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La traduction des constructions interrogatives

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par El Mostafa FTOUH
Université Moulay Slimane - Master langues, informatique et traduction 2010
  

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Conclusion du chapitre

La langue arabe comme la langue française présente différents types d'interrogations i.e. l'interrogation totale et partielle, directe et indirecte et l'interrogation modalisée et non modalisée. La langue française dispose de plusieurs introducteurs interrogatifs : les déterminants interrogatifs, les adverbes interrogatifs, les pronoms interrogatifs et les interrogations introduites par ?est-ce que?. C'est-à-dire qu'il y a une diversité d'introducteurs interrogatifs. La langue arabe ne dispose que de deux types d'introducteurs : les adverbiaux et les pronominaux, et il y a des linguistes qui n'en font aucun classement, et se contente de les nommer tous des particules interrogatives. Ces particules comme nous les avons montrées, ont des charges sémantiques diverses suivant l'intension du locuteur.

La modalité prescriptive est garantie par l'ensemble des verbes modaux, dont le rôle est d'atténuer le discours et d'assigner une prescription par inférence. Ces verbes expriment des actes sollicités par le locuteur pour qu'il en soit bénéficiaire. Cette notion d'acte a été définit par A. Berrandonner comme inséparable de la notion de geste, parler pour lui c'est donc le contraire d'agir. Si pour Austin dire c'est faire, A. Berrandonner, lui, pense que « dire c'est ne rien faire » où la signification première de la phrase est purement représentative54. La notion Austinienne cesse d'être valable pour A. Berrandonner, c'est que les verbes performatifs ne servent pas à accomplir l'acte performatif, mais ils

53 Cervoni.J., 1988, L'énonciation : Linguistique nouvelle, Paris, PUF. P. 69.

54 Ibid. P. 113.

servent à substituer la parole à l'action. Cette action est sous-entendue dans les énoncés modalisés par des verbes modaux.

La langue arabe comme la langue française présente ce phénomène pragmatique comme un fait linguistique très récurrent.

65

III. Analyse contrastive de l'interrogation en français et en arabe

Introduction

Tous les grands ouvrages de la littérature et de la linguistique n'ont pu être connus, étudiés, et mondialisés que grâce à la traduction. De même, les grands écrivains sont connus et leurs travaux ont marqué l'histoire grâce à la traduction.

La traduction littéraire garde toujours une position non négligeable dans le champ de la traduction en général. Elle concerne les romans, les poèmes et autres genres littéraires.

En effet, la traduction littéraire demande des aptitudes en stylistique, une bonne imagination et des connaissances culturelles et linguistiques étendues. Il s'agit de reproduire l'effet intégral du texte original chez le lecteur en langue d'arrivée. La traduction doit être aussi aisée à lire, et susciter les mêmes émotions que le texte original, suivant l'adage de Cervantès : « ne rien mettre, ne rien omettre ».

La traduction est donc un contact de langues : le traducteur doit disposer de deux langues. Ce qui rend cette tâche un fait de bilinguisme. Mais le bilinguisme peut mener à l'interférence : un énoncé, tel ?un simple soldat? peut être traduit ou transféré en langue anglaise en ?a simple soldier? au lieu de la forme anglaise existante ?a private?. Ce qui veut dire qu'il y a souvent une influence de la langue source sur la langue cible. Cette influence est décelée à travers les interférences qui sont considérées comme des erreurs ou fautes de traduction55. Cependant, il faut distinguer entre deux types de bilinguisme, comme l'ont remarqué A.

66

55 Jules Alfred Bréal, M., 1897, Essai de sémantique, Paris, Hachette, P. 173

67

Meiller et A. Sauvageot, à savoir le bilinguisme ordinaire qui mène aux interférences et « le bilinguisme des hommes cultivés »56.

La question qui se pose est celle de savoir jusqu'à quel point, deux structures en contact peuvent être maintenues intactes, et dans quelle mesure l'une influera sur l'autre.

Si nous admettons par principe que l'opération traduisante est un fait à double volets (deux langues), ce procédé ne peut être fait sans le contact entre ces deux volets. Mounin a décelé la problématique des différences de propriétés linguistiques entre les langues, et conclue que l'activité traduisante pose à la linguistique contemporaine un problème d'ordre théorique : « si on accepte les thèses courantes sur les structures des lexiques, des morphologies et des syntaxes, on aboutit à professer que la traduction devrait être impossible. »57. Or, l'existence des traducteurs est incontestable, ils produisent et nous nous servons de leurs productions. C'est pourquoi cette opinion d'impossibilité de traduction ne peut pas avoir une influence sur l'existence effective de la traduction. En effet, l'activité traduisante n'est jamais absente de la linguistique : R. Jakobson stipule qu'il n'y a pas de comparaison possible entre deux langues, sans recours à des opérations constantes de la traduction58.

La possibilité pratique de la traduction trouve son appui dans l'existence des universaux : cosmogonique, psychologique, écologique, biologique, etc. l'hypothèse que les universaux existent facilite la tâche aux traducteurs59.

56 Meillet, A. et Sauvaged. A., 1934, Conférences de l'institut de linguistique II, P. 7-9 et 10-13. 57Mounin, G., 1963, Les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 8.

58 Jakobson, R., 1959, Aspects of translation, MA. Cambridge, Harvard University Press, P. 234.

59 Mounin, G., 1963, Les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 192-233 & 251270.

68

E. Dolet60, donne quelques indices sur la phrase française, particulièrement dans les traductions qui ne sont pas calquées sur la langue source, l'essentiel pour lui est d'insister sur l'intension de l'auteur. Dolet souligne que c'est le sens qui fait la valeur de la traduction et non la structure. Ce qui veut dire que la sémantique est prioritaire par rapport à la syntaxe dans le domaine de la traduction. En effet, éviter le mot à mot dans une traduction revient à privilégier le sens au dépend de la forme.

III. 1. La traduction et les universaux linguistiques

Les propriétés différentielles sont l'ensemble des traits phonologiques, morphologiques, syntaxiques et sémantiques qui différencient une langue d'une autre. C'est dans ces distinctions que certains linguistes et traductologues se sont basés pour affirmer l'impossibilité de la traduction. Mais les thèses défendant la présence des universaux linguistiques ont opté pour une impossibilité théorique de la traduction et pour une possibilité pratique de celle-ci.

Mounin, stipule que la linguistique contemporaine défend l'impossibilité théorique de la traduction, mais il montre en même temps les mesures et les limites dans lesquelles l'opération pratique de la traduction est relativement possible malgré les différences entre les langues61. La linguistique en temps que science est constituée d'une analyse qui tend naturellement à mettre en relief tout ce qui spécifie chaque langue. En effet, la différence entre les langues est le motif sur lequel est basée la théorie de l'impossibilité théorique de la traduction, et d'une possibilité pratique de celle-ci. Notre travail s'inscrit dans la même perspective.

60 Skupien Dekens Carine., 2009, Traduire pour le peuple de dieu : La syntaxe française dans la traduction de la bible, Genève, Librairie Drol, P. 244.

61 Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 192.

69

On n'a pas cessé de mettre des réflexions sur la manière de traduire fidèlement, vu que la traduction a toujours été considérée comme un fait d'appauvrissement d'une langue par rapport à une autre. C'est pourquoi les différences entre les langues font l'objet des études linguistiques qui étudient les problèmes qui entravent le processus traductionnel et les mécanismes à utiliser pour faire passer un texte d'une langue à une autre avec un maximum de fidélité.

Devant l'impossibilité de la traduction, certains linguistes, entre autres Mounin, Nida, Aginsky et Serrus, ont traité le phénomène des universaux et ont montré que toutes les langues humaines disposent d'un ensemble d'universaux linguistiques qui facilitent la communication malgré les différences attestées entre les langues, ce qui donne une légitimité et une existence à l'opération traduisante. Les universaux linguistiques sont l'ensemble des traits communs à toutes les langues. Les premiers universaux sont dits, des cosmogoniques, du moment où tous les hommes habitent la même planète62. Les universaux écologiques, quant à eux, sont l'ensemble des phénomènes qui ont un rapport avec le froid et la chaleur, la pluie et le vent, la terre et le ciel, le règne animal et le règne végétal, les divisions du temps, jour et nuit, parties du jour, mois d'origine lunaire, etc. En fait, les mêmes phénomènes écologiques ont la même signification référentielle de base, et les cadres de référence au monde extérieur sont les mêmes : le froid, le chaud, le vent, la terre, le ciel, etc.63

Dans le même sens, Martinet parle des universaux biologiques puisque tous les hommes habitent la même planète et ont en commun d'être ?homme? avec toutes les analogies physiologiques et

62 Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 196.

63 Ibid. P. 197.

70

psychologiques64. C'est la nature même, selon Tegner, qui trace les limites du découpage linguistique et, de ce fait, les langues coïncident65. Enfin, les universaux physiologiques concernent toutes choses perceptibles par l'être humain, et ils sont les mêmes en dépit de toutes différence spatio-temporelle. Les couleurs sont les mêmes partout, mais la nomination diffère selon les peuples et les langues.

Cependant, existe-t-il des universaux en morphologie, en syntaxe et en sémantique ? Dans cette perspective, Bernatzik relève l'opinion de Ch. Serrus qui distingue au moins deux catégories d'universaux : les états et les procès. Mounin, quant à lui, dégage deux universaux linguistiques : le nom et le verbe. Les pronoms, quant à eux, ne font pas l'objet d'universalité linguistique. Mounin en parle ainsi « lorsque les Phi-Tang-Yong parlaient d'eux, ils ne disaient pas je ou nous, mais le fils s'en va, le père veut ça ou ça, ou bien les Yombri ont peur, les Yombri veulent partir etc. 66» ; l'absence des pronoms est constatée aussi chez quatre ou cinq groupuscules de quelques milliers d'individus au fond des montagnes indochinoises et des forêts brésiliennes ou dans les iles pacifiques, où il y a une absence totale des pronoms67.

Malgré les différences que présentent les langues, la masse importante de traits universels est commune à toutes les langues. En effet, il faut admettre que la possibilité de la traduction de toute langue en une autre, trouve sa légitimité dans le cadre des universaux : « première tâche dans un solipsisme linguistique absolu68. »

64 Martinet, A., 1950, Réflexions sur le problème de l'opposition verbo-nominale, JdP, N° 1, P. 104

65 Öhman, S., 1953, « Théories of the linguistic field ». Word, N° 2, P. 130.

66 Bernatzik, H.A., 1945, Les esprits des feuilles jaunes, Paris, Plon, P. 166.

67 Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 210.

68 Ibid, P. 123.

71

III.2. Traduction et syntaxe Introduction

Correspondant selon Benveniste à l'un des trois comportements fondamentaux de l'homme, la question est, peut être, l'acte de langage le plus important pour la communauté parlante69. L'interrogation est une structure syntaxique qui mérite un arrêt pour une analyse bien approfondie quant à sa traduction. Et ceci vu les spécificités différentielles syntaxiques et sémantiques qu'elle présente entre les langues.

Tout traducteur est obligé, de se vouer à l'étude différentielle des langues, et cela non seulement dans le domaine sémantique, mais aussi dans celui des structures grammaticales. Dans ce sens Mounin pense « (qu') un plan plus externe et traditionnel, aurait voulu que l'examen de la syntaxe vienne après celui du lexique. En fait, il n'a pas été possible de trouver une solution pour les problèmes posés par la syntaxe avant d'avoir analysé la réponse des universaux, et celle des situations non linguistiques aux problèmes de traduction »70. Le langage verbal n'est pas seulement un outil de communication servant à transmettre un message d'un individu à un autre, il est aussi le moyen qui reflète la pensée de ces individus, ce langage se compose fondamentalement de deux éléments à savoir un lexique sémantiquement structuré et une syntaxe à laquelle appartiennent certaines propriétés d'aspects71.

En effet, si la traduction existe en dépit de l'hétérogénéité, quelques fois, radicale des syntaxes, c'est entre eux que doit exister des universaux

69 Kerbrat-Orecchioni, C., 1991, La question, Paris, Pul, Abstract du livre.

70 Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard. P. 251.

71 Warnant, L., 1982, Structures syntaxiques du français, Paris, Les Belles Lettres, P. 20.

72

de syntaxe72. Mounin73 présente l'idée de Nida qui distingue dans toutes les langues du monde, quatre grandes parties du discours ou classes qui désignent les objets, les évènements, les abstraits : modificateurs des deux premières classes et les relationnels. Les universaux syntaxiques sont de quatre catégories : les verbes, les noms, les modificateurs et les conjonctions. Ce sont des catégories que l'on peut trouver dans toutes les langues malgré leurs différences linguistiques. Ceci explique la possibilité de la traduction du moment où on a une situation commune quels que soient l'écart et les différences syntaxiques entre la langue source et la langue cible. La grammaire ne peut être dissociée de la syntaxe : les deux étant, au sein du même texte, étroitement liées et exerçant une influence mutuelle l'une sur l'autre. A ce niveau, les contrastes entre le français et l'arabe se manifestent entre autres dans les types d'interrogation, le temps, l'aspect, l'emploi des éléments interrogatifs et l'usage des pronoms personnels.

III. 2. 1. La traduction de l'interrogation par type

Le corpus, extrait du roman Samarcande est composé de cent

phrases interrogatives tirées des dix premiers chapitres. Il présente tous les types d'interrogations : totale, partielle, directe, indirecte, fictive, oratoire, alternative, délibérative, hypothétique, question-tag, avec inversion ou sans inversion du sujet...

