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L'incidence des importations et aides alimentaires sur l'agriculture congolaise

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par jean louis ndonda
Université de Kinshasa - Licence 2009
  

Disponible en mode multipage

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~ i ~
EPIGRAPHE

« Les droits des agriculteurs méritent l'attention des défenseurs des droits de l'homme et doivent être encouragés dans le cadre de la promotion continue du droit à l'alimentation, car c'est des bases solides sur lesquelles ces droits auront été établis que dépendront nos futurs approvisionnements alimentaires et leur durabilité...

Cette fonction protectrice de l'Etat constitue l'aspect le plus important de ses obligations touchant les droits économiques, sociaux et culturels, et est assimilable à son rôle de protecteur des droits civils et politiques »

Conseil économique et social des Nations Unies, le 28 juin 1999

~ ii ~
DEDICACE

A tous les paysans congolais dépourvus des activités génératrices des revenus à cause des aides et importations alimentaires massives.

A ma future épouse et mes futures enfants,

A mon petit Hénoc,

A toute la famille NDONDA,

Je dédie ce travail

NDONDA MANDUNDU Jean-Louis

~ iii ~
REMERCIEMENTS

Ce travail que nous venons de réaliser a évidemment une histoire longue, mais surtout très riches d'enseignements. Car nous sommes ici bas pour surtout apprendre, et il faut l'avouer, nous avons beaucoup appris. Mais il ne s'agit pas de conter les leçons apprises il est question ici de remercier ceux qui d'une façon ou d'une autre, ont contribué à cet apprentissage. Et Dieu sait qu'ils sont nombreux et alors très nombreux et d'ores et déjà nous présentons nos excuses a ceux qui seront oubliés de cette longue liste.

Néanmoins, qu'il me soit permis de citer en premier, le Professeur Ordinaire MUPINGANAYI KADIAKUIDI Bruno, notre Directeur de mémoire, cheville ouvrière de cette étude qui a cru en nous dès le premier contact nous a offert son savoir et ses valeurs éthiques qui vont nous conduire durant toute notre vie professionnelle.

Nous ne saurons oublier l'Assistant KIMUANGA EYAMBO PapyFernand qui a réussi à nous prendre le premier rendez-vous auprès d'un savant ; ce qui n'était point acquit à l'avance.

Je ne saurais oublier notre grand frère José NDONDA MOPITO qui au commencement était et qui à la fin est encore là. C'est lui en effet qui nous a convaincu à nous engager dans cette entreprise ; c'est encore lui qui a su nous encourager à continuer au moment où le désintérêt a commencé à nous gagner. Nous sommes heureux de lui dire qu'enfin, nous avons fini et vraiment fini. Puis nous nous en voudrons de ne pas citer notre tendre mère Adèle DEGBALASE KANDA pour ses énormes sacrifices, en se montrant à nous comme une mère, malgré les difficultés, elle a été toujours pour nous comme une « poule » qui protège ses petits contre un « géant épervier », nous ne saurions lui dire un mot de la fin, celui qui sonde les coeurs des hommes sait ce que nous envisageons pour sa vieillesse.

~ iv ~

Il va s'en dire que sans l'aide indéfectible de ma famille, ce travail n'aurait jamais pu être écrit, je sais qu'elle a beaucoup souffert de nos absences répétées, parfois longues et peut être inopportunes. Nous voilà enfin à l'aboutissement, merci pour la patience.

Nous ne saurions oublier ici, notre feu Papa François NDONDA-MATAKONGOTE de qui, nous avons retenu qu'il faut toujours achever toute oeuvre entamée. Il faut avouer que cette leçon parmi tant d'autres, qu'il n'avait jamais cessé de nous répéter, nous a beaucoup aidé et permis la matérialisation de ce travail. Tellement cela nous a coûté du temps que certains n'osent plus enquérir de peur de nous irriter.

Nous avions bien compris l'embarras de tout un chacun, et nous sommes heureux de nous voir réconciliés puisque nous avons enfin fini, nous citons ; Pétronelle, Elisabeth, Corneille, Jean-Claude, Elodie, Jinette, JeanJosé, Patrick, Roseline, Irène, Catherine, Maximilien, Martini, Françoise, Hortense, Moïse NDONDA, Giselle, ma jolie femme Mado Ituli, Déborah, Néhémie, Bénédicte, Raïssa, Nadège, Berbérine, Jehovanie, Marlon, Gloire, Iréné, Diton, Gédéon, Marie, Ruffin Nangele, Hélène Damosi, Mamie Bondoko ,Irène Bondoko, Jacques Ndongo, Tous soeurs et frères.

Toutefois vous au moins n'avaient de cesser de nous demander où nous sommes avec notre travail, il s'agit de Guy-Lambert Monzango, Lydie Wama, Lydie Mobale ma bien aimée, Richard Dobo, Cédric Mongengo, Alain Mangawa, Georges Motato, Djodjo Mbandombele, Benoit Ekwa, Gires Belongo, Dickens Liwono, Junior et Augy Ndukuma, Alpha-te-sarah, Mignonne Mubu, Nada M'Poo, Eric Mamboto, Mao Kanda, Nancie Alula, Petra Iyeli, Gédeon Kalambayi, Sylvain Bokanga, Lumeji Gitona, Alain Kiboko, Mandua Ndarabu, Jérémie Mangbau, Toto, et Patrick Ribeiro collègues et camarades.

NDONDA MANDUNDU Jean-Louis

INTRODUCTION GENERALE

La présente introduction générale de notre étude s'articule autour de six points à savoir : problématique, hypothèse, choix et intérêt du sujet, délimitation du sujet, méthodologie et canevas du travail.

I. Problématique de l'étude

Depuis le déclenchement de la crise économique et financière au milieu des années 1990, les conditions de vie des populations congolaises ne cessent de se dégrader. En effet, les programmes d'ajustement structurel mis en oeuvre pour faire face à cette crise ont été caractérisés entre autres par l'arrêt des recrutements, la réduction des effectifs de la fonction publique et la réduction des salaires de plus ou moins 30%1. Cette situation a conduit à l'effritement du pouvoir d'achat et surtout à la paupérisation des ménages dans la mesure où la fonction publique occupe une grande partie de la population active et chaque fonctionnaire a en moyenne huit personnes à charge2.

Après les multiples dévaluations de la monnaie nationale et les événements sociopolitiques que le pays a connus et continue à connaître ont aggravé cette situation occasionnant ainsi de nombreuses pertes en vies humaines, la destruction des logements et des unités de production. Le rapport national du Programme des Nations Unies pour le Développement publié en 2002 estime à 71,1% le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Sur le plan alimentaire, il ressort du rapport conjoint de FAO et PAM sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde, qu'en 2000 à 2002 il y avait 36,6 millions de nombre de personnes sous-alimentées et de 2004 à 2006 une proportion de 75% de personnes sous-alimentées dans la population totale. Cette situation dont l'une des conséquences est la mortalité

1 SHEPHERD A. et FAROLFI S, Libéralisation du secteur des cultures d'exportation en Afrique, Rome, 1999, p.7

2 PNUD : Rapport de développement humain 2008

infantile estimée à 92%o est surtout préoccupante dans les zones rurales3. La malnutrition protéine énergétique avec une Disponibilité Energétique Alimentaire (DEA) estimée à 1.701 kcal/jour par habitat, l'anémie nutritionnelle, l'avitaminose A et les maladies par carence en iode sont les problèmes les plus graves en matière de nutrition dans le pays.

Dans le secteur agricole, l'insistance des réformes à caractère libéral dans le contexte actuel de mondialisation a amené l'Etat à se désengager sans même que les conditions ait en été réunies à cet effet. Plus dramatique, le retrait de l'Etat ne s'est pas accompagné d'une relève pour le secteur privé qui est encore embryonnaire et qui a du mal à jouer le rôle de premier plan qui lui est dévolu. Cette situation a aggravé la dégradation de la situation dans le secteur agricole qui faisait déjà face à la faillite des offices de commercialisation des produits vivriers et des cultures de rente.

En effet, malgré une population active agricole estimée à 74,4%, des superficies cultivables environ 97% et des conditions naturelles favorables, les activités agricoles ne couvrent que 10% d'hectares de terres cultivables4. Les techniques utilisées restent rudimentaires et les exportations agricoles (café, l'huile de palme, le coton, le cacao...) sont quasiment nulles. La production vivrière est inférieure à la demande intérieure et le déficit est comblé par l'importation massive des produits alimentaires estimée à 675,0 milliers de tonnes soit 25,5 millions de dollars US et une aide alimentaire environ de 72,4 milliers de tonnes entre 2004 à 20085.

A propos de ces importations massives, Jean-Pierre Bertrand et Guillermo Hillcoat affirment que les importations alimentaires sont soumises aux mêmes risques d'instabilité que les recettes d'exportation6. Si les céréales

3 Action Contre la Faim(ACF), Rapport d'enquête nutritionnelle 2004

4 YUNG J.M et BOSC P.M, Le développement agricole au sahel, tome IV, Paris, 1992, p.44

5 Banque Mondiale, Indicateurs de développement de l'Afrique 2004

6 BERTRAND (J.P) et HILLCOAT (Guillermo), Brésil et Argentine : la compétitivité agricole et agro-

alimentaire en question, INRA et l'harmattan, Paris, 1996, p.34

importées constituent une ressource bon marché, rien n'assure que ce phénomène sera durable. Le prix du blé a doublé entre 1987 et 1988 à la suite du gel des terres aux Etats-Unis et de la sécheresse. Le marché mondial du riz est étroit (4% de la production mondiale), ce qui rend son prix très volatile : une simple baisse de 1% de la production chinoise entraînerait une baisse de 10% des exportations et stimulerait les prix à la hausse. Pourtant les importations alimentaires comme relèvent Jean-Gilbert Theissen et Roland Pierrot jouent un rôle sécuritaire devant le déficit de la production nationale et surtout permettent de nourrir la population à faible coût dans le contexte de baisse des revenus et de bas prix relatifs des céréales sur le marché international7.

Les importations alimentaires massives n'ont pas seulement pour origine la défaillance du secteur agricole mais aussi de deux causes supplémentaires qui méritent d'être relevées ; Il s'agit de préférence implicite pour la ville dans les politiques de développement et la référence à une situation où la découverte et l'exploitation d'une ressource naturelle entraîne une éviction des autres secteurs de l'économie (l'agriculture par exemple). La préférence se manifeste de nombreuses façons (politiques des prix, politique d'investissement...). Ainsi pour des raisons sociales et politiques, dans le but de protéger le niveau de vie des consommateurs urbains, les biens alimentaires importés ne sont généralement pas taxés ou ne le sont que faiblement.

Les offices de commercialisation ont malgré tout eu une influence sur le marché, cette influence a joué dans le sens du maintien de prix bas, au détriment des paysans et au bénéfice des consommateurs habitants les villes. Avec la mondialisation des échanges sous la férule de l'OMC8, s'organise ainsi à marche forcée et extrêmement violente, une spécialisation de la

7 THEISSEN (Jean) et PIERROT (Roland), Protection des cultures alimentaires en Afrique de L'Ouest et Centrale, Paris, 1994, p.30

8 OMC signifie Organisation Mondiale de Commerce

production à l'échelle de la planète au bénéfique des régions qui peuvent exporter le moins cher, le plus souvent à coup de subventions directes ou indirectes pour assurer le revenu de leurs producteurs soi-disant compétitifs. Cette logique permet en pièces les volontés de souveraineté alimentaire des autres régions de la planète, détruit l'équilibre ville-campagne en poussant à l'exode vers des bidonvilles sans emploi de larges portions de la paysannerie.

Jacques Berthelot dans son analyse sur les effets de la mondialisation sur l'agriculture pose la question de savoir ; « comment parler sérieusement d'économie au service de l'homme quand le prix payé pour le travail paysan se fait par la référence à des pratiques de dumping sur des marchés mondiaux complètement déconnectés de toute réalité sociale et environnementale?»9.

C'est pourquoi aujourd'hui, du niveau local jusqu'à celui des échanges internationaux, le peuple congolais doit lutter pour la souveraineté alimentaire, pour le droit de choisir son alimentation en quantité, qualité et contenu culturel, c'est-à-dire selon ses traditions alimentaires.

Cette revendication fondamentale n'a rien d'abstrait. Elle passe pour la définition de priorités comme le maintien et le développement des produits vivrières culturellement inscrites dans le marché intérieur, par l'adoption de prix rémunérateurs pour que les paysans puissent vivre dignement de leur travail, par des pratiques agricoles durables et, si nécessaire, pour la maitrise des volumes intérieurs de production.

Dans cette optique, Jean Coussy constate que l'explosion urbaine en Afrique modifie les consommations, elle crée des ruptures dans les modes anciens de satisfaction des besoins et elle oblige les autorités à répondre à la demande croissante par un recours aux importations10. Il y a mimétisme des modèles ou des styles alimentaires et diffusion des modèles occidentaux par

9 BERTHELOT (Jacques), L'agriculture talon d'Achille de la mondialisation, l'harmattan, Paris, 2004, p.7

10 NDINGA Mathias, Evaluation des importations et des aides alimentaires par rapport à l'appui au développement de l'agriculture : cas du Congo-Brazzaville, Brazzaville, 2004, p.4

les canaux de la publicité, de l'aide ou des effets de démonstration des groupes occidentalisés.

Fort de ce constat, il nous a semblé avantageux d'étudier dans ce travail ; l'incidence des importations et aides alimentaires sur l'agriculture congolaise de manière à protéger l'agriculture locale contre la concurrence étrangère.

II. Hypothèse de recherche

Les importations et les aides alimentaire ont en général un impact certes négatif sur la promotion de l'agriculture local.

III. Choix et intérêt du sujet

Le choix de ce sujet a été inspiré par le souci d'examiner les causes des évolutions d'appui au développement dans le secteur agricole, d'analyser les effets sur l'économie et de proposer les stratégies de sortie qui permettent au pays d'assurer de façon durable la sécurité alimentaire pour toute la population congolaise.

IV. Délimitation du sujet

Tout travail scientifique, compte tenu de la complexité des matières à traiter doit être délimité dans le temps et dans l'espace.

Notre étude couvre toute la production agricole, particulièrement l'agriculture vivrière; car elle représente l'essentiel de la production à travers de petites exploitations paysannes dans les zones rurales en République Démocratique du Congo pour la période allant de 1977 à 2007.

V. Méthode et techniques de l'étude

Tout travail scientifique appelle une démarche méthodologique. Dans le cadre de notre travail, nous allons utiliser la méthodologie suivante :

i' La méthode analytique et déductive ;

i' Les techniques de collecte des données nécessaires à la réalisation de notre travail comprennent la technique documentaire et le recours aux données secondaires collectées et analysées par les rapports d'études menées par les chercheurs isolés dans le cadre de recherches académiques, le ministère de l'agriculture, les ONG ou les organismes du système des Nations Unies.

VI. Canevas du travail

Outre l'introduction générale et la conclusion générale notre travail comprend quatre chapitres repartis en sections et sous-sections dont la répartition se présente comme suit :

i' Le premier chapitre sera consacré à une approche conceptuelle sur l'agriculture ;

i' Le deuxième chapitre sera consacré sur l'aide et l'importation alimentaire face à l'éthique;

i' Le troisième chapitre décrit et analyse l'état de la sécurité alimentaire en République Démocratique du Congo ;

i' Le quatrième chapitre fera l'objet de l'étude de l'impact des importations et aides alimentaires sur l'agriculture locale.

~ 7 ~
PREMIER CHAPITRE

APPROCHE CONCEPTUELLE SUR L'AGRICULTURE

Dans ce premier chapitre, nous traiterons du cadre théorique sur l'agriculture et autres concepts s'y référant.

Subdivisé en trois sections, la première traite des généralités sur les concepts de base de l'agriculture, la deuxième aborde l'approche économique alimentaire et le troisième explicite les théories sur les importations et les aides alimentaires.

Section 1 : Généralités sur l'agriculture

Cette section va nous aider à bien comprendre l'agriculture dans son extension et même sa contribution dans une économie.

1.1. L'agriculture

D'une manière générale l'agriculture est définie comme une série de cultures et d'animaux auxquels tel ou tel intrant peut être appliqué pour donner des résultats immédiats.

Plusieurs auteurs ont définis le concept agriculture, mais pour ce qui nous concerne nous avons retenu les définitions suivantes :

Mocher montre que l'agriculture est un mode particulier de production fondée sur le processus de croissance des plantes et des animaux11.

En parlant de l'agriculture selon le professeur Mokonda Bonza ; on lui attribue tantôt un sens large, tantôt un sens strict ou étroit12.

11 MOCHER A.T., Pour une agriculture moderne, PUF, Paris, 1967, p.27

12 MOKONDA B, Economie rurale générale, notes de cours, graduat/Unikin, 2006-2007, p.6 (inédites)

Au sens large, l'activité agricole doit comprendre la production, l'élevage (activités pastorales), l'exploitation forestière, les activités de soutien ou d'appui à la production ou à la commercialisation ainsi que, évidemment, leurs interactions avec le milieu et la préservation des ressources naturelles.

Au sens étroit, l'agriculture ne comporte que l'activité de production agricole, c'est-à-dire l'exploitation des cultures vivrières et maraichères ainsi que des cultures industrielles.

La définition de l'agriculture ne se résume pas seulement avec les précédentes mais au contraire, elle peut se définir comme un ensemble complexe où d'interactions entre sols, végétaux, animaux, équipements, travailleurs, et bien d'autres éléments, le tout influencé par l'environnement, et dont les commandes sont tenues et manipulées par une personne appelée agriculteur qui, en fonction de ses préférences et de ses aspirations, s'efforce de produire à partir des intrants et des techniques qui lui sont disponibles.

1.1.1. Rôles de l'agriculture

L'agriculture, principale activité du monde rural, doit continuer à jouer son rôle historique qui se résume comme suit :

i' Fournir de matières premières à l'industrie généralement localisée dans les centres urbains, dans une première phase du développement ;

i' Transférer de la main-d'oeuvre rurale à diverses activités des secteurs secondaire et tertiaire ;

i' Générer des ressources nécessaires au financement du développement du pays, grâce à divers mécanismes de mobilisation des recettes en devises et en monnaie locale ;

i' Constituer l'exutoire naturel des produits manufacturés mis au point par le secteur industriel.

1.1.2. Types de l'agriculture

Il existe deux types d'agriculture ; traditionnelle et moderne

a) L'agriculture traditionnelle

Une agriculture est dite traditionnelle lorsqu'elle est basée sur une technologie archaïque à très faible productivité, héritée de plusieurs générations13. Cette agriculture appelée aussi d'autosubsistance s'occupent principalement de cultures vivrières telles que : le manioc, le maïs, le riz, les légumes, etc. Le paysan cultive pour son alimentation et pratique également quelques cultures industrielles (café, le palmier à huile, le tabac, le thé, etc.).

On constate souvent qu'un clan se spécialise dans la production d'une denrée compatible avec les exigences et les conditions climatiques du sol qu'il habite.

La production est assez faible à cause des étendues réduites et du travail surtout manuel fourni par une main d'oeuvre familiale.

Les méthodes traditionnelles de culture sont basées sur brûlis. Les tâches sont divisées entre hommes et femmes.

Le régime foncier est presque partout le régime coutumier qui désigne la répartition des droits, de faire usage ou de disposer de l'usage d'une terre qui est reconnue par la collectivité. Cette répartition ne se fonde pas nécessairement sur des textes législatifs ou des titres de propriété, mais sur le rapport institutionnel résultant le plus souvent des coutumes locales et de l'accord de la communauté sans l'intervention de mesures législatives14.

13 NKWEMBE UNSITAL, Economie rurale, notes de cours, graduat/Unikin, 2008-2009, p.16 (inédites)

14 DUCROQUETZ A.L ; Le principe de précaution en matière de sécurité alimentaire, FAO, Rome, 2001, p.14

~ 10 ~ b) L'agriculture moderne

C'est une agriculture qui par essence et par objectif, est liée à l'économie du marché. Elle fait appel à un important apport des capitaux étrangers et nationaux. Elle recourt systématiquement à l'emploi de trois facteurs de toute activité agricole à savoir : l'homme, la terre et le capital financier.

Cette forme d'agriculture suit les innovations agronomiques, recourt aux engrais chimiques, biologiques et pesticides, utilise des variétés de cultures améliorées et emploi des machines. Tous ces facteurs conjugués permettent de meilleurs rendements.

Il existe aussi l'agriculture du type intermédiaire, rencontré chez les paysans qui bénéficient d'un encadrement agricole de la part des structures spécialisées, étatiques et privées.

1.1.3. Production

Dans un sens courant, la production désigne l'activité économique consistant à créer des biens et des services. La production apparait d'abord comme le résultat d'un travail fourni par l'homme.

Cependant, tout travail ne conduit pas à une production, pour parler d'une production d'une façon économique, il y deux éléments distincts essentiels ; il faut que les biens produits s'échangent sur un marché ou alors que ceux-ci soient le résultat d'un travail rémunéré.

La comptabilité nationale donne la définition suivante de la production : c'est « l'activité économique socialement organisée consistant à créer des biens et services s'échangeant habituellement sur le marché ou obtenus à partir des facteurs de production (travail, capital, terre et technologie) s'échangeant sur le marché.

Cette double référence au marché nous permet de distinguer la production marchande et la production non marchande.

i' La production marchande ; c'est la production des biens et services destinée à être vendue sur un marché ;

i' La production non marchande ; c'est les services gratuits ou quasi gratuits réalisés avec des facteurs de production obtenus sur le marché.

Nous pouvons aussi définir la productivité qui est l'une de concept clé de la production comme un rapport entre une production et les facteurs (travail, capital notamment) mis en oeuvre pour la réaliser.

La productivité du travail est le rapport entre la valeur ajoutée et la quantité de travail nécessaire, celle-ci étant représentée soit par les effectifs employés soir par le nombre total d'heures travaillées.

1.1.4. Agriculture durable

Le terme « durabilité » est aujourd'hui largement utilisé dans les milieux de développement. Selon le dictionnaire, la durabilité se dit de « la continuité d'un effort, la capacité de pouvoir durer et ne pas chuter ». Dans le contexte de l'agriculture, la durabilité se réfère principalement à la capacité de rester productif tout en maintenant la base des ressources15.

Toutes fois, beaucoup se réfèrent à une définition plus large selon laquelle l'agriculture est durable si elle est d'après Gips16 cité par Reijnts et allié :

1° Economiquement saine, c'est-à-dire qu'elle préserve la qualité des ressources naturelles et qu'elle améliore la dynamique de l'ensemble de

15 REIJNTJS, HAVERKORT et WATERS Bayer, Une agriculture pour demain, Karthala, Paris, 1995, p.21

16 REIJNTJS, HAVERKORT et WATERS Bayer Id,Op.Cit, p.28

l'agro-écosystème, de l'homme aux micro-organismes du sol, en passant par les cultures des animaux.

Le meilleur moyen d'assurer cette dynamique reste une gestion du sol, et de la santé des cultures, des animaux et des êtres humains, grâces à des procédés biologiques (autorégulation).quant aux ressources locales, elles sont utilisées de manière à minimiser les pertes d'éléments minéraux, de biomasse et d'énergie et à éviter toute pollution, l'accent étant placé sur l'utilisation de ressources renouvelables ;

2° Economiquement viable, c'est-à-dire qu'elle permet aux agriculteurs de produire suffisamment pour assurer leur autonomie et/ou un revenu, et de fournir un profit suffisant pour garantir le travail et les frais engagés.

La viabilité économique se mesure non seulement en termes de production agricole directe (rendement), mais également en fonction de critères tels que la préservation des ressources et la minimisation des risques ;

3° Socialement équitable, c'est-à-dire que la répartition des ressources et du pouvoir est telle que les besoins essentiels de chaque membre de la société sont satisfaits, et que leurs droits concernant l'usage des terres, l'accès à un capital approprié, l'assistance technique, et les possibilités de marché, sont assurés.

4° Humaine, c'est-à-dire que toute forme de vie (végétale, animale et humaine) est respectée, que la dignité fondamentale de tout homme est reconnue, que les différents rapports humains et institutionnels utilisent des valeurs essentielles telles que la confiance, l'honnêteté, l'amour-propre, la coopération et la compassion, et que l'intégrité culturelle et spirituelle de la société est préservée et entretenue ;

5° Adaptable, c'est-à-dire que les communautés rurales sont capables de s'adapter aux changements incessants des conditions dans lesquelles évolue l'agriculture (croissance démographique, politiques, demande du marché, etc.). Cela n'implique pas seulement le développement de nouvelles techniques mieux appropriées, mais aussi des innovations sur le plan social et culturel.

Ces critères définissant la durabilité peuvent être contradictoires, et abordés selon des points de vue différents : celui de l'agriculteur, de la communauté, de la nation et du monde. Des conflits peuvent donc surgir entre les besoins actuels et futurs, entre la satisfaction des besoins immédiats et la préservation des ressources de base.

Nous avons retenue que l'agriculture durable consiste à gérer de manière efficace les ressources utilisables par l'agriculture dans le but de satisfaire les besoins changeants de l'être humain, tout en veillant au maintien, voire à l'amélioration de la qualité de l'environnement ainsi qu'à la préservation des ressources naturelles.

1.1.5. Croissance et Développement Economique

On utilisera fréquemment les expressions croissance économique et développement économique. Leurs significations ne sont pas identiques.

L'expression croissance économique renvoie à l'augmentation de la production (produit intérieur brut) par habitat, ou du revenu (produit national brut) par habitat dans un pays17. Les deux ne sont pas nécessairement identiques : certains des revenus provenant de la production peuvent s'écouler vers l'étranger.

L'expression développement économique a deux significations. L'on l'utilise pour désigner la croissance économique à laquelle s'ajoute

17 HAGEN (Everett), Economique de développement, Economica, Paris, 1982, col. Tendances actuelles, p.11

l'amélioration de la répartition du bien-être matériel à l'intérieur des pays à bas revenu. Dans ce sens, elle implique une amélioration de l'alimentation, des services de santé, et de l'éducation des familles aux revenus les plus bas18.

On utilise aussi l'expression développement économique, de façon plus technique, pour designer tous les effets complexes de la croissance, voulus ou non, bénéfiques, préjudiciables ou neutres : les transformations dans les types de biens produits, les méthodes pour les produire, et la structure de l'emploi. On l'utilise aussi pour désigner les transformations dans le taux de croissance de la population, le commerce extérieur, et l'urbanisation, etc.

1.1.5.1. Développement durable

L'expression développement durable est la traduction du terme anglais « sustainable development » elle a été définie pour la première fois de façon claire en 1987, dans le rapport Brundtland de la commission de l'ONU sur l'écodéveloppement. Sa définition la plus simple, celle du rapport de Brundtland, est la suivante : « le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. ».19 Cette définition reste peu opérationnelle car elle est trop large et s'appuie sur la notion de besoins qui est à préciser.

Malgré le flou qui caractérise cette notion, au sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992, le développement soutenable est présenté comme un modèle. Il est évoqué en termes de respect des hommes et de l'environnement et a pour finalité l'autonomie alimentaire par la mise en valeur des ressources locales.

18 Idem, p.12

19 VALLEE Annie, Economie de l'environnement, éd. Seuil, Paris, 2002, p.41

Le développement soutenable est également conçu comme une articulation entre développement agricole et protection de l'environnement. Redclift et Olivier Godard vont plus loin dans l'analyse de cette notion. Pour ce dernier, le développement durable s'est imposé comme un des objectifs de la communauté internationale pour concilier le développement économique et la protection de l'environnement planétaire. Cependant, dit-il, la notion en soi est incertaine et vise à nommer un défi plus qu'elle n'ordonne des actions à entreprendre20. Pour Godard le développement durable assumerait trois fonctions institutionnelles : décloisonner les analyses, intégrer l'environnement dans une perspective de développement économique, lier l'environnement et les relations Nord/Sud.

Jean-Pierre Bertrand s'accorde avec les auteurs précédents pour dire que la notion de soutenable est un compromis entre intérêts socioéconomiques et les intérêts socio-écologiques. Mais en agriculture, ce compromis qui s'inscrit sur une longue durée, porte l'idée de se donner du temps pour une solution plus globale face à la crise agricole21.

Ces auteurs attirent par ailleurs notre attention sur la polysémie du terme « soutenable ou durable » : on ne sait pas très bien ce qu'il recouvre néanmoins il est utilisé par les scientifiques et par le grand public en général.

Mais la notion de durable est également assimilée à « reproductible ». Une agriculture durable serait ainsi en rapport avec la possibilité de reproduction des exploitations et des formes sociales de production. Le cas échéant, des exploitations agricoles à caractère intensif peuvent y figurer pourvu qu'elles assurent leur viabilité. Ainsi, le développement soutenable autoriserait aussi la perpétuation d'une forme de productivisme violé par une :

20 GODARD (Olivier), Le développement durable : paysage intellectuel in Nature, sciences et sociétés, vol.2, Paris, p.330

21 BERTRAND(Jean-Pierre) et GUILERMO HILLCOAT, Op.cit, p. 101

idéologie de l'environnement qui recours à l'éthique, à la morale, pour valoriser et défendre la compétitivité, pour légitimer l'assistance.

Pour s'accorder avec les auteurs précédents, nous définissons le développement durable comme celle qui assure à la fois la rentabilité et la qualité des produits, des paysages, de l'environnement physique et social, autrement dit un développement qui viendrait combler les failles du modèle de développement intensif.

1.1.5.2. Sous-développement

C'est une économie qui a comme caractéristique principale ; insuffisance d'infrastructures économiques, de moyen de transport, de formation, d'éducation de la population moyenne, économie insuffisamment industrialisée où l'agriculture est le seul secteur le plus dominant de la vie économique, etc.

Selon l'expression de François Perroux, le sous-développement est le blocage de la croissance qui résulte de la domination des pays développés22. Le sous-développement des uns serait alors la conséquence du développement des autres.

Plusieurs manifestations de ce processus sont ainsi mises en avant :

1° L'échange inégal qui maintient les pays en dével oppement dans la production de produits de base (d'origine agricole et minière) et les condamne à servir de débouchés aux produits manufacturés des pays industrialisés ;

2° Le développement des cultures d'exportation rése rvées aux marchés étrangers (coton, café, bois, tabac) aux dépens des cultures vivrières permettant d'améliorer le niveau de subsistance des populations ;

22 NYEMBO SHABANI, Op.cit.

3° La dégradation des termes de l'échange qui appau vrit les pays en voies de développement puisqu'ils achètent de plus en plus cher des produits étrangers alors que les prix des produits qu'ils exportent eux-mêmes diminuent ;

4° Le développement du dualisme économique et socia l, c'est-à-dire la coupure, la fragmentation des structures économiques et sociales en deux groupes séparés (opposition entre un secteur moderne et un secteur traditionnel dans l'agriculture comme dans l'industrie ; opposition entre les villes et les campagnes, etc.).

1.1.6. Agriculture et développement rurale

Avant la modernisation de l'agriculture de l'après-guerre, rural et agricole étaient quasiment synonymes : le rural était perçu et vécu à travers l'agriculture. Le développement rural n'était pas alternatif au développement agricole, il lui était consubstantiel et faisait référence à différentes activités dans un même village23. Le terme développement rural s'est d'ailleurs progressivement substitué à celui de vulgarisation agricole jusqu'aux années soixante, le développement rural passe donc par la modernisation de l'agriculture et se confond avec le développement agricole, et bien il puise du sens dans le processus d'industrialisation et son parallèle de modernisation de l'agriculture. Ce processus conduit à l'exode rural et donne lieu à un développement inégal entre urbain et le rural.

Ainsi, plus une région est rurale, plus elle est sous-développée. Une politique de développement rural vient se substituer à la politique structurelle, avec l'ambition de réduire les déséquilibres et l'intention de faire des zones rurales des lieux attractifs pour les urbains, de manière à freiner le dépeuplement des zones fragiles et vulnérables. Il s'agit entre autres de retenir à la campagne une population qui ne peut plus être embauché en ville dans le secteur industriel.

23 PERRIN, L'agriculture dans le développement des régions, pour n°83, 1984, p.13

Dans cet arrangement entre agriculture et développement rural, les termes d'agriculture de services et d'exploitation rurale, introduit par Pierre Muller, nous semble un bon référant. Le premier est défini comme l'ensemble des pratiques économiques où l'exploitant agricole utilise le patrimoine de l'exploitation pour développer une activité de vente de services, soit liés à l'agriculture, soit intégrés dans la logique économique locale24. Dans cette définition, l'auteur passe à celle d'exploitation rurale, considérée comme un système où les différentes activités que l'exploitant exerce ne sont pas juxtaposées mais imbriquées les unes aux autres, se valorisant mutuellement.

1.1.7. Agriculture et environnement

L'environnement apparait dans le discours politique comme un leitmotiv qui réfère autant à la préservation du milieu, à la préservation d'un patrimoine commun, qu'à la relance de la productivité. Le terme est en effet ambigu et chaque discipline se le réapproprie, sans pour autant parvenir à l'ériger en concept. Au niveau du discours agricole, il apparait comme un levier dans la gestion du territoire et un passe-partout venant légitimer de nouvelles stratégies économiques.

L'environnement envisage une reconnaissance, une légitimité des formes locales d'agricultures jouant sur des systèmes de production sousjacents à une région ; il met en lumière les potentialités de ces systèmes non prises en compte par le modèle global dominant. Concrètement, l'imbrication agriculture-environnement ouvre sur une nouvelle conception de l'agriculture et sur une conception du développement en harmonie avec les conditions régionales. L'environnement et la gestion de l'espace pourraient ainsi déboucher sur la légitimation de nouveaux modes d'appropriation des ressources, voir de nouvelles manières d'utiliser les moyens de production. Pour l'instant, comme le soulignent certains auteurs25, l'agri-environnement

24 MULLER (Pierre), Vers une agriculture de services in les problèmes économiques, n°2244, les éditions Ouvrières, Paris, p.8

25 ALPHANDERY et BILLAUD, « L'agriculture à l'article de l'environnement », Etudes rurales n°141-142, p.9-19

constitue un observatoire sur les transformations des fonctions de l'agriculture, sur l'usage des espaces et leurs conflits, sur les rapports de partenariat, etc., un observatoire sur la possible mise en place d'une nouvelle forme de développement.

1.1.8. Le ménage et l'exploitant agricole

1.1.8.1. Le ménage agricole

On considère un ménage comme étant agricole dès lors qu'au moins un membre du ménage gère une exploitation ou dès lors que le chef de ménage a une activité économique, principalement en agriculture.

Trois conceptions permettent de définir et d'identifier le ménage agricole :

i' Selon qu'il est rattaché à l'exploitation ; dans ce cas, il réside sur l'exploitation c'est le critère de résidence ;

i' Selon qu'il exploite ou mieux gère l'exploitation et perçoit son revenu principal de cette exploitation c'est le critère de gérance de l'exploitation ;

i' Selon qu'il fait de l'agriculture son activité principale.

1.1.8.2. Exploitation agricole

On considère comme exploitant agricole ; toute personne physique de sexe masculin ou féminin qui vit en milieu rural ou urbain et exerce une activité agricole au sens large. Ici on se réfère à la population agricole.

1.1.9. L'espace rural

François BLAISOT cité par Jacques Berthelot fait appel à un certain nombre de critères qualitatifs, statistiques et administratifs pour définir l'espace rural26.

Du point de vue économique, l'espace rural est celui où se produisent les denrées agricoles, car toutes autres activités qui s'y développent le sont au service de l'agriculture et de la population agricole.

Du point de vue sociologique, la société rurale se distingue par la spécificité du mode de vie, des comportements et d'un système de valeurs propres autres que celles que l'on observe dans les centres urbains.

Du point de vue géographique, c'est l'occupation de l'espace qui en constitue la caractéristique propre donc la dispersion de l'habitat.

Du point de vue statistique, il est beaucoup plus question de tabler sur des données chiffrées relatives à la taille de la population. Dans ce cas, on prend en compte le seuil de la population à partir duquel on considère que l'agglomération peut être qualifiée d'urbaine ou pas.

1.1.10. Le mode de production

Selon K. MARX, le mode de production constitue, un concept de base du processus de changement historique. Il représente la façon dont les hommes produisent les biens matériels nécessaires pour que la société puisse vivre et se développer.

Depuis 1960, W. ROSTOW a enrichi la littérature économique sur la notion de mode de production en introduisant la théorie des « étapes de la croissance économique ». Pour lui, en effet, le processus de développement de toutes les sociétés passe par les cinq phases qui sont : la société traditionnelle, les conditions préalables du démarrage, le démarrage, le

26 BERTHELOT (Jacques), Op.cit, p.32

progrès vers la maturité et l'ère de consommation de masse. La société traditionnelle, première phase, est caractérisée par la prédominance de l'activité agricole. Or, le développement de celle-ci est limité par :

i' une technologie élémentaire et rudimentaire ayant une faible incidence sur les rendements ;

i' une structure sociale fortement hiérarchisée privilégiant le pouvoir des vieux sur les jeunes qui leur restent totalement dépendants ;

i' le lien essentiel entre la propriété foncière et l'exercice du pouvoir politique, à telle enseigne que ceux qui possédaient la terre ou la soumettaient à son autorité se trouvaient au centre du pouvoir politique.

1.1.11. L'autosubsistance et l'autoconsommation

1.1.11.1. L'autosubsistance

L'autosubsistance doit être considérée comme l'aptitude qu'à une communauté de produire les vivres nécessaires à son entretien et à sa reproduction à partir des ressources qui sont à sa portée et obtenues par exploitation directe.27

1.1.11.2. L'autoconsommation

Une communauté qui évolue dans le cadre d'une agriculture d'autosubsistance destine l'essentiel voire la totalité de sa production à l'autoconsommation. L'organisation socio-économique de la production ne vise donc pas le marché, en tant que destination première, autrement dit en tant qua objectif primordial poursuivi par la communauté28. En d'autres termes, l'ensemble des disponibilités alimentaires sont affectées à la consommation, déduction faite des prélèvements sous forme de semences indispensables à la continuité et à l'expansion du processus de production en relation avec le croît démographique.

27 MOKONDA, Op. Cit, p.8

28 Idem

Mais l'autosubsistance recule avec le développement de l'agriculture. Dès que plus de 50% de la production du ménage sont destinés au marché, l'économie agricole cesse d'appartenir à la production de subsistance.

1.1.12. Le revenu agricole

Pour les ménages agricoles, le revenu provient de plusieurs sources telles que le fruit du travail réalisé dans l'exploitation agricole, les autres activités secondaires, les transferts éventuels. Il importe de préciser que la part du revenu généré par l'exploitation comporte deux éléments, à savoir monétaire et non monétaire.

1.1.13. Système agraire

Spedding cité aussi par Berthelot, définit le système comme étant un certain nombre d'éléments en interaction, agissant ensemble vers un but commun et capables de réagir comme un tout à des incitations extérieurs29.

Le système agraire se conçoit au niveau d'une région. Il peut être définit comme l'association dans l'espace des productions et des techniques mises en oeuvre par une société en vue de satisfaire ses besoins.

Mazoyer cité par Mokonda Bonza, propose de définir un système agraire comme un mode d'exploitation du milieu historiquement constitué et durable, un système de forces de production adapté aux conditions bioclimatiques d'un espace donné et répondant aux conditions et aux besoins sociaux du moment30.

29 BERTHELOT (Jacques), Op.cit, p. 45

30 MOKONDA BONZA, Op.cit, p.30

1.2. Théorie générale sur l'agriculture dans une approche économique

Plusieurs auteurs ont parlé de l'agriculture comme moteur du développement économique mais certains d'eux ont fait une synthèse particulièrement remarquable dans le processus de la croissance économique du pays.

Pour que l'agriculture joue réellement et efficacement ce rôle éminemment historique, elle doit être performante. Il est donc utile de voir comment l'activité agricole est-elle financée dans le pays pour améliorer sa productivité et de voir les dispositions qu'on devrait prendre en vue d'assurer une meilleure commercialisation de ses produits et voir aussi comment procéder pour accroitre la valeur ajoutée des produits issus du secteur agricole.

1.2.1. Contribution de l'agriculture à la croissance économique

Dans les pays où le niveau de développement se trouve encore dans les premières phases telles que décrites par Rostow, la croissance de l'agriculture a une forte incidence sur la croissance économique. Généralement, dans ces pays, l'agriculture y contribue pour une large proportion au Produit Intérieur Brut (PIB) dans la mesure où elle est le secteur qui emploie le plus de main-d'oeuvre et qui produit le plus de richesse. Si l'on considère un modèle simple à deux secteurs, agriculture et industrie, la croissance économique est le résultat conjugué de la croissance pondérée de chacun de deux secteurs.

Dans les pays en développement où la contribution de l'agriculture est prépondérante, la valeur ajoutée par l'agriculture peut atteindre 40 à 50 %. Mais, au fur et à mesure que les autres secteurs prennent de l'importance, la proportion relative de l'agriculture au PIB diminue jusqu'à tomber parfois en dessous de 10 %. Ceci se comprend facilement d'autant plus que les

rendements d'échelle sont plus faibles en agriculture que dans d'autres secteurs, l'industrie en particulier. L'agriculture étant un secteur à croissance lente, le taux global de croissance est d'autant plus faible que le secteur agricole demeure prépondérant. Tant que sa croissance est lente, l'agriculture peut constituer un véritable frein à la croissance économique globale31.

1.2.2. Contribution au transfert des ressources en faveur des autres secteurs d'activités économiques

Sur ce point, deux principaux transferts sont mis à contribution : celui de la force de travail et celui de l'épargne.

1.2.2.1. Transfert de la main-d'oeuvre

Dans la section précédente, nous avons indiqué que le développement des autres secteurs peut occasionner la réduction de la valeur ajoutée dans le secteur agricole. L'accroissement de la productivité agricole entraîne une libération d'une fraction importante de la main-d'oeuvre qui peut rationnellement être utilisée dans d'autres secteurs de l'activité économique. Dans ce cas, comme l'écrivaient déjà les pères de la science économique, l'agriculture constitue un vrai réservoir de main-d'oeuvre dans lequel le secteur industriel doit puiser en permanence pour satisfaire ses besoins. Le secteur agricole constituant un résidu, le caractère de la main-d'oeuvre agricole demeure également résiduel, car il ne reste que l'effectif strictement nécessaire après que les autres secteurs aient satisfait leurs besoins.

Toutefois, si la croissance de l'emploi industriel est inférieure à la croissance de l'emploi global, l'emploi agricole ne peut cesser de croître. Si la croissance de l'emploi est inférieure à celle de la population en âge d'activité, le sous-emploi augmente dans le pays, soit sous forme de sous-emploi urbain, soit sous forme de chômage agricole déguisé32.

31 MOKONDA BONZA, Op.cit, p.53

32 Jacques BERTHELOT, Op. cit, p.47

Comme nous l'avons dit précédemment, la diminution de la population active agricole est un phénomène historique normal. Cependant, ce qu'il faut craindre, c'est que ce phénomène se réalise sans qu'il n'y ait croissance de la productivité agricole. La croissance de l'agriculture en général, et de la production alimentaire en particulier, doit être en rapport avec l'évolution des besoins alimentaires de la population dont le taux de croissance démographique constitue l'indicateur le plus précieux33.

1.2.2.2. Transfert d'épargne

Dans les pays dotés en richesses minières et pétrolifères, ce sont les ressources générées par l'exploitation de ces ressources qui fournissent les moyens nécessaires au financement de l'industrie, de l'agriculture voire d'autres activités comme le tourisme. Par contre, dans des pays qui en sont démunis, ce sont les ressources provenant de l'agriculture qui jouent un rôle décisif dans le financement du développement. Nous devons signaler qu'il y a plusieurs mécanismes qui sont en effet mis à contribution pour générer ses ressources : nous citons à titre d'exemple l'épargne des agriculteurs qu'on ne peut mobiliser que si le revenu de ces derniers s'accroît régulièrement, etc.

1.2.2.3. Contribution à la production des ressources en devises

Dès le début de la colonisation, l'économie des pays nouvellement en contact avec le mode de production capitaliste s'est caractérisée par l'implantation d'une monoculture orientée vers le commerce extérieur. La promotion d'un secteur agricole exportateur devient en effet source de production de réserves de change tant pour ces pays que pour certains pays ayant déjà atteint un niveau de développement avancé comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, les Etats-Unis d'Amérique et même le Japon. Mais, l'inconvénient de la monoculture étant la dépendance à une seule

33 TIKER TIKER cité par NKWEMBE, Economie rurale, notes de cours, Graduat/Unikin, 2009-2010 (Inédites)

culture a incité la plupart de ces pays à diversifier leur agriculture, comme ce fut le cas au Congo.

Toutefois, la forte concurrence entre les pays producteurs a affecté les cours sur les marchés internationaux au point de provoquer une dégradation des termes de l'échange34. Afin de stabiliser les cours et les revenus des pays exportateurs, plusieurs accords commerciaux furent initiés dans un premier temps, notamment en prévoyant un contrôle de la production et des exportations afin d'éviter des surproductions qui n'auraient que des effets dévastateurs sur le niveau des cours. Dans un deuxième temps, certains pays modifièrent leur stratégie en promouvant davantage la transformation locale des produits agricoles afin d'exporter des produits élaborés ou semi-finis (huiles végétales, jus de fruits, cuir de ruminants, conserves alimentaires, bois sciés, tranchés ou contreplaqués, meubles en rotin ou en bambou, etc.). Mais, très souvent le problème qui se pose est celui du transfert de la technologie dont les pays industrialisés ou nouvellement industrialisés en sont les détenteurs exclusifs et jaloux.

1.2.2.4. Contribution au processus d'industrialisation

La promotion de l'industrialisation par l'agriculture peut se réaliser de trois manières35 :

1) L'achat et la transformation des matières premières agricoles ;

2) Le transfert de la force de travail et des ressources financières (question ayant déjà été abordée dans les paragraphes précédents) ;

3) La consommation de produits issus du processus industriel.

34 THEISSEN et PIERROT, Op.cit. p.23

35 MOKONDA BONZA, op.cit, p.57

1.2.2.4.1. Le rôle des industries agricoles et alimentaires

Dans les pays en développement, les Industries Agricoles et Alimentaires (IAA) représentent souvent dans la matrice du tableau d'échanges interindustriels la base du tissu industriel36. Comme l'agriculture est l'activité dominante, les premières unités industrielles qui voient le jour dans les agglomérations urbaines, le sont généralement pour transformer les produits agricoles. Mais puisque ces produits sont souvent de faible valeur marchande et que le coût de transport risque de les rendre peu compétitifs, des unités de première transformation s'implantent déjà en milieu rural.

Plusieurs filières dans l'agriculture constituent une source importante de la structure industrielle de pays en développement. C'est le cas notamment :

i' De la culture du palmier à huile dont le processus de transformation commence par l'huile de palme et se poursuit par la fabrication du savon (de ménage et de toilette), de la glycérine, de l'huile raffinée de table. Le concassage de noix est une opération qui permet d'obtenir de l'huile d'amande largement utilisée dans différentes préparations industrielles et des tourteaux ;

i' De l'élevage dont la viande, outre la consommation en l'état, peut être transformée en conserves, tandis que la peau bien tannée donne du cuir, matière première nécessaire à l'industrie de la chaussure et de la maroquinerie.

Les industries agricoles et alimentaires présentent plusieurs avantages dans les pays où elles se sont implantées :

i' Elles sont à coefficient de travail relativement élevé ;

36 JUNG J.M et BOSC, Op.cit. p.21

i' Elles ne requièrent pas toujours une main-d'oeuvre très qualifiée ;

i' Elles peuvent être dimensionnées par rapport à leur milieu d'accueil (agglomérations urbaines ou zones rurales) ;

i' Elles peuvent également nécessiter un coefficient de capital élevé et donc bénéficier d'importantes économies d'échelle (pâte à papier, panneaux de fibre, etc.) ;

i' Elles sont capables d'entraîner la création d'autres unités industrielles aussi importantes. C'est le cas de l'industrie forestière avec le sciage, le tranchage, le placage, la menuiserie, les papiers, les cartons, etc. ;

i' Elles sont génératrices de la valeur ajoutée et créatrices de nombreux emplois industriels.

1.2.2.4.2. Commercialisation des produits agricoles

Jean-Baptiste Say disait : « L'offre crée sa propre demande ». On ne peut parler de la production sans envisager l'opération de vente ou de commercialisation. L'offre des produits incite les consommateurs (demandeurs) à l'achat. Les préoccupations des vendeurs ainsi que les souhaits des acheteurs doivent s'exprimer sur les marchés qui sont les lieux de rencontre des uns et des autres.

Le but de tout marché agricole est de mettre en contact les candidats vendeurs et acheteurs ; en d'autres termes, c'est de confronter l'offre et la demande. Le prix est donc l'élément qui permet aux uns et aux autres de satisfaire leurs désirs. Si au départ, chacun des intervenants exprime une préférence concernant le niveau de prix ; à un certain moment, la négociation se termine par un prix d'équilibre accepté par le vendeur et l'acheteur. Le prix d'équilibre détermine par conséquent la quantité échangée de commun accord.

Il ne suffit pas qu'il y ait marché, c'est-à-dire confrontation de l'offre et de la demande, faut-il encore savoir comment fonctionne ce marché. Etant donné que les produits agricoles ne présentent pas toujours les mêmes caractéristiques, on admet par conséquent l'existence de plusieurs marchés37. Le marché du riz n'a rien à voir avec celui du maïs, et encore moins avec celui des légumes. Mais, une meilleure organisation du marché est fonction de la qualité des infrastructures physiques nécessaires à la commercialisation des produits.

1.2.2.4.3. Le progrès technique

Le progrès technologique a véritablement révolutionné l'agriculture dans le monde, et en particulier dans les pays du Nord. Les nombreuses recherches dans le domaine de la génétique, de la physiologie, de la phytopathologie, de la médecine vétérinaire, de la technologie, de la gestion des exploitations, etc. ont permis d'accroître de façon considérable la productivité du travail agricole et le volume de l'offre ainsi que la qualité des produits destinés à la consommation finale.

En Afrique subsaharienne, la connaissance de l'offre requiert une analyse approfondie de la production agricole, mais aussi de tous les facteurs susceptibles d'influencer la performance des agriculteurs. L'offre globale en produits vivriers tout comme l'offre d'un produit spécifique (le riz, par exemple) peuvent dépendre notamment :

a) du volume de la production, résultat de la combinaison plus ou moins efficace des facteurs de production et de la réceptivité des agriculteurs au progrès technologique ;

b) des prix des autres produits pratiqués sur les marchés ;

c) de l'état des infrastructures de communication et des moyens de transport utilisés pour l'évacuation des produits ;

37 MOKONDA BONZA, Op.cit, p.61

d) du volume des produits destinés officiellement ou non à l'exportation ;

e) de la politique d'importations des denrées alimentaires pratiquée par le gouvernement, suivant qu'elle favorise ou défavorise la production domestique.

Section 2 : Approche économique alimentaire

L'approche économique alimentaire est un cadre permettant d'analyser la sécurité alimentaire des ménages. Son objectif est d'identifier et de quantifier les moyens que disposent les ménages pour se procurer des vivres.

2.1. Sécurité alimentaire

Selon la FAO, la sécurité alimentaire est concrétisée lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active38.

La Conférence Mondiale de l'Alimentation définie la sécurité alimentaire comme la Capacité de tout temps d'approvisionner le monde en produits de base, pour soutenir une croissance de la consommation alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les prix39.

Pour la Banque Mondiale, la sécurité alimentaire vise à permettre à tous les individus d'accéder à tout moment aux aliments salubres et nutritifs dont ils ont besoins pour mener une vie saine et active.

La sécurité alimentaire des ménages correspond à l'application de ce concept au niveau de la famille, les individus qui composent le ménage étant au centre de l'attention.

38 FAO, L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde, Rome, 2009, p.8

39 FAO, Les concepts et cadres de l'IPC, séminaire de formation du 8 septembre 2010

Nous disons, la sécurité alimentaire aux niveaux individuel, familial, national, régional et mondial existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active.

2.1.1. Problèmes et défis de la sécurité alimentaire

La plupart de pays sont confrontés à une série de défis résultant de la combinaison de la pauvreté monétaire, de l'importance des postes alimentaires dans les budgets des ménages, d'une dépendance très élevée aux importations pour l'alimentation et pour l'approvisionnement en énergie fossile, de la faiblesse des performances de l'agriculture et des capacités institutionnelles40.

De ce fait, la faim et la sous-alimentation sont des sources permanentes de préoccupation sur tout le continent, et en particulier en Afrique. Durant la dernière décennie, de réels progrès ont été accomplis dans de nombreux pays et à travers les sous-régions. Cependant, le défi demeure au sein de groupes très importants de population et ceci est de surcroît accentué par les reculs dus à la crise alimentaire récente.

2.1.2. Composantes de la sécurité alimentaire

Au stade actuel des connaissances sur la sécurité alimentaire, il est permis de distinguer trois éléments fondamentaux dans le contenu de la sécurité alimentaire, à savoir41 :

v' La présence des disponibilités alimentaires suffisantes ;

v' La stabilité des approvisionnements dans le temps et dans l'espace ;

40 ONU, L'état de la sécurité alimentaire en Afrique, Addis-Abeba, octobre 2009, p.2

41 TOLLENS (Eric), L'état actuel de la sécurité alimentaire en RD. Congo : Diagnostic et perspectives, Working Paper, n°77, Bruxelles, février 2003, p.18

i' L'accès matériel et économique de tous les individus aux approvisionnements disponibles.

a) La présence des disponibilités alimentaires

Nous envisageons à ce niveau l'aspect de l'offre nationale de produits alimentaires pouvant résulter de :

i' La production alimentaire intérieure ; i' Importations commerciales ;

i' L'aide alimentaire.

b) La stabilité des approvisionnements

L'existence des disponibilités ne suffit pas, comme l'affirmait Sen, il faut encore garantir à la population du pays la stabilité des approvisionnements. Les variations saisonnières, l'inefficacité des infrastructures de transport, les déficiences du système de commercialisation, la position de la balance des paiements, une politique des prix peu rémunérateurs, etc., bref, tous ces facteurs peuvent influencer négativement la stabilité des approvisionnements.

c) L'accès matériel et économique aux approvisionnements Disponibles

1° L'accès économique est fonction du revenu disponible au niveau de l'individu ou du ménage. La présence des stocks physiques ne résout nullement l'équation de la faim au niveau de l'unité de consommation. C'est le pouvoir d'achat qui détermine la quantité et la qualité des aliments que le ménage (ou l'individu) est disposé à acquérir pour la consommation.

La création des emplois nouveaux, le réajustement périodique des rémunérations et leur versement régulier, tels sont les moyens qui concourent à la réalisation de l'objectif de sécurité alimentaire42.

2° L'accès physique est conditionné par la dispersion géographique de la production, de la praticabilité du réseau de communications (routes, fleuves, chemins de fer) et notamment de la pénurie des moyens de transport.

2.2. Les zones économiques alimentaires

Les zones économiques alimentaires sont des zones dans lesquelles les mêmes options de revenu alimentaire et de revenu en liquidités tendent à être disponibles et sur lesquels les familles plus ou moins pauvres et riches dépendent à divers degrés43.

Une zone de subsistance est une entité géographique qui peut être utilisée pour l'analyse des données spatiales, où l'objet d'intérêt regroupe les résultats relatifs à l'homme: comment les personnes sont affectées par le risque, les chocs, et l'évolution du climat ou des processus économiques.

2.3. Sous-alimentation

On parle de sous-alimentation selon la FAO et le PAM, lorsque l'apport calorique est inferieur aux besoins énergétiques alimentaires minimaux (BEAM). Les BEAM correspondent à la quantité d'énergie nécessaire à la pratique d'une activité légère et au poids minimum acceptable pour une taille donnée. Ils différent selon les pays et varient tous les ans en fonction du sexe et de la pyramide des âges.

42 MOKONDA B. Op. Cit, p.63

43 TANYA Boudreau, L'approche économique alimentaire : cadre permettant de comprendre les stratégies de subsistance en milieu rural, Paris, 1998, p.11

2.4. La pauvreté

La pauvreté comprend différentes dimensions liées à l'incapacité de satisfaire des besoins humains tels que consommer et assurer sa sécurité alimentaire, être en bonne santé, pouvoir apprendre, pouvoir faire valoir ses droits et entendre sa voix, vivre en sécurité et dans la dignité, et exercer un travail décent. La pauvreté doit également être combattue en vertu de considérations liées à la protection de l'environnement et à l'instauration d'un développement durable.

La pauvreté a donc plusieurs dimensions, au niveau opérationnel, elle est souvent définie en termes de revenu. Les mesures les plus courantes de la pauvreté sont le seuil national de faible revenu et un revenu inférieur à 1 dollar US par jour.

Le seuil de pauvreté alimentaire (SPA) est établi sur les paniers alimentaires constitués de groupes de produits qui sont essentiellement consommés. Ces biens composent la dépense minimale d'un individu ou d'un ménage pour se procurer un panier de biens alimentaires qui respecte à la fois les normes nutritionnelles d'un régime alimentaire équilibré et les habitudes de consommation de la population considérée.

2.5. Les Moyens d'Existence

Les moyens d'existence sont les capacités, (à la fois les ressources matérielles et sociales) et les activités nécessaires à un individu pour gagner sa vie.

Les moyens d'existence sont durables lorsqu'on est en mesure de supporter les tensions et de se remettre des chocs, de conserver ou d'améliorer ses capacités et ses biens sans pour autant compromettre la base de ressources naturelles.

2.6. Crise agricole

Par la crise on attend une rupture, un retournement brutal de la conjoncture économique qui marque la fin d'une période d'expansion hausse de la production). La crise est donc au départ le court moment où tout bascule.

La crise agricole prend son origine des difficultés qui se trouvent dans le secteur prépondérant de l'agriculture. A la suite de guerres ou des conditions naturelles défavorables. La récolte est mauvaise, ce qui entraine une diminution des revenus de la grande majorité de la population paysanne tandis que la hausse de prix des céréales ne profite qu'à ceux qui ont pu constituer des réserves44.

Cette augmentation du prix conduit la population à consacrer l'essentiel de ses revenus à l'achat de produits alimentaires, si bien que la demande adressée à l'industrie chute brutalement. Ainsi la crise agricole aboutit à une crise des débouchés industriels.

2.7. Office de commercialisation

Les offices de commercialisation représentent le principal problème pour le système commercial international sont ceux intervenant à l'importation plutôt qu'à l'exportation. Ses organismes conservent la capacité de restreindre les volumes importés, indépendamment de l'existence ou non de quotas tarifaires.

2.8. Dumping agroalimentaire

Le dumping est une pratique anticoncurrentielle consistant à exporter et à vendre sur un marché étranger un produit à un prix inférieur de celui pratiqué dans le pays d'origine.

44 TOLLENS (Eric), Op. cit, p.13

Selon le GATT45 résulte de la vente d'un produit sur le marché mondial à un prix inferieur à sa valeur normale sur le marché intérieur ou, si l'on peut l'identifier, à son coût de production assorti d'une marge bénéficiaire normale46. Donc le dumping est vendre à perte sur le marché international.

Section 3 : Généralités sur les concepts l'importation et les aides alimentaires

3.1. L'importation alimentaire

L'importation alimentaire implique tous les vivres destinés à la vente, la monétisation, si bien par les ONG ou les agences multilatérales que par les gouvernements également47.

3.2. L'importation et l'agriculture

3.2.1. Les poussées d'importations

Il n'existe pas de définition universelle du concept de « poussée d'importation » La définition habituelle est tirée de l'article 2 des Accords de Sauvegarde de l'OMC. On parle de poussées d'importations quant un produit est importé dans un pays dans des conditions telles qu'elles causent ou menacent de causer des dommages sérieux sur les industries domestiques par la concurrence directe ou indirecte de ces produits importés sur des produits locaux48.

La FAO définit une poussée d'importation comme une augmentation de 30% de la moyenne des importations sur les trois dernières années pour l'ensemble des pays en développement.

45 GATT est sigle qui signifie General Agreement on tarif and Trade (Accord Général sur les droits de Douane et le Commerce)

46 THEISSEN et Roland PIERROT, Op.cit.

47 BRONKHORST Ruud, Effets de l'aide alimentaire structurelle dans la forme d'achat local et de vente de riz sur le développement rural, Thèse, Amsterdam, 2006, p.9

48 DUTEURTRE G, l'impact des importations sur les filières agricoles dans les pays en développement. Réflexion à partir de l'étude des « poussées d'importation », séminaire, Dakar, juin 2005, p.1

Ainsi, une poussée est associée à des dysfonctionnements dans les processus commerciaux, dysfonctionnements propres à justifier des mesures de « sauvegarde ». le terme sauvegarde est utilisé en référence à des actions gouvernementales qui peuvent prendre la forme de restrictions ou de contrôle des importations par l'élévation des droits de douane ou la restriction des quantités (comme les contingentements).

Selon ces définitions, entre 2500 et 6000 cas sont reportés dans les 20 dernières années pour l'ensemble de pays en développement.49 Ce chiffre varie, selon que l'on prend en compte les importations globales, les importations commerciales seules ou l'aide alimentaire seule.

3.2.1.1. Facteurs des poussées d'importations

Plusieurs facteurs expliquent les poussées d'importations, au premier rang desquels on trouve la disponibilité sur le marché mondial de produits à des prix extrêmement bas.

Les pays africains sont fortement concernés par la menace des poussées d'importations et ce, pour trois raisons principales. D'une part le faible développement de leurs économies, d'autre part, les économies sont largement ouverte au commerce international, et enfin une ouverture de leurs marchés dans le cadre de l'intégration régionale et sous-régionale.

3.2.1.2. Impact des poussées d'importation sur les filières locales

L'impact des importations sur les filières locales se révèle assez complexe. Mais énumérons les faits suivants :

i' Les poussées d'importations ne sont pas forcément un frein majeur au développement des filières locales ;

i' Les pratiques déloyales ne sont pas toujours la cause des poussées d'importations ;

i' La segmentation des marchés tendent à limiter l'impact des importations à certains types d'entreprises

i' Une politique commerciale n'a d'effet que si elle est doublée d'une politique d'investissement et d'appui aux filières locales.

i' Plusieurs leviers peuvent être utilisés pour lutter contre l'impact négatif des importations, aux premiers rangs desquels on trouve les politiques de sauvegarde, la formation des acteurs et la sensibilisation des consommateurs.

3.2.1.3. La révolution verte

Surnommé le père de la révolution verte, Swaminathan savait que, depuis la fin des années soixante, il était techniquement possible de sortir de la famine grâce à la mise au point de nouvelles semences de riz et de blé à haut rendement50. La sélection de l'I.R.36, riz amélioré qui est né par croisement, dans un tube à essais, d'espèces sauvages recueillies dans la nature, n'existait pas en 1966. Il a toutes les vertus que peut en attendre un paysan d'Asie : croissance rapide, tige courte, épi lourd, résistance aux maladies et aux intempéries. C'est l'I.R.36 qui a triplé les rendements, et grâce auquel les besoins en riz sont globalement satisfaits dans le monde51. L'Inde de 1988 produit davantage de riz par habitant qu'en 1966 alors qu'elle compte cent millions d'habitants de plus.

La révolution verte n'a réussi que là où les conditions politiques et économiques accordées aux agriculteurs ont permis une juste rémunération de leurs efforts. La première condition pour échapper à la famine, c'est donc le respect de la petite propriété privée.

50 GASSAMA Tiguidanké, Les déterminants des importations de produits agricoles du Sénégal : cas du riz, mémoire de DEA en économie internationale, Dakar, 2006, p.30

51 GASSAMA Tiguidanké,Op.Cit, p.32

3.2.1.3.1. La portée de la révolution verte

La révolution verte est une politique d'amélioration des agricultures du Tiers-Monde fondée sur l'intensification et l'utilisation de variétés de céréales à hauts rendements. Le terme révolution verte désigne le bond technologique réalisé en agriculture au cours de la période 1944-1970, à la suite de progrès scientifiques réalisés durant l'entre-deux-guerres. Elle a été rendue possible par la mise au point de nouvelles variétés à haut rendement, notamment de céréales (blé et riz), grâce à la sélection variétale. L'utilisation des engrais minéraux et des produits phytosanitaires, de la mécanisation, de l'irrigation y ont aussi contribué. Elle a eu pour conséquence un accroissement spectaculaire de la productivité agricole, et a permis d'éviter des famines catastrophiques, qui auraient été la conséquence naturelle de l'augmentation sans précédent de la population mondiale depuis 1950.

La révolution verte est le modèle de développement le plus efficace à moyen terme dans le Tiers-Monde. L'Inde en est l'exemple le plus connu et évident : en effet, elle a multiplié par 10 sa production de blé, et par 3 sa production de riz. Mais la révolution verte connaît aussi des limites : les productions demandent beaucoup d'eau, d'engrais, de pesticides (d'éléments chimiques en général), ce qui entraîne des sols moins fertiles, et très pollués. Elle a entraîné un usage excessif de pesticides et un appauvrissement de nombreux sols.

Cette révolution a de nombreux effets non agricoles. Elle a causé de profonds changement culturels : exode rural massif, déperdition du savoir traditionnel agricole. Elle a par ailleurs été accusée de contribuer à réduire la biodiversité et de mettre les agriculteurs sous dépendance de l'industrie agropharmaceutique.

profiter. L'État s'engage alors sur les réseaux d'irrigation, sur la formation de techniciens, la mécanisation, va favoriser les crédits, et va également garantir aux agriculteurs des prix d'achat élevés. Malgré cet engagement de l'État, les paysans ne sont pas équipés pour ce genre d'agriculture : ils n'ont pas des terres assez grandes et doivent souvent s'endetter. La révolution verte était une enveloppe technologique contenant des éléments importants: variétés améliorées à haut rendement (VHR) de deux céréales de base (riz et blé), irrigation ou maîtrise de l'approvisionnement en eau et meilleure utilisation de l'humidité, engrais et pesticides, et techniques agronomiques associées.

3.3. Aides alimentaires

Selon la FAO, l'expression aide alimentaire est traditionnellement utilisée pour désigner des opérations internationales qui ont pour but de fournir une « aide sous forme de produits alimentaires à un pays qui aurait besoin d'une telle aide ».52

Selon le PAM, l'aide alimentaire est décrite comme des livraisons ou des actions incluant la livraison de spécifiques quantités matérielles de vivres à un pays bénéficiaire ou acquis dans ce pays même, grâce à des fonds fournis par une agence donatrice officiellement ou par une ONG internationale.53

Le professeur MAHIEU dans son article d'éthique et aide alimentaire, définit l'aide alimentaire comme une forme de l'aide internationale qui consiste principalement à subvenir à la sécurité alimentaire de populations vulnérables par la distribution de nourriture.54

52 FAO : Les négociations commerciales internationales et aides alimentaires, Rome, 2005, p.2

53 BRONKHORST Ruud, Effets de l'aide alimentaire structurelle dans la forme d'achat local et de vente de riz sur le développement rural, Amsterdam, 2006, p.9

54 MAHIEU F.R, Ethique et aide alimentaire, Genève, février 2009, coll. Economie et développement international, p.3

Pour le professeur Mokonda l'aide alimentaire constitue un transfert sans contrepartie financière de denrées vivrières d'un pays donateur à un autre pays bénéficiaire, elle est avant tout d'origine humanitaire.

L'aide alimentaire est avant tout un instrument mis en place en situation d'urgence lorsqu'il s'agit de sauver des vies dans un délai proche de l'immédiat, soit après de graves catastrophes naturelles (sécheresses, inondations...), soit à la suite de crises politiques majeures.

Pour ce qui nous concerne, l'aide alimentaire peut se définir comme toutes aides données sur une base régulière au pays et qui n'est pas utilisée pour les cas d'urgences. Ces aides prennent aussi bien en compte les importations alimentaires que les vivres achetés localement et distribués ensuite à des groupes spécifiques dans le pays.

3.3.1. Rôle de l'aide alimentaire

Globalement, l'aide alimentaire reste nécessaire pour suppléer en partie à une production locale insuffisante et à un manque évident de solvabilité des populations. Ses impacts dépendent de son mode de distribution et du calendrier.55

3.3.2. Formes de l'aide alimentaire

Aides alimentaires est une des réponses aux situations d'insécurité alimentaire, en particulier les plus extrême. Elle peut prendre plusieurs formes :

i' Aide alimentaire d'urgence représente l'aide octroyée aux victimes de catastrophes relavant de phénomènes naturels ou d'origine humaine.

55 GERARD F et all. L'impact des mesures de soutien à l'exportation et de l'aide alimentaire sur la sécuritéalimentaire, rapport d'étude, Paris, Octobre 2006, p.11

Cette aide est distribuée gratuitement à des groupes de bénéficiaires ciblés, généralement sous forme de don.

i' Aide alimentaire octroyée dans le cadre de projet vise à soutenir des activités spécifiques de lutte contre la pauvreté et de prévention en cas de catastrophe à travers la distribution de denrées alimentaires pour des projets liés à l'aide alimentaire en échange d'un travail « vivre contre travail », aux repas scolaires et à la nutrition mère-enfant. L'aide alimentaire octroyée dans le cadre de projets peut aussi favoriser le développement agricole et la sécurité alimentaire. cette aide est généralement distribuée gratuitement à des groupes de bénéficiaires ciblés ou vendue localement sur le marché libre devenant ainsi une aide alimentaire « monétisée ». elle est octroyée sous forme de don.

i' Aides alimentaires programmes, représente un transfert de ressources, fourni dans un cadre bilatéral, fréquemment dans le contexte de difficultés relatives à la balance des paiements et généralement monétisée dans le marché bénéficiaire. Cette aide est parfois fournie sous forme de don et ne vise pas de groupes bénéficiaires particuliers.ici l'aide est accordée à des conditions de prêt.

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DEUXIEME CHAPITRE

L'AIDE ET L'IMPORTATION ALIMENTAIRES FACE A L'ETHIQUE

L'objectif de ce chapitre est d'analyser les grandes critiques faites à l'aide alimentaire et la protection agricole à l'importation par une réflexion éthique afin d'identifier les grands problèmes qui sont soulevés.

Section 1. Ethique et aide alimentaire

1.1. Ethique comme concept

Le terme éthique, qui se dit adjectivement de ce qui a rapport à la morale, s'emploie aussi comme féminin par certains auteurs pour désigner la science de la morale ou un ouvrage traitant de cette science.56

Puisque l'éthique est synonyme de la morale, ce vocable doit se définir comme nom donné à la science ou à la doctrine qui détermine les règles de nos actions, tandis que dans son sens le plus large, l'expression déontologie couvre la science déterminant l'ensemble de devoirs à remplir57.

Pour ce qu'il y a des domaines de l'application de l'éthique, celle-ci s'applique à tous les domaines de prestation des services destinés à la consommation du public. Toute personne qui s'installe sur la place publique pour rendre service au public est tenue à l'éthique, qu'il s'agit de la production des biens ou des services, à titre gracieux ou onéreux.

L'éthique est une connaissance pratique : elle reconnait le bien là où il se trouve, elle contribue aussi à l'amener par l'action dans les cas où il fait défaut, ou à empêcher qu'il ne soit lésé. L'éthique contient donc un savoir d'après lequel peut s'orienter la réflexion de l'individu sur les actions bonnes et nuisibles, justes ou injustes.

56 MUPINGANAYI (Bruno), Ethique et déontologie professionnelle, éd. CARI, Kinshasa, 1998, p.1

57 Idem, p.2

L'exigence de l'éthique devient encore plus forte lorsque les prestations destinées au public touchent à la santé, à l'honneur et au bien-être des citoyens.58

1.2. A la recherche d'une perspective historique

Depuis la fin de la guerre froide, l'enjeu n'est plus de soutenir tel ou tel camp, mais au contraire de contraindre certains acteurs de conflit à faire la paix. Il s'agit en effet de résoudre, ou parfois simplement de contenir, des crises qui, pour une raison ou une autre, menacent la stabilité politicoéconomique de certaines régions. Dans ce contexte, de nouvelles stratégies d'instrumentalisation de l'aide humanitaire, et notamment de l'assistance alimentaire pour ne pas dire de l'arme alimentaire sont apparues. Ceci n'est que le dernier épisode d'une longue histoire qu'il s'agit de décrypter.

Au cours de la période coloniale, la mise sur pied du commerce triangulaire entre la France métropolitaine, l'Indochine et les colonies d'Afrique a eu des effets considérables sur les systèmes agricoles locaux. En coulant les productions vivrières traditionnelles par la vente à bas prix du riz « cochinchinois », et en instaurant une politique fiscale coercitive (les impôts coloniaux sur le sel, le nombre de personnes par famille, les corvées en nature), la puissance coloniale a pu développer, en Afrique notamment, des cultures de rente. Les paysans du bassin arachidier sénégalais connaissent bien les conséquences de cette évolution : écosystèmes en crise, sols dégradés, vulnérabilité accentuée des économies paysannes en face du commerce international des produits agricoles59. De plus, le commerce des céréales locales s'est trouvé fortement entravé et déstructuré par les nouvelles habitudes de consommation. Les produits d'importation ont en effet pris une place déterminante dans le panier de la ménagère, notamment en milieu urbain : riz, pain, etc.

58 MUPINGANAYI, Op.cit, p.2

59 GRÜNEWALD (François), « pour ou contre l'aide alimentaire » in revue internationale de la Croix-Rouge, n°822, p.633

Parallèlement à cette approche mercantile sont apparues des stratégies d'utilisation politique de l'aide alimentaire. L'un des premiers exemples bien documentés de cette dernière est l'assistance apportée par l'Occident à l'URSS lors de la grande famine de 1921. Croyant montrer au pouvoir des Soviets la générosité de l'Ouest et la supériorité du modèle capitaliste, les promoteurs de ce programme de secours alimentaires ont en fait facilité la mise sous coupe réglée de l'agriculture et l'écrasement de la paysannerie60. Ainsi l'aide alimentaire d'urgence, offerte manifestement ou refusée, cache souvent d'autres desseins61.

Avec la fin de la guerre froide et les changements affectant « la planète de toutes les crises », les stratégies d'utilisation de l'aide alimentaire ont évolué. L'embargo alimentaire et le refus de financer des programmes nutritionnels sont de plus en plus utilisés pour faire fléchir une partie à un conflit, quel qu'en soit l'impact sur les populations civiles. Lorsque l'on sait que ceux qui décident de l'arrêt ou de la continuation d'un conflit ne sont généralement pas ceux qui pâtiront de la pénurie induite par l'embargo, on peut imaginer qu'il faudra que les zones qu'ils contrôlent soient transformées en champs de souffrances infinies pour que, de peur d'une révolte, ils cèdent aux pressions. À quel prix humain ? Les embargos économiques au sens large font, certes, partie de la panoplie des pressions diplomatiques à disposition du Conseil de sécurité de l'ONU. Ils peuvent également être utilisés de façon unilatérale par certains pays. Il faudra veiller à ce que l'on n'en abuse pas, et surtout, à ce que les populations vulnérables des pays ciblés ne deviennent pas, du fait de cette action politique, des sinistrés alimentaires. Les agences humanitaires doivent garder dans ces situations toute latitude d'agir, de façon indépendante et impartiale, et de prévenir la catastrophe. Les débats actuels à propos de l'Irak, de la Serbie et du Burundi montrent la complexité de ces questions.

1.2.1. L'aide alimentaire comme instrument du colonialisme

De nos jours, le monde possède d'énormes capacités pour répondre aux famines à grande échelle et prévenir leur expansion. Mais les mécanismes qui fournissent l'alimentation en cas de famine ne sont pas aussi efficaces qu'ils pourraient l'être car ils ne sont pas toujours motivés par les besoins des affamés mais par des motivations liées à l'histoire du colonialisme.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) est le rouage le plus important de la machinerie de l'aide alimentaire mondiale. Les Etats-Unis sont de loin les plus gros donateurs du PAM, fournissant plus de 60% de l'aide alimentaire. Mais ils insistent pour soit donner des produits alimentaires soit pour lier leurs contributions financières à la commande de produits américains.

Cette politique fait partie d'une stratégie délibérée de subvention de l'agriculture des Etats-Unis et de fragilisation de ses concurrents agricoles. Fournir de l'aide en nature allège les symptômes de la famine mais perpétue ses causes.

Il n'est dans l'intérêt de l'économie et du secteur agricole des Etats-Unis de développer le Sud que dans la mesure où cela leur ouvre de nouveaux marchés et leur apporte des commandes. Comme l'a fait remarquer Lawrence Godwin, de l'organisation Africa Faith and Justice Network, "Les Etats-Unis veulent voir leurs compagnies contrôler les ressources les plus fondamentales de la vie, incluant les semences, les plantes cultivées et l'eau62.

David King, le conseiller scientifique en chef du Royaume Uni, s'est fait l'écho de nombreuses personnes en dénonçant la tentative des Etats-Unis de faire entrer de force les technologies de modification génétique en Afrique par

62 www.legrandsoir.info. Consulté le 24 octobre 2010

le biais de l'aide alimentaire comme étant "une expérimentation humaine massive.63"

Tout porte à croire que c'est le rejet mondial des plantes génétiquement modifiées qui influence les pratiques d'aide des Etats-Unis. Avec la montée de la résistance aux plantes génétiquement modifiées que l'on observe aujourd'hui au niveau mondial, la majeure partie du maïs que les Etats-Unis proposent actuellement comme aide alimentaire à l'Afrique ne peut plus de toutes les manières être vendue. Comme le fait remarquer le London Independent, "L'aide alimentaire est le dernier marché à l'exportation non régulé ouvert aux agriculteurs des Etats-Unis quand les consommateurs européens et asiatiques fuient le maïs génétiquement modifié et introduisent des réglementations strictes pour son importation et son étiquetage.64

1.3. Les dérives de l'aide alimentaire à travers le prisme de l'éthique

L'aide alimentaire est avant tout un instrument mis en place en situation d'urgence lorsqu'il s'agit de sauver des vies dans un délai proche de l'immédiat, soit après de graves catastrophes naturelles, soit à la suite de crises politiques majeures. Elle recouvre une vaste diversité d'instruments spécifiques à chaque situation : distribution de rations sèches, mis en place de cuisines populaires, systèmes d'alimentation complémentaires spécifiques destinés aux femmes enceintes, système de réhabilitation thérapeutique.

Si le principe de cette forme d'aide n'est pas remis en cause, son efficacité est très variable selon le contexte dans lequel elle est mise en oeuvre. Pour Carlo Del Ninno, les marchés sont encore le moyen le plus efficace de faire face à l'insécurité alimentaire dans la plus part des situations, notamment hors crise. Ayele Gelan va plus loin, et montre l'effet démotivant de l'aide alimentaire sur la production locale en prenant l'exemple particulier

63 USAID procurement information ( www.usaid.gov/procurement_bus_opp)

64 Declan Walsh, «America finds ready market for GM food - the hungry», The Independent, 30 March 2000.

de la RDC. La production locale n'étant plus compétitive face à l'aide alimentaire gratuite, les producteurs ayant réussi à produire malgré les difficultés ne parviennent pas à écouler leurs stocks. Les producteurs sont découragés. Ils adaptent leur comportement à la situation engendrée par le donneur et préfèrent intégrer les rangs des vulnérables et recevoir de la nourriture gratuitement. Ce comportement égoïste développé face à un partenaire altruiste est décrit par Becker cité aussi par MEHIEU comme un comportement « d'enfant gâté ». Ce théorème s'énonce comme suit : « si un agent bienveillant peut augmenter son utilité en réalisant un transfert vers un bénéficiaire quelconque, alors ce bénéficiaire, recherchant son intérêt propre, sera amené à simuler l'altruisme envers le donateur afin d'obtenir en fin de compte un transfert plus important que s'il ne s'était pas comporté de manière altruiste. Le bénéficiaire fait donc en sorte de choisir une stratégie qui maximise l'utilité du donateur pour, à son tour, en retirer un gain maximum ».65

En choisissant d'opter pour une stratégie attentiste et non productive, conforme aux attentes du donneur, les producteurs ainsi démobilisés par l'aide alimentaire renforcent la récurrence et l'ampleur des situations de crise, confortant les donateurs dans leur jugement et dans la nécessité de développer encore un peu plus les dons.

James Buchanan nous aide à comprendre ce processus avec son « dilemme du samaritain ». Pour lui le samaritain est actif, c'est-à-dire que le choix entre donner et ne pas donner n'est pas conditionné par le comportement de l'individu aidé66.

Ainsi, soit le samaritain donne et l'individu aidé ne travaille pas ; soit le samaritain ne donne pas et alors il déroge à ses principes moraux. Le samaritain est donc face à un dilemme : donner et conforter l'individu aidé

65 BALLET (Jérôme), BARILLOT et MAHIEU, « Dilemme du samaritain : une mise en perspective », in Monde en

développement, vol.2007/1,n°137,p.11

66 KOBOLBT (Christian), « Rational samaritans, strategic moves, and rule-governed behavior : some remarks on James Buchanan's «samaritan's dilemma»,1995

dans son comportement égoïste, ne pas donner et subir la perte morale de ne pas aider quelqu'un dans le besoin. Buchanan évoque la situation où le samaritain joue après l'individu aidé. Il devient passif car il conditionne son choix à celui de l'autre protagoniste. Le donneur n'est plus qu'un samaritain potentiel et ne s'impose plus la contrainte morale du don. L'individu aidé anticipe alors le nouveau pragmatisme du donneur. La règle morale fixée a priori est alors de nouveau la faiblesse du donneur. Ici, Buchanan met en lumière la contradiction entre l'utilité de court terme tant pour le samaritain (satisfaction morale de faire la charité) que pour l'individu aidé (ne pas travailler et recevoir quelque chose) et le long terme qui est affecté négativement par cette action de charité.

Si cette conséquence de l'aide alimentaire est aujourd'hui clairement identifiée, elle est loin d'expliquer à elle seule la récurrence des stratégies d'aide alimentaire et le fait qu'elles tardent à basculer dans les phases de réhabilitation puis de développement, seules étapes à même de générer les changements structurels propres à sortir de l'assistant. Et si l'on porte un regard attentif aux mécanismes d'aide alimentaire du point de vue des donateurs, on se rend alors compte que l'engagement altruiste et charitable n'est probablement pas l'unique motivation.

En premier lieu, il est important de saisir que les contributions en nature des pays donateurs sont moins liées à la survenance de crise de par le monde qu'au cours de la tonne sur les marchés d'échanges. Jacques Bertholet constate que les dons augmentent lorsque les cours sur le marché mondial sont les plus bas, c'est-à-dire quand les céréaliers du Nord ne parviennent pas à écouler leurs excédents67.

Ce graphique détermine la relation entre aide alimentaire et cours mondial du blé.

67 BERTHOLET (Jacques), Op. CIt. p.336

La situation

d'urgence subie par des populations vulnérables n'est alors plus l'objet premier du don, mais il découle d'u ne seconde stratégie par les pays du Nord.

La critique la plus appuyée que l'on peut porter à l'aide alimentaire est qu'elle est l'objet d'un véritable business générant des sommes colossales dans les pays du Nord. Dans le cas de l'aide alimentaire américaine, une loi exige que 75% de cette aide soit non seulement d'origine américaine (issue des agro- industries céréalières), mais également conditionn

ée et transportée

par voie maritime (jusqu'au pays aidé) par des entreprises américaines. Si le cas des Etats-

Unis est particulièrement marquant, nous insistons sur le fait que ce principe d'instrumentalisation se retrouve chez la plupart des pays donateu rs d'aide alimentaire sous formes variées.

Nous nous retrouvons bien loin du samaritain de Buchanan, victime de son altruisme, exploité par des parasites prédateurs. Il est au contraire dominateur et l'individu aidé est alors victime du don.

Un exemple encore plus édifiant est traité par Zerbe. Lors de la crise alimentaire de 2002 en Afrique Australe, l'opinion publique est interpellée sur la présence de céréales OGM dans les dons d'aide alimentaire des EtatsUnis. Sans parler des effets des OGM sur la santé ou l'environnement qui font encore l'objet de recherches et des débats passionnés, les impacts négatifs sur l'agriculture fragiles sont assez clairement identifiés. En effet, les céréales distribuées pour l'alimentation font inévitablement l'objet d'une sélection pour reconstituer les stocks de semences. A la récolte, les agriculteurs sélectionnent là encore les meilleurs grains pour l'année suivante sauf que les grains d'OGM sont stériles, plongeant à nouveaux les paysans en situation de vulnérabilité. Pour Zerbe, l'aide alimentaire américaine lors de cette crise n'avait d'autre but que de permettre à l'industrie des biotechnologies d'étendre sa zone d'influence et sont marché avec la volonté de rendre l'agriculture locale dépendante, au risque d'aggraver l'insécurité alimentaire dans la région68. Le don impur devient alors malveillant, empoisonné.

Toutefois, cette défiance extrême de l'aide alimentaire a eu pour effet salutaire de faire sortir certains Etats de leur comportement de « l'enfant gâté ». Ainsi, un certain nombre d'Etats au premier rang desquels la Zambie, a refusé l'entrée sur leur territoire de l'aide alimentaire américaine.

De tout ce qui précède, nous constatons que si la morale du principe fondamental de l'aide alimentaire qui consiste à reconnaitre à chaque individu sur la terre l'universalité du droit à l'accès à une nourriture en quantité et en qualité suffisante peut être admise largement comme juste et bonne, les mécanismes qui s'en prévalent sont quant à eux beaucoup plus critiquables. L'utilité individuelle de court terme se confronte à la responsabilité de la société dans son ensemble dont l'horizon est infini.

68 ZERBE Noah, « feeding the famine? American food aid and the GMO debate in southern Africa», food policy,n°29,2004,p.594

1.4. Le cheminement d'une réflexion éthique sur l'aide alimentaire

Dans la première partie, nous avons balayé de façon non exhaustive le paysage des actions d'aide alimentaire pour identifier les problèmes éthiques qu'elles peuvent soulever. Dans cette seconde partie, nous nous proposons d'aborder la problématique en sens inverse : sur la base d'un questionnement critique, quelles devraient être les réponses éthiques que les actions d'aide alimentaire devraient apporter.

Pour ce faire, nous nous baserons sur l'étude de François Grünewald, pourquoi la simple interrogation « Pour ou contre l'aide alimentaire » doit être dépasser : Il s'agira plutôt de répondre aux questions pourquoi l'aide alimentaire ? Quand l'aide alimentaire ? Comment l'aide alimentaire ? Et enfin comment s'en passer ? ». Il n'est alors plus question de remettre en cause la finalité, mais bien de débattre des moyens et des mécanismes de mise en oeuvre.

1.4.1. Pourquoi aide alimentaire ?

D'un point de vue éthique, l'aide alimentaire internationale se fonde avant tout sur la perception morale des pays donateurs69. Il s'agit d'un altruisme pur de donneur et/ou de sa responsabilité vis-à-vis des pays en situation de crise alimentaire. Selon Peter Singer cité par Mahieu, il n'y a pas de différence entre laisser mourir et tuer. Les citoyens des pays riches en n'intervenant pas dans les pays en crise apparaissent alors comme meurtrier. De même, Levinas cité aussi par Mahieu exposait cette responsabilité ainsi : « Etre moi, signifie dès lors, ne pas pouvoir se dérober à la responsabilité, comme si tout l'édifice de la création reposait sur mes épaules »70

69 On ne considère alors pas seulement les décideurs, mais l'ensemble des citoyens.

70 MAHIEU (François-Régis), Ethique économique, fondements anthropologiques, éd. Harmattan, Paris, 2001, p.150

La seconde notion éthique qui justifie la finalité de l'aide alimentaire répond à la nécessité de justice sociale dans la communauté mondiale. On distinguera alors une approche « substantive » à la Rawls : les besoins premiers, tel l'accès à une nourriture en quantité et en qualité suffisante, doivent être assurés pour tous. A cette approche, Nozick oppose la justice « procédurale » par laquelle le juste mécanisme de mise en oeuvre est garanti. Il s'agit alors de corriger les répartitions inégalitaires initiales de revenus et de puissance liées à l'histoire. L'aide alimentaire est alors un vecteur de redistribution de richesse par le maintien de filet de sécurité71.

1.4.2. Quant l'aide alimentaire ?

C'est probablement la question essentielle d'une démarche éthique concernant l'aide alimentaire si l'on veut éviter des effets pervers dont nous avons parlé en première partie. L'analyse de la nature de la famine et de sa cause est indispensable. Une origine erronée aboutit à une politique d'aide alimentaire inadéquate, souvent conçue pendant la crise et qui conduit à des effets inefficaces voire condamnable.

La seule approche macroéconomique pour expliquer une crise alimentaire ne suffit pas. Les liens de causalité systématique entre une crise alimentaire et la pression démographique ou la disponibilité de la nourriture ne sont pas vérifiés empiriquement.

Selon Sen, c'est plutôt un problème de droit à l'accès à la nourriture. Il décrit alors la famine comme un manque des capacités. Ces capacités sont déterminées par la carte d'échanges propre à chaque individu et à son positionnement dans la société, elle-même caractérisée par des aspects légaux, politiques et économiques. Ainsi, Sen montre qu'il peut y avoir famine alors même que les greniers sont pleins72.

71 NOZICK (Robert), « Distributive justice »,Philosophy and public affairs, vol.3,p.45

72 MAHIEU (François-Régis), Op.cit, p.155

Dès lors que la crise est due au dysfonctionnement des échanges et à une inégalité des capacités des individus, fournir de la nourriture ne résout pas le problème à long terme : La prévention des famines met en jeu des mesures si faciles que la véritable énigme tient à ce qu'elles continuent à sévir. Ainsi, une situation d'insécurité alimentaire comprend un aspect conjoncturel (catastrophe, conflit...) qui joue le rôle de catalyseur et un aspect structurel (vulnérabilité des populations liée à un effondrement de la production causé par des politiques agricoles inappropriées, une instabilité politique...) qui représente la prédisposition de la population à passer d'une situation de sécurité à une situation d'insécurité.

Le don alimentaire se justifie pleinement dans l'urgence d'un événement générant une famine car l'universalité des droits humains justifie la nécessité de l'ingérence des pays riches plutôt que le respect de la souveraineté d'Etat en incapacité de faire face. Cependant, dès lors que les facteurs structurels à l'origine de la vulnérabilité des populations sont identifiés, le don alimentaire ne peut être la réponse systématique. Gardons en outre à l'esprit qu'il existe de nombreux cas où la famine est au mieux instrumentalisée, au pire créée à des fins politiques73. Bien analyser l'origine de la famine, c'est éviter d'engager une action d'aide alimentaire soit qui sera inefficace, soit qui nourrira des affameurs. Il convient donc d'identifier le bon moment où il faudra changer de mode d'intervention.

1.4.3. Comment l'aide alimentaire

Cette question fait écho à celle du « pourquoi ? ». Car si la finalité doit être juste, les moyens et les procédures mis en oeuvre pour y parvenir doivent l'être tout autant. Ceci nous amène une nouvelle fois au débat autour de la justice sociale. Même si l'expression d'une justice substantive manifeste la bonne intention de l'aide alimentaire, les pratiques nous montrent la nécessité de procédures équitables, donc d'une justice procédurale. Autrement dit, la

73 CHAMARKH et BALLET, Op.cit

mise en place de cette aide ne doit ni générer d'effets externes négatifs dans les pays aidés, ni être l'instrument d'une domination par les donateurs. Pour cela, il faut commencer par définir les objectifs de l'aide et sa durée. Une évaluation de la situation alimentaire et des besoins d'aide alimentaire est indispensable avant, pendant et après les actions. Souvent les infrastructures et les transports locaux sont mal adaptés pour gérer des flux de produits alimentaires. Il arrive que des milliers de gens meurent de la faim, alors que des milliers de tonnes d'aliments se gâtent au port ou sont vendues sur le marché noir.

Tous ces constats et exigences ont été traduits dans la charte de l'Aide alimentaire par les pays donateurs et bénéficiaires. Mais malgré son existence depuis une vingtaine d'années, elle n'est que peu respectée car non contraignante pour ses signataires. Le défi est de faire respecter la charte pour garantir une sécurité alimentaire durable et établir une volonté politique collégiale, faite de renforcements et de partenariats. Ces initiatives peuvent se traduire par une aide triangulaire où le Programme Alimentaire Mondial, organe des Nations Unies, aurait un rôle majeur à jouer. L'envoi de céréales venues du Nord serait remplacé par une somme d'argent destinée à acheter des céréales produites localement en zone excédentaire, pour les redistribuer aux populations nécessiteuses, tout en veillant à ne pas déstabiliser les marchés locaux et en prenant en compte la capacité d'absorption des individus bénéficiaires. De nombreuses expériences réussies ont existé principalement à l'initiative d'ONG.

Pour clore, la question qui doit être l'aboutissement d'une réflexion éthique portée sur l'aide alimentaire devrait être celle-ci : comment se passer de l'aide alimentaire ? Il s'agit non seulement d'envisager de supprimer l'aspect structurel d'une famine potentielle (politique agricole performante), mais également d'envisager qu'un Etat puisse être en capacité de protéger sa population de la faim suite à une catastrophe naturelle ou non. Il serait tentant de dire que si la réponse était connue alors elle serait déjà en application.

Toutefois, si nous avons correctement répondu avec éthique aux questions précédentes, alors nous ne devons probablement pas être loin de la réponse à cette dernière question. Il semblerait dès lors que la justice sociale n'est pas substantive ou procédurale, mais substantive et procédurale, car l'universalité des droits humains ne peut s'exprimer au détriment de la capacité des peuples à y subvenir par eux-mêmes.

Section 2. L'éthique et la protection agricole à l'importation

La protection à l'importation est la forme de soutien la plus transparente et la plus universelle dans le temps et l'espace, donc la plus légitime. Pourtant, derrière l'écran de fumée de leurs discours idéologiques sur la nécessaire libéralisation des échanges agricoles, les pays occidentaux ont imposé au reste du monde une typologie des formes de protection permises et interdites conforme à leur situation spécifique de pays riches tout en bafouant les valeurs éthiques et les déontologies du commerce international.

La protection à l'importation s'impose dans tous les pays d'abord pour défendre les revenus des agriculteurs et la stabilité du pouvoir d'achat des consommateurs contre la forte volatilité des prix mondiaux.74 Il s'avère donc que la protection à l'importation s'impose d'abord pour garantir la sécurité alimentaire quantitative des pays pauvres. Elle s'impose aussi pour que l'agriculture puisse remplir pleinement ses fonctions non marchandes en contribuant à la préservation de l'environnement, au maintien des emplois ruraux, à l'aménagement équilibré du territoire, garantir aux consommateurs des produits alimentaires de qualité, alors que les pays occidentaux voudraient les obliger à consommer de la viande aux OGM. Bref elle s'impose au nom de la multifonctionnalité de l'agriculture, laquelle est un secteur d'activité très spécifique.

Jean-François Sneessens estime, à raison, que aussi longtemps que le niveau d'organisation des pouvoirs publics reste mondial, la responsabilité

74 BERTHELOT, Op.cit, p.296

d'assurer cette sécurit et le choix des moyens à mettre en oeuvre restent eux aussi nationaux. Aussi longtemps que les marchés mondiaux fonctionnent de manière aussi imparfaite que c'est le cas actuellement, on ne peut imposer aux Etats un dumping à l'importation par une suppression systématique et déraisonnable de leurs barrières douanières.75 Au sein du Comité agricole de l'OMC, une majorité de pays reconnaissent qu'un traitement contre l'éthique et différencié en matière d'accès au marché continue à être essentiel en vue d'améliorer la participation générale des pays en développement dans le commerce agricole mondial et pour renverser la tendance croissante de nombre d'entre eux à devenir importateurs nets.

Une évaluation faite par FAO montre l'impact de l'Accord Agricole d'Uruguay Round sur une dizaine de pays du Sud est globalement négative, notamment du fait de la forte baisse des protections à l'importation qui ont rendu les produits locaux non compétitifs.

Nous avons fait un constat que la protection tarifaire agricole doit encore en moyenne supérieure à 40% dans les pays occidentaux contre 4% pour les produits industriels alors qu'elle n'est que de 10% à 20% dans la majorité des pays du Sud. Ce constat malheureux nous conduit à conclure qu'il faut éliminer partout la protection car cette dernière n'est pas éthique dans un commerce où on cherche l'équité et la justice sociale. Comment ne pas s'interroger sur le lien entre la dépendance alimentaire croissante de l'Afrique noire et la quasi absence de protection à l'importation de son agriculture, contrairement à la plupart des autres pays du Sud qui n'ont réduit leur forte protection, sous la pression occidentale, que récemment après avoir atteint une quasi autosuffisance alimentaire, tout en bénéficiant d'ailleurs de la protection alternative très efficace liée à la sous-évaluation de leurs monnaies.

75 SNEESSENS (Jean-François), Mondialisation, marchés mondiaux des produits agricoles et coopération internationale, communication lors du colloque de l'Association Européenne de Formation Paysanne et Rurale, Bruxelles, 25 février 2000.

2.1. Les pays industrialisés et la protection de leur agriculture à l'importation

Les leçons de l'histoire montrent que tous les pays qui se sont spécialisés en fonction de leurs avantages comparatifs initiaux dans les productions de matières premières, notamment agricoles, sont restés sousdéveloppés alors que les pays occidentaux et les pays du Sud aujourd'hui industrialisés (Taïwan, Corée du Sud, Inde, Brésil, Chine...) ont bâti de toutes pièces leurs avantages comparatifs actuels dans les secteurs secondaire et tertiaire, le Japon et les EU en tête, à l'abri d'une très forte protection de leur agriculture, notamment à l'importation. Anderson et Tyers ont d'ailleurs montré que la protection agricole s'accroit avec le degré d'industrialisation des pays.76

L'évolution de la politique agricole de la Finlande de 1931 à 1994 confirme le constat de Swinnen77 cité par Anderson et Tyers selon lequel la protection a varié en fonction inverse de la part de l'agriculture dans l'emploi total, dans le budget des ménages et dans le taux d'autosuffisance alimentaire. Elle a montré aussi que les périodes de baisse des revenus agricoles relativement au reste de l'économie correspondent à une hausse de la protection et que, inversement, la protection agricole baisse lorsque le revenu agricole augmente plus vite que la moyenne. Plus généralement, l'on peut vérifier la corrélation étroite qui existe entre le niveau de développement d'un pays et l'importance de sa protection à l'importation. De même, les pays du Sud à ne pas s'être industrialisés, en premier lieu ceux d'Afrique noire, sont aussi les seuls à ne pas avoir eu la volonté ou la capacité politique de protéger leur agriculture à l'importation, compte tenu des pressions exercées sur eux par les pays occidentaux et les organisations internationales qu'ils dominent, le trio Banque Mondiale, FMI et OMC en tête.

La protection obligée de l'agriculture à l'importation découle de la nécessité de garantir des revenus agricoles minima face aux forts aléas climatiques qui lui sont spécifiques. L'absence de protection contribue au contraire, face à une demande alimentaire faiblement élastique, à accentuer au niveau national les fluctuations de prix déjà intrinsèques au marché mondial. D'autant que celui-ci se caractérise par la dégradation à long terme des termes de l'échange entre les produits agricoles et les produits industriels et les services, qui tient elle-même à la relative saturation des besoins alimentaires dans les pays développés, contrairement à la consommation des produits industriels et des services. D'autant en outre que les fluctuations des prix mondiaux sont amplifiées par la valse imprévisible des taux de change dans le contexte de la globalisation financière.

La protection de l'agriculture à l'importation est particulièrement cruciale aux premières phases du développement, tant que les paysans représentent la majorité de la population puisque des revenus agricoles élevés conditionnent les investissements permettant d'accroitre les rendements et ainsi de libérer des ressources pour l'industrie et les services. Simultanément le démarrage de ces secteurs dépend de l'importance de la demande des agriculteurs.

~ 60 ~
TROISIEME CHAPITRE

ANALYSE CRITIQUE DE L'ETAT DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

L'objectif de ce troisième chapitre est d'analyser la situation du pays sur le plan de la production agricole et de la sécurité alimentaire. Cependant, la description et analyse de l'état de la sécurité alimentaire nécessitent que soient prises en compte les questions liées à la population et aux modèles de consommation, car ces derniers déterminent les besoins de consommation alimentaire et leur évolution. C'est ainsi qu'avant d'analyser la situation du pays sur le plan de production agricole et de la sécurité alimentaire, il est passé en revue les aspects liés aux changements des modèles de consommations.

Section 1. A la découverte de la RDC

Située en Afrique centrale à cheval sur l'Equateur, la République Démocratique du Congo (RDC) s'étend de l'Océan atlantique au plateau de l'est et correspond à la majeure partie du bassin du fleuve Congo, sur une superficie de 2.345.000 km2. Elle comprend quatre types de climats : le climat équatorial, le climat tropical humide, le climat tropical à saison sèche prolongée et le climat littoral. Le Nord du pays, sous influence de l'Equateur, présente une pluviométrie plus forte et régulière78.

Elle est limitée au Nord par le Soudan et la République Centrafricaine, au Sud par l'Angola et la Zambie, à l'Est par la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda, et à l'Ouest par l'Océan atlantique, l'Enclave de Cabinda et la République du Congo.

Sa population et sa densité sont estimées respectivement à environ 60.000.000 habitants et 26 hab/km2. Il faut noter que le dernier recensement de la population de la RDC date de 1984. Cette population se concentre sur

78 www.wikipedia/RD.Congo/28Aout 2010

les plateaux, dans la savane, près des fleuves et des lacs ; au nord et au centre du pays, les domaines de la jungle sont quasiment vides. L'exode rural exacerbé par les guerres a gonflé les villes et surtout Kinshasa, la capitale. Le peuple congolais est composé de près 450 tribus en majorité Bantou (près de 80 % de la population).

La RDC possède un important potentiel de ressources naturelles et minérales. Son économie est fortement tournée vers l'exportation des produits miniers (diamant, or, cuivre, coltan, bauxite, fer, manganèse, charbon, pétrole, gaz méthane, schistes bitumeux, cobalt, ...). Aucune industrie de pointe n'a été développée.

L'agriculture reste la principale activité en milieu rural, mais souffre d'un manque total de mécanisation. Les principales ressources agricoles sont les cultures céréalières, les tubercules, le café, le bois et le caoutchouc. Le tourisme a été freiné par les guerres civiles. Les voies de communication sont presque inexistantes.

Selon le Rapport sur le développement humain publié en 2007 ; la RDC est classée au 168ème sur 177 pays. Le même rapport signale que le pays est classé parmi les Pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) et Pays les moins avancés (PMA) avec un PIB par habitant estimé à 119 $ US en 200579 puis à 130 $ US en 2006 et une proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté estimée à 70%.

Section 2. Situation du pays sur le plan de la production agricole

2.1. Analyse des besoins alimentaires

L'analyse de la production agricole en rapport avec la sécurité alimentaire conduit à examiner la capacité du pays à satisfaire ses besoins alimentaires à partir de sa production. Pour ce faire, il est indispensable de

79 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008

connaitre ces besoins avant d'examiner la couverture de ces derniers par la production nationale. En effet, le niveau de consommation d'une population est un facteur important dans l'analyse du bilan alimentaire, car c'est à partir du niveau de consommation que les objectifs de la politique alimentaire peuvent être fixés.

Le tableau ci-après donne les niveaux moyens de consommation de quelques groupes de produits par personne et par an.

Tableau ni : Consommation moyenne par personne et par an (en kg)

Groupes de produits

1970-1980

1981-1990

1991-2000

2001-2010

Céréales-Excl Bière

23.5

35.7

38.7

41.6

Fruit- excl vin

49.7

54.7

58.8

67.4

Lait- excl Beurre

10.3

12.4

9.5

12.5

Légumes

17.5

16.4

16.7

19.8

Poissons et fruits de mer

34.6

29.7

27.8

14.2

Tubercules et Racines

459.6

406.5

360.7

299.5

Viandes et abats

15.1

12.9

10.1

17.3

Sources : nous-mêmes à partir des données de la FAOSTAT

La lecture de ce tableau permet d'avancer que les tubercules et racines (manioc, pomme de terre, patates douce, ignames, etc.) constituent les aliments de base de quasi-totalité des congolais avec des quantités moyennes consommées, par personne et par an, supérieures à 250 kg quelle que soit la décennie considérée. Les tubercules sont suivis des fruits dont les quantités consommées en moyenne par personne au cours d'une année ont évolué de 49.7 kg lors de la première décennie, à 58.8 kg au cours de la décennie 1990 ; ce qui représente une augmentation de 18,7% à travers les trois décennies.

Par ailleurs, ce tableau montre que lors de la décennie 1970, les poissons ont occupé la troisième place dans la consommation des populations. Seulement, à partir de la décennie 1980 jusqu'à nos jours, la consommation de cet aliment a reculé, perdant ainsi leur troisième place dans la consommation au profit des céréales. Cette situation est en partie

attribuable à l'augmentation de la consommation du riz et du pain qui est fabriqué à partir de la farine de blé.

S'agissant des autres groupes de produits (les légumes, les viandes et les produits laitiers), le tableau montre qu'ils sont consommés en faible quantité car le nombre moyen de kilogramme par personne et par année n'atteint pas 20 kg pour l'ensemble des produits et pour les quatre décennies. Cependant, on relève que la consommation de ces trois produits a connu une évolution croissante sur la période de décennie 2000-2007. Ainsi, les kilogrammes de légumes consommés en moyenne par année sont passés de 17.5 dans la première décennie à 19.8 dans la quatrième décennie. Les quantités moyennes de viande et de produits laitiers sont quant à elles passés respectivement de 15.1 et 10.3 kg dans la première décennie à 17.3 et 12.5 kg dans la dernière.

Dans l'ensemble l'augmentation des produits tels que les céréales, les viandes et les produits laitiers dont les évolutions à travers les quatre décennies dépassent 90%, s'expliquent, en partie, par le phénomènes d'exode rurale où tout le monde veut habiter la ville et par le mimétisme de consommation par ceux qui habitent la campagne.

Dans la perspective, si la situation ne change pas, les consommations moyennes par personne et par an des céréales, des légumes, des viandes et abats et du lait vont augmenter. A contrario, les consommations des poissons et fruits de mer ainsi que celles des autres fruits vont décroitre.

2.2. Production agricole et satisfaction des besoins

alimentaires

2.2.1. La production agricole

enquête agricole dans les provinces date de 1996/1997. Depuis lors, il n'y a plus eu d'enquêtes sur le terrain et toutes les statistiques sont donc des projections qui parfois ne reflètent pas la réalité sur terrain et aujourd'hui elles sont corrigées parfois avec les enquêtes ponctuelles dans certaines zones en fonction des disponibilités de financement.

Dans presque toutes les provinces, la tendance de la production agricole est à la baisse, malgré l'accroissement continu de la population qui est de l'ordre de 3% par an. Cette situation parait peu crédible et il serait peutêtre préférable de ne pas publier de statistiques agricoles sur la production et de ne pas faire de bilans d'approvisionnement alimentaire basés sur ces statistiques.80

Le dernier grand recensement agricole en RDC date de 1970. En 1980, seules ont été menées des enquêtes villages pour la mise à jour de la base des données. Le dernier recensement général de la population date de 1984.

Il existe des annuaires de statistiques agricoles jusqu'en 2004, et même des projections 2005-2009, faites à la demande du groupe ECOFIN de l'Assemblée Nationale. Ces données sont peu fiables ; les responsables le reconnaissent volontiers mais ces données sont utilisées faute de pouvoir s'en procurer d'autres.

Pour illustrer cette production nous avons choisi la culture vivrière car celle-ci représente l'essentiel de la production à travers de petites exploitations paysannes dans les zones rurales et, depuis les dernières années, dans les zones périphériques de certains grands centres urbains (tels que Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Mbandaka, etc.)

L'estimation de la production des principales cultures vivrières par province en 2000 est résumée dans les tableaux ci-après.

Tableau ni : Estimation de la production vivrière en RDC par province en 2000 (en tonnes)

Provinces

 

Manioc

Maïs

 

Riz

Plantains

Arachides

Haricots

Bandundu

3

614

789

188 481

24

027

19

011

123

397

nd

Bas Congo

1

313

000

19 802

18

672

24

587

13

427

13 886

Kinshasa

 

14

378

13 592

2

289

 

Nd

2

743

142

Equateur

1

772

303

141 670

22

355

45

960

22

431

269

Prov. Orient

2

671

065

100 257

115

819

237

757

22

431

17 312

Kasaï Occ.

 

122

841

176 642

15

468

11

222

3 5031

9

Kasaï Orien.

1

365

774

200 337

40

288

10

126

42

386

751

Maniema

 

762

553

33 637

46

765

23

862

16

141

18

Nord Kivu

 

335

768

46 237

12

298

129

762

7

453

56 468

Su Kivu

 

731

556

16 232

27

571

23

948

16

703

27 050

Katanga

2

149

452

247 112

12

248

10

948

77

797

6 095

TOTAL

15

959

055

1183999

337

800

537

183

379

940

122 000

Sources : Nous-mêmes sur base des données de SNSA/FAO/PAM

L'analyse par produit montre que la culture du Manioc occupe 86% de la production nationale vivrière, cela s'explique par la forte demande de ce produit sur le marché car le manioc constitue un aliment de base dans l'alimentation de la plupart des congolais, elle est suivie par la culture du Maïs qui occupe 6% de la production pour la simple raison que le Maïs est souvent mélanger dans la préparation du « fufu » dans la plupart des provinces surtout dans la ville de Kinshasa et dans le deux Kasaï. Vue leurs modes de préparation dans les ménages, la production des plantains et du riz occupent respectivement la troisième et la quatrième place avec une proportion respectivement de 3% et 2 % sur l'ensemble de la production vivrière nationale. La production d'arachide pour l'année occupait la cinquième place suive de la production d'haricot qui n'est pas encore bien connue dans l'alimentation congolaise.

Dans un rapport d'enquête sur l'analyse de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité en RDC, il découle que la production par province montre une baisse générale de la production du manioc sur l'ensemble des provinces. La plus forte baisse est notée dans la province du Katanga avec 41%. Les plus grandes productions de manioc proviennent du Bandundu, du Katanga et de

la province Orientale. Le Nord et Sud Kivu ainsi que le Maniema ont des productions faibles de manioc par rapport aux autres provinces lors des 16 dernières années. Le graphique ci-dessous donne l'évolution de la production de manioc sur l'ensemble du pays.

Figure n°1 : Evolution de la production agricole de manioc entre 1990 et 2006

Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du plan

On constate sur ce graphique, une brusque chute de la production dans plusieurs provinces en 1996. Cependant, la remontée rapide de la production l'année suivante aussi n'est pas facile à comprendre et à expliquer.

En ce qui concerne le maïs, malgré une hausse de 33% lors des 14 dernières années, les provinces du Maniema, du Nord Kivu ont accusé un déficit de 22% et le Katanga 12%. Les plus grandes productions de maïs proviennent du Kasaï Occidental, du Bandundu et du Katanga.

La figure n°2 : L'évolution de la production de ma ïs lors des 16 dernières années par province

Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du plan

De manière globale, ce graphique nous montre que la production agricole du maïs a connu une forte baisse passant de 27.137.750 tonnes en 1990 à 21.137.950 tonnes en 2006 ; soit une baisse de 23%. L'importance de cette baisse varie en fonction du type de spéculation.

La baisse la plus spéculaire est notée au niveau de la banane plantain. En effet, la baisse de la production de cette denrée a atteint 75% entre 1990 et 2006 sur l'ensemble des provinces excepté le Katanga ou elle a accusé une baisse de 40% (cf. figure n°3 ci-dessous).

Figure n°3 : Evolution de la production de banane p lantain entre 1990 et 2006

Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du plan

Cette situation de baisse généralisée de la production agricole au niveau national est notée aussi au niveau de la production de la banane douce, la pomme de terre, l'haricot et le mil. Il faut signaler cependant que pour la banane douce, une augmentation de la production a été constatée dans le Sud Kivu, le Katanga et le Kasaï occidental au cours de ces dernières années.

2.2.2. Production agricole et satisfaction des besoins alimentaires

Après avoir analysé les niveaux de consommation alimentaire et la production nationale, il est indispensable de voir dans quelle mesure ces besoins sont couverts par la production nationale81. Pour ce faire, l'approche méthodologique adoptée ici consiste à calculer le taux de couverture de la consommation par la production nationale. Ce taux est obtenu en divisant la production nationale pour un groupe de produits par la consommation y relative. Le résultat obtenu est en suite multiplié par 100. Lorsque le résultat

obtenu est inferieur à 100, on déduit que le pays est déficitaire, autrement la production nationale ne permet pas de faire face aux besoins de consommation dans le pays. Dans le cas contraire, on peut conclure que le pays est excédentaire. Le tableau ci-dessous illustre le rôle de la production dans la consommation pour les cultures principales.

Tableau n°3 : Couverture des besoins alimentaires p ar la production
nationale (en pourcentage)

Produits

1990-92

1995-97

2000-02

2004-06

Farine de manioc

108.0

103.8

95.2

86.0

Manioc

440.3

375.0

357.1

357.1

Farine de Maïs

100.0

100.0

96.0

95.2

Huile de palme

106.5

99.9

88.3

87.5

Farine de blé

64.2

56.0

61.7

44.6

Sources : FAOSTAT/2006

L'examen de ce tableau montre que, la production nationale permet de couvrir les besoins alimentaires en farines de manioc, le manioc, la farine de Maïs et l'huile de palme mais avec une baisse relative de la consommation suite à la non satisfaction de la production locale. En plus, pour l'ensemble des produits, les taux de couverture connaissent une baisse au cours des dernières années. Enfin, en ce qui concerne les poissons, le taux de couverture n'atteint pas 70% pour l'ensemble des périodes suite au pouvoir d'achat des ménages.

Au cours des dernières années, si la situation actuelle ne change pas, la production alimentaire nationale permettra juste de couvrir les besoins du pays en racines et tubercules et fruits. Elle sera déficitaire pour les autres produits. On note qu'au cours de ces années, les taux de couverture des produits comme les céréales et le lait n'atteindront même pas 5%. Les importations de différents produits vont croître durant ces dernières années pour couvrir les insuffisances de la production nationale.

2.3. Recours à l'aide et aux importations alimentaires pour faire face au déficit alimentaire

Pour faire face au déficit alimentaire, la RDC fait recours à l'aide alimentaire et aux importations alimentaires. Il est donc indispensable ici de connaître les produits les plus en vue au niveau de l'aide alimentaire comme des importations alimentaires. Pour ce faire, un examen de la structure des importations et de l'aide alimentaires est indispensable.

2.3.1. Structure des importations alimentaires

Les importations alimentaires en RDC ne cessent de croitre, malgré la protection relativement importante de la production locale. Le pays importe surtout des céréales (maïs, farine de maïs, riz, blé dur, sucre, huile végétale) et des produits carnés (viande et poisson)82. Les statistiques sur les importations ont été fournies par le service statistique de la DGDA, on ignore le degré de fiabilité de ces statistiques, mais on constante de grandes fluctuations d'une année à l'autre qui ne s'expliquent pas toujours. Les principaux produits importés sont les suivants :

i' Blé dur et farine de blé : la production de blé est très restreinte en RDC. Elle n'était que de 10.000 tonnes 199983. La RDC importe environ 200.000 tonnes d'équivalent de farine de blé. Actuellement, elle n'importe plus de farine mais uniquement du blé en grains. Il provient des Etats-Unis, à cause du taux de change dollar/Euro favorable aux importations de blé dur de la zone dollar. Ces importations augmentent régulièrement et font que le pain, ou plutôt la baquette, sont d'une consommation très courante dans les villes, surtout comme alimentation hors du domicile. Les importations sont principalement entre les mains

82 TOLLENS E, et HUART Alain, Les importations alimentaires et la protection douanière en RDC, Belgique, Troupeaux et cultures des tropiques, 2006, p.23

83 GOSSENS, MINTEN et TOLLENS, Nourrir Kinshasa, l'approvisionnement local d'une méthode africaine, éd L'harmattan, Paris, 1994, col. zaïre-histoire et société, p.277

de la Minoterie de Matadi (MIDEMA), qui dispose d'installations de déchargement et de stockage dans le port de Matadi.

i' Riz : la RDC importe plus de 100.000 à 200.000 tonnes de riz chaque année, surtout en provenance d'Asie, dont 30% de brisures de riz. Souvent, ce riz provient de stocks de sécurité alimentaire et est âgé de 3 à 4 ans. Depuis deux années, les prix du riz sur le marché mondial ne cessent de grimper. Aussi le riz de production locale, qui a la préférence des consommateurs, gagne-t-il en compétitive. Le principal frein à la consommation de riz en ville est le prix. On assiste souvent à une augmentation de la consommation de riz lorsque les revenus des ménages augmentent ; d'une manière générale, le riz importé est préféré au riz local dans les milieux urbains, surtout à Kinshasa. Le prix du riz importé influence celui du riz local. Ainsi, l'offre croissante du riz à des prix mondiaux nettement inférieurs a eu un effet négatif sur les prix du riz local.

i' Maïs et farine de maïs : la RDC importe essentiellement du maïs et de la farine de maïs à Kinshasa pour les besoins de l'aide alimentaire. Il n'y a pratiquement pas d'importations commerciales de maïs, ou du moins pas dans l'ouest du pays84. Au Katanga et dans les deux Kasaï, où le maïs est la composante essentielle de la consommation alimentaire avec le manioc, le grand déficit de la production locale oblige la RDC à importer massivement, surtout des pays voisins et d'Afrique du Sud, des quantités relativement importantes car des sources informelles parlent de 200.000 t par an, mais une information qui n'est pas confirmée par le service des statistiques de la DGDA.

i' Viande bovine : on importe 30.000 à 40.000 t/an de viande bovine, surtout de 5ème quartier (tête, queue, pattes, boyaux), la viande kappa et de la viande de moindre qualité. On importe actuellement de la viande buffle à partir de l'Inde. Ces importations de boeuf se font du Brésil, de l'Argentine, de l'Afrique du Sud et de l'Union Européenne.

