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La politique chinoise de l'administration Bush après la répression place Tiananmen : l'interdépendance peut-elle apaiser les tensions politiques ? 1989-1993

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par Nicolas Le Guillou
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 1 Science Politique - Relations Internationales spécialité Sécurité & Défense 2014
  

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Chapitre 3: Les régimes internationaux et leur importance dans le cas sino-américain

Le troisième concept majeur de Power and Interdependence concerne les régimes internationaux. Bien que l'ouvrage ne soit pas à l'origine de cette notion, il montre en revanche comment celle-ci peut être utilisée pour une analyse empirique des relations de toute nature113.

Section 1 : Un concept éclairant pour comprendre l'interdépendance

Pour R. Keohane et J. Nye, l'étude des régimes internationaux éclaire concrètement la compréhension du concept d'interdépendance. Ils empruntent la notion à John G. Riggie qui l'a développé en 1975 et qui y voit « un ensemble d'anticipations communes, de règles et de régulations, de plans, d'accords et d'engagements f...] qui sont acceptés par un groupe de pays. »114. Nos deux auteurs, eux, le définissent comme un ensemble de normes, d'ententes, d'arrangements et de règles qui gouvernent les relations d'interdépendance115. Ainsi, bien que la politique mondiale entre les Etats demeure assez largement anarchique (compte tenu de l'absence de normes juridiques telles qu'il peut y en avoir en politique interne), il existe quelques cadres institutionnels internationaux. Si les Etats sont égoïstes par essence, l'idée sous-jacente de R. Keohane et J. Nye c'est qu'ils peuvent être amenés à la coopération au sein de structure dont ils eux-mêmes établis les règles pour encadrer leur rapport. Pour les auteurs, même si l'intégration globale reste faible, que la plupart des organisations internationales ou normes fixées sont

113 Ibid. p. 257.

114 John G. Riggie cité par BATTISTELLA Dario, Théories des relations internationales, op. cit. p. 450.

115 « We refer to the sets of governing arrangements that affect relationships of interdependence as international regimes », KEOHANE Robert O., NYE Joseph S., Power and Interdependence, op. cit. p. 257.

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insignifiantes, des régimes internationaux spécifiques peuvent avoir des effets importants dans des situations d'interdépendance invitant quelques pays à coopérer sur des domaines précis116 : « paix et sécurité internationales (ONU), échanges commerciaux (GATT, OMC), relations monétaires et financières (FMI et BIRD), course aux armements (TNP, ABM) »117. Les régimes internationaux sont donc perçus par R. Keohane et J. Nye comme des intermédiaires entre la structure du pouvoir dans le système international et les négociations politiques et économiques qui s'y exercent118. L'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) constitue le premier exemple de prototype de régime international. Derrière cette étude sur les régimes internationaux, R. Keohane et J. Nye questionnent avant tout les conditions auxquelles les Etats sont prêts à se soumettre à des normes, des procédures pour faciliter la coopération.

Section 2 : Les effets des régimes internationaux sur la coopération

Bien évidemment, le degré d'efficacité de ces régimes varie, si bien que ces derniers peuvent changer. A cet égard, les deux auteurs proposent quatre explications à l'origine de ces changements de régimes internationaux : la première relie les changements de régimes aux évolutions technologiques et économiques, les deux autres sont structurelles : l'une s'appuie sur la structure globale du pouvoir, l'autre se concentrant sur la répartition des pouvoirs au sein du système international. Enfin, la dernière repose sur un modèle d'organisation internationale qui postule qu'au sein des réseaux de relations, de normes, d'institutions, il existe des facteurs indépendants qui permettent d'expliquer ces changements de régime119. Il faudra donc porter un regard attentif sur les processus d'intégration des organisations internationales lesquelles constituent la porte d'entrée des régimes internationaux120. Tout bien considéré, le résultat de ces postulats est de tester la validité de la théorie de la stabilité hégémonique. Finalement, il s'agira, nous concernant, de s'intéresser aux effets des régimes internationaux sur le comportement de la Chine et des Etats-Unis. En 1986, la RPC entame son protocole d'accession au GATT et puis signe le Traité de Non-prolifération en 1992. Ces deux procédures sont loin d'être anodines dans le contexte sino-américain post-Tiananmen. Nous évaluerons donc la portée de ces actions sur la relation afin de déduire la valeur explicative de la théorie de l'interdépendance complexe.

116 Ibid., p. 21.

117 BATTISTELLA Dario, Théories des relations internationales, op. cit. p. 450.

118 KEOHANE Robert O., NYE Joseph S., Power and Interdependence, op. cit. p. 21.

119 Ibid. chapitre 3 : « Explaining international regime change » pp. 38-60.

120 KENT Ann, « China, International Organizations and Regimes: The ILO as a Case Study in Organizational Learning », Pacific Affairs, Vol. 70, n°4 (Winter, 1997-1998), p. 519. URL: http://www.jstor.org/stable/2761321 Consulté le 03/03/2015.

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La dissection théorique que nous venons d'opérer a permis de dégager les concepts forts de notre ouvrage de référence. Qu'il s'agisse des hypothèses spécifiques de R. Keohane et J. Nye (existence de plusieurs niveaux de relations interétatique, absence de hiérarchie des enjeux), des instruments de mesure à notre disposition (variables sensible et vulnérable), tous ces éléments permettront de mettre en évidence l'évolution de la relation sino-américaine après Tiananmen. Nous venons de voir qu'effectivement l'école de pensée développée par R. Keohane et J. Nye, de par son caractère hétéroclite, assure une compréhension globale des enjeux internationaux. L'étude factuelle, objet de notre deuxième partie, consistera par conséquent, à s'appuyer sur ces bases théoriques pour faire une lecture approfondie des rapports sino-américains post-Tiananmen. L'ensemble permettra dans un dernier temps de valider ou d'infirmer les suppositions de Power and Interdependence. D'abord, intéressons-nous concrètement à la crise de Tiananmen et ses répercussions immédiates sur la prise de décision américaine.

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Partie 2 : L'importance stratégique de l'après-Tiananmen dans les fondements de la relation sino-américaine

Après l'administration Nixon, chaque Président américain nouvellement élu s'efforça de modifier le style ou le contenu de la politique américaine chinoise. A l'inverse, lorsque George Herbert Bush fut élu et investi le 20 Janvier 1989, celui-ci avait bien l'intention de prolonger la politique de ses prédécesseurs121. Son discours d'investiture s'acheva ainsi : « Je vois l'histoire comme un livre fait de nombreuses pages que nous remplissons chaque jour d'actes, d'espoir et de raison. Une nouvelle brise souffle, une page se tourne et l'histoire suit son cours. »122. Paradoxalement, c'est le Président américain qui dut faire face aux changements les plus brutaux de l'ère contemporaine sino-américaine. Sans qu'il ne le sache encore, la relation sino-américaine allait tourner les pages de son histoire, plus rapidement que prévu.

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