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La question technologique à  la genèse du discours éthique de Hans Jonas. Une lecture du principe responsabilité

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par Bertin NKENGELE
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza en RDC - Bachelier en philosophie 2013
  

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1.1.1.2. L'euthanasie

Avec le progrès des technologies médicales, c'est-à-dire de biomédecine, et d'autres technologies nouvelles y afférentes, il s'avère aujourd'hui possible de maintenir en vie une personne au stade final d'une maladie, pendant un moment plus ou moins long, alors que cette personne devrait normalement mourir de façon naturelle. Faut-il maintenir en vie ou provoquer/donner la mort ou laisser mourir un « patient conscient qui souffre, au stade final d'une maladie comme le cancer, et le patient inconscient de manière irréparable dans un coma irréversible » 21(*)?

Le mot `euthanasie' a été créé par Roger Bacon à partir du grec : eu (bien) et thanatos (mort). L'euthanasie est alors, partant de cette étymologie, une « mort s'effectuant dans des bonnes conditions » ; « mort heureuse » ; « bonne mort, douce et sans souffrance ». Chez la plupart des personnes, l'euthanasie renvoie à « une mort accélérée par des interventions destinées à atténuer la douleur ; ou même une mort provoquée pour mettre fin à une existence trop douloureuse ». Elle peut aussi être pensée comme « une théorie selon laquelle, il est légitime de supprimer les sujets tarés ou de précipiter la mort des malades incurables, pour leur épargner les souffrances de l'agonie ».22(*)

En méditant sur le droit de mourir, Jonas se trouve devant deux questions : faut-il laisser mourir une personne qui souffre ou faut-il provoquer sa mort ? Faut-il permettre de mourir ou aider au suicide ? En d'autres termes, à quoi ça servirait de « contraindre le malade qui souffre désespérément à continuer de se soumettre à une thérapie de conservation lui procurant une existence qu'il estime indigne de la vie ? »23(*)

« Toutefois, affirme Jonas, ce n'est pas avec le suicide, avec le geste d'un sujet actif, qu'a affaire le `droit de mourir' agitant aujourd'hui les esprits, mais avec le patient atteint d'une maladie mortelle, qui est passivement livré aux techniques de la médecine visant à retarder la mort »24(*). Cette question sur le `droit de mourir' évoquée par Jonas peut paraître troublante pour beaucoup, étant donné que l'homme doit normalement avoir droit à la vie. La vie a été et est dans la plupart des cas souhaitée, promue et préservée, et la mort évitée. Ce `droit de mourir' dont Jonas fait allusion ici concerne une catégorie de personnes : les malades. Quel type de malade ? C'est d'abord le patient conscient, incurable, parvenu au stade terminal ; puis le patient au stade du coma irréversible. Malgré ces deux moments extrêmes, on ne peut pas d'emblé dire que le patient a droit à la mort. L'hôpital et le médecin sont tenus à promouvoir la vie. Au cas où l'hôpital et le médecin décident d'arrêter le traitement chez un patient sachant que l'arrêt du traitement va causer la mort , ils commettent l'homicide. Au cas où c'est le malade qui refuse le traitement, il s'agit du suicide.25(*)

Pour Jonas, le médecin n'a pas le droit de précipiter la mort d'un malade incurable. Il doit suivre l'avis de ce dernier s'il est conscient. Si le malade conscient souffrant d'une maladie incurable et étant au stade final, juge bon de mourir afin d'adoucir la souffrance, d'apaiser la douleur, le médecin doit l'aider à mourir. La bonne mort doit être voulue et choisie par le malade et ne doit pas émaner d'une décision unilatérale du médecin. Même s'il s'agissait d'un patient au stade du coma irréversible, « il ne peut être question d'un droit de mourir au sens strict »26(*). Néanmoins, si quelqu'un est dans un coma irréversible, voire profond par conséquent identifiable à un cadavre , il serait mieux de cesser de le maintenir en vie de manière superficielle, pense Jonas. Le `cesser' est une obligation étant donné que le « gaspillage de précieuses ressources médicales au profit d'un cadavre ne saurait se justifier ».27(*) Jonas s'appuie sur la décision papale selon laquelle : « lorsqu'on a conclu à la permanence d'une inconscience profonde, l'emploi des moyens extraordinaires pour maintenir la vie n'est obligatoire. On est autorisé à les arrêter pour permettre au patient de mourir »28(*). En fait, il faut laisser quelqu'un mourir quand il s'agit de cas extrêmes que le retenir en vie. Permettre au patient de mourir est, pour Jonas, un impératif ou une obligation et non une permission. Il le dit en ces termes :

(...) Non seulement ces moyens exceptionnels peuvent être arrêtés, mais il faut qu'ils le soient pour l'amour du patient auquel on doit permettre de mourir ; l'arrêt du maintien en vie artificiel ne relève pas de la permission, mais de l'obligation. Car on peut finalement construire quelque chose comme un « droit de mourir » au nom de la personne à protéger que fut autrefois le patient, elle dont le souvenir est affaibli par la dégradation d'une telle « survie ». Ce droit à la mémoire « posthume » (extralégale en soi) s'érige en commandement pour nous qui sommes devenus par notre toute-puissance unilatérale sur ce bien juridique, les gardiens de son intégrité et les mandataires de sa revendication.29(*)

* 21 H., JONAS, Droit de mourir, p. 33.

* 22 Cf. P., FOULQUIE, Dictionnaire de la langue philosophique, p. 250, s.v. « euthanasie ».

* 23 H., JONAS, Droit de mourir, p. 26.

* 24 Ibid., p. 18.

* 25 Ibid., p. 20.

* 26 Ibid., p. 53.

* 27 Ibid., p. 57.

* 28 Ibid., p. 62.

* 29 Ibid., p. 63.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams