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Facteurs de risques et acces aux soins pour le paludisme dans la communauté rurale de Mampatim (Kolda): analyse géographique

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par Boubou Thiam
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Maitrise Géographie 2009
  

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II.2- Les types de recours aux soins en cas de paludisme

Selon Picheral, [1984] le recours aux soins est « l'expression et la manifestation de la morbidité ressentie et/ou diagnostiquée qui se traduit par une consommation médicale ». Dans notre zone d'étude, il ressort de nos enquêtes que les populations utilisent plusieurs types de recours pour le même épisode morbide palustre.

Le tableau 18 présente les différents types de recours aux soins des populations en cas d'accès palustre. Nous constatons qu'en moyenne 76,2 % des ménages interrogés vont aux postes de santé. Mais parmi ceux-ci, 46 % vivent dans les villages d'implantation de ces structures de soins (Anambé et Mampatim). Les 30,2 % qui restent, se répartissent entre les huit autres villages de notre échantillon.

Par ailleurs, 52 % et 10,01 % des ménagent ont affirmé avoir recouru à l'automédication traditionnelle et au tradipraticien.

Tableau 18 : Les différents types de recours aux soins en cas de paludisme

Lieux de recours aux soins

Effectif

Fréquence (%)

Centre de santé

3

0,7

Case de santé

70

25,3

Poste de Santé

211

76,2

Automédication moderne

5

1,8

Auto. Traditionnelle

145

52,3

Tradipraticien

28

10,01

Source : Enquête dans les ménages, 2008

Ces résultats nous indiquent, d'une manière générale, que la médecine traditionnelle occupe une place prépondérante dans le choix du recours aux soins. La médecine traditionnelle est définie par Picheral, [1984] comme étant « les formes et modes de représentation, de signification des connaissances et pratiques médicales (recours aux soins) en dehors de la médecine officielle ». La préférence de recourir à la tradition plutôt qu'à la médecine moderne résulte de plusieurs aspects dont deux qui nous semblent fondamentaux dans notre analyse : la culture et l'accessibilité des services de santé.

En milieu rural, l'utilisation de la pharmacopée demeure une des premières actions en cas de maladie. De Sardan, [2004] dans son analyse sur la santé en Afrique démontre que « la culture locale est incriminée, en ce que des coutumes, des habitudes ou des représentations

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et pratiques populaires, voire l'ignorance des populations, dissuaderaient les malades de se rendre à temps dans les structures de santé, par un recours excessif aux traitements dits « traditionnels» ou aux guérisseurs ».

Par ailleurs, la faible couverture sanitaire fait que les populations optent, dans la plupart des cas, pour une consultation coutumière. Niang, [1997] souligne que « l'importance de la médecine traditionnelle constitue selon Fassin, [1994] outre son rôle d'héritage culturel, une compensation aux insuffisances des dispositifs sanitaires modernes notamment dans les zones rurales ».

La comparaison faite entre le nombre de cas de paludisme et la distance aux postes de santé (cf. tableau 19) montre que la distance joue un rôle primordial dans le choix du recours aux soins.

Tableau 19 : Comparaison entre le nombre de cas de paludisme et la distance aux postes de santé

Villages

Distance au poste de santé (km)

Nombre de cas de paludisme présumés

Thiéoulé

20

36

Kossanké

15

15

Diankancounda Oguel

15

73

Dembayel

13

73

Awataba

9,7

29

Aine Mady Yoro

8

8

Medina Samba Baldé

7,5

10

Missirah Demba Sadio

7

152

Anambé

1

231

Mampatim

1

584

Source : Registres de consultation des postes de santé, 2007

L'analyse de ce tableau fait ressortir l'importance du facteur distance dans le recours aux soins au niveau des structures de soins en cas d'accès palustre. En effet, les villages proches des postes de santé présentent une présomption palustre élevée. C'est le cas de Mampatim et d'Anambé où les ménages interrogés ne font en moyenne pas plus d'un km pour accéder aux postes de santé. Rappelons que c'est au niveau de ces deux villages où sont installés les postes de santé.

Le village de Medina Samba Baldé, qui se situe à 7,5 km du poste de santé, a la plus faible morbidité palustre (10 cas) de notre échantillon. Selon les populations interrogées, l'absence

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d'infrastructures routières adéquates constitue un blocage pour se rendre au poste de santé d'Anambé en cas de maladie.

Les villages d'Aine Mady Yoro, Missirah Demba Sadio et d'Awataba exposent un scénario qui est pratiquement identique à l'ensemble des villages de la Communauté Rurale de Mampatim. Ces villages se localisent à peu prés à distance égale par rapport aux postes de santé, mais chacun d'entre eux a sa particularité. Aine Mady Yoro et Missirah Demba Sadio sont traversés par la route bitumée Nationale 6 qui est en très bon état. Ce qui veut dire que l'on soit en saison sèche ou pluvieuse, les populations peuvent atteindre facilement les postes de santé. Cependant, Missirah Demba Sadio a un nombre de cas (152) de paludisme largement supérieur à Aine Mady Yoro (57). La différence en est que dans le village d'Aine Mady Yoro on rencontre le plus grand nombre de guérisseur traditionnel de notre échantillon. Ce qui fait que les habitants se font consulter d'abord par un tradipraticien en cas de maladie. Un chef de ménage en témoigne : « c'est une tradition sacrée ici. Par respect à nos coutumes, la médecine moderne vient toujours en dernier recours. fl y'à au moins un guérisseur dans presque chaque ménage ».

Pour le village d'Awataba, les habitants sont obligés d'emprunter des pistes faites de latérites, truffées de nids d'oiseaux et souvent dégradables en période d'hivernage. La photo ci-dessous montre une piste reliant le village au poste d'Anambé où l'eau de pluie stagnante empêche tout trafic normal. Sur cette entrefaite, les populations n'ont que deux possibilités : soit faire un grand détour pour se rendre au poste de santé, soit resté sur place tout bonnement en désespoir de cause.

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Photo n°2

L'impraticabilité d'une piste reliant le village d'Awataba au poste de santé d'Anambé

Le village de Thiéoulé a la particularité d'être la seule localité de notre échantillon qui se trouve à plus de 15 km d'un poste de santé. Là aussi, la distance constitue une contrainte considérable pour le recours thérapeutique des populations.

En définitive, l'absence notoire de voies de communication fait que les populations de la Communauté Rurale de Mampatim sont confrontées à une difficulté d'accès aux postes de santé. Ainsi, le recours aux soins est conditionné en grande partie par l'accessibilité physique aux structures de santé. L'enclavement de certains villages contraint les habitants à mettre parfois des heures pour rejoindre les lieux de recours aux soins.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry