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Les déterminants des performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises

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par Sébastien FOTUE NJOMOU
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA, Yaoundé-Cameroun) - Ingénieur d'Application de la Statistique 2005
  

Disponible en mode multipage

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À mes parents Monsieur NDJOMOU Pierre et Madame MOTOUOM épouse NDJOMOUREMERCIEMENTS

Nous souhaitons exprimer ici notre gratitude à tous ceux qui ont contribué à la réalisation du présent document ainsi qu'à ceux qui nous ont toujours soutenus.

Nous adressons nos premiers remerciements à M. FANDIO TCHABO Ferdinand qui a été à nos cotés tout au long de ce travail de recherche. Ses commentaires et suggestions ont été d'une très grande utilité.

Nous remercions également M. Augusto ROKU MESANI, le Directeur Général de l'ISSEA pour les nombreux conseils qu'il nous a prodigué durant notre passage dans son institution. Nous témoignons aussi notre reconnaissance à MM. Dieudonné KINKIELELE et Robert NGONTHE, Directeurs des Etudes et enseignants à l'ISSEA pour leurs contributions à tous les travaux que nous réalisons.

Nous voulons exprimer aussi notre gratitude à tous les membres de la famille qui nous ont toujours soutenus. Nous remercions ainsi nos parents Monsieur et Madame NDJOMOU ; nos oncles MM. TETCHOU Romain et NOKAM Daniel ; notre tante Mme FOTSO Emilienne ainsi que son mari M. FOTSO Justin.

Cet ouvrage a également été réalisé grâce aux documents de cours que nous ont fourni MM. MAAH Aurélien et DJOCKY Samuel. Nous les en remercions grandement.

Nous n'oublions pas ceux qui ont relu tout ou partie de ce travail. Il s'agit notamment de Mlles MPON A NDEM Annie et NSIEMANG Josiane.

Enfin, nous remercions toutes les personnes, connues et inconnues, qui par leur travail ont enrichi le notre. Ils ont été inconsciemment de précieux collaborateurs pour nous.

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ viii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

Première partie : CADRE GÉNÉRAL DE L'ÉTUDE

CHAPITRE 1 : ANALYSE THÉORIQUE DES COMPORTEMENTS À L'EXPORTATION DES ENTREPRISES 6

1.1 Le processus de croissance et d'internationalisation de l'entreprise 6

1.1.1 La croissance de l'entreprise 6

1.1.2 L'internationalisation de l'entreprise 7

1.2 Les modèles d'analyse stratégique 11

1.2.1 Le diagnostic export 11

1.2.2 Les grandes orientations stratégiques 14

CHAPITRE 2 : LES PERFORMANCES DE L'ÉCONOMIE CAMEROUNAISE 18

2.1 Les politiques mises en oeuvre 18

2.2 Les Performances économiques 19

2.3 Les performances du commerce extérieur 20

CHAPITRE 3: L'ENVIRONNEMENT GLOBAL DE L'ACTIVITÉ INDUSTRIELLE AU CAMEROUN 23

3.1 L'environnement politico-légal des entreprises camerounaises 23

3.1.1 Le cadre réglementaire, juridique, fiscal et financier 23

3.1.2 Les structures administratives de promotion des exportations 26

3.1.3 Les organisations patronales 28

3.2 L'Environnement économique des entreprises industrielles en 2000/2001 28

3.2.1 Présentation de la base de données 29

3.2.2 Situation économique et financière des entreprises industrielles en 2000/2001 29

Deuxième partie: ANALYSE STATISTIQUE DES COMPORTEMENTS À L'EXPORTATION DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES CAMEROUNAISES

CHAPITRE 4 : APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 34

4.1 Comportement à l'exportation des industries camerounaises : une mise en perspective à travers l'analyse descriptive 34

4.1.1 Le rôle du secteur d'activité 35

4.1.2 Le rôle de la taille 37

4.2 Spécification des modèles : choix des variables, formulations 40

4.2.1 Les variables : définition, mesure et interprétation 41

4.2.2 Formulation des modèles 42

CHAPITRE 5 : ESTIMATION DES MODÈLES ET ANALYSE DES RÉSULTATS 47

5.1 Modélisation de la décision d'exporter 47

5.1.1 Estimation du modèle « décision d'exporter » 47

5.1.2 Analyse de la décision d'exportation 47

5.2 Modélisation des performances à l'exportation 51

5.2.1 Estimation du modèle « performance à l'exportation » 52

5.2.2 Analyse des performances à l'exportation 52

5.3 Les implications des modèles pour les différents acteurs : pouvoirs publics et secteur privé 54

CONCLUSION GÉNÉRALE 56

BIBLIOGRAPHIE 58

ANNEXES 60

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Quelques indicateurs du commerce extérieur du Cameroun (en %) 22

Tableau 2 : Répartition sectorielle des entreprises de la population d'étude 29

Tableau 3 : Taux de vieillissement par secteur d'activité 30

Tableau 4 : Taux d'investissement par secteur d'activité 30

Tableau 5 : Taux d'encadrement par secteur d'activité 31

Tableau 6 : Frais de personnel par tête, par secteur d'activité 31

Tableau 7 : Ratio d'endettement par secteur d'activité 32

Tableau 8 : Distribution du chiffre d'affaires à l'exportation 34

Tableau 9 : Répartition des entreprises suivant le taux d'exportation 35

Tableau 10 : Densité des entreprises exportatrices suivant le secteur d'activité 36

Tableau 11 : Densité des entreprises exportatrices suivant le chiffre d'affaires 38

Tableau 12 : Taille des entreprises suivant le secteur d'activité 39

Tableau 13 : Taux d'exportation par taille et secteur d'activité 40

Tableau 14 : Types de variables et hypothèses 40

Tableau 15 : Les facteurs explicatifs de la décision d'exportation 48

Tableau 16 : Classement des variables explicatives et écart entre coefficients extrêmes 51

Tableau 17 : Les déterminants du niveau d'exportation 53

Tableau A.1 : Correspondance entre la Nomenclature CITICAM Révisée et « secteurs d'activité » A

Tableau A.2 : Dispersion du taux d'exportation (en %) suivant le secteur d'activité A

Tableau A.3 : Distribution du chiffre d'affaires moyen suivant la taille de l'entreprise A

Tableau A.4 : Répartition des entreprises suivant le secteur d'activité et le salaire moyen A

Tableau A.5 : Répartition des entreprises suivant la taille et le salaire moyen B

Tableau A.6 : Répartition des entreprises suivant la taille et la productivité du travail B

Tableau A.7 : Répartition des entreprises suivant le secteur d'activité et la productivité du travail B

Tableau A.8 : Répartition des entreprises suivant le secteur d'activité et le rendement des équipements B

Tableau A.9 : Répartition des entreprises suivant la taille et le rendement des équipements C

Tableau A.10 : Répartition des entreprises suivant la taille et le taux de capitaux permanents C

Tableau A.11 : Répartition des entreprises suivant le secteur d'activité et le taux de capitaux permanents C

LISTE DES ACRONYMES

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CITICAM : Classification Internationale Type par Industrie - Cameroun

COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale

DSF : Déclaration Statistique et Fiscale

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FMI : Fonds Monétaire International

GICAM : Groupement Inter-patronal du Cameroun

GUCE : Guichet Unique du Commerce Extérieur

INS : Institut National de la Statistique

ISSEA : Institut Sous-régional de Statistique et d'Économie Appliquée

MGE : Moyennes et Grandes Entreprises

NPI : Nouveaux Pays Industrialisés

OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

PE : Petites Entreprises

PIB : Produit Intérieure Brut

RFD : Réforme Fiscalo-Douanière

SYNDUSTRICAM : Syndicat des Industriels du Cameroun

TCA : Taxe sur le Chiffre d'Affaires

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

AVANT-PROPOS

Le présent document est l'aboutissement des quatre années que nous avons effectué à l'Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée dans le cadre de la formation des Ingénieurs d'Application de la Statistique.

En raison du rôle prépondérant que devraient jouer les exportations manufacturières dans le développement du Cameroun, nous nous sommes penchés sur la question suivante : quels facteurs peuvent être pris en compte tant par les pouvoirs publics que le secteur privé dans les politiques de promotion des exportations ? Afin d'apporter des éléments de réponse à cette question, nous avons traité du thème suivant : « Les déterminants des performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises ».

Ce travail, comme toute oeuvre humaine peut être l'objet de critique. Compte tenu de cela, nous sollicitons l'indulgence de tous ceux qui le liront. Mais également, nous acceptons volontiers les remarques constructives qu'elles pourront nous faire dans le but d'améliorer sa qualité ainsi que celles des travaux à venir.

RÉSUMÉ

Depuis plusieurs années, l'évolution économique du Cameroun est fortement influencée par les facteurs extérieurs que sont notamment les variations des prix des produits primaires et l'expansion des débouchés sur les marchés étrangers. Cette situation a d'ailleurs été à l'origine de la récession qui a frappé de plein fouet le pays entre 1985 et 1994. Afin de sortir de cette situation de dépendance vis-à-vis des produits primaires, le gouvernement s'est fixé pour objectif de diversifier davantage l'économie en augmentant notamment la part des exportations manufacturières dans les exportations totales du pays. La réalisation de cet objectif demande de reconsidérer les politiques actuelles en faveur des exportations. Elle passe donc par la réponse à la question suivante : quels facteurs peuvent être pris en compte tant par les pouvoirs publics que le secteur privé dans les politiques en faveur des exportations ? C'est pour apporter une esquisse de réponse à cette que nous avons traité du thème suivant : « Les déterminants des performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises ». Afin de mieux appréhender le comportement des entreprises industrielles face à l'exportation, nous avons fait la distinction entre décision d'exportation et performance à l'exportation.

La revue de la littérature nous a permis d'identifier certains facteurs pouvant influencer le comportement exportateur des entreprises. Il est apparu que, des ressources humaines et financières suffisantes ainsi qu'un outil de production de qualité sont indispensable pour une entreprise qui veut réussir à l'exportation.

L'analyse empirique effectuée dans le cas des entreprises industrielles camerounaises a confirmé l'essentiel des développements théoriques énoncés. Une procédure en deux étapes (modèle Tobit) a été utilisée pour déterminer d'une part les facteurs explicatifs de la décision d'exportation (1ère étape, modèle dichotomique) et d'autre part les facteurs explicatifs des performances à l'exportation (2ème étape, modèle linéaire). La première étape de la procédure a été mise en oeuvre pour l'ensemble des entreprises, tandis que la seconde n'a pris en compte que les entreprises exportatrices. De notre analyse, les principales conclusions suivantes sont ressorties :

la taille des entreprises : un facteur à prendre en compte dans les politiques en faveur des exportations ;

le capital humain : un élément qui compte dans la décision d'exportation des entreprises et déterminant dans les performances à l'exportation des grandes entreprises ;

les ressources financières : essentielles dans la décision d'exportation des petites entreprises ;

la qualité de l'outil de production : déterminant dans les performances à l'exportation des entreprises.

Il est ainsi apparu qu'il existerait un seuil de ressources humaines en dessous duquel les entreprises industrielles camerounaises ne se risqueraient pas d'exporter. Au-delà de ce seuil qui se situe autour de 100 salariés, la taille perd toute influence dans la décision d'exportation. De toute évidence, la taille des entreprises est un facteur à prendre en compte dans les politiques en faveur des exportations. Des mesures des pouvoirs publics visant à faciliter l'accès des entreprises aux ressources longues sont également nécessaires de même que l'utilisation d'une main d'oeuvre qualifiée et expérimentée par les entreprises.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L

es effets des exportations sur l'activité économique d'une nation restent indéniables. Les exportations grâce à leur effet multiplicateur créent des revenus et exercent un impact considérable sur l'emploi. Le développement économique d'une nation peut donc être accéléré par le développement de son commerce extérieur en général et de ses exportations en particulier. Cela est d'autant plus vrai dans le contexte actuel, car on assiste à une interdépendance de plus en plus croissante des économies grâce au phénomène de la mondialisation. Dans cette dynamique d'intensification des échanges par le commerce extérieur, l'Afrique est restée en marge, étant davantage « consommatrice » que « productrice » de la mondialisation. En effet, la part de l'Afrique dans les exportations mondiales n'a cessé de décroître. De 5 % en 1970, elle est passée à 2,4 % en 1990 puis à 1,8 % en 1999. En 1998, les 48 pays les « plus pauvres »1(*) parmi lesquelles plusieurs pays africains dont le Cameroun, ne réalisaient que 0,4 % des exportations mondiales. La marginalisation de l'Afrique devient encore plus évidente quand on se rappelle que l'essentiel de ses exportations est constitué de produits primaires. Les produits primaires qui représentaient en 1950 la moitié du commerce mondial, n'en représentaient que 20 % en 1998. Cette situation a contribué à fragiliser l'économie des pays africains, économie dont l'évolution est fortement influencée par des facteurs extérieurs (variation des prix des produits primaires, expansion des débouchés, etc.). Quelle solution envisager donc pour les économies de ces pays ?

L'émergence, il y'a quelques années de certains pays en développement qu'on a par la suite appelé Nouveaux Pays Industrialisés2(*)(NPI), a montré le rôle important que peut jouer l'industrie dans le développement d'un pays. Ces pays ont connu une croissance économique spectaculaire au cours des dernières décennies. La diversité de la production et des exportations, ajoutée à une stratégie commerciale agressive a largement contribué à leur rayonnement. Au fil des années, ces NPI en sont venus à vendre de moins en moins de produits primaires et de plus en plus de produits manufacturés à haute valeur ajoutée. De l'exemple de ces pays, l'industrie apparaît comme le seul secteur de l'économie capable de dégager des gains de productivité, des surplus important et de favoriser la compétitivité globale de l'économie.

L'économie camerounaise, comme celle de nombreux autres pays en développement est malheureusement encore dépendante du secteur primaire ; secteur qui est particulièrement exposé à l'évolution des conditions naturelles et des cours des produits d'exportation. En 2000 par exemple, les produits primaires (café, cacao, coton, pétrole, bois) représentaient 77 % des exportations en valeur du Cameroun.

Une diversification accrue en faveur du secteur industriel est donc un impératif à moyen terme pour le Cameroun. Or le secteur industriel camerounais connaît de nombreuses faiblesses structurelles qui freinent son développement et réduisent son impact sur l'économie. Conscient de ces faiblesses, du potentiel industriel du pays et de l'effet d'entraînement que l'industrie pourrait avoir sur les autres secteurs de l'économie, des mesures ont été envisagées par le gouvernement. On pouvait lire ce qui suit dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) :

« ...le gouvernement envisage à court terme entreprendre des actions d'appui, en complément de celles des acteurs privés du secteur, pour accroître le taux d'investissement dans le secteur industriel, renforcer la croissance et la compétitivité des entreprises manufacturières afin (i) de diversifier la production industrielle, (ii) d'augmenter la valeur ajoutée manufacturière et (iii) d'augmenter la part des exportations manufacturières, y compris celle des exportations non traditionnelles.»

La mise en oeuvre de ces mesures, en particulier de celles en rapport avec les exportations, serait très bénéfique à l'industrie camerounaise. Ces dernières années, la part des produits industriels dans les exportations a continué de stagner, se situant autour de 30 % entre 1998 et 2001. La propension à exporter3(*) de l'ensemble des entreprises industrielles n'a pas également connu d'évolution majeure ces dernières années. De 32,1 % en 1993/1994, elle est passée à 42,0 % en 1996/1997 pour retomber à 35,7 % en 1999/2000.

L'impact de l'activité industrielle sur l'économie du Cameroun en général et sur ses exportations en particulier semble être limité et cela malgré le fait que dans la politique de relance préconisée par le gouvernement depuis une décennie et réaffirmée dans le DSRP, l'industrie devrait jouer un rôle stratégique. À ce titre, ce secteur devrait être animé d'une dynamique de promotion des exportations qui doivent être compétitifs en qualité et en prix sur les marchés extérieurs.

Compte tenu d'une part du rôle important que pourrait jouer les exportations industrielles et d'autre part des performances actuelles de l'industrie dans ce domaine, la question suivante mériterait d'être posée : quels facteurs peuvent être pris en compte tant par les pouvoirs publics que par le secteur privé dans les politiques de promotion des exportations ?

L'analyse traditionnelle du commerce internationale met l'accent sur les variables macroéconomiques pour expliquer les performances à l'exportation d'une entreprise (demande, prix, concurrence, taux de change, etc.). Or ces variables qui constituent pour l'entreprise des conditions exogènes, sont difficilement maîtrisables par elle.

C'est pour résoudre ce problème que certaines études empiriques4(*) ont essayé d'expliquer les performances à l'exportation des entreprises à l'aide des caractéristiques individuelles de celles-ci. Ces études ont basé leur approche de l'exportation sur la question de la taille de l'entreprise. Selon elles, il existerait un seuil en terme de ressources financières et humaines qu'il serait bon de pouvoir dépasser avant de s'aventurer sur les marchés extérieurs. Ce résultat valide le principe selon lequel, la taille de l'entreprise est dépendante de celle de son marché.

Afin de déterminer pour les entreprises industrielles camerounaises, les caractéristiques individuelles pouvant expliquer leurs performances à l'exportation, nous nous sommes penchés sur le thème suivant : « Les déterminants des performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises ». Ce travail distingue la décision d'exporter de la propension à exporter. Il s'articule autour des deux questions principales suivantes :

- Quels facteurs peuvent expliquer la décision d'exportation d'une entreprise industrielle camerounaise ?

- Quels facteurs peuvent expliquer les performances à l'exportation d'une entreprise industrielle camerounaise qui décide d'exporter ?

En référence aux deux questions ci-dessus, les objectifs spécifiques de l'étude sont :

- identifier les profils des secteurs industriels en matière d'exportation ;

- déterminer les facteurs qui ont un impact significatif sur la décision d'exportation d'une entreprise industrielle ;

- déterminer les facteurs qui ont un impact significatif sur les performances à l'exportation d'une entreprise industrielle qui décide d'exporter.

Sur la base de tout ce qui précède, nous formulons l'hypothèse de travail suivante : toutes choses égales par ailleurs, la taille d'une entreprise industrielle et certains ratios de gestion et d'activité expliquent sa décision d'exportation et ses performances à l'exportation.

L'étude sera faite à l'aide de données issues des Déclarations Statistiques et Fiscales (DSF) produites par les entreprises industrielles au cours de l'exercice 2000/2001 et disponibles au Secrétariat Permanent du Plan comptable de l'Institut National de la Statistique (INS). Cette base sera complétée par celle de l'Enquête Annuelle dans l'Industrie de l'année 2000/2001, menée par la Sous-Direction des Statistiques d'Entreprises de l'INS. Nous nous limiterons dans ce travail aux secteurs industriels suivants : « Agro-industries », « Bois et papier », « Industries chimiques » et « Textiles et autres industries ».

Les résultats attendus de cette étude devraient permettre de mieux orienter les politiques en faveur des exportations. Plus spécifiquement, le produit de notre travail pourrait contribuer à préciser les rôles des acteurs que sont les pouvoirs publics et le secteur privé, dans l'amélioration des performances à l'exportation de l'économie camerounaise. À cet effet, le présent document comporte deux parties.

La première partie présente le cadre général de l'étude. Elle est subdivisée en trois chapitres. Le chapitre 1 donne un aperçu de certains développements théoriques disponibles sur le comportement des entreprises face à l'exportation. Le chapitre 2 présente brièvement les performances économiques du Cameroun ces dernières années notamment en matière de commerce extérieur. Le chapitre 3 décrit l'environnement dans lequel fonctionnent les entreprises industrielles camerounaises.

La deuxième partie fait une analyse statistique des comportements à l'exportation des entreprises industrielles du Cameroun. Elle comprend deux chapitres. Le chapitre 4 donne la méthodologie d'analyse ; les concepts utilisés et les modèles estimés y sont également présentés. Le chapitre 5 présente les résultats des modèles et en fait une brève analyse.

1ère Partie : CADRE GÉNÉRAL DE L'ÉTUDE

CHAPITRE 1 : ANALYSE THÉORIQUE DES COMPORTEMENTS À L'EXPORTATION DES ENTREPRISES

L

e contexte économique actuel marqué par une interdépendance de plus en plus croissante des économies se traduit entre autres par un développement des échanges de biens et services entre pays. La pratique du commerce international devient, dans ce contexte un impératif. Grâce au commerce international, un pays peut consommer plus que ce qu'il produit avec ses ressources propres et/ou élargir ses débouchés afin d'écouler sa production.

Dans un pays, deux niveaux d'influence et deux acteurs principaux sont indispensables pour le développement du commerce international. Il s'agit :

- des pouvoirs publics et de l'environnement commercial ;

- des entreprises et du marché.

Les acteurs ci-dessus cités ont des comportements différents. C'est notamment le cas des entreprises, qui doivent situer leur essor international dans le cadre d'une stratégie globale de développement. La décision de vendre à l'étranger devrait faire partie d'un processus progressif de croissance et d'internationalisation de l'entreprise.

1.1 LE PROCESSUS DE CROISSANCE ET D'INTERNATIONALISATION DE L'ENTREPRISE

1.1.1 LA CROISSANCE DE L'ENTREPRISE

La croissance d'une entreprise est assimilée à l'augmentation de sa taille. Plusieurs critères sont utilisés pour la mesurer. On peut citer par exemple : le chiffre d'affaires, l'effectif du personnel employé, la part de marché détenue, la valeur ajoutée, etc.

Les raisons de la croissance d'une entreprise sont multiples. Celles généralement évoquées sont :

- la volonté pour les dirigeants de l'entreprise de dominer un marché, de s'imposer comme leader dans un domaine déterminé ;

- le désir d'accéder à une taille conséquente facilitant d'une part l'acquisition des moyens financiers et matériels permettant d'améliorer la qualité du travail par des investissements divers (recherche et développement, marketing, formation, etc.) et d'autre part les rapports professionnels avec les tiers (banquiers, fournisseurs).

- le désir de dépasser la taille critique (ou masse critique), taille permettant de pénétrer un marché, de s'y imposer ou de s'y maintenir ;

- la nécessité de réduire les coûts des produits fabriqués en atteignant des économies d'échelle.

Des raisons de la croissance de l'entreprise énoncées ci-dessus, on pourrait en déduire que l'internationalisation - c'est-à-dire le fait pour une entreprise de se développer en dehors de son marché national - est une conséquence du processus naturel de croissance de la firme. Selon plusieurs auteurs, être fort sur son marché domestique est un préalable du développement international. Une entreprise qui s'internationalise passe progressivement du marché local au marché mondial.

1.1.2 L'INTERNATIONALISATION DE L'ENTREPRISE

Il s'agit d'une stratégie de développement de l'entreprise en dehors de son marché domestique. Elle suit un processus dont la première étape est l'exportation.

1.1.2.1 LE PROCESSUS D'INTERNATIONALISATION

Pour expliquer pourquoi une entreprise ne pouvait rester insensible aux développements internationaux, certains analystes ont pensé que les produits vendus sur le marché international obéissaient à un cycle.

1.1.2.1.1 La théorie du cycle de vie international

i) Le modèle théorique

Théorie développée par Louis Wells5(*) à partir du concept de cycle de vie du produit6(*), le cycle de vie international du produit comporte quatre phases :

§ Phase 1 : L'exportation à partir du pays d'origine.

Un nouveau produit est lancé sur le marché domestique. Le produit y réussit tellement bien que l'entreprise décide de le vendre à l'étranger.

Cette étape correspond au lancement ainsi qu'à une partie de la phase de croissance du produit.

§ Phase 2 : Les débuts de la production étrangère.

Les marchés des pays importateurs connaissent une croissance rapide. L'entreprise innovatrice, par son dynamisme commercial, ouvre des marchés. Elle transforme des demandes potentielles en demandes effectives.

À mesure qu'elles se familiarisent avec le produit vendu sur leur territoire, certaines entreprises étrangères commencent à le fabriquer, soit en le copiant, soit sous licence. Cela a pour effet d'accroître la notoriété du produit. Afin d'encourager la production locale et limiter les exportations, il arrive qu'à ce stade les pouvoirs publics des pays importateurs augmentent les droits de douane.

Cette phase correspond à la fin de la croissance et au début de la maturité du produit.

§ Phase 3 : Les pays suiveurs exportent à leur tour.

La conquête des marchés extérieurs par la firme innovatrice et le succès international du produit suscitent les réactions de la concurrence. Les fabricants étrangers, continuant à accroître leur production pour ravitailler leur propre marché, font des gains de productivité et commencent à exporter vers d'autres pays. Bénéficiant de l'effet d'expérience, ceux-ci vont jusqu'à entrer en concurrence avec les firmes du pays d'origine sur les marchés tiers. D'une manière générale, les entreprises capables de dégager un avantage de coût sur un produit largement banalisé en raison de sa réussite et de sa diffusion cherchent à développer leur propre capacité de production et d'exportation.

Cette phase est caractéristique de la phase de maturité du produit.

§ Phase 4 : Le pays d'origine importe.

Le volume croissant de la production étrangère, souvent lié à des avantages en matière de main d'oeuvre, permet de baisser les coûts et d'attaquer directement le pays d'origine qui devient importateur du produit qu'il a contribué à lancer.

ii) Les conséquences sur la gestion des entreprises

La théorie du cycle de vie international du produit telle que considérée ci-dessus a de nombreuses conséquences sur la gestion de l'entreprise. Cette théorie, se veut être un modèle à la fois descriptif et prescriptif.

En tant que modèle descriptif, elle est un excellent outil d'analyse du comportement exportateur des entreprises. En tant que modèle prescriptif, elle constitue un outil d'aide à la décision pour l'entreprise. Cette théorie suggère à l'entreprise un mode de développement articulé autour du modèle suivant :

Lancement du produit sur le marché local.

Le marché local doit pouvoir servir de tremplin au développement international du produit de l'entreprise. Pour cela, la demande effective (solvable) doit y être suffisamment élevé afin de pouvoir absorber une grande partie des dépenses supportées par l'entreprise pour la mise au point du produit (recherche et développement, investissements divers). Il doit être un marché de référence et donc, être à même de conférer au produit une excellente image de marque. La part de marché détenue par l'entreprise doit y être élevée.

La conquête des marchés similaires au marché local.

L'entreprise se préoccupe d'abord de son marché national, puis lorsque celui-ci arrive à saturation, elle se tourne vers les marchés semblables.

La modification du mode de développement international.

Afin de limiter les effets de la concurrence des pays suiveurs, l'entreprise peut à un moment donné, modifier son mode de développement international. Elle peut ainsi procéder à des investissements directs étrangers vers des pays à bas coûts de revient. Cette approche lui permettra de réagir face à une concurrence très forte caractérisée par une lutte en termes de prix.

Afin d'être une réussite pour l'entreprise, le processus de transition entre le marché d'origine et le marché international devra donc obéir à un schéma rigoureux.

1.1.2.1.2 Du marché local au marché international

Le passage de l'entreprise du marché local au marché international lui permet d'engranger un certain nombre de gains cumulatifs qui lui sont très favorables. Il s'agit de :

L'effet marché d'origine.

Cet effet se caractérise par deux forces antagonistes. D'une part, un marché local considérable diffère le recours à l'internationalisation comme modalité de développement de l'entreprise, d'autre part, l'importance du marché local permet à l'entreprise d'aborder les marchés extérieurs en toute confiance en raison des économies d'échelle dont elle bénéficie.

L'effet de similitude.

La réussite sur le marché local conduit l'entreprise à s'intéresser aux marchés de proximité. L'entreprise exporte d'abord dans des pays culturellement proche du sien c'est-à-dire partageant le même système de valeurs et les mêmes façons d'agir. Cette façon de procéder permet à l'entreprise de valoriser rapidement et à moindres risques et coûts, l'avantage concurrentiel acquis sur le marché local.

L'effet d'expérience.

L'attitude de prudence de l'entreprise qui, après le marché local s'intéresse d'abord aux marchés de proximité s'estompe progressivement. Bénéficiant de l'effet d'expérience, l'entreprise maîtrise mieux les aléas liés aux marchés internationaux (barrières commerciales, risques de change, etc.). À ce stade, l'entreprise augmente le nombre de marchés abordés.

1.1.2.2 LES LIMITES DE LA NOTION DE CYCLE DE VIE INTERNATIONAL DU PRODUIT

Le modèle d'internationalisation suggéré par la théorie du cycle de vie international du produit a été largement utilisé. Toutefois, son usage est aujourd'hui réduit en raison des nombreuses limites qu'elle présente. Le schéma traditionnel décrit par la théorie du cycle de vie international est de plus en plus remis en cause et cela pour plusieurs raisons.

Le modèle décrit présente la maîtrise de son marché domestique comme une condition préalable au développement international de l'entreprise ; celui-ci devra d'abord être saturé avant que l'entreprise ne se tourne vers les marchés étrangers. Or la concurrence est souvent internationale dès l'origine (du fait de l'interpénétration des marchés), en sorte que la question de l'exportation ne se pose plus seulement après la maîtrise du marché domestique. Elle est susceptible de se poser dès l'émergence de ce marché. En ce sens, l'exportation peut devenir une contrainte dans le plan de développement de l'entreprise avant même que d'être un choix.

L'émergence dans le commerce mondial des firmes exportatrices appartenant à des pays sans marché interne (Sud-est asiatique, Amérique Latine,...) a montré qu'il est possible de réussir son développement international sans bénéficier du soutien du marché local. L'existence d'un marché local restreint a même contraint certaines entreprises à se tourner très vite vers l'international pour s'assurer le volume d'activité indispensable à leur survie.

Au-delà des limites évoquées plus haut, on peut remarquer que beaucoup d'entreprises qui décident de s'internationaliser commencent par être des exportateurs.

1.1.2.3 LES STRATÉGIES D'EXPORTATION

L'entreprise qui désire s'internationaliser suit un processus de développement dont la première étape est généralement l'exportation. À ce stade, plusieurs stratégies s'offrent à elle. On peut citer :

- L'exportation indirecte.

Ici l'entreprise continue de fabriquer les produits qu'elle exporte dans son pays d'origine, elle se contente parfois d'une modification marginale de sa gamme, de son organisation, de ses investissements et de ses objectifs.

L'entreprise qui exporte indirectement ses produits le fait par l'intermédiaire de sociétés spécialisées en import-export ou des concessionnaires. Cette méthode requiert moins d'investissement et limite les risques car, l'intermédiaire apporte son savoir-faire et ses services, ce qui permet d'éviter un certain nombre d'erreurs.

- L'exportation concertée.

Le produit exporté est toujours fabriqué dans le pays d'origine. L'entreprise se joint à une coopérative qui exporte au nom de plusieurs producteurs assumant collectivement la gestion et le contrôle. Cette méthode permet de limiter les coûts et de bénéficier de la compétence des partenaires. Elle est souvent utilisée pour l'exportation des produits agricoles.

- L'exportation directe.

À ce niveau, les ventes de l'entreprise ont généralement atteint une dimension suffisante ; elle décide donc de ne plus passer par des intermédiaires. Cette méthode entraîne des investissements et des risques plus élevés, mais elle permet d'espérer des bénéfices plus important grâce à une maîtrise des débouchés.

La mise en oeuvre d'une de ces stratégies demande une analyse préalable de la capacité à exporter de l'entreprise.

1.2 LES MODÈLES D'ANALYSE STRATÉGIQUE

Une stratégie est définie comme étant « un ensemble de décisions supposées cohérentes et ayant des implications sur l'évolution à long terme de l'entreprise.» Le contexte actuel de mondialisation des économies, marqué par une concurrence effrénée, oblige justement les entreprises à réfléchir dans des modes de stratégie adaptée faute de quoi, celles-ci seront appelées à gérer les urgences.

La décision d'exporter ou de s'internationaliser, fait partie de ces décisions qui avant d'être prise devraient tenir compte des potentialités de l'entreprise et de sa stratégie de développement à long terme. Le préalable à toute décision d'exportation doit donc être un diagnostic export.

1.2.1 LE DIAGNOSTIC EXPORT

Avant de décider d'exporter tout ou partie de sa production, l'entreprise doit absolument évaluer sa capacité à exporter et son degré de préparation au marché mondial. Une telle approche permet à l'entreprise de s'assurer que les conditions de réussite sur le marché international sont réunies de façon durable. Le diagnostic export est, à ce titre, un outil d'analyse critique et d'aide à la décision pour l'entreprise qui souhaite développer une activité internationale.

Le diagnostic export doit permettre à l'entreprise d'identifier :

§ Ses forces (compétences, ressources humaines et financières, savoir faire organisationnel, etc.) sur lesquelles elle peut compter pour faire face aux risques et difficultés associés à une opération d'exportation ;

§ Ses faiblesses au niveau des ressources et compétences internes qui doivent faire l'objet d'amélioration pour accroître ses chances de réussite sur les marchés étrangers.

À l'issue de ce diagnostic, l'entreprise décidera d'exporter ou de ne pas exporter. Elle exportera au cas où elle ne présenterait aucune faiblesse majeure qui puisse l'empêcher de le faire.

Plusieurs approches s'offrent à une entreprise qui aimerait réaliser son diagnostic export. Parmi les approches les plus utilisées, nous avons l'approche dite « classique » et l'approche dite de « la chaîne de valeur ».

1.2.1.1 L'APPROCHE CLASSIQUE : L'ÉVALUATION DES GRANDES FONCTIONS DE L'ENTREPRISE

L'entreprise qui fait usage de cette approche, évalue sa position relativement aux grandes fonctions de l'entreprise. Une fonction est « l'ensemble d'actions ou d'activités cohérentes destiné à satisfaire un impératif de l'entreprise tel que vendre, acheter, distribuer, administrer, ...». Les fonctions les plus généralement répertoriées se réfèrent aux domaines suivants : la production, les finances, les ressources humaines et organisationnelles, le marketing. Une analyse de l'entreprise suivant ces différentes fonctions permettra de vérifier si elle est prête à exporter.

1.2.1.1.1 La fonction production

L'entreprise qui désire exporter son produit, doit se préparer à une augmentation de la demande potentielle et être à même de la satisfaire si celle-ci se commuait en demande effective. L'entreprise devra à ce niveau évaluer sa capacité de production ainsi que l'état de son outil de production.

La connaissance par l'entreprise de la capacité de production utilisée, lui permet de déterminer celle qui est disponible. La capacité de production excédentaire doit pouvoir lui permettre de satisfaire les commandes supplémentaires provenant des marchés étrangers ciblés ainsi que la demande actuelle sur le marché domestique. L'idéal pour l'entreprise est d'être capable de produire la demande supplémentaire dans les délais exigés, sans surcoûts rédhibitoires et sans investissements majeurs.

La qualité de l'outil de production de l'entreprise doit pouvoir lui permettre d'être performante, efficace et compétitive pour faire face à la concurrence dans un contexte international.

1.2.1.1.2 La fonction financière

L'exportation peut prendre beaucoup de temps avant d'être rentable. Or elle induit :

- des coûts supplémentaires à court terme tels que l'augmentation de la capacité de production, l'adaptation du produit au marché cible, la prospection de nouveaux marchés, la recherche des partenaires, la mise en oeuvre de moyens de communication et de promotion, les frais d'assurance, ... ;

- des risques commerciaux et financiers (risque de non-paiement et de change, risque de signature) plus élevés.

L'entreprise, pour y faire face, doit donc disposer au moment de l'exportation, des ressources financières suffisantes pour financer ses investissements (techniques, humains, financiers, commerciaux), à la fois dans le pays domestique et à l'étranger.

L'analyse de la capacité financière de l'entreprise lui permet globalement de mesurer sa capacité à investir dans un projet d'exportation. Cette analyse peut revêtir un double aspect. Premièrement, elle permet à l'entreprise de s'assurer qu'elle est suffisamment indépendante financièrement et dispose de capitaux propres importants. Cet aspect est très important puisqu'une forte dépendance de l'entreprise vis-à-vis de ses créanciers limite son dynamisme en réduisant ses capacités d'emprunt et d'investissement.

Deuxièmement, elle lui permet de s'assurer qu'elle dispose d'un fonds de roulement7(*) important pouvant absorber ses besoins en fonds de roulement8(*). En effet, une entreprise industrielle a régulièrement besoin de fonds pour financer son cycle d'exploitation. Celle-ci doit engager de l'argent pour faire fonctionner son cycle d'exploitation afin d'obtenir les produits destinés à la vente. Or, en attendant d'encaisser l'argent provenant des ventes, le cycle d'exploitation ne doit pas s'arrêter, il doit continuer de fonctionner. La contrainte sur le fonds de roulement est davantage importante lorsqu'il s'agit d'une entreprise exportatrice. Pour celle-ci, les besoins en fonds de roulement ont tendance à croître en raison notamment de l'augmentation des stocks, de l'augmentation du volume des créances clients (liée à l'accroissement du chiffre d'affaires) et de l'allongement de leur durée.

L'entreprise exportatrice devra également disposer de liquidités suffisantes pour faire face aux difficultés de trésorerie liées aux risques de change et de non-paiement.

1.2.1.1.3 La fonction « ressources humaines et organisationnelles »

Le niveau de formation et d'expérience des ressources humaines de l'entreprise est un facteur clé de sa réussite sur les marchés étrangers. Les tâches afférentes à une opération d'exportation demandent à être effectuées par un personnel qualifié disposant d'un bon niveau de compétence et d'expertise dans les domaines suivant : législations étrangères, distribution, langues étrangères, cultures et pratiques commerciales étrangères, etc. L'organisation du travail au sein de l'entreprise devra également tenir compte de l'activité d'exportation surtout si celle-ci n'y est pas marginale.

1.2.1.1.4 La fonction marketing

L'entreprise qui veut s'attaquer aux marchés étrangers, doit mettre sur pied une bonne politique marketing. L'analyse du marché domestique, l'étude des marchés étrangers, l'étude du produit, l'étude des goûts, la distribution, le prix, la communication... sont autant de domaines et de facteurs qui peuvent permettre à l'entreprise de décider d'exporter ou pas. Grâce à l'étude des marchés étrangers, l'entreprise peut savoir si ses produits sont adaptés à ces marchés et si les prix qu'elle y pratique sont acceptables.

1.2.1.2 L'APPROCHE DE LA CHAÎNE VALEUR9(*)

La mise sur pied d'un produit est le résultat d'un processus séquentiel de plusieurs étapes contribuant respectivement à la définition du produit, à sa production et sa commercialisation. L'idée centrale du concept de la chaîne de valeur est que dans l'entreprise toute fonction doit contribuer à la création de la valeur ajoutée.

La chaîne de valeur est la décomposition chronologique de toutes les activités (au sein ou en dehors de l'entreprise) nécessaires pour aboutir à l'offre du produit ou à la délivrance du service. La mise en oeuvre de ce concept par l'entreprise consiste à détailler pour chaque domaine d'activité les principales fonctions, les actions qu'elles réalisent et leurs articulations. Ces activités interdépendantes peuvent être scindées entre :

· les activités primaires ou opérationnelles que sont la production, la commercialisation et la vente ainsi que le service ;

· les activités de soutien, à savoir l'infrastructure de l'entreprise, ses systèmes d'information, ses ressources financières, le marketing, les ressources humaines, la recherche et développement, l'approvisionnement et la logistique.

Ces activités sont non seulement reliées entre elles au sein de l'entreprise mais également liées aux activités des fournisseurs, aux réseaux et aux clients de l'entreprise. Chacune d'entre elles peut constituer une force ou une faiblesse de l'entreprise. L'entreprise doit déterminer pour chacune de ces activités, son coût et la valeur ajoutée qu'elle apporte. Si une activité n'apporte pas de valeur ajoutée au produit ou au service, son utilité peut être remise en cause.

Dans le cadre d'une activité export, l'analyse des différents éléments de la chaîne de valeur permet à l'entreprise d'identifier son avantage concurrentiel ainsi que ses faiblesses par rapport à la concurrence, ces dernières devant être palliées si elle désire maximiser ses chances de succès sur les marchés étrangers.

1.2.2 LES GRANDES ORIENTATIONS STRATÉGIQUES

L'entreprise qui décide de s'internationaliser peut poursuivre pour son développement international, plusieurs objectifs. Bien que variés, ces objectifs s'inscrivent pour l'essentiel dans l'une des grandes orientations stratégiques suivantes : les stratégies de coût, les stratégies de différenciation, les stratégies de spécialisation et les stratégies de diversification, les stratégies de dumping. Le régime de la zone franche mis en place par les pouvoirs publics est également une stratégie de promotion des exportations.

1.2.2.1 LES STRATÉGIES DE COÛT

Les stratégies de coût ont pour objectif la minimisation des coûts complets de l'entreprise. Ces stratégies sont plus à la portée des grandes entreprises, car celles-ci sont capables de réunir les ressources suffisantes leur permettant de supporter les effets pervers pouvant découler de leur mise en oeuvre. C'est l'aptitude de l'entreprise à obtenir les coûts les plus bas qui constitue à ce niveau le facteur clé de succès. Si, sur le marché considéré, il existe un prix de marché, l'entreprise qui a les coûts les plus bas, réalise les bénéfices les plus importants et peut investir pour renforcer sa position. Tous les coûts sont concernés : dépenses de recherche et développement, coût de production, dépense de distribution et commercialisation, etc.

La recherche du coût minimal passe par un effet de volume ou par un effet de coûts des facteurs de production.

Au niveau de l'effet de volume, l'entreprise peut parvenir à un coût unitaire réduit grâce à une production et un volume de vente de plus en plus important. Les économies d'échelle et l'effet d'expérience - surtout lorsque les produits fabriqués sont complexes - permettent à l'entreprise de parvenir à une diminution des coûts unitaires de production.

L'entreprise peut également minimiser ses coûts en recherchant les facteurs de production là où ils sont moins coûteux.

La mise en oeuvre des stratégies de coût n'est pas sans conséquence sur le développement international de l'entreprise. La recherche de nouveaux marchés pays par une entreprise donnée, lui permet d'élargir sa demande potentielle et d'atteindre la taille critique exigée par son secteur d'activité. L'entreprise qui veut atteindre cette taille critique par l'internationalisation doit fabriquer ses produits pour un marché mondial, ce qui lui évite les dépenses liées à l'adaptation du produit. Le phénomène de délocalisation de la production pour bénéficier de coûts bas de main d'oeuvre et de matières premières est également l'une des conséquences des stratégies de coût qu'adoptent les entreprises.

1.2.2.2 LES STRATÉGIES DE DIFFÉRENCIATION

La différenciation consiste à mettre à la disposition du consommateur une offre dont le caractère unique est reconnu et valorisé par ce dernier. Cette stratégie place l'entreprise sur un champ concurrentiel à part et exige pour sa mise en oeuvre une forte capacité d'innovation.

La mise en oeuvre de ce type de stratégie a des conséquences sur le développement international de l'entreprise. Elle induit de gros effort de communication pour faire connaître aux consommateurs le positionnement choisi c'est-à-dire les éléments différenciant l'offre de l'entreprise de celle des concurrents.

1.2.2.3 LES STRATÉGIES DE SPÉCIALISATION

L'entreprise se concentre dans un domaine d'activité et s'intéresse à un segment restreint de son marché où elle pourra s'imposer comme spécialiste. L'objectif recherché est d'atteindre le meilleur niveau de compétence possible et d'en faire un avantage décisif. L'avantage concurrentiel de l'entreprise n'est plus fondé sur le partage des coûts grâce à des volumes importants mais sur la concentration des ressources qui permet de valoriser au maximum la compétence.

Les conséquences de ce type de stratégie sur le développement international de l'entreprise sont multiples. L'entreprise spécialiste opérant sur un segment étroit, doit compenser cela par une forte extension géographique de son marché. Très souvent, la spécialisation pousse à la globalisation. Une entreprise qui se spécialise se voit donc très rapidement confronté à la décision d'internationalisation.

Un spécialiste se doit de contrôler son image sur tous ses marchés. Le choix de la spécialisation comme orientation stratégique conduit l'entreprise à privilégier les solutions d'accès aux marchés avec maîtrise complète (filiale de distribution, filiale industrielle, bureau de représentation, etc.).

1.2.2.4 LES STRATÉGIES DE DIVERSIFICATION

La diversification est un choix stratégique fait par une entreprise décidant d'ajouter de nouvelles activités à son activité principale.

Il existe deux grands modes de diversification : la diversification technique, qui consiste à recourir à de nouvelles matières ou à de nouvelles techniques et la diversification commerciale, qui revient à développer de nouveaux produits ou de nouveaux marchés. Quand ces quatre paramètres sont visés en même temps, on parle de diversification intégrale.

La diversification vise souvent à répartir les risques. Si l'entreprise a plusieurs activités, il est en effet peu probable que celles-ci soient touchées toutes en même temps par des difficultés. Elle vise également à améliorer la rentabilité, car les nouveaux marchés sont en général générateurs de profits élevés puisque la concurrence y est plus faible.

Les conséquences des stratégies de diversification sur le développement international de l'entreprise se situent au niveau du choix des nouvelles activités et du choix des marchés. L'entreprise qui opte pour la diversification par de nouvelles activités peut accélérer son développement international, surtout si celle-ci s'opère par croissance externe (rachat d'une autre entreprise). La diversification géographique - c'est-à-dire par de nouveaux marchés - est par essence une stratégie de développement international.

1.2.2.5 Les stratégies de dumping

Le dumping est une pratique commerciale consistant à exporter et à vendre sur un marché étranger un produit à un prix inférieur de celui pratiqué dans le pays d'origine. Cette stratégie commerciale est une forme abusive de soutien aux exportations, raison pour laquelle elle est soumise à des règles spéciales et à des sanctions par le droit international.

La mise en oeuvre de ce type de stratégie à des conséquences sur le développement international de l'entreprise. Elle induit de gros effort de vente sur le territoire national, le produit fabriqué étant souvent vendu à l'étranger à un prix inférieur à son coût de revient.

Le dumping inverse, moins fréquent, consiste à vendre un produit à un prix plus élevé aux clients étrangers qu'aux clients nationaux.

1.2.2.6 Le régime de la zone franche : une stratégie gouvernementale

Les zones franches sont des zones géographiques bien délimitées dont l'accès est placé sous la surveillance douanière. Les marchandises entrant dans les zones franches en provenance de l'extérieur sont exonérées de droits et taxes douaniers. De même, les marchandises à destination de l'étranger sortant de la zone franche ne sont ni soumis au contrôle ni au paiement des droits et taxes douaniers. Ces zones sont généralement industrielles. Les nombreux avantages qu'elles offrent peuvent être bénéfiques aux entreprises essentiellement exportatrices.

CHAPITRE 2 : LES PERFORMANCES DE L'ÉCONOMIE CAMEROUNAISE

A

près les années glorieuses de la fin de la décennie 1970 et de la première moitié des années 1980, le Cameroun entre dans une période de crise sans précédent. L'ajustement monétaire intervenu en 1994 à la suite de la dévaluation du franc CFA viendra donner quelques lueurs d'espoir quant à une éventuelle sortie de crise. La jeune histoire économique du Cameroun d'après les indépendances peut ainsi être divisée en 3 périodes : (i) la période avant 1985/86, (ii) la période 1985/86 - 1993/94, (iii) la période à partir de 1994/95. Chacune de ces périodes se distingue des autres par les politiques économiques mises en oeuvre et les performances économiques enregistrées. Nous allons dans ce chapitre, présenter les politiques économiques mises en oeuvre au Cameroun ces dernières années, ainsi que les résultats obtenus. Nous insisterons particulièrement sur les performances du commerce extérieur.

2.1 LES POLITIQUES MISES EN oeUVRE

Au lendemain des indépendances, les actions stratégiques de développement entreprises au Cameroun sont axées vers le secteur primaire. Les plans quinquennaux de développement sont élaborés et mis en oeuvre. Ces plans comportaient des aspects consacrés au développement de l'industrie avec au départ, une logique de substitution aux importations. Les plans successifs mis en oeuvre sont au nombre de six ; le sixième plan ayant été interrompu en cours d'exécution.

Ú Le 1er plan (1961-1966). Ce plan fait une part belle à l'agriculture, présentée comme la base de l'économie camerounaise. L'activité industrielle est encore naissante. L'Etat est au centre de la réalisation des infrastructures économiques et des équipements sociaux. Le maître mot est « développement autocentré ».

Ú Le 2ème plan (1966-1971). Il conserve les mêmes priorités que le premier plan. Le secteur privé prend en main un certain nombre d'activités productives ; activités concernant des domaines aussi variés que les industries manufacturières, l'exploration minière et pétrolière.

Ú Le 3ème plan (1971-1976). De nombreuses sociétés de développement sont crées par l'Etat, surtout dans le secteur primaire (SODECOTON, HEVECAM, SODECAO ...).

Ú Le 4ème plan (1976-1981). L'effort d'investissement se poursuit, principalement dans les industries de transformation. L'accent est également mis sur une plus grande participation du secteur privé particulièrement dans les activités industrielles. Les ressources pétrolières sont mises en valeur dès 1977. Le levier engendré par les nouveaux investissements apparaît comme un accélérateur de la croissance. Le Cameroun enregistre au cours de la période un taux de croissance record de 13 %.

Ú Le 5ème plan (1981-1986). Il est marqué par la rupture du trend expansionniste précédent. Au cours de l'exercice budgétaire 1985/1986, l'économie connaît une baisse brutale des revenus d'exportation. La baisse concerne aussi bien le pétrole que les autres produits d'exportation ; elle se chiffre à 329 milliards de FCFA environ, soit l'équivalent de 8,2 % du Produit Intérieure Brut (PIB). L'Etat prend des mesures d'allègement de son lourd portefeuille devenu de plus en plus difficile à gérer.

Ú Le 6ème plan (1986- ). Amorcé en 1986, ce plan est interrompu en 1987 en raison de la dégradation de l'activité économique. Cette dégradation s'accélère en 1986/1987, en raison de la baisse persistance des cours des principaux produits d'exportation (pétrole, café, cacao, coton). Les taux de croissance deviennent négatifs. De 1986 à 1988, les termes de l'échange chutent de 44 %.

Pour faire face à la crise, le gouvernement prend des mesures d'ajustement interne notamment la contraction des dépenses publiques. Toutefois, ces mesures s'avéreront insuffisantes. Les indicateurs économiques continuent à se dégrader. L'endettement extérieur du pays, devenus plus important, n'apporte aucune solution. Le gouvernement, de concert avec les organismes financiers internationaux, engage d'autres réformes. Celles-ci également s'avéreront inefficaces. Des baisses drastiques de salaires sont opérées dans la fonction publique en 1993, de l'ordre de 70 à 75 %.

L'ajustement monétaire intervenu en 1994, les gains de compétitivité induits et les politiques économiques mises en oeuvre permettront de sortir du marasme. Le taux de croissance devient de nouveau positif en 1994/1995 et s'établit autour de 5 % les années suivantes. Le gouvernement exécute par la suite de nouveaux programmes d'ajustement structurel conclu avec le FMI.

2.2 LES PERFORMANCES ÉCONOMIQUES

De nombreux éléments peuvent nous permettre d'apprécier les performances économiques du Cameroun. Parmi ceux-ci, on peut citer la répartition sectorielle du PIB ainsi que son taux de croissance.

La répartition sectorielle du PIB montre que le secteur tertiaire y a toujours prédominé. Durant la décennie 1970, alors que l'agriculture était au coeur du développement économique du Cameroun, le secteur primaire occupait le deuxième rang dans la répartition sectorielle du PIB ; l'industrie étant encore naissante. Les structures rurales à forte autoconsommation et à faible capacité d'accumulation étaient prédominantes. L'effort d'industrialisation entrepris dans la décennie 1980 a fait passer le secteur secondaire au second rang dans la répartition du PIB. La récession économique dans laquelle entre le pays et qui se poursuit jusque dans la première moitié de la décennie 90 frappe de plein fouet le secteur productif. On assiste à une baisse de la valeur ajoutée industrielle plus importante que celle observée dans le secteur primaire.

Sur la période 1960-1993, le Cameroun connaît plusieurs rythmes de croissance. De 1960 à 1976, le taux de croissance annuel moyen est de 3 %. Entre 1977 et 1981, le Cameroun profite du début de la production pétrolière pour voir son taux de croissance s'établir à 11 %. Sur la période 1982-1985, celui-ci se stabilise à 7 %. Le Cameroun entre dans une phase de crise de 1986 à 1993 ; le taux de croissance oscille pendant cette période entre - 8 et - 2 %. Depuis sa sortie de crise, le taux de croissance s'est établi autour de 5 % ; le taux d'inflation est maintenu en dessous de 3 %. Le Cameroun a eu à exécuter avec succès un programme économique et financier triennal (du 1er juillet 1997 au 30 juin 2000) appuyé par le FMI ; il a pu ainsi bénéficier de certaines mesures d'allègement de sa dette extérieure à travers son admission à l'Initiative Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE). Ce programme visait à (i) consolider l'assainissement de la situation des finances publiques et à (ii) mettre en place les conditions d'une croissance économique soutenue et d'un redressement tangible du niveau de vie des populations.

2.3 LES PERFORMANCES DU COMMERCE EXTÉRIEUR

L'économie camerounaise a toujours été très peu diversifiée, son commerce extérieur étant constitué de quelques produits facilement repérables (cacao, café, pétrole, bois, coton, banane).

L'essentiel de la décennie 1970 a été marqué par la prédominance des cultures de rente que sont le cacao et le café dans les exportations. Entre 1970 et 1978, ces deux produits contribuent en moyenne pour 50 % des exportations en valeur du Cameroun. La fin des années 1970, caractérisée par le début de l'exploitation pétrolière et la mise en valeur plus accrue du bois brut, voit ces deux produits s'ajouter aux deux précédents, occupant ainsi à eux seuls près de trois quarts des exportations en valeur du pays. Globalement, la part des produits exportés dans le PIB - traduisant l'effort à l'exportation du pays - avoisine durant cette décennie 15 %. Du point de vue de la balance commerciale, on peut distinguer deux périodes sur la décennie 1970. La première moitié de cette décennie est caractérisée par une balance commerciale alternant le chaud et le froid. Au cours de la seconde moitié, en raison de la transformation (construction de routes, d'hôpitaux et autres infrastructures) du pays et de l'apparition du secteur productif - à forte propension à importer -, la balance commerciale devient déficitaire. En 1979 par exemple, les taux d'importation10(*) et d'exportation11(*) sont respectivement de 19 % et 16 %.

La première moitié de la décennie 1980, tout comme la fin de la précédente, se caractérise par un poids de plus en plus importants des produits primaires - cacao, café, bois brut, pétrole brut - dans les exportations en valeur du Cameroun. Les exportations de coton commencent également à occuper une part importante dans les exportations totales. La forte dépendance du Cameroun à l'égard des produits d'exportation primaires et la chute du cours de ces produits seront les principaux facteurs explicatifs de la crise économique que connaîtra le pays à partir de 1985. Les années qui suivent sont marquées par une baisse considérable de l'ensemble des revenus d'exportations.

Les produits d'exportations traditionnels du Cameroun continuent à être les mêmes durant la décennie 1990. En 1992, ces produits représentent 91 % des exportations totales du pays. Cette décennie est également marquée par la dévaluation du franc CFA en janvier 1994 ; dévaluation dont l'un des objectifs majeurs était la sortie de crise grâce à des recettes d'exportations plus importantes. Cet objectif sera atteint, puisque le pays renouera avec des taux de croissance positifs. La hausse des cours du pétrole durant une partie de cette décennie augmentera la part des produits pétroliers - déjà très importante - dans les exportations totales. Cette part (en valeur) oscillera entre 30 et 50 % entre 1996 et 2000. Le corollaire de cette situation étant une balance commerciale hors pétrole déficitaire. En effet, entre 1997 et 2000, la balance commerciale hors pétrole est demeurée déficitaire, avec pourtant des taux de couverture des importations par les exportations nettement supérieurs à 100 %.

Le tableau ci-dessus nous donne la valeur de certains indicateurs du commerce extérieur du Cameroun ces dernières années.

Tableau 1 : Quelques indicateurs du commerce extérieur du Cameroun (en %)

Période

1974

1979

1983

1985

1992

1998

Part des principaux produits

d'exportation12(*)

68,31

83,14

79,35

51,21

90,54

76,85

Part du pétrole dans

les exportations

-

23,59

40,32

20,30

54,19

30,44

Taux d'exportation

19,74

16,93

12,69

19,89

13,87

17,85

Taux d'importation

18,07

19,23

14,62

12,52

-

15,97

Taux de couverture13(*)

109,21

88,03

86,85

158,96

-

111,80

Taux de couverture hors pétrole

109,21

67,27

51,83

126,70

-

77,77

Source : INS, Nos calculs

L'économie camerounaise a connu une évolution en dents de scie au cours des quarante dernières années. Les conséquences des dix années de récession (de 1985 à 1994) sont loin d'être effacées. Certes, la dévaluation du franc CFA en 1994 a laissé entrevoir d'excellents résultats pour l'économie du pays. Toutefois, de nombreuses entraves à la croissance subsistent encore. On peut citer : la non diversité de l'économie, le manque d'infrastructure et le déficit énergétique. S'agissant de l'énergie, son rationnement a eu des effets multiformes sur l'économie et le retour à un niveau optimal de production est un préalable à la reprise et au renforcement de la dynamique de croissance dans le pays.

CHAPITRE 3 : L'ENVIRONNEMENT GLOBAL DE L'ACTIVITÉ INDUSTRIELLE AU CAMEROUN

L

'économie camerounaise a connu plusieurs rythmes de croissance sur la période 1960-1993. De 1960 à 1976, la croissance moyenne a été de 3 % par an. Entre 1977 et 1981, elle s'est accélérée au taux de 11 % (effet pétrole) pour ensuite se stabiliser à 7 % sur la période 1982-1985. Elle entre dans une phase de crise de 1986 à 1993, et depuis sa sortie de cette phase de crise, le taux de croissance plafonne à 5%. Ce niveau de croissance, obtenu à la suite d'une série de réformes notamment la dévaluation du franc CFA de 1994, demeure faible par rapport à l'objectif d'amélioration des revenus et du niveau de vie des populations. Afin d'impulser une nouvelle dynamique à l'économie et d'accroître de façon significative son taux de croissance, les pouvoirs publics misent sur le rôle moteur que pourrait jouer l'industrie. Or les performances de ce secteur sont mitigées ces dernières années en raison notamment du déficit énergétique qui a frappé de plein fouet l'ensemble de l'économie et de l'environnement quelque peu délétère dans lequel il a baigné.

Les performances d'une entreprise sont en effet, fortement tributaires de l'environnement dans lequel elle fonctionne. D'une part, nous avons l'environnement politico-légal qui est caractérisé par un arsenal législatif, réglementaire et administratif définissant le cadre dans lequel l'entreprise met en oeuvre ses activités. D'autre part, il y a l'environnement économique qui fait référence au marché de l'entreprise, à son fonctionnement et aux concurrents.

3.1 L'ENVIRONNEMENT POLITICO-LÉGAL DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES

3.1.1 LE CADRE RÉGLEMENTAIRE, JURIDIQUE, FISCAL ET FINANCIER

La qualité des lois et règlements qui régissent les activités commerciales et industrielles, le fonctionnement efficace et équitable de la justice, la pression fiscale, les modes de financement sont des éléments déterminants dans l'attrait d'une économie. En effet, les mesures prises dans ces domaines peuvent attirer les investisseurs ou au contraire les repousser.

3.1.1.1 LES TEXTES LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES

Un des éléments d'attractivité d'une économie est le régime de propriété. En effet, un investisseur doit se sentir en sécurité par rapport à tous les biens qu'il a pu produire et accumuler. Dans le souci de garantir cette sécurité, le Cameroun dans le préambule de sa constitution du 18 janvier 1996 précise ce qui suit : « la propriété est le droit d'user, de jouir et de disposer des biens garantis à chacun par la loi. Nul ne saurait en être privé si ce n'est pour cause d'utilité publique et sous la condition d'une indemnisation dont les modalités sont fixées par la loi. ».

L'activité industrielle au Cameroun est également régit par le code des investissements. Les codes successifs dont le Cameroun s'est doté, visent la promotion des investissements productifs. Le dernier en date avait mis sur pied des régimes spéciaux tel que celui de la zone franche, régime qui accordait des avantages particuliers aux entreprises exclusivement exportatrices. Ce code est aujourd'hui en voie de remplacement. En effet, le 19 avril 2002, le Président de la République promulguait une loi portant « Charte des investissements en République du Cameroun ». Cette charte se veut être plus incitatrice que le code qui l'a précédé. Elle prévoit notamment la mise sur pied d'institutions de promotion et de facilitation des investissements et des exportations. Dans cette optique, des mesures d'incitations fiscales et douanières sont prévues14(*). L'Etat s'engage également à assainir le système financier local afin de le rendre adapté au souci de développement des investissements et à la recherche de la compétitivité.

3.1.1.2 LE CADRE JURIDIQUE

Depuis le 1er janvier 1998, l'activité commerciale et industrielle est régit au Cameroun et dans plusieurs autres États africains par des règles communes prévues par le traité relatif à l'harmonisation du droit des affaires en Afrique. Avant cette date, chaque pays avait sa législation propre en matière commerciale qui datait le plus souvent de l'époque coloniale et avait simplement fait l'objet d'adaptation à l'évolution de la vie industrielle et commerciale.

Initié par l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), le traité actuellement en vigueur a été signé à Port-Louis au Sénégal le 17 novembre 1993 par 14 chefs d'États africains. Il prévoit l'élaboration et l'adoption par les États-parties, de dispositions législatives qualifiées d'actes uniformes (harmonisés).

Les actes uniformes sont applicables et obligatoires malgré toute disposition contraire de droit interne antérieur ou postérieur.

Comme actes uniformes déjà pris conformément au traité de 1993 signé par le conseil des ministres des États-parties, on peut citer :

§ les trois qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 1998 à savoir :

- l'acte uniforme relatif au droit commercial général ;

- l'acte uniforme relatif aux droits des sociétés commerciales et aux Groupements d'Intérêt Économiques (GIE) ;

- l'acte uniforme portant organisation des sûretés.

§ les deux qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 1999 à savoir :

- l'acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution ;

- l'acte uniforme organisant les procédures collectives d'apurement du passif.

§ l'acte uniforme portant organisation et harmonisation de la comptabilité des entreprises.

L'OHADA assure aujourd'hui aux investisseurs, un cadre juridique supranational susceptible d'augmenter la sécurité des investissements étrangers, dans un contexte régional marqué par la subordination de la justice aux gouvernements.

3.1.1.3 LE CADRE FISCAL

Depuis 1994, l'environnement fiscal est marqué au Cameroun et dans les autres États de la sous-région CEMAC par la Réforme Fiscalo-Douanière (RFD) qui a pour objectif l'amélioration du rendement de la fiscalité, la promotion des investissements à travers l'allègement de la protection tarifaire. Avant cette année, le système en place était caractérisé par sa complexité et pris en tenaille au sein de chaque Etat entre la mission de protection du territoire douanier et celle de procurer des recettes pour les finances publiques. La multitude de taux, de taxes, conjuguée à de nombreux régimes dérogatoires, avaient affaibli le système fiscal alors en vigueur dans les différents pays de la sous-région et étaient une entrave aux initiatives privées d'investissement.

L'entrée en vigueur de la RFD a permis notamment de revitaliser le commerce entre les États de la sous-région à travers entre autres l'adoption d'un Tarif Extérieur Commun.

L'introduction depuis le 1er janvier 1999 de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) en remplacement de la Taxe sur le Chiffre d'Affaires (TCA) a également facilité l'harmonisation du système fiscalo-douanier du Cameroun avec celui de la sous-région. Les multiples avantages que la TVA offre notamment en matière d'exportation devraient permettre à terme d'avoir une économie beaucoup plus compétitive tant sur le plan national qu'à l'extérieur.

3.1.1.4 LE CADRE MONÉTAIRE ET FINANCIER

Le financement des entreprises au Cameroun est assuré par des structures financières formelles et informelles. Les structures formelles sont celles qui sont facilement contrôlables par l'État. On y retrouve : les banques commerciales, les banques de développement et les institutions financières spécialisées. Les structures informelles, difficilement contrôlables comprennent notamment le réseau des tontines et des usuriers. Ces structures se sont davantage développées à la fin des années 80 suite à la faillite du système bancaire national. Elles ont de nombreuses limites dont : l'étroitesse des fonds prêtables, la forte rémunération des services offerts. La cohabitation confuse de ces deux structures de financement a fait beaucoup de mal à l'économie nationale.

La mise en place d'une nouvelle loi réglementant la création et le fonctionnement des établissements bancaires en Afrique Centrale a permis l'assainissement du système financier. La Commission Bancaire de L'Afrique Centrale (COBAC) est le nouvel organe créé pour assurer l'application et le suivi de la réglementation en vigueur dans le système bancaire. Sa création a semble t-il donné un regain de vitalité au secteur en panne depuis plusieurs années. L'objectif est à terme, de redonner confiance aux épargnants et aux potentiels investisseurs dont le pays a durement besoin pour booster sa croissance.

3.1.2 LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES DE PROMOTION DES EXPORTATIONS

De l'avis des opérateurs économiques, il existe encore de nombreuses entraves au développement du commerce extérieur camerounais en général et de ses exportations en particulier. André SIAKA, Président du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) relevait lors de la 92e assemblée générale de son institution tenue le 11 janvier 2002 - trois ans après l'instauration de la TVA - ce qui suit : «...les obstacles administratifs [...] continuent d'être légion à l'occasion d'une opération d'exportation : empilement continu des réglementations, et de plus en plus, interprétations fantaisistes de ces réglementations par des agents de l'administration (douanes, impôts, police) ». Afin de faciliter les opérations d'exportations et promouvoir la vente des produits locaux à l'étranger, le gouvernement a eu à mettre sur pied de nombreuses structures. Sans être exhaustif, on peut citer :

3.1.2.1 LA CHAMBRE DE COMMERCE, D'INDUSTRIE, DES MINES ET DE L'ARTISANAT (CCIMA)

La chambre de commerce, d'industrie, des mines et de l'artisanat du Cameroun est un organisme de promotion qui joue le rôle d'interface entre, d'une part les milieux d'affaires et d'autre part, les pouvoirs publics en matière de consultation et de représentation dans les secteurs commercial, industriel, artisanal et minier. D'une manière générale, elle développe ses activités autour des actions dont les plus proéminentes sont :

- la collecte, le traitement et la diffusion des informations économiques et commerciales ;

- la réalisation des publications ;

- l'appui à la création des entreprises ;

- l'assistance en matière de recherche des partenaires ;

- les échanges internationaux ;

- la promotion des exportations par le biais de la participation aux foires et salons ;

- la formation professionnelle et le conseil.

La réforme de cette chambre il y a quelques années, a permis l'ouverture en son sein d'un centre d'information et de documentation économique dont l'une des missions est de faciliter l'accès à l'information sur les marchés des produits de base, sur les marchés étrangers, les technologies et sur les opportunités commerciales internationales.

Précisons toutefois que, le caractère hybride de la chambre rend patent son risque d'inefficacité parce que consubstantiel à sa création. Il serait peut-être utile de la fragmenter en plusieurs organes ayant chacun des missions plus précises.

3.1.2.2 LE GUICHET UNIQUE DES OPÉRATIONS DU COMMERCE EXTÉRIEUR (GUCE)

Le Guichet Unique mis en place en 2000 est devenu un exemple réussi du partenariat public-privé au Cameroun et sert de référence au reste des pays de la sous-région. La rationalisation des procédures du commerce extérieur instituée grâce au Guichet Unique a permis de faciliter le commerce dans la sous-région. Les opérations d'embarquement et de débarquement sont actuellement réalisables dans des délais relativement courts. Le GUCE a également permis une amélioration de l'organisation et des performances du secteur transit. L'informatisation de ce guichet qui est en passe de se réaliser permettra de réduire davantage les délais et d'améliorer la qualité de service sur la plate-forme portuaire de Douala avec en prime de nombreux autres avantages. Notamment des avantages concurrentiels et stratégiques à même de renforcer la compétitivité et l'image du port autonome de Douala et de lui permettre de devenir la desserte privilégiée des pays voisins enclavés.

3.1.2.3 LE COMITÉ DE COMPÉTITIVITÉ

Le comité de compétitivité a été créé par décret du président de la république le 31 décembre 1997, pour contribuer à travers le dialogue État/secteur privé, à l'amélioration de l'environnement des affaires et de la compétitivité de l'économie. Sa création venait à la suite de nombreux constats fait sur les relations délétères qu'entretenait l'État avec le secteur privé pourtant véritable moteur de la croissance économique.

Les missions assignées à cette institution sont :

- identifier les obstacles à la compétitivité de l'économie ;

- proposer toutes mesures visant à abaisser les coûts de facteurs et de transactions, et à accroître l'attractivité du Cameroun à l'investissement privé ;

- suivre dans l'intérêt des parties (État et secteur privé), la mise en oeuvre des décisions arrêtées et des réformes mises en oeuvre.

Dans le droit-fil de ses missions, le comité a lancé de nombreuses études diagnostiques de la compétitivité de l'économie camerounaise et initié un dialogue permanent avec les organisations professionnelles et patronales du secteur privé.

3.1.3 LES ORGANISATIONS PATRONALES

Dans l'environnement des entreprises au Cameroun, les organisations patronales jouent un rôle très important. Elles constituent pour la plupart une passerelle entre le secteur privé et les pouvoirs publics. Il existe deux principales organisations patronales au Cameroun :

3.1.3.1 LE GROUPEMENT INTER-PATRONAL DU CAMEROUN (GICAM)

Créé en 1957, le GICAM est la principale organisation professionnelle et inter-patronale. Il rassemble en son sein les grandes entreprises et ses principaux objectifs consistent :

- à procéder à des études sur le double plan économique et social au Cameroun ;

- à assister le gouvernement dans l'adoption des politiques de développement économique;

- à représenter le patronat camerounais auprès des pouvoirs publics et partout où cela s'avère nécessaire.

Le GICAM permet ainsi aux investisseurs étrangers de disposer d'un cadre global de réflexion sur les potentialités réelles du pays et sert de relais privilégié sur lequel les pouvoirs publics peuvent s'appuyer pour appréhender les attentes des entreprises et leur apporter des réponses.

3.1.3.2 LE SYNDICAT DES INDUSTRIELS DU CAMEROUN (SYNDUSTRICAM)

Le SYNDUSTRICAM est une association du patronat des entreprises industrielles créé en vue de défendre leurs intérêts. Il rassemble les grandes entreprises industrielles et produit des statistiques utiles à une bonne connaissance de l'évolution des entreprises concernées, leur permettant de mieux connaître la scène économique.

3.2 L'ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES EN 2000/2001

Le Cameroun a connu en 2000/2001 son taux de croissance le plus élevé depuis la reprise amorcée en 1994/1995. Ce taux de 5,3 % a été dû en partie à la relative embellie observée au niveau du secteur secondaire. Dans presque toutes les branches d'activité, la valeur ajoutée et les investissements ont été plus importants qu'en 1999/2000.

La considération de quelques indicateurs représentatifs des principales fonctions de l'entreprise nous permettra de mieux apprécier la situation économique des entreprises industrielles en 2000/2001. Mais avant, nous allons faire une brève présentation de la base de données utilisée pour ce travail.

3.2.1 PRÉSENTATION DE LA BASE DE DONNÉES

Pour les besoins de notre travail, nous avons utilisé une base élaborée à l'aide des Déclarations Statistiques et Fiscales (DSF) fournies par les entreprises en 2000/2001 et disponible au Secrétariat Permanent du Plan comptable de l'Institut National de la Statistique. Cette base a été complétée par celle de l'Enquête Annuelle dans l'Industrie de l'année 2000/2001 effectuée par la Sous-Direction des Statistiques d'Entreprises.

La DSF est un document comptable qui est obligatoirement rempli par les entreprises d'une certaine taille ou d'un certain régime juridique. Chaque entreprise assujettie à la DSF doit la faire certifier par un comptable qui garanti la cohérence des chiffres et leur exhaustivité.

Notre population d'étude d'environ 200 entreprises industrielles représente l'essentiel de l'activité des entreprises manufacturières camerounaises en 2000/2001 (81 % du total en terme de chiffre d'affaires et 83 % en terme de valeur ajoutée). Le complément correspond principalement à des entreprises dont le caractère exportateur est très limité. Il s'agit par exemple des entreprises des branches suivantes : « Boulangerie - Pâtisserie », « Fabrication de matériel de transport », « Électricité, gaz et eau ». Les entreprises des branches retenues ont été regroupées en quatre grands secteurs d'activité : « Agro-industries », « Bois et papier », « Industries chimiques », «Textiles et autres industries». Les entreprises ayant un chiffre d'affaires nul ont été exclues de notre population (4 entreprises au total).

Tableau 2 : Répartition sectorielle des entreprises de la population d'étude

Secteurs d'activité

Nombre d'entreprises

Pourcentage

Agro-industries

51

25,7

Bois et papier

80

40,4

Industries chimiques

35

17,7

Textiles et autres industries

32

16,2

Ensemble

198

100,0

Source : INS, Nos calculs

3.2.2 SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES EN 2000/200115(*)

3.2.2.1 JEUNESSE ET RENOUVELLEMENT DES ÉQUIPEMENTS

L'entreprise qui veut assurer sa pérennité et se garantir une production concurrentielle, doit régulièrement renouveler son capital productif. Toutes choses égales par ailleurs, la qualité de l'outil de production de l'entreprise doit pouvoir lui permettre d'être performante, efficace et compétitive pour faire face à la concurrence dans un contexte international.

En 2000/2001, le vieillissement du parc du matériel productif des entreprises observé ces dernières années s'est poursuivi, comme en témoigne les valeurs du taux de vieillissement pour l'ensemble des secteurs d'activité.

Le taux de vieillissement mesuré par le ratio Amortissements cumulés/Immobilisations brutes16(*) indique en effet le degré de vieillissement ou la jeunesse des équipements productifs utilisés dans l'entreprise. Plus il est élevé, plus l'appareil productif est ancien. Alors qu'il est généralement admis que le taux acceptable doit se situer autour de 50 %, celui des entreprises de notre échantillon est allé bien au-delà, atteignant 74 % ! Ce taux élevé est un signe des difficultés qu'éprouvent actuellement la majorité des entreprises industrielles pour renouveler leurs immobilisations. Si cette situation persiste, elle peut à terme déboucher sur la production de biens de mauvaise qualité et peu compétitifs.

Tableau 3 : Taux de vieillissement par secteur d'activité

Secteurs d'activité

Immobilisations brutes (en FCFA)

Amortissements

(en FCFA)

Taux de vieillissement (en %)

Agro-industries

612 337 226 391

366 047 798 818

59,8

Bois et papier

123 425 067 287

70 166 113 637

56,8

Industries chimiques

1 768 171 799 101

1 449 909 662 190

82,0

Textiles et autres industries

237 584 736 564

152 107 905 980

64,0

Ensemble

2 741 518 829 343

2 038 231 480 625

74,3

Source : INS, Nos calculs

Malgré des taux de vieillissement relativement élevés, les entreprises industrielles ont fourni en 2000/2001 des efforts d'investissement assez important. Le taux d'investissement, mesuré par le ratio Investissement/Valeur ajoutée est passé de 23 % en 1999/2000 à 36 %. Le secteur agro- industriel est celui qui a consacré la plus grande partie de sa valeur ajoutée à l'investissement (59 %). Si cette tendance à la hausse du taux d'investissement s'affirme dans les années à venir, il y a lieu d'attendre une amélioration notable de la compétitivité des entreprises et des effets induits importants en termes de création d'emploi et de redistribution des revenus.

Tableau 4 : Taux d'investissement par secteur d'activité

Secteurs d'activité

Valeur ajoutée (en FCFA)

Investissement (en FCFA)

Taux d'investissement (en %)

Agro-industries

121 191 190 960

71 273 279 290

58,8

Bois et papier

54 725 137 455

15 704 815 612

28,7

Industries chimiques

305 517 512 047

83 374 554 990

27,3

Textiles et autres industries

37 381 401 667

14 445 771 073

38,6

Ensemble

518 815 242 129

184 798 420 965

35,6

Source : INS, Nos calculs

3.2.2.2 NIVEAU ET QUALITÉ DE L'EMPLOI

Les débats de ces dernières années sur la notion de capital humain17(*) ont réaffirmé le rôle sans cesse croissant que celui-ci devrait jouer dans le processus de production. Le capital humain, actif immatériel et informationnel, crée de la valeur et est en voie de réduire l'importance dévolue au capital physique matériel.

Il n'en demeure pas moins que, les principales caractéristiques du capital humain que sont le niveau de formation et de qualification restent difficiles à valoriser. Le taux d'encadrement mesuré par le ratio Ouvriers/Cadres et les frais de personnel par tête permettent tout de même d'apprécier la qualité du capital humain utilisé au sein d'une entreprise. Il est généralement admis qu'un salaire moyen élevé est le résultat de l'utilisation des ressources humaines mieux formées et plus qualifiées. En effet, les firmes versant des rémunérations élevées sont plus sélectives dans leur recrutement et les salariés bénéficiant de ce type de rémunération restent souvent dans leur emploi plus longtemps, apprennent par la pratique et réduisent les rotations d'effectifs.

En 2000/2001, le taux d'encadrement dans l'industrie a été de 9 ouvriers pour 1 cadre. Il est très élevé dans les secteurs « Agro-industries », « Bois et papier » et « Textiles et autres industries » qui emploient généralement une main d'oeuvre ordinaire et peu qualifiée. Les valeurs des frais de personnel par tête confirment également cet état de choses. À l'opposé, nous avons le secteur « Industries chimiques » qui en raison de la complexité de son processus de production fait appel à un personnel qualifié et mieux formé.

Tableau 5 : Taux d'encadrement par secteur d'activité

Secteurs d'activité

Ouvriers

Cadres

Personnel administratif

Taux d'encadrement

Agro-industries

16 467

1 555

2 713

10,6

Bois et papier

7 618

794

1 548

9,6

Industries chimiques

1 426

760

800

1,9

Textiles et autres industries

8 642

840

417

10,3

Ensemble

34 153

3 949

5 478

8,6

Source : INS, Nos calculs

Tableau 6 : Frais de personnel par tête, par secteur d'activité

Secteurs d'activité

Effectif (unité)

Frais de personnel (en FCFA)

Frais de personnel/tête (en FCFA)

Agro-industries

20 737

48 251 519 384

2 326 832

Bois et papier

9 960

20 139 278 096

2 022 016

Industries chimiques

2 986

31 422 498 720

10 523 275

Textiles et autres industries

9 899

19 874 113 155

2 007 689

Ensemble

43 582

119 687 409 355

2 746 258

Source : INS, Nos calculs

3.2.2.3. NIVEAU D'ENDETTEMENT

Une partie des ressources des entreprises provient des dettes contractées auprès d'institutions financières ou des fournisseurs. Mais il est généralement admis qu'un endettement trop important (relativement aux capitaux propres18(*)) peut être néfaste à l'entreprise. En effet, un endettement important réduit les capacités d'emprunt et d'investissement de l'entreprise. Le risque de faillite étant supposé d'autant plus élevé que l'endettement est important, la plupart des organismes financiers exige que l'ensemble des dettes à long moyen termes (DLMT) soit inférieur au montant des capitaux propres. Le ratio DLMT/Capitaux propres est donc utilisé comme critère du diagnostic du risque de faillite et la limite généralement admise est de 33 %. En 2000/2001, aucun secteur d'activité n'a pu respecter cette limite. Le ratio d'endettement (ou d'autonomie financière) a atteint 61 %. Le secteur « Bois et papier » est de loin le plus endetté avec un ratio de 133 %. Cela explique sans doute le comportement atypique des industries de ce secteur, notamment dans le saccage systématique des forêts afin de raccourcir les délais de récupération des investissements. Après le secteur bois, viennent les secteurs « Textiles et autres industries » et « Agro-industries ».

Tableau 7 : Ratio d'endettement par secteur d'activité

Secteurs d'activité

Capitaux propres (en FCFA)

DLMT (en FCFA)

Ratio d'endettement (en %)

Agro-industries

171 904 958 783

106 389 058 331

61,9

Bois et papier

22 852 945 715

30 313 630 389

132,6

Industries chimiques

163 455 958 076

74 652 697 639

45,7

Textiles et autres industries

68 873 066 624

49 202 910 135

71,4

Ensemble

427 086 929 198

260 558 296 494

61,0

Source : INS, Nos calculs

La structure de l'endettement des entreprises industrielles en 2000/2001 nous permet aussi de remarquer que celles-ci sont en situation de dépendance vis-à-vis du système bancaire et des fournisseurs. En effet, les dettes à court terme - c'est-à-dire les dettes à moins d'un an - sont prépondérantes dans l'endettement total pour l'ensemble des secteurs d'activité : elles représentent 78 % de l'endettement total. Cette situation traduit la forte exigibilité du passif du bilan et peut à terme déboucher sur une perte d'autonomie de ces entreprises.

2ème Partie : ANALYSE STATISTIQUE DES COMPORTEMENTS À L'EXPORTATION DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES CAMEROUNAISES

CHAPITRE 4 : APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

L

'analyse de la littérature sur les comportements à l'exportation (cf. Chapitre 1) nous a permis d'identifier certains des éléments susceptibles d'agir sur les comportements des entreprises face à l'exportation. Ces éléments ont été pour l'essentiel relatif aux principales fonctions de l'entreprise que sont : la production, les ressources humaines et organisationnelles, les ressources financières, le marketing. Avant de définir les différents concepts qui nous permettront de mesurer l'impact de ces principales fonctions, de modéliser le comportement exportateur des entreprises industrielles camerounaises, nous allons à travers une analyse descriptive, apprécier le rôle d'autres facteurs sur ce comportement.

4.1 COMPORTEMENT À L'EXPORTATION DES INDUSTRIES CAMEROUNAISES : UNE MISE EN PERSPECTIVE À TRAVERS L'ANALYSE DESCRIPTIVE

En 2000/2001, les exportations sont extrêmement concentrées sur une faible proportion d'entreprises : 15 entreprises, soit 8 % de l'ensemble des entreprises industrielles, ont réalisé 80 % des exportations, 2 entreprises réalisant à elles seules 31%. À l'opposé, 56 % des entreprises n'ont réalisé que 0,1 % des ventes à l'extérieur, et elles étaient 47 % à se contenter du marché local.

Tableau 8 : Distribution du chiffre d'affaires19(*) à l'exportation

Chiffres d'affaires à l'exportation

(en millions de FCFA)

Entreprises

Exportations

Effectif

Pourcentage

Montant cumulé

Pourcentage

0 à 100

111

56,1

755

0,1

100 à 1000

30

15,2

11 693

1,4

1000 à 100000

42

21,2

154 231

19,0

10000 à 100000

13

6,6

393 920

48,6

plus de 100000

2

1,0

249 587

30,8

Ensemble

198

100,0

810 187

100

Lecture : 111 entreprises de notre échantillon (soit 56 %) ont réalisé en 2000/2001 un chiffre

d'affaires à l'exportation inférieure à 100 millions de FCFA. Le montant cumulé de leurs

exportations a été de 755 millions de FCFA soit 0,1 % de la performance d'ensemble.

Source : INS, Nos calculs

Les entreprises exportatrices réalisent pour la plupart une partie non négligeable de leur chiffre d'affaires hors des frontières nationales. Près d'une entreprise exportatrice sur deux réalise en 2000/2001 la moitié de son chiffre d'affaires à l'extérieur, et près d'une sur trois en réalise plus de 90 % (cf. Tableau 9).

Tableau 9 : Répartition des entreprises suivant le taux d'exportation

Taux d'exportation (en %)

Nombre d'entreprises

Part dans les entreprises exportatrices (en %)

Part dans le chiffre d'affaires exporté (en %)

0

93

-

0

0 à 1

3

2,9

0,0

1 à 5

8

7,6

0,1

5 à 10

11

10,5

1,3

10 à 20

11

10,5

0,5

20 à 30

9

8,6

1,4

30 à 40

7

6,7

13,1

40 à 50

5

4,8

1,4

50 à 60

6

5,7

6,8

60 à 70

3

2,9

0,7

70 à 80

3

2,9

4,4

80 à 90

6

5,7

13,0

90 à 100

33

31,4

57,2

Entreprises exportatrices

105

100,0

100,0

Ensemble

198

-

-

Lecture : 8 entreprises de notre échantillon ont réalisé en 2000/2001 un taux d'exportation compris entre 1 et 5 %.

Ces 8 entreprises, représentant 7,6 % des entreprises exportatrices de l'échantillon ont réalisé 0,1 % des exportations

totales de l'ensemble.

Source : INS, Nos calculs

La concentration observée au niveau des exportations et les taux d'exportation relativement élevés pour les exportateurs masquent probablement des disparités suivant le secteur d'activité et/ou la taille de l'entreprise. L'analyse qui va suivre nous permettra d'apprécier le rôle de la taille (chiffre d'affaires et effectif) et du secteur d'activité sur le comportement exportateur des industries camerounaises.

4.1.1 LE RÔLE DU SECTEUR D'ACTIVITÉ20(*)

L'analyse du comportement d'exportation des entreprises industrielles en 2000/2001 révèle des légères disparités suivant le secteur.

Le secteur « Industries chimiques » qui regroupe les entreprises oeuvrant notamment dans la fabrication des produits pétroliers et chimiques, se caractérise par un nombre assez élevé d'entreprises exportatrices. Trois entreprises sur cinq appartenant à ce secteur réalisent au moins 1 % de leurs chiffres d'affaires hors des frontières nationales. Il reste également de loin le point fort des ventes camerounaises à l'extérieur puisqu'il réalise 52 % des exportations. Les produits dérivés du pétrole et autres produits chimiques constituent une source importante de devises pour l'économie nationale. En revanche, deux entreprises sur cinq appartenant au secteur « Textiles et autres industries » exportent une partie non négligeable de leur production. Ce secteur, avec 13 % des exportations est celui concentrant la plus faible partie des ventes extérieures. Les secteurs « Agro-industries » et « Bois et papier » se situent dans une position quelque peu intermédiaire avec des niveaux assez proches tant pour la densité des entreprises exportatrices que pour le montant des exportations (19 % et 16 % des exportations totales respectivement).

Tableau 10 : Densité des entreprises exportatrices suivant le secteur d'activité

Secteurs d'activité

Nombre d'entreprises

Exportatrices

Densité

Total (ni)

%

Total (ne)

%

ne/ni

Agro-industries

51

25,7

24

23,5

47,1

Bois et papier

80

40,4

43

42,2

53,8

Industries chimiques

35

17,7

21

20,6

60,0

Textiles et autres industries

32

16,2

14

13,7

43,8

Ensemble

198

100,0

102

100,0

51,5

Source : INS, Nos calculs

L'intensité de l'engagement des entreprises sur les marchés mondiaux, mesurée par la part du chiffre d'affaires qu'elles réalisent hors des frontières nationales varie du simple au double suivant le secteur d'activité. Les entreprises du secteur « Bois et papier » spécialisées dans l'exportation ont en 2000/2001, exporté 72 % de leur chiffre d'affaires, ce taux est même de 88 % lorsqu'on ne considère que les entreprises de l'industrie du bois. À l'opposé, les entreprises de l'agro-industrie ont présenté une propension à exporter de 37 %. Pour la plupart, elles destinent l'essentiel de leur production à la consommation domestique. Les entreprises des secteurs « Textiles et autres industries » et « Industries chimiques » ont des taux d'exportation respectif de 64 % et 62 % (cf. Graphique 2).

Lorsqu'on ne considère que les entreprises exportatrices, on remarque une très grande dispersion du taux d'exportation21(*) dans l'ensemble des secteurs d'activité et particulièrement dans les secteurs « Industries chimiques » et « Bois et papier ». La dispersion du taux d'exportation dans ces secteurs est relativement plus élevée que dans les deux autres secteurs.

Les secteurs « Bois et papier » et « Industries chimiques » caractérisés par une grande hétérogénéité des comportements à l'exportation s'opposent ainsi aux secteurs « Agro-industries » et « Textiles et autres industries » dans lesquelles les comportements des exportateurs sont plus homogènes. L'homogénéité des comportements à l'exportation varie donc avec le secteur d'activité.

De ce qui précède, le secteur d'activité semble influencer le comportement d'exportation des entreprises : tant la densité des entreprises exportatrices et le montant des exportations que le taux d'exportation et sa dispersion varient d'un secteur à l'autre. L'influence du secteur d'activité paraît être toutefois moins nette qu'on pouvait le penser, surtout en ce qui concerne la décision d'exporter. En effet, la densité des entreprises exportatrices ne varie pas très largement d'un secteur d'activité à l'autre.

4.1.2 LE RÔLE DE LA TAILLE

Les chiffres ci-dessous sur l'industrie camerounaise pour l'année 2000/2001 corroborent le principe suivant lequel, la taille d'une entreprise est dépendante de celle de son marché. Il apparaît en effet, que le degré d'ouverture aux marchés externes augmente régulièrement avec la taille des entreprises (chiffre d'affaires ou effectif employé).

Seul 17 % des entreprises ayant un chiffre d'affaires inférieur à 500 millions de FCFA ont des exportations non négligeables. En revanche, 77 % de celles ayant un chiffre d'affaires compris entre 2,5 milliards et 5 milliards de FCFA sont des entreprises exportatrices et la totalité (100 %) lorsque le chiffre d'affaires dépasse 10 milliards (cf. Tableau 11). Tout comme la densité des entreprises exportatrices, la valeur des exportations augmente avec la taille de l'entreprise. Alors que les entreprises ayant un chiffre d'affaires inférieur à 500 millions de FCFA ne réalisent que 0,2 % des ventes à l'extérieur, celles ayant un chiffre d'affaires supérieur à 10 milliards en réalisent 84 %. En mesurant la taille par le nombre de salariés, il apparaît toujours que le comportement exportateur change avec la dimension de l'entreprise : alors que seul 18 % des entreprises ayant moins de 20 salariés exportent, 92 % de celles ayant plus de 500 salariés le font.

Tableau 11 : Densité des entreprises exportatrices suivant le chiffre d'affaires

Chiffre d'affaires (en millions de FCFA)

Nombre d'entreprises

Exportatrices

Densité

Total (ni)

%

Total (ne)

%

ne/ni

0 à 500

89

44,9

15

14,7

16,9

500 à 2500

39

19,7

24

23,5

61,5

2500 à 5000

28

14,1

22

21,6

78,6

5000 à 10000

17

8,6

16

15,7

94,1

plus de 10000

25

12,6

25

24,5

100,0

Total

198

100,0

102

100,0

51,5

Source : INS, Nos calculs

Le taux d'exportation qui mesure le degré d'engagement à l'exportation, augmente également avec la taille (cf. Graphique 3). De 16 % pour les entreprises de moins de 500 millions de chiffre d'affaires, il passe à environ 60 % lorsque le chiffre d'affaires dépasse 5 milliards de FCFA Cette évolution de la propension à exporter s'observe aussi lorsque la taille est mesurée par le nombre de salariés (cf. Graphique 4). Toutefois, l'impact de la taille (chiffre d'affaires ou nombre de salariés) sur les performances à l'exportation des entreprises industrielles en 2000/2001 doit être nuancé. En effet, le taux d'exportation qui croit régulièrement avec la taille de l'entreprise jusqu'à 10 milliards de FCFA de chiffre d'affaires chute légèrement lorsque le chiffre d'affaires est supérieur à 10 milliards. Une évolution similaire s'observe lorsque la taille est mesurée par le nombre de salariés. Dans les deux cas, l'effort à l'exportation le plus intense n'est pas réalisé par les entreprises les plus grandes.

Dans tous les secteurs d'activité, l'influence de la taille est également avérée. En effet, les entreprises exportatrices de chaque secteur d'activité sont plus grandes que les non-exportatrices. Le chiffre d'affaires moyen par entreprise est multiplié par 23 lorsqu'on passe d'une non-exportatrice à une exportatrice. Le rapport est même de 76 dans le secteur « Industries chimiques ». Pareillement, l'effectif moyen est multiplié par 9 d'une non-exportatrice à une exportatrice.

Tableau 12 : Taille des entreprises suivant le secteur d'activité

secteurs d'activité

Chiffre d'affaires moyen (en millions de FCFA)

Effectif moyen (unité)

Non exportatrices

Exportatrices

Non exportatrices

Exportatrices

Agro-industries

1 104

16 043

70

786

Bois et papier

396

3 843

37

200

Industries chimiques

420

31 994

19

130

Textiles et autres industries

347

11 494

36

661

Ensemble

589

13 560

43

386

Source : INS, Nos calculs

Prise seule, la taille constitue un facteur explicatif important du comportement d'exportation des entreprises industrielles camerounaises quel que soit leur secteur d'activité. Son influence est toutefois davantage nette au niveau de la décision d'exporter qu'au niveau des performances à l'exportation (mesurées ici par le taux d'exportation). Alors que la densité des entreprises exportatrices croit régulièrement avec la taille de l'entreprise, on observe une rupture au niveau de l'évolution du taux d'exportation en fonction de la dimension de l'entreprise. L'intensité de l'exportation semble atteindre des rendements décroissants à partir d'une certaine taille.

Pris conjointement, les effets de la taille et du secteur d'activité apparaissent très liés. Le niveau d'engagement à l'exportation est très variable par taille et par secteur. Le taux d'exportation croit régulièrement en fonction de la taille dans le secteur « Bois et papier » mais de façon irrégulière dans les autres secteurs. Cela confirme le rôle moindre joué par la taille sur les performances à l'exportation.

Tableau 13 : Taux d'exportation par taille et secteur d'activité

secteurs d'activité

Chiffre d'affaires (en millions de FCFA)

0 à 500

500 à 2500

2500 à 5000

5000 à 10000

plus de 10000

Agro-industries

2,4

28,2

8,6

28,0

39,8

Bois et papier

15,9

39,4

60,3

96,6

82,0

Industries chimiques

26,5

15,5

24,1

24,9

65,3

Textiles et autres industries

21,4

8,4

10,2

34,0

71,7

Source : INS, Nos calculs

4.2 SPÉCIFICATION DES MODÈLES : CHOIX DES VARIABLES, FORMULATIONS

Pris séparément, la taille et le secteur d'activité paraissent influencer le comportement d'exportation des entreprises, à des degrés divers toutefois. La théorie sur les exportations permet de sélectionner un ensemble d'autres variables susceptibles d'influencer le comportement des exportateurs. Outre la taille et le secteur d'activité, toutes les variables explicatives retenues ont été regroupées en trois groupes : outil de production, ressources humaines, ressources financières. Les hypothèses ayant précédé le choix de ces groupes de variables figurent dans le tableau ci-dessous.

Tableau 14 : Types de variables et hypothèses

Types de variables

hypothèses

Taille de l'entreprise

L'accroissement de la taille de l'entreprise facilite la mobilisation des ressources pour l'exportation.

Secteur d'activité

Plus l'entreprise se situe dans un secteur traditionnellement exportateur, plus elle a tendance à exporter.

Outil de production

Un appareil de production de qualité accroît les performances à l'exportation.

Ressources humaines

Un personnel très qualifié favorise les performances à l'exportation.

Ressources financières

Exporter exige de disposer des ressources financières suffisantes et aisément mobilisables.

Avant de préciser le type de modèle choisi pour mesurer le pouvoir explicatif de chacun de ces groupes de variables, nous allons énumérer les différentes variables permettant d'apprécier leur influence.

4.2.1 LES VARIABLES : DÉFINITION, MESURE ET INTERPRÉTATION

Les variables retenues pour expliquer la décision d'exporter d'une part et les performances à l'exportation d'autre part sont au nombre de dix. Elles sont réparties suivant les types de variables définis ci-dessus (cf. Tableau 14).

§ Taille de l'entreprise.

C'est une variable quantitative mesurant la dimension de l'entreprise. Le chiffre d'affaires et/ou le nombre de salariés peuvent être utilisé pour l'évaluer.

§ Secteur d'activité.

C'est une variable qualitative précisant la nature de l'activité de l'entreprise. Les modalités retenues pour cette variable sont : « Agro-industries », « Bois et papier », « Industries chimiques », « Textiles et autres industries ».

§ Outil de production.

Il regroupe les variables permettant d'apprécier les performances de la fonction de production et de transformation ainsi que la qualité de l'outil de production utilisé au sein de l'entreprise :

- Taux de vieillissement des immobilisations.

Il est mesuré par le ratio Amortissements cumulés/Immobilisations brutes (en %) et indique le degré de vieillissement ou la jeunesse des équipements productifs utilisés dans l'entreprise.

- Rendement économique des équipements.

C'est le rapport entre le profit annuel brut et le capital fixe. Le ratio Excédent brut d'exploitation/Immobilisations brutes (en %) permet de l'évaluer. C'est un indicateur de rentabilité du capital fixe productif.

§ Ressources humaines.

Les variables prisent en compte ici, permettent d'apprécier la qualité des ressources humaines utilisées par l'entreprise :

- Productivité apparente du travail.

Elle est mesurée par le ratio valeur ajoutée/Frais de personnel et indique le montant de valeur ajoutée dégagée par 1 FCFA de frais de personnel payé. Il a l'avantage sur le ratio valeur ajoutée/effectif employé en ce qu'il intègre des éléments de la structure de l'emploi tels la qualification et l'ancienneté. C'est un excellent indicateur de l'efficacité économique.

- Salaire moyen.

C'est le rapport Frais de personnel/Effectifs employés (en FCFA). Il a valeur d'indicateur du niveau de qualification du personnel.

§ Ressources financières.

Les variables prises en compte ici permettent d'apprécier la capacité financière de l'entreprise :

- Ratio de fonds de roulement.

Il s'agit du ratio Fonds de roulement net/(Stocks+Réalisables&Disponibles) (en %). Ce ratio donne la fraction des valeurs d'exploitation (stocks) et des valeurs réalisables et disponibles couvertes par le fond de roulement (défini comme étant l'excédent des capitaux permanent sur l'actif immobilisé net).

- Ratio d'immobilisation.

Il mesure la part immobilisé dans l'actif total. Le rapport Actif immobilisé net/Actif total net (en %) permet de l'évaluer.

- Taux de capitaux permanents.

Il mesure la part de capitaux permanents (capitaux propres et dettes à long et moyen termes) dans l'ensemble des ressources de l'entreprise. Le rapport Capitaux permanents/Passif total (en %) nous donne sa valeur.

- Structure de l'endettement.

C'est le rapport Dettes à court termes/Endettement total (en %). Il traduit le degré d'exigibilité du passif de l'entreprise.

4.2.2 FORMULATION DES MODÈLES

Le comportement à l'exportation des entreprises obéit à un processus en deux étapes :

1ère étape : l'entreprise décide d'exporter ou de ne pas exporter.

2ème étape : l'entreprise fixe son niveau d'engagement à l'exportation si elle a décidé d'exporter.

L'explication de ce comportement nécessite donc la mise en oeuvre de deux modèles22(*) : l'un expliquant la décision d'exporter pour l'ensemble des entreprises et l'autre le niveau d'engagement à l'exportation pour les entreprises ayant décidé d'exporter. Ces deux modèles ont été intitulé respectivement modèle « décision d'exporter » et modèle « performance à l'exportation ».

L'analyse descriptive du comportement exportateur des entreprises camerounaises en 2000/2001 ayant révélé de très fortes disparités suivant la taille, nous avons, afin d'appréhender les motivations propres aux grandes entreprises et aux petites entreprises, réalisé les estimations pour trois catégories d'entreprises : l'ensemble des entreprises, les entreprises de moins de 100 salariés (Petites Entreprises ou PE) et celles de 100 salariés et plus (Moyennes et Grandes Entreprises ou MGE).

4.2.2.1 LE MODÈLE « DÉCISION D'EXPORTER » : FORMULATION ET INTERPRÉTATION

Afin de déterminer les facteurs explicatifs de la décision d'exporter, nous avons estimé un modèle dichotomique d'exportation basé sur le clivage exporter/ne pas exporter. Ce type de modèle se distingue du modèle de régression simple qui s'avère inadapté pour décrire le phénomène que nous voulons expliquer. Utilisé un modèle linéaire aurait conduit à des estimateurs biaisés en raison notamment du caractère particulier de la variable expliquée qui dérive de la partition des observations en deux groupes : celles pour lesquelles le taux d'exportation est supérieur à 1 et celles pour lesquelles le taux d'exportation est strictement inférieur à 1. En effet, la dichotomisation de la variable expliquée a pour conséquence de rendre l'ajustement linéaire du nuage de points associés impossible, puisqu'il est par nature réparti entre deux droites parallèles23(*).

Une méthode robuste d'analyse de la décision d'exporter est la régression logistique.

Encadré 1 : Formulation du modèle « décision d'exporter »

On observe un variable binaire sur n entreprises, avec si l'entreprise i est exportatrice (= 0 sinon).

On suppose qu'il existe une variable quantitative latente, non observable, telle que :

et est un paramètre inconnue, le vecteur des variables explicatives (taille, secteur d'activité, ratios de gestion et d'activité) et les perturbations aléatoires supposées indépendantes, de moyenne nulle et de variance. symbolise la capacité à exporter de l'entreprise et est expliqué par certaines de ses caractéristiques, en faisant abstraction des conditions exogènes (demande, prix, concurrence, etc.).

Sous les hypothèses ci-dessus, on peut estimer et par le modèle logistique régissant la loi des. La loi de est donnée par :

, avec

On a donc 

Le modèle permet ainsi d'affecter les entreprises : si, estimation de, est supérieur à 0, alors l'entreprise est affectée à la classe des entreprises exportatrices, sinon elle est affectée à la classe des non-exportatrices. Il est donc possible de déterminer un taux de prédiction mesurant la proportion des entreprises correctement classées.

Pour le modèle défini, les variables explicatives peuvent être qualitatives ou quantitatives. Afin de comparer et de classer les pouvoirs explicatifs des différentes variables, nous avons opté pour des variables explicatives qualitatives. C'est ainsi que toutes les variables explicatives quantitatives ont été transformées en qualitatives.

Encadré 2 : Interprétation du modèle « décision d'exporter »1

L'interprétation des modèles à variable dépendante binaire et à variables explicatives qualitatives est singulière. Elle tient au fait que pour chaque variable explicative qualitative à k modalités, les k variables introduites pour la représenter ne sont pas indépendantes. Pour chaque variable explicative à k modalités, seules k-1 modalités sont donc interprétées. La variable non introduite est affectée d'un coefficient égal à 0 par convention et l'on considère qu'elle représente une situation de référence par rapport à laquelle on mesure des écarts. L'interprétation des résultats est donc faite « toutes choses égales par ailleurs », c'est-à-dire étant donné la situation de référence choisie. Mathématiquement, le choix de la situation de référence n'est généralement pas très important. Son choix n'est gênant que si l'effectif d'une des modalités entrant dans sa définition est très faible, ce qui dans l'ensemble a été évité.

La significativité d'une variable explicative du modèle « décision d'exporter » est appréciée à partir de l'examen des coefficients estimés des variables dichotomiques (modalités) la composant. La statistique de Student ou son carré, la statistique de Wald permet de juger la significativité des coefficients estimés. Dès que l'un d'eux est significativement différent de 0, la variable explicative est considérée comme significative.

En elles même, les valeurs numériques des coefficients n'ont aucune signification puisqu'elles dépendent du choix des variables constituant la situation de référence. En revanche, les signes et les écarts entre coefficients sont interprétables.

Le signe permet de savoir si la probabilité d'exporter est une fonction croissante ou décroissante de la variable explicative correspondante.

Les écarts entre coefficients permettent notamment de classer par ordre d'importance les divers facteurs explicatifs de la décision d'exporter. Pour cela, on calcule pour chaque variable explicative, la valeur absolue de l'écart entre le plus fort coefficient significativement positif (ou 0 s'il n'y en a pas) et le plus fort coefficient significativement négatif (ou 0 s'il n'y en pas), puis on classe les divers facteurs explicatifs selon ces valeurs.

Le calcul des effets marginaux permet également d'étudier l'impact des variables explicatives sur la décision d'exporter. L'effet marginal (variation de la probabilité entraînée par rapport à la situation de référence) de variable étant calculé par la formule : est la fonction de répartition de la loi logistique, le coefficient estimé correspondant à la variable et la constante introduite dans le modèle.

1. Voir Lollivier S., Marpsat., Verger D. (1996), « L'économétrie et l'étude des comportements. Présentation et mise en oeuvre de modèles de régression qualitatifs. Les modèles univariés à résidus logistiques normaux (Logit, Probit) », Série des documents de travail « Méthodologie statistique » de l'Insee, n°9606

4.2.2.2 LE MODÈLE « PERFORMANCE À L'EXPORTATION » : FORMULATION ET INTERPRÉTATION

Pour identifier les facteurs explicatifs des performances à l'exportation des entreprises, nous avons estimé un modèle linéaire avec les seules observations pour lesquelles le taux d'exportation prend des valeurs supérieures à 1.

Encadré 3 : Formulation du modèle « performance à l'exportation »

Pour expliquer le taux d'exportation à l'aide des variables explicatives utilisées dans la partie précédente, on a fait usage de la méthode des Moindres Carrées Ordinaires (MCO). Afin de corriger le biais de sélection dû au fait que l'estimation se fait, non pas sur l'ensemble des entreprises, mais seulement sur les entreprises exportatrices, on a introduit dans le modèle une variable explicative supplémentaire. Cette variable, appelée estimateur du ratio de Mills est construite à l'aide des coefficients estimés précédemment et des fonctions de répartition et de densité de la loi logistique. Pour l'entreprise, on a :

et représentent respectivement les fonction de densité et de répartition de la loi logistique et c étant les coefficients estimés par le modèle logistique.

L'équation estimée par les MCO est alors de la forme :

où :

représente le taux d'exportation ; est le vecteur des variables explicatives ; la variable destinée à corriger le biais de sélection ; et les coefficients à estimer.

Les variables explicatives du modèle ont été toutes prises sous forme qualitative.

Interprétation du modèle « performance à l'exportation »

Le signe des coefficients du modèle permet de savoir si le taux d'exportation est une fonction croissante ou décroissante de la variable explicative correspondante. Le coefficient associé à la variable explicative supplémentaire permet de s'assurer qu'effectivement il n'y a pas eu de biais de sélection. C'est ce qu'indique le fait que ce coefficient ne soit pas significatif.

CHAPITRE 5 : ESTIMATION DES MODÈLES ET ANALYSE DES RÉSULTATS

C

omme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, la modélisation du comportement d'exportation des entreprises se déroule en deux étapes. La première modélise la décision d'exporter, et la seconde, les performances à l'exportation des entreprises ayant décidé d'exporter. Dans la suite de ce chapitre, les estimations et l'analyse des résultats seront présentées pour chacune de ces étapes.

5.1 MODÉLISATION DE LA DÉCISION D'EXPORTER

Dans cette première étape, est estimée une équation expliquant la probabilité d'exporter. Les facteurs explicatifs de la décision d'exporter sont identifiés et classés par ordre d'importance.

5.1.1 ESTIMATION DU MODÈLE « DÉCISION D'EXPORTER »

Les résultats présentés dans le tableau ci-dessous confirment la validité du modèle pour l'ensemble des entreprises comme pour les seules PE. Aucune variable n'est en revanche significative dans le modèle estimé pour les MGE (raison pour laquelle les résultats y afférents ne figurent pas ci-dessous).

5.1.2 ANALYSE DE LA DÉCISION D'EXPORTATION

Les résultats ci-dessous font apparaître le rôle déterminant de l'effet taille dans la décision d'exportation tant pour l'ensemble des entreprises que pour les seules PE. Globalement, les entreprises exportatrices ont une taille plus grande. La probabilité pour une entreprise d'exporter est positivement corrélée à sa taille : les entreprises ayant entre 50 et 100 salariés ont 10 % de chance de plus d'être exportatrices par rapport à celles ayant moins de 50 salariés. Les chances supplémentaires sont de 12 % chez les entreprises de plus de 100 salariés. Pour les PE, les écarts sont encore plus importants : les entreprises qui emploient de 50 à 100 salariés ont 41 % de chance de plus d'exporter que les entreprises de taille plus petite.

Tableau 15 : Les facteurs explicatifs de la décision d'exportation

Variables

Toutes entreprises

Petites entreprises (de 0 à 100 salariés)

Coefficients

Significativité

Effet marginal

Coefficients

Significativité

Effet marginal

Taille

 
 
 
 
 
 

Moins de 50

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 50 à 100

1,963

+++

0,103

2,242

+++

0,411

De 100 à 200

5,283

+++

0,121

 
 
 

Plus de 200

4,497

+++

0,121

 
 
 

Secteur d'activité

 
 
 
 
 
 

Agro-industries

Réf.