84 OCHA, Rapports d'évaluation des besoins humanitaires par province, Kinshasa, 2006, p.34

i' Mpiodi : il s'agit du poisson chinchard, congelé, non trié et non éventré, pêché dans les eaux territoriales de la Namibie ou de la Mauritanie par des bateaux de pêche industrielle. La RDC en importe plus de 100.000 t/an. Le prix de vente est d'environ 1,5 dollar/kg. Presque tous les ménages urbains consomment le mpiodi. Il est en concurrence direct avec le poisson local provenant de la pêche artisanale. Son prix augmente au fur et à mesure que l'on s'éloigne de Kinshasa.

i' Huile végétale : la RDC était jusqu'en 1958 le plus grand exportateur d'huile de palme au monde ; elle importe actuellement de grandes quantités d'huile végétale 50.000 à 60.000 t/an.

Les tableaux ci-dessous nous donnent l'état de l'importation des produits alimentaires et l'importation de produits vivriers pour une certaines périodes.

Tableau n°4: Les importations alimentaires (en tonn es

Denrée Années

2001

2002

2003

Farine de blé

119.541

223.340

179.478

Farine de Maïs

4.690

67.651

7.904

Viandes de boeuf de porc

8.126

82.469

184.658

Volaille

8.812

49 .164

27.763

Poisson

75.127

149.426

94.669

Lait, produits laitiers

6.220

18.400

10.378

Pomme de terre

93

1.034

541

Oignon

78

3.635

3.315

Haricot

3.666

4.032

3.536

Riz

46.678

273.764

115.265

Huile végétale

2.900

95.790

8.876

Source : DGDA et OCC

Du point de vue de leur évolution sur la période, les importations ont connues une régression annuelle moyenne de 6,2%. Elles sont constituées essentiellement de poissons 46%, de riz 24%, de maïs 23%, et 7% restant sont répartis sur d'autres produits dont spécialement la farine de froment, les produits laitiers et les épices.

Malheureusement, au même moment, on ne relève aucun effort tendant à l'incitation de la production intérieure sur ces mêmes spéculations.

Quant à l'avenir, la RDC deviendra un importateur net de produits agricoles, une tendance qui va perdurer et s'amplifier : nous estimons que d'ici 2020, le déficit commercial agricole atteindra le 90% contre le 60% en 2015 si aucun n'effort n'est entrepris pour inciter la production agricole locale.

2.3.2. La protection douanière et les importations alimentaires

L'Afrique Subsaharienne en générale et la RDC en particulier suit la tendance de la mondialisation avec des taux de droits d'entrée assez bas car de toute façon, son déficit alimentaire ne lui permet pas d'instaurer des droits de douanes élevés sur les produits alimentaires comme c'est le cas pour l'Union Européenne, et plus encore le Japon. L'ensemble des tarifs des droits et taxes à l'importation et à l'exportation en RD. Congo peuvent être consultés dans le document de la DGDA qui date d'avril 2003, selon la loi n°002/03 et 003/03 du 13 mars 2003.

Les droits de douane à l'importation sont assis sur la valeur CAF (l'ensemble de la valeur du coût du produit, de l'assurance maritime et du fret maritime). La valeur normale du droit pour les produits alimentaires est de 20%, avec quelques exceptions à 10%. A cela s'ajoute l'impôt sur le chiffre d'affaires(ICA), généralement de 13%, à l'importation assis sur la valeur CAF augmentée de droits de douane ; dans d'autres cas, on a le droit à la consommation à l'importation, assis sur la valeur CAF augmentée de droits de douane, généralement égal à la valeur ICA, c.à.d. 13%. Soit l'ICA s'applique pour des produits pas directement consommables, soit de droit à la consommation. L'ensemble est prélevé en une fois par la DGDA au moment de l'importation.

Une dizaine de sociétés sont actives dans l'importation de produits alimentaires et c'est donc un secteur assez concurrentiel.

Notons que certains importateurs échappent à ces taxes, les plus grands importateurs en exonération de taxes sont la MONISCO, le PAM et le Ministère du Plan (don de riz de Japon).

A titre d'exemple, le total des droits et impôts à l'importation sont comme suit (DGDA 2003) :

Froment

24,3%

Riz

24,3%

Farine de blé

24,3%

Farine de maïs

24,3%

Sucre

35,6%

Poulet

24,3%

Mpiodi

24,3%

Huille végétale

35,6%

Viandes de boeuf

24,3%

Que répondre à ceux qui disent : « pourquoi devrait-on privilégier la production locale, alors que ce serait beaucoup mieux de favoriser une grande ouverture à des importations à bas prix pour une population qui vit dans la pauvreté ? »

Max Muland répond à la question : « si l'on se met à la place des dirigeants du pays, soucieux de la paix sociale, on peut comprendre, sans les excuser, qu'ils n'hésitent pas à favoriser les importations. Mais c'est se voiler la face sur la survie économique du pays »85.

Pour importer autant, nous avons besoin d'énormément de devises. La Banque Centrale du Congo devrait déjà, il y a quelques années, mobiliser 60 à 70 millions de dollars par mois pour satisfaire les importateurs. Alors, n'y aurait-il pas moyen de travailler à court, moyen et long termes pour mettre ces capitaux à la disposition de l'agriculture, de la production locale, des familles

85 Interview de Max Muland, Kinshasa, octobre 2006.

paysannes, d'un soutien aux denrées de base ? Certes, nos productions sont tombées tellement bas qu'entre-temps, il faut bien nourrir les populations avec les produits importés. Mais nos gouvernements doivent respecter ce à quoi ils ont souscrit. En 2003, au sommet de l'Union africaine à Maputo, ils ont convenu, par une déclaration commune au sein du NEPAD de consacrer 10% des dépenses publiques à l'agriculture et au développement rural, afin de soutenir la sécurité alimentaire dans le continent et ceci dans les cinq années à venir. Or, actuellement, nous pensons que le secteur agricole reçoit de l'Etat à peine 3% à 6% du budget national.

2.3.2.1. La concurrence

Les produits locaux sont commercialisés par les milliers des petits vendeurs qui travaillent dans le noir. La production locale coûte plus cher, notamment les produits vivriers, par rapport aux produits importés similaires qui sont subventionnés et qui entre en concurrence sur le marché local. Favorisés par la faiblesse des pouvoirs d'achat de la population, les produits importés sont plus demandés dans les grands centres de consommation au détriment de la production locale. Le secteur formel fait face à l'émergence du secteur informel qui exerce une concurrence déloyale.

Les entreprises formelles du secteur sont en majorité constituées par quelques gros importateurs, qui sont « leaders » sur le marché.

Ces gros importateurs sont généralement des sociétés à capitaux détenus majoritairement par des étrangers, ou des sociétés de représentation de marques étrangères, c'est le cas pour le riz, l'huile de palme, lait en poudre, le thé, etc.

2.3.3. Structures des aides alimentaires

alimentaire est avant tout d'origine humanitaire. Cependant, au fil des temps, l'aide s'est progressivement substituée aux importations commerciales comme soutien financier à des projets, programmes ou politiques de développement. L'aide est utilisée comme une arme alimentaire. Elle sert à maintenir les pays bénéficiaires dans la zone d'influence du pays donateur86.

En RDC, l'aide alimentaire est très importante dans les situations d'urgence et de vulnérabilité87. C'est un instrument indispensable à la réussite de la mise en place d'un régime politique plus stable et démocratique88.

Selon le rapport de PAM, 72.000 tonnes de nourriture ont été effectivement distribuées en 2004, dont 39.773 tonnes de farine de maïs, 9 .021 tonnes de maïs, 6.576 tonnes de haricots, 9.356 tonnes de pois, 3.177 tonnes d'huile végétale et 2.374 tonnes de mélange de farine de maïs et soja. Les stocks du PAM au cours de l'année 2004 étaient de l'ordre de 20.000 tonnes. Les achats locaux et régionaux étaient respectivement de 1.872 tonnes et 16.957 tonnes. Il n'y a pas eu d'achats locaux de maïs en 2004.

Au cours des six premiers mois de 2005, un total de 32. 996 tonnes d'aide alimentaire a été distribué, dont 21 176 tonnes de céréales, essentiellement du maïs, 7.721 tonnes de haricots et de pois, 2013 tonnes d'huile végétale, 1.392 tonnes de mélange de farine de maïs et de soja, 320 tonnes de sel, 26 tonnes de sucre, 101 tonnes de poisson salé et 5,2 tonnes de biscuits.

Les achats locaux, par contre, sont financés par le pays donateur dans le pays bénéficiaire même. Plusieurs bailleurs européens, notamment la Belgique, donnent la préférence, dans la mesure du possible, aux achats locaux.89

86 MOKONDA BONZA Op.cit.p.67

87 PAM, op.cit, p.47

88 TOLLENS, Op.Cit, p.57

89 Idem, p.58

2.3.4. Les coûts de transaction liés aux aides/importations Alimentaire

Il n'existe pas une étude spécifique sur les coûts de transaction des importations ou des aides alimentaires en RD. Congo, mais l'analyse comparée des facteurs de production et de l'état des infrastructures permet de se faire une idée sur ces coûts. En effet, cinq aspects de l'isolement géographique, de la ruralité et de l'environnement économique permettant de penser que les coûts de transactions des importations et des aides alimentaires sont élevés :

1. Toutes les provinces ou des régions du pays ne sont pas facilement accessibles notamment par voie terrestre. Cette situation élève les frais de transport du fait des routes impraticables à certaines saisons et mal entretenues ; de l'éloignement et de la pénurie de moyens de transport peu coûteux et adapté.

2. Les importations et les aides alimentaires comprennent des produits pondéreux si bien que leur transport jusqu'aux marchés est difficile et coûteux. La situation est aggravée par le manque d'installations de stockage et les difficultés d'accès aux marchés intérieurs notamment dans la partie Nord du pays.

3. Les moyens de communication qui permettraient de diffuser des renseignements sur les marchés, les produits et les prix sont absents ou sous-développés.

4. L'insuffisante couverture du pays en électricité. La quasi-totalité des provinces sont pourvues d'installation électrique et quand la localité dispose des installations, la fourniture n'est pas régulière, ce qui fait que le maintien de la chaîne de froid est nécessaire, un investissement additionnel en achat de moteur électrique et de dépense en carburant ; ce qui élève les coûts de transaction.

5. Les coûts liés à la gestion de l'aide. En effet, l'aide alimentaire pour être efficace nécessite une bonne administration qui doit entre autre

identifier les populations cibles et s'assurer que ces derniers reçoivent effectivement l'aide qui leur ait destiné.

Section 3 : Etat de la sécurité alimentaire

D'une façon générale la sécurité alimentaire peut être assurée de deux façons : par l'accroissement de la production intérieure, d'une part et par celle des importations et d'aides, d'autre part.

S'agissant du premier point, de nombreux pays du Sud n'ont pu remplir leur obligation de sécurité alimentaire, car ils ont connu tout au long des années 1990, une baisse de la production agricole par tête, en raison des aléas climatiques et de l'existence de conflits, auxquels se sont ajoutés les effets des mesures de libéralisation des échanges.

En ce qui concerne le second point, les pays en développement ont, pendant les années 1990, fortement accru leurs importations de denrées alimentaires : 5,6% par an pour l'ensemble des pays en développement et 6,9% par an pour les pays à faible revenu et à déficit vivrier.

Il résulte de cette évolution que la position traditionnelle d'excédent agricole des pays en développement s'est contractée à partir du début des années 1990 et que, durant la plus grande partie de la dernière décennie, les importations et les exportations de ces pays se sont quasi équilibrées.

Quant à la RDC, les études récentes ont révélé qu'en 2003, 73% de la population de la RDC souffrait de l'insécurité alimentaire90. En 2008, un rapport d'évaluation de la vulnérabilité dans les provinces publié par la FAO a montré une amélioration considérable. La production agricole en RDC a affiché une diminution pendant des décennies. Cette diminution est estimée à

90 TOLLENS, Op. Cit, p.12

-20%,-12% et -6% respectivement pour les céréales, les racines et tubercules et les légumes.

Le déclin le plus frappant est celui du manioc, un aliment de base qui occupe 50% des terres cultivables et qui représente 70 à 80% de la consommation alimentaire pour la majorité des habitants des zones rurales en raison de la prévalence des parasites, des maladies et le manque de production en raison de conflit civil qui dure depuis 14 années.

Une tendance similaire est signalée dans le secteur de la pêche, qui a enregistré une diminution de 25% à 60%. Avec un baisse moyenne de près de 45%. Le potentiel annuel de la pêche est estimé à 707.000 tonnes. Les éleveurs des régions du Nord Kivu, Sud Kivu, Ituri, Tanganyika, Nord Katanga et Bandundu ont perdu entre 80 et 100% de leur bétail.

L'insécurité générale qu'a connue la RDC depuis 1996, et avant les élections démocratiques de 2006, a provoqué l'abandon des activités agricoles et commerciales, ce qui a donné lieu à une carence grave des denrées alimentaires.

3.1. Disponibilité alimentaire

Le niveau de la production interne est en grande partie inconnu. Les statistiques sur la production en RDC préparées par le Service National des Statistiques Agricoles (SNSA) ne sont pas en fait faibles. La dernière enquête agricole importante dans les provinces date de 1996/1997. On remarque que, depuis 1996 la production agricole décline dans toutes les provinces et cette situation est intenable. Le Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (MINAGRI a présenté les déficits de la production interne comme suit : il y a un déficit de 51% pour le manioc, 7% pour le riz, 35% pour le maïs et 45% pour le haricot sec)91.

91 MINAGRI, Rapport sur l'état de l'agriculture dans les provinces, Kinshasa, 2008, p.12

3.2. Accessibilité alimentaire

La demande alimentaire n'avait pas été satisfaite depuis le début des années 70. Les importations des denrées alimentaires en RDC sont en hausse constante. Les denrées importées sont principalement les céréales (riz, blé et maïs), le sucre, l'huile végétale et les produits de viande (viande et poisson) pour approvisionner Kinshasa et d'autres grandes villes.

Une enquête menée en 2001 par PAM a montré que 27% des ménages en RDC mangent un seul repas par jour, tandis que 2% de la population ne mangent pas chaque jour. La population frappée par l'insécurité alimentaire était estimée à 64% en 2001 et à 73% en 2002. En 1991, cette population était estimée à 31%. Le prix du blé et du maïs a doublé, de même que celui du riz, de l'huile végétale et des produits laitiers depuis 2003. Le coût de la vie est en hausse rapide dans les villes.

3.3. Consommation alimentaire

La consommation alimentaire journalière en RDC exprimée en calories et en grammes de protéines est restée plus ou moins normale jusqu'en 1992- 1993, et depuis lors elle n'a cessé de se détériorer pour atteindre seulement 1.514 calories et 24,3 grammes de protéines en 200092. L'observation la plus frappante est la consommation du manioc estimée à 288kg par personne par an en 2000, avec une production générale annuelle de manioc de 15.959.000 tonnes, soit 859,5 calories représentant 57% et une consommation de céréales par tête de 274 calories, soit 18%.

Une enquête de la FAO menée en 2002 sur la consommation des ménages de Kinshasa qui portrait sur 2000 ménages sélectionnés du centre à la périphérie, avait révélé que la consommation moyenne par jour était de 1.349 calories et 36 g de protéines. Ainsi, les habitants de Kinshasa

92 TOLLENS, Op. Cit., p.23

consommaient presque deux fois moins de calories que la moyenne mondiale de 2.750 calories. Au centre de Kinshasa, la moyenne était de 1.579 calories et 46 g de protéines contre 1.165 calories et 27 g de protéines à la périphérie. La même tendance a été observée à Lubumbashi, Kikwit (1.835 calories et 32,6 g de protéines) et Kindu. Des résultats similaires ont été signalés dans les districts des provinces du Nord et du Sud Kivu par ACF (Action Contre la Faim), ainsi qu'au Nord Katanga et Tanganyika par Food for The Hungry dans les enquêtes de 2008 et de 2009.

Les enquêtes nutritionnelles ont révélé que le taux général de malnutrition parmi les enfants de moins de 5 ans se situe entre 10 et 20% dans les districts de Kinshasa, alors qu'il est plus élevé à l'intérieur du pays. La situation nutritionnelle en RDC reste très critique dans des provinces de l'Est (Kivu) qui sont en guerre civile. Les indicateurs estimés montrent encore une situation stationnaire ou en détérioration continue.

3.4. Moyens de subsistance des ménages

3.4.1. Principales activités et sources de revenus

Les revenus et modes de vie constituent un indicateur très important et fondamental d'accessibilité dans la mesure où toutes les dépenses (alimentaire et non alimentaire) en sont tributaires.

Les résultats de l'enquête conjointe du PAM montrent que tous les ménages enquêtés exercent au moins une activité génératrice de revenus. Concernant le nombre d'activités exercées par les ménages, 23% des ménages exercent une seule activité, tandis que 45,4% des ménages en exercent deux et 31% trois. De grandes disparités sont à noter entre provinces. En effet, à peine un ménage sur 10 exerce une seule activité dans les provinces de l'Equateur (10,8%) et du Maniema (7,4%) alors que cette proportion est de près d'un ménage sur deux dans les provinces de Bas-

Congo (47,1%) et du Kasaï-Oriental (44,1%). La figure ci-dessous montre le nombre des ménages qui exerce des activités dans toutes les provinces.

Figure n°4 : Nombre d'activités exercées par les mé nages par province

Sources : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du plan

Les principales activités exercées par les ménages sont des activités :

i' De type agropastoral : tel que l'agriculture (pratiquée par 92,6% des ménages, la pêche (pratiquée par 19,8% des ménages), l'élevage (pratiqué par 11,3% des ménages), la chasse (pratiquée par 9,7% des ménages) ou la cueillette (pratiquée par 4,8% des ménages) ;

i' Liées au commerce : tel que le commerce de produits agricoles (pratiquée par 17,6% des ménages) ou le petit commerce (pratiquée par 12,3% des ménages) ;

i' Liées au travail salarial : tel que le travail journalier (pratiqué par 6,9% des ménages), le fonctionnariat (pratiquée par 5,5% des ménages) ;

i' Liées à l'artisanat/petits métiers (pratiquée par 10,3% des ménages).

La figure ci-dessous donne les principales activités exercées par les ménages sur l'ensemble de la population congolais.

Figure n°5 : Principales activités exercées par les ménages

Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du plan

Sur l'ensemble de la population congolaise, la principale activité exercée par les ménages est l'agriculture (92,6%), suivi de loin de la pêche, et du commerce. Cette hiérarchisation n'est pas la même sur l'ensemble des provinces. En effet, bien que l'agriculture soit la première activité sur l'ensemble des provinces, la seconde activité varie selon les provinces. La pêche est la seconde activité dans l'Equateur et le Katanga, alors que dans le Nord et le Sud Kivu, le petit commerce vient en deuxième position. Dans les deux Kasaï, les activités minières et le travail journalier constituent la seconde activité.

L'agriculture est l'activité dont la contribution relative au revenu global des ménages est la plus importante dans toutes les provinces, principalement dans le Kasaï Oriental et le Bas-Congo. En effet, elle constitue la première activité respectivement de 83% et de 90% des ménages dans ces deux provinces. Les sources de revenus des ménages des provinces de l'Equateur,

du Maniema, du Kasaï Occidental et du sud Kivu sont diversifiées. En plus de l'agriculture on a respectivement la pêche, le commerce de produits agricole et les travaux liés aux minerais. Au Sud et Nord Kivu, deux autres activités dominent après l'agriculture, ce sont le petit commerce et le travail journalier. L'importance relative de ces sources de revenus dans le revenu global permettra à ces ménages de se procurer des revenus alternatifs au cas où les sources de revenus directement liées au secteur agricole étaient affectées par un choc. La figure ci-dessous donne la contribution au revenu global du ménage par province.

Figure n°6 : Contribution des activités au revenu g lobal du ménage par province

Source : Enquête 2007-2008/INS, PAM et Ministre du plan

La relance du secteur agricole est essentielle au retour de la stabilité et d'une croissance économique saine en RDC, Ce secteur assure en effet la substance de plus des deux-tiers des congolais, et tout progrès a donc des répercussions immédiates sur le revenu et donc les conditions de vie de la population. La relance des activités agricoles est généralement importante pour la restauration de la sécurité et de la cohésion sociale dans bon nombre de zones rurales où elle peut aider à résoudre les difficultés d'approvisionnement et tirer l'activité dans d'autres secteurs.

Enfin, si elle intervient suffisamment rapidement, elle peut permettre de faciliter le recentrage de l'économie congolaise sur une base différente du passé, c'est-à-dire à partir d'activités dans lesquelles la richesse est largement partagée à travers le pays.

Section 4 : Evolution et tendance de l'appui accordé au développement rurale

4.1. La place de l'agriculture dans l'économie du pays

L'examen de la place de l'agriculture dans le pays permet de mieux appréhender son importance dans le développement. Pour ce faire l'examen de celui-ci est effectué en distinguant trois aspects à savoir : sa capacité d'absorption de la main-d'oeuvre, sa contribution à la richesse nationale et sa capacité de créer de revenus en devises résultant des exportations.

4.1.1. Absorption de la main-d'oeuvre

La capacité d'absorption de la main-d'oeuvre revêt une importance particulière car elle permet d'apprécier la capacité du secteur à recevoir les activités et donc à distribuer des revenus. Ainsi, l'analyse de cette capacité est faite au moyen du pourcentage de la population active occupée dans les différents secteurs de l'économie.

Tableau n°6 : Population active occupée dans les di fférents secteurs en pourcentages

Années

Agriculture

Industrie

Service

1970

80,9

9,6

20,5

1975

85,6

8,7

24,6

1980

80,7

7,0

29,6

1985

89,8

6,2

37,2

1990

75,9

5,3

25,6

1995

80,6

6,3

26,8

2000

74,4

7,0

18,0

Sources : Nous-mêmes à partir des données de l'INS/FAO

L'examen de ce tableau permet d'avancer que l'agriculture est le secteur de l'économie qui reçoit plus de 50% de la population active. Les services viennent en seconde position avec des pourcentages qui varient entre 18% et 20,5% de la population active occupée. Enfin, l'industrie est le secteur qui reçoit le moins la main-d'oeuvre avec des pourcentages qui ne dépassent pas 12% sur l'ensemble des années retenues. Ainsi, ont peut dire que l'agriculture a un rôle important dans l'économie du pays dans la mesure où elle occupe une frange importante de la population active ; elle est ainsi le premier secteur créateur d'emploi.

4.1.2. Contribution de l'agriculture à la richesse du pays

Pour évaluer la contribution du secteur à la richesse du pays, il a été reporté la valeur ajoutée de ce secteur au PIB et le résultat a été exprimé en pourcentage. Pour permettre une analyse comparative, cette contribution est également calculée pour les autres secteurs. Les résultats obtenus sont contenus dans le tableau suivant :

Tableau n°7 : Contribution de l'agriculture au PIB

années

Agriculture

Industries

Services

1998

52,4

16,2

30,8

1999

52,0

18,4

30,0

2000

49,4

20,0

30,0

2001

48,5

20,1

29,5

2002

47,0

21,3

30,0

2003

45,0

22,6

30,6

2004

42,5

25,0

30,8

2005

40,5

26,6

31,0

2006

45,5

27,4

32,2

2007

46,5

28,4

33,6

2008

47,4

30,0

34,8

Sources : Nous même sur base des données de la BCC/BM

Il ressort de ce tableau que l'agriculture (l'élevage, pêche, chasse) contribue à plus de 30% dans le PIB du pays suivie de services et l'industrie. Ce tableau révèle également qu'en 2004, la contribution de l'industrie

commence à avoir une contribution importante au PIB. Ce changement dans la structure du PIB est le fait de contrainte dans la production agricole qui pousse les paysans à se donner dans l'industrie artisanal pour procurer le revenu surtout dans les provinces minières.

4.2. Evolution de l'appui financier au secteur agricole

Comme il a été constaté plus haut, l'agriculture qui occupe la plus grande partie de la population active et qui est considérée comme un secteur sur lequel devrait s'appuyer la RD. Congo pour son développement à long terme ne bénéficie pas de toute la considération qui est due à son importance dans le budget d'investissement. Le tableau suivant est assez illustratifs de la contradiction existante entre l'importance reconnue au secteur et les crédits qui lui sont accordés.

Tableau n°9 : Répartition des dépenses d'interventi ons économique
entre 2005 à 2008 (en pourcentage)

Secteurs

2005

2006

2007

2008

2011 p

Infrastructure s

3,5%

11%

7%

4%

34%

Présidence de la Répub.

57%

55%

30%

19%

22%

Agriculture

27,8 %

9%

2,3%

4,28 %

25%

Industrie

12%

8%

60%

74%

23%

Total General

100%

100 %

100 %

100%

100%

Sources : nous-mêmes sur base des données du Ministère du Budget

Comme on peut le constater, la part de l'agriculture dans le budget d'investissement n'a jamais atteint 30% entre 2005 et 2008. Au contraire, cette part a chutée encore plus d'avantage pour remonter légèrement en 2008. Entre 2006 et 2008 la part du secteur est restée en dessous de la barre de 10%, malgré l'augmentation du budget que l'on peut observer en 2011 cette part est restée inferieur par rapport aux accords de Maputo. Cette

évolution est attribuable au retrait de l'Etat du secteur agricole avec la fermeture des offices de commercialisation des produits agricoles (Office de café, de cacao et l'office des cultures vivrières). Cette libéralisation du secteur qui a coïncidée avec la faillite de ces offices de commercialisation s'est transformée en un abandon du secteur agricole.

En définitif, l'on peut dire que le secteur agricole, bien qu'étant celui qui occupe le plus d'actifs, contribue de moins en moins à la richesse nationale. Cette situation est imputable à plusieurs facteurs internes et externes à ce secteur. Il y a l'échec des plans et programme de relance du secteur, la dégradation continue des conditions de production, l'absence d'une politique de commercialisation fiable et la réduction des crédits accordés à ce secteur au niveau du budget d'investissement n'a pas été non plus de nature à favoriser le développement de ce secteur.

~ 89 ~
QUATRIEME CHAPITRE

INCIDENCES DE L'AIDE ET IMPORTATION ALIMENTAIRE SUR
L'AGRICULTURE CONGOLAISE

L'objectif de ce chapitre est de mettre en évidence l'impact de l'aide alimentaire et des importations alimentaires sur le développement agricole du pays. La démarche ici consiste en trois sections. La première consiste d'abord à mesurer le poids de l'aide et des importations alimentaires dans l'économie. La seconde tient en l'analyse économétrique des impacts de l'aide et des importations alimentaires sur la principale grandeur macroéconomique et enfin une extension de l'analyse est faite pour déterminer les niveaux au-delà desquelles l'aide alimentaire et les importations alimentaires deviennent nocives pour la croissance du secteur agricole.

Section 1 : Analyse des facteurs explicatifs de l'évolution des importations alimentaires

1.2. Une analyse factuelle

Le changement des modèles de consommation est un aspect important dans la mesure où il permet de comprendre certaines dynamiques sociales qui concourent au recours accru aux importations alimentaires dans le pays. Deux aspects particulièrement étudiés ici en raison de leur importance dans les changements observés. Il s'agit des questions de la politique commerciale et d'urbanisation.

1.2.1. Accélération de l'urbanisation

L'analyse des conséquences du phénomène d'urbanisation dans la modification des modèles de consommation nécessite un examen des tendances démographiques dans le pays. Le tableau suivant retrace ces grandes tendances.

~ 90 ~
Tableau n°9 : Evolutions de la population et de l'e mploi

Population

1998

1999

2000

2002

2004

2005

2006

2007

Total (en millions)

48.71

50.38

52.01

54.95

57.96

59.70

61.49

63.33

Pop.

Active (en milliers)

29.223.5

30229,8

31.261,4

33.068,6

34.736,8

35661,3

36503,8

38.009,7

Pop. Occupée Salariée (en

milliers)

8.539,1

8.630,6

8.790,7

11.567,4

12.380,2

12.688,3

13.093.9

13.303.4

Taux de croissance de la pop.

3,39

3,44

3,40

2,70

3,00

3,00

3,00

3,00

Densité (hab/km2)

23

26

29

32

35

38

41

44

Sources : nous même sur base des données condensée BCC/2010

Il ressort de ce tableau que la population congolaise augmente chaque année d'une proportion de 3% et cela conduit à une augmentation de la densité de la population de 23hab/km2 jusqu'à 44hab/Km2 qui témoigne ainsi la forte urbanisation qui caractérise le pays. Les mouvements de déplacement des populations vers les centres urbains s'est accéléré à partir de 2002 avec la fin de la guerre où tout le monde vient en ville pour chercher de l'emploi.

L'urbanisation rapide du pays s'est accompagnée entre autre d'une modification des modes de vie. Au niveau de la consommation particulièrement, ce phénomène a eu pour corollaire la modification des besoins de consommation alimentaire, notamment des produits issus de l'agriculture et des filières de l'agroalimentaire. Il s'agit tout aussi des produits alimentaires consommés de production locale et des produits alimentaires consommés importés.

Le phénomène d'urbanisation, avec le développement d'une « élite urbaine », a entraîné la consommation de nouveaux produits (produits laitiers, conserves, les pâtes alimentaires, etc.), la substitution progressive des

produits traditionnels comme le manioc par le pain, le riz et les pates alimentaires. Il en est de même des huiles végétales produites artisanalement qui sont de plus en plus remplacées par les huiles alimentaires industrielles produites localement ou importées et du poisson traditionnel d'eau douce ou de la viande de chasse qui sont substitués respectivement par du poisson de mer congelé ou des boîtes de conserve d'importation.

A cet égard, le Bureau d'étude de la FAO dans le traitement des indices de prix à la consommation distingue la consommation des ménages de type africain et celle des ménages de type européen. Hilaire Babassana cité par NDINGA Mathias quant à lui parle de modèle urbain et de modèle rural93. Dans le fond, les deux distinctions sont identiques car elles font allusion à une même réalité. En effet, l'on retient d'abord à travers les deux présentations l'existence de deux modèles de consommation. Ensuite lorsqu'ils font allusion à un modèle urbain ou un modelé européen de consommation, il s'agit d'un modèle de consommation résultant du modernisme dans les sociétés africaines et qui est dominant en milieu urbain. Dans le deuxième cas, les expressions modèles rurales ou consommation des ménages de type africain ne désignent qu'un modèle de consommation qui est le fruit des sociétés traditionnelles et qui est dominant en milieu rural.

Ces deux modèles de consommation ont des conséquences économiques et sociales qui ne sont pas même nature et/ou n'ont pas la même importance ou signification. En effet, comme la plupart des congolais souhaitent vivre aujourd'hui en ville ou dans les milieux urbains. Il va s'en dire que le modèle de consommation de type moderne va s'implanter davantage dans le pays. Cette situation s'accompagne d'un accroissement des besoins des produits modernes qui n'est pas sans conséquence sur la structure de la consommation, la qualité des besoins et les moyens indispensables à leur

93 NDINGA Mathias, Op. Cit, p.41

satisfaction. C'est pourquoi il indispensable d'examiner les questions relatives à la sécurité alimentaire et à la production.

1.2.2. La baisse des revenus (et du pouvoir d'achat)

La dégradation de la situation économique s'est accompagnée de celle des conditions sociales des populations ce malgré la mise en oeuvre des reformes politiques, économiques à travers les PAS. Le Produit Intérieur Brut est passé de 492,70 millions de CDF en 1977 à 522,90 en 1990 puis à 297,10 en 2000 à la suite de la dévaluation du Franc Congolais pour remonter à 410,82 en millions de CDF en 2007. Le recul de la production et la baisse des revenus ont eu pour conséquence la baisse de la consommation dont le rythme a été estimé à 0,7% par an entre 1980 et 1996 par la Banque mondiale.94

Cette situation a conduit à une aggravation de la pauvreté caractérisée au plan nutritionnel par la diminution de l'apport journalier par habitant de 2.235 calories en 1970 à 1.514 en 2000.

Parmi les facteurs explicatifs de cette situation figure l'échec de PAS qui ont engendré des déséquilibres structurels internes et externes. Le déficit des ressources qui a résulté de toutes ces pratiques a mis l'Etat congolais dans l'incapacité d'assurer l'entretien des infrastructures économiques et sociales et de couvrir ses dépenses de fonctionnement de base, au point d'accumuler vingt quatre mois d'arriérés de salaires aux fonctionnaires. Ces tendances ont été aggravées par la dévaluation du franc congolais en 1994 et les guerres civile de 1995 à 1997 et 1998 à 2001.

La dévaluation du Franc Congolais a renchérie les prix des produits alimentaires. Le contrôle des prix n'a pas pu freiner la hausse des biens de première nécessité. Le taux d'inflation est passé de 2,6 % en 1993 à plus de

94 Rapport Banque mondiale 2007

50% en 1994 et plus de 60% en 1995 pour atteindre encore 2,3% en 2007 ce qui représente plus qu'un doublement en trois ans. La production nationale n'ayant pas pu prendre le relais des importations, cela a conduit à une dégradation du pouvoir d'achat des ménages.

Les événements socio-politiques ont amplifié la crise économique et financière en affectant les conditions de vie des populations notamment par : les pertes en vies humaines, les destructions d'infrastructures économiques et sociales, les pillages et les déplacements des populations, le renchérissement des prix des denrées alimentaires et d'autres produits comme matériaux de construction, du fait des difficultés d'approvisionnement des principales villes.

1.2.3. Politique de commercialisation et modèles de consommation

La question du changement des modes de consommation n'est pas le fait exclusif d'une augmentation de la population nationale. Il a été favorisé également par la politique de commercialisation du pays. Il faut dire qu'en matière de commercialisation des produits agricoles, le Congo-belge a longtemps privilégié une situation de monopole étatique conformément à ses orientations politique (le socialisme). Ainsi quelques années après l'indépendance, on a créé en 1965 l'office national de Commercialisation des Produits agricoles. Cette structure qui jouissait d'un monopole de principe collectait et vendait les produits agricoles. Devant les contre-performances de cette structure, l'Etat a décidé de la dissoudre dans les années 1980 au profit de l'Office zaïroise de Café (OZACAF), ainsi tant d'autres offices qui devraient avoir le même rôle que la défunte, les activités de ces offices, qui couraient vers la faillite, ont été interrompus en 1990 suites aux mesures de libéralisation économique.

Il faut dire que l'échec des offices, en dehors des problèmes de gestion, tient aux problèmes de transport, du manque des structures de stockage ou de conservation qui ont un rôle important dans la définition des

prix et le fonctionnement du marché. La commercialisation des produits agricoles souffre de l'enclavement de certaines provinces, ce qui rend prohibitif les coûts du transport routier ou fluvial en particulier. En effet, le transport intégrant l'influence de la distance et du temps, le mauvais état des routes et la très nette limitation du nombre de commerçants transporteurs placent ces derniers dans une véritable position de détenteur d'une rente de situation. La manque de conditions satisfaisantes de stockage, d'évacuation et de conservation aggrave cette situation et explique aussi l'importance du volume de perte dont le taux est estimé entre 30% et 50% pour les produits périssables ou fragiles. Cette situation a conduit les circuits commerciaux, tant privé que publics à privilégier les produits importés sur lesquels les marges commerciales sont plus fortes, et les risques les moins élevés.

Les importations alimentaires ont donc bénéficié d'une situation intérieure qui leur était favorable pour inonder les marchés du pays. Plus elles ont imposé une concurrence ruineuse sur la petite production locale subsistance qui ne peut faire face aux produits des pays industrialisés « greniers » issus des systèmes de production agricole et agro-industriel à haute productivité, souvent subventionnés et bénéficiant des taux de change avantageux. Cette situation qui a transformé le pays en un marché captif pour les produits importés a également influencé le changement des modèles de consommation des populations, notamment des élites urbaines influencées par la culture occidentale.

Section 2 : Le poids de l'aide et des importations alimentaires dans l'économie

Il est indispensable, avant de procéder à une analyse d'impact de voir ce que représente l'aide alimentaire et les importations alimentaires par rapport aux différentes grandeurs de l'économie. Pour ce faire, l'on a calculé les pourcentages de l'aide alimentaire et des importations alimentaires par rapport au PIB du secteur agricole, à la consommation alimentaire, les

dépenses et les recettes publiques. Afin d'avoir une bonne lisibilité des données, l'on a procédé par une distinction dans la présentation entre l'aide alimentaire et les importations alimentaires.

2.1. Le poids de l'aide alimentaire dans l'économie

L'aide alimentaire avait un poids important dans l'économie du pays en 1970 dans la mesure où elle représentait plus de 50% des grandeurs macroéconomiques comme montre le tableau n°10 ci-de ssous. A partir de 1980 jusqu'à 2002, cette importance s'est considérablement réduite au point de ne plus franchir la barre de 20% cela s'explique premièrement par la fin de la guerre de 2001 et par les efforts qui sont entrains d'être mener par le gouvernement pour la relance du secteur agricole tant soit peu.

Tableau n°10 : Poids de l'aide alimentaire dans l'é conomie (en pourcentage)

 

1970

1980

1990

2000

2002

Aide en % du PIB agricole

54,33

4,69

8,27

42,46

17,93

Aide en % des dépenses publiques

201,23

3,60

3,09

7,56

3,75

Aides en % de recettes publiques

81,50

3,06

3,95

6,14

3,22

Aides en % de cons. alimentaire

65,05

4,49

5,77

27,13

13,34

Sources : nous-mêmes, données de la FAO et Ministre de Budget

L'observation du poids de l'aide alimentaire dans l'économie montre une évolution en dent de scie. Le poids de l'aide alimentaire a connu une baisse en 1980 avec le premier choc minier dont les effets se sont prolongés jusqu'au milieu des années 1989. Pendant cette période, le pays a bénéficié d'importantes ressources qui ont permis de réduire le déficit alimentaire du pays par le financement du secteur agricole d'Etat et les importations alimentaires.

l'échec des différents programmes de soutien à l'agriculture (faillite des offices de commercialisation des produits agricoles, du paysannat et des groupements coopératifs étatique du secteur agricole). En outre, pendant cette période, le pays fait face à une crise financière qui conduit à l'abandon du secteur agricole dont la production connait une chute brutale et la vulnérabilité croissante de certaines couches de la population nécessite un recours accru à l'aide alimentaire. Cette tendance à l'augmentation, bien que non significative, va se poursuivre en 2001. Cela est trivial car il s'agit d'une période poste conflit où l'aide alimentaire constitue une solution d'urgence pour la population vulnérable (notamment les personnes déplacées, les femmes et les enfants exposés à la famine après avoir perdu leurs biens et moyens de production).

En définitif l'on retient que jusqu'à ce jour l'aide alimentaire fait rage surtout dans la province de Maniema, le deux Kivu, l'Equateur et la province Orientale avec le PAM et autres Organismes Internationaux. Signalons aussi qu'entre 1990 à 2002 la RDC à reçue une aide extérieure environs de 5.614 milliards de dollar américains pour l'agriculture.

2.2. Le poids des importations dans l'économie

Dans l'ensemble les importations alimentaires n'atteignent pas 30% des différentes grandeurs à partir des quelles elles ont exprimées. Le PIB du secteur agricole est la seule grandeur macroéconomique pour laquelle les importations atteignent 25% du montant total. Si l'on tient compte du fait que les grandeurs retenues ici ne sont pas celles de toute l'économie, on peut dire que les importations alimentaires ont un faible poids dans l'économie du pays comme montre l'ensemble des résultats contenus dans ce tableau n°11.

Tableau n°11 : Le poids des importations alimentair es dans l'économie(en%)

Importations alimentaire en % du :

1970

1980

1990

2000

2002

PIB agricole

15,48

25,92

21,80

28,73

24,75

Dépenses publiques

23,22

19,91

8,15

5,12

5,18

Recettes publiques

23,22

16,90

10,42

4,15

4,44

Cons. Alimentaire

18,53

24,82

15,22

18,36

18,41

Sources : par nous à partir des données de Perspectives Economique et
Banque Centrale du Congo

Ce tableau permet aussi de faire le constat suivant lequel, le pourcentage des importations alimentaires par rapport aux dépenses et aux recettes publiques à évolué de manière décroissante. En effet, de 23,22% que représentaient les importations alimentaires en pourcentage des dépenses publiques en 1970, on est passé à 8,15 en 1990 et 5,18% en 2002. Au niveau des recettes publiques, ce pourcentage est passé de 23,22 % en 1970 à 4,44% en 2002.

Section 3 : Analyse de l'impact de l'aide et des importations
alimentaire sur la production locale

3.1. Présentation du modèle

L'intérêt de faire une extension de l'analyse est du fait que les importations alimentaires tout comme l'aide alimentaire ont des effets négatifs sur la croissance du secteur agricole congolais à court comme à long terme. Il s'agit donc dans ce paragraphe de déterminer des niveaux « seuils » des importations alimentaires et de l'aide alimentaire au-delà des quels l'augmentation des importations alimentaires comme de l'aide alimentaire devient néfaste pour la croissance du secteur agricole. Pour ce faire, nous allons nous servir d'un modèle économétrique inspiré des travaux de NDINGA Mathias95.

95 NDINGA Mathias, Op.cit p.50

Le choix de ce modèle réside dans le fait qu'il a inclus plusieurs variables qui lui ont permis d'aboutir à des résultats satisfaisants. NDINGA Mathias a étudié la fonction de production locale agrégée de la République du Congo/Brazzaville pour la période de 1970 à 2002. Contrairement aux travaux antérieurs, celui de NDINGA Mathias a eu recours à la méthode moderne de la cointégration. Son modèle a tenté d'expliquer les effets d'importations et d'aides alimentaires congolaises (Brazzaville) sur la production locale.

3.1.1. Spécification du modèle et description des variables

Le travail empirique est basé sur un modèle de cointégration testé avec le logiciel EVIEWS. Donc dans la première partie nous allons présenter le cadre théorique puis les estimations. La forme fonctionnelle de notre modèle est la suivante :

PIBAt = f (PIBAt-1,AIDEt,IMPAt) (1)

Où :

i' Le produit intérieur brut du secteur agricole (PIBA) : la variable à expliquer du modèle. Elle représente l'ensemble de la production agricole nationale. Cette production est exprimée en millions de CDF au prix de l'année 1990.

i' Le produit intérieur brut décalé (PIBAt-1) : il capte la production antérieure. La prise en compte de cette variable permet de savoir si la production initiale est influencée par d'autres variables du modèle.

i' Les aides alimentaires ou dons (AIDE), cette variable elle est exogène, sa prise en compte permet de savoir si, elle a va influencer négativement notre fonction de produit intérieure brute du secteur agricole.

i' Les importations alimentaires (IMPA), cette variable est exogène. Sa prise en compte permet de savoir sil elle a une influence négative sur notre fonction de produit intérieur brute du secteur agricole.

Pour des raisons liées à l'absence des données, nous ne pouvons pas faire une analyse par catégorie de produit agricole. Un tel travail devrait donner des informations plus fines sur l'importation et aides des différents types des produits agricoles sur la production locale congolaise.

Tableau n°12 : Liste des variables exogènes avec le urs signes attendus

Variables endogène LPIBA

Variables exogènes

Signes attendus

LIMPA

-

LAIDE

-

LPIBA

+

LPIBAt-1

+

Nous obtenons ainsi un modèle économétrique et les signes constituant les résultats attendus. En effet, les aides et les importations alimentaires doivent diminuer le niveau de la production locale, d'où le signe négatif.

Dès lors, ce modèle peut se présenter comme suit :

logPIBA = á0+á1+log PIBAt-1+logAIDE+ á2 logIMPA +åt (2)

Où :

i' á0 est la constante

i' á1 et á2 sont les paramètres des variables à estimer

i' t est le temps (nombre d'années prises en compte dans notre analyse) i' åt est le terme d'erreur

Les variables PIBA, AIDE et IMPA ont été exprimées en logarithme népérien afin d'éviter les problèmes liés aux effets de grandeur et faciliter les interprétations. En effet la forme logarithmique permet d'analyser les coefficients sous forme d'élastiques et de disposer des séries normales.

3.1.2. Sources des données

La base de données provient de l'Institut nationale de Statistique agricole (INSA), le service des statistiques de la DGDA, PAM, et la Banque Centrale du Congo. Pour raison de fiabilité des données ; en ce qui concerne les aides alimentaires nous nous sommes basé plus sur les statistiques du PAM, car il est un organe chargé de la distribution des aides dans le monde. En ce qui concerne les importations ; nous avons rencontré une difficulté d'ordre accessibilité et inexistence des données dans nos différents services nationales. Pour ce faire nous avons fait de compilation des données existantes dans les rapports annuels de la Banque Centrale du Congo et de la Direction de Statistique de la DGDA et du Bilan Alimentaire de la FAO. Les données du PIB du secteur agricole proviennent de la base des données du Fonds Monétaires Internationales (Perspectives Economique en Afrique Subsaharienne).

3.1.3. Techniques d'estimation

La plupart des séries économiques ne sont pas stationnaires car elles sont affectées par de long terme, elles sont donc tendancielles. Cette tendance peut agir sur la série de manière déterministe ou stochastique et il importe de bien identifier la nature pour utiliser le meilleur procédé d'élimination des effets de la tendance. Etant donné que les séries que nous avons sont des séries temporelles, il est donc nécessaire d'étudier leur stationnarité avant toute estimation. Au cas où les séries sont stationnaires, on utilisera la méthode des moindres carrée mais si elles ne le sont pas, on fera le test de la cointégration. Si l'on dénote l'existence de la cointégration, on aura recours au Modèle à correction d'Erreur (MCE).

3.2. Présentation des résultats et commentaires

3.2.1. Test informel

Graphique n°7 : L'évolution du PIB agricole

-1.0 -1.2 -1.4 -1.6 -1.8 -2.0

 
 

80 85 90 95 00 05

LPIBA

Le graphique ci-dessus donne une évolution peu stable du produit intérieur brute agricole de 1977 à 1995 et après elle a connue une forte évolution suite à la chute du secteur minier et vers 2000 il y a une évolution moins que proportionnelle du produit intérieur brute agricole.

Graphique n°8 : L'évolution des importations alimentaires

0.96 0.94 0.92 0.90 0.88 0.86 0.84 0.82

 
 

80 85 90 95 00 05

LIMPA

Le graphique ci-dessus donne une évolution stable des importations de 1977 à 1995 et de turbulence les années suivantes de 2001 à 2008 une certaine constance.

Graphique n° 9 : L'évolution des aides alimentaires

2.8 2.4 2.0 1.6

1.2 Le graphique ci-dessus donne une fluctuation tellement forte d'aide alimentaire d

0.8

80 85 90 95 00 05

3.2.2. Test formel

LAIDE

 

3.2.2.1. La stationnarité

Lorsqu'on utilise des données temporelles, il est primordial qu'elles conservent une distribution constante dans le temps. Si une série est non stationnaire, le différencier peut la convertir en série stationnaire. Afin d'examiner la présence de la racine unitaire, les tests de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et Philips-Perron (PP) ont été appliqués. Le tableau ciaprès donne le résultat du test de stationnarité.

ADF Test Statistic -4.487556 1% Critical Value* -3.6852

5% Critical Value -2.9705

10% Critical Value -2.6242

*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation Dependent Variable: D(LPIBA,2)

Method: Least Squares

Date: 01/20/11 Time: 08:26

Sample(adjusted): 1980 2007

Included observations: 28 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

D(LPIBA(-1))

-1.327442

0.295805 -4.487556

0.0001

D(LPIBA(-1),2)

0.130610

0.189930 0.687676

0.4980

C

0.020730

0.025860 0.801634

0.4303

R-squared

0.593155

Mean dependent var

-0.003222

Adjusted R-squared

0.560607

S.D. dependent var

0.200154

S.E. of regression

0.132676

Akaike info criterion

-1.100860

Sum squared resid

0.440071

Schwarz criterion

-0.958124

Log likelihood

18.41204

F-statistic

18.22424

Durbin-Watson stat

1.993709

Prob(F-statistic)

0.000013

Source : nos calculs

Le principe de ce test de stationnarité consiste à vérifier au seuil de 1%,5% et 10%, l'hypothèse de non stationnarité contre l'hypothèse contraire en niveau, en différentielle première ou seconde, à travers une comparaison de la valeur calculée de la statistique de PP et ADF par rapport à la valeur critique (critical values) lue de McKinnon.

Il ressort de ce tableau que, toutes les variables du modèle sont stationnaires car la statistique d'ADF en valeur absolue est supérieure aux trois valeurs critiques de Mackinnon.

3.2.2.2. Test de causalité

La causalité entre deux variables pouvait être testée de deux façons :

1' soit par la statistique de ficher : si Fc< Ftab, on rejette H0, donc on accepte l'hypothèse de causalité ;

1' soit par prob-stat : si prob-stat < 0,05, donc nous acceptons la causalité

entre deux variables avec 95 % de chance de ne pas se tromper.

Dependent Variable: LPIBA Method: Least Squares

Date: 01/21/11 Time: 01:29 Sample: 1977 2007

Included observations: 31

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

C
LAIDE

-2.651392

0.280154

1.770496
0.085192

-1.497542

3.288501

0.1454
0.0027

LIMPA

0.737587

1.998420 0.369085

0.7148

R-squared

0.288466

Mean dependent var

-1.392103

Adjusted R-squared

0.237642

S.D. dependent var

0.247383

S.E. of regression

0.215998

Akaike info criterion

-0.135334

Sum squared resid

1.306338

Schwarz criterion

0.003439

Log likelihood

5.097677

F-statistic

5.675791

Durbin-Watson stat

0.671639

Prob(F-statistic)

0.008526

Source : nos calculs

Test de Granger montre qu'il y a une relation unidirectionnelle de la production intérieure brute agricole. Donc en menant le test au seuil de signification de 5 %, on rejette l'hypothèse de la causalité entre la production intérieure brute agricole, l'aide alimentaire et l'importation alimentaire. C'est-àdire l'aide alimentaire et l'importation alimentaire cause la diminution de la production intérieure brute agricole.

Il ressort du tableau que l'aide alimentaire a un impact positif sur le PIB du secteur agricole à court terme. Lorsque l'aide alimentaire augmente de 10%, toute chose égale par ailleurs, le PIB du secteur agricole augmente de 0,28%. A long terme, l'impact de l'aide alimentaire sur le secteur reste positif et une augmentation de l'aide alimentaire de 10%, toute chose égale par ailleurs, conduit à une élévation du secteur agricole de 1%. S'agissant des importations alimentaires, les résultats obtenus suggèrent que cette variable ait un impact négatif sur le PIB du secteur agricole à court terme et à long terme. Une augmentation des importations alimentaires de 10%, toute chose égale par ailleurs, réduit le PIB du secteur agricole de 0,35% à court terme et 4,8 à long terme.

Les importations alimentaires ont montré qu'à partir d'un niveau de 30.000 tonnes, l'effet sur la croissance du secteur agricole devient négatif or les importations alimentaires dépassent largement ce seuil depuis 1977 et elles n'ont fait que croitre de manière très vite et le niveau atteint en 2001 est presque quatre fois supérieures au niveau de seuil ou de tolérable pour la croissance du secteur agricole.

Au niveau de l'aide alimentaire, les résultats obtenus suggèrent que l'aide alimentaire accompagne la croissance du secteur agricole jusqu'au niveau de 14.000 tonnes. Au delà, elle devient néfaste pour la croissance de ce secteur. L'aide alimentaire est très variable car elle dépend des situations d'urgence dans le pays, mais on peut néanmoins relever qu'en RD. Congo elle est supérieure à ce seuil depuis la crise économique de 1990 et les multiples conflits armés qu'à connu le pays. Au cours de l'année 1980, l'aide alimentaire était de 14.200 tonnes et en 2000 elle se situe à 45.256 tonnes et aujourd'hui nous sommes à environ 75.000 tonnes, ce qui ne représente plus six fois le seuil compatible avec la croissance du secteur agricole.

CONCLUSION ET RECOMMANDATION

Depuis la période coloniale, la place prioritaire de l'agriculture a

toujours été proclamée dans la formulation des politiques de mise en oeuvre
en valeur ou de développement. Cette vocation agricole de la RD. Congo, est

en fait, bien justifiée par l'importance des atouts de toutes sortes dans ce domaine. Seulement les performances agricoles du pays sont restées insuffisantes et la situation continue de se dégrader. Tous les programmes sectoriels n'ont jamais été appliqués intégralement ce qui n'a pas permis le redressement de ce secteur en dépit de toute l'attention proclamée dont il fait l'objet de la part des décideurs.

Cette situation a pour conséquence la faiblesse de la couverture des besoins alimentaires du pays par la production locale. Pour ce faire face aux besoins alimentaire grandissants et nouveaux de la population qui de plus en plus s'installe en milieu urbain tant que rural, le pays a opté pour une stratégie d'aide/importations alimentaires massives. Ces dernières permettent aux populations notamment à faible revenu d'avoir accès à la nourriture. Les incidences de ces importations sur l'économie sont marginales du point de vue de l'importance nonobstant le fait que les importations alimentaires et l'aide alimentaire agissent négativement sur la croissance du secteur agricole du fait que les seuils tolérables ont été largement dépassés.

Les échos portés sur la suppression ou la forte diminution de droit de douane à l'importation des produits alimentaires, ces mesures ont eu un effet sur le prix à la consommation des produits importés au détriment de la production locale. Le gouvernement a pris des mesures de suppression des droits de douane à l'importation sur les produits alimentaires mais l'inflation générale n'a pas été combattue pour autant. De plus la charge a pesé lourdement sur les finances publiques et les conséquences budgétaires n'ont pas été toujours clairement identifiées.

A partir des résultats empiriques de notre analyse, nous allons faire des recommandations sous forme de politiques économiques, aux autorités politiques congolaises afin d'atteindre les objectifs d'autosuffisance alimentaire en production locale, de lutter contre la pauvreté et le développement rural.

L'examen des recommandations met l'accent sur les cadres d'actions stratégiques. Il s'agit :

1. Mettre une politique permettant de relancer la production dans le secteur agricole du pays et cette politique sera efficace que lorsqu'elle va s'inscrire dans une stratégie globale de développement du pays. Ces stratégies vont se reposer sur les trois composantes essentielles : développement des marchés et des échanges, croissance de la productivité agricole, et politiques budgétaires appropriées pour capter une partie des gains de productivité et les investir dans secteurs sociaux prioritaires.

2. Mettre en place une mesure qui pourra assurer un appui technique notamment la diffusion des variétés améliorées et la fourniture des moyens de production aux petits paysans et aux producteurs de cultures vivrières. Cette politique restera inefficace si elle n'est pas accompagnée d'une politique infra-structurelle orientée vers la construction et/ou l'aménagement des pistes agricoles et des routes de déserte agricole, des réseaux d'électrification des zones rurales et la mise en place d'équipements collectifs de base qui profitent aux agriculteurs et agricultrices et indirectement aux entreprises du secteur formel urbain, ne serait ce qu'à travers le transport et la communication des produits vivriers.

3. Soutenir la production locale par l'hypothèse qu'un meilleur accès aux intrants augmentera la production qui à son tour baissera les prix des produits alimentaires locales et ces derniers vont faire concurrence avec les produits importés subventionnés.

4. Faire recours à la politique d'autosuffisance alimentaire afin de réduire la dépendance aux importations.

5. Créer des stocks publics et privés qui consisterait à gérer les excédents et les déficits alimentaires.

6. Renforcement des capacités des paysans par la formation appropriées et celui du ministère de l'agriculture, pêche et élevage et du ministère de développement rural.

De ce fait une bonne combinaison de politiques macroéconomique et d'appuis à la production locale ainsi que les importations et l'aides alimentaires et de volet social permet de stabiliser les disponibilités et les prix intérieurs, et de faire face à l'insécurité transitoire, seule la croissance de la productivité du secteur agricole et la mobilisation de ces gains de productivité pour le développement économique, qui mettre l'accent sur les l'élargissement des marchés via le renforcement de l'intégration sous régionale, la réduction des coûts de transaction et des mesures d'appuis technique et financier permettront d'atteindre la sécurité alimentaire à moyen et long terme.

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l'approvisionnement local d'une méthode africain, éd. l'Harmattan, Paris, 1994, col. zaïre-histoire et société, 397p

- HAGEN EVERETT E, Economie du développement, Economica, Paris, 1982, col. Tendances actuelles, 502p.

- HAMID AÏT AMARA et FOUNOU-TCHUIGOVA(Bernard), L'agriculture africaine en crise, l'Harmattan, Paris, 1989,319p.

- JUNG et BOSC, Le développement agricole au sahel, tome IV,

l'Harmattan, Paris, 1992, col. Documents systèmes agraires, 384p.

- MAHIEU (François-Régis), Ethique économique, fondements

anthropologiques, l'Harmattan, paris, 352p

- MAINGUY (Claire), L'Afrique peut-elle être compétitive ?, Karthala, Paris, 1998, col. économie et développement, 215p

- MUPINGANAYI KADIAKUIDI (Bruno), Ethique et Déontologie professionnelle : amorce de la bonne gouvernance par une évolution culturelle en RDC, CARI, Kinshasa, 58p.

- REIJNTJS, HAVERKORT et WATERS BAYER, Une agriculture pour demain, Karthala, Paris, 1995,465p.

- THEISSEN (Jean-Gilbert) et PIERROT (Roland), Protection des cultures alimentaires en Afrique de l'Ouest et Centrale, l'Harmattan, Paris, 1994,525p.

- VELASSO ARRANZ (Ana), Les contradictions de la modernisation en agriculture, l'Harmattan, Paris, 2002,317p.

2. LES ARTICLES, RAPPORTS ET REVUES

- ADEGBOLA P.Y et SINGBO A.G, Impact de l'importation du riz sur la compétitivité et la rentabilité de la production nationale au Benin in Politique et stratégies pour la promotion de la production rizicole et la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, Porto-Novo, Novembre 2005, pp.40-63

- BALLET (Jérôme), BARILLOT, MAHIEU, « Le dilemme du Samaritain : une mise en perspective » in monde en développement, vol.1, n°137, Paris, 2007, p.11-22

- Banque Centrale du Congo, Condensé d'informations statistiques, n°2/2010, Kinshasa, 15 janvier 2010,41p.

- Banque Centrale du Congo, note de conjoncture, avril-mai 2009 - Banque Centrale du Congo, Rapport Annuel 2006

- DUTEURTRE, L'impact des importations sur les filières agricoles dans les pays en développement : Réflexion à partir de l'étude des « poussées d'importation », séminaire, Dakar, 9 et 10 juin 2005,12p

- FAO et PAM, L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde, Rome, 2009,60p

- FEC, Etude de l'offre et de la demande sur les produits alimentaires en RDC, Kinshasa, juin 2006,43p

- GIRAUD (Caroline), « Nord-Sud : à qui profite l'aide alimentaire » in Alternatives Economiques, n°199, Paris, 2002,59p.

- GRUNEWALD (François), « Pour ou contre l'aide alimentaire », revue

internationale de la Croix-Rouge, n°822, Paris, 200 2, pp.633-654

- MAHIEU, « Ethique et aide alimentaire » in Ethique et économie, Paris,

2009, pp.2-14

- Ministère du Plan, Institut National de la Statistique et PAM, Analyse globale de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité en RD. Congo, Kinshasa, rapport d'enquête, juillet 2007 et février 2008,84p

- NDINGA MATHIAS (Marie-Adrien), Evaluation des importations et des aides alimentaires par rapport à l'appui au développement de l'agriculture : cas du Congo Brazzaville, Rapport d'étude, Brazzaville, aout 2004,55p

- OCHA, Rapports d'évaluation des besoins humanitaires par province, Kinshasa, 2006

- TIKER TIKER, L'agriculture zaïroise de la stagnation à la régression, in les cahiers économiques et sociaux, n°3, vol. XVIII, septembredécembre 1980.

- TOLLENS (Eric), L'état actuel de la sécurité alimentaire en RD. Congo : diagnostic et perspectives, working paper n°77, Bru xelles, février 2003,48p

3. LES NOTES DE COURS et MEMOIRES

- KATAMBUE KABUELE, La mécanisation de l'agriculture comme facteur de la croissance économique et du développement en RDC « analyse et perspective », travail de fin de cycle, UNIKIN, 2008-2009,56p.

- LOMBEYA BOSONGO, Sociologie rurale, notes de cours, UNIKIN, 2008-2009, (Inédites)

- MOKONDA BONZA, Economie alimentaire, notes de cours, UNIKIN, 2009-2010, (Inédites)

- MOKONDA BONZA, Economie rural générale, notes de cours, UNIKIN, 2008-2009, (Inédites)

- MUBAKE MUMEME, Fluctuations et Croissance économique, notes de cours, UNIKIN, 2009-2010, (Inédites)

- NKWEMBE UNSITAL, Economie rurale, notes de cours, UNIKIN, 2006- 2007, (Inédit)

- NYEMBO SHABANI, Economie de développement, notes de cours, UNIKIN, 2008-2009, (Inédites)

4. WEBLIOGRAPHIE

- www.fao.org/es/ess/faostat/foodsecurity/indexfr.htm - www.faostat.fao.org/defaut.aspx

- www.fao.org/es/ESA/riga/french/indexfr.htm

ANNEXES

Annexe ni : Données de base utilisées dans l'analy se économétriques

Années

PIB du secteur agricole au prix de 1990 (en millions CDF)

Aide
alimentaire
(en tonne)

Importations
alimentaire
(millier de
tonne)

1977

23.90

9.600

85.331

1978

27.50

9.600

85.330

1979

28.32

10.670

85.332

1980

26.82

14.200

85.337

1981

25.93

15.000

85.327

1982

31.45

17.260

85.346

1983

34.55

20.588

85.309

1984

31.44

19.324

85.383

1985

31.82

1725

85.235

1986

33.62

19.830

85.531

1987

29.73

19.450

84.938

1988

29.84

18.567

86.125

1989

28.58

17.570

83.750

1990

30.96

15.354

88.500

1991

41.67

14.056

79.000

1992

49.42

15.024

98.000

1993

51.72

16.404

434.200

1994

57.00

20.430

25.100

1995

57.00

22.567

44.242

1996

33.55

30.238

62.000

1997

48.14

40.678

88.000

1998

47.48

40.978

44.000

1999

52.72

42.804

48.000

2000

49.97

45.256

68.500

2001

59.74

45.764

144.000

2002

51.01

55.934

163.000

2003

51.01

60.054

184.560

2004

47.26

72.000

206.707

2005

45.52

73.450

195.634

2006

45.67

75.693

201.170

2007

42.47

83657

198.402

Sources : compilation des données de la BCC, la FAO, le PAM,
l'USAID, le MINIGRA, le SNSA, et le SNS.

Annexe n°2 : Résultats des tests statistiques du modèle à correction d'erreur

a) Tests sur la spécification du modèle

Wald Test: Equation: Untitled

Null Hypothesis: C(2)=2/3

C(3)=1/3

F-statistic 10.33569 Probability 0.000435

Chi-square 20.67138 Probability 0.000032

b) Test d'homocédasticité des erreurs - Test de ARCH

F-statistic 12.52532 Probability 0.001424

Obs*R-squared 9.272218 Probability 0.002327

Test Equation:

Dependent Variable: RESID^2

Method: Least Squares

Date: 01/21/11 Time: 12:38

Sample(adjusted): 1978 2007

Included observations: 30 after adjusting endpoints

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 0.020946 0.005678 3.689140 0.0010

RESID^2(-1) 0.277517 0.078414 3.539113 0.0014

R-squared 0.309074 Mean dependent var 0.033028

Adjusted R-squared 0.284398 S.D. dependent var 0.029376

S.E. of regression 0.024850 Akaike info criterion -4.487549

Sum squared resid 0.017291 Schwarz criterion -4.394136

Log likelihood 69.31323 F-statistic 12.52532

Durbin-Watson stat 1.616516 Prob(F-statistic) 0.001424

10 8 6 4 2 0

 
 

Series: Residuals Sample 1977 2007 Observations 31

Mean -2.80E-16

Median 0.070037

Maximum 0.293476

Minimum -0.561691

Std. Dev. 0.208673

Skewness -0.720965

Kurtosis 2.857270

Jarque-Bera 2.711899

Probability 0.257702

 

-0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0 0.1 0.2 0.3

c) Test de significativité des coefficients

Dependent Variable: LPIBA Method: Least Squares

Date: 01/21/11 Time: 12:53

Sample: 1977 2007

Included observations: 31

 
 

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

C

-2.651392

1.770496 -1.497542

0.1454

LAIDE

0.280154

0.085192 3.288501

0.0027

LIMPA

0.737587

1.998420 0.369085

0.7148

R-squared

0.288466

Mean dependent var

-1.392103

Adjusted R-squared

0.237642

S.D. dependent var

0.247383

S.E. of regression

0.215998

Akaike info criterion

-0.135334

Sum squared resid

1.306338

Schwarz criterion

0.003439

Log likelihood

5.097677

F-statistic

5.675791

Durbin-Watson stat

0.671639

Prob(F-statistic)

0.008526

 

LPIBA

LAIDE

LIMPA

LPIBA

1.000000

0.533858

0.116854

LAIDE

0.533858

1.000000

0.109337

LIMPA

0.116854

0.109337

1.000000

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

INTRODUCTION GENERALE 1

Problématique de l'étude 1

Hypothèse de recherche 5

Choix et intérêt du sujet 5

Délimitation du sujet 5

Méthode et techniques de l'étude 6

Canevas du travail 6

PREMIER CHAPITRE: APPROCHE CONCEPTUELLE SUR L'AGRICULTURE 7

Section 1 : Généralités sur l'agriculture 7

L'agriculture 7

Production 10

Agriculture durable 11

Croissance et Développement Economique 13

Développement durable 14

Sous-développement 16

Agriculture et développement rurale 17

Agriculture et environnement 18

Le ménage et l'exploitant agricole 19

L'espace rural 19

Le mode de production 20

L'autosubsistance et l'autoconsommation 21

Le revenu agricole 22

Système agraire 22

Théorie générale sur l'agriculture dans une approche 23

Contribution de l'agriculture à la croissance économique 23

Contribution au transfert des ressources en faveur des 24

Section 2 : Approche économique alimentaire 30

Sécurité alimentaire 30

Problèmes et défis de la sécurité alimentaire 31

Composantes de la sécurité alimentaire 31

Les zones économiques alimentaires 33

Sous-alimentation 33

La pauvreté 34

Les Moyens d'Existence 34

Crise agricole 35

Office de commercialisation 35

Dumping agroalimentaire 35

Section 3 : Généralités sur les concepts l'importation et les aides 36

3.1. L'importation alimentaire 36

L'importation et l'agriculture 36

Aides alimentaires 40

Rôle de l'aide alimentaire 41

Formes de l'aide alimentaire 41

DEUXIEME CHAPITRE: L'AIDE ET L'IMPORTATION ALIMENTAIRES FACE A

L'ETHIQUE 43

Section 1. Ethique et aide alimentaire 43

Ethique comme concept 43

A la recherche d'une perspective historique 44

L'aide alimentaire comme instrument du colonialisme 46

Les dérives de l'aide alimentaire à travers le prisme de 47

Le cheminement d'une réflexion éthique sur l'aide alimentaire 52

Pourquoi aide alimentaire ? 52

Quant l'aide alimentaire ? 53

Comment l'aide alimentaire 54

Section 2. L'éthique et la protection agricole à l'importation 56

2.1. Les pays industrialisés et la protection de leur agriculture à 58

TROISIEME CHAPITRE: ANALYSE CRITIQUE DE L'ETAT DE LA SECURITE

ALIMENTAIRE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO 60

Section 1. A la découverte de la RDC 60

Section 2. Situation du pays sur le plan de la production agricole 61

Analyse des besoins alimentaires 61

Production agricole et satisfaction des besoins alimentaires 63

Recours à l'aide et aux importations alimentaires pour faire 70

Structure des importations alimentaires 70

La protection douanière et les importations alimentaires 73

Structures des aides alimentaires 75

Les coûts de transaction liés aux aides/importations 77

Section 3 : Etat de la sécurité alimentaire 78

Disponibilité alimentaire 79

Accessibilité alimentaire 80

Consommation alimentaire 80

Moyens de subsistance des ménages 81

Section 4 : Evolution et tendance de l'appui accordé au 85

La place de l'agriculture dans l'économie du pays 85

Absorption de la main-d'oeuvre 85

Contribution de l'agriculture à la richesse du pays 86

Evolution de l'appui financier au secteur agricole 87

QUATRIEME CHAPITRE: INCIDENCES DE L'AIDE ET IMPORTATION ALIMENTAIRE

SUR L'AGRICULTURE CONGOLAISE 89

Section 1 : Analyse des facteurs explicatifs de l'évolution des 89

Une analyse factuelle 89

Accélération de l'urbanisation 89

La baisse des revenus (et du pouvoir d'achat) 92

Politique de commercialisation et modèles de consommation 93

Section 2 : Le poids de l'aide et des importations alimentaires dans 94

Le poids de l'aide alimentaire dans l'économie 95

Le poids des importations dans l'économie 96

Section 3 : Analyse de l'impact de l'aide et des importations alimentaire 97

Présentation du modèle 97

Spécification du modèle et description des variables 98

Sources des données 100

Techniques d'estimation 100

Présentation des résultats et commentaires 101

Test formel 102

CONCLUSION ET RECOMMANDATION 105

BIBLIOGRAPHIE 108

ANNEXES 113

TABLE DES MATIERES 118






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