Après la comparaison des deux corpus, nous avons obtenu les statistiques illustrées dans les tableaux et les graphiques ci-dessous :

L'interrogation dans le corpus source (français)

Type d'interrogation

Nombre

Pourcentage

directe totale

31

31%

72 Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 252

73 Ibid. P. 255.

directe partielle

25

25%

Indirecte totale

4

4%

Indirecte partielle

2

2%

Fictive (exclamative, injonctive)

9

9%

Oratoire (rhétorique)

16

16%

Alternative (double)

4

4%

délibérative

5

5%

incidente

0

0%

Question-tag

1

1%

hypothétique

3

3%

35% 31%

25%

30%

25%

20%

15%

10%

0%

5%

fréquence de l'interrogation par type (corpus français )

4% 2%

9%

16%

4% 5%

0% 1% 3%

Pourcentage

Ce corpus présente tous les types d'interrogations, à l'exception de l'interrogation incidente. Nous constatons une prédominance des interrogations directes, i.e. totales et partielles, et l'interrogation rhétorique (72%). Vient après les autres types d'interrogations (indirecte totale et partielle, fictive, alternative, délibérative, question-tag et hypothétique) qui font ensemble un pourcentage de 28%.

73

L'interrogation dans le corpus arabe

74

Type d'interrogation

 

Nombre

Pourcentage

directe totale

35

35%

directe partielle

27

27%

Indirecte totale

5

5%

Indirecte partielle

3

3%

Fictive (exclamative, injonctive)

5

5%

Oratoire (rhétorique)

15

15%

Alternative (double)

3

3%

délibérative

5

5%

incidente

0

0%

Question-tag

1

1%

hypothétique

3

3%

20%

40% 35%

30%

27%

15%

5% 3% 5%

3% 5% 0% 1% 3%

Pourcentage

10%

0%

fréquence de l'interrogation par type (corpus arabe)

Le tableau ci-dessus présente les statistiques des interrogations détectées dans le corpus cible. Tous les types d'interrogation y figurent à l'exception de l'interrogation incidente. Nous constatons donc une prédominance des interrogatives directes i.e. totales et partielles, et des interrogatives rhétoriques (77%), suivies des autres types d'interrogation

75

(indirecte totale et partielle, fictive, alternative, délibérative, question-tag et hypothétique) qui font ensemble un pourcentage de 23%.

Comparaison et interprétation

40%

35%

30%

25%

20%

15%

10%

0%

5%

31%

35%

25% 27%

15%

9%

4% 2%

5% 3% 5%

16%

4% 5% 5% 3%

3% 0% 1%

0% 1% 3%

Pourcentage (français) Pourcentage (arabe)

Les pourcentages ne sont pas les mêmes : Certains types d'interrogations apparaissent avec la même fréquence dans les deux corpus notamment les questions-tag, les interrogations hypothétiques, etc. Le pourcentage élevé des interrogations directes vient du fait qu'elles sont généralement les plus fréquentes d'usage pour exprimer une demande. La même présence prépondérante de l'interrogation rhétorique est due au genre littéraire en usage qui tend à utiliser ce type d'interrogation selon des choix stylistiques et pragmatiques.

Le pourcentage de types des interrogations qui change entre les deux corpus français et arabe montre que la traduction de l'interrogation ne doit pas être faite avec une conservation obligatoire de sa structure source. En effet, le traducteur garde le droit de changer le type d'interrogation suivant l'interrogation la plus adéquate pour poser une interrogation dans la langue cible.

76

Une interrogation directe peut être traduite par une autre indirecte avec une élision de la proposition principale interrogative et du point d'interrogation dans l'interrogation arabe:

1) A quoi bon braver le sort, à quoi bon t'attirer le courroux du prince pour une simple femme, une veuve qui ne t'apporterait en guise de dot qu'une langue acrée et une réputation douteuse ?

ÏÑÌãá Ñíãá Ç ÈÖÛ ßÓä ìáÚ ÑÌÊ ä äã ìæÏÌáÇ Çã ÑÏÞáÇ íÏÍÊ äã ìæÏÌáÇ Çã

. ÉÈíÑã ÉÚãÓæ ØíáÓ äÇÓá ìæÓ ÉäÆÇÈ äã ßíáÅ áãÍÊ äá ÉáãÑ ÉÑãÇ

Une interrogation rhétorique directe en une autre rhétorique indirecte :

2) Les cuisses d'une vierge, est-ce là le seul territoire pour lequel il est encore prêt à se battre ?

.åáÌ äã áÇÊÞáá ÇÏÚÊÓã áÇÒí áÇ íÐáÇ ÏíÍæáÇ ìãÍáÇ Çãå ÁÇÑÐÚ ÇÐÎ äæßí

Une interrogation multiple peut être traduite par plusieurs interrogations directes indépendantes terminées par des points d'interrogation, ceci revient aux spécificités de la langue française qui admet un seul point d'interrogation à la fin de l'interrogation multiple, alors qu'en arabe le point d'interrogation doit marquer la fin de toute interrogation au sein de la même phrase interrogative multiple :

3) Fuir trahir déjà attendre encore, prier ?

äæÚÏíæ äæáÕí ÑÇÙäáÇ äæáíØí ÉäÇíÎáÇ äæáÌÚÊÓí äæÑí

La traduction de l'interrogation du français vers l'arabe n'est pas soumise à la condition de la fidélité syntaxique, puisque le changement de type d'interrogation n'influe ni sur le contenu de l'interrogation ni sur sa charge sémantique ni sur le but pour lequel elle a été posée. Le traducteur s'intéresse peu à rendre fidèle toute interrogation du texte source. L'essentiel est de donner une version qui véhicule le même message.

77

III. 2. 2. La traduction des mots interrogatifs

Les morphèmes interrogatifs sont utilisés pour s'interroger sur la réalité d'un énoncé ou pour s'interroger sur un constituant bien précis de la phrase interrogative. Les éléments interrogatifs en arabe sont multiples à l'instar de la langue française. La différence réside dans le fait que le français dispose de différentes catégories d'éléments interrogatifs à savoir les déterminants, les pronoms et les adverbes interrogatifs. De même, l'interrogation française peut être construite avec ou sans inversion de sujet, ou sans introducteur interrogatif. Par contre, l'interrogation en arabe peut être exprimée de trois manières à savoir des interrogatives avec ou sans introducteurs interrogatifs ; ceux-ci sont regroupés dans deux catégories à savoir les pronominaux et les adverbiaux.

Pour analyser ces traductions, nous avons relevé tous les éléments interrogatifs relatifs à chaque corpus et nous avons obtenu les résultats suivants que nous dressons dans le tableau ci-dessous.

Eléments d'interrogation en français

Nombre

pourcentage

Eléments interrogatifs arabes

Nombre

pourcentage

Les

déterminants

3

2,97%

Les

pronominaux

81

75%

Les pronoms

13

12,87%

 
 
 

interrogation avec inversion du sujet

54

53,47%

 
 
 

Les adverbes

16

15,84%

Les

adverbiaux

16

14,82%

78

Interrogation

 

15

14,85%

Interrogation

11

10,18%

sans inversion

 
 

sans

 
 

du sujet et sans

 
 

introducteur

 
 

introducteur

 
 

interrogatif

 
 

Le tableau ci-dessus montre que l'interrogation avec inversion du sujet dans la version française vient en tête par un pourcentage qui dépasse 53%, suivie des interrogations avec des pronoms interrogatifs ?qui, que, quoi, lequel, etc.?, des adverbes interrogatifs ?pourquoi, quand, comment, où, etc.? et des interrogations sans inversion de sujet avec un pourcentage de 41%. Nous remarquons par contre un faible usage des déterminants interrogatifs.

Cependant, en langue arabe, les pronominaux interrogatifs ?hal?, ??a?, ?mâ?,? mâdâ?, etc. sont les plus fréquents par un pourcentage de

75%. Les interrogations introduites par des interrogatifs adverbiaux ?kam, ayna, kayfa, etc.? ou celles sans introducteurs interrogatifs présentent un pourcentage de 25%.

Comparaison et interprétation

français

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

53,47%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

12,87%

 
 
 

15,84%

 

14,85%

 
 

14,82%

 
 
 

2,97%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

10,18%

 

10,00%

pourcentage

80,00%

70,00%

60,00%

50,00%

40,00%

30,00%

20,00%

0,00%

arabe

79

L'analyse contrastive des éléments interrogatifs français et ceux de la langue arabe montre que la langue française dispose de six manières pour poser une interrogation74. En temps que l'arabe ne dispose que de trois manières d'interroger : les pronominaux, les adverbiaux et les interrogations sans introducteurs interrogatifs. L'usage fréquent des pronominaux interrogatifs en langue arabe trouve son explication dans le fait que le traducteur tend à traduire en pronominaux interrogatifs arabes la majorité des éléments d'interrogation de la langue française : il traduit par le biais des pronominaux interrogatifs les interrogations avec inversion de sujet (cf. (4 et 5)). Ce choix est dû aux spécificités syntaxiques de la langue arabe qui ne permet pas une inversion de sujet. Ceci est aussi valable pour les déterminants interrogatifs (cf. (6)), les pronoms interrogatifs (cf. (7)) et parfois même les adverbes interrogatifs (cf. (8)).

74 Cinq genres d'éléments interrogatifs ont été utilisés par l'auteur, sauf l'élément « est-ce que », qui constitue en lui seul une classe indépendante.

80

Il est à noter que le corpus français ne présente aucun cas d'interrogation introduite par l'élément interrogatif ?est-ce que? jugé lourd et ancien75.

4) Se rend-il à la taverne, ce soir-là, ou est-ce le hasard des flâneries qui le porte?

åÊáãÍ íÊáÇ ?? ÚßÓÊáÇ ÉÏÕ ä ã ÁÇÓãáÇ ßáÐ í ÉäÇÍáÇ ìáÅ ÇÈåÇÐ äÇß ??

5) Sais-tu reconnaitre un ami ?

ÞíÏÕ ìáÅ ÑÚÊÊ íß ãáÚÊ

6) Quel royaume a subsisté, quelle science, quelle loi, quelle vérité ? ÉÞíÞÍ Éí äæäÇÞ í ÊãÇÏ Éßáãã Éí

7) Que restera-t-il demain des écrits des savants ?

ÁÇãáÚáÇ áÇãÚ äã ÏÚÈ ìÞÈí íÐáÇ Çã

8) Et son parcours millénaire, qui l'a interrompu, sinon l'arrogance de mon siècle ?

Çä íÑÕÚ áÕ ÑíÛ ÇåÚØÞ íÐáÇ Çã ÉíÑåÏáÇ åÊáÍÑæ

III. 2. 3. Le point d'interrogation entre le français et l'arabe

Nous avons compté et comparé le nombre de points d'interrogations pour voir si le nombre de points d'interrogations diffère lors de la traduction d'un texte de la langue française vers la langue arabe. Le tableau suivant illustre ces hypothèses :

 
 
 

Texte (français)

source

Texte cible (arabe)

Pourcentage différentiel

Nombre

de

points

98

 

100

2%

75 Grevisse, M., 1993, LE Bon Usage, Paris, Duculot. P. 605. § 389.

81

d'interrogations

 
 
 
 

Après la comparaison des résultats obtenus dans le tableau ci-dessus, nous avons réalisé que le nombre de points d'interrogations entre le texte de langue française et le texte de langue arabe diffère. Le nombre de points d'interrogations dans le texte source est moins que celui du texte cible, il y a une différence qui ne dépasse pas un pourcentage de 2%.

Comparaison et interprétation

Nombre de points d'interrogations

Texte source (français) Texte cible (arabe) Pourcentage différentiel

100

98

2%

Le texte cible présente plus de points d'interrogations que le texte source. Ceci est dû au choix du traducteur qui tend à traduire une seule interrogation directe multiple qui se termine par un seul point d'interrogation, par plusieurs interrogations directes qui se terminent par des points d'interrogation (cf. (9) et (10)). Cette différence trouve son explication dans les propriétés syntaxiques de chaque langue : en français, le point d'interrogation ne se met que vers la fin de toute la phrase interrogative, même si elle comprend plusieurs interrogations imbriquées. Alors qu'en langue arabe, le point d'interrogation doit être mis à la fin de chaque interrogation, au sein de la même phrase interrogative.

82

9) Est-il le seul à qui le vizir ait glissé ces mots, ne l'a-t-il pas confondu avec un autre, et pourquoi un rendez-vous aussi lointain, dans le temps et dans l'espace ?

äÇß ÇÐÇãáæ ÑΠäíÈæ åäíÈ ØáÎí ãáÇ ÊÇãáßáÇ ßáÊÈ ÑíÒæáÇ åíáÅ Óãå íÐáÇ ÏíÍæáÇ äæßí

äÇßãáÇæ äÇãÒáÇ í ÏÚÈáÇ ÇÐåÈ ÏÚæã10) Fuir trahir déjà attendre encore, prier ?

äæÚÏíæ äæáÕí ÑÇÙäáÇ äæáíØí ÉäÇíÎáÇ äæáÌÚÊÓí äæÑíLa structure syntaxique de l'interrogation n'est donc pas figée : le

traducteur a la possibilité de se comporter envers la traduction de la structure syntaxique de l'interrogation de la manière qui lui paraît adéquate : une interrogation directe peut devenir indirecte, une seule interrogation peut être fragmentée en plusieurs interrogations, etc. sans que cela n'altère le message de l'interrogation. Or, cette liberté a certaines limites, car les différences sémantiques ne permettent pas qu'une interrogation totale soit traduite en une autre partielle et vice-versa, et à cause de la diversité des réponses attestées dans les deux types de constructions.