 
 

Réf.

 
 

Bois et papier

1,958

+++

0,103

2,347

++

0,420

Industries chimiques

1,476

+

0,092

1,732

+

0,355

Textiles et autres industries

0,988

ns

0,073

1,384

ns

0,303

Salaire moyen

 
 
 
 
 
 

Moins de 1000 kFCFA

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 1000 à 2000 kFCFA

-1,059

ns

-0,165

-0,956

ns

-0,220

De 2000 à 4000 kFCFA

0,654

ns

0,055

0,292

ns

0,073

Plus de 4000 kFCFA

0,687

ns

0,057

0,562

ns

0,138

Productivité apparente du travail

 
 
 
 
 
 

Moins de 1,5

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 1,5 à 2,2

2,723

+++

0,113

9,107

ns

0,511

De 2,2 à 4,5

2,121

++

0,106

8,666

ns

0,511

Plus de 4,5

5,472

+++

0,122

11,584

ns

0,511

Taux de vieillissement

 
 
 
 
 
 

Moins de 35 %

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 35 à 60 %

0,249

ns

0,024

-0,336

ns

-0,083

De 60 % à 75 %

1,152

ns

0,080

0,921

ns

0,217

Plus de 75 %

0,329

ns

0,031

-0,794

ns

-0,187

Rendement des équipements

 
 
 
 
 
 

Négatif

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 0 à 10 %

-2,499

--

-0,507

-8,552

ns

-0,489

De 10 à 25 %

-4,179

---

-0,779

-9,398

ns

-0,489

Plus de 25 %

-3,846

---

-0,745

-10,111

ns

-0,489

Ratio d'immobilisation

 
 
 
 
 
 

Moins de 20 %

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 20 à 35 %

-0,133

ns

-0,015

-1,437

ns

-0,304

De 35 à 60 %

-0,097

ns

-0,011

-1,468

ns

-0,308

Plus de 60 %

-2,603

--

-0,531

-4,036

---

-0,473

Taux de capitaux permanents

 
 
 
 
 
 

Moins de 15 %

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 15 à 40 %

1,922

++

0,103

1,928

+

0,379

De 40 à 60 %

2,745

++

0,114

2,991

++

0,461

Plus de 60 %

3,015

++

0,116

2,385

ns

0,423

Ratio de fonds de roulement

 
 
 
 
 
 

Négatif

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 0 à 40 %

-1,868

--

-0,352

-1,964

-

-0,371

Plus de 40 %

-0,852

ns

-0,124

0,767

ns

0,184

Structure d'endettement

 
 
 
 
 
 

Moins de 50 %

Réf.

 
 

Réf.

 
 

De 50 à 90 %

0,907

ns

0,069

1,929

+

0,379

Plus de 90 %

0,092

ns

0,010

1,462

ns

0,316

Constante

1,968

+++

 

-0,043

ns

 
 
 
 

Taille de l'échantillon

198

133

Taux de prédiction (en %)

85,4

82,7

Source : INS, Nos calculs

+ (-) significatif à 10 % ;

++(--) significatif à 5 % ;

+++(---) significatif à 1 % ;

ns : non significatif ; Réf : modalité de référence

Plusieurs éléments peuvent justifier l'importance de la taille dans la décision d'exporter des entreprises :

- les entreprises de grande taille ont en moyenne un volume d'affaires plus important24(*). Or l'accès aux marchés internationaux nécessite justement des moyens plus importants, soit pour acquérir un niveau suffisant d'information relatif au marché (habitude de consommation, adaptation du produit à un nouvel environnement, demande actuelle, demande future, connaissance de la concurrence locale, etc.), soit pour rechercher des partenaires, installer un réseau de distribution et de commercialisation et développer une stratégie de marketing adaptée.

- les aléas importants liés aux marchés internationaux (barrières commerciales, risque de change, risque de non-paiement, etc.) sont plus faciles à absorber par les entreprises de grande taille qui en raison de leur volume d'affaires important peuvent les affecter à une gamme variée d'activités ou de produits.

Ainsi, seules les entreprises ayant atteint une certaine taille peuvent avoir accès aux marchés étrangers. À quel niveau situer cette taille minimale ?

Le modèle estimé pour les entreprises de plus de 100 salariés n'a révélé aucun facteur explicatif de la décision d'exporter, pas même la taille. Ce résultat suggère l'existence d'une taille limite au-delà de laquelle la question de l'exportation ne se poserait plus en termes de décision. Les MGE au-delà de cette limite - qu'on pourrait situer précocement autour de 100 salariés - sont souvent internationalisées et leur production s'adresse à des marchés qui dépassent le cadre du territoire national. Pour celles-ci, la question d'exporter ne se pose plus, le marché « naturel » étant alors mondial. Le modèle réalisé sur l'ensemble des entreprises a également montré qu'il serait difficile de distinguer plus finement les entreprises de plus de 100 salariés du point de vue de leur probabilité d'exporter. Il est en effet apparu que les entreprises ayant entre 100 et 200 salariés ont la même probabilité d'exporter que les entreprises de taille plus grande (cf. Tableau 15). Cent semble être donc la taille critique en dessous de laquelle il serait risquant pour une entreprise industrielle camerounaise d'exporter.

Le modèle estimé ci-dessus montre également l'influence non négligeable du secteur d'activité sur la décision d'exportation des entreprises industrielles camerounaises ; son impact est toutefois moindre comparé à celui de la taille. Il apparaît que les entreprises situées dans des secteurs traditionnellement exportateurs (« Industries chimiques », « Bois et papier ») ont plus tendance à vendre une partie de leur production à l'étranger. En effet, les entreprises des secteurs « Industries chimiques » et « Bois et papier » ont respectivement 9 et 10 % de chance de plus d'exporter qu'une entreprise du secteur « Agro-industries ». Les entreprises du secteur « Textiles et autres industries » ont quant à elles autant de chance d'exporter que celles de l'agro-industrie (coefficient associé non significatif).

Outre la taille et le secteur d'activité, d'autres variables semblent également conditionner l'ouverture des entreprises sur le marché international ; certaines ayant même un impact très important. C'est le cas par exemple de la productivité apparente du travail, qui mesure la valeur ajoutée dégagée par 1 FCFA de frais de personnel payé. Il est significativement plus élevé pour les entreprises exportatrices. Les entreprises ayant un personnel qualifié et expérimenté ont plus de chances d'exporter que celles dont le personnel est moins qualifié. La concurrence, plus accrue sur les marchés étrangers (souvent très exigeant en terme de qualité) justifierait l'utilisation d'une main d'oeuvre qualifiée et expérimentée par les entreprises exportatrices. La complexité de certains modes de production fait de la qualification et de l'expérience du personnel des facteurs essentiels de compétitivité.

Le ratio d'immobilisation, qui mesure la part immobilisée dans l'actif total est significativement plus élevé pour les entreprises qui n'exportent pas. Les chances d'exporter sont d'autant plus faible que la part immobilisée dans l'actif total est élevée : les entreprises ayant un ratio d'immobilisation de plus de 60 % ont 53 % de chance de moins d'être exportatrices par rapport à celles donc le ratio d'immobilisation est inférieur à 20 %. Les entreprises exportatrices se caractérisent donc par un actif circulant important. Celles-ci en ont sans doute besoin pour préfinancer leurs exportations, négocier des contrats, prospecter les marchés étrangers ciblés, etc. Le ratio de fonds de roulement, plus faible pour les entreprises exportatrices confirme la nécessité pour celles-ci de disposer d'un actif circulant important au moment de l'exportation. Pour les entreprises exportatrices, le délai de recouvrement des créances étant souvent plus long, il est important qu'elles disposent de liquidités suffisantes pour faire fonctionner leurs cycles d'exploitation. La probabilité pour une entreprise d'exporter est également positivement corrélée au taux de capitaux permanents. Ce taux qui reflète la stabilité des ressources de l'entreprise à moyen-long terme est plus élevé pour les entreprises exportatrices. La situation d'indépendance financière de l'entreprise qu'il traduit est également un élément qui compte dans la décision d'exporter. Le rôle important joué par le ratio d'immobilisation, le ratio de fonds de roulement et le taux de capitaux dans la décision d'exporter de l'ensemble des entreprises et des PE peut se résumer ainsi : pour exporter, les entreprises ont besoin de fonds circulants mais aussi d'une meilleure assise financière.

Des résultats ci-dessus, il apparaît également que la probabilité d'exporter diminue significativement avec le rendement des équipements. Autrement dit, plus les équipements d'une entreprise sont à rendement élevé, moins elle a des chances d'exporter. Ce résultat est à priori surprenant. Toutefois, en analysant la distribution des entreprises suivant le rendement des équipements et la taille, on constate que les entreprises à taux de rendement des équipements élevé ne sont pas celles de grande taille (Voir Tableau A.9 en annexe) ; or la probabilité d'exporter croit avec la taille de l'entreprise. C'est ce qui pourrait expliquer le résultat curieux évoqué plus haut.

Pour chaque dimension explicative (taille, secteur, ratio de gestion et d'activité), les écarts entre les coefficients extrêmes des variables dichotomiques qui la constituent sont interprétables. Il est ainsi possible de classer les différentes variables explicatives par ordre d'importance.

Après classement, il apparaît que c'est d'abord la productivité apparente du travail qui détermine la décision d'exportation de l'ensemble des entreprises industrielles camerounaises ; la taille qui se situe à un niveau très proche vient en seconde position. Exporter semble être une question de qualification et de taille dans l'industrie camerounaise. Le secteur d'activité semble intervenir très peu dans la décision d'exporter, puisqu'il est classé en avant-dernière position derrière le rendement des équipements, le taux de capitaux permanents et le ratio d'immobilisation. Si on exclut les MGE, les PE fondent leur décision d'exportation plutôt sur le niveau de leurs actifs circulants : le ratio d'immobilisation est le facteur le plus discriminant. Viennent ensuite le taux de capitaux permanents, le ratio de fonds de roulement. Les questions financières sont prioritairement prises en compte par les PE dans leur décision d'exporter. La taille vient en avant-dernière position précédée par le secteur d'activité.

Tableau 16 : Classement des variables explicatives et écart entre coefficients extrêmes

Toutes entreprises

Petites entreprises

Variables

Ecart1

Variables

Ecart1

Productivité apparente du travail

5,472

Ratio d'immobilisation

4,036

Taille

5,283

Taux de capitaux permanents

2,991

Rendement des équipements

4,179

Ratio de fonds de roulement

2,731

Taux de capitaux permanents

3,015

Secteur d'activité

2,347

Ratio d'immobilisation

2,603

Taille

2,242

Secteur d'activité

1,958

Structure d'endettement

1,929

Ratio de fonds de roulement

1,868

 

 

1. Ecart entre les coefficients significatifs extrêmes

Source : INS, Nos calculs

5.2 MODÉLISATION DES PERFORMANCES À L'EXPORTATION

Dans cette seconde étape, est estimée une équation expliquant le niveau d'exportation des entreprises ayant décidé d'exporter. Les facteurs explicatifs des performances à l'exportation des entreprises exportatrices sont identifiés.

5.2.1 ESTIMATION DU MODÈLE « PERFORMANCE À L'EXPORTATION »

Les résultats présentés ci-dessous confirment la validité du modèle pour tous les groupes d'entreprises. La statistique de Fisher est significative au moins à 5 % pour chacun de ces groupes.

5.2.2 ANALYSE DES PERFORMANCES À L'EXPORTATION

Les résultats de cette seconde étape font également apparaître le rôle non négligeable joué par la taille dans les performances à l'exportation de l'ensemble des entreprises et des seules PE ; elle a un effet positif sur le taux d'exportation des entreprises de ces deux groupes. Outre la taille, le secteur d'activité, la productivité apparente du travail et le taux de vieillissement influence légèrement le niveau d'exportation de l'ensemble des entreprises ; ce dernier facteur étant handicapant pour elles.

Les MGE se distinguent nettement des autres entreprises pour ce qui est des déterminants de leurs niveaux d'exportation. Pour celles-ci, la taille n'a aucune influence sur les performances à l'exportation. En revanche, le secteur d'activité, le salaire moyen, la productivité apparente du travail, le taux de vieillissement des équipements et le ratio d'immobilisation ont une influence significative sur le taux d'exportation des MGE.

Parmi les MGE, la part de chiffre d'affaires que les entreprises réalisent à l'étranger croit significativement avec la productivité apparente du travail. Le salaire moyen est également positivement corrélé au taux d'exportation. Or la productivité apparente du travail et le salaire moyen sont des indicateurs du niveau de qualification et d'expérience du personnel. Ainsi, au sein des MGE, ce sont les entreprises faisant appel à un personnel très qualifié et expérimenté qui exportent le plus. Les MGE étant traditionnellement exportatrices, celles-ci doivent faire appel notamment à des compétences pointues pour se distinguer les unes des autres quant à leurs performances à l'exportation. La particularité des opérations d'exportation et la concurrence effrénée sur les marchés étrangers font du niveau de formation et d'expérience du personnel de l'entreprise, des facteurs clés de succès ; surtout pour les entreprises qui ont fait de la question de l'exportation une priorité. Ces entreprises pour réussir sur les marchés extérieurs doivent être capables de payer le « prix de l'exportation ».

Tableau 17 : Les déterminants du niveau d'exportation

Variables

Toutes entreprises

Petites entreprises

Moyennes et grandes entreprises

Coefficients

Significativité

Coefficients

Significativité

Coefficients

Significativité

Taille

 
 
 
 
 
 

Moins de 50

Réf.

 

Réf.

 
 
 

De 50 à 100

18,285

ns

26,771

+

 
 

De 100 à 200

28,636

++

 
 

Réf.

 

Plus de 200

35,894

++

 
 

12,314

ns

Secteur d'activité

 
 
 
 
 
 

Agro-industries

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

Bois et papier

24,382

++

14,063

ns

47,295

+++

Industries chimiques

2,702

ns

14,822

ns

27,578

ns

Textile et autres industries

13,352

ns

1,234

ns

32,690

+

Salaire moyen

 
 
 
 
 
 

Moins de 1000 kFCFA

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

De 1000 à 2000 kFCFA

7,315

ns

-6,340

ns

40,825

+

De 2000 à 4000 kFCFA

1,851

ns

-30,529

ns

43,511

+

Plus de 4000 kFCFA

3,141

ns

-15,615

ns

41,492

+

Productivité apparente du travail

 
 
 
 
 
 

Moins de 1,5

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

De 1,5 à 2,2

14,561

ns

-3,788

ns

29,969

++

De 2,2 à 4,5

8,429

ns

-23,550

ns

47,574

++

Plus de 4,5

38,309

+

-1,850

ns

53,475

+

Taux de vieillissement

 
 
 
 
 
 

Moins de 35 %

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

De 35 à 60 %

-11,195

ns

-20,433

ns

-4,305

ns

De 60 % à 75 %

-22,092

-

-2,777

ns

-55,876

--

Plus de 75 %

-6,523

ns

25,094

ns

-34,514

-

Rendement des équipements

 
 

 

 
 
 

Négatif

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

De 0 à 10 %

-10,081

ns

-21,125

ns

-17,569

ns

De 10 à 25 %

-10,322

ns

-20,953

ns

-22,872

ns

Plus de 25 %

-7,549

ns

-8,365

ns

-39,714

ns

Ratio d'immobilisation

 
 

 

 
 
 

Moins de 20 %

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

De 20 à 35 %

1,707

ns

35,192

+

-64,731

--

De 35 à 60 %

3,862

ns

51,450

++

-66,222

--

Plus de 60 %

20,904

ns

63,040

+

-45,081

-

Taux de capitaux permanents

 
 

 

 
 
 

Moins de 15 %

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

De 15 à 40 %

-2,087

ns

-14,974

ns

1,920

ns

De 40 à 60 %

-15,890

ns

-47,376

+

53,745

++

Plus de 60 %

-27,556

ns

-37,021

ns

33,382

ns

Ratio de fonds de roulement

 
 

 

 
 
 

Négatif

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

De 0 à 40 %

-8,910

ns

5,562

ns

-51,030

--

Plus de 40 %

15,005

ns

29,571

ns

-27,319

ns

Structure d'endettement

 
 

 

 

 
 

Moins de 50 %

Réf.

 

Réf.

 

Réf.

 

De 50 à 90 %

-1,591

ns

-16,909

ns 

14,108

ns

Plus de 90 %

-7,366

ns

-26,741

ns 

10,984

ns

Biais de sélectivité

0,002

ns

67,057

ns 

-50,496

ns

Constante

107,348

+++

106,212

++ 

81,012

++

 
 
 
 

R deux

0,410

0,788

0,666

Fisher

1,727

2,346

2,144

Taille de l'échantillon

102

45 

57

Source : INS, Nos calculs

+ (-) significatif à 10 % ;

++(--) significatif à 5 % ;

+++(---) significatif à 1 % ;

ns : non significatif ; Réf : modalité de référence

Ainsi que l'attestent les coefficients du taux de vieillissement des équipements, les MGE exportatrices ayant un outil de production de qualité semblent avoir les taux d'exportation les plus élevés. La part immobilisé dans l'actif total paraît également handicaper les MGE exportatrices. Ces entreprises doivent disposer de liquidités suffisantes leur permettant de faire face aux « difficultés de trésoreries » liées aux risques de non-paiement et de change ; difficultés qui sont plus importantes en raison du volume de leurs exportations.

Une variable explicative supplémentaire (Biais de sélectivité) a été utilisée pour corriger le biais d'estimation lié à la restriction du champ du modèle « performance à l'exportation » aux seules entreprises exportatrices. Cette variable n'est significative dans aucun des champs considérés, signalant qu'il n'existe pas de biais de sélection. Les deux étapes du comportement d'exportation des entreprises sont donc des étapes distinctes. Seules les entreprises ayant décidé d'exporter, fixent leurs niveaux d'exportation, les autres ne se posent même pas la question. Un biais de sélection significatif pour l'un quelconque des champs considérés, nous auraient obligé à tenir compte du comportement des entreprises non exportatrices pour expliquer le taux d'exportation

5.3 LES IMPLICATIONS DES MODÈLES POUR LES DIFFÉRENTS ACTEURS : POUVOIRS PUBLICS ET SECTEUR PRIVÉ

Des résultats ci-dessus, se dégagent un certain nombre de recommandations à l'endroit des principaux acteurs du processus d'internationalisation des entreprises industrielles camerounaises.

L'un des objectifs affirmés des pouvoirs publics camerounais est d'accroître la part des exportations industrielles dans les exportations totales du pays. L'étude réalisée fournit quelques pistes pour l'atteinte de cet objectif. Il apparaît par exemple que la taille des entreprises est un élément à prendre en compte dans les politiques en faveur des exportations. Il existe en effet de grandes disparités en matière d'exportation entre les petites et les grandes entreprises : peu d'entreprises - généralement de grande taille - réalisent l'essentiel des exportations. La probabilité d'exporter et le niveau d'exportation croissent avec la taille de l'entreprise. Les pouvoirs publics pourraient ainsi prendre des mesures permettant aux entreprises d'accroître leur taille. Ce qui peut être un élément essentiel de la charte des investissements. Le chiffre d'affaires étant étroitement lié à la taille, ces mesures pourraient également viser l'accroissement du volume d'affaires - intérieure - des entreprises. L'objectif étant de permettre à celles-ci d'utiliser le marché local comme passerelle pour les marchés étrangers. Le renforcement des capacités managériales, l'adaptation rapide à l'évolution technologique et l'agressivité sur les marchés extérieurs devraient ainsi constituer pour les industriels camerounais un impératif.

L'étude a également permis de constater que les entreprises disposant d'une bonne assise financière ont plus de chances d'exporter ; cela est d'autant plus vrai que l'entreprise est de petite taille. Des mesures permettant aux entreprises d'avoir accès aux ressources longues peuvent ainsi permettre à celles-ci de prendre le risque d'aborder les marchés extérieurs. Ce qui appelle des conditions monétaires et financières plus favorables et une gestion de l'épargne plus rationnelle au bénéfice de la production.

Nos résultats montrent également que les entreprises ayant un appareil de production de qualité sont celles qui enregistrent les performances les plus élevées à l'exportation. La jeunesse de l'appareil productif lié à des efforts d'investissement important apparaît donc comme étant un impératif pour les entreprises industrielles camerounaises qui veulent réussir à l'exportation. Les mesures actuelles des pouvoirs publics visant à encourager l'investissement productif pourraient ainsi être renforcées.

De notre étude, il apparaît aussi que les entreprises ayant un personnel qualifié et expérimenté sont mieux outillées pour aborder les marchés étrangers ; ces facteurs jouant un rôle encore plus important chez les MGE, puisqu'ils sont déterminants dans leurs performances à l'exportation. Les entreprises sont ainsi incitées à recruter du personnel qualifié et expérimenté, surtout si elles désirent faire de l'exportation une priorité. Ce qui implique notamment le renforcement de la formation continue en entreprise et une meilleure adéquation formation/emploi à travers un partenariat effectif entre l'école et le secteur privé.

CONCLUSION GÉNÉRALE

L

'analyse du comportement à l'exportation des entreprises est un domaine largement développé dans plusieurs pays - principalement occidentaux - . L'étude que nous avons réalisée vient combler un vide existant dans le cas de pays comme le Cameroun. Cette étude s'est articulée autour de deux parties.

Après avoir présenté certains développements théoriques disponibles actuellement sur le comportement des entreprises face à l'exportation, nous avons dans la suite présentée les performances économiques du Cameroun au cours de ces dernières années. La nécessité d'un diagnostic export pour les entreprises désirant développer une activité internationale a été mise en évidence. Un pareil diagnostic permet à l'entreprise d'évaluer sa capacité à exporter et son degré de préparation au marché mondial. Pour ce faire, l'entreprise compare ses forces à ses faiblesses.

L'analyse statistique du comportement exportateur des entreprises industrielles camerounaises a abouti par ailleurs à des résultats assez proches de ceux obtenus dans d'autres pays. De cette analyse il ressort les principales conclusions suivantes :

(i) la taille des entreprises : un facteur à prendre en compte dans les politiques en faveur des exportations ;

(ii) le capital humain : un élément qui compte dans la décision d'exportation des entreprises et déterminant dans les performances à l'exportation des MGE ;

(iii) les ressources financières : essentielles dans la décision d'exportation des PE.

(iv) la qualité de l'outil de production : déterminant dans les performances à l'exportation des entreprises.

La modélisation du comportement d'exportation des entreprises industrielles camerounaises souligne donc le rôle essentiel de la taille. Selon nos résultats, il existerait un seuil en termes de ressources financières et humaines qu'il serait bon de pouvoir dépasser avant de s'engager hors des frontières nationales. En dessous de celui-ci, les entreprises ne se risqueraient pas d'exporter. Au-delà de ce seuil qui se situe autour de 100 salariés, la taille perd toute influence dans la décision d'exporter. S'agissant des performances à l'exportation des entreprises, la différence de comportement semble aussi se situer autour de 100 salariés.

Outre le rôle joué par la taille, il est également apparu que la qualification du personnel ainsi que son expérience sont déterminants tant dans la décision que dans les performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises. Exporter semble être au Cameroun une question de taille et de qualification.

La forte dépendance du Cameroun vis-à-vis des prix des produits primaires et les résultats de notre étude suggèrent la mise en oeuvre de certaines réformes afin de libéraliser et diversifier davantage l'économie, ainsi que d'encourager « une croissance reposant sur des bases larges à coefficient de main d'oeuvre élevé, tiré par le secteur privé et centré sur les activités industrielles pour lesquelles le pays dispose d'un avantage comparatif ». Ces réformes concernent notamment l'administration, la gestion des ressources humaines, le management des organisations, la technologie et l'information sur les marchés.

Enfin, malgré les résultats intéressants auxquels notre étude a abouti, il faudrait tout de même évoquer les limites pouvant lui être imputées. Notre analyse ayant porté sur une seule année, les résultats obtenus pourraient avoir un caractère conjoncturel et non structurel25(*). Il est vrai que l'année choisie est une année que l'on pourrait qualifier de « normale », puisque l'activité économique n'a pas connu durant celle-ci des perturbations majeures. Toutefois, il serait intéressant pour vérifier la robustesse de nos résultats de tester les différents modèles considérés sur données de panel en suivant l'évolution des variables utilisées sur plusieurs années et cela pour les mêmes entreprises. Le fait que nous ayons fait usage de variables explicatives qualitatives, peut également sembler réducteur. Cette façon de procéder nous a tout de même permis de comparer le pouvoir explicatif des différentes variables, surtout en ce qui concerne la décision d'exportation.

BiblIographie

Ouvrages

ALBAN Thomas, Econométrie des variables qualitatives, Paris, Dunod, 2000

BARELIER André, DUBOIN Jacques, DUPHIL François,..., Exporter - Pratique du commerce internationale, Paris, Fourcher, 2000, 17e édition

BRICOUT Jean-Luc, « Exporter : une question de taille », Economie et Statistique, Insee, n° 244, Juin 1991

COEURDEROY Régis, « Les stratégies d'exportation des PME françaises », Bulletin de la Banque de France, Supplément Etudes, 4e trimestre

CONSO Pierre, HEMICI Farouk, Gestion financière de l'entreprise, Paris, Dunod, 2002, 10e édition

FAYEL Alain, PERNOT Daniel, Comptabilité générale de l'entreprise - Manuel & Applications, DPECF, 13e édition

FMI, « Afrique : une évolution au cycle des prix des produits primaires » Perspective de l'économie mondiale, Octobre 2002

GRESSE Carole, Les entreprises en difficultés, Paris, Economica, 1994

KOTLER Philip, DUBOIS Bernard, Marketing Management, Paris, Nouveaux Horizons, 7e édition

KRUGMAN P.R., OBSTFELD Maurice, Economie internationale, Paris, Bruxelles, Nouveaux Horizons, 1995, 2e édition française

INS du Cameroun, Etude économique et financière des entreprises en 2000/2001, Janvier 2003, 7e édition

LOLLIVIER S., MARPSAT M., VERGER D., « L'économétrie et l'étude des comportements. Présentation et mise en oeuvre de modèles de régression qualitatifs. Les modèles univariés à résidus logistiques ou normaux (Logit, Probit) », Série des documents de travail « Méthodologie Statistique » de l'Insee, n°9606

MALIVERNEY Jacques, « Les entreprises exportatrices : une concentration accrue », Economie et Statistique, Insee, n° 244, Juin 1991

OCDE, BAD, Perspective économique en Afrique, 2003/2004

PORTER Michael, L'avantage concurrentiel, Paris : Inter édition, 1986

République du Cameroun, Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, Avril 2003

SCHERRER Sylvie, « La taille des entreprises détermine-t-elle à elle seule leur comportement d'exportation », Economie et Statistique, Insee, n° 319-320, 1998-9/10

SIPA J.B., « Problématique d'une politique industrielle au Cameroun », Le Messager, n° 1761 du 24 Novembre 2004

Mémoires

BATOUMEN M.H., Capital humain et performance économique des entreprises camerounaises du secteur secondaire, ISSEA, Juin 2004

NANFAH A.S., Zone franche et points francs du Cameroun : incidence sur le développement économique et social, ISSEA, Juin 2002

ANNEXES

Tableau A.1 : Correspondance entre la Nomenclature CITICAM Révisée et « secteurs d'activité »

Secteurs d'activité

Branches correspondantes

Agro-industries

7. Travail de grain, production de farine

8. Transformation des produits d'origine agricole

10. Autres industries alimentaires

11. Fabrication des boissons et tabacs

Bois et papier

14. Industries du bois et fabrication des meubles

15. Fabrication de papier et articles en papier

Industries chimiques

6. Industries extractives

16. Industries chimiques et fabrication des produits chimiques de base

Textiles et autres industries

12. Industries de textiles et de la confection

13. Fabrication des chaussures et industries du cuir

17. Industries du caoutchouc et plastique

22. Industries manufacturières diverses

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.2 : Dispersion du taux d'exportation (en %) suivant le secteur d'activité

Secteurs d'activité

25ème centile

75ème centile

Intervalle interquartile

Agro-industries

9,53

71,89

62,36

Bois et papier

21,14

98,72

77,58

Industries chimiques

13,49

99,46

85,97

Textiles et autres industries

14,62

69,01

54,38

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.3 : Distribution du chiffre d'affaires moyen (en FCFA) suivant la taille de l'entreprise

Classe d'effectif

Chiffre d'affaires moyen

Chiffre d'affaires cumulé

Moins de 50

567 459 015

58 448 278 572

De 50 à 100

4 169 613 360

125 088 400 814

De 100 à 200

10 712 662 862

267 816 571 556

Plus de 200

24 707 466 723

988 298 668 910

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.4 : Répartition des entreprises suivant le secteur d'activité et le salaire moyen

Secteurs d'activité

Salaire moyen (en kFCFA)

Moins de 1000

De 1000 à 2000

De 2000 à 4000

Plus de 4000

Ensemble

Agro-industries

13

15

9

14

51

Bois et papier

10

39

24

7

80

Industries chimiques

8

7

8

12

35

Textiles et autres industries

12

8

9

3

32

 Ensemble

43

69

50

36

198

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.5 : Répartition des entreprises suivant la taille et le salaire moyen

Classes d'effectif

Salaire moyen (en kFCFA)

Moins de 1000

De 1000 à 2000

De 2000 à 4000

Plus de 4000

Ensemble

Moins de 50

34

33

20

16

103

De 50 à 100

5

10

10

5

30

De 100 à 200

3

9

7

6

25

Plus de 200

1

17

13

9

40

Ensemble

43

69

50

36

198

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.6 : Répartition des entreprises suivant la taille et la productivité du travail

Classes d'effectif

productivité du travail

Moins de 1,5

De 1,5 à 2,2

De 2,2 à 4,5

Plus de 4,5

Ensemble

0 à 50

43

14

30

16

103

50 à 100

4

6

9

11

30

100 à 200

5

7

11

2

25

200 et plus

10

14

13

3

40

Ensemble

62

41

63

32

198

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.7 : Répartition des entreprises suivant le secteur d'activité et la productivité du travail

Secteurs d'activité 

productivité du travail 

Moins de 1,5

De 1,5 à 2,2

De 2,2 à 4,5

Plus de 4,5

Ensemble

Agro-industries

15

9

15

12

51

Bois et papier

27

18

29

6

80

Industries chimiques

6

5

12

12

35

Textiles et autres industries

14

9

7

2

32

Ensemble

62

41

63

32

198

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.8 : Répartition des entreprises suivant le secteur d'activité et le rendement des équipements

Secteurs d'activité 

Rendement des équipements (en %)

Négatif

De 0 à 10

De 10 à 25

Plus de 25

Ensemble

Agro-industries

13

16

14

8

51

Bois et papier

12

17

30

21

80

Industries chimiques

5

10

13

7

35

Textile et autres industries

10

11

7

4

32

Ensemble

40

54

64

40

198

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.9 : Répartition des entreprises suivant la taille et le rendement des équipements

Classe d'effectif 

rendement des équipements (en %)

Négatif

De 0 à 10

De 10 à 25

Plus de 25

Ensemble

Moins de 50

27

25

29

22

103

De 50 à 100

4

8

8

10

30

De 100 à 200

5

6

10

4

25

Plus de 200

4

15

17

4

40

 Ensemble

40

54

64

40

198

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.10 : Répartition des entreprises suivant la taille et le taux de capitaux permanents

 Classe d'effectif

Taux de capitaux permanents (%)

Moins de 15

De 15 à 40

De 40 à 60

Plus de 60

Ensemble

0 à 50

34

28

13

28

103

50 à 100

8

5

9

8

30

100 à 200

5

8

7

5

25

200 et plus

7

9

14

10

40

 Ensemble

54

50

43

51

198

Source : INS, Nos calculs

Tableau A.11 : Répartition des entreprises suivant le secteur d'activité et le taux de capitaux permanents

Secteurs d'activité 

Taux de capitaux permanents (%)

Moins de 15

De 15 à 40

De 40 à 60

Plus de 60

Ensemble

Agro-industries

11

10

11

19

51

Bois et papier

27

21

15

17

80

Industrie chimique

6

10

7

12

35

Textiles et autres industries

10

9

10

3

32

 Ensemble

54

50

43

51

198

Source : INS, Nos calculs

* 1 D'après le classement du Rapport mondial sur le développement humain 2000.

* 2 Expression utilisée pour désigner l'ensemble des pays en développement d'Asie et d'Amérique latine qui ont connue une croissance économique spectaculaire au cours des dernières décennies (Corée du Sud, Singapour, Taiwan, Hong-Kong, Brésil, etc.).

* 3 Part de chiffre d'affaires (hors taxe) réalisé à l'exportation.

* 4 Jean-Louis BRICOUT (1991) «Exporter : une question de taille», Economie et Statistique, n°224, p.25-33

Sylvie SCHERRER (1998) « La taille des entreprises détermine t-elle à elle seule leur comportement d'exportation ? », Economie et Statistique, n°319-320, p 163-178

* 5 Louis Wells Jr (1968) « A product life cycle for international trade ?», Journal of Marketing, p 1-6

* 6 Concept développé par Raymond Vernon (1966) et qui identifie 4 phases dans l'histoire commerciale d'un produit : le lancement, la croissance, la maturité, le déclin.

* 7 Le fonds de roulement se définit comme l'excédent des ressources dont le degré d'exigibilité est nul ou faible (capitaux propres et dettes à long et moyen terme) sur les actifs dont le degré de liquidité est faible (actifs immobilisés).

* 8 Les besoins en fonds de roulement correspondent au capital circulant immobilisé dans le cadre de l'activité d'exploitation normale de l'entreprise. Il s'agit de la valeur des stocks (de produits finis et de matières premières) à laquelle on ajoute le solde des créances et dettes non financières.

* 9 Voir Michael PORTER, L'avantage concurrentiel, Paris : Inter éditions, 1986

* 10 Le taux d'importation d'un pays est égal au rapport de ses importations par son produit intérieur brut.

* 11 Le taux d'exportation d'un pays est la part de ses exportations dans son produit intérieur brut.

* 12 Les principaux produits d'exportation sont ici : le cacao, le café, le coton brut, le bois et ouvrage en bois, les huiles brutes de pétrole.

* 13 Le taux de couverture est le ratio exportations/importations.

* 14 Par exemple, l'application d'une Taxe sur la valeur ajoutée nulle sur les exportations et le remboursement de celle acquittée sur les investissements et les dépenses d'exploitation des entreprises exportatrices.

* 15 Pour une analyse plus détaillée de la situation économique et financière des entreprises du secteur secondaire camerounais en 2000/2001, se reporter à l'ouvrage « Etude économique et financière des entreprises en 2000/2001 » publié par l'INS.

* 16 Elles sont constituées de l'ensemble des immobilisations corporelles et incorporelles portées à l'actif du bilan de l'entreprise à leur coût d'acquisition c'est-à-dire avant amortissement.

* 17 Selon un rapport d'avril 1998 de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), L'investissement dans le capital humain : une comparaison internationale, le capital humain peut être défini comme désignant les connaissances, les qualifications, les compétences et les autres qualités que possède un individu et qui intéresse l'activité économique.

* 18 Les capitaux propres sont constitués du capital social, de différentes réserves, des primes d'émissions et des profits ou pertes accumulées, des plus-values à réinvestir et des plus values de réévaluations, des subventions d'équipement et de diverses provisions. Lorsqu'on ajoute aux capitaux propres les dettes à long et moyen terme, on obtient les capitaux permanents.

* 19 Le chiffre d'affaires (pris hors taxes) porte sur la production de l'exercice et les stocks

* 20 Dans cette partie et dans la suite, les entreprises exportatrices sont celles qui réalisent au moins 1 % de leurs ventes à l'extérieur. Le dépassement de cette limite est considéré par nous comme étant le début d'une activité exportatrice non marginale.

* 21 La dispersion a été mesurée par l'intervalle interquartile (Voir Tableau A.2 en annexe pour les résultats)

* 22 Cette procédure en deux étapes est souvent appelée modèle Tobit.

* 23 Voir Christophe HURLIN, Econométrie des variables qualitatives, polycopié de cours, janvier 2003, Université d'Orléans

* 24 Voir Tableau A.3 en annexe

* 25 En raison notamment du caractère peu développé de la statistique des entreprises au Cameroun, il est difficile de disposer de données de panel de bonne qualité.






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote