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Nature et spécificités de l'entrepreneuriat camerounais

( Télécharger le fichier original )
par Guy Francis ZAMBO
Université de Marne-La-Vallée - Master professionnel AIGEME (Application Informatique à  la Gestion aux Etudes, au Multimédia et à  l?E-formation) option internet  2006
  

Disponible en mode multipage

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Université de Marne-La-Vallée

UFR d'Informatique
Master Professionnel AIGEME (Application Informatique à la Gestion aux

Etudes, au Multimédia et à l'E-formation)
Option Internet et Multimédia (IEM)
Séminaire "économie"

NATURE ET SPECIFICITES DE L'ENTREPRENEURIAT
CAMEROUNAIS

Présenté par : Guy Francis ZAMBO

Sous la direction de : Jean Claude DEBEIR

A ma très chère maman Mirabelle BILO'O NDONGO qui a toujours sût m'apporter tout ce donc j'ai eu besoin depuis mon enfance jusqu'à ce jour et qui continue à me soutenir. Maman je ne t'oublierais jamais et te serait à jamais reconnaissant pour tous tes bienfaits ; je t'aime très fort.

Remerciements

Je tiens très particulièrement à remercier la communauté francophone toute entière et en particulier l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), grâce à qui j'ai pu avoir accès à cette formation ; je pense également au comité de sélection de candidatures de l'université de Marne-La-Vallée pour ma sélection à ces deux années d'étude du Master AIGEME.

Tous mes remerciements vont également à toute l'administration de ce même cycle de formation, en particulier M. Jean Claude DEBEIR pour son encadrement tout au long du présent travail.

Enfin, je pense à tous les membres de ma famille, notamment ; mon père Moïse KPWEKPWEM, M. et Mme OLE, M. et Mme Moto, Maxime Motto, mes frères et soeurs ; mes amis : Marie Thérèse BUSSALA,Odile MAGNE, Vianney OMBIONYO, Carine KEBEYENG ; ainsi que tous ceux qui de près ou de loin ont participés à l'élaboration de ce travail.

Je vous en serais éternellement reconnaissant.

Résumé

Le présent mémoire s'inscrit dans la mouvance de l'intérêt sans cesse grandissant que l'on accorde à la question entrepreneuriale sur le point de la recherche. Nous nous intéressons donc de façon generale aux pays sous-développés et au Cameroun en particulier, à travers deux aspects de la réalité entrepreneuriale: La nature et les spédificités.

Ainsi la confirmation apportée à certaines hypothèse énoncées et développées ici sur la base d'éléments de littérature et d'éléments empiriques, issus d'une étude de terrain, notamment dans le secteur informel. L'objet étant ici d'apporter une contribution aussi minimale que soitelle à cette littérature entrepreneuriale qui se veut d'être exhaustive.

Mots clés: Entrepreneuriat; Entreprise; Entrepreneur; Secteur informel; AGR; UPI; PME; Cameroun.

Table des matières

1 Entrepreneuriat ; de quoi parlons-nous? 20

1.1 Les éléments à la base 20

1.1.1 L'entrepreneur 20

1.1.2 L'entreprise 22

1.2 La multitude de concepts rattachés 23

1.2.1 Entrepreneuriat et entrepreneurship: Similitude ou divergence? 24

1.2.2.1 L'entrepreneuriat 24

1.2.2.2 L'entrepreneurship 24

1.2.2 L'intrapreneuriat 25

1.2.3 Créativité, invention et innovation 25

1.2.3.1 La créativité 26

1.2.3.2L'innovation et l'invention 26

2 La dynamique entrepreneuriale: Caractéristiques, personnalité et motivations 28

2.1 Les caractéristiques typiques de l'entrepreneuriat 28

2.1.1 Le leader 28

2.1.2La vision de l'avenir 29

2.1.3 Les stratégies entrepreneuriales 29

2.2 La personnalité entrepreneuriale 29

2.2.1 .L'approche dite des caractéristiques endogènes 30

2.2.1.1L'entrepreneur inné 31

2.2.1.2L'entrepreneur : être à caractéristiques psychologiques uniques 31

2.2.2 L'approche dite de caractéristiques exogène 32

2.2.2.1 L'entrepreneuriat innovateur et identificateur d'opportunités 32

2.2.2.2 L'entrepreneur et la concrétisation des opportunités d'affaires 33

2.2.2.3 Le leader 33

2.2.2.4 L'intrapreneuriat 34

3 Généralités sur l'entrepreneuriat camerounais 38

3.1 L'état du milieu entrepreneurial camerounais 38

3.1.1 Histoire et évolution : du temps de l'import substitution à la recomposition par les ajustements

économiques et politiques 39

3.1.1.1 La valorisation étatique de la substitution des importations face à une économie de rente 39

3.1.1.1.1 La formation d'un tissu entrepreneurial limité et inégal 40

3.1.1.1.2 Le pouvoir d'arbitrage et des alliances d'affaire comme instrument pour la construction d'un environnement entrepreneurial sain et équitable 42
3.1.1.2 La dynamique de la recomposition par les ajustements structurels économiques et politiques dans

un contexte de crise économique 44

3.1.1.2.1 L'échec de la politique d'import substitution et l'entrée en crise 45

3.1.1.2.2 La redynamisation du tissu entrepreneurial par les ajustement réel et monétaire 46

3.1.2 La relance économique à l'heure de l'accession à l'initiative PPTE 48

3.1.2.1 Le gouvernement camerounais en faveur de la relance économique : le retour à la croissance 49

3.1.2.1.1 La politique budgétaire 50

3.1.2.1.2 La politique Monétaire 51

3.1.2.2 L'entrepreneuriat à la lumière de la structure de l'économie camerounaise 51

3.1.2.2.1 Le secteur primaire à dominance rentière 53

3.1.2.2.2 Le secteur secondaire à dominance Etatique 54

3.1.2.2.3 Un secteur des services très enclavé 55

3.2 Spécificité de l'entrepreneuriat camerounais 56

3.2.1 Spécificité de l'entrepreneuriat camerounais : Essai de typologie 57

3.2.1.1 L'entrepreneur Camerounais : Typologie 58

3.2.1.1.1 Rappels théoriques 58

3.2.1.1.2 La classification traditionnelle 59

3.2.1.2 Typologie de l'entreprise camerounaise 61

3.2.1.2.1 Les grandes entreprises 62

3.2.1.2.2 Les petites et moyennes entreprises 63

3.2.2 La dynamique nouvelle de l'entrepreneuriat camerounais : l'entrepreneuriat féminin 65

3.2.2.1 La place de la femme dans la société et le milieu entrepreneurial camerounais 66

3.2.2.1.1 L'implication de la femme camerounaise au développement 66

3.2.2.1.2 La promotion de la femme camerounaise 67

3.2.2.2 Les possibilités et les limites de l'entrepreneuriat féminin au Cameroun 69

3.2.2.2.1 Femmes et initiatives entrepreneuriales : analyse sectorielle 69

3.2.2.2.2 Les limites à l'action de la femme en milieu entrepreneurial 71

4 SECTEUR INFORMEL CAMEROUNAIS 74

4.1 Le secteur informel : Approche descriptive 75

4.1.1 Comprendre le secteur informel : concept et définition 75

4.1.1.1 Qu'est ce que le secteur informel ? 76

4.1.1.1.1 Approche en terme de taille de la structure 76

4.1.1.1.2 Approche en terme de critère d'ordre juridique 77

4.1.1.2 Les caractéristiques du secteur informel 78

4.1.1.2.1 Les acteurs du secteur informel 78

4.1.1.2.2 Les catégories d'informel 80

4.1.2 Le rôle et la place du secteur informel dans l'économie camerounaise 81

4.1.2.1 Le secteur informel et la création d'emploi 81

4.1.2.2 Le secteur informel et la richesse nationale du Cameroun 82

4.2 Etude sur le secteur informel camerounais 83

4.2.1 Cadre méthodologique de l'étude : Difficultés de terrain 84

4.2.1.1 Première étude de terrain 84

4.2.1.2 Deuxième étude de terrain 85

4.2.2 Analyse des résultats de l'étude 86

4.2.2.1 Présentation et interprétation des données chiffrées 86

4.2.2.1.1 Caractéristiques du créateur/dirigeant 88

4.2.2.1.2 Caractéristiques de l'entreprise informelle 90

4.2.Discutions des hypothèses 91

Liste des annexes

Annexe 1

Comparaison des profils des intervenants dans l'entreprise innovatrice 100

Annexe 2

Modèle hiérarchique du changement 102

Annexe 3

Techniques typiques de créativité 103

Annexe 4

Les quatre paradigmes de l'entrepreneuriat et leurs liaisons 104

Annexe 5

Contribution sectorielle au PIB 105

Annexe 6

La restructuration en Afrique francophone 106

Annexe 7

Illustration de l'initiative entrepreneuriale féminine: Extrait de biographie 107

Annexe 8

Le rapport Kenya 108

Annexe 9

CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL 119

Annexe 10

CONDITIONS D'ACTIVITE SUR LE PLAN NATIONAL 110

SIGLES ET ABREVIATIONS

- AGR: Activité génératrice de revenu.

- ALLUCAM: Aluminium du Cameroun.

- BICEC: Banque Internationale pour le Commerce, l'Epargne et le Crédit.

- BM: Banque Mondiale.

- CAMAIR: Cameroon Airlines.

- CAMSUCO: Cameroon Sugar Compagny.

- CAPME: Centre d'Assistance aux Petites et Moyennes Entreprises.

- CBC: Commercial Bank of Cameroon.

- CDC: Cameroon Development Corporation.

- CDMT: Cadre de Dépenses à Moyen Terme.

- CES: Conseil Economique et Social. - CFC: Crédit Foncier Cameroun.

- CIMENCAM: Cimenteries du Cameroun.

- CNPS: Caisse Nationale de Prévoyance Sociale.

- FMI: Fond Monétaire International.

- FOGAPE: Fond d'Aide et de Garantie de Crédit aux Petites et Moyennes Entreprises. - FRPC: Facilité de Réduction de la Pauvreté et de Croissance.

- GMP: Grands Moulins de Paris.

- HEVECAM: Hévéa du Cameroun.

- MINEF: Ministère de l'Environnement et des Forêts.

- MINEFI: Ministère de l'Économie et des Finances.

- ONCPB: Office National de Commercialisation des Produits de Base. - OUA: Organisation de l'Unité Africaine.

- PAL: Plan d'Action de Lagos.

- PAS: Programme d'Ajustement Structurel. - PIB: Produit Intérieur Brut.

- PME: Petite et Moyenne Entreprises. - PMI: Petite et Moyenne Industrie.

- PPTE: Pays Pauvre et Très Endetté.

- SCB: Société Camerounaise de Banque. - SCS: Société Camerounaise de Sacherie.

- SNEC: Société Nationale des Eaux du Cameroun. - SNH: Société Nationale des Hydrocarbures.

- SNI: Société Nationale d'Investissements.

- STPC: Société de Tannerie et Peausserie du Cameroun.

- SONEL: Société Nationale d'Electricité.

- SYNDUSTRICAM: Syndicat des Industries du Cameroun.

- UDEAC: Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale.

- UPI: Unité de Production Informelle.

Introduction

En titrant « Nature et spécificité de l'entrepreneuriat Camerounais », ce mémoire de fin de première année de Master AIGEME (Application Informatique : Gestion, Etude, Multimédia et E-formation), nous prenons quelques risques. Le thème ainsi défini reste en effet fort général et pourrait couvrir a la fois une bonne partie de la réalité entrepreneuriale au Cameroun. Le lecteur s'attendra certainement a trouver dans le présent mémoire un ensemble de réponses aux différents thèmes dominants de la discipline entrepreneuriale, tel que énumères dans l'encyclopédie sur l'état des connaissances dans le domaine, de Kent, Sexton et Vesper en 1982 ainsi que dans le tout premier colloque annuel réserve a la recherche ( « Frontiers of Entrepreneurship research », Babson) dans cette discipline alors qu'encore considérée de nouvelle ; ou même encore une argumentation sur tel ou tel aspect des comportements stratégiques d'entreprises, voir un historique de la question entrepreneuriale1. Nous l'en avertissons d'emblée : Le présent mémoire traitera fort peu, pour ne pas dire pas du tout de ces matières.

Avant cependant de préciser les objectifs et le contenu de ce mémoire, il nous semble opportun d'aborder sommairement le contexte environnemental sociopolitique, économique et conceptuel dans lequel il s'inscrit ainsi qu'une présentation des concepts opératoires liés au présent thème.

L'environnement d'étude

La république du Cameroun est un Etat de près de vingt millions d'habitants repartis sur dix provinces donc 80% francophone et 20% anglophone ; il présente en effet une double singularité due, d'une part à sa situation géographique(il occupe une position stratégique particulière à la charnière entre l'Afrique occidentale et l'Afrique centrale, mais aussi entre le monde soudanais au nord et le monde bantou au sud) et d'autre part son histoire(Colonie allemande de 1884 à 1918, il a été placé sous mandat de la Société des Nations (puis sous tutelle par l'Organisation des Nations unies à partir de 1946), administré par le Royaume-Uni pour sa partie occidentale et par la France pour sa partie orientale, de loin la plus étendue. En 1961, la zone anglaise se détermina par référendum pour le rattachement au Cameroun dans le cadre d'un Etat fédéral, à l'exception de sa partie septentrionale qui opta pour l'intégration au Nigeria' partie qui aujourd'hui fait l'objet d'un litige entre les deux Etats).

1 Cependant quelques éléments pourront néanmoins être rapportes a ce propos, notamment dans la première partie réserve aux fondements théoriques de l'entrepreneuriat, ainsi qu'au chapitre premier de la seconde partie qui portera sur une étude de l'économie camerounaise en tant que champ d'application au présent mémoire.

Figure 1: Carte de localisation

Les années 1980 resteront à jamais marquée dans la mémoire de ce peuple toujours restée unis et politiquement stable (Deux présidents seulement se sont succédé depuis l'indépendance, M. Ahmadou Ahidjo et après son retrait volontaire du pouvoir en 1982, M. Paul Biya ; un sudiste d'origine Béti prenait ainsi la suite d'un homme du nord, d'origine peuhle et musulman), comme la période faste de l'économie ; période durant laquelle le pays se verra classé au rang des pays africains les plus prospère du point de vue économique. Mais seulement cette situation ne durera pas longtemps car il s'en suivra une très forte récession causée par la chute des cours du café, cacao et du pétrole, conduisant ainsi à une dégradation des termes de l'échange.

L'entreprise Camerounaise quand à elle ne demeurera pas intouchée par ce phénomène et sera même si l'on peut le dire, le secteur qui en pâtira le plus. En effet le changement de régime présidentiel en 1982 à permis la mise de proches du nouveau président beaucoup plus connus pour leur compétences politiques que de gestionnaire à la tête des grandes entreprises publiques (essentiel du parc d'entreprise), il va donc s'en suivre un pillage des deniers publics et en conséquences la faillite de beaucoup d'entre elles. La mise sur pied progressives de plans d'ajustement structurel, du processus de privatisation ainsi que l'initiative PPTE viendront en effet redonner un élan à la question entrepreneuriale au Cameroun; ce qui explique en quelque sorte la créations de diverses écoles de formation en management, gestion et création

d'entreprise, le dépassement des considérations ancestrales, culturelles, sociales et même étatiques( passage du plus d'Etat vers l'Etat presque inexistant) ainsi q'une implication de toute la population à la construction économique du pays.

Definition des concepts operatoires.

«Entrepreneurship is the process of creating or sizing an opportunity and pursuing it regardless of the resources currently controlled » (Timmons, 1994, p.7).

« L'entrepreneuriat est un phénomène combinant à la création d'une organisation impulsée par un ou plusieurs individus s'étant associés pour l'occasion » (Thierry Verstraété, 2003, p.13).

« L'entrepreneuriat consiste à prendre des risques. L'entrepreneur est une personne qui est prête à mettre en jeu sa carrière et sa sécurité financière pour mettre en oeuvre une idée, à mettre son temps et son capital dans une entreprise risquée » (K. Knight (1967) of Peter Ducker (1970)).

Ces quelques citations montrent assez clairement que la notion d'entrepreneuriat est encore bien loin de faire l'unanimité au sein même de la multitude d'acteurs travaillant dans ce domaine. En effet, Timmons y associé le contrôle des ressources à l'exploitation d'une opportunité. Verstraété l'assimile à un phénomène hétérogène conduisant à la création d'une organisation distincte de l'individu qui créé mais précisant cependant que l'un se définit par rapport à l'autre et vice versa2. Knight et Drucker y voient plutôt une prise de risque et associent à l'entrepreneur les fonctions d'innovation et de capitaliste.

Entrepreneuriat : science ou domaine de recherche

A défaut de considérer l'entrepreneuriat comme une science, il n'est pas déraisonnable de l'accepter comme un domaine de recherche singulier traversé par plusieurs paradigmes voir des courant de pensée ou encore des écoles se combinant parfois, un domaine de recherche pouvant être qualifié de paradigmatique ayant certes dépassé l'émergence mais qui cependant semble stagner dans l'adolescence (Thierry, Verstraété et Alain Fayolle, 2005) eu égard de la multiplicité des propositions qui en témoignent néanmoins finalement d'un domaine moins jeune qu'il n'y paraît.

2 VERTRAETE T. (2003), Proposition d'un cadre théorique pour la recherche en entrepreneuriat :
phE=f[(CxSxP)n(ExO)], Editions de l'ADREG, Décembre 2003 ( www.editions-adreg.net)

L'universalité de la pratique

Création d'organisation, opportunité d'affaire, création de valeur ou encore innovation, l'entrepreneuriat bien que ne faisant pas l'unanimité du point de vue de son acceptation théorique tends tout de même de façon universelle à mettre en relation un individu (l'entrepreneur) et une organisation (l'entreprise ; laquelle entreprise est depuis plus d'une décennie remise au centre de l'attention). Après tout, en ces temps de chômage de masse, n'est-elle pas le lieu ou finalement l'emploi devenu si rare se crée ? Ou alors plus généralement cette cellule élémentaire de la vie économique où la richesse se forme ?

Seulement loin de ces questions, l'objectif du présent mémoire réside en tout autre point, se résumant à la résolution d'un certain nombre de questions pas tout autant plus intéressant ou pertinent que les autres mais qui cependant absorbe dans une approche toute particulière et spécifique la notion d'entrepreneuriat.

L'entrepreneuriat est-il perçu de façon universelle du point de vue de sa pratique ? Existe-t-il un entrepreneuriat spécifiquement différent de la réalité observée en Europe, en Amérique ou en Asie ? L'environnement sociopolitique et économique est-il surdéterminant pour l'émergence et l'évolution de la fonction entrepreneuriale au Cameroun ?

Ce sont là quelques-unes des interrogations qui s'imposent à celui qui s'intéresse à la nature ainsi qu'à la spécificité de l'entrepreneuriat camerounais et resteront par conséquent au centre de notre analyse.

Objectif et Hypothèses

S'inscrivant dans l'optique d'une complémentarité entre théorie et empirisme selon les convictions actuelles, qui supposent que les recherches empiriques doivent être orientées par et vers des considérations théoriques qui de leur côté doivent être justifiées expérimentalement ; la question des fondements théoriques de l'entrepreneuriat sera donc abordée ici dans le but de la compréhension de la notion de l'entrepreneuriat afin de cerner de façon claire et concise le champ objectif du présent mémoire. Champ qui réside dans la démonstration à partir d'une étude sur un secteur bien précis de l'économie camerounaise et basée sur une étude de terrain au sein d'une classe d'entrepreneur en l'occurrence l'entrepreneur informel, perçu comme le terreau de fertilisation de l'entrepreneuriat camerounais. D'autre part, on partira d'un ensemble de données et variables statistiques issues de divers rapports et études sur l'entrepreneuriat dans le pays pour en faire un rapprochement avec les écrits théoriques ainsi que la réalité entrepreneuriale d'autres économies pour

montrer que l'entrepreneuriat n'est pas un phénomène universel; mais plutôt diffère du point de vu pratique selon l'environnement sociopolitique et économique où l'on se trouve.

En définitive, nous pouvons donc résumer nos objectifs à la lumière de trois questions à savoir :

- L'entrepreneuriat camerounais présente t'il un aspect naturel et spécifique

Propre ?

- L'environnement socio politique, économique et conceptuel est-il un facteur

déterminant dans la pratique de l'entrepreneuriat ?

- L'accumulation de richesses, la recherche du profit et la progression de

l'unité de production sont-elles des motivations pour l'éventuel créateur d'entreprise au Cameroun ?

Nous partirons donc sur la base de trois hypothèses principales;

h1: Quatre facteurs ou groupes de facteurs influencent l'entrepreneuriat Camerounais :

- La culture et la tradition,

- La législation, la réglementation et l'attitude des pouvoirs publics,

- Le système d'enseignement et l'éducation,

- Le contexte de crise économique dans lequel vit le pays depuis plus d'une

décennie

h2: La réalité entrepreneuriale au Cameroun est tout autre que ce qui relève des différentes considérations théoriques et est le plus basée non pas sur la recherche d'un réel profit mais plutôt sur celle d'un revenu de subsistance pour la collectivité.

h3: Le travail autonome est l'une des principales motivations à la décision de création d'entreprise au Cameroun.

Approche de contenu et Méthodologie

Notre étude sera donc axée sur deux points principaux répartis sur quatre chapitres de deux sections regroupés de façon équitable sur 2 parties.

La première partie porte sur l'apport des recherches à une compréhension analytique et conceptuelle de l'entrepreneuriat et la 2nde traite d'une part de l'application au contexte camerounais. D'autre part, cette seconde partie tentera sur la base d'une étude de terrain, notamment sur le secteur informel, de montrer de façon claire la réalité de la pratique entrepreneuriale à travers : Les Caractéristiques de l'entrepreneur, celles de l'entreprise ainsi que les question liées au financement et aux ressources humaine.

Ainsi nous partirons sur la base d'une enquête de terrain portant sur un effectif de cinquante (50) personnes propriétaire ou dirigeant d'unités de production informelles et activités génératrices de revenus.

Les données collectées à la suite de cette enquête seront reproduites dans un ensemble de tableaux pour une analyse plus ou moins détaillée dans le tout dernier chapitre de notre travail. Il sera donc aussi précisé dans ce même chapitre, le déroulement de notre enquête ainsi que tous les problèmes rencontrés à cet effet.

Première partie

LES FONDEMENTS THEORIQUES DE

L'ENTREPRENEURIAT.

Lorsque nous parlons d'entrepreneuriat, une seule et unique date revient sans cesse, les années 1980. En effet L.J. FILION (1997) situe a ces années la l'éclatement du domaine de l'entrepreneuriat vers la quasi-totalité des disciplines des sciences humaine et administratives et ce en se basant sur deux événements majeurs; d'une part la publication en 1982 du tout premier encyclopédie sur l'état des connaissances dans le domaine par Kent, Sexton et Vesper, et d'autre part la tenue d'un grand colloque annuel réservé à la recherche dans cette nouvelle discipline (Babson). Nous devons certes le reconnaître, la décennie 1980 restera la décennies de l'entreprise (Coriat et Weinstein, 1995) ; cette date est en effet le début d'un acheminement vers une science, un domaine de recherche, avec un essai de construction de courant ou d'école de pensée .

Serait-ce donc là une raison d'oublier ceux là même qui ont jadis énoncés les préceptes ou éléments de ce qui est aujourd'hui bien que encore considéré d'adolescent en terme de recherche, l'objet de la plupart des travaux dans le domaine de l'économie?

1 Entrepreneuriat ; de quoi parlons-nous?

Tel qu'il a toujours été un défi de définir l'entrepreneur compte tenu de la très grade variété de perspectives a partir desquelles les spécialistes qui l'ont étudié l'ont fait, il n'en demeure pas moins de ses notions rattachées. La définition de l'entrepreneuriat est bien loin de faire l'unanimité au sein de la communauté sans cesse grandissante de chercheurs qui s'en intéressent. Certains y associent l'organisation d'une entreprise (Cantillon et Say), d'autre l'innovation (Schumpeter, 1939), Boulton et Carlan (1984), Drucker (1985); d'autres catégories de chercheurs y associent soit l'opportunité, soit la création de valeurs, soit la création de richesses. Mais il n'en demeure pas moins en tout état de cause que deux notions reviennent sans cesse et restent comme étant les éléments à la base de toute question entrepreneuriale: Entrepreneur et Entreprise, ceci permettant donc de dégager d'une part une action: la création ou la constitution d'une nouvelle organisation et en particulier la création d'une entreprise et d'autre part un acteur: l'individu créateur.

1.1 Les éléments à la base

Vu au sens de l'interactivité entre l'organisation et l'individu, l'entrepreneuriat dans sa forme initiale reste la création d'entreprise; en effet le présent mémoire étant réalisé avec une dominance plus contextuelle et pratique que théorique, nous allons dans cette première partie réservée exclusivement aux fondements théoriques de la notion, essayer de faire une redirection des différentes considération théoriques vers une optique empirique. La plupart des auteurs qui travaillent sur l'entrepreneuriat ont souvent tendance dans leur études de négliger un tout petit peu l'entreprise et tendent plutôt à mettre au centre de toute considérations l'entrepreneur; nous essayerons donc sans trop entrer dans les détails de donner une brève définition des termes entrepreneur et entreprise selon les considération des différents courants de pensées ceci sans entrer trop en profondeur car ces différents sujets feront l'objet d'une étude plus approfondie dans la suite de notre travail.

1.1.1 L'entrepreneur

C'est très souvent à tort que l'on pense à une confusion lors de la définition de l'entrepreneuriat, le problème est bien tout autre et nous devons plutôt voir en cela une différence due à une divergence d'opinions issue de la provenance très diversifiée des différents auteurs; chacun essayant autant que possible d'avoir un penchant vers son domaine ou sa discipline d'origine. Ainsi les tenants de l'économie pure pensent dans le sens de l'homoeconomicus et de l'évolution de l'activité économique, pendant qu'une autre catégorie de

chercheurs ou école de pensée essaye d'intégrer à cette activité et à cet objectif purement micro-économique l'environnement autour de l'entrepreneur. Ils insistent donc sur des éléments tels que les rapports socioculturels et politiques, l'environnement dans lequel il se trouve et vit, en bref une multitude de paramètres en présence lorsque nous parlons de l'entrepreneur face à l'entreprise.

La notion d'entrepreneur a connu jusqu'à ce jour une évolution notoire, on est parti de la conception de simple individu au personnage au centre de l'activité économique. La notion concerne tout d'abord l'exploitant agricole, ensuite tous ceux ayant pour fonction de faire circuler les denrées de la campagne vers les villes et de transformer ses richesses; sa mission

étant de mettre des produits à la disponibilité des acheteurs (Cantillon, 1755).

Say (1996) quand a lui voit en l'entrepreneur la pierre angulaire de la dynamique capitaliste. L'entrepreneur est donc un créateur et consommateur de valeur, laquelle valeur est indispensable à la prospérité de la société; son objectif n'étant pas l'exploitation du travail d'autrui mais plutôt d'être économiquement indépendant. Il en ressort en définitive trois sorte d'opérations industrielles: les «recherches du savant», les «applications de l'entrepreneur»et l'«exécution de l'ouvrier».

Schumpeter fait la synthèse de Cantillon et Say, l'entrepreneur devient le responsable de la science économique ; Schumpeter le place au centre de l'analyse et lui assigne la fonction d'innovation, l'innovation étant définie comme tout changement porteur de profit nouveau. Le profit quand a lui étant juste sa rémunération. La prise de décision et sa fonction managériale définissent sa particularité majeure; il n'est ni inventeur, ni capitaliste et par conséquent ne prend aucun risque.

Les conceptions nouvelles3 de l'entrepreneur le définissent comme quelqu'un qui forme et réalise un projet; l'entrepreneur met en place un projet dont la réussite réside dans la minimisation le plus possible du niveau du risque qui entoure ses décisions ainsi que dans sa capacité à gérer.

Louis Jacques FILION(1988) intègre toutes ces dimensions et nous offre cette définition dans laquelle nous pouvons assez clairement reconnaître l'entrepreneur que nous rencontrons tous les jours de notre vie: «Un entrepreneur est une personne imaginative, caractérisée par une capacité à se fixer et à atteindre des buts. Cette personne maintient un niveau élevé de sensibilité en vue de déceler des occasions d'affaires. Aussi longtemps que il ou elle continue

d'apprendre au sujet d'occasions d'affaires et qu'il ou elle continue à prendre des décisions modérément risquées qui visent à innover, il ou elle continue de jouer un rôle entrepreneurial».

1.1.2 L'entreprise

Que l'on parle d'entreprise, de firme ou d'organisation; un essai de définition apparaît tout de même assez complexe. Mais si l'on considère la logique propre à la démarche de l'économie industrielle qui repose sur l'hypothèse selon laquelle l'industrie se transforme sous l'effet des stratégies des firmes, on peut raisonnablement parler de la firme comme l'unité de base de l'ensemble que constitue l'industrie.

En effet et ce pendant fort longtemps, l'économiste s'est toujours intéressé au fonctionnement et aux conditions d'équilibre sur le marché, ceci au détriment de la firme qui était alors qualifiée de «boite noire»; l'entreprise étant donc réduite juste à l'allocation optimale des ressources disponibles pour un maximum de profit. L'entreprise est une unité dont l'activité essentielle consiste à transformer des flux d'entrées (matières premières, services...) en flux de sortie (produits finis, déchets...) selon une relation technique appelée fonction de production (Gilbert Koenig, 1988); c'est la considération en terme de « boite noire » résultant de l'analyse Neo-Classique. Il est ici regroupé en un ensemble tous les détails de son activité et de son organisation, soit par souci de ne pas s'en occuper, soit celui de ne pas les appréhender dans toute leur complexité.

Les théoriciens de la concurrence imparfaite de J. Robinson(1933) et de la concurrence monopolistique de E. H. Robinson(1933) vont dans les années 1930 apporter une certaine révolution dans la façon de penser de la firme en déplaçant le centre d'intérêt de la théorie de l'équilibre des conditions de production et de distribution des biens et services vers une intégration du comportement et des interactions entre les producteurs; les fondements théorique de l'analyse de la firme restant les mêmes. La firme est ainsi devenue l'acteur principal de la pièce, elle peut désormais agir sur les prix, s'entendre avec ses concurrents, mettre en place des politiques de vente à son profit, différencier les produits. L'entreprise ne subit plus le marché mais peut l'influencer à son avantage, elle à un champ d'action plus large bien que encore orienté par le même principe de rationalité. Cependant, elle demeure toujours une «boite noire» réagissant mécaniquement à son environnement et se conformant aux règles de calcul marginaliste.

principaux points communs: Le concept, l'objectif et l'environnement de la firme. A la traditionnelle image technique reposant sur la fonction de production micro-économique, les nouvelles théories substituent une représentation en terme de gouvernance; l'entreprise devient un réseau complexe de contrats avec pour essence la relation d'emploi. L'objectif majeur demeure toujours la maximisation du profit, seulement résultante non plus de l'efficience technique appliquée aux décisions de production mais plutôt de l'efficience organisationnelle. Les rapports conflictuels entre divers agents sont désormais introduits dans l'analyse et ce principalement entre employeurs et employés dans le cadre des contrats de travail. On tend alors vers un remplacement progressif de la rationalité parfaite Néo-Classique par la rationalité illimité de la théorie des organisations.

Aujourd'hui, il en demeure donc clair que l'entreprise est une entité, un acteur de la vie économique et sociale poursuivant des objectifs propres, par la voie et les moyens qu'elle se donne. C'est une organisation vivante, qui accueille des individus nouveaux, en voit d'autres partir, noue des relations évolutives avec son environnement et change d'orientation plus ou moins volontairement.

1.2 La multitude de concepts rattachés

Plus d'une décennie après la question posée par Gartner (1990): « What are we tolking about when we talk about entrepreneurship ?», la progression de la recherche en terme d'entrepreneuriat à fourni des apports manifestes bien que l'expansion de l'usage de ce terme dans la pratique a pu contribuer à une certaine confusion. Il en résulte donc un certain nombre de questions relatives tant à la forme adjectivale qu'à la conception faite du verbe entreprendre lui même.

Ainsi on parle d'entrepreneuriat un peu partout dans les sciences, dans tout les domaines de la recherche et surtout en économie et gestion; l'entrepreneuriat est considéré tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'entreprise, et il en réside donc tout autour une infinité de concepts et préceptes qu'apportent les uns et les autres au terme, contribuant ainsi à entretenir cette ambiguïté sans cesse grandissante due à la diversité des domaines de provenance des chercheurs et acteurs en présence. On parle alors d'entrepreneuriat, d'entrepreneurship, d'intrapreneuriat, d'innovation, d'invention, de créativité et bien d'autres choses encore.

Dans la réalité, l'impression est pourtant donnée de croire que tous ces termes ne constituent
qu'un seul et même phénomène et que les acteurs à l'origine en sont tout aussi les mêmes.
Certains auteurs pensent alors à une duperie ne contribuant qu'à nous éloigner de la réalité et

des responsabilités du gestionnaire. Et la question reste cependant posée: Existe-t-il une différence entre ces termes ou alors ne sont-ils qu'une seule et même chose?

1.2.1 Entrepreneuriat et entrepreneurship: Similitude ou divergence? Constitution d'une nouvelle organisation, prise de risque, création d'entreprise, la définition de

l'entrepreneuriat tel qu'il la toujours été pour ce qui est de l'entrepreneur demeure également un défi; et lorsque l'on y associe encore la conception anglo-saxonne du terme, le problème semble alors être plus énorme.

1.2.1.1 L'entrepreneuriat

S'il existe une évidence, c'est que l'entrepreneuriat n'est ni une entreprise, ni un groupe de

personne; mais plutôt un milieu social, un esprit et un état d'âme associé à une manière intégrative d'approcher les problèmes et la prise de décision avec pour caractéristique une volonté énorme de créer, de concevoir, de combiner des idées et des concepts n'ayant pas encore été apprivoisés. C'est l'analyse en terme d'innovation.

Moss Kanter (1984) va un peu plus loin et énonce le concept d'organisation entrepreneuriale défini comme une organisation qui fonctionne aux limites de ses compétences tout en mettant l'accent non plus sur le contrôle de ce qu'elle connaît et exploite déjà mais plutôt sur ses ressources et sur ce qu'elle ne connaît ou n'a pas encore essayé. L'entrepreneuriat est donc jugé en terme de vision et d'approche future et non sur les réalisations passées.

1.2.1.2 L'entrepreneurship

L'entrepreneurship bien que allant dans le même axe que l'entrepreneuriat n'a pas toujours été

défini en ces termes. Fortin (1986) définit l'entrepreneurship comme: « Une mentalité, une attitude qui pousse un individu, seul ou avec les autres à lancer une activité nouvelle et à prendre les moyens nécessaires pour réaliser un désir ou un rêve »

L'étude de l'entrepreneurship peut se faire à partir de trois perspectives différentes: Une perspective socioculturelle, une perspective psychologique et une perspective de direction (Toulouse, 1979). L'entrepreneurship est alors le prolongement visible de son créateur, de celui qui a poursuivi son intuition pour prendre des risques de concrétiser un projet, il n'est pas défini par les activités en soi, mais plutôt l'esprit et les circonstances dans lesquelles ces actions sont posées.

1.2.2 L'intrapreneuriat

La mode nous présente l'entrepreneur comme un héros, le héros de la décennie 1980, et

l'intrapreneur comme le messie des grandes entreprises; l'intrapreneuriat est donc perçue comme la formule magique, le remède à la léthargie destructrice de la gestion dépassée dans la grande entreprise et même dans les institutions publiques et para publiques.

La compréhension que nous avons de l'intrapreneuriat doit beaucoup à l'économiste Américain Pinchot qui semble avoir dans les années 1983 inventé le terme intrapreneuriat et lui donna une toute première définition en 1985 comme étant la nouvelle conception du management basée sur un esprit d'entrepreneuriat; esprit visant la mise en oeuvre d'idées créatrices sous forme d'entités autonomes à l'intérieur de la grande entreprise.

L'intrapreneuriat est donc dés lors perçu comme un esprit de recherche et de développement de nouvelles opportunités à l'intérieur d'entreprises ou de secteur déjà existant. Il se distingue de l'entrepreneuriat ,car n'est pas un acte de création mais plutôt le fait d'un esprit créatif et innovateur, il se manifeste par des activités ayant comme objectif la prise d'idées nouvelles ou des prototypes opérationnels et de leur transformation par des moyens ou techniques souvent révolutionnaires.

En faisant d'une part la distinction entre gestionnaire traditionnel, entrepreneur traditionnel et intrapreneur (l'intrapreneur étant présenté comme une personne à la fois penseur et homme d'action) et d'autre part une classification des acteurs organisationnels impliqués à produire l'innovation ; Pinchot en 1986 fait une illustration plus claire de la question intrapreneuriale représentée ici en annexe1.

1.2.3 Créativité, invention et innovation

La dynamique entrepreneuriale se veut être un pôle d'intervention d'acteurs à divers niveaux;

analysée comme processus de création d'organisation ou d'entité économique et sociale, il s'en suit une multitude d'interventions inter agissantes les unes les autres. En effet, le créateur est responsable de la vision et de la méthode, l'inventeur est fournisseur de concepts et l'innovateur est responsable de la transformation du produit. Il revient donc à l'entrepreneur en tant que entité suprême la tâche de l'exécution, la transformation de l'invention et enfin la gestion de l'entreprise.

1.2.3.1 La créativité

Issue des concepts tels l'imagination, l'inspiration, la notion de créativité est une notion bien

contemporaine et, une étude encyclopédique sur les sciences sociales et humaine nous permet

de la définir comme la faculté particulière de l'esprit à réorganiser les éléments pris dans le monde extérieur pour les présenter sous un aspect nouveaux en réalisant ainsi une action créatrice.

La créativité est donc un processus dans lequel la découverte est transformée en invention, qui à son tour devient une innovation pour permettre en fin de compte l'amélioration et le changement. C'est ce qu'illustre P. A. Shuman (1982) comme étant le modèle hiérarchique du changement (Voir annexe2). L'autre façon de définir la créativité est l'examen de celle-ci à partir de ses techniques de pratique; l'annexe3 en est une illustration assez claire du phénomène tel que décrit par Robin (1972).

1.2.3.2 L'innovation et l'invention

Le dictionnaire Larousse défini l'innovation comme l'action d'innover, d'inventer, de créer quelque chose de nouveau dans un domaine particulier.

A première vue, cette définition nous montre qu'en réalité il n' y'a pas de réelle différence entre les notions d'innovation et d'invention. Cependant vu dans une optique entrepreneuriale, l'invention est souvent considérée comme une idée brillante d'où découle l'innovation. En effet Schumpeter à qui nous devons principalement la vision de l'entrepreneuriat en terme d'innovation fait cependant une distinction entre cette dernière et l'invention qu'il considère comme étant la découverte d'un nouvel outils ou d'une nouvelle technique; il lui attribue le titre d'avènement initial et voit en l'innovation l'évènement final et par conséquent l'implantation de l'invention.

Shuman en 1983 épouse bel et bien cette idée de Schumpeter mais va un peu plus loin dans l'analyse en définissant l'invention comme une combinaison intelligente de plusieurs facteurs de découverte résultants en élément de changement pouvant avoir des utilisations pratiques; il suppose par contre que l'innovation au lieu de découler de l'invention, la précède plutôt.

L'innovation constitue alors le fondement de l'entrepreneuriat puisque celle-ci suppose des idées nouvelles pour offrir ou produire de nouveaux biens ou services, ou encore pour réorganiser l'entreprise. « L'innovation, c'est créer une entreprise différente de ce qu'on connaissait auparavant, c'est découvrir ou transformer un produit, c'est proposer une nouvelle façon de faire, de distribuer ou de vendre » (Julien, Marshesnay; 1996). Cette définition illustre en effet les propos de Barreyre(1975) lorsqu'il fait une typologie de l'innovation en quatre axes principaux(Les innovations à dominante technologique, les innovations à dominante commerciale, les innovations à dominante organisationnelle et les

innovations à dominante institutionnelle); Pou lui, l'innovation ne concerne pas nécessairement un objet technologique ou de caractère scientifique, mais plutôt un domaine assez large regroupant le social, le gouvernemental ainsi que les cercles de qualité.

Parler donc de la multiplicité des concepts, ces concepts qui par moment prêtent quelque peu à confusion et créent plutôt une amalgame dans la façon de percevoir la question entrepreneuriale; alors que ne constituant rien d'autre qu'un logique séquencement voulant que chacun des intervenants dans le processus entrepreneurial joue son rôle de sorte que la responsabilité de la vision et de la méthode revienne au créateur, la fourniture des concepts à l'inventeur, la responsabilité de la transformation du produit à l'innovateur, la gestion créatrice à l'intrapreneur tandis que l'entrepreneur de son coté s'engage fermement à prendre sur lui la responsabilité de tout cet ensemble. Ainsi « quand tous les partenaires acceptent les rôles et les responsabilités qui leur sont attribués, il y a création, invention, innovation, entrepreneuriat et intrapreneuriat » (Dina Lavoie).

2 La dynamique entrepreneuriale: Caractéristiques, personnalité et motivations

En titrant ce chapitre « la dynamique entrepreneuriale », nous supposons que; ayant clairement présenté les concepts entrant en jeu dans toute question entrepreneuriale, il serait tout à fait nécessaire et judicieux d'essayer d'entrer dans la profondeur de la question et pouvoir comprendre en fait ce qui se passe réellement lorsque nous avons dépassé le cadre de la définition. Il est donc question ici de s'intéresser d'une part , à ce qui caractérise l'entrepreneuriat en sont fort intérieur, et d'autre part de présenter l'entrepreneur au coeur de l'analyse à travers sa personnalité ainsi que ses motivations en tant que personnage au centre de l'action.

2.1 Les caractéristiques typiques de l'entrepreneuriat

L'entrepreneuriat comme nous avons pu le voir dans la section précédente peut être considéré de phénomène hétérogène conduisant à la constitution par un individu d'une organisation; ceci nous permettant donc d'aboutir à une distinction et une certaine stratification du long processus qui en découle.

Il apparaît donc indéniablement que toute chose égale par ailleurs, il y a au centre, au coeur de l'action, un leader : l'entrepreneur qui est la force motrice à l'origine des faits économiques, ce leader qui recèle en lui, dans son esprit une vision de l'avenir, et s'entoure donc d'un certain nombre d'outils stratégiques qu'il essaye autant bien que mal de diriger, de modeler pour pouvoir offrir au monde dans lequel il vit quelque chose de nouveau, de différent, d'original.

2.1.1 Le leader

Il n'est pas tout à fait nécessaire ici de rappeler aux uns et aux autres la place prépondérante qu'occupe l'entrepreneur dans la question entrepreneuriale, ou alors d'en faire une autre tautologie sur sa définition, il s'agira ici tout simplement de présenter les rôles que joue l'entrepreneur dans tout processus de création d'entreprise.

En effet, les nouvelles théories pensent que l'entrepreneur doit gérer la complexité, l'incertitude et la variété au sein de son entreprise et doit en outre tenter de protéger son entreprise de la complexité et de l'incertitude de l'environnement concurrentiel. Ainsi il lui est donc assigné trois fonctions principales :

- la fonction d'innovation ou de création

- la fonction d'acquisition et d'exploitation de l'information

- la fonction d'organisation et de coordination de la production.

2.1.2 La vision de l'avenir

En tenant compte de l'importance qui lui est donnée ici, ainsi que du rôle central qu'on lui

accorde, l'entrepreneur doit dans son esprit avoir une vision de l'avenir, vision qui se doit d'être préférable à celle de l'état présent, mise en oeuvre de façon enthousiaste et avec rapidité, il s'en suit donc une mise en oeuvre d'un ensemble d'anticipation, visant la progression et la prospérité de la structure et, en fin de compte une certaine satisfaction de rendre service à la société procurée par le travail réalisé.

Cependant, tout au long de ce processus partiellement conscientisé d'intuition et de perspicacité qui trouve leurs racines dans l'expérience, l'entrepreneur développe une vision ainsi qu'une stratégie devant être mise en pratique.

2.1.3 Les stratégies entrepreneuriales

La stratégie considérée un peu comme la feuille de route de l'activité entrepreneuriale se

présente être délibérée, pendant que la vision d'ensemble reste claire ; ainsi tous les détails de l'activité apparaissent en revanche malléables, incomplet et émergeants.

Elles doivent par conséquent s'accompagner d'un ensemble de structures simples et centralisées répondant de façon rapide et ce clairement aux directions que donne l'entrepreneur ; car elles tendent à se développer dans des marchés de niche qui ne sont pas pris en compte par les acteurs dominants du marché.

2.2 La personnalité entrepreneuriale

Les considérations sur la personnalité de l'entrepreneur sont multiples ; en général

l'entrepreneur est beaucoup plus assimilé au dirigeant avec qui il a plusieurs traits communs. Par contre, il est souvent opposé aux manager et aux administrateurs qui sont réputés plus méthodiquement et moins fougueux.

Ainsi la caractérisation de l'entrepreneur a toujours fait l'objet d'une littérature abondante
suite à la multitude de controverse qu'elle soulève, surtout lorsqu'il est question d'évoquer la
question de la personnalité entrepreneuriale ; question qui en elle-même soulève un certain

nombre de questions : Naît-on entrepreneur ? La capacité et la qualité entrepreneuriale sontelles innées ? L'entrepreneur est-il un être à part entière, ou un être à caractéristiques psychologiques propres ? Etc.

Suite donc à cette multitude d'interrogation, plusieurs auteurs ont pu se prononcer, ainsi selon David McClelland (1961), l'entrepreneur est avant tout un être motivé par un besoin débordant de réalisation, une grande nécessité de construire ; collins et Moore (1970) quand à eux partent sur la base d'une étude sur 150 entrepreneurs pour conclure ; que c'est un être dur, pragmatiques et conduit par le besoin d'indépendance et de réalisation. L'entrepreneur de Bird (1992) est mercuriel et imprévisible. C'est un être sujet à des intuitions, des activités cérébrales intenses et des déceptions, il est ingénieux, plein de ressource, malins, opportunistes, créatifs et sentimentaux.

Une autre classe d'auteurs elle, s'intéresse à la personnalité entrepreneuriale à travers une certaine typologie de l'entrepreneur. Tel est le cas de Cole (1959) qui distingue quatre type d'entrepreneurs : L'inventeur qui calcule, le promoteur trop optimiste, le constructeur d'organisation et enfin l'innovateur qui est le générateur de l'idée nouvelle. D'autre part, on fait la distinction entre l'entrepreneur politique qui cherche le profit pour son affaire en utilisant son pouvoir politique et l'entrepreneur de marché qui lui opère selon les lois et le jeu du marché.

Alain FAYOLLE en 2002 adopte la même tendance et propose une typologie de six entrepreneurs différents sur la base d'un travail collaboratif avec trois groupes distincts ; constitués d'expert, spécialistes et praticiens de l'entrepreneuriat parmi lesquels il classe les entrepreneurs, des enseignants spécialisés et les professionnels de la création d'entreprise. Il part donc des visions issues de six écoles de pensées différentes identifiées par Cunnigham et Lisheron (1991) ; Ainsi on peut observer la typologie que nous allons dans les prochaines lignes présenter en deux points différents selon que nous classerons d'une part les caractéristiques endogènes ou interne à la personne et d'autre part celles exogènes ou alors développées par la formation, l'apprentissage et l'expérience en la matière.

2.2.1 L'approche dite des caractéristiques endogènes

Nous considérons ici de caractéristiques endogènes, celles-là qui sont interne à la personne, celles qui lui sont propres dès la naissance et peuvent en quelque sorte être considérées comme le fait de force du destin. Ainsi nous aurons d'une part l'entrepreneur inné et d'autre part l'individu à caractéristique psychologiques uniques.

2.2.1.1 L'entrepreneur inné

La vision de l'entrepreneur inné est l'oeuvre de l'école dite « the great person school of entrepreneurship », l'entrepreneur est ici considéré comme un être extraordinaire, un être « né avec un sixième sens, une capacité intuitive à entreprendre et à réaliser des actions spectaculaires »4

L'entrepreneur se présente donc ici comme étant une personne à part entière qui présente dès sa naissance des capacités particulières ainsi qu'un réel besoin à la création à l'innovation et à l'invention ; il apparaît en effet comme un être doué. Cette capacité reste donc maintenue en lui et le conduit en effet tout droit à la gloire.

L'esprit d'entreprise en cette personne est quelque peu une force du destin, un sixième sens inné pour faire de bonne affaires ; c'est dans cette perspective qu'une multitude d'écrits littéraires et académiques parlent des cas spécifiques tels que : Bill Gates, Steve Jobs, Richard Branson, Francis Bouygues, la célèbre asiatique li-ka shing5 et en particulier des illustrations dans le milieu des affaires camerounais à l'instar de Victor Fotso et Françoise Fonning.

2.2.1.2 L'entrepreneur : être à caractéristiques psychologiques uniques

Cette seconde vision est l'oeuvre de l'école des traits distinctifs et des caractéristiques psychologiques particulières ou « the psychological characteristics school of Entrepreneurship ».En effet, l'entrepreneur ici dispose de trois caractéristiques psychologiques essentielles : Les besoins, les valeurs, les attitudes.

Lorsque nous parlons de caractéristiques psychologique en terme de besoin, à priori il s'en dégage que l'une des motivations premières à la création est la satisfaction des besoins dans ce sens où par exemple en Afrique subsaharienne la création d'entreprise est surtout perçue comme une nouvelle source de revenu pour l'individu créateur, la famille voir la communauté toute entière. Cependant le besoin ici n'est pas perçu comme tel mais plutôt reste relatif à des questions tel que l'indépendance, l'accomplissement... Ainsi l'entrepreneur présente un réel besoin d'indépendance vis-à-vis de ses employeurs, de sa famille et ne désire en effet qu'une autonomie certaine ; l'accomplissement apparaissant en fin de compte comme l'aboutissement d'un rêve, la fierté à la création de la structure.

La satisfaction des besoins dans ce cas ci revêt un aspect particulier du fait qu'elle
s'accompagne nécessairement des deux autres caractéristiques à savoir : D'une part les

4 FAYOLLE Alain (2002), Accompagnement des créateurs d'entreprise et amélioration de l'écoute mutuelle entre les entrepreneurs et leurs partenaires: Une recherché sur les perceptions des uns et des autres, CERAG, p.5.

5 Voir « la bonne fortune de Li-Ka Shing », Le figaro économie n° 17258, Cahier n° 2, 5 et 6 février 2000.

attitudes analysées au sens de la prise de risque, la prise d'initiative, l'autonomie, etc. D'autre part on y associe les valeurs (ethniques, responsabilité...) de sorte à ce qu'il en découle une structure saine, basée sur la confiance des uns et des autres ainsi que la stabilité tant au niveau de la gestion que du rendement.

Tant bien que quelques exemples illustrent très clairement ces deux façons de penser, fort est à remarquer que la tendance actuelle est plutôt centrée sur la réalisation par l'apprentissage, la formation ainsi que l'expérience acquise.

2.2.2 L'approche dite des caractéristiques exogènes

Cette approche regroupe la classe d'auteurs qui supposent que la formation des entrepreneurs, leur préparation et leur appropriation d'outils de management conduit ceux-ci au développement de plan d'affaires, à l'évaluation d'opportunités et l'acquisition de ressource dans un contexte de création d'activités. Ainsi, s'inscrivent dans cette tendance les concepts d'innovation à travers les écrits de shumpeter et Drucker, d'opportunité (Miscs, Hayck, Kizner, Steverson, Bygrave, etc).

Ceci nous permettant de rejoindre la construction paradigmale de l'entrepreneuriat de T. Verstracté et A. Fayolle en 2005 dans le chef d'oeuvre intitulé « Paradigme et entrepreneuriat » (voir annexe 4).

Nous pouvons donc associer à cette approche et tenant compte de la même identification faite par Cunningham et Lisheron (1991), quatre courant de penser selon que l'on considère les concepts d'innovation, d'opportunité, de leadership et enfin d'intrapreneuriat.

2.2.2.1 L'entrepreneuriat innovateur et identificateur d'opportunités

« La caractéristique essentielle du comportement entrepreneurial est l'innovation. Les entrepreneurs doivent donc témoigner d'une réelle créativité et d'une capacité à innover »6 ; c'est la pensée de l'école classique ou « the classical school of entrepreneurship », elle s'intéresse à l'innovation et à l'identification des opportunités. Cette pensée qui repose essentiellement sur les écrits de Schumpeter (1935) selon qui la fonction essentielle de l'entrepreneur est l'innovation et l'introduction dans un environnement donné, de nouvelles combinaisons de facteurs.

6 FAYOLLE Alain (2002), Accompagnement des créateurs d'entreprise et amélioration de l'écoute mutuelle

entre les entrepreneurs et leurs partenaires: Une recherché sur les perceptions des uns et des autres, CERAG, p.6.

L'entrepreneur est alors celui là qui apporte de nouvelles idées et qui est capable de leurs mises en oeuvre en rapport à une opportunité identifiée. En effet cette école en s'intéressant à l'innovation et à l'identification des opportunités, permet de voir en l'entrepreneur une personne qui apporte de nouvelles idées, et qui est capable de leur mise en oeuvre ; non parce qu'elle possède en elle cette qualité innée, Mais tout simplement parce qu'elle a cette facilité à saisir et à identifier des opportunités auxquelles peuvent s'appliquer sa nouvelle idée. Ceci rejoignant ainsi la pensée de Dina Lavoie lorsqu'elle voit en l'innovation le processus par lequel de vieux problèmes sont solutionnés ou de nouvelles opportunités explorées.

2.2.2.2 L'entrepreneur et la concrétisation des opportunités d'affaires

La quatrième école recensé par Cunningham et Lisheron est « the Management School of Entrepreneurship » dont la pensée est essentiellement centrée sur la poursuite et la concrétisation des opportunités d'affaires ; cette école regroupe d'éminents auteurs tels Stevenson, Jarillo, Gumpert, Bygrave, Hoffer, etc. Elle joint dans la construction paradigmale de l'entrepreneuriat fait par Verstraété et Fayolle (2005) le paradigme de l'opportunité d'affaire.

L'opportunité est perçue comme le point de départ, l'élément objectif à partir duquel le processus entrepreneurial est déclenché, sa détection provient d'une recherche explicite d'informations servant à la mise au point plus ou moins avancée d'une idée qui elle peut éventuellement être une opportunité d'affaire (Verstraété et Fayolle, 2005). Ainsi l'entrepreneur doit mettre cette imagination, provenant de lui-même et de son entourage, au service de ses affaires, de cette façon, les entrepreneurs sont perçus comme « des organisateurs de processus de création de richesses économiques. Ils poursuivent des opportunités et s'efforcent de les concrétiser en utilisant des techniques appropriées de gestion et de management »7

2.2.2.3 Le leader

Le leadership est le point d'ancrage de la pensée de la cinquième école dénommée « the leadership school of Entrepreneurship », cette école voit avant tout en l'entrepreneur un leader, qui sait animer des équipes, s'adapter à leurs besoins, et les conduire vers l'atteinte d'objectifs distincts. Ainsi, il conduit les hommes vers l'atteinte des buts et objectifs assignés et constitue par conséquent la force motrice à l'origine des faits économiques. A cet effet, il

7 FAYOLLE Alain (2002), Accompagnement des créateurs d'entreprise et amélioration de l'écoute mutuelle entre les entrepreneurs et leurs partenaires: Une recherché sur les perceptions des uns et des autres, CERAG, p.6.

est plus qu'un manager mais plutôt un coordonnateur d'activité dont l'une des activités principale est d'aider ses collaborateurs dans leur développement personnel.

2.2.2.4 L'intrapreneuriat

La réalité entrepreneuriale actuelle dans un contexte où la vitesse de l'activité devient presque incontrôlable, l'arrivée d'idées nouvelles ainsi que le train des nouvelles découvertes échappe quelque peu à la maîtrise des uns et des autres ; ceci tendant à montrer que les entreprises souffrent d'un manque d'innovation et d'une insuffisante capacité de réaction dans cet univers contextuel où tout s'accélère. L'école de pensée sur l'intrapreneuriat (the intrapreneurship school of Entrepreneurship), s'atèle donc à cet effet à présenter l'intrapreneuriat comme la réponse à toutes ces difficultés.

Ceci étant, l'activité entrepreneuriale ne devrait plus se limiter au cadre de la création d'une activité ou d'une entreprise, mais plutôt aller au-delà de cette considération ; et intégrer la structure interne même de l'entreprise. Ainsi l'innovation, l'apport de nouvelles idées, l'orientation vers de nouvelles opportunités ne devrait plus seulement conduire à la mise sur pied d'une nouvelle structure, mais aussi conduire à une diversification des activités de l'entreprise dans l'optique d'intégrer d'autres domaines. D'où la sixième affirmation de Fayolle (2002) : « les compétences entrepreneuriales peuvent être utilisées, avec profit, dans des organisations existantes. L'intrapreneurship étant défini comme le développement d'unités indépendantes pour créer de nouveaux marchés et de nouveaux produits ».

En somme, nous venons de voir que l'entrepreneuriat, eu égard de la diversité d'opinions ainsi que la multitude d'acceptations que l'on lui attribue, est de façon unanime un vecteur de développement ou alors un phénomène utile pour mieux comprendre celui-ci. En effet, il en résulte de toute cette analyse théorique, la mise en évidence de l'entrepreneur comme l'entité suprême à l'activité entrepreneuriale ; de manière à ce que l'on puisse en définitive percevoir l'entrepreneuriat comme étant « le champ qui étudie la pratique des entrepreneurs : Leurs activités, leurs caractéristiques, les effets économiques et sociaux de leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont apportés pour faciliter l'expression d'activités entrepreneuriales »8.

Cependant, il est à noter que le débat sur la notion de l'entrepreneuriat est bien loin d'être
clos ; le champ de l'entrepreneuriat étant en effet sujet d'une part, à un éclatement sans cesse
croissant en ce sens qu'il est en train d'être intégré dans presque toutes les sciences

humaines ; subissant ainsi une certaine influence contextuelle, tant au niveau de l'appartenance à tel ou tel autre courant de pensé ou domaine de science pour ce qui est des auteurs, que de celui même de sa mise en pratique faces aux différentes contraintes environnementale, socio économique et politique liées aux milieu dans lequel on se trouve. C'est dans cette dernière perspective que notre travail tentera tend bien que mal, faire une projection de l'activité entrepreneurial dans le vécu socio économique, politique et environnemental camerounais.

Deuxième partie

LA REALITE ENTREPRENEURIALE

CAMEROUNAISE

«La panacée nouvelle du développement africain est arrivée, il s'agit de l'entreprise perçue comme le nouveau vecteur de croissance, le générateur d'emploi, le moteur du progrès socio économique et considérée, de moins en moins, comme le lieu d'exploitation du proléctariat » (Albagli et Hénault ; 1996). Il aura donc fallu attendre comme dans la plupart des pays africain le début des années 1980 pour qu'enfin un réel intérêt soit porté au secteur privé. En effet, suite à la déclaration de Monrovia en 1980 ayant débouché à la mise sur pied en 1980 du plan d'action de Lagos (pal) 9, ainsi que le rapport de la banque Mondiale en 198110, mettant l'accent sur les ressources humaines et les secteurs productifs dans une perspective régionale; la notion d'entreprise privé sera peu à peu mise au centre des politiques économiques des décideurs publics.

Le processus bien que très lent va en outre se heurter à un certain nombre de difficultés et une réalité toute particulière au sens de la pratique même de l'entrepreneuriat ; ceci soulevant un certain nombre de question notamment en ce qui concerne la nature, ainsi que les spécificités de cette notion dans un contexte purement Camerounais, en relief avec le vécu socio culturel, économique et politique.

1 0Le rapport Berg de la B.M en 1981 qui insiste sur l'industrie devenue le coeur des politiques de développement mais faisant très brièvement allusion à l'esprit d'entreprise. Il sera donc suivi huit ans plus

tard par une autre étude régionale de la BM en 1989 visant à promouvoir l'entrepreneuriat comme outils important à la croissance de l'Afrique au Sud du Sahara.

3 Généralités sur l'entrepreneuriat camerounais

Le rôle des entreprises et surtout des entreprises privés dans le développement et la croissance économique est reconnu depuis longtemps, cependant le Cameroun va connaître entre les années 1984 et 1996 d'importantes transformations politiques et économiques allant du changement du régime politique à la crise économique ainsi que le long processus de privation de ses entreprises publiques conduisant donc à la déstabilisation des bases du pouvoir et la rupture de la trajectoire de croissance bâtie contre 1975 et 1986. Ce pays d'Afrique centrale, d'une superficie de 475 000 Km2 pour une population de 16322000 habitants avec in PIB par habitant (valorisation dollars PPA) de 2 585, une espérance de vie de 45,8 et un taux d'analphabétisation de 23,1 en 200511; a été dans les années 1980 l'un des pays les plus prospères, présente aujourd'hui une économie plus que précaire et très fragile, phénomène dû d'une part aux chocs conjoncturels extérieurs des années 1986 et 1987 (fluctuation des cours du pétrole et produits de rente, baisse de la production pétrolière...) et d'autre part les chocs politiques liés à la succession au pouvoir du président sortant M. Ahidjo par l'actuel président M. Paul Biya.

A cet effet, de nombreux programmes de recherche ont été entrepris afin de déterminer les incitations à l'entrepreneuriat privé et les raisons qui poussent certains à tenir le pari entrepreneurial ; il en ressort donc principalement que l'entrepreneuriat du point de vu de sa pratique se présente de façon toute particulière par rapport aux autres contextes économiques et présente des spécificités propre liés tout d'abord à la typologie puis au processus lui-même (section B). Cependant avant toute chose, il serait judicieux de mettre en relief le cadre même dans lequel s'inscrit cette analyse par une présentation brève de l'état et du milieu entrepreneurial (section A).

3.1 L'état du milieu entrepreneurial camerounais

Comme il a déjà été mentionné un peu plus haut, le Cameroun présente de nos jours un milieu entrepreneurial quelque peu déplorable, les programmes d'ajustements structurels12 supposés déboucher sur une stabilisation et une restructuration de l'économie ne semble pas avoir abouti a une redynamisation des affaires des entreprises (Owona NGUINI, 1996) notamment privées, dont les initiatives se résument de plus en plus aux seuls secteurs de l'agriculture, de

1 1BAD/OCDE (2005), «Cameroun» dans Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, www.oecd.org/dev/publication

1 2Les politiques d'ajustement structurels seront mises en oeuvre dans la période juillet et novembre 1989 sur l'initiative conjointe du FMI / BM et le gouvernement Camerounais.

l'élevage, des services et quelque peu l'industrie avec cependant une très forte tendance aux (unité de production informelle (UPI) ou activités économiques non formelles.

3.1.1 Histoire et évolution : du temps de l'import substitution à la recomposition par les ajustements économiques et politiques

L'histoire et l'évolution véritable du tissus entrepreneurial camerounais se situe dans le cours de la période 1982-1996, période marquant en effet l'ébranlement de la formule patrimoniale de régulation politique s'appuyant sur un complexe économique (NGUINI, 1996), conduisant ainsi à la remise en cause du rôle moteur de l'intervention publique. Cette période sera fortement marquée par deux évènements ; l'un orienté vers une transition démocratique et l'autre économique, visant à une réorganisation compétitive de l'économie par le marché avec une forte prise en compte des initiatives privées tant dans le cadre national qu'étranger.

La période d'avant 1982 semble quelque peu négligée mais il faut cependant y situer la naissance ou alors la formation de ce tissu entrepreneurial marqué par des évènements majeur, axés dans l'optique de l'incitation à l'entrepreneuriat privé national par des actions telles que : La reforme bancaire de 1973, la mise en place de la CAPME en 1970, du FOGAPE en 1975 et bien d'autre encore malgré la forte dominance des initiative étrangères sur celles nationales.

3.1.1.1 La valorisation étatique de la substitution des importations face à une économie de rente

Caractérisée principalement par la position dominante de l'Etat et les grandes ou moyennes entreprises étrangères par rapport au secteur privé national, le développement de l'entrepreneuriat Camerounais s'inscrit dans le cadre d'une valorisation de l'entreprise et des affaires. Laquelle valorisation restera cependant entravée par des obstacles institutionnels, au développement des marchés ; incitant ainsi les différents opérateurs à s'engager dans une activité de recherche de rentes afin de produire des coûts de transaction sur les marchés.

La formation d'un tissu entrepreneurial restera donc très limité et inégal (1) et les initiatives nationales d'abord à très forte dominance étatique devront nécessairement passer par un pouvoir d'arbitrage politico-économique et des moyens de parrainage (2) divers pour voir l'émergence de quelques acteurs nationaux sur la scène entrepreneuriale.

3.1.1.1.1 La formation d'un tissu entrepreneurial limité et inégal Un environnement politico-économique pas favorable.

La reforme bancaire de 1973 intervient dans le cadre d'un encouragement des initiatives entrepreneuriales nationales. En effet, les opérateurs privés nationaux ne disposaient pas de moyens importants d'investissement pour s'engager dans des activités productives dotées d'un risque élevé et faiblement caractérisé par un retour rapide du capital et une rentabilité immédiate ; l'accès aux crédit à long et moyen terme étant quelque peu difficile voir impossible au détriment de ceux à court terme. Cela montre très clairement les très peu d'intérêt des politiques publiques quand à favoriser la prise élevée de risque dans les activités productives centrées autour de l'industrie manufacturière par des opérateurs privés nationaux qui se voient à cet effet délégués à des activités d'investissement en majorité dans le secteur tertiaire (commerce, transport, immobilier).

Les opérateurs nationaux continuaient donc à être dominés par les étrangers dans les filières industrielles et les services et ce n'est que plus tard avec la création de la SNI, véritable holding financier qui a joué un rôle cardinal dans la gestion des prises de participation et des prêts aux entreprises (Owona NGINI, 1996) ; ainsi que la reforme en 1984 du FOGAPE que la tendance semblera s'inverser et le capital étranger passera donc à 39 % soit une nette diminution de 28 % au bout de 11 années.

En dépit de tout ceci, on assistera non pas à une prédominance de l'entreprise privée, mais plutôt à la naissance d'un Etat entrepreneur très puissant, l'accès des entrepreneurs privés au ressources financières demeurant tout de même sans réelle amélioration d'où le recours à des circuits émergent de développement décentralisé et informel tel que les tontines.

L'émergence des circuits de développement décentralisé et l'expansion de l'industrie Etatique.

La phase d'expansion de l'industrie camerounaise que l'on situe généralement entre 1975 et 1986 avec l'arrivée ou alors l'éclosion d'une vaste campagne d'exploitation minière notamment les ressources pétrolières dont l'évolution des recettes allait favoriser la progression de l'industrie de 26,5 % entre 1979 et 1980 va donc voir la naissance de grands projets d'import substitution liés aux entreprises publiques et parapubliques industrielles bénéficiant principalement de l'appui de l'Etat et du système bancaire. Des projets ambitieux vont voir le jour, notamment la CELLUCAM, la SOCAME et bénéficier de très lourds investissements dans le but de permettre une capitalisation productive et constituer ainsi des pôles de croissances et induire des « linkage effects ».

Les entreprises publiques et parapubliques engagées dans l'import substitution occupent généralement une position de monopole ou de quasi monopole, faisant appel à des mesures de protection contre les importations avec divers droits d'importation régis par l'UDEAC, les licences d'importation et des mesures non tarifaires comme le contingentement ou des incitations liés au code de l'investissement. Le code des investissement de juillet 1984 s'efforce en fait de créer un contexte de plus en plus favorable à la mobilisation du capital pour le développement des petites et moyennes entreprises nationales, il organise ainsi un régime spécifiques pour les PME et PMI avec des avantages de longue durée ou de durée moyenne par des mesures telles que l'application d'un taux réduit à 5 % des droits de taxes et des équipements industriels locaux, l'exonération de la taxe sur la distribution du crédit, de l'impôt sur les sociétés et des droits d'enregistrement. Axés sur la promotion des PMI et PME ; tout ceci ne suffira cependant pas, car des efforts ne sont pas vraiment pris dans le sens de l'encouragement à la promotion de l'entrepreneuriat privé qui n'a toujours pas accès au grandes activités de production industrielles, secteur qui reste la priorité des entreprises de l'Etat du fait de la nécessité d'investissement lourds et très coûteux.

L'entrepreneur privé camerounais face à tout ceci quand à lui ne voit qu'une seule issu ; les circuits de développement décentralisé à l'instar des tontines et établissement de micro finance. les établissements de micro finance quant à eux ne parviennent pas tout de même à fournir des financements à des activités très important, ils sont dotées de conditions très rudes et illicites et ne disposent elles même parfois pas assez de ressources à cet effet.

De nombreux entrepreneurs utilisent des tontines comme service de financement. Parfois, le financement primaire provient d'une tontine mais en général de fond de roulement lui provient d'une tontine13. « Les entrepreneurs se lancent en affaire avec des économies personnelles. Très vite ils se rendent compte qu'il faut des ressources supplémentaires pour financer leurs besoins en fond de roulement. N'ayant pas accès au système bancaire, ils s'adressent à la tontine où ils sont presque sûrs de trouver du financement » (G.A. BRENNER, H. FOUDA, JM. Toulouse ; 1990).

En fin de compte, la réussite dans le milieu entrepreneurial devait passer par la constitution de relation politiques ainsi que la naissance d'un pouvoir politique d'arbitrage des alliances d'affaire afin de faire face à l'Etat devenu de plus en plus puissant et de pouvoir surmonter ces obstacles institutionnels ou développement des marchés, « c'est pourquoi les différents

opérateurs étaient engagés dans une activité de recherche de rente pour réduire les coûts de transactions sur les marchés » (OWONA NGUINI, 1996).

3.1.1.1.2 Le pouvoir d'arbitrage et des alliances d'affaire comme instrument pour la construction d'un environnement entrepreneurial sain et équitable

Face à un Etat devenu trop puissant, les dépenses publiques d'investissement devraient donc en effet jouer un rôle central dans l'optique de stimuler la demande et produire des effets d'externalités positives au bénéfice des entreprises nationales ou étrangères. Les PME /PMI occupent une place centrale dans la version du code des investissements révisée en 1984 permettant ainsi la formulation d'une optique élargissant leur champ, de manoeuvre au delà de l'espace occupé par des grandes entreprises étatiques nationales et étrangères ; le régime de PME sera ainsi privilégié et inscrit dans un cadre politico juridique dénommé « régime C ».

Le régime C

Axé principalement sur la promotion des PME et l'implication effective des entrepreneurs nationaux dans le monde des affaires camerounais, « le régime c » s'inscrit dans un cadre politique et juridique visant à intensifier le développement des affaires à travers les PME. Il suppose donc que l'agrément au régime des PME passe par la condition de détention par les investisseurs nationaux d'une part du capital social d'au moins égale à 65 %, les entrepreneurs nationaux vont donc bénéficier d'un accès privilégiés et protégé au monopole de capital jusqu'ici donné par les grandes entreprises étrangères. A cette condition de détention d'une part importante de capital social, sera ajoutée celle de la création d'emplois relativement modernes et un niveau d'investissement inférieur à 500 millions de franc CFA.

L'appel à l'opération des arbitrages au profit des PME dans l'optique de la favorisation de leurs gains d'activité productive est une initiative lancé par le Président Paul Biya par la convocation en septembre 1983 du CES ; en effet, les banques pratiquent une discrimination dans l'octroi de crédit, aux entreprises de production agricole, aux PME, préférant financer la commercialisation des produits d'exportation14. Les opérateurs économiques nationaux seront donc dès lors associés aux grands projets de société des pouvoirs politiques et on assistera peu à peu à la naissance de la toute première génération d'entrepreneurs nationaux tels que Joseph Kadji DEFOSSO, Hassa TANKO et Daniel NANGA AWAH qui seront insérés dans la classe d'actionnaire des grandes unités de production camerounaise comme la CAMSUCO, la SCS, la STPC aux côtés d'entreprises multinationales comme le groupe GMP, HOBUM AFRICA ou les Tanneries Paul Vaillant ( NGAYAP.P.F, 1983).

1 4CES, Rapport sur les problèmes de distribution du crédit, YAOUNDE, 1984, p.56

Le patronage et le parrainage politique.

Les années 1975-1986 en effet marquent une période assez faste dans l'histoire de l'entrepreneuriat au Cameroun mais cependant fort est à noter que les écueils sont nombreuses, les démarches et processus de création d'entreprises s'avèrent fort complexes ; les Etats africains en général sont très puissant et par conséquent cherchent de façon proactive, à favoriser l'éclosion de l'initiative individuelle et de l'esprit d'entreprise par des politiques incitatives protéiformes (Albagli et Hénault, 1996).

Le renforcement des moyens de patronage et de parrainage politique des affaires par la bureaucratie étatique camerounaise intervient dans le contexte de cette trajectoire de croissance des années 1975-1986 mais cependant il reste à noter que cette pratique n'est pas du tout nouvelle, ainsi la première tentative remonte aux années 60 où l'utilisation des pratiques de patronage par l'ex Président M. Ahidjo visait principalement une reconstruction des liens d'échange politique. « M. Ahidjo, son ministre Victor Kanga et l'administration ont facilités pour des raisons politiques, la progression économique des commerçants Bamiléké en fermant les yeux sur de nombreuses irrégularités commerciales, fiscales et douanières »15. Les politiques de patronage et le parrainage passe par l'utilisation des ressources d'accumulation apportée par la rente agricole et pétrolière afin de définir les conditions institutionnelles de fonctionnement des activités productives ou distributives des petites moyennes et grandes entreprises. Elles ne se limiteront pas seulement aux entreprises nationales mais feront plutôt l'objet d'une forte implication des grandes entreprises étrangères. Ainsi l'économie pétrolière et le secteur du bâtiment et travaux public furent organisés comme des oligopoles définis autour d'entreprises, multinationales telles que ELFAGUOTAINE, SHELL-PECTEN, MOBIL-OIL et CEP pour l'économie pétrolière ; tandis que le secteur des BTP sera l'affaire d'entreprises comme dragage (filiale du groupe Bouygues), les grands travaux de Marseille, Razel, SATOM et COGEFAR.

Le patronage et le parrainage politique dans le milieu entrepreneurial camerounais repose essentiellement sur un ensemble d'alliances politiques et d'un certain nombre de règles d'affinités liées tant à l'appartenance tribale qu'aux cercles politiques ; ces alliances politicoéconomiques bénéficient beaucoup plus d'une insistance ou alors une visibilité lorsqu'elle concerne les patrons camerounais présent dans les instances comme le CES, le comité central de L'UNC ou la chambre de commerce, l'Industrie et des Mines. La sphère économique camerounaise est alors transformée en une multitude de réseaux d'accumulation qui vont être déstabilisés suite à des luttes politiques et économiques liés à la crise de succession

1 5BAYART Jean François, L'ETAT AU CAMEROUN, Paris : FNSP, 1985, p.227-228

présidentielle de 1982-1984 entraînant ainsi l'échec des pratiques de parrainage politique et enfin de compte une redéfinition des rapports entre l'Etat et l'entrepreneur. L'économie camerounaise allait donc sombrer dans un chop avec l'arrivée de la crise économique suivie d'une période de très faible niveau d'activité économique débouchant sur la dynamique des ajustements structurels et son corollaire la privatisation, pris dans l'acception la plus large de terme, poussant la fonction publique à se tourner de façon quelque peu défensive et réactive, vers la création d'entreprises privées afin de chercher à régler les problèmes d'emplois posés par les « déflatés » et le nombre sans cesse croissant d'étudiants qui sortent des universités(ALBAGLI et HENAULT, 1996).

3.1.1.2 La dynamique de la recomposition par les ajustements structurels économiques et politiques dans un contexte de crise économique

L'économie camerounaise en général et le milieu des affaire en particulier dans le pays tout entier présente une totale défaillance, il en va du niveau de plus en plus élevé des déficit budgétaire de l'Etat, de l'accroissement plus que progressif de la dette intérieur et extérieur, le niveau de l'emploi et en fin de compte une économie de marché devenant non seulement inaccessible mais qui constitue un pôle d'investissement à très haut risque.

Le milieu entrepreneurial camerounais se trouve donc dans une impérieuse nécessité d'ajustement, une nécessaire révision et recomposition tant dans le domaine économique que politique s'inscrivant non seulement dans le cadre d'une reforme économique réelle ; mais aussi dans ce contexte politique de multipartisme en mouvance orienté vers la libéralisation du marché sensé aboutir ou relevant de l'économie ainsi qu'à la construction d'un environnement entrepreneurial sain.

La période 1985-1987 constitue pour la nation camerounaise tout entière un cauchemar, une étape de leur vie qu'elle aurait bien voulu ne pas avoir vécu, mais seulement qui reste et demeure comme la preuve irréfutable du point de chute des politiques mises en oeuvre jusque la par les pouvoirs publics, la faiblesse même de ce système axé sur la prépondérance du pouvoir de l'Etat ainsi que le poids très important des hauts fonctionnaires et hommes politique sur l'activité économique. Situations les plus désastreuses même lorsque associée en outre à des mouvements d'ajustement supposé déboucher sur une stabilité et une restructuration de cette économie à une redynamisation des affaires et des entreprises camerounaises.

3.1.1.2.1 L'échec de la politique d'import substitution et l'entrée en crise

La politique économique camerounaise axée sur la valorisation de la substitution des importation dans un contexte d'économie de rente visant principalement à la reformulation de la question entrepreneuriale camerounaise avec en son centre l'entrepreneur privée national s'est avérée en effet et sur toute la ligne un échec malgré l'émergence et la démarcation de quelque uns de ses fils sur la scène entrepreneurial à l'instar de M. Joseph Kadji DEFOSSO, James Onobiono, André Sohaing et bien d'autre encore ; Seulement il faut ici déplorer la montée en puissance de cet Etat et de ce secteur public dont la dette va s'accroître et attendre des proportions alarmantes en 1992 notamment d'une valeur de 968 milliards de francs CFA, soit 32,50 % pour la dette intérieure avec un encours de la dette extérieure s'élevant à 1554 milliards de francs CFA essentiellement contractées auprès des membres de club de paris (à 80 %)16 .

La baisse des cours mondiaux du pétrole, du café, du cacao, du coton ainsi que les mouvements erratique de dollars allaient en effet entraîner de grands chocs financer et commerciaux, conduisant ainsi à la déstabilisation des finances publiques. On assistera donc à un progressif retrait de dépôt bancaire par l'Etat ainsi que le recours aux ressources financières de certaines entreprises publiques et parapubliques comme la SNH, l'ONCPB, la CNPS et le CFC pour le financement du déficit public. La situation économique de l'Etat va donc très progressivement s'aggraver et s'acheminer vers une totale déstabilisation qui entraînera dans sa course le système tout entier. Les opérateurs économiques vont se désengager des banques nationales aux profils de bailleurs de fonds extérieurs pour le règlement de leurs tensions de trésoreries.

Entre Avril 1986 et Juin 1987, l'Etat camerounais affiche une perte de recette d'un montant de 300 milliards de francs CFA suite à la chute des cours du pétrole, des matières premières agricole et des fluctuations du dollars ; il faut donc dès à présent faire face avec la chute de près de 65 % des termes de l'échange ou creusement des déficit fiscal et externe, c'est dans ce cadre que l'on observe entre 1986 et 1987 une accumulation d'arriérés de paiement de près de 250 milliards de franc CFA, d'où le recours entre 1988 et 1989 à une démarche de crédit interne de 169 milliards de francs CFA

Il est cependant important de mentionner ici que « la dégradation des finances publiques en 1985-1986 avait donné lieu en cette même année budgétaire à une spirale d'endettement lié à la stratégie de compensation de la baisse.

1 6Situation économique et financière des Etats d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes en 1991, Paris, Ministère de la coopération.

3.1.1.2.2 La redynamisation du tissu entrepreneurial par les ajustement réel et monétaire

Les mouvements d'ajustement de l'économie camerounaise arrive dans un contexte de véritable instabilité de l'ensemble de l'économie, et doivent en effet faire face d'une part à l'accroissement du déficit des dépenses publiques de l'Etat et d'autre part à un système financier et bancaire presque en déclin et tout ceci dans un contexte de mutation politique avec l'arrivée du multipartisme qui va entraîner quelques petites divisions ; notamment dans les considérations tribales ainsi que la naissance d'une classe de fonctionnaires et d'hommes politiques véreux.

Les mouvements d'ajustement au Cameroun s'inscrivent dans le cadre d'une politique conjointe FMI- Banque Mondiale entre septembre 1988 et octobre 1989, ils sont essentiellement orientés vers des mesures d'ajustement réel de l'économie dans l'optique d'une stabilisation et une restructuration de l'économie en vu de faire face d'une part creusement de l'écart entre les dépenses et les recettes publiques et d'autre à une structure de l'économie peu enclin à l'éclosion de l'initiative privé nationale. Le train des reformes mis en oeuvre dans le cadre de ces PAS constitue un dispositif avec un taux de change fixe, et vise principalement à résorber la crise des finances publiques en procédant à la rationalisation des choix budgétaires. L'économie camerounaise sera donc organisée de trois secteur, primaire, le secondaire et le tertiaire ; pendant bien longtemps réservé à l'Etat pendant que la plus part des initiatives privées se résume au secteur primaire notamment dans les activités de recherche de rente telles que le secteur de l'agriculture, l'agroalimentaire ainsi que les petite activités formelles conduisant soit à la satisfaction des besoins personnels ou de ceux de la famille ou de la communauté, soit à la recherche d'un emploi.

En dépit de toutes les mesures mise en oeuvre dans le cadre de ces PAS ainsi que la toute première réduction de salaire des fonctionnaires en 1991, la relance économique reste obstruée par la récurrence des dynamiques d'alourdissement des contraintes d'endettement et de paiement. En effet l'encours de la dette essentiellement contractée au club de paris s'élevait au 31 janvier 1992 à près de 1554 milliards de francs CFA17 contre une dette intérieur estimée à 968 milliard (32,50 % du PIB) avec un encours de 370 milliards et des arriéré de 596 milliards.

L'échec de cette politique de restructuration réelle vient d'une part du programme de
restructuration des entreprises publiques lancé en Juin 1986 par la création d'une mission de
réhabilitation des entreprises publiques et parapubliques, qui n'aura abouti qu'à la liquidation

1 7Situation économique et financière des Etats d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes en 1991, Paris, Ministère de la coopération.

de 4 seulement des 15 entreprises étatique recensée en 1990(Voir annexe), d'autre part la restructuration du système bancaire s'est soldée par un échec, ou observe près de 403 milliard de franc CFA de créance douteuse soit environ 41 % de l'encours total de crédit à l'économie.

Eu égard donc à tout cela, la stimulation des activités entrepreneuriale ne pouvait s'opérer dans un tel contexte de réelle détérioration de l'économie. Ainsi au cours de l'année budgétaire 1992-1993 on observe une baisse de 10,5 % du chiffre d'affaire des entreprises affiliée au SYNDUSTRICAM avec une baisse de 47 à 17 % du niveau global des investissements industriels dans la période allant de 1984 à 1992 (OWONA NGUINI, 1996).

Le milieu des affaires camerounais deviendra donc un milieu jugé hostile et peu attrayant pour de nouveaux investisseurs nationaux et étranger ; les mouvements d'ajustement monétaire allaient donc gagner de manière progressive en consistance au détriment de l'ajustement réel qui s'avère une échec car n'ayant pas pu produire l'effet escompté de la restructuration d'un climat favorable au développement de l'activité entrepreneuriale.

L'essentiel de l'ajustement monétaire intervient dans le cadre de la double dévaluation du franc CFA en 1991 et 1994.

La toute première dévaluation de Janvier 1991 est inscrite dans l'optique de lever la problématique de la compétitivité des entreprises manufacturières camerounaise liée à la surévaluation du franc CFA. Le secteur manufacturier restait donc confronté à un important problème de trésorerie associé à la baisse du pouvoir d'achat de nombreux ménages, il se retrouve en outre sous l'effet du choc causé par la reforme fiscalo-douanière de l'UDEAC ayant abouti sur la levée des barrière tarifaire afin de démanteler toute protection en faveur des unités locales de production industrielle. L'exemple de la CAMSUCO face à la concurrence provenant de l'Union Européenne montre assez clairement ce problème.

Selon OWONA NGUINI en 1996, la seconde dévaluation de Janvier 1994 devait améliorer l'utilisation des capacités installées des industries de transformation des produits camerounais à des fins d'exportation. Malheureusement la réalité en sera tout autre, les effets resteront contrastés ; seules quelques industries peu dépendantes des intrants importés ont pu rétablir leur compétitivité à l'instar d'ALLUCAM ou de la SFID (finale du groupe français Rougier) pendant que l'essentiel des entreprises fortement dépendant de la demande interne vont pâtir du tassement de la consommation. L'accroissement de la dette intérieure viendra couronner tout ceci et bloquer en définitive le recours aux financements bancaires de fait de la situation non crédible des entreprises nationales publiques et privées.

Ce deuxième programme d'ajustement va s'avérer une fois de plus un échec et sans un réel apport à l'amélioration de la condition de l'entrepreneur camerounais alors que l'on s'achemine vers une période de plus en plus critique marquée de part et d'autre par la naissance de plusieurs propres politiques et de diverses tensions liées à l'implantation du multipartisme politique aboutissant à une autre vision du parrainage politique de l'activité entrepreneuriale pour une lente reconstruction.

La relance économique en dépit de ces programmes d'ajustement restera néanmoins une équation bien difficile à résoudre les relations entre les entrepreneurs nationaux et étranger se dégagent de plus en plus, le pouvoir de l'Etat tend à rester le même et à peser du même poids sur l'activité entrepreneuriale constituant ainsi un réel frein à l'éclosion des initiatives privées surtout nationales. En effet, le milieu entrepreneurial demeure dans un contexte d'incertitude persistante eu égard à la timide croissance qui s'annonce bien que marquée par les appétences rentières des hommes politiques et hommes d'affaires dans différents scandales politico financiers et commerciaux.

De multiples réserves sont portées sur les politiques gouvernementales camerounaises notamment en ce qui concerne le paiement de la dette intérieure ainsi que le relèvement des salaires de la fonction publique afin de faire face à la forte baisse de la demande intérieure due à la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs. C'est dans ce cadre que vont intervenir en 1994. Puis en 1996 deux nouveaux programmes d'ajustements structurels en accord avec le FMI, accords visant principalement la restructuration effective de l'économie camerounaise. Ces accords seront suivis en octobre 2000 par la déclaration du Cameroun comme étant éligible à l'initiative PPTE dans l'optique de dégager un train de croissance soutenu ainsi que la formation d'un secteur privé plus participatifs dans le processus de la relance économique.

3.1.2 La relance économique à l'heure de l'accession à l'initiative PPTE

Après plus d'une décennie d'ajustement structurel, le Cameroun présente une situation économique à peu près acceptable, bien que les cinq premières années de l'actuel millénaire laissent parvenir un aspect plutôt chaotique marquée par l'éligibilité du Cameroun en octobre 2000 à l'initiative PPTE dont le point d'achèvement est fixé à mars 200318 Le programme triennal 2000-2003 s'avérera donc un échec en dépit de la dynamique du secteur privé et

1 8BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, www.oecd.org/dev/publication , p.200.

d'une croissance généralisée mais plutôt ou sens d'une croissance tirée par quelques secteurs exportateurs et par le rôle moteur de la demande publique.

L'année 2004 qui suivra sera ponctuée dans un contexte préélectoral par de multiples dérapages sur le plan budgétaire, avec un déficit budgétaire atteignant la proportion de 0,6 % du PIB contre des prévisions d'un solde positif de 2,2 % prévu dans l'accord conclu avec le FMI dans le cadre du programme de surveillance des actions publiques camerounaises ainsi que le programme de type « facilité de réduction de la pauvreté et de croissance » (FRPC) dans l'optique du rapport du point d'achèvement de l'initiative PPTE au premier semestre de l'année 2006.

La croissance de l'économie passe donc désormais par un assainissement des activités du gouvernement camerounais, il va donc s'en suivre une mise en place d'un ensemble de politique publique conduisant à un retour à la croissance (P) par l'impulsion de la demande intérieur ainsi que de l'activité extérieur. Le second point de cette partie lui sera réservé à une analyse structurelle de l'économie au cours des 6 années précédant l'accession à l'initiative PPTE, année durant lesquelles l'objectif sera l'atteinte du point d'achèvement.

3.1.2.1 Le gouvernement camerounais en faveur de la relance économique : le retour à la croissance

Malgré l'échec des programme d'ajustement, le Cameroun ressort tout de même de cette derrière période avec une structure économique bien établie et stable, taux de croissance du PIB par habitant tel que décrite dans « perspectives économiques en Afrique 2005-2006 » est en nette amélioration et reste croissant depuis l'année 1997 avec notamment une performance de croissance à 3,5 % du PIB en 2004.

La nouvelle échéance pour le point d'achèvement de l'initiative PPTE ainsi que le programme FRPC implique la mise en place d'un gouvernement de compétence avec une feuille de route claire axée sur la conclusion du cycle des PPTE. Il va donc s'en suivre une révision et une rigueur tant dans la gestion publique que dans l'élaboration des politiques notamment budgétaire et monétaire ; ainsi une première estimation sera faite sur 4,3 % pour la croissance en 200619.

19BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, www.oecd.org/dev/publication , p.195.

3.1.2.1.1 La politique budgétaire

Axée principalement sur la demande interne et l'exportation (de produits primaires) la croissance de l'économie camerounaise repose essentiellement sur l'Etat en sa qualité de moteur de cette demande interne, l'Etat est donc au centre de l'activité au Cameroun et le phénomène nous permet de dégager un aspect prépondérant de la spécificité entrepreneuriale camerounaise. En effet loin de fonctionner sous un régime capitaliste et bien que ne s'en écartant pas trop, la tendance en priorité ici est faite à une politique sociale basée sur l'implication de la communauté entière ; ceci s'explique par l'adoption par la constitution de Janvier 1996 du projet de la loi sur la décentralisation de l'administration.

En effet, suite à l'échec du programme triennal 2000-2003, la situation déficitaire du budget en 2004, l'évolution des finances publiques du Cameroun tend plutôt vers le chaos alors que le pays tout entier et en particulier le gouvernement vit sous la pression de l'atteinte du point d'achèvement dans l'espoir d'une nette amélioration des conditions de vie de la population toute entière grâce aux retombée de cette initiative. L'essentiel de la politique budgétaire de l'Etat reste donc canalisée à cette fin.

L'année 2005 apparaît comme un exercice de remise en ordre des finances publiques, les dépenses courantes sont contenues dans les limites prévues par le programme de surveillance en raison notamment d'un effort dans la maîtrise de la masse salariale afin de redonner aux autorités des marges pour une augmentation des dépenses de capital d'environ 65 % en valeur soit 260 milliards de francs CFA (3 % du PIB) contre 260 milliards en 2004 en dépit d'une prévision fixée a 285 milliards.20

On observe une nette augmentation du revenu de l'Etat due d'une part aux recettes pétrolières et d'autre part au revenu non pétrolier. Les performances en matière d'impôt et de fiscalité sont louables, la dette domestique en nette diminution cet estimée à 1500 milliards de francs CFA selon « perspective économique en Afrique 2005-2006 ». Cependant il n'en demeure pas moins de l'évolution des finances publiques qui demeurent menacée par la prépondérance d'un secteur informel rendant étroite l'assiette fiscale, les dépenses courantes constituent une part très importance des dépenses publiques dans lesquelles les dépenses de capital représentent seulement 20 %. Cette dernière catégorie de dépense qui subit d'ailleurs des absorptions multiples.

Il faut cependant en dépit de tout ceci souligner les quelques effort mis en oeuvre notamment
pour ce qui concerne la gestion transparente des finances publiques avec la nette amélioration
dans les habitudes de gouvernement : « le projet de budget 2006 a été déposé au parlement

2 0MINEFI, Direction du budget.

avant l'ouverture de la session budgétaire permettant un véritable examen du budget par la représentation nationale, une innovation au Cameroun. Le projet de loi de règlement de l'exercice 2004 a également été présenté au parlement dès fin 2005. »21 Un système intégré de gestion budgétaire est également mis en place depuis janvier 2005 et ajouté à cela la mise en oeuvre de cadres de dépenses à moyen terme (CDMT) notamment dans les secteurs des BTP, sauté, éducation et questions rurales dans le but d'améliorer l'exécution des dépenses de capital.

3.1.2.1.2 La politique Monétaire

Désormais arrimé à l'euro, la politique monétaire dépend largement de celle de la zone euro. L'année 2005 en particulier sera marqué par deux actions majeures notamment la baisse des taux directeur de 25 points de base au cours du mois de septembre puis vers la fin de cette même année 2005 la fixation par la BEAC 5,5 % des taux d'intérêt des appels d'offre et à la valeur de 7,25 % le taux d'intérêt des prises en pension.

L'indice des prix à la consommation finale des ménages devrait se situer aux environs de 1,8 % en dépit d'une hausse relative des prix des bien dits « contrôlés » notamment le pétrole brut dans la mesure où celui-ci n'est pas raffiné par le Cameroun lui-même ; l'augmentation des prix mondiaux du pétrole raffiné se répercute donc directement sur le prix du litre à la pompe ainsi que sur le prix du gaz domestique. Ce phénomène constitue ainsi à l'augmentation du prix du transport causant en définitive un comme préjudice à l'activité dans le secteur des transports en général.

3.1.2.2 L'entrepreneuriat à la lumière de la structure de l'économie camerounaise

Si la situation macro-économique s'est notamment améliorée entre 2000 et 2006, la gestion structurelle elle est restée très modérée que ce soit en matière d'amélioration du système financier ou qu'il s'agisse des progrès en matière de privatisation, de la réduction des coûts de production ou de l'amélioration de l'environnement des affaires.

Le système financier contrairement à la période 1982-1996 apparaît de plus en plus solide et en très réelle amélioration, cependant il reste très peu développé. Le ratio de couverture de crédits par les dépôts est de l'arche de 139 % en Juin 2005 contre une moyenne de liquidité de plus de 200 % pour les dix établissement bancaire principaux qu'il se partage la scène

2 1BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, www.oecd.org/dev/publication , p. 201

bancaire camerounaise notamment la BICEC, la SCB-Crédit Lyonnais, la CBC, Afriland First Bank et la standard startered Bank pour ne citer que ceux-là.

La situation de financement en faveur des crédits à l'investissement n'en demeure cependant pas très améliorée, en particulier pour ce qui est des financements accordés ou secteur privé local (surtout la PME) pendant que le niveau des créances non performantes (brutes) dans le portefeuille de ces banques demeure très important.

Au cours de l'année 2005, les crédits à l'économie représentaient 81 % du total des encours soit 10 % du PIB et ne faisant que l'objet de quelques grosses signatures. Les crédits à long terme ne représentent que 0,35 % pendant que le taux de bancarisation des ménages ne dépasse pas les 10%22. La bourse de Douala présente plutôt une dynamique très morose et les établissements de micro finance en pleine phase d'assainissement ; La BAD et l'OCDE sur la base d'un recensement de 556 établissements au 20 septembre 2005 font état de 260 établissements de micro finance ayant reçu un agrément.

Suite à cela, les circuits de financement informels tels les tontines tendent à gagner une place centrale.

Le dossier de privatisation des entreprises publiques amorcé en juin 1986 quand à lui n'a toujours pas connu une avancée significative, en 2005 les principales sociétés visées sont la SNEC, la CAMTEL, la CAMAIR et le complexe agro-industriel CDC. Pendant que la CAMTEL fait l'objet d'un appel d'offre pour la seconde moitié de l'année 2006, la SNEC elle sera scindée d'une part en une société de patrimoine qui restera entièrement le giron de l'Etat et d'autre part en une société de gestion dont la majorité sera remise entre les mains d'investisseurs privées.

« Quand à la CAMAIR, qui se trouve dans une situation financière critique, elle pourrait faire l'objet d'une scission liquidation. Seules ses activités rentables et ses actifs seraient cédés tandis que ses autres activités seraient liquidées »23, telles, sont les ambitions du gouvernement camerounais pour le cours de Janvier Février 2006 en ce qui concerne la seule et unique entreprise de transport aérien du pays.

2 2BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, www.oecd.org/dev/publication , p.206.

2 3BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, www.oecd.org/dev/publication , p.205.

Ceci étant nous allons pouvoir présenter une brève analyse des trois principaux secteurs constituant l'ensemble de l'activité économique camerounaise à savoir le primaire (1), le secondaire (2) et le tertiaire (3)

3.1.2.2.1 Le secteur primaire à dominance rentière

Le secteur primaire camerounais affiche en ce jour une croissance de + 3,9 % par rapport à l'année 2004 (+ 4,2 %), il représente environ 21 % du PIB. La culture de rente est au centre de cette croissance tandis que les cultures vivrières elles sans pour autant demeurer en reste, sont également très développées et bénéficiant même d'un marché sous-régional dynamique, notamment en destination du Nigeria, du Gabon, et de la Guinée Equatoriale.

La forte dynamique de ce secteur vient de la très bonne orientation des prix internationaux issus des cultures de rente en particulier le café, le cacao, la banane, le caoutchouc et le bois ; dont la production et la commercialisation du caoutchouc synthétique reste la propriété exclusive des géants complexe industriels HEVECAM pendant que le secteur de la banane est principalement assuré par la Compagnie Fruitière de Marseille et le groupe « Cameroon Développement Corporation » (CDC) qui y mènent une politique de très fort investissement ; la production de la banane est demeurée très stable ces derniers temps en raison de la stagnation de la demande mondiale et les données du MINEFI en font état d'une production au cours de l'année 2005 de 278 000 tonnes.

L'élevage occupe aussi une place centrale et fait vivre environ 62 500 ménages ; il bénéficie également d'un marché sous-régional dynamique bien que ses prix sont restés très élevés par rapport au pouvoir d'achat des consommateurs locaux. En définitive, ce secteur a permis l'émergence d'une multitude de PME et PMI notamment dans la production des intrant bien que demeurant au même titre que la sylviculture un secteur très privé par l'activité informelle.

Le domaine du bois lui contribuait environ 15 % dans les importantes camerounaise entre 2000 et 2004 du fait de l'exploitation non contrôlée, ce secteur connaît aujourd'hui une nette décélération en raison des mesures d'assainissement mises en oeuvre depuis un certain temps par des autorités notamment pour ce qui est de la répression des fraudes fiscales et des abattages illégaux. Le MINEF fait état pour le second semestre de l'année 2005 d'une attribution 15 nouvelles unités forestières d'aménagement. L'exploitation et la commercialisation du bois nécessite en effet de très forts investissements, raison pour laquelle le secteur reste en général assuré par les entrepreneur étranger ou des filiales de multinationale, on peut entre autre citer les sociétés CORON et ROUGIER, aux côtés desquelles évoluent des entreprises nationales tels Patrice Bois et Ingénierie Forestière .S.A ;

pendant qu'une bonne partie fait l'objet d'une intense activité informelle. L'annexe 5 nous permet de voir en bref la situation de la ventilation sectorielle du PIB en 2004.

3.1.2.2.2 Le secteur secondaire à dominance Etatique

C'est le secteur le plus prisé de l'économie camerounaise notamment par les grandes entreprises industrielles étrangères et étatiques ; le secteur secondaire est à près de 50 % dominé par l'Etat, bien que le processus de privatisation de la majeure partie de ces entreprises est en cours afin d'apporter une certaine régulation dans le marché ainsi que sur le plan de la rentabilisation de ces entreprises.

L'exploitation pétrolière est la propriété de l'Etat qui détient tout ou partie (environ 41 %) dans les géants du pétrole au Cameroun notamment la SONARA, la SNH pendant que la commercialisation sur le plan national est partagée par des multinationales tels SHELL, MOBIL, ELF et bien d'autres encore.

Le secteur manufacturier quant à lui bien que reposant sur un secteur privé local dynamique présente de nombreuses difficultés dues principalement au problème du coût et de la qualité des facteurs de production ; tel est le cas par exemple pour la production de l'énergie électrique assurée par AES-SONEL sous régime de la concession des unités de production dont se plaignent les opérateurs économiques locaux en matière d'approvisionnement à la fois onéreux et insuffisant. En effet malgré une puissance totale de 932 MW, l'estimation du déficit énergétique était de l'ordre de 180 MW en 200424.

La société ALLUCAM qui affiche une production d'aluminium proche de 90 000 tonnes est une société d'Etat bénéficiant d'un certain monopole dans ce secteur ainsi que d'un certain nombre d'avantages ; notamment au niveau de la bonne orientation des prix internationaux, de l'augmentation de son approvisionnement en électricité ainsi que dans l'ensemble des mesures gouvernementales mises en oeuvre à cet effet.

Le secteur de l'agro alimentaire subi beaucoup plus les pressions venant de l'extérieur, ainsi les produit interne sont sujet a une très fort concurrence voir même une domination. La production des boissons assurée par des entreprises telles que la SABC, l'UCB, la SOFAVINC est en très nette diminution ; La production affiche une baisse de 14,5 % au premier semestre en 2005 (perspective économiques en Afrique 2005-2006). La morosité des ménages pèse très lourdement sur ce secteur, de même que sur celui de la production du ciment dont le monopole est réservé aux cimenterie du Cameroun (CIMENCAM).

2 4BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, www.oecd.org/dev/publication , p.205.

En définitive, les entrepreneurs et industriels locaux sont confrontés à ce jour à la concurrence asiatique devenant de plus en plus agressive, ils doivent faire face d'une part à l'incapacité des autorités à lutter efficacement contre la contrebande et d'autre à la concurrence déloyale d'un secteur informel en réelle effervescence.

3.1.2.2.3 Un secteur des services très enclavé

Il apparaît très dynamique et sa contribution au PIB avoisine actuellement les 45 %. Le secteur des télécommunications y occupe une place prépondérante notamment avec la présence de l'unité Etatique CAMTEL et des deux principaux opérateurs privés MTN et Orange Cameroun ; le nombre d'abonnement a en effet depuis les quatre dernières années connu une nette amélioration (+ 53,7 % pour le mobile) bien que la qualité et la quantité des infrastructures demeurant insuffisante.

Ce secteur souffre en effet du même problème que celui du tourisme. Le Cameroun souvent appelé Afrique en miniature offre un potentiel touristique très important mais présente une faiblesse au niveau des développements des infrastructures.

Le secteur du transport quand à lui n'est pas en reste malgré l'évolution positive du secteur portuaire, la question du transport reste très contestée avec notamment le déclin de la compagnie aérienne nationale la CAMAIR dont la liquidation est annoncé pour le second semestre de l'année 2006 à cause d'importants problèmes financiers.

Le réseau ferroviaire qui est exploité depuis 1999 sous le régime de la concession par Camrail (groupe Belloré) s'étend sur environ 1200 Km et est principalement dédié au Fret. Il est le monopole principal de la société CAMRAIL et l'un des rares secteurs à bénéficier d'une subvention annuelle de 4 milliards de francs CFA25. Il affiche une activité « voyageur » structurellement déficitaire au profit du trafic routier.

Le réseau routier quand à lui s'étend sur près de 50 000 Km dont seulement 45 % jusqu'à lors bitumées, ils connaît de nombreux problèmes notamment la mauvaise qualité des routes, le caractère informel des activités de transport urbain et interurbain, les problèmes liés à la congestion notamment dans les grands métropole tels Douala et Yaoundé rendant ainsi l'entretien difficile.

A la lumière de l'évolution du monde des affaires et de l'histoire économique au Cameroun, il
en ressort un amer constat sur la mauvaise qualité de l'environnement des affaires eu égard à

2 5BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, www.oecd.org/dev/publication , p.208.

la présence à ce jour d'un secteur privé formel pourtant dynamique. En effet la forte puissance de l'Etat et la présence de nombreux clivages socioculturels et politiques tendent en effet à assurer d'une part l'installation et le maintient d'une administration trop lourde à laquelle s'ajoute les insécurités juridiques et judiciaires auxquelles doivent faire face les entreprises en particulier privées.

D'autre part la corruption est entrée dans les moeurs des dirigeants camerounais quelque soient leurs rang fonctionnel ou hiérarchique, la gangrène de cette corruption va de plus basse classe à la très haute institution administrative offrant ainsi à ce pays ayant pourtant démarré sur de très bonne bases de se classer selon transparency International au 137e rang sur 159 pays classés.

Fort est aussi à remarquer ici le caractère peu incitatif à l'activité privée en matière de création, de fiscalité d'entreprise et de respect des contrats, sans pour autant oublier les problèmes liés au « harcèlement fiscal dus à la prolifération des contrôles fiscaux et douanières arbitraires et abusifs.

En définitive, il faut cependant louer les quelques initiatives gouvernementales récentes dans le sens d'enrayer le climat de défiance qui semble persister entre l'administration et le milieu entrepreneurial ainsi que dans l'optique d'accroître la cohérence de l'action publique, notamment la prise en compte de la problématique du milieu des affaires dans le « programme national de gouvernance révisé » en cours d'élaboration sous l'égide du PNUD ainsi que la consultation du secteur privé de l'élaboration de la loi de finance.

3.2 Spécificité de l'entrepreneuriat camerounais

La question entrepreneuriale est-elle une question universelle ? Existe-t-il un entrepreneuriat camerounais différent de ce que l'on observe de façon homologue en Europe, en Asie ou alors en Amérique ? La notion d'entrepreneuriat aussi litigieuse qu'elle soit du point de vue de sa définition semble autant que moins l'être du point de vue de sa pratique. En effet, la notion d'entrepreneuriat à la lumière de la multitude de parutions traitant de ce sujet tend à s'adapter à l'environnement socio politique et économique autour duquel elle évolue de façon même à pouvoir le transformer ou le modeler selon ses besoins : « L'entrepreneur de la net économie se trouve donc confronté à un problème bien plus complexe que l'entrepreneur traditionnel. Il ne lui suffit pas d'innover en trouvant des solutions moins coûteuses, ou plus performantes, ni

même de satisfaire des besoins nouveaux. L'entrepreneuriat est amené à construire un environnement de marché, à bâtir une institution »26.

L'entrepreneuriat dans les pays en développement en général obéit à un certain nombre de règles et à une histoire bien spécifique, ce qui contribue très grandement à le présenter de façon assez claire et distincte de la réalité vécu ailleurs, notamment dans les pays les plus avancés. En effet, « à regarder de près, il y a effectivement un environnement plus ou moins favorable à l'émergence d'une classe d'entrepreneurs, il constitue le terreau de fertilisation et d'appel. Les options idéologiques, les choix politiques, les contraintes économiques fixent le décor de théâtre susceptible de réduire un nombre plus ou moins conséquent d'acteur »27 ; le caractère spécifique de l'entrepreneuriat devient donc de plus en plus visible selon que l'on se réfère à une certaine typologie de la question de l'entrepreneuriat (Z) et bien plus encore selon que l'on s'intéresse de façon approfondie au processus de création en lui-même de l'entreprise (II), cette structure là même qui est l'objet de l'entrepreneuriat au Cameroun et partout ailleurs.

3.2.1 Spécificité de l'entrepreneuriat camerounais : Essai de typologie

« L'entreprise africaine doit être ramenée à une typologie spécifique. L'entrepreneuriat de ce continent structurant davantage le tissu économique à partir de petites entreprises »28

En prise de façon particulière, l'entrepreneuriat camerounais ne se démarque pas tout à fait de cette considération de Hernandez, mais plutôt s'inscrit en très droite avec une bonne partie de la pratique entrepreneuriale dans la plus part des pays du sud du sahara. Une étude plus approfondie de l'histoire de ces pays permet de comprendre très clairement la question ainsi que de pouvoir présenter l'entrepreneuriat de cette partie du continent en rapport avec les différents facteurs qui tendent à l'influencer. Ceci étant nous pouvons entre autre évoquer les marques de la colonisation, période au cours de laquelle le tissu économique de cette partie du continent s'est quelque peu formée, avec l'arrivée d'investisseurs étrangers ainsi que l'implantation des multinationales, en outre il faut relever la qualité, la manière et les politiques de gestion des autorités politiques ayant à la charge la question de ces pays. En définitive apparaît le contexte de crise qui s'est progressivement installé suite à l'échec de la transition d'une économie à dominance étatique et étrangère vers un système reposant sur la

2 6Benerent Christophe et Verstraété Thierry, ( ) Entrepreneuriat et NTIC : construction et régénération des Business model, Ed. ADREG

2 7Richard P. (1983). La passion de créer, Albin Michel

2 8Hernandez E.M (1996) « l'entreprise » in création d'entreprise en Afrique. De Hénault G et Albagli C. ed AUPELF-NREF P. 51

construction d'un marché stable, d'un environnement économique ou la rentabilisation de l'investissement prime sur l'appropriation du bien public à des fins individuelles.

Ainsi donc une analyse typologique de la question entrepreneuriale nous renvoie dans ce sens où l'entrepreneuriat tourne autour de l'individu est de sa structure à s'intéresser dans un premier temps à l'entrepreneur sans pour autant trop s'y attarder parce que la notion a fait l'objet d'une analyse plus profonde dans la première partie. L'entreprise est au Cameroun vue comme l'entité suprême de l'entrepreneuriat, cette entité qui baute en quelque sorte la plupart des citoyens publics en matière de gestion économique ; elle sera donc l'objet de notre second point d'analyse.

3.2.1.1 L'entrepreneur Camerounais : Typologie

L'entrepreneur dans la question de l'entrepreneuriat a fait jusqu'à lors l'objet décrits et de débats multiples notamment pour ce qui est de la question typologique ; tout de même une chose en demeure certaine, c'est la réponse à la question que se pose Albagli Claude : « Existe-t-il un entrepreneur africain différent de son homologue européen ou asiatique ? », question qui revient sans cesse lorsqu'il faut traiter du caractère spécifique de l'entrepreneuriat face à un contexte socio économique donné.

3.2.1.1.1 Rappels théoriques

La réponse à cette question, autant évidente que cela puisse paraître fait quand même l'objet de débat multiples. Filion. L.J (1988) pense que l'on ne peut traiter du domaine de l'entrepreneuriat sans parler de typologie d'entrepreneurs, bien qu'il en existe une telle diversité de cas. Ainsi, Collins, Moore et Unwalla (1964) et Collins et Moore (1970) ont établi une distinction entre l' « entrepreneur administratif » et l' »entrepreneur indépendant », Smith (1967) quand à lui pense plutôt à l' »entrepreneur artisan » et à « l' »entrepreneur opportuniste » ou l' »entrepreneur d'affaire ». La liste devient encore plus exhaustive lorsque l'on se penche sur les écrits de Vesper (1980) pour qu'il existe au moins 11 types d'entrepreneur : 1) les travailleurs autonomes travaillant seuls, 2) les bâtisseurs d'équipes, 3) les innovateurs indépendants, 4) les multiplicateurs de Modèles existants, 5) les exploitants d'économie d'échelle, 6) les rassembleurs de capitaux, 7) les acquéreurs, 8) les artistes qui achètent et vendent, 9) les constructeurs de conglomérats, 10) les spéculateurs, 11) les manipulateurs de valeurs apparentes.

A côté de toutes ces différentes façons de penser, la réalité entrepreneuriale en est tout autre en terme de typologie d l'entrepreneur, bien que au sens réel du terme il existe beaucoup de différences dans les appellations que l'on donne que dans ce qui est au fond de la typologie.

3.2.1.1.2 La classification traditionnelle

Au Cameroun, la fonction entrepreneuriale peut être remplie par divers agents économiques repartis entre la puissance publique, les agents étrangers et les acteurs nationaux, chacun agissant selon le cadre politico social et économique qui l'entoure et ce en fonction des exigences et besoins qui s'offre. En terme de typologie, l'entrepreneur camerounais obéit quelque peu ou alors épouse quelque peu ce qu'il a toujours été convenu d'appeler la « classification traditionnelle » ; ainsi on distinguera entre autre l'Etat entrepreneur, l'entrepreneur transnational, l'entrepreneur étranger, l'entrepreneur national, l'entrepreneur informel.

L'entrepreneur informel

Celui-ci pourrait très bien être considéré d'entrepreneur national, mais il faut cependant noter la présence de ses nombreux confrères étrangers, notamment des africains ; il évolue en quelque sorte sur ce que l'on appelle le « marché noire ». En effet ce dernier crée une micro entreprise, une toute petite unité de production ou encore une activité économique quelque peu lucrative sur la base d'un capital au préalable très réduit, il ne s'acquitte pas des obligations fiscales et ne respecte non plus les mesures conventionnelles fixées par l'administration en matière de rémunération des employés. Un employé du secteur privé informel reçoit 27 300 francs CFA de revenu mensuel, ce revenu devient d'ailleurs beaucoup plus insignifiant dans le cas particulier du secteur informel agricole soit une valeur de 11100 francs CFA par mois.29

Axées principalement sur une autocréation d'emploi, l'entrepreneur informel vise la satisfaction des besoins réels et offre un éventail de bien et services dont les acquéreurs sont le plus souvent issus des classes pauvres et moyennement pauvres.

L'entrepreneur national

« Aujourd'hui, l'Etat mesure qu'il n'a pas la compétence requise pour apprécier les miles
facettes d'un marché. De « simulateur » l'Etat doit converti son rôle en « stimulateur » pour
faire émerger une classe d'entrepreneur collant au marché, se rajustant à la concurrence,

2 9INS, Enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun en 2005, www.statistic-cameroon.org

s'immergeant dans les évolutions technologiques »30. L'entrepreneur national au Cameroun est la solution à la diminution du rôle de l'Etat demeuré jusqu'à présent trop présent dans la sphère entrepreneuriale ; son activité se résume beaucoup plus dans le commerce, les sociétés d'import-export ainsi que les PME et PMI

Celui-ci essaye autant que possible d'être en règle avec les normes administratives bien que restant en perpétuel tiraillement avec ce dernier car juge l'administration tatillonne ou arbitraire. Il ne bénéficie pas d'un réel apport de financement auprès des banque qui ne lui accordent pas une grande crédibilité, d'où le recours à des circuits de financement « informel » tels que les tontines.

L'entrepreneur étranger et l'entrepreneur transnational

Ces deux types d'entrepreneurs à priori apparaissent comme ceux là qui arrivent avec la colonisation, bien que le premier se soit depuis l'époque coloniale implanté en créant sur place soit une exploitation agricole, soit une exploitation industrielle alors que l'autre arrive quelque peu avec les indépendances, l'expansion du capitalisme et cherche une zone où les facteurs de production lui permettrait la réalisation d'un profil maximal.

L'entrepreneur transnational est à la fête de cette structure là même qui symbolise les offres du capitalisme, il est au centre de ce phénomène communément appelé la mondialisation et constitue par conséquent un réel danger pour l'Etat car peut posséder un chiffre d'affaire plus important que le PNB du pays tout entier, il est souvent traité de partenaire nationale vers son institution d'origine. A cet effet, il est plutôt l'opposé de l'autre qui lui de nos jours est très apprécié du fait de l'apport de capitaux de l'initiative nouvelle. L'entrepreneur étranger est l'exemple pour le camerounais aspirant à l'entrepreneuriat.

L'Etat entrepreneur

L'Etat camerounais s'est toujours réservé la place d'honneur dans le milieu entrepreneurial, il pensait être le seul à pouvoir mener à bien une économie en pleine effervescence à travers l'accumulation des ressources diverses issues et des exploitations agricoles, et des exploitations industrielles, il est au coeur de l'activité économique mais seulement ses techniques vont se révéler être pas très inadéquate.

« Mais l'entreprise publique se fit Etat dans l'Etat au mépris des règles élémentaires
d'obligations de résultats, son déficit est le plus souvent rééquilibré à l'aide du budget

national pendant que le profit réel même de ces entreprises fait l'objet de transfert à des compte privés pour l'enrichissement d'une certaine classe de la population. En outre l'entreprise publique est trempée dans un tel climat de corruption rendant la qualité du service publique déplorable.

Ces dernières années témoignent d'une volonté très louable de l'Etat au relâchement de l'entrepreneuriat au profit des initiatives privé à travers tout un long processus de privatisation engagé depuis 1989 au Cameroun comme dans beaucoup de pays Africains tel que décrit en annexe 6 par Aoulou. Y.

3.2.1.2 Typologie de l'entreprise camerounaise

La façon générale et compte tenu des effectifs, l'on a souvent tendance à distinguer quatre grands types d'entreprises :

- Les toutes petites entreprises (TPE) qui sont soit des entreprises individuelles sans salarié, soit des entreprises présentant un effectif allant jusqu'à 9 salariés.

- Les petites entreprises (PE) qui sont juste au dessus des TPE avec un effectif pouvant atteindre la cinquantaine de salariés.

- Les petites et moyennes entreprises ou industries (PME/PMI), elles peuvent compter jusqu'à 499 salariés mais cependant sont parfois regroupés en petites équipes de travail afin d'assurer une certaine rentabilité et bénéficier d'un suivi facile.

- Les grandes entreprises (GE) comptent au-delà de 500 salariés et peuvent même atteindre des proportions allant du simple au double de cet effectif là.

Il faut cependant noter que la classification des entreprises ne peut obéir qu'à ce seul critère de la taille de l'effectif ; d'autres facteurs peuvent intervenir tels que le chiffre d'affaire, le secteur d'activité, le statut juridique ou au mieux une classification obéissant à vue association de deux ou plusieurs de ces critères.

L'entreprise camerounaise offre à cet effet une toute autre facette et passe presque outre les stades des petites et toutes petites entreprises pour ne tenir compte que des PME/PMI, des grandes entreprises (GE) et enfin une troisième classe qui a toujours fait l'objet d'une très grande controverse quand à son adoption au rang des entreprises. L'Entreprise informelle bien que évoluant dans la stricte illégalité mérite en lieu et place d'être classée parmi les entreprises camerounaise car le secteur informel constitue au même titre que les autres un

secteur d'activité visant la promotion de l'activité économique et occupe même une place non négligeable pour ce qui est de la création.

3.2.1.2.1 Les grandes entreprises

De façon générale, une certaine ambiguïté règne sur la classification des entreprises au Cameroun et en Afrique en général, ceci permettant de dégager une autre spécificité de ces entreprises. En effet lorsque nous tenons compte de la taille ou alors de l'effectif de l'entreprise, ce qu'il est convenu d'appeler « grandes entreprises » est considéré ailleurs comme une PME, ainsi Michaël porter, spécialiste Américain de stratégie d'entreprise parle de l'existence de PME de 1000 personnes sont déjà considérées comme étant des grandes entreprises.

Les grandes entreprises au Cameroun revêtent une certaine particularité et révèlent en général de deux catégories essentielles : le secteur privé et le secteur public.

Le secteur privé

L'initiative en ce qui concerne les grandes entreprises au Cameroun est un domaine spécifiquement réservé aux entrepreneurs étranger ainsi qu'aux multinationale. La nécessité d'un investissement trop lourd et important en est la véritable cause ; elle constitue en effet une réelle barrière pour les investisseurs nationaux qui ne sont pas enclin au risque et qui ont d'énormes difficultés de financement.

Par contre, le secteur parait plus propice aux multinationales. Le vaste mouvement de privatisation des entreprises publiques apparaît pour eux comme une source d'opportunités leur permettant d'assurer une implantation définitive dans le pays ainsi par exemple, les principales activités industrielles du port autonome de Douala sont depuis 2003/2004 assurée par Mocrsk et le consortium Bolloré pour ce qui est du remarquable et la société Française « les Abeilles » pour ce qui lui est du lamanage; le réseau ferroviaire quant à lui est exploité sous régime de la concession par camrail qui appartient au Consortium Bolloré31, pendant que l'exploitation du bois est en majorité assuré par le groupe Rougier.

Il faut cependant noter que la présence française est très prépondérante au Cameroun et évolue beaucoup plus sous le qualificatif d'alliance franco-camerounaise que sur celui de multinationale et constitue en quelque sorte les vestiges de la période coloniale.

Le secteur public

Les grandes entreprises dominées par le pourvoir de l'Etat représentent au Cameroun environ 50 % de la production totale. Elles sont en fait née de la reprise des grandes exploitation minières et compagnie diverses par l'Etat après la période coloniale. Cependant Marc Penouil (1992) pense que ces grandes entreprises ont souvent été crées dans l'optique de parler à l'absence d'entrepreneurs privés aptes à gérer l'industrie locale. Mais il faut cependant noter que ce phénomène relève beaucoup plus de la capacité des gouvernements Africains en général à suivre une mode longtemps répandue à savoir l'étatisation des entreprises comme panacée à toutes les difficultés économiques.

Les grandes entreprises publiques camerounaises aujourd'hui apparaissent au sein de la structure économique camerounaise comme des « géants au pied d'argile », en effet à quelques exceptions près, elles présentent un bilan globalement désastreux et sont pour beaucoup dans le déficit de finance publique qu'accumule l'Etat depuis de longues années. Elles sont sans cesse sous perfusions des ressources de l'Etat ainsi l'exploitation du réseau ferroviaire est subvention à hauteur de 4 milliard de franc CFA par an sur l'activité « voyageurs »32.

Les phénomènes de corruption et de détournement des fonds publics constituent également un véritable frein à l'évolution de l'activité dans ce secteur, conduisant ainsi à un difficile recouvrement des investissement engagés et par conséquent service rendu dans ces sociétés d'Etat est quelconque et n'assure en aucun cas la satisfaction des usagers.

3.2.1.2.2 Les petites et moyennes entreprises

Si l'on est parfois arrivé à attester d'un bon état de santé de l'économie camerounaise, c'est grâce au développement très récent d'un secteur de la PME très dynamique. Il constitue le fer de lance de la production au Cameroun et va de la micro finance à la production industrielle en passant par des activités agricoles rentières qui sont depuis toujours restées ancrées dans les habitudes des entrepreneurs.

La PME apparaît en ce jour un secteur d'activité très privé et très diversifiés, il constitue l'essentiel des initiatives privées nationales bien que demeurant très insuffisant en comparaison à la réalité entrepreneuriale d'ailleurs, cette insuffisance constitue ainsi une particularité dans la plus part des pays Africains selon Philippe HUGON (1993) « la faiblesse des technologies intermédiaires et l'absence de PME caractérisent les économies africaine dualistes. Les entreprises publiques et les filiales des firmes étrangères jouxtent les ateliers informels ou les exploitations paysannes ».

L secteur de la PME au Cameroun rencontre en effet un très grand nombre de problème et cette faiblesse qu'elle affiche aujourd'hui tire son explication d'une part dans la crise économique de 1985-1986 ayant entraînée la disparition de beaucoup de PME ou alors leur glissement dans le secteur informel. D'autre part, on constate une certaine limitation du seuil de l'activité, car peu enclin au risque. L'innovation n'est pas en effet une réelle motivation dans les habitudes de l'entrepreneur camerounais qui tend vers les stagnations, il se cantonne en fait à sa première idée et l'entreprise n'aspire vraiment pas à une évolution notable ; la plupart du produit de l'entreprise subit une fuite vers des activités non rentables se résumant soit à la survie de la famille, soi à la résolution d'autres problèmes de la société ou de la communauté, conduisant ainsi soit à la stabilisation de l'activité soit dans le pire des cas au déclin.

La PME camerounaise cependant se distingue beaucoup des autres PME rencontrées dans les autres économies ; elle peut en effet être regroupées en deux catégories distinctes.

- Les petites entreprises qui sont des sociétés de personnes, elles sont le plus répandues, ont un effectif très réduit pouvant aller jusqu'à 30 employés et parfois beaucoup moins, elle se rapproche beaucoup plus de l' »entreprise refuge » de J.M Bellot (1998) car constitue en réalité une assurance contre les vicissitudes de la vie professionnelle en cas de difficultés, de licenciement. C'est une assurance vieillesse pour son propriétaire au moment de la retraite. Les petites entreprises oeuvrent généralement dans l'industrie légère, l'immobilier, la construction et les travaux publics.

- Les moyennes entreprises sont beaucoup plus importantes d'abord du point de vue des effectifs (jusqu'à 100 personnes) et ensuite compte tenu des capitaux investis. Ce sont des sociétés de personnes ou de capitaux oeuvrant beaucoup plus dans le commerce et l'industrie d'import-export. La motivation majeure ici est l'évolution de l'activité ainsi que la tendance à la diversification, l'élargissement du porte feuille et la recherche d'un maximum de profit, l'ouverture vers de nouveaux horizons. Ici ce n'est pas nécessairement l'affaire d'un fonctionnaire désireux d'assurer ses heures de retraite, mais plutôt celle d'un « manager » possédant une solide formation. La qualité de l'employé est fonction de sa qualification et son salaire quelquefois dépend de son rendement. La notion d'accumulation est la règle d'or de l'affaire.

Le secteur informel ne sera pas abordé ici car fera l'objet d'une analyse plus détaillée mais
nous pouvons déjà à la lumière de l'analyse typologique faite ici de l'entrepreneuriat
camerounais à travers l'entrepreneur et l'entreprise que l'entrepreneuriat peut en effet ne pas

paraître universel du point de vue pratique. La classification de l'entreprise sous le critère de la taille nous permet déjà de voir en clair que la grande entreprise camerounaise est en fait la PME Américaine pendant que ce qui est considéré comme étant la PME camerounaise fait en outre l'objet d'une certaine distinction entre petite entreprise et moyenne entreprise selon Amadou Lamine Dia (1991) d'une part et d'autre part J.M. Bellot (1998) parle plutôt d'entreprise « refuge » et de l'emprise de « manager ».

3.2.2 La dynamique nouvelle de l'entrepreneuriat camerounais : l'entrepreneuriat féminin

Bien loin de ressembler au modèle de shapero33 en Côte d'Ivoire ou aux célèbres vendeuses

de tissus togolaises les « Nana Benz », la femme camerounaise présente tout de même un intérêt très particulier à l'activité entrepreneuriale malgré les multiples obstacles auxquels elle doit faire face. En effet, les analyses et les travaux récents sur l'entrepreneuriat et notamment l'entrepreneuriat féminin dans les pays en développement et en particulier en Afrique du Sud du Sahara soulignent que des capacités dont disposent les femmes pour mettre en marche leurs entreprises sont comparativement à celles des hommes, très insuffisantes34 ; les femmes ont en général moins de ressources économiques, financiers, matérielles, intellectuelles et humaines ; elle manque dans la plupart des cas de capital, d'éducation scolaire de base et de formation professionnelles.

Après avoir présenté la place de la femme dans la société camerounaise et dans le milieu entrepreneurial en particulier (1), nous nous intéresserons aux initiatives féminines, leurs domaines d'action ainsi que les difficultés auxquels elles sont confrontées dans le cadre des possibilités et limites de l'entrepreneuriat féminin au Cameroun (2).

