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Les déterminants des performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises

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par Sébastien FOTUE NJOMOU
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA, Yaoundé-Cameroun) - Ingénieur d'Application de la Statistique 2005
  

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AVANT-PROPOS

Le présent document est l'aboutissement des quatre années que nous avons effectué à l'Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée dans le cadre de la formation des Ingénieurs d'Application de la Statistique.

En raison du rôle prépondérant que devraient jouer les exportations manufacturières dans le développement du Cameroun, nous nous sommes penchés sur la question suivante : quels facteurs peuvent être pris en compte tant par les pouvoirs publics que le secteur privé dans les politiques de promotion des exportations ? Afin d'apporter des éléments de réponse à cette question, nous avons traité du thème suivant : « Les déterminants des performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises ».

Ce travail, comme toute oeuvre humaine peut être l'objet de critique. Compte tenu de cela, nous sollicitons l'indulgence de tous ceux qui le liront. Mais également, nous acceptons volontiers les remarques constructives qu'elles pourront nous faire dans le but d'améliorer sa qualité ainsi que celles des travaux à venir.

RÉSUMÉ

Depuis plusieurs années, l'évolution économique du Cameroun est fortement influencée par les facteurs extérieurs que sont notamment les variations des prix des produits primaires et l'expansion des débouchés sur les marchés étrangers. Cette situation a d'ailleurs été à l'origine de la récession qui a frappé de plein fouet le pays entre 1985 et 1994. Afin de sortir de cette situation de dépendance vis-à-vis des produits primaires, le gouvernement s'est fixé pour objectif de diversifier davantage l'économie en augmentant notamment la part des exportations manufacturières dans les exportations totales du pays. La réalisation de cet objectif demande de reconsidérer les politiques actuelles en faveur des exportations. Elle passe donc par la réponse à la question suivante : quels facteurs peuvent être pris en compte tant par les pouvoirs publics que le secteur privé dans les politiques en faveur des exportations ? C'est pour apporter une esquisse de réponse à cette que nous avons traité du thème suivant : « Les déterminants des performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises ». Afin de mieux appréhender le comportement des entreprises industrielles face à l'exportation, nous avons fait la distinction entre décision d'exportation et performance à l'exportation.

La revue de la littérature nous a permis d'identifier certains facteurs pouvant influencer le comportement exportateur des entreprises. Il est apparu que, des ressources humaines et financières suffisantes ainsi qu'un outil de production de qualité sont indispensable pour une entreprise qui veut réussir à l'exportation.

L'analyse empirique effectuée dans le cas des entreprises industrielles camerounaises a confirmé l'essentiel des développements théoriques énoncés. Une procédure en deux étapes (modèle Tobit) a été utilisée pour déterminer d'une part les facteurs explicatifs de la décision d'exportation (1ère étape, modèle dichotomique) et d'autre part les facteurs explicatifs des performances à l'exportation (2ème étape, modèle linéaire). La première étape de la procédure a été mise en oeuvre pour l'ensemble des entreprises, tandis que la seconde n'a pris en compte que les entreprises exportatrices. De notre analyse, les principales conclusions suivantes sont ressorties :

la taille des entreprises : un facteur à prendre en compte dans les politiques en faveur des exportations ;

le capital humain : un élément qui compte dans la décision d'exportation des entreprises et déterminant dans les performances à l'exportation des grandes entreprises ;

les ressources financières : essentielles dans la décision d'exportation des petites entreprises ;

la qualité de l'outil de production : déterminant dans les performances à l'exportation des entreprises.

Il est ainsi apparu qu'il existerait un seuil de ressources humaines en dessous duquel les entreprises industrielles camerounaises ne se risqueraient pas d'exporter. Au-delà de ce seuil qui se situe autour de 100 salariés, la taille perd toute influence dans la décision d'exportation. De toute évidence, la taille des entreprises est un facteur à prendre en compte dans les politiques en faveur des exportations. Des mesures des pouvoirs publics visant à faciliter l'accès des entreprises aux ressources longues sont également nécessaires de même que l'utilisation d'une main d'oeuvre qualifiée et expérimentée par les entreprises.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L

es effets des exportations sur l'activité économique d'une nation restent indéniables. Les exportations grâce à leur effet multiplicateur créent des revenus et exercent un impact considérable sur l'emploi. Le développement économique d'une nation peut donc être accéléré par le développement de son commerce extérieur en général et de ses exportations en particulier. Cela est d'autant plus vrai dans le contexte actuel, car on assiste à une interdépendance de plus en plus croissante des économies grâce au phénomène de la mondialisation. Dans cette dynamique d'intensification des échanges par le commerce extérieur, l'Afrique est restée en marge, étant davantage « consommatrice » que « productrice » de la mondialisation. En effet, la part de l'Afrique dans les exportations mondiales n'a cessé de décroître. De 5 % en 1970, elle est passée à 2,4 % en 1990 puis à 1,8 % en 1999. En 1998, les 48 pays les « plus pauvres »1(*) parmi lesquelles plusieurs pays africains dont le Cameroun, ne réalisaient que 0,4 % des exportations mondiales. La marginalisation de l'Afrique devient encore plus évidente quand on se rappelle que l'essentiel de ses exportations est constitué de produits primaires. Les produits primaires qui représentaient en 1950 la moitié du commerce mondial, n'en représentaient que 20 % en 1998. Cette situation a contribué à fragiliser l'économie des pays africains, économie dont l'évolution est fortement influencée par des facteurs extérieurs (variation des prix des produits primaires, expansion des débouchés, etc.). Quelle solution envisager donc pour les économies de ces pays ?

L'émergence, il y'a quelques années de certains pays en développement qu'on a par la suite appelé Nouveaux Pays Industrialisés2(*)(NPI), a montré le rôle important que peut jouer l'industrie dans le développement d'un pays. Ces pays ont connu une croissance économique spectaculaire au cours des dernières décennies. La diversité de la production et des exportations, ajoutée à une stratégie commerciale agressive a largement contribué à leur rayonnement. Au fil des années, ces NPI en sont venus à vendre de moins en moins de produits primaires et de plus en plus de produits manufacturés à haute valeur ajoutée. De l'exemple de ces pays, l'industrie apparaît comme le seul secteur de l'économie capable de dégager des gains de productivité, des surplus important et de favoriser la compétitivité globale de l'économie.

L'économie camerounaise, comme celle de nombreux autres pays en développement est malheureusement encore dépendante du secteur primaire ; secteur qui est particulièrement exposé à l'évolution des conditions naturelles et des cours des produits d'exportation. En 2000 par exemple, les produits primaires (café, cacao, coton, pétrole, bois) représentaient 77 % des exportations en valeur du Cameroun.

Une diversification accrue en faveur du secteur industriel est donc un impératif à moyen terme pour le Cameroun. Or le secteur industriel camerounais connaît de nombreuses faiblesses structurelles qui freinent son développement et réduisent son impact sur l'économie. Conscient de ces faiblesses, du potentiel industriel du pays et de l'effet d'entraînement que l'industrie pourrait avoir sur les autres secteurs de l'économie, des mesures ont été envisagées par le gouvernement. On pouvait lire ce qui suit dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) :

« ...le gouvernement envisage à court terme entreprendre des actions d'appui, en complément de celles des acteurs privés du secteur, pour accroître le taux d'investissement dans le secteur industriel, renforcer la croissance et la compétitivité des entreprises manufacturières afin (i) de diversifier la production industrielle, (ii) d'augmenter la valeur ajoutée manufacturière et (iii) d'augmenter la part des exportations manufacturières, y compris celle des exportations non traditionnelles.»

La mise en oeuvre de ces mesures, en particulier de celles en rapport avec les exportations, serait très bénéfique à l'industrie camerounaise. Ces dernières années, la part des produits industriels dans les exportations a continué de stagner, se situant autour de 30 % entre 1998 et 2001. La propension à exporter3(*) de l'ensemble des entreprises industrielles n'a pas également connu d'évolution majeure ces dernières années. De 32,1 % en 1993/1994, elle est passée à 42,0 % en 1996/1997 pour retomber à 35,7 % en 1999/2000.

L'impact de l'activité industrielle sur l'économie du Cameroun en général et sur ses exportations en particulier semble être limité et cela malgré le fait que dans la politique de relance préconisée par le gouvernement depuis une décennie et réaffirmée dans le DSRP, l'industrie devrait jouer un rôle stratégique. À ce titre, ce secteur devrait être animé d'une dynamique de promotion des exportations qui doivent être compétitifs en qualité et en prix sur les marchés extérieurs.

Compte tenu d'une part du rôle important que pourrait jouer les exportations industrielles et d'autre part des performances actuelles de l'industrie dans ce domaine, la question suivante mériterait d'être posée : quels facteurs peuvent être pris en compte tant par les pouvoirs publics que par le secteur privé dans les politiques de promotion des exportations ?

