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Politique Africaine de sécurité et de défense: problèmes et perspectives

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par Tony KELO ZOLA
Université de Lubumbashi - Relations internationales 2009
  

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§3. L'héritage postcolonial

La lutte africaine pour l'indépendance était le résultat des contractions inhérentes au système colonial lui - même. Après avoir obtenu les frontières du territoire et le contrôle de la population, l'administration de l'Etat et l'organisation de la production ont imposé le besoin de former une petite fraction d'autochtones pour accomplir des rôles d'exécution. L'enseignement était l'instrument grâce auquel l'Etat endoctrinait les agents et fonctionnaires coloniaux africains pour accepter sans condition les impératifs de l'Etat colonial, essentiellement l'autonomie et l'hégémonie, l'inviolabilité et la sécurité du territoire, malgré le caractère, arbitraire des frontières coloniales et la diversité de la population.

Dans les milieux sociaux où la société africaine avait déjà été en avance dans la formation des classes sociales clairement définies et particulièrement là où le monde de production et des relations sociales avaient institué des familles ou des clans régnants, l'Etat colonial instaurait le système d'autorité indirecte avant de les utiliser comme classe intermédiaire entre l'Etat et la population. Les fils et filles des « chefs » et principalement des clans, de convertis religieux et des commerçants étaient par conséquent formés à accepter l'idéologie de base de l'Etat colonial.

a. Les dirigeants postcoloniaux

Pour comprendre la nature de l'Etat postcolonial, il importe d'examiner les conditions de la classe qui a dirigé le mouvement nationaliste de l'indépendance et voir si, vu les circonstances qui l'avaient préparé et élevée, elle pouvait produire les résultats que la population espérait une fois que cette classe prenait le pouvoir des colonialistes47(*).

Dans le chapitre sur « les pièges de la conscience nationale », de son oeuvre les damnés de la terre, Frantz Fanon a formulé la critique la plus acerbe aux classes moyennes africaines qui ont dirigé les mouvements de l'indépendance et qui sont devenues les artisans de l'Etat postcolonial. Comme on l'a déjà remarqué, les classes moyennes instruites provenaient des familles des chefs traditionnels, des propriétaires des terres ; des négociants et de gros marchands, et ceux qui avaient accepté la conversion à la religion de la puissance colonisatrice. Ces derniers étaient envoyés aux écoles missionnaires où ils apprenaient non seulement à donner à Dieu ce qui lui était dû mais aussi à César et ce dans les proportions arrêtées par la mission. A travers l'éducation reçue et la place qu'elles avaient occupée au sein de l'Etat colonial, leur rôle pour la plupart non productif dans l'économie et leur appétit pour les biens et la culture européenne, les classes moyennes africaines ainsi que la population ont perdu presque tous les biens sauf les plus superficiels. Au nom du peuple, la classe moyenne menait la campagne pour l'indépendance sans une seule notion concrète de l'indépendance.48(*)

Les classes moyennes n'étaient certaines que de leurs intérêts immédiats qui n'étaient pas différents de ceux des agents de l'Etat colonial. L'abolition des abus les plus crus de l'Etat colonial - rémunération inégale entre les techniciens africains et européens de même formation, travaux forcés, privation du droit électoral et discrimination raciale dans les relations sociales - a constitué pour la petite bourgeoisie la tâche la plus urgente du mouvement de l'indépendance. Etant donnée leur faiblesse numérique et leur lutte contre les systèmes coloniaux occidentaux provenant des pays pratiquant la démocratie bourgeoise, il était nécessaire pour les classes moyennes de chercher l'appui des masses populaires afin de grossir leurs effectifs et rendre impossible l'administration de l'Etat colonial. Un tel soutien populaire était également important pour mobiliser l'opinion politique internationale et particulièrement l'opinion des progressistes dans les métropoles où la pression jouerait un rôle important dans décolonisation. Unir le peuple et aplanir toutes les différences de classes et d'ethnies revêtaient un caractère important.49(*)

Pour une concentration maximale, la petite bourgeoisie a écarté seulement la contradiction entre l'impérialisme et la population africaine sans tenir compte des classes (lutte nationale) et a supprimé les autres forces qui souhaitaient renforcer cette lutte contre les forces d'exploitation locales et internationales (lutte des classes). Chefs de file nationalistes, dans leur naïveté et leur manque de compréhension correcte de l'essence de l'impérialisme, pourraient formuler des slogans comme « cherchez d'abord l'indépendance politique et toutes les autres s'ajouteront » comme si toutes les autres - libération économique, sociale et culturelle - pouvaient être séparés et reléguées au second plan50(*).

En bref, la classe qui a pris la relève de l'Etat à l'action de l'indépendance par les métropoles a considéré sa mission comme étant le remplacement de l'autorité étrangère par l'autorité africaine. En abordant la question d'exploitation du point de vue racial, les dirigeants nationalistes de gouvernement ont légitimé l'exploitation locale effective par ceux qui l'appuyaient comme « fruits de l'indépendance » ; ils ont justifié la misère croissante de la population, entre autres choses, par des lois uniques de l'ordre économique international devant lequel ils ne pouvaient rien faire.

L'Etat africain postcolonial était exposé à deux contemporains nationaux : la démocratie parlementaire de Westminster et pouvoir absolu monopartiste stalinien. Aucun de deux n'était particulièrement pertinent en Afrique dans la mesure où tous étaient sans cesse critiqués dans leurs pays d'origine. Dans leur tentative de donner un sens à ces modèles, les dirigeants africains ont tourné la démocratie en dérision et lui ont permis de dégénérer en culte de la personnalité, facteurs qui ont invariablement contribué au phénomène de coup d'Etat51(*).

b. Les coups d'Etat et la répression

Sans surprise, les autres coups d'Etat ont toujours promis d'honorer les accords internationaux signés par les gouvernements renversés. Les putschistes faisant ces promesses avant tout pour assurer aux multinationales et aux autres capitalistes étrangers qu'on ne toucherait pas à leurs intérêts. Par contre, les promesses faites aux peuples étaient rarement tenues. Le peuple qui toujours le putsch - n'importe quel putsch - a bientôt fini par découvrir les vraies couleurs putschistes. L'Etat n'était presque pas jamais (positivement) affecté par les coups d'Etat. Quand les tentatives des coups d'Etat échouent, des arrestations massives, des emprisonnements et des peletons d'exécution étaient le sort réservé aux personnes attrapées et à celles suspectées de complicité52(*).

En cas de réussite, les coups d'Etat conduisaient d'habitude à un ordre davantage pire. Privés même de la légitimité des « pères de l'indépendance » et des racines parmi le peuple, la seule manière de survie des nouveaux régimes se faisait par la répression du peuple et l'élimination physique des ennemis réels et imaginaires53(*).

Même dans des régimes où on utilise des méthodes et des modes d'analyse « scientifiques », les exhortations et les slogans de gauche étaient seulement destinés à dissimuler les désirs de l'Etat pour obtenir la complaisance sans réserve de la part du peuple. Même lorsque l'Etat naissait à la faveur d'une lutte armée où les combattants et la population entière avaient enduré de terribles sacrifices, la situation n'était pas meilleure que dans les pays où l'avènement de l'Etat s'est réalisé par des moyens pacifiques. C'était le plus décevant puisque les espérances étaient tellement élevées que, dans ces Etats, une plus grande identification de l'Etat et du peuple serait laborieusement favorisée et que, vu l'expérience des guerres atroces de libération nationale, l'Etat ne trahirait pas la confiance du peuple. L'Unité qui était la plus forte arme des mouvements de libération entre la puissance coloniale, ne pouvait pourtant par durer avant de se ronger une fois l'indépendance obtenue54(*).

Ce que l'on revendiquait comme différence entre les dirigeants étaient souvent des paravents de lutte pour le pouvoir et les résultats de l'absence de démocratie dans le fonctionnement de l'Etat.

L'état Comme les conflits internes se développaient parmi les dirigeants, on accordait de moins en attention aux problèmes réels. Le contact avec le peuple s'effritait graduellement.

L'héritage post colonial est plein d'exemples des perspectives de l'état sur des problèmes trop souvent dictés par un dirigeant, on un groupe d'intellectuels soutenus par l'Etat qui se comportent ou agissent comme si seules leurs idées étaient valables et solides. Parce que ces perspectives ne sont débattues par le peuple ou, au mieux, elles ne sont que superficiellement expliquées, elles manquent de possibilité de réalisation et constituent presque invraisemblablement la cause de la perte énorme des ressources, de la souffrance et du désespoir55(*) .

Politique africaine de sécurité et de défense : problèmes et perspectives

* 47Dag Hammarskjöld Foundation , op.cit, pp.18-19

* 48 Dag Hammarskjöld Foundation ,op.cit, p.19

* 49 Dag Hammarskjöld Foundation ,op.cit, p.20

* 50 Dag Hammarskjöld Foundation ,op.cit, p.20

* 51 Dag Hammarskjöld Foundation ,op.cit, p.20

* 52 Dag Hammarskjöld Foundation, op.cit, pp.20-21

* 53 Dag Hammarskjöld Foundation ,op.cit, p.21

* 54 Ibidem, p.21

* 55 Dag Hammarskjöld Foundation, op.cit, pp. 21-22

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