3.2.2.1 La place de la femme dans la société et le milieu entrepreneurial camerounais

Restée longtemps marginalisée, la femme camerounaise tend aujourd'hui à être de plus en

plus prise en considération dans le processus de développement du pays. Mais il n'en demeure pas moins qu'elle n'occupe pas la même place dans la société que l'homme ; représentant environ 52 % sur une population de près de 16,7 millions d'habitants selon le rapport sur la population camerounaise en 2004 de la direction de la statistique et de la comptabilité nationale, elle constitue la couche de la population la plus pauvre avec seulement une proportion de 38 % de la main d'oeuvre totale du pays.

3 3Voir « le modèle de Shapero en Côte d'Ivoire » de Emile-Michel Hernandez dans la création d'entreprise en Afrique. Ed AUPEL-UREF, 1996. PP. 61-66

3 4Voir ATOL (1997) « les femmes entrepreneur et les ONG d'appui en Afrique subsaharienne. Un éloge de la diversité et de la complexité » 125 p ainsi que Gérard Tchouassi « Entreprendre au féminin au Cameroun : possibilités et limites » dans Académie de l'entrepreneuriat. PP. 433-445

Les femmes se retrouvent en majorité dans le secteur de l'agriculture traditionnel où elles représentent les 64 % de ce secteur car vivant en majorité en zone rurale. Seulement 4 % évoluent dans l'industrie pendant qu'elles ont encore une prépondérance assez forte dans le secteur des services soit environ 32 %.

Les raisons explicatives de ce déséquilibre sont nombreuses et vont de l'histoire à la culture elle-même, ainsi les femmes représente 45 % du taux d'analphabétisation contre 25 % chez les hommes et par conséquent se retrouve beaucoup plus au chômage ou on a la proportion de 60 % contre 23 % pour la classe opposée. En effet, on estime de manière générale et en particulier dans les trois provinces islamiques du pays que sont le Nord, l'Extrême Nord et l'Adamaoua que « la femme est faite pour le foyer ; aussi les filles abandonnent très tôt l'école où y sont contraintes pour des mariages précoces.

3.2.2.1.1 L'implication de la femme camerounaise au développement

Dans la société camerounaise le véritable problème auquel les femmes sont confrontées est l'exclusion, l'exclusion étant elle-même ici comprise comme une situation de non accès à certaines ressources (matérielles, financières, psychologiques, physiques, mentales...) et à certains réseaux de socialisation. L'exclusion se manifeste en effet par l'absence de relations sociales dur à l'oisiveté, à l'absence d'occupation, de travail et en particulier à la faiblesse et à la précarité des revenus.

Au Cameroun, l'exclusion concerne principalement les femmes, les jeunes et les handicapés. Cependant « il a été reconnu tant au Nord qu'au Sud qu'il ne peut y avoir développement durable sans implication, sans participation des femmes ou sans prise en compte du rôle et de la place des femmes »35 ; ainsi depuis 1970, trois approches ont été développées à cet effet.

L'approche « intégration des femmes au développement » (IFD), l'approche « femmes et développement (FED) et enfin l'approche genre et développement.

Les approches IFD et FED ont été respectivement développées en 1970 et 1980 et vinrent particulièrement à mettre en exergue le fait que les contributions des femmes au développement étaient méconnues et mal évaluées pour la première approche en préconisant de rendre le développement plus efficace, plus pratique et plus réel par la participation des femmes.

3 5Voir « Exclusion et liens financiers » (1998, 2000 et 2001). Rapports annuels publiés par le centre Walras sous la direction de Jean-Michel Serve.

La seconde approche quand à elle est fondée sur la particularité des femmes au mécanisme de développement mais pour des bases pas très bien définies et inégales et envisage l'amélioration de l'accès aux ressources de celles-ci ainsi que leur implication au processus d'élaboration et de prise de décision. Tout de même dans ces deux approches, la femme reste subordonnée et confinées à des rôles secondaires et inférieurs à ceux des hommes.

L'approche « genre et développement » intervient dans les années 1980 dans l'optique de réparer les omissions des deux premières approches ainsi que les déterminations à l'égard des femmes ; cette approche est principalement axées sur le développement avec une implication équitable et durable car les « femmes s'inquiètent de voir les problèmes féminins perçus sur le plan du sexe différences biologiques par rapport aux hommes et non sur le plan du genre - rôles sociaux , relations entre hommes et femmes et les forces qui perpétuent ces relations tout en les modifiant »36.

Ces différentes approches théoriques tendent très clairement à expliquer le processus de promotion de la femme en cours dans le pays depuis de nombreuses années.

3.2.2.1.2 La promotion de la femme camerounaise

De la petite fille contrainte aux ménages précoces à l'épouse « violée » et opprimée en passant par la directrice d'entreprise marginalisée et presque ignorée, la situation des femmes camerounaise parait assez préoccupante pour la société tout entière et les pouvoirs publics en particulier, c'est la « raison pour laquelle notre objectif majeur est de les aider à se prendre en charge et à se valoriser tant sur le plan social que celui du travail »37.

La promotion de la femme est l'un des axes prioritaire du gouvernement camerounais en ce moment ou la dynamique entrepreneuriale des femmes reste très remarquée et apparaît de plus en plus croissante malgré le caractère seulement « génératrice de revenus » de leurs activités regroupées en général dans la très petite entreprise. C'est dans cet optique qu'a été soumis tout récemment à la restitution des acteurs nationaux et internationaux de développement un document de stratégie sectorielle féminine émanent des grandes résolutions de la conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing en 1995.

3 6Tchamanbé. L Mai (1999), « La femme camerounaise face aux enjeux économiques du XXXIème siècle », communication au colloque sur : femme, leadership et Développement, un regard prospectif sur le 21ème siècle, organisé par le MINCOF, 17. p

3 7Déclaration de Mme Suzanne Bomback, Ministre de la promotion de la femme et de la famille à IPS et publié dans www.allafrica.com

Ce document constitue en effet la feuille de route de ce qui sera en fait la stratégie gouvernementale de réduction de la pauvreté chez la femme camerounaise ; quatre axes en découlent principalement :

Le tout premier, axé sur l'amélioration du statut socio juridique de la femme constitue de pilier de la stratégie et suppose d'une part la mise en place des mécanismes juridiques et judiciaire de protection des droits ou de la dignité de la femme. D'autre part, il vise la vulgarisation des droits et devoirs de la femme, la lutte contre les pratiques discriminatoires et les violences faites à l'égard de la femme et de la petite fille.

Le second axe quand à lui vise l'amélioration des conditions de vie de la femme pendant que le troisième lui est axé sur la promotion de l'égalité et de l'équité entre les sexes dans divers secteurs d'activité de la vie nationale, aboutissant ainsi sur la création d'un « comité genre » dans chaque département ministériel et la plupart des services publics.

La dernière orientation stratégique traite des renforcements des structures et mécanismes institutionnels de promotion de la femme ainsi que l'amélioration des capacités de celle-ci. Ainsi il a été à cet effet lancé il y a deux ans par le ministère de la promotion de la femme et de la famille, en partenariat avec l'Institut Africaine d'Informatique basé à Yaoundé en vaste programme social de formation et d'éducation de la femme camerounaise. Pour la maîtrise des NTIC dénommé « Opération 100 000 femmes à l'horizon 2012 » dans l'optique d'améliorer les capacités de la femme au travail, augmentant ainsi leur potentiel ainsi que leur compétitivité.

3.2.2.2 Les possibilités et les limites de l'entrepreneuriat féminin au Cameroun

« J'ai commencé en tant que fonctionnaire, quand j'ai quitté le travail, j'ai crée un petit restaurant et je travaillai jusqu'à une heure du matin, et le matin, j'allais au bureau pendant au moins deux ans. Après j'ai acheté une voiture et j'ai mis en taxi, puis après d'un taxi je suis arrivé à avoir plus de 30 taxis... Après j'ai crée une société qui s'appelait SOCAMAC qui faisait de l'import-export ; je faisais venir de l'huile d'arachide, des cuisses de poulet congelées ainsi que des gigots de boeuf... »38.

Ces quelques propos de Mme Françoise Foning, vice présidente mondiale des femmes chef d'entreprise montre en effet que la pratique entrepreneuriale féminine n'est pas une exclusion dans le monde des affaires au Cameroun, par contre cet exemple qui constitue d'ailleurs même la plus grande illustration en matière d'initiative féminine ( annexe 7) va bien au-delà

3 8Propos de Françoise Foning recueillis par Akwe Amosu et publié le 25 juin 2005 dans www.allafrica.com.

de toutes les considérations faites depuis lors quand à la situation de la femme et montre en effet que malgré les multiples obstacles, quelques possibilités sont offertes pour les initiatives entrepreneuriales féminines (1). Cependant ces quelques initiatives apparaissent bien rares et présentent un certain nombre de limites sur lesquelles il serait important de s'appesantir ici (2).

3.2.2.2.1 Femmes et initiatives entrepreneuriales : analyse sectorielle

Bien au-delà de l'exclusion dont est victime la femme camerounaise dans le milieu des affaires et en dépit de son niveau très faible et très bas de revenu, celle-ci présente tout de même une forte propension à épargner quotidiennement39. Ce comportement qui constitue pour elle une réelle source de financement pour ses activités, lui permettant ainsi de pouvoir contourner le difficile accès aux financements bancaires ou en provenance des institutions formelles de financement.

Fort reste cependant à constater la faiblesse de ce financement qui tend par conséquent à diriger la femme d'une part vers des activités génératrice de revenus (AGR)40 très souvent de très petite taille traduites sur le plan entrepreneuriale par un statut d'entreprise en création, en lancement ou en développant ; elles présentent un régime fiscal de base, réel, simplifié ou impôt libératoire41, avec un capital très en dessous ou parfois légèrement au dessus de 50 000 F CFA et comprenant en définitive une main-d'oeuvre en majorité familiale pour un objectif total strictement inférieur à cinq employés. D'autre part les initiatives féminines s'articulent autour des activités de nature économique ou sociale génératrice de revenus ; activités contribuant en effet à l'auto emploi des femmes.

Aussi petites qu'elles soient, les activités des femmes se retrouvent de nos jours dans tous les secteurs de l'économie camerounaise et fond généralement des petites activités de vente de produits agricoles à la production des services.

Le secteur primaire apparaît comme étant le plus prisé, on y retrouve en effet environ 84,2 %
des femmes confinée en général dans l'agriculture, l'élevage ainsi que la foresterie. Les

39Tchouassi G (2006) « les comportements d'épargne des femmes au Cameroun : une analyse à partir de leur récit de vie », Africa Review of Money, Finance and Banking, PP. 117-133 et Tchouassi. G (2002), « Epargne des femmes au Cameroun : épargne individuelles, épargne collective ou épargne solidaire » rencontres interuniversitaire de l'économie sociale et solidaire, sur le thème : sens et portée de l'économie solidaire, tenue du 5 au 7 février 2002 à Lyon, 13 p.

40Tchouassi G ( ) « Entreprendre au féminin Cameroun : possibilités et limites », in Académie de l'entrepreneuriat, P. 436

4 1Le régime entré en application au Cameroun grâce à la loi de finance de juillet 1994 ; ainsi les très petites activités sont soumises au paiement trimestriel d'un impôt libératoire inférieur ou égal à 5000 F CFA en plus des droits de bail et de la carte de contribuable.

femmes ici s'occupent de la production vivrière et notamment celles de subsistance (céréales, légumes, plantain, tabac...) dont elles se charge ensuite de la distribution sur les marchés. On les retrouve généralement derrière des étalages ou alors des marchandises rangée à même le sol où elles réalisent des chiffres d'affaires très minable. Le secteur de l'élevage quand à lui se limite à quelques animaux domestiques gardée en général dans des enclos derrière les domiciles où on y retrouve le plus souvent poulets, chèvres, moutons, porcs etc. Cependant une certaine catégorie de femme notamment dans le Nord du Cameroun ont une ou deux vaches leur permettant ainsi l'extraction du lait destiné à la consommation familiale et à la commercialisation sur le marché le plus proche du surplus de production.

Dans le secteur secondaire, les femmes créent de très petites unités industrielles de production généralement dans des activités agro-alimentaires, la confection de vitement ou les unités de tissage. D'après les données chiffrées sur le secteur industriel, le nombre de femmes promotrices de petites et moyennes industries est très réduit, ainsi elle représentent un pourcentage de l'ordre de 9 % dans des activités regroupées en général dans l'industries du textile (teinture, filature, broderie et couture) pour une proportion de 80 %, l'industrie agroalimentaire où elles s'occupent de la fabrication de boissons et du tabac et enfin dans l'industrie du bois ou elles majorité des revendeuses de sous produits de scieries ou de menuiseries. (Tchouassi, 2002).

Le caractère très réduit de leurs unités de production pousse les femmes à fonctionner dans l'informel, échappant de ce fait au paiement des impôts. Le domicile familial est le principal local des unités de production des produits finis ou semi-finis. Ainsi, l'on transforme les arachides, les noix de palmes, les noix de karité, en huiles et autres produits dérivés, on produit des boissons alcoolisées et non alcoolisées à partir du mil ou du maïs ou encore le jus, la glace et le lait caillé à base de fruits et du lait extrait des vaches. D'autres part, les femmes s'occupent dans le secteur de la restauration à la sauvette ou ambulante sur les trottoir ou sur les places de marché ainsi que dans le secteur artisanal pour la production et la conception d'oeuvres d'arts tels les pots, les canaris, les marmites, les chaises, les tables à partir du coton, l'argile, le bois, le rotin utilisés comme matière première.

Les femmes dans le secteur tertiaire se retrouvent surtout dans des branches à très faible valeur ajoutée, en général elles « sont installées le long d'une rue, sur le trottoir, au pas de la porte, les marchandises disposées sur une table bancales, simplement sur un plateau ou sur une nappe posée à même le sol »42. Ici, elles s'occupent généralement du commerce et surtout

4 2Tchouassi. G ., « Entreprendre au féminin au Cameroun : possibilité et limites », dans Académie de l'entrepreneuriat www.entrepreneuriat.com p. 438.

le commerce de détail (52,8 %), des services (47 %) ainsi que de la revente des produits vivrières (81 %) ; ainsi les femmes sont en majorités revendeuses de poissons frais ou fumés, de tomates, de piments, de légumes, de plantains, de banane, de fruits, d'huile de palme ou d'arachides, etc.

En somme, l'ensemble de ces activités en général à très faible valeur ajoutée met la femme dans une situation où elle ne « gagne pas grand-chose » mais constitue pour elle non seulement une source de revenue pour la survie de sa nombreuse famille mais aussi un moyen efficace pour lutter contre l'oisiveté, l'inoccupation et la marginalisation dont elle est victime dans la société eu égard à toutes les difficultés auxquelles elle est confrontée ainsi que les nombreuses limites à l'exercice de son activité entrepreneuriale.

3.2.2.2.2 Les limites à l'action de la femme en milieu entrepreneurial

Les évolutions récentes des mentalités des hommes en général ainsi les aboutissements de certaines des mesures misent en oeuvre depuis lors dans l'optique de l'amélioration de la situation de la femme au Cameroun prétend à croire que les problèmes rencontrées par la femme en milieu entrepreneurial à longtemps dépassé le cadre lié au genre et aux considérations sociales ancestrales mais se trouve en tout autres points notamment au niveau de la fornication ou alors de l'éducation de la femme d'une part et à celui de la recherche de financement pour son activité d'autre part.

La question de l'éducation de la femme au vu des statistiques déjà mentionnées un peu plus haut dans la présente partie de ce mémoire trouvent principalement son explication dans certaines considérations ethnologiques et socioculturelles où en fait la femme apparaît encore non seulement sous l'emprise du chef de famille mais reste en outre considérée comme n'étant pas qualifiée à l'exercice d'une certaine activité.

Gérard Tchouassi (2000a; 2002) annonce deux de ces considérations : « la scolarisation de la jeune fille est un investissement à perte au profit de sa future belle-famille, et que la place de la jeune fille est auprès de sa mère qui, très tôt, doit l'initier aux travaux domestiques (cuisines, corvée d'eau, de bois, et petit commerce, etc.) et agricole » et y trouve l'explication au faible niveau d'instruction de la femme rendant ainsi précaire sa compétitivité non seulement sur le marché de l'emploi mais aussi dans l'exercice de l'activité entrepreneuriale. Il en découle en outre de cette éducation le fait que les femmes confondent la caisse de la très petite entreprise et le budget familial conduisant ainsi à un mélange de la gestion professionnel et la gestion domestique d'où la redirection à des secteurs et des branches à très faible contribution productive.

Bien que l'entrepreneure camerounaise trouve au niveau des tontine et des associations familiales une substantielle source de financement, celle-ci parait très insuffisante et constitue en effet un frein pour le développement efficient de son activité. Ainsi les femmes camerounaises sont en évidence et de façon permanente et récurrente exposée à une réalité, réalité qui de plus en plus est présentée comme une préoccupation obsessionnelle : « l'argent manque » (Guérin, 2000).

Les femmes camerounaise du point de vu de leur situation sociale ainsi que des réalités liées aux US et coutumes camerounaises ont un accès limité non seulement à la propriété foncière et à la succession mais aussi à l'exercice d'une certaine classe d'activité ; elles sont donc confinées à des activités génératrice de revenu ; les AGR sont en effet caractérisées par leur fréquentes difficultés à trouver auprès des institutions financières classiques des prêts du fait d'un manque de garantie de celle-ci notamment sur le plan productif d'une part ainsi que sur la qualité de la gestion (Mélange entre la gestion professionnelle de la petite entreprise et la gestion domestique du budget familial) d'autre part.

De la nette dominance étrangère de l'époque coloniale la croissance quelque peu soutenue de l'initiative entrepreneuriale privée de l'heure en passant successivement par un état d'économie faste entre 1977 et 1981, puis la conjoncture politique due au changement de régime présidentiel en 1982 et enfin la crise économique des années 1985-1987, le milieu entrepreneurial camerounais a non seulement connu de multiples heurts mais aussi des moments de gloire. Cependant ces moments de gloire ont fait l'objet soit d'une mauvaise gestion des pouvoirs publics, soit d'un pillage des ressources publiques par de très haut fonctionnaire véreux, ou même encore ont fait l'objet d'un laxisme de la part des entrepreneurs privés nationaux au développement d'action innovatrice, à les prises élevée le risque et enfin à la croyance en leurs capacité quand au développement et la mise sur pied d'entreprises et industrie géantes.

L'état actuel du milieu entrepreneurial camerounais témoigne en effet des multiples efforts engagés pour la mise sur pied d'une économie saine et le développement d'un tissu entrepreneurial dynamique et solide. Bien que l'évidence tende à montrer l'omniprésence de l'Etat comme une spécificité propre à l'entrepreneuriat camerounais, il n'en demeure pas moins qu'une autre facette de cet entrepreneuriat tend vers des initiatives privées notamment celles féminines bien que beaucoup plus concentrées dans les AGR et les activités d'utilités sociales. La mention de l'entrepreneuriat féminin comme une spécificité de l'entrepreneuriat au Cameroun s'inscrit en droite ligne avec initiatives tant gouvernementale qu'associatives mise en oeuvres dans le pays depuis lors pour la promotion de la femme camerounaise

notamment dans le sens de l'apport à celle-ci d'une formation appropriée ainsi que la facilitation à l'accès au crédit, dans le but d'améliorer ses capacités et de développer ses aptitudes et attitudes à entreprendre davantage et de manière efficiente.

4 SECTEUR INFORMEL CAMEROUNAIS

Entre illégitimité et illégalité, modernisme et traditionalisme, le secteur informel apparaît comme un élément intermédiaire non négligeable dans la sphère entrepreneuriale camerounaise. Source de revenue substantielle, recteur d'auto emploi et contributeur à la richesse nationale, le secteur informel camerounais à quelque peu dépassé le cadre de l'activité souvent définie négativement comme non officielle, non structurée, non capitaliste voir illégale et clandestine ; et revêt plutôt une autre facette en terme d'aide au développement et instrument au secours des couches défavorisées de la population. Ainsi par exemple, « la difficulté d'avoir un logement urbain décent a poussé la plupart des citadins qui ne disposent pas de moyens financier importants à s'adresser au secteur informel ; celui-ci est le seul à pouvoir leur proposer des mécanismes de production de l'habitat adapté, à leurs pouvoir d'achat et à leur savoir-faire. »43.

HERMANDEZ (1996) dans son essai de typologie de l'entreprise en Afrique subsaharienne place le secteur informel définie comme le secteur de l'économie populaire à côté des grandes entreprises reconnues par leur rôle déterminant dans l'économie nationale et des PME qui elles sont de taille plus limitée mais respectant à peu près les règles de l'économie officielle. Il en va ainsi de la reconnaissance du secteur informel comme un élément important dans le processus de développement mais aussi dans le sens de l'intégration d'une certaine classe dans la machine économique.

C'est dans cette optique qu'il convient de présenter ici les principes de base même du fonctionnement de ce secteur informel à travers son historique sa définition, ses caractéristiques ainsi que le rôle de celui-ci dans l'économie camerounaise (A) pour enfin à la lumière d'une étude empirique entrer dans le coeur même de ce secteur informel afin de découvrir quelles sont réellement les motivations et les objectifs visés de ses acteurs (B).

4.1 Le secteur informel : Approche descriptive

Le terme secteur « informel » tire ses origines d'une étude sur l'emploi urbain au Ghana présentée initialement en 1971 et publiée par Hart en 1973, mais cependant officialisé lors de la publication en 1972 d'un rapport du BIT sur l'emploi au Kenya dans le cadre du programme mondial de l'emploi44.

4 3Pettang.C., Vermande.p. et Zimmerman.M.(Vol 4, n° 31, 1995), « L'impact du secteur informel dans la production et l'habitat au Cameroun », Cah. Sci. Hum, p.883.

4 4Pour plus de clarté au sujet des origines du termes, voir les travaux de Philippe BARTHELEMY (n°7,1998), « Le secteur urbain informel dans les pays en développement : Revue de littérature », Revue Région et développement, p.1 ; ainsi que ceux de Richard WALKER (Mars 2006), « La formation en en secteur

Il est alors défini par SETHURAMAN (1976) Cameroun secteur composé d'entreprises employant moins de dix personnes, échappant à toute réglementation administrative et juridique, employant une main d'oeuvre familiale, appliquant des horaires souples, recourant à des sources informelles de crédit et fabricant des produits finalisés (par opposition à des produits intermédiaires). Les travailleurs de ces entreprises ont rarement accès à l'enseignement scolaire, utilisent peu d'énergie électrique et mènent les activités semi permanentes ».

Cette définition fera l'objet de controverses et de débat multiple, ainsi tout un panel de définitions sera apporté par divers auteurs compte tenu de critère multiple, rendant ainsi la compréhension en elle-même du terme assez difficile ; raison pour laquelle notre travail consistera en premier lieu de donner une définition à ce terme afin de pouvoir ensuite dégager son rôle et sa place dans l'économie camerounaise.

4.1.1 Comprendre le secteur informel : concept et définition

Que ce soit compte tenu des variables statistiques, des variables opérationnelles (légitimité et légalité de l'action) et du caractère de continuité de l'activité traditionnelle (Richard Walker, 2006) ou alors des critères « taille de la firme », « gestion des établissement » et « contribution des firmes à l'activité économique » (Philippe Barthélemy, 1998), une définition du secteur informel parait quelque peu difficile et soulève de multiples controverses.

Le secteur informel parait presque incontrôlable et difficilement quantifiable de sorte à pouvoir faire l'unanimité que ce soit en terme de définition théorique qu'en terme de projection à un contexte économique propre. A cet effet, « l'analyse du secteur informel ne peut pas être indistincte ou globale, mais demande à être différencié selon la nature des acteurs économiques qui le compose (taille, structure de gestion et emploi), selon les types d'activités productives mis en oeuvre (artisanat d'art, de production ou de service, artisanat urbaines ou artisanat rurales), selon le niveau de technologie requis en terme de production et de service (types d'outillage et d'équipements utilisés) et, finalement, selon les logiques de reproduction, de croissance ou de transition vers l'économie formelle développées par les unités de production informelles (UPI)45.

informel », Document de travail de l'AFD.

4 5Propos de la dernière enquête statistique INSEE/AFRISAT, recueillis dans STATECO (2005), « Méthodes statistiques et économiques pour le développement et la transition, n° 99.

Ainsi notre étude s'atèle à donner une définition du secteur informel en tenant compte des réalités vécu au Cameroun, pour ensuite déboucher sur l'analyse des acteurs en présence ainsi que de ses caractéristiques.

4.1.1.1 Qu'est ce que le secteur informel ?

Plusieurs données par SETHURAMAN en 1976 de donner une définition au terme « secteur informel », ils sont partis sur la base d'hypothèses et critères multiples qui cependant ses sont toutes présentées révélatrice de lacunes et ont fait sujet à controverse. A ce propos, notre étude partant sur l'hypothèse des motivations à la création des UPI, tentera une définition sur la base de deux critère à savoir : la taille de la structure et la gestion des établissements ou critère d'ordre juridique.

4.1.1.1.1 Approche en terme de taille de la structure

Théoriquement, cette approche considère comme appartenant au secteur informel les entreprises ayant un effectif inférieur à 5, 10 voire 20 personnes ; cependant il reste à constater un fait très claire de façon à ne pas confondre par exemple l'activité d'un « cireur de chaussure » à celle d'un cabinet d'avocat qui très rarement atteint le total de 10 employés. Ceci prouve dont le caractère arbitraire de ce critère de qualification.

D'autre part l'observation statistique de façon générale dans des pays en développement où les micro et petites entreprises informelles occupent une place importante en terme d'emploi et de contribution à la richesse nationale et le produit intérieure brut, permet de voir au secteur informel un sous-ensemble du secteur institutionnel des ménages en comptabilité nationale (Richard Walker, 2006). Ici, le secteur informel est constitué par des entreprises distinctes des sociétés et quasi-sociétés du fait que ne tenant pas un ensemble complet de comptes et ne constituent pas des personnes morales distinctes des ménages dont elles dépendent et par contre répondent à un certain nombre de critère notamment celui d'entreprises familiales ou de personnes travaillent de façon autonome parfois seules ou ayant recours à une aide familiale d'une part. D'autre part respectent le critère d'entreprises individuelles employant une ou plusieurs personnes ; ainsi les données de l'INS en 2005 placent le secteur informel camerounais en terme d'opportunités d'insertion économique devant le secteur public et le privé formel, reconnaissant par conséquent le rôle joué par ce dernier au niveau de la création d'emploi.

pour les personnes concernées »46 eu égard au caractère juridique lié à la gestion de ces unités de production.

4.1.1.1.2 Approche en terme de critère d'ordre juridique

« Aucune firme de 2 à 5 travailleur n'applique le salaire minimum au Niger, alors qu'un tiers environ le respecte en Algérie, en Jamaïque et au Swaziland et 94 % en Equateur. En revanche, les firmes informelles équatoriennes ne sont que 17 % à déclarer leurs employés à la sécurité sociale tandis que celles de Thaïlande accomplissent ces formalités à 53 % ». Cette conclusion tirée des travaux de Mead et Morisson (1996 a et 1996 b) sur un échantillon de sept pays en développement auprès des firmes de petites tailles (2 à 5 et 6 à 10 actif) montre à travers des tableaux récapitulatifs que ces firmes se comportent de façon diverse d'un pays à l'autre quand au respect des obligation fiscales, sociales et le droit du travail.47

Le rôle et l'importance du secteur informel dans une économie est très déterminant en matière de la rigueur des éléments d'ordre juridique régissant le fonctionnement de l'activité économique du pays, un ensemble de règles trop stricte aurait plutôt tendance à constituer un frein à l'émergence de petites unités de production et activités à caractère sociale, contribuant ainsi à une limitation de l'apport de ce secteur au développement tout entier du pays. Le secteur informel emploi au Cameroun environ 90,4 % des actifs occupés selon l'enquête de l'INS sur l'emploi et le secteur informel en 2005 ; il constitue par conséquent un important vecteur dans l'emploi notamment des jeunes sous scolarisé et de la population rurale. Ainsi le AGR et les AUS bénéficient d'un régime fiscal de base, réel, simplifié ou impôt libératoire tel que prévu dans la loi de finance promulguée en juillet 1994 et soumettant les très petites entreprises pour la plupart au paiement d'un impôt annuel dont le montant dépend du capital social pendant que les AGR et AUS sont soumises au paiement trimestriel d'un impôt libératoire inférieure ou égal à 5000 francs CFA en plus des droits de bail et de la carte de contribuable48.

A ce stade, notre réflexion épouse celle de walker R ( 2006) en terme de légitimité et légalité de l'action lorsqu'il suppose que la légalité situe les acteurs du secteur informel dans leur relation aux règles administratives, fiscale et sociale pendant que la légitimité définit la valeur sociale d'un acte relativement au degré d'adhésion de la société et en l'occurrence explique pourquoi les activités de ce secteur, à cause de leur utilité reconnue, sont plus que tolérées, même quand elles ne sont pas en conformité avec les règles instituées.

4 6INS (2005), Enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun en 2005, www.statistics-cameroon.org 4 7Richard WALKER (2006), La formation en secteur informel, Document de travail de l'AFD.

4 8BARTHELEMY P. (n° 7, 1998), «Le secteur informel urbain dans les pays en voie de développement: Une

revue de la littérature», Revue Région et Développement, p.6.

Il en ressort donc de ces analyses que le secteur informel peut être défini par rapport à un critère de taille ou en référence à un critère juridique ou mieux encore compte tenu de ces deux critère pris ensemble ; de ce fait il désignerait l'ensemble des « activités se développant spontanément en milieu urbain, permettant d'absorber une partie de la main d'oeuvre provenant des migrations rurales, et n'obéissant pas aux règles formelles de l'économie du travail, à savoir la comptabilité, le droit du travail, etc. ». (Michel Graud, 1991).

4.1.1.2 Les caractéristiques du secteur informel

De même qu'il est difficile d'apporter une définition précise au secteur informel, sa caractérisation revêt également un aspect beaucoup plus inaccessible et reste en outre bien loin de faire l'unanimité du point de vu conceptuel. Ceci nous poussant à faire ici une caractérisation selon trois axes principaux : les acteurs en présence, les catégories d'informel et enfin les caractéristiques propre ou alors au sens des analyses du rapport Kenya, issu de l'étude réalisé par le BIT sur le Kenya en 1972 dont un extrait figure ici en Annexe 8.

4.1.1.2.1 Les acteurs du secteur informel

De manière générale, trois personnes ou groupes de personnes constitue l'essentiel des acteurs de ce secteur. On y retrouve donc selon leur importance l'entrepreneur, l'employé et enfin l'usager.

-L'entrepreneur ; il est le fondateur d'une micro entreprise ou alors l'initiateur d'une unité productive, démarrant sur la base d'un capital très faible, avec un effectif d'employés parfois nul ou alors strictement inférieur à 10 personnes rémunérées en dehors des mesures réglementaire. L'acquitation des obligations fiscales, la rentabilisation de la structure ainsi que l'évolution de celle-ci n'entre pas dans ses priorité ; l'activité est généralement axée sur une autocréation d'emploi et visant principalement la satisfaction de réels besoins.

Excessivement combattu par l'administration et très dénigré par le passé parce que ne répondant pas aux critères d'une économie moderne. Le secteur informel après avoir été victime des excès d'indignité, est de nos jours perçu comme un recours salvateur très largement surdimensionné, « il est censé résoudre spontanément l'équilibre du marché de l'emploi et constituer la pépinière de l'entrepreneur de demain »49.

-L'employé, rémunéré mensuellement a environ 27. 300 francs CFA pour les activités non
agricoles et a 11 100 francs CFA pour le secteur de l'agriculture selon les données issues de

4 9TCHOUASSI G., «Entreprendre au féminin au Cameroun: Possibilités et limites», Académie de l'Entrepreneuriat, p.434.

l'enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun en 2005 réalisée par l'INS, le travailleur du secteur informel est généralement issu de la classe pauvre de la population, il est sous scolarisé ou alors se retrouve sans emploi après ses études. C'est le cas par exemple de quelques trois ou quatre des personnes interrogées au cours de l'étude réalisée sur le secteur informel dans le cadre du présent mémoire ; elles ont un niveau d'étude minimum « bac + 3 » c'est-à-dire sont titulaire d'au moins une licence et ne trouvent comme seule recours l'intégration d'une activité informelle ou une UPI.

L'autre catégorie d'employer est constituée de jeune en particulier à la recherche d'une formation professionnelle et généralement qualifiée d' « apprentis ». C'set la classe la plus défavorisée des employés du secteur informel et constitue par conséquent une main d'oeuvre bon marché pour l'entrepreneur informel qui n'a en réalité aucun engagement salarial vis à vis de ces jeune qui par contre sont sujet au versement d'une centaine contribution servant de frais d'apprentissage

-les usagers ;comme la plupart des autres acteurs, les usagers ou clients du secteur informel sont eux aussi issus des classes les plus pauvres de la population . Ils trouvent en ce secteur de moyen le plus adéquat pour la satisfaction de leur besoin et outrepassent en effet les considération basée sur la qualité ou la provenance du produit ; leur principal motivation est le prix ainsi ils ont la possibilité d'avoir par exemple un « verre » de savon en poudre fabriqué de façon artisanale sensiblement au quart du prix de celui conditionné dans les grandes industries et n'atteignant même pas ce même volume.

L'autre catégorie ici est constituée par la population rurale qui n'a pas les moyens de pouvoir se déplacer vers les grandes métropoles et qui doit faire recours à la production locale pour la satisfaction de ses besoins.

4.1.1.2.2 Les catégories d'informel

La classification des activités informelles comme tout les autres phénomènes relevant du secteur informel a fait elle aussi l'objet de plusieurs analyse ; il en va donc de la distinction d'une part entre les artisans ruraux, les artisans urbains et les prestataires de service de toute nature, faite par Anne de Lattre (1990) ou alors de celle faite par Marc Penouil (1990) où l'on a l'informel de subsistance aux côtés de l'artisanat traditionnel rural et de l'informel concurrentiel. Cependant il importe de voire ici les motivations des acteurs notamment l'initiateur et en outre le système de gestion ainsi que tous les autres facteurs entrant dans la mise sur pied et le suivie de l'activité.

L'approche en terme de gestion s'articule donc autour d'une distinction entre activités individuelles et les activités collectives, catégories qui elles peuvent être chacune subdivisées en deux groupes de sorte que, les activités individuelles englobent d'une part les pratiques telles que la mendicité et la prostitution et d'autre part les petits métiers axés sur l'auto emploi ; pendant que les activités collectives plus intéressantes par leur rôle dans le milieu entrepreneurial et économique sont constituées par le secteur traditionnel assurant la production artisanale classique et le secteur moderne à qui « l'on doit l'intérêt actuel pour l'informel et la multiplicité des recherches réalisées »50. Ainsi selon les travaux de Denol. E et Nihan G. (1982), les unités informelles au Cameroun se repartissent entre la production (travail du bois et du métal), les services (réparations des véhicules, réparations électriques et petite mécanique) et l'habillement (travail du cuir et du tissu)51.

4.1.2 Le rôle et la place du secteur informel dans l'économie camerounaise

La place du secteur informel dans les économies sous-développées et au Cameroun en particulier est aujourd'hui devenue incontestable (les annexes 9 et 10 en donne une illustration assez claire), que ce soit au niveau de la création d'emploi (1), que de celui de la contribution à la construction d'un développement durable ou alors de son impact sur le produit intérieur brut (2). Le secteur informel apparaît aujourd'hui après les dépassements des considérations basées sur son caractère illégal et illégitime un vecteur de croissance économique convenant d'être reconnu par tous.

4.1.2.1 Le secteur informel et la création d'emploi

La situation du marché de l'emploi au Cameroun au cours de ces dernières années est la plus précaire, le chiffre concernant le chômage sont très alarmant en dépit du niveau de plus en plus élevé d'instruction notamment de la tranche de population la plus jeune.

Le Cameroun en 2005 présente un taux de chômage élargi (chômeurs Bit + chômeurs découragés) estimé à 6,2 % contre un taux de 4,4 % selon le Bit, soit un écart très réduit de 1,8 % traduisant en effet le caractère dynamique du marché de l'emploi. Le phénomène est principalement urbain (10,7 %) ; notamment dans les deux principales métropoles Yaoundé et Douala les capitales politiques et économiques où l'on retrouve les taux les plus élevés soit respectueusement 14,7 % et 12,5 %. La tranche de population la plus touchée est celle des jeunes d'âge compris entre 10 et 29 ans avec une proportion de 6,5 % contre 3,1 % pour les personnes de 30 à 49 et 1,2 % pour les 50 ans et plus.

5 0ALBAGLI C. (1996), «L'entrepreneur» in Création d'entreprise en Afrique, ed. EDICEF/AUPELF, p.35 5 1DENOL et NIHAN, cités par HERMANDEZ E.-M. (1996), «L'entreprise» in Création d'entreprise en Afrique, ed. EDICEF/AUPELF, p.58

Ceci étant, le pays affiche de façon globale un taux de sous-emploi de près de 75,8 % des actifs au chômage parmi lesquels 12,7 % sont imputable au sous-emploi invisible (ensemble de personnes travaillant involontairement moins de 35 heures par semaine) et 69,3 % au sousemploi visible qui lui concerne les travailleurs dont la rémunération est inférieurs au minimum horaire garanti (l'équivalent de 23 500 F cfa par mois pour 40 heures de travail par semaine).

Les explications à la présente situation sont nombreuses, mais la principale est liée au caractère sociodémographique de la population camerounaise selon lequel : les jeunes de moins de 17 ans représente la moitié de la population, et les personnes de plus de 65 ans, 3 % ; la taille moyenne des ménages étant estimée à 4,5 personnes avec une prépondérance des femmes chefs de ménage (surtout monoparentaux).

La structure de l'emploi quand à elle n'est pas en reste et témoigne en effet d'un dynamisme sans pareil et une réelle volonté des populations à l'emploi ainsi qu'à l'accroissement de leur revenu. De façon globale 37 % des personnes actives sont en situation de pluriactivité de manière à pouvoir lutter contre la faible rémunération issue ça et là en fonction de l'emploi.

De ce fait, 90,4 % des personnes en activité se retrouvent dans le secteur informel pendant que 4,9 % exercent dans le secteur public et 4,7 % dans le privé formel52.

Par conséquent, le secteur informel apparaît comme le premier et principal pourvoyeur d'emploi au Cameroun ; son intérêt dans ce secteur de la vie socio-économique reste donc incontestable. Ceci va en droite ligne avec les données et les conclusions du rapport BIT (2002) « vers la promotion d'un travail décent » sur l'évolution du secteur informel en matière d'emploi dans les pays en voie de développement. Ainsi durant la période 1980/1990, le secteur informel est passé, de façon spectaculaire, d'un taux d'occupation des deux tiers à un taux d'occupation des trois quarts de la population active non agricole de l'Afrique Subsaharienne. Cette importance du secteur informel en l'emploi restera relativement stable et même va connaître une légère augmentation à partir des années 1990 de façon à atteindre entre 2001 et 2003, 76,2 % des emplois contre 14,2 % pour le secteur privé informel et 8,4 % pour le secteur public.

4.1.2.2 Le secteur informel et la richesse nationale du Cameroun

Lorsque nous considérons l'approche basée sur la notion d'unité économique ou d'entreprise, le secteur informel est défini « comme le lieu de la micro entreprise et de la petite entreprise, c'est-à-dire comme le lieu possible d'une croissance et d'une dynamique économique spécifique à l'organisation des pays en développement » ; le secteur informel apparaît donc ici analysé selon une logique de reproduction, de croissance ou de transition vers l'économie formelle développée par les unités de production informelle.

En tant que tel, et compte tenu de son importance dans le problématique de l'emploi, le secteur informel comme dans la plupart des pays en développement et au Cameroun en particulier joue un rôle de plus en plus important dans la construction de la richesse nationale. Il représente en Afrique subsaharienne une proportion se situant entre le quart et les deux tiers de cette richesse nationale (Walker R., 2006); selon le rapport BIT (2004), sa contribution au PIB dans cette même partie du continent serait estimée à un pourcentage situé entre 7 % et 38 %.

Le secteur informel est en outre doté d'une certaine capacité à de la subsistance, du revenu et de la croissance adoptée au marché local et national, constituant ainsi un élément moteur dans la lutte contre la pauvreté et le relèvement du revenu de vie des ménages camerounais qui selon l'enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam-II) de 2001 vivent pour les deux cinquième de la population en deçà du seul de pauvreté avec environ 232 547 francs CFA par adulte et par an.

Il ne faudrait cependant pas se leurrer sur l'importance de ce secteur sur ces deux points notamment la création d'emploi et de richesse, mais aussi voir en effet la face néfaste de ce secteur sans cesse grandissant. Fonctionnant en période dans l'illégitimité et l'illégalité. C'est un secteur sans réel apport au niveau de la fiscalité nationale, en outre il constitue une véritable concurrence aux entreprises privées et publiques formelles et est très axé vers la promotion des pratiques contre bandières. Pour ce qui est de l'employé de ce secteur, il est très mal rémunéré, soit entre 11100 et 27300 francs cfa de revenu mensuel contre 137 000 francs cfa pour les actifs du secteur public et 103 000 francs CFA pour le privé formel. Cet employé ne bénéficie d'aucune couverture sociale, n'est couvert par aucun contrat de travail, reste constamment dans l'attente d'un licenciement arbitraire et est assurée pour une retraite sans aucun revenu substantiel.

4.2 Etude sur le secteur informel camerounais

A la lumière des analyses théoriques et l'étude de la question entrepreneuriale, nous avons pu constater dans un cadre général que la réalité entrepreneuriale camerounaise présente des aspects spécifiques, d'abord face à la vision théorique et ensuite face à la réalité que nous vivons par ailleurs en l'occurrence dans les pays les plus avancés en terme d'économie. Certains de nos propos dans les parties développée précédemment dans ce même travail ainsi que certains faits constaté dans le vécu quotidien le montre de façon claire ainsi par exemple, ce que l'on considère de grande entreprise au Cameroun n'a que la place d'une PME au USA, en outre, la place que l'on attribue au secteur informel grâce au rôle et à l'impact de celui-ci sur l'économie n'est pas la même dans les pays développés où il est réellement combattu.

Ceci étant, nous nous sommes intéressé de façon particulières à cette activité informelle ; car le secteur informel est de plus en plus perçu comme le fer de lance de la question entrepreneuriale, un pôle de formation de l'entrepreneur au mieux la graine du milieu entrepreneurial d'où germe ceux-là même qui pourront dans les jours avenir constituer le noyau de l'initiative privée au Cameroun.

Nous sommes donc partis sur la base de certaines hypothèses tels que énumérée dans la partie improductive de ce travail ainsi que certains faits marquant de la vie économique dans le pays, pour une enquête sur le terrain notamment dans la ville de Yaoundé. Cette enquête en effet n'a pas pu être conduite tel qu'elle avait été au préalablement prévue à cause d'une multitude de difficultés rencontrée sur le terrain créant ainsi un certain nombre de modification dans le cours de ce travail.

Nous tenterons par conséquent avant même de présenter les résultats de l'étude (II) vous faire part de certains des problèmes rencontrés dans le cadre de celle-ci (II).

4.2.1 Cadre méthodologique de l'étude : Difficultés de terrain

Dans le cadre de l'étude sur le secteur informel camerounais liée au présent travail, nous avons en effet réalisé deux enquêtes différentes ; soit dans les périodes allant du 12 Avril 2006 au 04 Juin 2006 pour la première et du 15 Juillet 2006 au 20 Août 2006 pour la seconde.

4.2.1.1 Première étude de terrain

Comme nous l'avons déjà précisé, la première étude sur le terrain s'est déroulée du 12 Avril 2006 au 04 Juin 2006. Elle était basée sur un questionnaire de 25 questions organisées en cinq rubriques.

La première rubrique était axée sur l'Etat civil de l'entrepreneur ou alors du chef d'entreprise, deux personnes qui en général ne font qu'une, elle visait donc en particulier la maîtrise de la civilité, l'appartenance ethnique, l'appartenance religieuse, l'âge ainsi que l'identification du sujet.

La seconde rubrique quand à elle portait de façon générale sur l'identification de la structure (raison sociale, localisation) et sur le régime fiscale de celle-ci, de façon à pouvoir identifier des sujets répondant aux critères du secteur informel et ce sur la base des caractéristiques définies par le rapport Kenya présenté en annexe ; afin d'en éliminer ceux qui ne sont pas concernés.

Les trois dernières rubriques traitent des questions de financement, de ressources humaines, de motivation à la création d'entreprise et enfin des ambitions visée, pour la structure d'une part et pour l'entrepreneur d'autre part. Ceci de façon à pouvoir mesurer l'impact de l'activité non seulement sur l'individu créateur mais aussi sur l'environnement dans lequel il vit. De façon générale, on recherche ici à analyser les interactions issu des rapports ; entrepreneuremployés, entrepreneur-société traditionnelle, entrepreneur-institutions de financement, etc.

La présente étude était censée déboucher sur une analyse statistique, mais s'est heurté à un réel problème, celui de l'inexactitude des données issue de l'étude. En effet il en est ressorti à première vue de cette enquête que la structure du questionnaire était mal interprétée par les sujets, ceux-ci ayant un niveau d'instruction très bas (en général 70 % ont entre un CEPE, et un BEPC). En outre, certains sujets affichaient une très forte réticence quand au questionnaire et pensaient à priori de par leur situation illégal et illégitime à une action en barrière à son activité.

Beaucoup d'autre ignoraient en réalité le bien fondé d'une étude de terrain et refusaient de façon catégorique de répondre au questionnaire tout entier ou alors à certaines des questions.

Ainsi, après la récupération des données qui déjà se sont avérées incomplètes, l'analyse de celles-ci a été très difficile, on obtenait des chiffres inimaginable ainsi que des courbes et graphiques relevant plutôt de la fiction que de la réalité. Par conséquent nous avons été dans l'obligation de réviser la méthode de l'étude pour une seconde descente sur le terrain dans la période du 15 juillet au 20 Août 2006.

4.2.1.2 Deuxième étude de terrain

Suite aux multiples difficultés rencontrées dans le cadre de la première étude de terrain, nous
nous sommes retrouvés dans l'obligation de révision de notre méthode de travail. Ainsi, le

questionnaire est remplacé par une fiche de question servant de canevas ou alors de sentier à un ensemble d'entretien avec les sujets. L'effectif quand à lui est revu à la baisse et passe à 30 sujets contre une centaine comme prévu au préalable. Les raisons de cette réduction sont en général liées à des questions relatives à la société, les 30 sujets interrogés ici sont des personnes que nous connaissons personnellement ou alors pour lequel nous avons bénéficié d'un certain parrainage ou une aide quelconque d'un tiers faisant partie de leurs connaissances.

Cette seconde s'avérera elle aussi entachée d'un certain nombre de problème, notamment l'éloignement et le caractère très dispersé de la localisation des sujets, les considérations socioculturelles et économiques conduisant à une ouverture partielle du sujet qui présente toujours un certain recul face à certaines questions. Surtout celles des questions liées au financement, à la rentabilité aux résultats et enfin à la question des ressources humaines, en particulier pour ce qui est de la rémunération de ses employés.

Cependant, eu égard à ces quelques problèmes, nous avons tout de même pu obtenir des résultats plus satisfaisant qu'à la première étude; résultats dont nous avons pu sortir un récapitulatif de données chiffrées afin d'une réelle analyse empirique.

4.2.2 Analyse des résultats de l'étude

Les résultats issus de notre étude de terrain ont sur notre travail fait l'objet d'une double transformation. En premier, ils ont servi à la réalisation d'un tableau récapitulatif de données chiffrées, ayant conduit à une suite de conclusion permettent une réelle caractérisation de l'activité entrepreneuriale informelle (1).En second ces résultat nous ont conduit à la vérification des hypothèses de base fixées au tout de but de notre travail (2).

4.2.2.1 Présentation et interprétation des données chiffrées

Le tableau suivant est une représentation chiffrée des différents entretiens réalisés durant notre étude de terrain. Il comporte à cet effet quatre champs relatifs aux principales rubriques de notre enquête, auxquels sont associées un certain nombre de valeurs en pourcentage représentant le rapport par rapport à l'effectif total de chaque élément des rubriques principales.

Cependant il faut noter ici qu'un certain nombre d'élément ont fait l'objet de réponse par plusieurs de nos sujets en même temps; ainsi par exemples pour ce qui est des sources du financement, une seule et même personne pouvait avoir fait recours à plusieurs sources. Face à ce cas de figure, nous nous sommes uniquement intéressé à la plus grande proportion de

personnes ayant fait recours à une seule et unique source. Ceci étant nous sommes parvenu au tableau suivant.

Tableau récapitulatif de l'étude sous forme chiffrées

Rubriques

Identification du créateur/Dirigeant

Sexe

Masculin

Féminin

Age

Moins de 25 ans

26 à 30 ans

31 ans et plus

Statut matrimonial

Célibataire

Marié

Enfant en charge

Aucun

0 à 2 enfants

3 enfants et plus

Niveau d'étude/instruction

Primaire

Secondaire

Universitaire

Origine ethnique

Bamiléké

Haoussa

Béti

Côtiers

Motivation à la création

Auto emploi

Source de revenu supplémentaire

Perte d'emploi

Travail insatisfaisant

Occasion à saisir

Identification de l'entreprise

Années d'existence

0 à 1 ans

2 à 4 ans

5 ans et plus

Secteur d'activité

Couture

Coiffure

Petit commerce

Services

Effectif des employés

Moins de 2 employés

3 à 5 employés

6 employés et plus

Statut des employés

Apprentis

Salariés

Charges fiscales

Nature

Impôt libératoire

Titre de patente

Autres

Financement

Capital de depart

Moins de 50.000 Fcfa

50.001 à 100.000 Fcfa

- à 150.000 Fcfa

150.001 Fcfa et plus

Source de financement

Famille

Conjoint

Tontine

Fonds propres

Etablissement de micro finance

Autres

L'interprétation des données telles que résumées dans le tableau ci-dessus nous a permis d'aboutir à une caractérisation de l'activité entrepreneuriale, en prenant en considération d'une part l'entrepreneur ou créateur/dirigeant et d'autre part la structure ou l'entreprise qu'il crée.

4.2.2.1.1 Caractéristiques du créateur/dirigeant

Sept éléments de notre étude nous ont permis de pouvoir caractériser le créateur d'entreprise

dans le secteur informel camerounais; il s'agit entre autre de: L'âge, le genre (ou sexe), le statut matrimonial, l'origine ethnique, le niveau d'étude, les charges familiales et enfin les motivation à la création.

La disparité de sexe est très fortement remarquée ici, seulement on a tendance à vivre une situation plutôt inverse à ce que l'on rencontre d'habitude; les femmes sont de plus en plus nombreuses dans l'activité informelle à travers les AGR. Ainsi elles occupent selon notre étude une proportion de 67% contre 33% pour les hommes.

L'âge

Les entrepreneurs informel se recrutent au Cameroun dans presque toutes les tranches d'âge de la population; mais seulement une forte prépondérance est laissée aux plus jeunes, notamment pour ceux compris entre 26 et 30 (50%) et ceux de moins de 25 ans (27%). La tranche des personnes les plus âgées (plus de 31 ans) occupe une proportion de 33% et est essentiellement constituée de fonctionnaire et travailleurs à la retraite.

Le statut matrimonial

Ils sont en majorité célibataire, pour une proportion de 82% contre 18% de officiellement mariés. Il est cependant à noter ici qu'une grande proportion de célibataires est constituée de personnes vivant en concubinage et ce surtout les femmes.

Les charges familiales

Sur l'effectif de personnes interrogées, neufs personnes seulement se retrouvent sans enfant, pendant que la moitié possède au mois un enfant et au plus deux. La plus faible proportion est attribuée au personnes possédant plus de trois. En effet le phénomène de grossesses précoces est très récurent au Cameroun; ainsi beaucoup de filles sont parfois obligées de quitter les bancs d'école par cette cause et se retrouver dans l'obligation de supporter cette charges grâce à de petites activités rémunératrices.

Il faut en outre spécifier que en dehors de cette catégorie de charges, la plupart de ces personnes ont sous leur responsabilité la charges des membres de la famille ou de la communauté ( Frères, soeurs, cousins, oncles, neveux, etc. )

Le niveau d'étude

Contrairement à ce que l'ont a toujours pensé, l'entrepreneur informel camerounais de nos jours possède un assez fort niveau d'instruction, ainsi on se retrouve à plus de 50%, pour celles des personnes ayant au minimum atteint le secondaire, pendant qu'une très faible proportion ne possède que le niveau du primaire. La situation de l'emploie au Cameroun est très précaire, ainsi une certaine proportion de diplômés de l'enseignement supérieur se

retrouve dans le secteur informel (26.66%); cette dernière catégories là est beaucoup plus motivée par le souci de l'auto emploi.

L'origine ethnique

Les habitudes du pays ont toujours voulu que le Bamiléké (62%) soit beaucoup plus enclin à l'activité économique; dans cette tribu, l'on a la qualité entrepreneuriale innée, on naît en général dans une famille d' « entrepreneurs ». cette tribu se taille la part du lion avec 62% selon notre étude pendant que les béti (18%) viennent en second et enfin les côtiers et les Haoussa pour une proportion de 10% chacune.

Les motivations

Les motivation à la création sont ici multiple, on parle en général d'auto emploi (62%), de recherche d'un revenu supplémentaire (11,33%), de perte d'emploi (10%), de travail insatisfaisant (10%) et enfin d'occasion à saisir (6,67%). Mais seulement la réelle motivation reste et demeure l'argent; « la vie est dure, l'argent manque » sont là en effet les expressions que nous avons sans cesse rencontrées durant toute notre étude. En effet le souci majeur ici réside beaucoup plus au niveau de la recherche de l'argent.

4.2.2.1.2 Caractéristiques de l'entreprise informelle

Nous nous sommes intéressés ici pour caractériser l'entreprise, à six critères: Le capital de départ, la source du financement, la nature des charges fiscales, le statut et l'effectif des employés, le secteur d'activité et enfin l'âge de la structure.

L'âge de la structure

Les activités informelles sont en effet très peu rémunératrices et par conséquent ne connaissent en effet pas de réelle évolution; elles constituent pour certains une étape de transition vers une activité plus lucrative. A cet effet, une très grande proportion d'activité excède rarement deux ans, elle est directement remplacée par une autre ou alors par la redirection vers un autre secteur d'activité. Suite à notre étude, 43,33% des entreprises ont au plus un ans, 30% ont entre deux et quatre ans, pendant que celles de plus de quatre ans représentent seulement 16,67%.

Le secteur d'activité

Les activités informelles se retrouvent en effet dans tous les secteurs actif de l'économie

les plus récurent. Les secteurs de la coiffure et du petit commerce, avec une proportion de 23,33% chacun, sont des secteurs qui regroupent aussi bien les hommes que les femmes, à travers de très petits "salons de coiffures" et de minuscules échoppes, le secteur de la couture quant à lui occupe dans les 13,33% et est principalement l'affaire des femmes. Le secteur le plus prisé est celui des services avec 39,68%, et regroupe une très grande diversité d'activité.

Statut et effectif des employés

De façon générale, les structure sur lesquelles notre étude a portée étaient en majorité des activité individuelles, le plus souvent avec au plus deux employés (65%) ou alors le créateur accompagné d'un apprentis. Ici on atteint très difficilement le seuil de plus de six employés (13%), et, celles des entreprises où ont pouvait rencontrer entre trois et cinq employés représentaient dans les 22%.

La remarque qui a été faite ici étant que la plupart de ces personnes que l'ont retrouve dans ces structures ont le statut d'apprentis (75%), le plus souvent non rémunérés, mais contraint au paiement de frais d'apprentissage. L'autre catégorie, moins nombreuse est celle des employés rémunérés, qui représente à peine les 25%.

La nature des charges fiscales

La plupart de la fiscalité de ces structures se résume au paiement de l'impôt libératoire et de l'obtention d'un titre de patente.

Sources de financement et capital de départ

De manière générale, on débute l'activité avec un capital très faible. Celles des activités les plus lourdes atteignent rarement un financement de plus de 200.000 Fcfa. Ces sommes en effet proviennent le plus souvent de circuit de financement informelles aussi et parfois illégales, à l'exception de quelques financement provenant de la famille, du conjoint ou des tontines.

4.2.2.2 Discutions des hypothèses

A la lumière de des études empiriques et analytiques faites tout au long de ce travail et compte tenu des hypothèses de base que nous nous sommes fixées, nous pouvons de façon certaines arriver à ces quelques affirmations:

système d'enseignement et l'éducation, le contexte de crise économique dans lequel vit le pays depuis plus d'une décennie.

En effet, il a été démontré que malgré la mise sur pied assez lointaine des toutes premières initiatives entrepreneuriales, l'évolution de la question entrepreneuriale a connue de multiples entraves lies à ces différents facteurs. Nous pouvons entre autre faire une remarque au niveau de l'intégration trop tardive de la femme, le régime fiscale rude, le véracité des certains hauts fonctionnaires et enfin l'importance de la dette publique tant sur le plan national que international

h2: La réalité entrepreneuriale au Cameroun est tout autre que ce qui relève des différentes considérations théoriques et est le plus basée non pas sur la recherche d'un réel profit mais plutôt sur celle d'un revenu de subsistance pour la collectivité.

Loin des théories, la question entrepreneuriale revêt un aspect très particulier au Cameroun; il en va de la classification même des entreprises, du but visé et de la raison même de l'existence de celle-ci. l'entreprise en effet obéit beaucoup plus aux règles sociales qu'aux règles économiques, le recrutement dans l'entreprise est une affaire de la collectivité et non des compétences; le but final en définitive s'écartant un peu de la rentabilité économique au profit de la satisfaction des besoins de la communauté.

h3: Le travail autonome est l'une des principales motivations à la décision de création d'entreprise au Cameroun.

Le fort taux de chômage du pays d'une part et le niveau élevé de scolarisation et l'importance du secteur informel d'autre part sont des éléments pertinents contribuant à soutenir cette dernière affirmation. En effet à la suite de notre étude de terrain, il en est ressorti que 62% des créateurs sont motivés par l'auto emploi, ceci étant principalement dû à la sous-estimation des compétences des uns et des autres dans le secteur public, l'existence de magouilles et autres dans les recrutements ainsi que la faible rémunération des employés; et en outre la prolifération de la corruption et la politique des « pots de vin ».

Tel est en fin de compte la réalité vécu de l'entrepreneuriat camerounais; et à priori le constat
fait est qu'il reste tout de même une lueur d'espoir si, décideurs publics et promoteurs
d'activités privées peuvent en définitive s'asseoir à la même table pour discuter de la question

entrepreneuriale. Fort ayant été le constat fait un peu plus haut (4.2.2.2), ainsi que tout au long de notre travail sur les entraves à l'évolution de l'activité entrepreneuriale.

Conclusion

Avec son parc de prés de 13100 entreprises, soit 443 dans le secteur des matières premières, 2321 dans l'industrie, 3080 dans le commerce et 4735 dans les service53; le milieu entrepreneurial camerounais témoigne de nos jours d'un réel dynamisme, comparé à la morosité des décennies 80 et 90. Seulement, face à la mouvance de la forte baisse du niveau d'entrepreneuriat à travers le monde54, le constat fait est qu'il reste beaucoup à faire pour ce qui est de sa prospérité.

En effet, l'analyse que nous avons conduite tout au long de ce travail, avait pour but de présenter la nature ainsi que les specificités de cet entrepreneuriat camerounais; et à priori, il apparaît donc que:

- La question entrepreneuriale au Cameroun est l'affaire de tous, les entrepreneurs ici se recrutent dans presque toutes les classes et catégories sociales; ainsi, Etat, étrangers, nationaux, femmes, hommes, jeunes et même des personnes âgées; tous des plus pauvres au plus riches essayent chacun et sa manière, d'intégrer un certain niveau d'activité.

- Il en ressort donc en définitive une activité entrepreneuriale bien spécifique, fruit de l'impact des caractéristiques propres à la population fortement diversifiée (présence de plusieurs tribus aux habitudes et cultures toutes différentes) ainsi que l'impact des réalités politiques et économiques de cette nation.

En somme, il apparaît que si l'on arrive ici à passer en travers des multiples entraves liées à l'environnement socioculturel, économique et politique ; on assisterait en fin de compte au renforcement de la contribution de l'entrepreneuriat dans le processus d'accumulation et de création de richesse et d'emplois. A cet effet, nous avons été conduit à émettre un certain nombre de suggestions:

- Passer l'étape des distinctions de genre et distinctions tribale, et mettre sur pied un ensemble de structures, permettant d'offrir une formation appropriée, afin de développer les aptitudes et attitudes des un et des autres à créer, produire, vendre, gérer et dégager un meilleur profit.

- Promouvoir des dispositifs spécifiques d'appui et financement, non plus en fonction de certains publics sociaux particuliers, mais en fonction su marché et des entreprises existantes, à travers des outils adaptés à chaque type d'entrepreneur et au potentiel d'évolution de leurs entreprises.

5 3 Données recueillies dans les services de la direction de la statistique nationale à Douala, Mai 2006.

5 4 Voir à ce sujet le commentaire de l'étude GEM (2002), fait par Stephanie GORDON sur www.EETUK.com , 28 Mars 2003 (3 :06 p.m).

- Apporter une vision et une perception bien au delà des considérations d'illégalité et illégitimité et accorder une importance relative au secteur informel du fait de sa très forte contribution à la construction des richesses, la création d'emploi, l'insertion sociale des plus pauvres, la promotion de l'emploi formation et enfin la promotion du développement du pays tout entier.

Bibliographie

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Communication dans un congrès

NKAKLEU Raphaël, Les facteurs de contingence de délégation dans les PME camerounaises, 6eme congrès international francophone sur la PME, HEC-Montréal-Octobre 2002, 15 pages.

Annexes

Annexe 1
Comparaison des profils des intervenants dans l'entreprise
innovatrice

 

Gestionnaire
traditionnel

Entrepreneur
Traditional

Intrapreneur

Motivation

Motivé par le pouvoir.

Motivé par la liberté d'action, auto motivé.

Motivé par la liberté d'action et l'accès aux ressources

organisationnelles. Automotivé mais sensibles aux recompenses

organisationneles.

Activités

Délégue son autorité. Le travail de bureau mobilise toutes ses énergies.

Se salit les mains, se mele du travail des autres.

Peut déléguer mais met la main à la patte quand il le faut.

Competences

Souvent diplômé d'une école de gestion. Possède Analyse et savoir-faire politique

A plus de flair pour les affaires que de compétences managériales ou politiques. A souvent une formation d'ingenieur.

Semblable à

l'entrepreneur mais utilise un savoir-faire pratique.

Centre d'interet

Surtout les evennements internes à l'entreprise.

Surtout la technologie et le marché.

Ce qui se passe à l'interieur comme à l'extérieur de l'entreprise. Comprend les besoins du marché.

L'erreur et l'échec

S'efforce d'éviter les erreurs et les surprises.

Considère l'erreur et l'échec comme des occasions d'apprendre quelque chose.

Dissimule les projets risqués afin de ne pas ternir l'image de marque de son entreprise ou

unité.

Decisions

Approuve les décisions de ses superieurs. S'assure de ce que veulent ceux-ci avant d'agir.

Suit une vision personnelle. Prend ses propres décisions et privilégie l'action sur la décision.

Maîtrise l'art de

convaincre les autres du bien-fondé de sa vision. Orienté vers l'action mais apte aux compromis.

Attitudes vis-à-vis du système

Voit la bureaucratie avec satisfaction; elle protége son statut et ses pouvoirs.

Si le système ne le satisfait pas, il le

rejette pour constituer le sien.

S'accommode au système et le court-circuite avant de le quitter.

 

Gestionnaire
traditionnel

Entrepreneur
Traditional

Intrapreneur

Relations avec les autres

Fonctionne avec la hiérarchie comme principe de base

Les transactions et la négociation sont ses principaux modes de relation.

Les transactions sociales se font dans le respect des contraintes hiérarchiques.

.

Source: LAVOIE Dina, «Créativité, innovation, invention Entrepreneurship, intrapreneurship- Où est la différence», Revue Internationale de Gestion, Collection «Racine du savoir».

Annexe 2
Modèle hiérarchique du changement.

CRÉATIVITÉ

Changement

Créativité

Invention

Innovation

Amelioration

Source: «Creativity: Key to the future». Par P. A. Schuman; Jr. Austin. Technical Symposium, 1982.

Annexe 3
Techniques typiques de créativité

1- Le brainstorming qui consiste à grouper des personnes pour analyser une problématique à l'aide de questions comme: Comment combiner? Comment substituer? Comment allonger? etc. Le processus se passe dans une ambiance où le jugement est absent et où l'extérioration des participants est la loi.

2- Les méthodes synectiques qui reposent sur le principe de la confrontation des idées, des expériences, et des mots. On préconise alors la pratique de la métaphore, de l'analogie, l'oublie des règles et des tabous, mais exploité de façon rationnelle.

3- Les approches inspirées par la psychothérapie qui repose aussi sur l'imaginaire et l'inconscient, par le biais des jeux de rôle, des considérations et du théâtre populaire, du rêve éveillé.

4- Les approches dites rationnelles: la méthode morphologique et les matrices de découverte. Ces approches rechercheront la totalité des solutions à un problème de façon très disciplinée et systématiquement rationnelle. Le problème est défini au préalable de la façon la plus large possible, afin de ne pas éliminer des solutions à priori.

5- L'approche du groupe en question qui est une vision exagérée du brainstorming. Cette approche emploie le groupe pour diminuer les difficultés de la tache individuelle et maximiser le stock d'information par les croisements d'expériences et d'horizons différents qu'elle suppose.

Source: Un résumé du modèle des techniques de créativité de Jean-Pierre Robin «Créativité: L'imagination au pouvoir dans l'entreprise», Encyclopédie du Management. 1972, pp. 4, 41-1- 12.

Annexe 4
Les quatre paradigmes de l'entrepreneuriat et leurs liaisons

Paradigme
de l'innovation

Paradigme de L'opportunité

4

6 5

1

3

Paradigme de la création
de valeur

Paradigme de la création
d'une organisation

2

Il est ici mis en évidence l'existence de quatre paradigmes avec l'existence de six liens (qui ne sont sans doute pas les seuls) les reliant entre eux.

- Lien 1: Pour exploiter une opportunité d'affaires, il convient, d'une façon ou d'une autre, de s'organiser. Les ressources diverses se cristallisent en une organisation (processus et/ou son résultat);

- Lien 2: L'organisation ne peut exister durablement (et l'entrepreneur conserve son statut par rapport à cette organisation là) sans fournir à ses parties prenantes la valeur qu'elles attendent et dont elle tire les ressources nécessaires à son fonctionnement;

- Lien 3: Lorsque la valeur apportée est importante, une innovation est souvent à l'origine, qu'elle soit organisationnelle, technique ou commerciale. Moins radicalement, si l'on rapproche innovation et nouveauté, l'organisation naissant du phénomène entrepreneurial est nouvelle (même si elle s'appuie sur une entité préexistante), la valeur apportée est donc nouvelle (nouvelle parce que venant d'une nouvelle organisation, ou pus radicalement cette fois ci parce que résultant d'une offre originale);

- Lien 4: Une innovation peut correspondre à le construction d'une opportunité mise sur le marché (on peut voir l'innovation aussi comme un processus de socialisation d'une nouvelle technique, organisation ou façon de commercer), à la fourniture d'un nouveau produit ou service (nouveauté radicale ou nouveauté pour la population localement servie), à l'apparition d'une organisation nouvelle au sein du marché ou du secteur;

- Lien 5: Toute exploitation d'une innovation, à l'instar d'une opportunité, appelle une organisation et l'existence de celle-ci favorise les interactions créatives nécessaires à l'innovation;

- Lien 6: Une opportunité n'est exploitée que si elle est perçue comme susceptible de dégager de la valeur au moins pour celui qui l'a identifiée (L'identification peut renvoyer à la détection, à la construction ou à la combinaison des deux).

Source: VERTRAÉTÉ.T et FAYOLE..A. (Vol 4, n° 1, 2005), «Paradigme et entrepreneuriat», Revue de l'entrepreneuriat, pp. 33-52, www.revue-entrepreneuriat.com

Annexe 5
Contribution sectorielle au PIB

GDP Government services Other private services

Commerce, hotels and restaurants, transport and communications

Construction, electricity, gas and water

Manufacturing

Petroleum

Forestry

Agriculture

-1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0

Source: BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans Perspectives économiques en Afrique 2005- 2006, www.oecd.org/dev/publication

Annexe 6
La restructuration en Afrique francophone

Pays

Nombre de société
d'Etat

Nombre de
privatisable

Début des
opérations

Organisme responsable

Sénagal

150

49

1987

Commissariat Genéral à la
Réforme du Secteur Public

Côte d'Ivoire

200

140

1990

Conseil National Chargé de la Privatisation

Togo

72

50

1983

Ministére des Finances

Benin

62

Au coup par coup

1989

Conseil Superieur de la République

Congo

90

12

1989

Assemblée Nationale

Cameroun

150

75

1989

Société Nationale d'Investissement

Source: ALBAGLI. C. et HENAULT.G. (1996), La création d'entreprises en Afrique, ed. EDICEF/AUPELF, p.54

Annexe 7
Illustration de l'initiative entrepreneuriale féminine: Extrait de
biographie

Mme FONING née TSOBGNY NGUIAZONG Françoise AGE : 56 ans Nationalité : Camerounaise

ACTIVITES PROFESSIONNELLES

- DG GROUPE FONING

- PCA SOCIETE ANFLO (Secteur Bois, Ameublement et Décoration), - PDG d'ANFLO INTERNATIONAL à Paris, France (Secteur Bois),

- PCA Société OVIACAM (Commerce Général, Import - Export), - PCA de la Polyclinique de la Ménoua à Dschang (Secteur Santé),

- Fondatrice du Collège de la Fraternité à Dschang (Secteur Éducation).

AUTRES ACTIVITES PROFESSIONNELLES

° Membre titulaire de la Chambre de Commerce, d'Industrie, des Mines et de l'Artisanat du Cameroun, ° Fonctionnaire au Ministère du Tourisme jusqu'en 1978.

ACTIVITES NATIONALES ET INTERNATIONALES RESPONSABILITES

° Vice-présidente des Femmes Chefs d'Entreprises Mondiales 1996-2005

° Vice-présidente du Bureau International du Forum Francophone des Affaires.

AU PLAN NATIONAL

° Présidente Fondatrice du GFAC (Groupement des Femmes d'Affaires du Cameroun) ° Présidente du Forum Francophone des Affaires, Comité National du Cameroun.

° Vice-présidente du Groupe Parlementaire RDPC à l'Assemblée Nationale.

° Maire de Douala 5ème (avec une population de près d'un million d'habitants). ° Député à l'Assemblée Nationale du Cameroun.

° Membre titulaire de la Chambre de Commerce, d'Industrie des Mines et de l'Artisanat. ° Membre du Comité National de la création d'entreprises au Cameroun.

° Membre du Comité National de régulation et de compétitivité.

AU PLAN AFRICAIN

- Vice-présidente Exécutive de l'ABR (Africain Business Round-Table) Chapitre Afrique Central, - Présidente du RASEF (Réseau Africain pour le Soutien à l'Entreprenariat Féminin)

- Présidente d'honneur du Groupe Régional Africain du Forum Francophone des Affaires (GRAFFA) - Représentante de FCEM à la Commission Economique Régionale pour l'Afrique,

- Secrétaire Permanent pour l'Afrique Centrale du Centre de Formation de l'AGOA (African Growth Opportunity Act)

- Consultante en finances et gestion à la banque Africaine de Développement.

Annexe 8
Le rapport Kenya

Le BIT est à l'origine de ce travail selon lequel l'homogénéité du secteur informel repose sur sept caractéristiques (VAN DIJK MEINE .P., 1986).

- Le capital nécessaire au départ est peu important. L'entrepreneur informel n'a pas accès aux crédits bancaires et son capital de départ comprend uniquement son épargne et celle de son entourage. Ce montant, en general faible, limite les domaines d'intervention possibles.

- Il s'agit d'exploitations familiales où considérations parentales et économiques se mélangent. Les stratégies familiales, les règles de relations de parenté, les solidarités ethniques , classiques ou villageoises prennent souvent le pas sur les considérations purement économiques.

- On utilise les matières premières locales et l'outillage fabriqué sur place. La débrouillardise vient souvent palier le manque de moyens. Ainsi la tôle de boîtes de conserves vides est soigneusement récupérée pour faire des valises; et l'eau d'évacuation d'une usine après retraitement permet de faire des boules de savon ( TOURÉ. A., 1987).

- Les qualifications nécessaires ne sont pas acquises à l'école. Le niveau d'instruction moyen est très faible, l'illettrisme fréquent, ce qui ne veut d'ailler pas dire que ces entrepreneurs ne savent pas copter. Le savoir est acquis par apprentissage. L'observation, puis l'imitation des plus anciens constituent le mode principal de transmission des connaissances. La maîtrise du savoir par l'apprenti abouche tout naturellement sur le désir de devenir indépendant et de créer sa propre unité de production.

- Les opérations de production sont menées à une échelle restreinte. Ces entreprises restent de petite taille, dix employés constituent généralement une limite supérieure. La productivité est basse, les moyens limités, le volume de production demeure par conséquent faible. Il n'y a pas véritablement industrialisation de la production qui reste artisanale.

- La technologie utilisée est adaptée et a un fort coefficient de main d'oeuvre. Elle est souvent traditionnelle, parfois un peu améliorée, rarement moderne, car la qualification du personnel et les moyens financiers disponibles ne le permettent pas. Les apprentis sont nombreux, peu rémunérés et le souci de la productivité horaire reste absent.

Ceci permet donc la permanence de processus de production à faible rendement.

- Le marché n'est pas réglementé et est ouvert à la concurrence. Les règles, les normes, si elles existent, sont soit ignorées, soit connues mais non respectées, ce qui revient au même. La faiblesse du capital de départ facilite l'entrée de nouveaux concurrents.

Annexe 9
CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL

 

HOMMES

FEMMES

ENSEMBLE

Taux de pluriactivité (en %)

Douala

14,7

13,0

14,0

Yaoundé

14,0

7,9

11,6

Cameroun

39,0

34,8

37,0

Taux de salarisation (en %)

Public et Parapublic

100,0

99,6

99,9

Privé formel

92,9

92,8

92,9

Informel non agricole

33,7

10,2

22,0

Informel agricole

3,6

0,1

1,8

Cameroun

27,3

8,3

18,0

Taux d'informalité des emplois (en%)

Douala

65,5

85,8

73,8

Yaoundé

67,0

77,3

71,2

Urbain

71,4

86,4

77,7

Rural

92,5

98,1

95,4

Cameroun

85,7

95,3

90,4

Taux de dépendance

Douala

 
 

1,5

Yaoundé

 
 

1,9

Urbain

 
 

1,7

Rural

 
 

1,3

Cameroun

 
 

1,4

Annexe 10
CONDITIONS D'ACTIVITE SUR LE PLAN NATIONAL

Durée hebdomadaire moyenne d'activité (en Heures)

Administration

38,2

Entreprise publique ou parapublique

43,3

Entreprise privée formelle

50,3

Entreprise informelle non agricole

42,5

Entreprise informelle agricole

36,0

Cameroun

39,1

Travaileurs disposant d'un bulletin de paie (en % dans la catégorie)

Administration

76,1

Entreprise publique ou parapublique

89,1

Entreprise privée formelle

72,4

Entreprise informelle non agricole

3,2

Entreprise informelle agricole

0,7

Cameroun

16,3

Travaileurs disposant d'un contrat formel (à durée déterminée ou non)

Administration

90,0

Entreprise publique ou parapublique

88,1

Entreprise privée formelle

65,3

Entreprise informelle non agricole

10,8

Entreprise informelle agricole

2,8

Cameroun

20,0

Travaileurs exerçant l'activité de façon régulière (en % dans la catégorie)

Administration

99,3

Entreprise publique ou parapublique

96,5

Entreprise privée formelle

93,4

Durée hebdomadaire moyenne d'activité (en Heures)

Entreprise informelle non agricole

86,3

Entreprise informelle agricole

83,8

Cameroun

87,0

Source (Annexes 9 et 10): INS, Enquête sur l'emploi et le secteur informel (EESI), Phase 1, juillet 2005, www.statistics-cameroon.org






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault