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La question technologique à  la genèse du discours éthique de Hans Jonas. Une lecture du principe responsabilité

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par Bertin NKENGELE
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza en RDC - Bachelier en philosophie 2013
  

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CHAPITRE PREMIER : LA TECHNOLOGIE : SOURCE DE L'ÉTHIQUE DE LA RESPONSABILITÉ

2.4.4. 1.0. INTRODUCTION

La technique est contemporaine à l'homme. Nul n'est censé ignorer les bienfaits et les méfaits de la technique qui est devenue à nos jours un sujet de réflexion philosophique à cause des dommages qu'elle ne cesse d'infliger à la nature tant humaine qu'extrahumaine. En fait ce n'est pas la technologie en soi qui est à l'origine de l'éthique de la responsabilité, mais l'usage que l'on en fait. Le mal, comme disaient les médiévaux, ne réside pas dans la chose, mais dans l'usage que l'on fait de cette chose. Nous ne ferons pas, dans ce chapitre, une espèce de « technodicée », c'est-à-dire un procès contre la technique.

Dans ce chapitre, il est donc question de montrer comment la technologie, par le biais de l'homme, est devenue source de l'éthique de la responsabilité de Hans Jonas. Le point de départ est la transformation de l'agir humain. Ce dernier s'est transformé depuis que l'homme s'est doté de nouvelles techniques. L'homme, par sa technique, a exercé son emprise et sur la nature et sur lui-même ce qui n'était pas le cas à l'époque. C'est cette transformation qui nous invite à revoir ou à rénover le discours éthique, étant donné que l'homme se trouve de plus en plus devant le danger qu'il a lui-même créé. Ce changement de la nature de l'agir humain est susceptible de causer ou a déjà causé des dégâts irréversibles à l'environnement. Les dommages causés sont une réalité à laquelle l'homme doit être attentif en dépit du fait que nul discours éthique n'envisageait cela. Le nouveau discours éthique l'éthique de la responsabilité s'avère mieux placée pour pouvoir prendre en compte le domaine entier de la technè, l'homme, la nature...

2.4.5. 1.1. LA TRANSFORMATION DE LA NATURE DE L'AGIR HUMAIN : CONSTAT

Depuis que l'homme existe sur la terre, il a toujours usé des outils, c'est-à-dire de la technique. Cette dernière peut s'avérer être un existential, c'est-à-dire une modalité d'être du dasein en tant qu'il est un être-jeté-dans-le-monde. La nature de l'agir humain s'est transformée : tel est le constat que fait Hans Jonas dans Le Principe Responsabilité. Avec la technique moderne, des nouvelles questions apparaissent et exigent la transformation de l'éthique. Car celle-ci devient de plus en plus inefficace ou muette. La manière de faire de l'homme moderne devient de plus en plus différente de celle de l'homme antique. Le pouvoir ou la liberté qu'a l'homme lui a permis d'avoir de l'emprise et sur les êtres humains et sur les êtres extrahumains. Cette liberté humaine qui consiste pour l'homme à agir comme bon lui semble est susceptible de prendre deux voies : celle du bien et celle du mal. La voie du bien doit être comprise dans le sens des avantages que nous offre ou que peut nous procurer la technique moderne, et la voie du mal dans le sens contraire, c'est-à-dire des inconvénients.

Se situant dans la voie du bien, il convient de dire que nul n'est censé ignorer les bienfaits de la technique moderne ou de la technologie moderne ou encore de la technoscience. Avec cette dernière, l'homme a une idée sur les lois de la nature. Ces lois sont connues par l'expérience ou par d'autres méthodes mises au point par les scientifiques. Elles permettent de prévoir certaines catastrophes naturelles ou d'agir sur certains phénomènes naturels. A titre illustratif, avec la technoscience, il y a moyen de prédire l'éclipse solaire, les inondations, la température, la tempête, le tremblement de terre, afin de permettre à l'homme de prendre des précautions. Il y a aussi moyen de contourner une fusée, considérée comme dangereuse, vers la mer afin qu'elle ne cause des dégâts matériels ou des pertes en vies humaines. Les bienfaits de la technoscience sont visibles dans tous les domaines de la vie de l'homme.

Cependant, « la promesse de la technique moderne s'est inversée en menace »4(*). Ceci, comme l'affirme Jonas, est la thèse liminaire du Principe Responsabilité. Jonas renchérit en disant que « la soumission de la nature destinée au bonheur humain a entrainé par la démesure de son succès, qui s'étend maintenant également à la nature de l'homme lui-même, le plus grand défi pour l'être humain que son faire ait jamais entrainé »5(*). La technique moderne est utilisée par l'homme pour son bien, mais l'excès est susceptible d'engendrer des dégâts énormes. Avoir la nourriture est une chose, et la façon d'en avoir en est une autre. A l'époque, l'homme travaillait avec sa houe, le boulanger pouvait produire autant de pains par jour. Mais aujourd'hui, l'homme a mis à sa disposition des tracteurs qui travaillent à sa place. Le boulanger de ce jour peut, à l'aide des machines, fabriquer des milliers de pains par heure ce qui a des conséquences très néfastes sur la nature. Pour avoir la nourriture en quantité industrielle, il faut abattre les arbres, utiliser des engrais chimiques. Bref, détruire l'environnement6(*).

L'homo sapiens, étant de par sa nature homo faber, est parvenu, grâce à la technique bien entendue, à se construire une demeure fixe, un logis7(*). Dans ce dernier entraient toutes les autres inventions. La question qu'il faut se poser est celle de savoir comment l'homme peut concilier la recherche du bonheur et des moyens de survie avec une technique non destructrice de l'environnement.

Outre le pouvoir oppressant de l'homme vis-à-vis de la nature, il sied d'évoquer aussi le savoir qu'il se donne lui-même. En d'autres termes, non seulement l'homme viol la nature, mais s'éduque lui-même, se forme lui-même. Il envisage même une autocréation, c'est-à-dire il cherche à créer un être qui lui ressemble, un autre homme nous en parlerons plus tard. « L'homme est le créateur de sa vie en tant que vie humaine ; il plie les circonstances à son vouloir et à son besoin et, sauf contre la mort, il n'est jamais dépourvu des ressources »8(*). Le pouvoir de l'homme contient aussi des limites. Il n'est plus aisé de dire que l'homme, par le biais de la technique, peut tout faire. Ce `pouvoir-tout-faire' se trouve, certes, impuissant devant la mortalité. L'homme peut bien et beau fabriquer des médicaments ou des remèdes contre les maladies, mais devant la mort il ne peut rien faire.

« Tout ceci vaut parce qu'avant notre époque les interventions de l'homme dans la nature, tel que lui-même les voyait, étaient de nature superficielle et sans pouvoir d'en perturber l'équilibre arrêté »9(*). C'est avec la technique devenue technologie et mariée à la science pour donner naissance à la technoscience, que l'agir de l'homme a commencé à infliger des plaies non cicatrisables à la nature. Celle-ci, autrefois considérée comme sacrée, divine, est aujourd'hui désacralisée, profanée. Par conséquent, elle est devenue vulnérable ce qui n'était pas le cas à l'époque et nécessite ou exige une science de l'environnement qu'est l'écologie10(*), étant donné que « la nature de l'agir humain s'est modifiée de facto »11(*). Devant cette vulnérabilité, la nature nous interpelle et nous invite à être responsable d'elle, à vivre avec elle comme dans une relation de `je-tu' en la considérant comme un alter ego, un « partenaire dont on a toujours besoin pour vivre heureux »12(*).

* 4 Ibid., p. 13.

* 5 Ibid.

* 6 Cf. Ibid., pp. 251-252.

* 7 Cf. Ibid., p. 19.

* 8 Ibid., p. 19.

* 9 Ibid.

* 10 Ce mot a été inventé par HAECKEL Ernst (1834-1919) en 1866 oekologie. Il apparaît pour la première fois dans une note infrapaginale de Generelle Morphologie der organismen de E., Haeckel, comme substitut du mot biologie et prenant le sens de l'habitat. Il y a eu aussi BORMIER qui, en 1890, a réfléchi sur le lien entre l'organisme et l'environnement. Haeckel va peu après proposer une définition : « Par oekologie nous entendons la totalité de la science des relations de l'organisme avec l'environnement, comprenant au sens large, toutes les conditions d'existence ». Au fur et à mesure des années et de la poursuite de ses travaux, le terme va se préciser et se charger des connotations différentes : interrelation des organismes entre eux et avec leur milieu. Les approches sont nombreuses et abondent toutes dans le même sens et gravitent autour de l'environnement. (Cf. D., JACQUEMIN, Écologie, Éthique et Création. De la mode verte à l'éthique écologique, pp. 29-30.).

* 11 H., JONAS, Le Principe Responsabilité, p. 24.

* 12 C., NKETO LUMBA, « Les rapports homme-nature. Approche phénoménologico-anthropologique », in

Respect de la nature et développement. Enjeux éthiques du développement durable, actes de la XVIIIe semaine de Kinshasa, du 20 au 24 Janvier 2009, p. 55.

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