III. 2. 4. La traduction des pronoms indéfinis

La traduction des pronoms indéfinis, e.g. ?aucun?, ?nul?, ?autre?, ?autrui?, ?un?, ?certain?, ?chacun?, ?plusieurs?, ?tout?, etc., présents dans notre corpus, ne pose aucun problème, vu la présence de leurs équivalents en langue cible (cf. (11) et (12)), et ce à l'encontre du pronom indéfini ?on?. L'analyse du corpus permet de constater que la traduction du pronom indéfini ?on? se fait principalement par l'intermédiaire du passif (cf. (13)), mais aussi en faisant appel aux pronoms personnels (cf. (14)) quand ?on? désigne une ou plusieurs personnes déterminées ou indéterminées, ou aux substantifs (cf. (15)).

11). 83

Es-tu le mécréant que certains décrivent ?

ãåÖÚÈ åÕí íÐáÇ ÞíÏäÒáÇ äæßÊ

12). L'erreur si je dis que depuis la mort d'Ibn-Sina nul ne les connaît mieux que toi ?

ßäã ÇÑíÎ ÇäíÓ äÈÇ ÉÇæ Ðäã ÇåÑÚí

13). On t'a entendu dire :...

ÏÍ

äã Çã

åäÅ ÊáÞ ÇÐÅ ÇÆØÎã äæß

 
 
 
 
 

...: áæÞÊ ÊÚãÓ ÏÞá -

14). N'est-ce pas celle-ci encore qu'Omar garde à l'esprit tandis qu'on le mène vers le quartier d'Asfizar où réside Abou-Taher, le cadi des cadis de Samarcande ?

ÑåÇØ æÈ ãíÞí ËíÍ ÑÇÒÓ íÍ ìáÅ åäæÏæÞí ãåæ åÓä í ÑãÚ åÑÓ Çã ÇÖí ?? ÇÐå Óíáæ ÏäÞÑãÓ ÉÇÖÞ íÖÇÞ 15) Ne souhaite-t-on pas d'habitude que le jeune s'achève, que vienne le jour de la fête ?

ÏíÚáÇ ãæí ãæÏÞæ ãÇíÕáÇ ÁÇÖÞäÇ ÉÏÇÚáÇ í ÓÇäáÇ íäãÊí áÇ

L'analyse des interrogatives traduites illustrent les différences grammaticales et syntaxiques entre le français et l'arabe. Notamment la traduction des sujets, celle des personnes et des formes temporelles. Toutefois, la transformation et la modulation sont les procédés de traduction les plus utilisées pour remédier aux différences grammatico-syntaxiques entre les deux langues.

III. 2.5. La traduction vers le duel (mutannâ)

Sur le plan verbal, la langue arabe se distingue par la présence d'un pronom personnel qui réfère à deux personnes : il s'agit du ?mutannâ?. Le traducteur tend à le traduire en respectant la référence de la personne (cf. (16)). Le verbe français ?se rejoignent? est à la troisième personne du

84

pluriel, traduit en arabe en pronom personnel du duel (mutannâ) ?talâqayâ : ÇíÞáÇÊ?. Ce qui montre que la traduction d'une structure syntaxique n'est pas une opération mécanique, mais un fait qui ne force pas sur la langue cible ce qu'elle ne supporte pas. Le traducteur doit être attentif à ce genre de divergences pour que le texte cible revêt un aspect d'originalité et qui évite surtout les interférences et le solécisme 76 auxquels peut mener une traduction qui ne respecte pas les propriétés syntaxiques de la langue cible.

16) Combien crois-tu qu'il y ait dans cette ville, à cet instant, d'amants qui, comme nous, se rejoignent ?

ÉÙÍááÇ åÐå íæ ÉäíÏãáÇ åÐå í ÇäáËã ßäÙ í ÇíÞáÇÊ ÉÞÔÇÚæ ÞÔÇÚ äã ??

III. 2. 6. L'interrogation entre l'aspect accompli et inaccompli

L'inversion du sujet avec le verbe est l'un des moyens les plus utilisés en langue française pour interroger. Cependant, le verbe manifeste des différences de temps et d'aspects entre la langue française et arabe. Le verbe français a ses différents temps soit à l'accompli soit à l'inaccompli. La langue arabe est dite langue aspectuelle vu qu'elle ne dispose pas de la diversité temporelle de la langue française, le verbe en langue arabe n'exprime que des aspects.

L'aspect est un trait grammatical associé au verbe, indiquant la façon dont le procès ou l'état exprimé est envisagé du point de vue de son développement. Tous les verbes au passé dénotent une action achevée du point de vue de celui qui parle. L'aspect est une manière d'envisager

76 Le solécisme consiste à construire une syntaxe qui n'existe pas dans la langue cible. ?Emploi fautif, relativement à la syntaxe, de formes par ailleurs existante?.

Rey. A., 1994, Le Micro Robert, dictionnaire, P. 1196.

85

l'action au moment où elle se produit et pas par rapport au moment où l'on en parle. En français, tous les temps simples font la marque de l'aspect inaccompli, alors que les temps composés sont toujours la marque de l'aspect accompli. Il s'agit d'un aspect grammatical, car l'aspect dépend alors du temps auquel le verbe est conjugué.

En langue arabe, la classification est restreinte, le temps du passé ?al-mâ?î? exprime un aspect accompli, alors que ?l-mu?âriå? et ?l-?amr? expriment un aspect inaccompli.

Nous avons essayé, en comparant les deux corpus, de voir si le passage du français vers l'arabe permet de maintenir les mêmes aspects de l'interrogation. Le tableau suivant montre les résultats obtenus après la comparaison des deux corpus.

 

Aspect accompli

Aspect inaccompli

En langue française

59

75

En langue arabe

46

88

Nous pouvons parler d'un déséquilibre entre l'aspect dans la langue source et celui dans la langue cible. Le nombre d'interrogations exprimant un aspect inaccompli, dans le corpus en langue arabe, est élevé par rapport à celui de la langue source. Par contre le nombre de celles exprimant l'aspect accompli est inférieur par rapport à celui de la langue source.

Comparaison et interprétation

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

Aspect accompli

59

46

Aspect inaccompli

75

88

En langue française En langue arabe

86

La comparaison de l'aspect dans les deux langues objet du travail : le français et l'arabe, montre que le traducteur a tenu, dans certains cas, à ce que l'aspect accompli en français soit rendu par un aspect accompli dans la langue cible tel que l'illustre l'exemple (17) où ?as-tu donné? qui est traduite par le verbe accompli ?qaddamta :Êã ÏÞ ?. Or, dans différents cas, le traducteur n'a pas respecté l'aspect du verbe de la langue source (cf. (18)), le verbe dans l'exemple ? s'est embarqué ? dénote un aspect accompli exprimé par le temps du passé composé est traduit par un verbe exprimant un aspect inaccompli ?yub?ir : jÍÈí? (cf. (19)). Ce choix trouve son explication dans la présence de la particule de négation ?lam? qui précède le verbe, où l'aspect inaccompli n'est pas exprimé par le verbe mais par la particule de négation ?lam? qui exprime un fait du passé mais inachevé.

Parfois la traduction du verbe vers le même aspect source ne transmet pas la même charge pragmatique du verbe (cf. (20)). L'aspect accompli du verbe (serais) est gardé dans le verbe cible (kunta : Êäß ). Mais si on inverse la traduction i.e. de l'arabe vers le français, nous pourrions traduire en : ?étais-tu ivre seigneur ?? au lieu de ?serais-tu ivre

87

seigneur ??, mais le conditionnel qui exprime une hypothèse et qui disparaît dans l'interrogation cible connote un respect du locuteur envers son interlocuteur, ce respect a disparu dans la traduction arabe.

17) M'as-tu donné la vraie raison de ton refus ?

??

ÊãÏÞ

ßÖÑá íÞíÞÍáÇ ÈÈÓáÇ íá

18) N'est ce pas dans mes bagages qu'il s'est embarqué sur le Titanic ?

"ßíäÇÊíÊ " áÇ äÊã ìáÚ íÊÚÊã í ÑÍÈí ãáÇ

19) Son père...n'avait-il pas inauguré son règne en tranchant une tête abondamment enturbannée ?

ãÆÇãÚáÇ ÉÑíÈßáÇ ÓæÄÑáÇ äã ÓÑ ÚØÞÈ åÏåÚ åæÈ äÔÏí ãá

20) Serais-tu ivre, Seigneur ?

ÇäÇæÔä Êäß ??

En effet, cette analyse montre que le traducteur ne peut rester fidèle quant à la traduction de l'aspect parce que la conservation de l'aspect altère le sens de l'interrogation. Si nous remplaçons dans l'exemple (21) les verbes (perdons et abandonnent) qui exprime un aspect inaccompli par des verbes exprimant le même aspect pour rester fidèle à l'aspect du verbe source, nous obtiendrons une interrogation fausse comme le montre la phrase suivante :

( ÇäáÇÌÑ ÇäÚ ìáÎÊí ÇÐÅ ÇäÔíÌ ÏÞä äÍä ÇÐÅ ÇåæÒÛ ÚíØÊÓä íß)

21) Comment pourrions-nous les conquérir si nous perdons notre armée, si nos hommes nous abandonnent ?

ÇäáÇÌÑ ÇäÚ ìáÎÊ ÇÐÅ ÇäÔíÌ ÇäÏÞ äÍä ÇÐÅ ÇåæÒÛ ÚíØÊÓä íß

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