ont montré que des rapports sexuels forcés sont récurrents dans nombreux foyers.

* 207 PEMPELANI MUFUNE, op. cit. in Revue...op. cit. p.751.

* 208 Entretien, septembre 2009.

* 209 PEMPELANI MUFUNE, ibid. p.755.

* 210 HART et al, « Women attitudes to condoms and female controlled means of protection against HIV and STDs in South western Uganda » in AIDS care, 11,1999, p.687.

* 211 Entretien, septembre 2009.

* 212 E. C. NDOMBOU NDOMBOU, « La perception du SIDA par les jeunes de Melong (Moungo) » Mémoire de maitrise de sociologie, Université de Yaoundé I, 2003-2004, p.74.

* 213 F. NGUEMEN, « Acceptabilité du condom féminin chez les personnes sexuellement actives à Yaoundé », mémoire de maitrise en sociologie, université de Yaoundé I, décembre 2000, p.54.

* 214 Nom donné au préservatif féminin.

* 215 F. NGUEMEN, ibid. il énumère les difficultés liées à l'utilisation du préservatif féminin en évoquant ces arguments :

-Sa rareté et sa disponibilité car dans tous les points de vente, des boutiques lorsqu'un individu demande le préservatif, on lui donne le préservatif masculin. Les points de vente de préservatifs féminins restent encore rares.

-les difficultés liées à son insertion à cause de la présence de l'anneau interne et son retrait.

-sa forme physique, il est très grossier.

-son manque de lubrifiant qui entraine des douleurs pendant l'utilisation

- Des bruits pendant l'utilisation qui peuvent rendre l'acte sexuel dégoutant.

-Son coût énorme. Les individus préfèrent s'offrir 3 ou 4 préservatifs masculins au prix d'un préservatif féminin (100 francs CFA).

* 216La première visite papale en Afrique avait lieu le17 mars 2009.

* 217Source : http//www.globalhealthreporting. Réponse donné par le pape Benoit XVI à Philippe VISSEYRIAS de France 2 sur la position de l'église catholique quant aux moyens de lutter contre le Sida souvent considéré comme irréaliste et inefficace. Traduit de l'italien par : Agence i. media.

* 218 Ibidem. Propos de l'archevêque de Kinshasa (République Démocratique du Congo) soutenant la position du pape.

* 219 S. AWA NDAPU, « La religion comme mécanisme d'adaptation pour les personnes vivant avec le virus du SIDA : La vie spirituelle des personnes vivant avec le VIH/SIDA » Mémoire de Maitrise d'Anthropologie, Université de' Yaoundé I, 2005-2006.

* 220 Entretien, septembre 2009.

* 221 Entretien, août 2009.

* 222 G. NGEUKENG,  « Cameroun : les orphelins du sida ; la crise silencieuse », KNB-BIA supplément 459, coll. forum associatif tous ensemble, 2003, p.2.

* 223 Tuberculose ou pneumonie à pneumocystis carinii (pcp)

* 224 0,01%. Selon le Dr M. BOMIA, « Femme VIH et procréation. Formation des pairs conseillers ».

* 225 Ibid.

* 226 Entretien, septembre 2009.

* 227 Entretien, septembre 2009.

* 228 Désinfectants utilisés pour le nettoyage des nouveaux -né pour éviter toute infection au cours de l'accouchement qui peut être transmise par la mère. Dans la PTME ces produits sont très prisés car, ils permettent de réduire le taux de transmission lié à l'accouchement.

* 229 Dans le cadre de la PTME, pour réduire les risques de contamination du bébé, il est régulièrement suivi dans un centre de santé. Suivi au cours duquel, il a un calendrier spécial de vaccination :

-à la naissance, s'il est asymptomatique, il bénéficie d'un vaccin BCG, d'un polio oral. Apres 6, 10, 14 semaines, il prend un DTC coq+polio oral, un vaccin Hépatite B et Haemophiluis B. A 6 mois, il bénéficie d'un vaccin de Rougeole+vit. A puis à 9 mois, de l'Antiamarile, Rougeole, Hépatite B.

Mais lorsqu'il est à un stade symptomatique, à la naissance, il prend un polio oral, à 6, 10, 14 semaines, il bénéficie d'un DTC coq+polio oral, un vaccin Hépatite B et Haemophiluis B, à 6 mois d'un vaccin de Rougeole si son cas de déficit immunitaire est sévère +vit. A et à 9 mois Rougeole, Hépatite B.

A 18 mois, il passe à un diagnostic sérologique. S'il est positif ,on se réfère au TAR qui convient.

* 230 En Afrique, selon les représentations sociales, l'infertilité n'est appréhendée que du coté de la femme. Si l'homme a déjà la possibilité d'être en érection, alors on suppose qu'il est bien portant et par conséquent il peut faire des enfants. Dans le cas où il n y a pas d'enfant la société suppose que c'est la femme qui a des problèmes de conception.

* 231 THEGHO, L'enracinement culturel en Afrique : une nécessité pour un développement durable, Yaoundé, ed.Demos, 2001 pp.70-71.

* 232 Dans la plupart des sociétés, les parents font des enfants pour leur donner le nom des ancêtres. Par ce système d'anthroponymie ces personnes ressuscitent les personnes déjà décédées et cela leur permet d'avoir non seulement une protection mais aussi une bénédiction de la part des ancêtres.

* 233 G. NICOLAS, Dynamique sociale et appréhension du monde au sein d'une société Haussa, Paris, éd. Centre National de recherche scientifique, 1975, p.185.

* 234 ISATOU TOURAY, « sexualité et droits ... » op. cit. p.131.

* 235 Entretien, septembre 2009.

* 236 Lait facile à digérer, nutritif et complet, toujours disponible, ne nécessite pas de préparation spéciale, protège de la diarrhée, de la pneumonie et d'autres infections/maladies, renforce le lien entre la mère et son bébé.

* 237 Une alimentation de substitut est une alimentation qui peut être utilisée pour remplacer le lait maternel comme le lait de vache, de chèvre, et d'autres boissons

* 238 DR M. BOMIA, « Santé de l'enfant né de mère séropositive », CAMNAFAW, 6-10 aout 2007.p.1.

* 239 Entretien, septembre 2009

* 240 DR M. BOMIA, op. cit .

* 241 P. VAN DE PERRE, « Epidémiologie, questions de santé publique et dernière recommandations » in A. DESCLAUX et B. TAVERNE, (dir), Allaitement et VIH en Afrique de l'Ouest : De l'anthropologie à la santé publique, Paris, Karthala, p.60.

* 242 La pasteurisation du lait se fait à 62,5° pendant 30 minutes ou à 57° pendant 33 minutes pour éliminer les particules de VIH1.

* 243 Parmi les aliments de substitution on peut citer le lait animal modifié notamment celui de la vache, ou de la chèvre qui sont disponibles en liquide ou en poudre.

* 244 INFO. « Réponses aux questions sur l'allaitement : Guide à l'intention des prestataires de services », mars 2005, n°5, p.7.

* 245 A. DESCLAUX et B. TAVERNE (dir), ibid.

* 246 Entretien, août 2009.

* 247 Puisqu'au cours de cette période (septembre 2009), les musulmans étaient en plein Ramadan.

* 248 Entretien, septembre 2009.

* 249 Entretien, novembre 2009.

* 250 Entretien, septembre 2009.

* 251 ibidem.

* 252 Communication d'ABE C, dans le cadre de l'inauguration du site de l'agence ARNS, en juin 2009 au palais des congrès de Yaoundé

* 253 H. MIMCHE et al, op. cit. p.8.

* 254 Ces prix sont ceux du Centre Pasteur du Cameroun, qui est considéré comme un centre de référence du pays en ce qui concerne les examens. Dans d'autres structures hospitalières, ces prix peuvent être de moindre ou de plus. Mais l'écart n'est pas très considérable.

* 255 A. DESCLAUX, « Transmission du VIH par allaitement : mesures de prévention en Afrique » in A. DESCLAUX et B. TAVERNE (dir), Allaitement ... op. cit. p.113.

* 256 Entretien, août 2009.

* 257 Le manque de vitamine et minéraux essentiels comme le calcium, l'iode, le fer, le zinc est à l'origine des maladies ou troubles de carence en micronutriment.

-l'absence de vitamine A entraine la cécité

- l'absence d'iode entraine le goitre, le crétinisme

-l'insuffisance de fer est à l'origine des anémies qui ont des conséquences comme l'affaiblissement du système immunitaire.

* 258 Ce lait est plus couteux en pharmacie que dans des supermarchés ou des boutiques.

* 259 Source : Mme SIM Judith, une femme séropositive qui a nourri son enfant au biberon.

* 260 Entretien, septembre 2009.

* 261 De nos jours, Yaoundé qui est la capitale politique du pays est confronté à des difficultés d'approvisionnement en eau potable. Cette situation concerne pratiquement tous les quartiers de la ville. Pour contourner cette situation, des véhicules des sapeurs pompiers et de la communauté urbaine sont souvent utilisées pour le ravitaillement. Encore faut- il s'interroger sur la qualité de l'eau du ravitaillement. Ce qui laisse croire que dans l'arrière pays c'est une situation plus présente.

* 262 Banque mondiale, Pour une meilleure santé en Afrique, Washington DC, 1994, p.36.

* 263 ZAZZO, L'attachement, Lausanne, De la chaux et Niestlé, rééd.1997.

* 264 MADINA QUERRE, « la voie du lait. Le sens des pratiques autour de l'allaitement chez les Peul du Séno » in A. DESCLAUX et B. TAVERNE, B. (dir), op. cit. p.204.

* 265 A. TOURAINE, op. cit.

* 266 E. DURKHEIM, De la division du travail social, Paris, PUF, 1996, 3e éd.

* 267 A. DESCLAUX et B. TAVERNE, op. cit.

* 268 MADINA QUERRE, ibid. p.200.

* 269 Entretien, septembre 2009.

* 270 Vivre le SIDA, le livre blanc des états généraux du 17 au 18 mars 1990 à Paris, éd. Du Cerf, Paris, 1992, p.85.

* 271 H. MIMCHE et al, op. cit. p.8.

* 272 -plusieurs campagnes de dépistage gratuit sont régulièrement organisées à l'intention de tout le monde. Ceci pour faciliter un accès général à la connaissance du statut sérologique par les Camerounais.

* 273 -H. MIMCHE et al, op. cit. p.10.

* 274 -A. M. KEGNE, « Sensibilisation du VIH/SIDA et changements de comportements sexuels à risques chez les femmes : le cas des femmes Bansoa de Yaoundé », Mémoire de maitrise de psychologie, Université de Yaoundé I, 2002-2003, p.22.

* 275 -ARNS, op.cit. p.11.

* 276 -C. RENAUDIN, op. cit. p.90.

* 277 -U. OLANGUENA AWONO, op. cit. pp.35-36.

* 278 -cf. spots publicitaires dans les média.

* 279 Cadre de dépenses à moyen terme.






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