L'analyse traditionnelle du commerce internationale met l'accent sur les variables macroéconomiques pour expliquer les performances à l'exportation d'une entreprise (demande, prix, concurrence, taux de change, etc.). Or ces variables qui constituent pour l'entreprise des conditions exogènes, sont difficilement maîtrisables par elle.

C'est pour résoudre ce problème que certaines études empiriques4(*) ont essayé d'expliquer les performances à l'exportation des entreprises à l'aide des caractéristiques individuelles de celles-ci. Ces études ont basé leur approche de l'exportation sur la question de la taille de l'entreprise. Selon elles, il existerait un seuil en terme de ressources financières et humaines qu'il serait bon de pouvoir dépasser avant de s'aventurer sur les marchés extérieurs. Ce résultat valide le principe selon lequel, la taille de l'entreprise est dépendante de celle de son marché.

Afin de déterminer pour les entreprises industrielles camerounaises, les caractéristiques individuelles pouvant expliquer leurs performances à l'exportation, nous nous sommes penchés sur le thème suivant : « Les déterminants des performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises ». Ce travail distingue la décision d'exporter de la propension à exporter. Il s'articule autour des deux questions principales suivantes :

- Quels facteurs peuvent expliquer la décision d'exportation d'une entreprise industrielle camerounaise ?

- Quels facteurs peuvent expliquer les performances à l'exportation d'une entreprise industrielle camerounaise qui décide d'exporter ?

En référence aux deux questions ci-dessus, les objectifs spécifiques de l'étude sont :

- identifier les profils des secteurs industriels en matière d'exportation ;

- déterminer les facteurs qui ont un impact significatif sur la décision d'exportation d'une entreprise industrielle ;

- déterminer les facteurs qui ont un impact significatif sur les performances à l'exportation d'une entreprise industrielle qui décide d'exporter.

Sur la base de tout ce qui précède, nous formulons l'hypothèse de travail suivante : toutes choses égales par ailleurs, la taille d'une entreprise industrielle et certains ratios de gestion et d'activité expliquent sa décision d'exportation et ses performances à l'exportation.

L'étude sera faite à l'aide de données issues des Déclarations Statistiques et Fiscales (DSF) produites par les entreprises industrielles au cours de l'exercice 2000/2001 et disponibles au Secrétariat Permanent du Plan comptable de l'Institut National de la Statistique (INS). Cette base sera complétée par celle de l'Enquête Annuelle dans l'Industrie de l'année 2000/2001, menée par la Sous-Direction des Statistiques d'Entreprises de l'INS. Nous nous limiterons dans ce travail aux secteurs industriels suivants : « Agro-industries », « Bois et papier », « Industries chimiques » et « Textiles et autres industries ».

Les résultats attendus de cette étude devraient permettre de mieux orienter les politiques en faveur des exportations. Plus spécifiquement, le produit de notre travail pourrait contribuer à préciser les rôles des acteurs que sont les pouvoirs publics et le secteur privé, dans l'amélioration des performances à l'exportation de l'économie camerounaise. À cet effet, le présent document comporte deux parties.

La première partie présente le cadre général de l'étude. Elle est subdivisée en trois chapitres. Le chapitre 1 donne un aperçu de certains développements théoriques disponibles sur le comportement des entreprises face à l'exportation. Le chapitre 2 présente brièvement les performances économiques du Cameroun ces dernières années notamment en matière de commerce extérieur. Le chapitre 3 décrit l'environnement dans lequel fonctionnent les entreprises industrielles camerounaises.

La deuxième partie fait une analyse statistique des comportements à l'exportation des entreprises industrielles du Cameroun. Elle comprend deux chapitres. Le chapitre 4 donne la méthodologie d'analyse ; les concepts utilisés et les modèles estimés y sont également présentés. Le chapitre 5 présente les résultats des modèles et en fait une brève analyse.

* 1 D'après le classement du Rapport mondial sur le développement humain 2000.

* 2 Expression utilisée pour désigner l'ensemble des pays en développement d'Asie et d'Amérique latine qui ont connue une croissance économique spectaculaire au cours des dernières décennies (Corée du Sud, Singapour, Taiwan, Hong-Kong, Brésil, etc.).

* 3 Part de chiffre d'affaires (hors taxe) réalisé à l'exportation.

* 4 Jean-Louis BRICOUT (1991) «Exporter : une question de taille», Economie et Statistique, n°224, p.25-33

Sylvie SCHERRER (1998) « La taille des entreprises détermine t-elle à elle seule leur comportement d'exportation ? », Economie et Statistique, n°319-320, p 163-178

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