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Dynamique de l'endettement public extérieur et croissance économique au Burundi (1980-2010)

( Télécharger le fichier original )
par Hervé NDAYININAHAZE
Université Lumière de Bujumbura - Licence 2013
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU BURUNDI
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE LUMIERE DE BUJUMBURA

FACULTE DE GESTION ET ADMINISTRATION

DYNAMIQUE DE L'ENDETTEMENT PUBLIC

EXTéRIEUR ET CROISSANCE

éCONOMIQUE AU BURUNDI (1980-2010)

Par :

NDACAYISABA Arnaud

&

NDAYININAHAZE Hervé

Sous la direction de :

M. NDIKUMWENAYO Vénuste Mémoire présenté et défendu

publiquement en vue de

l'obtention du Diplôme de Licence en Gestion et Administration

Option : Finance et comptabilité

Bujumbura, Mars 2013 0

i

REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail de mémoire, nous tenons à exprimer, plus par ferme conviction que par simple conformisme, notre profonde gratitude à toute personne qui nous aurait prêté main forte pour sa réalisation.

Nous tenons sincèrement à remercier M. NDIKUMWENAYO Vénuste, Directeur de ce mémoire qui, malgré ses multiples tâches, a accepté d'encadrer notre travail. Ses conseils et soutiens nous ont été d'un grand apport. Il a dirigé avec rigueur et patience ce travail et les imperfections qui peuvent apparaître ne sauraient lui être imputables. Nos profonds sentiments de reconnaissance s'adressent en outre aux membres du jury pour avoir accepté de nous lire et évaluer le présent travail malgré certainement leur agenda très surchargé.

Nous avons également un réel plaisir de témoigner notre gratitude à l'ensemble du corps enseignant et administratif de la faculté de Gestion et Administration de l'Université Lumière de Bujumbura (ULBu) et tous les éducateurs, du primaire en passant par le secondaire, pour le savoir et les valeurs morales qu'ils nous ont inculqués. Que notre succès soit le leur.

Entière est notre reconnaissance pour nos familles respectives. Que dans l'aboutissement de ce travail, elles trouvent le couronnement de leur soutien indéfectible tant moral que matériel.

Certes, la liste n'est pas exhaustive. Outre tous ceux que nous avons nommément énumérés ci-dessus, nous adressons notre reconnaissance à toute personne physique ou morale qui aurait intervenu d'une manière ou d'une autre dans notre formation et/ou dans la rédaction de ce mémoire.

NDACAYISABA Arnaud

&

NDAYININAHAZE Hervé

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ADF APD BAD BIF BIRD BM BRB CCFD CEMAC CNCA CSLP

CT

DPE DSRP

% : Pour cent

: Augmented Dickey and Fuller (Dickey et Fuller augmenté)

: Aide Publique au Développement

: Banque Africaine de Développement

: Franc Burundi

: Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

: Banque Mondiale

: Banque de la République du Burundi

: Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement

: Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale

: Comité National de Coordination des Aides

: Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté

: Court Terme

: Dette Publique Extérieure

: Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

Etc. : Et cetera (Ainsi de suite)

FAD FMI FRPC IADM IBW IDA IDEC IFI IPPTE

LT

: Fonds Africain de Développement

: Fonds Monétaire International

: Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance

: Initiative d'Allégement de la Dette Multilatérale

: Institutions de Bretton Woods

: International Development Association

: Institut de Développement Economique du Burundi

: Institutions Financières Internationales

: Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés

: Long Terme

MBIF : Millions de BIF

MCE

OED

ONG

PED

PIB

PP

PPTE

PQDES

ULBu

VAN

VIH/SIDA

ii

: Modèle à Correction d'Erreur

: Operations Evaluation Department

: Organisation Non Gouvernementale

: Pays En Développement

: Produit Intérieur Brut

: Phillips et Perron

: Pays Pauvres Très Endettés

: Plan Quinquennal pour le Développement Economique et Social

: Université Lumière de Bujumbura

: Valeur Actuelle Nette

: Virus de l'Immunodéficience Humaine/Syndrome

d'Immunodéficience Acquise

iii

LISTE DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX

I. LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique n°1 : Evolution du stock de la dette publique en % de la dette totale (1980-

2010) 34
Graphique n°2 : Dette extérieure par type de bailleurs en pourcentage de la dette totale

(1980-2010) 35
Graphique n°3 : Evolution comparée des taux d'épargne intérieure et d'investissement

(1980-2010) 37

Graphique n°4: Evolution du solde budgétaire (en % du PIB) 38

Graphique n°5 : Affectation de la dette publique extérieure par secteur en % de la dette

publique extérieure totale (1980-2010) 39
Graphique n°6: Evolution du ratio du service de la dette extérieur aux exportations (1980-

2010) 41

Graphique n°7: Evolution du ratio de la dette extérieure aux exportations (1980-2010) 42

Graphique n°8 : Evolution de l'encours de la dette extérieure en % du PIB (1980-

2010) 43

Graphique n°9 : Evolution du service de la dette en % du PIB 44

Graphique n°10 : Evolution comparée du PIB réel et de la DPE (1980-2010) 46

Graphique n°11 : Test de CUSUM 69

Graphique n°12 : Test de CUSUMSQ 69

II. LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Critères de soutenabilité de la dette extérieure 13

Tableau n°2 : La remise de la dette par créanciers du Burundi 50

Tableau n°3 : Structure des dépenses PPTE (2009-2010) 51

Tableau n°4 : Définition des variables et leurs signes attendus 54

Tableau n°5 : Les tests de racine unitaire des variables en niveau 58

Tableau n°6 : Les tests de racine unitaire des variables en différence première 59

Tableau n°7 : Estimation de la relation de long terme 61

Tableau n°8 : Test de stationnarité de la série résiduelle(au seuil de 5%) 64

Tableau n°9 : Coefficients de régression du MCE 65

Tableau n°10 : Résultats du test de BREUSCH et GODFREY 67

Tableau n°11 : Résultats du test d'hétéroscédasticité de WHITE 68

iv

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS I

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS II

LISTE DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX III

TABLE DES MATIERES IV

INTRODUCTION GENERALE 1

0. 1. Contexte et problématique 2

0.2. Objectif et hypothèse de travail 5

0.3. Méthodologie 5

0.4. Intérêt du sujet 5

0.5. Articulation du travail 6

CHAPITRE I : ENDETTEMENT PUBLIC ET CROISSANCE ECONOMIQUE : CADRE

THEORIQUE ET EMPIRIQUE 7

Section 1 : Approche théorique sur la dette publique 7

1.1. Concepts et définition 7

1.2. Financement et créditeurs étrangers 9

1.3. Soutenabilité de la dette 10

Section 2 : Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) 15

2.1. Les critères d'éligibilité et le processus de mise en oeuvre de l'IPPTE 15

2.2. Limites de l'Initiative PPTE 20

Section 3 : Les mobiles de l'endettement extérieur 21

3.1. Le déséquilibre « Epargne-Investissement » et le déficit courant 22

3.2. L'endettement public et croissance économique 23

Section 4 : Dette et croissance : Une revue sélective de la littérature empirique 26

Synthèse du premier chapitre 31

CHAPITRE II : ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA DETTE PUBLIQUE EXTERIEURE AU

BURUNDI 32

Section 1 : Profil de la dette publique extérieure 32

1.1. Genèse de l'endettement extérieur 32

1.2. Evolution de la dette extérieure du Burundi 33

1.3. Structure de la dette extérieure 35

Section 2 : Les enjeux et les mobiles de l'endettement public extérieur au Burundi 36

2.1. Insuffisance de l'épargne intérieure 36

2.2. Mobilisation des recettes budgétaires 38

2.3. Affectation de la dette publique extérieure 39

Section 3 : Effets de la dette extérieure sur les performances économiques 40

3.1. Les indicateurs de liquidité 40

3.2. Les indicateurs de solvabilité 43

3.3. Le niveau d'endettement extérieur et la croissance économique 46

Section 4 : La dette publique et l'Initiative PPTE pour le Burundi 47

4.1. Le Fardeau de la dette extérieure et l'accès du Burundi à l'IPPTE 47

4.2. Viabilité des ressources PPTE 51

Synthèse du second chapitre 52

CHAPITRE III : IMPACT DE LA DETTE PUBLIQUE EXTERIEURE SUR LA CROISSANCE

ECONOMIQUE AU BURUNDI : ANALYSE EMPIRIQUE 53

Section 1 : Choix des variables et anticipation des signes 53

1.1. Cadre analytique du modèle 53

1.2.Choix des variables et anticipation des signes 54

Section 2 : Source des données et spécification du modèle 55

2.1. Source des données 55

2.2. Spécification du modèle 55

Section 3 : Tests économétriques et analyse des résultats 56

3.1. Le test de multicolinéarité de KLEIN 56

3.2. Définition et propriétés de la stationnarité 56

3.3. Résultats des tests de stationnarité 57

3.4. Test de cointégration à la ENGLE-GRANGER et le Modèle à Correction d'Erreur 60

3.5. Tests supplémentaires 67

Synthèse du troisième chapitre 70

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 71

V

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 73

1

INTRODUCTION GENERALE

Au lendemain des indépendances, beaucoup de pays subsahariens se sont massivement tournés vers le marché des capitaux pour emprunter des ressources additionnelles nécessaires au financement des grands travaux d'investissement. MANKIW (2003) indique, en effet, que lorsqu'un Etat dépense plus qu'il ne perçoit des recettes fiscales, il emprunte auprès des marchés financiers pour financer son déficit budgétaire et que tous les Etats ont une certaine dette, mais l'importance de celle-ci varie considérablement d'un pays à l'autre.

Encouragés par un contexte favorable (croissance rapide et taux d'intérêt peu élevés), ces pays en développement (PED) ont été amenés à avoir recours à des crédits importants auprès des institutions financières internationales(IFI). La dette leur permettait de réaliser des taux de croissance élevés (BAÏLO, 2007). Mais vers la fin des années 70, l'environnement international a fortement changé et n'était plus favorable en raison notamment de la chute des prix des matières premières dont ils étaient et restent tributaires (entraînant ainsi la baisse des recettes d'exportations), de la hausse des taux d'intérêts, de la fluctuation des taux de change et de la détérioration des termes de l'échange.

Cependant, ces pays à faible revenu ont continué à s'endetter sans pour autant changer leur politique intérieure en matière d'emprunt. Les capitaux empruntés servaient de moins en moins à financer les investissements, mais couvraient surtout les déficits de la balance courante et les déficits budgétaires. L'évolution de leur dette dans le temps montre en outre que l'endettement a été causé davantage par des raisons qui émanent de facteurs purement financiers que par un vrai besoin de financement de l'investissement productif.

C'est ainsi qu'au début des années 80, vont se produire une série de chocs extérieurs défavorables (hausse des taux d'intérêt, baisse de prix et de la demande des exportations des produits de base, hausse des prix à l'importation et le resserrement du crédit extérieur) qui vont durement les affecter et contribuer à l'émergence de leur crise d'endettement.

2

C'est dans cette mouvance générale que ces pays du Sud en général et le Burundi en particulier se sont retrouvés fortement endettés et contraint de se soumettre aux programmes des Institutions de Bretton Woods (IBW). Suite à la crise de leur dette, ces institutions ont dû en effet intervenir en faveur de leurs débiteurs via diverses sortes de programmes dont l'un des plus récents est l'Initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (IPPTE) qui leur propose un processus d'allègement de leur dette et visant à ramener leur dette extérieure à un niveau dit soutenable.

Comme nombreux autres PED, le Burundi a accumulé des déficits budgétaires élevés depuis les années 80. En effet, comme le souligne KAMIKAZI (1999), l'apparition du déficit budgétaire important et l'accroissement rapide de l'endettement public sont remarquables au sein de l'économie; et le déficit budgétaire est en grande partie financé par la dette extérieure. Par conséquent, ces institutions ont recommandé au Burundi d'adopter une politique budgétaire restrictive eu égard à l'hypothèse très répandue selon laquelle les déficits budgétaires auraient des effets négatifs sur certaines variables macroéconomiques fondamentales.

Le recours à la dette extérieure pour financer le déficit budgétaire n'est pas mauvais en soi si, bien évidement, celui-ci est indexé à une politique d'endettement basée sur des programmes qui assurent l'expansion de l'économie. En effet, les Etats cherchent non pas l'équilibre budgétaire strict, mais plutôt un solde budgétaire compatible avec l'évolution actuelle et future des variables macroéconomiques fondamentales ainsi qu'avec la capacité du secteur public de rembourser sa dette.

0. 1. Contexte et problématique

Il est important pour un pays d'emprunter à l'étranger afin d'ajuster ses recettes et dépenses. Cette possibilité d'emprunt procure de vastes perspectives, mais cela peut aussi exposer le pays à de graves dangers. A la base de toute théorie d'endettement, la capacité de remboursement du pays endetté et le seuil de l'endettement supportable s'y trouvent. La contrainte de remboursement ne se justifie que si elle est annexée au taux de croissance de l'économie, à un ajustement des structures économiques par choix des investissements productifs qui permettent, par le biais de l'accroissement des exportations, le paiement du service de la dette en devises.

3

La mobilisation des ressources financières est une condition nécessaire de tout processus de développement. Mais alors, l'écart entre le besoin d'investissement nécessaire et les ressources disponibles était visiblement énorme. C'est pourquoi la plupart ont dû se baser sur un fort endettement qu'ils devraient désormais gérer suite à l'augmentation des besoins qui ont très vite dépassé leur capacité de financement. Le phénomène de l'endettement n'est donc qu'une conséquence naturelle des activités économiques. Il vient du fait que certains pays ont des excédents financiers et d'autres des besoins de financements.

L'endettement permet donc à un pays d'investir des capitaux au-delà de ses propres disponibilités financières en empruntant des excédents de capitaux (KLEIN, 1994). La dette ainsi créée est supposée générer la croissance et le développement. Mais pour générer des ressources et pouvoir rembourser l'emprunt, la dette doit impérativement être utilisée de manière judicieuse et dans des secteurs productifs.

Dans certains cas, le remboursement de la dette extérieure est devenu un frein au développement économique à partir du moment où l'investissement public qui est supposé être le moteur de la croissance et du développement économique, se trouve conditionné par toutes les contraintes qui entourent le remboursement de la dette. Pour tenter d'y remédier, ces pays en difficulté ont bénéficié des prêts considérables, assortis souvent des conditions très concessionnelles, qui devraient permettre leur décollage rapide en favorisant l'investissement et en accélérant la croissance (PATILLO et al, 2002).

Au Burundi, comme dans la plupart des PED, le déséquilibre chronique des finances publiques qui est l'une des sources d'endettement, est une évidence. Les statistiques indiquent en effet que les dépenses ont été toujours supérieures aux recettes publiques. De 1980 à 2010, le solde budgétaire est structurellement déficitaire oscillant des fois autour de 10% du revenu national (9,65 % en 1996).

Or, ces dettes contractées impliquent qu'une part importante du revenu national soit utilisée pour servir la dette, ce qui pourrait creuser davantage le compte courant. Comme conséquence, cet accroissement continu de la dette publique peut éventuellement entrainer à son tour des contreperformances économiques.

4

Les économies des PED en général, le Burundi en particulier, ont été compromises par le service de la dette qui pèse lourdement sur leur PIB et recettes d'exportation. La dette extérieure constitue un véritable goulot d'étranglement pour l'économie burundaise avant la mise en oeuvre de l'IPPTE. Le service de la dette absorbe des fonds qui pourraient être affectés aux dépenses essentielles de lutte contre la pauvreté.

Selon les données tirées des rapports de la BRB, l'encours de la dette extérieure n'a en effet cessé de croitre passant de 11 030,4 MBIF (soit 13,3% du PIB) en 1980 à 1 567 958,6 MBIF (soit 113,8% du PIB) en 2008, soit un accroissement de 1 556 928,3MBIF. Le service de la dette a évolué parallèlement au stock de la dette extérieure avant la survenance de la crise sociopolitique de 1993 qui a conduit à l'accumulation des arriérés de paiements. Passant de 9,4% des exportations en 1980 à 45,3% en 1992, le service de la dette extérieure s'estime à 26,5% en 1994 pour remonter en flèche et atteindre 78,5% en 2007.

Malgré cette évolution de la dette, le PIB et les recettes d'exportation n'ont pas suivi le même rythme. En effet, la production nationale, en termes réels, est passée de 82 775 à 146 999 MBIF sur la période allant de 1980 à 2010. Quant aux recettes tirées des exportations, elles sont passées de 5 883,9 à 124 596,5 MBIF entre 1980 et 2010.

Le Burundi est, malgré ce niveau d'endettement important, l'un des pays les moins développés du monde. Son PIB par habitant avoisine 139 dollars et 18 % seulement de la population jouissent de la sécurité alimentaire (IOANNOU et AKITOBY, 2009).

Somme toute, toujours dépenser plus qu'on ne collecte, importer plus qu'on n'exporte et investir plus qu'on n'épargne, telles sont les sources de l'endettement de l'Etat. A la lumière de tout ce qui précède, il s'avère que l'endettement public des PPTE en l'occurrence le Burundi peut être le symptôme d'un problème beaucoup important : la faiblesse de la croissance économique. De ce fait, notre préoccupation est de répondre à l'interrogation suivante : « Quel est l'impact de l'endettement public extérieur sur sa croissance économique du Burundi ? »

5

0.2. Objectif et hypothèse de travail

La croissance économique est déterminée par une série de variables que la littérature théorique explique bien. L'objectif de notre recherche est d'analyser l'effet de la dette publique extérieure sur la croissance économique au Burundi.

Pour atteindre l'objectif ci-haut qui sous-tend la problématique de la dette publique, nous formulons l'hypothèse suivante : L'endettement public extérieur affecte négativement la croissance économique au Burundi.

0.3. Méthodologie

La méthodologie est aperçue à travers une recherche documentaire, une brève présentation des données, une définition les variables qui feront l'objet d'estimation économétrique.

La méthode de travail privilégie la recherche documentaire dans le domaine de la dette extérieure d'une part et la croissance économique d'autre part. Cette recherche est orientée vers des études théoriques, empiriques, des publications, des rapports de séminaires et des dossiers de politique économique.

La présente étude couvre la période 1980-2010, soit 31 observations partant du fait que les informations disponibles montrent que le processus d'endettement a débuté durant les années 80. Les études empiriques montrent qu'il y'a plusieurs méthodes d'estimation du modèle entre la dette et la croissance économique. Pour le cas du Burundi, nous estimons le modèle par la méthode des MCO. Nous utilisons le logiciel «Eviews 3.1» pour le traitement économétrique.

0.4. Intérêt du sujet

De grands débats ont eu lieu autour de la question de la dette extérieure et son impact sur la croissance économique des pays à faible revenu. Un constat a été fait en matière de la dette des pays pauvres: les emprunts contractés aujourd'hui servent non à financer les investissements productifs mais plutôt à rembourser les prêts consentis de la période précédente (TIDJANE, 2008). Ces économies se retrouvent alors dans un cercle vicieux.

6

La dette extérieure est devenue insupportable et préoccupante pour ces pays. A cet effet, un grand nombre de pays (notamment le Burundi) ont bénéficié à présent d'un allégement de leur dette dans le cadre de l'IPPTE, l'une en 1996 et l'autre en 1999.

Ainsi, la connaissance des enjeux de la dette extérieure est d'une importance capitale. Cette étude sous le thème: «Dynamique de l'endettement public extérieur et croissance économique au Burundi» permettra aux décideurs économiques et politiques d'avoir une stratégie de mise en oeuvre des politiques économiques par rapport aux emprunts extérieurs et une meilleure orientation de leurs décisions dans le sens d'une conduite optimale de la politique d'endettement du pays.

0.5. Articulation du travail

Outre l'introduction, le premier chapitre définit les concepts de base et passe en revue la théorie sur la dette publique ainsi que ses effets sur la croissance économique.

Le deuxième chapitre analyse la dette extérieure du Burundi à travers ses caractéristiques, ses sources de financement et son évolution. Il met aussi en relation la dette extérieure et les indicateurs économiques.

Le troisième chapitre formalise la relation entre la dette extérieure et la croissance économique par une spécification du modèle. Il met en application la technique d'estimation d'un modèle économétrique à travers des tests de multicolinéarité, de stationnarité et de cointégration des séries. Aussi est-il question de l'application d'un Modèle à Correction d'Erreur (MCE) à deux étapes d'ENGLE et GRANGER. Enfin, avant de le clore, nous présentons et interprétons les résultats obtenus par les tests économétriques et les implications économiques qui en résultent. Sur base des résultats, le travail est bouclé par une conclusion générale et des recommandations de politique économique face à la problématique de l'endettement dans une dynamique de croissance économique.

7

CHAPITRE I : ENDETTEMENT PUBLIC ET CROISSANCE ECONOMIQUE :
CADRE THEORIQUE ET EMPIRIQUE

Théoriquement, l'endettement public est le résultat d'un déséquilibre macroéconomique interne entre les ressources disponibles et les engagements à honorer en termes de dépenses nécessaires. En effet, si un pays dispose de ressources nécessaires pour assurer son fonctionnement de façon à pouvoir réaliser ses projets de développement économique prévus, le problème ne se pose pas. Dans ce cas, il n'y a pas de déficit et le financement des investissements productifs est rendu facile de façon à permettre la croissance économique.

Section 1 : Approche théorique sur la dette publique

Dans cette section, nous nous attelons, tout d'abord, à définir la notion de la dette publique et les concepts y relatifs et, ensuite, abordons la nation de soutenabilité ainsi que les mécanismes d'allègement de la dette extérieure, surtout l'IPPTE.

1.1. Concepts et définition

La dette publique peut être définie comme l'ensemble des emprunts contractés et garantis par un Etat. Dans le domaine des finances publiques, la dette publique représente l'ensemble des engagements financiers sous forme d'emprunt par l'Etat, les collectivités publiques et les organismes qui en dépendent directement (PIRIOU, 2003).

La dette publique est la conséquence des déficits publics. Dans ce cas, l'Etat recourt au financement du déficit par des ressources intérieures ou par l'emprunt à l'étranger. En d'autres termes, selon l'origine des créanciers de l'Etat, on parle de dette intérieure et de dette extérieure.

En effet, la dette extérieure d'un État représente l'ensemble des emprunts contractés par les pouvoirs publics d'un pays auprès de créanciers (privés ou publics, bilatéraux ou multilatéraux) extérieurs et non résidents. La dette intérieure d'un État quant à elle est l'ensemble des engagements contractés auprès d'acteurs résidents dans le pays et exprimés en monnaie locale. On parle de dette privée lorsque celle-ci est contractée par les agents économiques autres que l'État, elle peut être intérieure ou extérieure.

8

En outre, selon le type de créditeurs, on parle de dette bilatérale ou de dette multilatérale. La dette bilatérale est l'ensemble des engagements contractés par un État auprès d'un autre État. Alors que la dette multilatérale est l'ensemble des dettes contractées par un État auprès d'un groupe d'États ou d'une IFI.

Il importe de distinguer la dette de l'Etat et la dette publique. La dette de l'Etat est en effet considérée comme l'accumulation des emprunts de l'Etat tandis que la dette publique est la somme de la dette explicite de l'Etat (dette directement contractée par l'Etat), de la dette implicite de l'Etat (dette contractée notamment par les entreprises publiques, parapubliques, les organisations non gouvernementales, les collectivités décentralisées avec la garantie de l'Etat) et de la dette contractée sur l'Etat (comme par exemple la dette adossée par l'Etat après la faillite d'une banque).

Elle est donc le produit de l'accumulation des besoins de financement passés des administrations publiques, résultant des différences entre les produits (les recettes fiscales, en particulier) et les charges (notamment les dépenses budgétaires) de celles-ci. La dette augmente donc à chaque fois qu'un déficit public est financé par emprunt.

Selon DEMBINSKI (1989) la dette extérieure est définie comme une dette contractée par un pays auprès des créanciers étrangers lorsque celui-ci veut financer une politique d'investissement productif et d'infrastructures économiques et sociales afin d'accélérer le développement économique. Selon lui, la dette extérieure est composée de :

? La dette publique extérieure : Contractée par un Etat auprès des étrangers qu'il s'agisse des particuliers, des banques, des entreprises, des Etats ;

? La dette privée : Emprunts contractés par les emprunteurs privés (banques commerciales, grandes entreprises) quel que soit le prêteur, certaines dettes privées sont devenues publiques car l'Etat du Tiers Monde en donne l'aval.

Pour DAUMONT (1999) la dette extérieure à deux origines. En effet, elle peut être contractée auprès des créanciers officiels ou privés :

? La dette contractée auprès des créanciers officiels couvre les prêts consentis par des organismes internationaux et les banques régionales de développement (dette multilatérale) ainsi que les prêts consentis par les gouvernements étrangers et les organismes publics autonomes (dette bilatérale) ;

9

? La dette contractée auprès des créanciers privés regroupe les prêts accordés par les
banques et autres institutions financières privées, ainsi que les crédits fournisseurs.

1.2. Financement et créditeurs étrangers

La plupart des pays qui ont contracté des crédits extérieurs ont le plus souvent connu de sérieuses difficultés pour les rembourser. L'option fréquente est celle des renégociations sur les modalités de remboursement et des rééchelonnements auprès des comités consultatifs de la dette publique. Les plus connus sont le Club de Paris, le Club de Londres et les IFI.

1.2.1. Le Club de Paris

C'est un groupe informel de gouvernements créanciers se réunissant régulièrement à Paris depuis 1956, le secrétariat étant assuré par le Trésor français. Les créanciers rencontrent les pays débiteurs afin de convenir avec eux des mesures de restructuration de leur dette, mesures qui entrent dans le cadre de l'aide internationale accordée aux pays confrontés à des difficultés de service de leur dette mettant en oeuvre des programmes d'ajustement soutenu par un accord du FMI.

1.2.2. Le Club de Londres

C'est un comité consultatif négociant la dette privée des PVD pour le compte des banques commerciales et qui ne se réunit pas forcement à Londres. C'est un groupe informel de créanciers bancaires privés, qui s'est structuré au cours des années 70 sur le modèle du Club de Paris, pour renégocier les créances qu'ils détiennent sur les Etats et les entreprises des PED. Les rencontres se font à l'initiative du débiteur, lesquelles se font dans différents centres de finance internationale. Le Club n'existe que pendant les négociations. La présidence des négociations s'effectue par une importante institution financière, alors que le comité est composé de membres représentant les différents débiteurs, que ce soit des banques ou des fonds d'investissement (surtout s'ils détiennent des obligations financières).

10

1.2.3. Les Institutions Financières Internationales

Les IFI sont des institutions multilatérales auxquelles adhèrent des Etats dans le but d'harmoniser les relations financières internationales. Elles regroupent le FMI, la BM, ainsi que les banques et les fonds régionaux de développement (Banque Africaine de Développement (BAD), Banque Asiatique de Développement, Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement, la Banque de Développement des États de l'Afrique Centrale...). La BM et le FMI forment le noyau dur des IFI.

A la base de toute théorie d'endettement, le point focal est toujours constitué par la capacité de remboursement du pays débiteur ainsi que son seuil d'endettement supportable.

1.3. Soutenabilité de la dette

Que l'on raisonne en termes de solvabilité ou soutenabilité, les conditions financières des emprunts contractés pour un PED jouent un rôle majeur dans la problématique de l'endettement. Le remboursement de la dette est analysé comme le résultat d'une volonté de payer correspondant à la maximisation de son intérêt par le débiteur, en l'absence de toute possibilité de saisie de garantie par le créancier.

1.3.1. Notion de soutenabilité de la dette publique

Le concept de soutenabilité se définit ordinairement par le fait qu'à long terme un rapport jugé pertinent entre la dette et un flux de ressources (recettes publiques, exportations, PIB, etc.) reste stable. La notion de soutenabilité est difficile à mettre en oeuvre sur le plan empirique, et particulièrement dans le cas des pays les plus pauvres pour lesquels les durées de remboursement sont particulièrement longues (MOISSERON et RAFFINOT, 1999).

La soutenabilité de la dette suppose à la fois que l'État soit considéré comme :

? liquide, c'est-à-dire qu'il soit en mesure de refinancer la dette venant à échéance ;

? solvable, c'est-à-dire que les créanciers aient un jugement positif sur sa capacité à rembourser sa dette sur le long terme.

11

Ces éléments reposent largement sur la confiance des créanciers et la crédibilité des autorités.

D'après le FMI(2003), « la dette d'un pays est soutenable lorsqu'il peut financer le solde de la balance des opérations courantes et assurer les obligations du service de la dette sans faillir, sans solliciter le rééchelonnement, sans accumuler les arriérés et enfin sans compromettre la croissance pour arriver à cette fin, il faut s'assurer que les ratios d'endettement ne vont pas connaître une tendance explosive à long terme.»

La question de la soutenabilité d'une dette publique doit donc s'inscrire dans un cadre dynamique en prenant en compte non seulement le solde budgétaire mais aussi la vigueur de la croissance et le niveau des taux d'intérêts.

1.3.2. Contrainte de liquidité et solvabilité de l'Etat

L'analyse de la solvabilité d'un Etat s'inscrit dans un cadre juridique différent de l'approche suivie pour une entité privée, pour laquelle il est possible de liquider les actifs détenus dans le cadre d'une procédure de faillite.

L'absence de telles procédures pour les Etats souverains repose sur le principe de l'intangibilité de l'Etat et sur l'insaisissabilité des avoirs publics. Un Etat est néanmoins contraint de respecter un équilibre budgétaire inter-temporel, dans la mesure où les créanciers n'acceptent pas de détenir indéfiniment sa dette publique, et donc il ne peut s'endetter perpétuellement.

La contrainte budgétaire inter-temporelle peut se comprendre comme un sentier d'équilibre de la dette, reliant le taux d'intérêt et le taux de croissance de l'économie à long terme avec les excédents primaires futurs actualisés. Deux variables apparaissent donc essentielles :

L'excédent primaire, qui permet à un État de dégager les ressources pour faire face aux échéances de remboursement d'une part ;

Le taux d'intérêt qui représente la charge financière pesant sur la dette d'autre part.

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Un Etat doit continuellement refinancer sa dette venant à échéance et peut donc faire face à une crise de liquidité si ce refinancement n'est pas assuré. Une crise de liquidité survient lorsque les actifs immédiatement disponibles ne permettent pas de couvrir le service de la dette ; elle peut intervenir sans que sa solvabilité soit remise en cause.

La solvabilité est une notion dont la dynamique est mal prise en compte dans un environnement incertain. Un Etat solvable à une période donnée peut devenir insolvable à la suite de chocs. Dès lors, il est courant d'évoquer la soutenabilité de la politique budgétaire et, par extension, la soutenabilité de la dette publique.

1.3.3. Evaluation de la soutenabilité de la dette publique

La notion de soutenabilité de la dette publique représente une question cruciale pour l'ensemble des Etats émergents et des Etats à bas revenus, elle demeure relativement difficile à cerner, tant que les approches et les définitions dont elle fait l'objet diffèrent. Le FMI définit la soutenabilité comme « la capacité à faire face à une contrainte budgétaire, en dehors de toute modification majeure des recettes ou des dépenses publiques, et à un coût de financement sur le marché donné».

D'une manière générale, la gestion des finances publiques d'un pays est soutenable si, d'une part, les déficits budgétaires sont financés par des ressources non inflationnistes et n'obligent pas l'Etat à recourir à des financements exceptionnels pour combler et si, d'autre part, le gouvernement peut s'acquitter intégralement de ses obligations actuelles et futures au titre du service de sa dette publique (intérieure et extérieure), sans recourir à des rééchelonnements, ni accumuler des arriérés de paiements et sans compromettre sa croissance.

Dans le cadre de l'IPPTE, les IBW ont défini les seuils pour les indicateurs afin de définir de façon chiffrée la notion de soutenabilité de l'endettement extérieur d'un pays. Ces ratios étaient placés assez haut dans le cadre de l'initiative initiale (1996), ce qui explique en partie le fait que sept pays1 (sur 41 éligibles et dont 33 en Afrique subsaharienne)

1 La Bolivie, la Guyane, le Mozambique, l'Ouganda, le Burkina Faso, le Mali et la Côte d'Ivoire.

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seulement aient pu bénéficier de celle-ci avant que la campagne internationale de la société civile n'obtienne l'abaissement des seuils en 1999.

Dans l'IPPTE renforcée, la procédure a été sensiblement simplifiée. La dette est déclarée insoutenable si, au point de décision, un des ratios sélectionnés est supérieur aux seuils prédéterminés. La dette « excédentaire » est alors annulée en plusieurs étapes. Trois ratios sont pris en considération, dont deux utilisent la VAN pour tenir compte de la différence de poids des prêts, et permet ainsi de juger du caractère équitable du partage du fardeau entre créanciers.

La VAN d'une dette est une mesure du degré de concessionnalité de celle-ci. Pour PERRIN et al. (2005), elle se définit comme la somme actualisée au taux de marché approprié des annuités (intérêt et principal) restant à courir sur une dette existante. Ainsi, dès lors que le taux d'intérêt appliqué à un prêt est inférieur au taux de marché, la VAN de celui-ci est inférieur à sa valeur nominale.

Tableau n°1 : Critères de soutenabilité de la dette extérieure

INDICATEURS

Initiative PPTE
originale

Initiative PPTE
renforcée

Stock de la dette (VAN)/Exportations

<200-250%

<150%

Service de la dette/Exportations

<20-25%

<15%

Stock de la dette (VAN)/Recettes budgétaires

<280%

<250%

Source : BOUGOUIN et RAFFINOT (2002)

Un pays voulant un endettement soutenable doit répondre à ces trois conditions:

? Stock de la dette (en VAN) / exportations : Il évalue, pour une année donnée, le poids relatif de la dette totale du pays par rapport au montant de ses exportations en valeur de cette même année. Ce ratio devrait être compris entre 200 et 250% (PPTE originale) et inferieur à 150% (PPTE renforcée) pour que la dette soit soutenable.

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? Service de la dette / exportations : Il évalue, pour une année donnée, le poids relatif de ce que doit rembourser le pays par rapport au montant de ses exportations en valeur de cette même année. Pour un endettement soutenable, le pays devrait présenter un ratio compris entre 20 et 25%(PPTE originale) et inferieur à 15% (PPTE renforcée).

? Stock de la dette(en VAN) / Recettes budgétaires : Il évalue pour une année donnée le poids relatif de la dette totale du pays par rapport aux recettes budgétaires qu'il est à mesure de mobiliser cette même année. Le seuil de soutenabilité a été fixé à 280% pour l'IPPTE initiale et à 250% pour l'IPPTE renforcée pour que sa dette soit réputée de soutenable.

Toutefois, le fait de retenir des ratios est très discutable, surtout lorsqu'ils sont calculés pour une année donnée. Aussi le sait-on, c'est la dynamique d'évolution de la dette qui importe. Pour les IBW, la justification de cette méthode est purement empirique car au-delà de ces seuils, on constaterait, historiquement, que les pays ont rencontré des difficultés de remboursement (FMI, 2002).

L'examen du Département de l'évaluation des opérations de la BM (OED, 2003) conclut que le principal indicateur utilisé dans le cadre de l'Initiative, le ratio VAN de la dette aux exportations, sans être parfait, est opérationnellement préférable aux autres pour des raisons d'ordre pratique.

Par le biais de ces trois indicateurs, les créanciers évaluent, d'une part, la capacité du pays à dégager les ressources nécessaires au remboursement de sa dette extérieure et, d'autre part, le poids que ces remboursements fait peser sur la capacité financière de l'État. Autrement dit, la soutenabilité de la dette correspond au fait que les finances publiques puissent rester solvables, c'est-à-dire conserver un niveau de dette qui sera couvert à l'avenir par des surplus budgétaires (hausse des prélèvements ou baisse des dépenses) nécessaires.

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Section 2 : Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE)

MERCKAERT(2006) indique qu'en 1996, les chefs d'Etat des sept pays les plus riches de la planète promettaient aux « pays pauvres lourdement endettés (...) de régler définitivement les situations d'endettement non soutenable ». En 1999 à Cologne, ils renforçaient l'IPPTE en s'engageant à « un allègement de la dette plus rapide, plus large et plus radical (...) pour rendre la dette supportable » et pour financer la lutte contre la pauvreté.

En ce qui concerne le contexte de l'IPPTE, la question du poids de la dette est fondamentale car le surendettement d'un pays compromet sa croissance à long terme et sa capacité à se développer et à lutter contre la pauvreté. L'endettement excessif réduit les ressources disponibles pour l'investissement et les dépenses sociales. Il diminue également la crédibilité du pays concerné auprès des bailleurs et investisseurs potentiels.

2.1. Les critères d'éligibilité et le processus de mise en oeuvre de l'IPPTE

Dans le cadre de l'IPPTE, les conseils d'administration du FMI et de la BM décident de l'éligibilité d'un pays au point de décision; la communauté internationale s'engage alors à fournir une aide suffisante au point d'achèvement pour permettre au pays d'atteindre un niveau d'endettement soutenable calculé au point de décision. Pour qu'un pays soit éligible à l'Initiative, il devrait répondre à une série de conditions.

2.1.1. Eligibilité

L'objectif de l'Initiative est de venir en aide à des pays pauvres qui ont le plus grand mal à assurer le service d'une dette insoutenable afin d'éviter que cette charge insupportable n'entrave leur développement économique. Le point de départ de l'initiative est en fait l'idée qu'un endettement trop lourd est nocif pour la croissance économique.

Tous les pays lourdement endettés n'étaient pas éligibles à l'Initiative, encore moins à la première initiative de 1996 suite aux rigidités qu'elle présentait. Pour qu'un pays fortement endetté soit éligible à l'IPPTE, il devrait répondre à une série de critères :

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? Etre éligible aux prêts de l'Association Internationale pour le Développement (IDA, filiale du groupe Banque Mondiale qui octroie des prêts concessionnels aux pays ayant un PNB par habitant inférieur à 885 dollars en 1999) ;

? Avoir parfaitement mis en oeuvre des réformes et les politiques économiques dans cadre de programmes soutenus par les IBW;

? Toujours faire face à un niveau d'endettement insoutenable, c'est-à-dire après la mise en place des programmes desdites institutions et même après mise en oeuvre des mécanismes traditionnels d'allègement de dette ;

? Elaboration d'un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté.

L'IPPTE innove en ce qui concerne la place donnée aux pays bénéficiaires. Dans la pratique, les bailleurs multilatéraux (FMI et BM) travaillent en partenariat avec les parties prenantes au niveau local à l'élaboration de politiques de redressement économique (réformes économiques et sociales). Contrairement aux pratiques antérieures, les IBW effectuent une évaluation commune du document (Joint Staff Assessment), dans lequel elles consignent leurs réticences éventuelles (BOUGOUIN et RAFFINOT, 2002).

2.1.2. Processus de mise en oeuvre

L'IPPTE, destinée à alléger le fardeau de la dette extérieure de certains des pays les plus pauvres de la planète, a été lancée en 1996 par les IBW, puis renforcée et élargie en 1999. Celle-ci est fondée sur une approche plus globale de l'allègement de la dette, incluant pour la première fois les créances multilatérales et représente, pour cela, une innovation majeure en termes de financement du développement.

2.1.2.1. Allègement initial

Dans son cadre initial, l'objectif de l'Initiative était de réduire la dette extérieure des pays remplissant les conditions voulues au moyen d'une stratégie visant à établir un niveau d'endettement tolérable et à éliminer ainsi l'excédent de la dette et le frein que ce facteur exerçait sur la croissance et la réduction de la pauvreté.

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Remarquant qu'au terme de cette première Initiative les résultats escomptés en matière d'endettement soutenable et surtout la réduction de la pauvreté n'étaient pas encore à l'heure, les bailleurs ont dû, en 1999, recourir à son renforcement pour la rendre plus opérationnelle et efficace.

2.1.2.2. Renforcement de l'IPPTE

Face à la faiblesse des premiers résultats et aux critiques (la campagne Jubilé 2000 a apporté une pétition de 17 millions de signatures au sommet du G7 de Cologne de juin 1999), le G7 et les IFI ont lancé une initiative renforcée. Les critères de sélection sont assouplis) afin d'inclure un plus grand nombre de pays bénéficiaires. La volonté d'accélérer la mise en oeuvre de l'initiative et de la lier davantage aux efforts de réduction de la pauvreté est affirmée. Ainsi, la deuxième phase de réformes devient « flottante » (un bon élève peut accélérer les réformes et accéder à un allégement plus rapidement) et une « aide intérimaire » peut être octroyée au pays après le point de décision.

L'Initiative renforcée se voulait plus substantielle, plus large et plus rapide pour atteindre la mission assignée, à savoir rendre l'endettement des PPTE soutenable et réduire leur extrême pauvreté. C'est ainsi que la première a été modifiée en 1999 de manière à offrir trois améliorations essentielles, à savoir :

Allègement de dette plus substantiel et plus large : Les seuils d'endettement extérieur ont été abaissés par rapport au cadre initial. De ce fait, davantage de pays pouvaient bénéficier d'un allègement de leur dette et certains pays pouvaient bénéficier d'un allègement plus important ;

Allègement plus rapide : Un certain nombre de créanciers ont commencé à accorder un allègement de dette provisoire dès le « point de décision ». De même, le nouveau cadre permet aux pays de parvenir plus rapidement à leur « point d'achèvement » ;

Lien plus étroit entre l'allègement de dette et la réduction de la pauvreté : Les ressources libérées doivent être consacrées aux stratégies de réduction de la pauvreté élaborées par les autorités nationales, à l'issue d'un vaste processus de consultation.

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Jusqu'en 2009, 35 PPTE sont parvenus à leur point de décision, et 24 d'entre eux (dont le Burundi) ont atteint le point d'achèvement.

De plus, certains pays créanciers ont décidé d'aller au-delà et d'annuler, dans un cadre bilatéral, les 10% restant des créances commerciales à garantie publique et les créances d'aide publique au développement (APD), non prises en compte par l'IPPTE. La France en particulier, deuxième créancier des PPTE après le Japon, prévoyait, au point d'achèvement, le refinancement par don des créances APD qu'elle détenait sur les pays PPTE.

L'initiative PPTE se déroule en deux temps majeurs : le point de décision et le point d'achèvement. Entre les deux, le pays est dit en phase intérimaire.

2.1.2.3. Etapes de mise en oeuvre

Pour passer le « point de décision », qui marque la première étape du processus PPTE, le pays doit non seulement avoir une dette non soutenable selon les critères d'éligibilité présentés ci-dessus (après traitement traditionnel dans le cadre du Club de Paris), mais également avoir suivi un programme d'ajustement structurel de trois ans (conclu avec le FMI), et rédigé une stratégie de lutte contre la pauvreté établie en concertation avec la société civile, présentée dans le DSRP.

Au point de décision, lorsque le pays est officiellement admis à l'IPPTE, est calculé le montant des allègements à accorder. L'essentiel de ceux-ci prend effet lorsque le pays aura achevé l'ensemble du processus, c'est-à-dire lorsqu'il aura atteint le point d'achèvement. Mais une part minime d'allègements lui est quand même concédée durant sa phase intérimaire.

Après une période de 3 ans durant laquelle le pays met en place une politique d'ajustement structurel, s'il est toujours éligible à l'IPPTE (dette encore insoutenable), les cadres des IBW réalisent une analyse de viabilité de la dette pour déterminer les besoins d'allègement et évaluent les progrès suffisants nécessaires à la satisfaction des critères retenus.

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Cette première étape se dénomme le point de décision, qui consiste à établir un contrat entre la BM et le FMI, dans lequel les bailleurs de fonds s'engagent à ramener la dette au seuil de viabilité si les politiques de redressement ne suffisent pas. Le pays aboutit à un point intermédiaire, qui consiste en un allègement intérimaire.

Cependant, pour obtenir la totalité de l'allègement, il doit continuer à prouver qu'il exécute comme il se doit les programmes soutenus par les IBW pendant une période qui dépend non seulement du maintien de la stabilité macroéconomique mais aussi de l'exécution pendant un an au moins du CSLP. Cette étape correspond au Point d'achèvement et se traduit par une réduction des montants convenus au point de décision.

Dans l'IPPTE renforcée, la réduction de dette définitive intervient au point d'achèvement. Afin d'éviter une trop forte pression financière, la réduction de dette est en fait accordée presque totalement dès le point de décision, mais sur une base précaire (décidée année par année). Dans la nouvelle initiative, l'évaluation de la soutenabilité n'est pas faite une fois pour toute. En cas de dégradation de la situation, il est possible de procéder à une nouvelle évaluation et d'accroître la réduction de dette. Cette procédure est baptisée topping up.

D'après N'GARESSEUM (2005), le point d'achèvement est lié à la mise en oeuvre pendant une année au moins d'une stratégie globale de la réduction de la pauvreté, notamment d'une politique de stabilisation macroéconomique et d'ajustement structurel, pour les pays qui n'étaient pas admissibles au titre de l'initiative initiale, et à l'adoption d'un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) complet pour ceux qui l'étaient au titre de l'initiative initiale.

Certes l'Initiative a le mérite de fédérer deux objectifs différents : le premier, financier de court terme (allégement du poids de la dette) et le second, de développement à moyen et long termes (réduction de la pauvreté). Les montants du remboursement de la dette ainsi libérés peuvent être employés pour financer des interventions orientées vers la réduction de la pauvreté mais présente toutefois des limites.

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2.2. Limites de l'Initiative PPTE

Une réduction ponctuelle de la dette ne suffit pas à garantir qu'un pays ne connaîtra pas à l'avenir des problèmes d'endettement. Les perspectives de soutenabilité de la dette dépendent d'un certain nombre de facteurs qui affectent la capacité de remboursement d'un pays, tels sont le montant et les conditions de ses nouveaux emprunts. Le plus difficile est, en sus, de veiller à ce que les fonds en question soient investis de façon productive et rationnelle pour promouvoir sa capacité de remboursement.

RAFFINOT (2009) estime qu'a priori le problème est surprenant : Comment un pays ou plutôt un Etat (puisque la dette traitée par l'IPPTE est essentiellement publique) peut-il avoir des difficultés à rembourser une dette contractée à des taux d'intérêt si faibles [0,75 % dans le cas des prêts de l'IDA de la BM] et à des conditions si favorables (durée de 40 ans, dont 10 ans de différé pour ces mêmes prêts) ? La situation est encore plus curieuse si l'on tient compte du fait que la part des dons dans le financement total est également très élevée.

Les PPTE ont le plus souvent une assise budgétaire étroite, et des exportations qui s'articulent autour de quelques produits de base soumis à des marchés très fluctuants. Il leur faut éliminer ces contraintes budgétaires et autres facteurs de politique économique faisant obstacle à une croissance plus soutenue et diversifiée.

La focalisation accrue sur les secteurs sociaux sous la pression des ONG et des donateurs n'arrangent pas beaucoup les choses pour les pays bénéficiaires. En effet, les directives énoncées au titre de l'IPPTE renforcée pour un accroissement des dépenses publiques allant dans le sens d'une réduction de la pauvreté mettent l'accent sur ces secteurs au détriment d'autres pouvant potentiellement aider à faire reculer la pauvreté en stimulant la croissance. Les critères de performance mettent l'accent sur les dépenses plutôt que sur les résultats ou les impacts, bien qu'un surcroît de dépenses puisse toujours se heurter à la loi des rendements décroissants à court ou moyen terme (OED, 2003).

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Dans bien de pays, les ministères à vocation sociale (l'éducation, la santé, etc.) manquent de capacités pour gérer comme il faut des ressources budgétaires accrues. De plus, une part substantielle des ressources affectées à l'aide est déjà consacrée aux dépenses sociales, et les examens des dépenses publiques effectués par la BM montrent que le financement n'est pas toujours la principale contrainte pour parvenir aux résultats visés. Les représentants des pays débiteurs se sont dits donc préoccupés par le manque de souplesse que présente l'IPPTE dans la répartition des ressources, faisant valoir que les restrictions imposées de l'extérieur sur leur affectation de ressources peuvent éroder les principes de discipline budgétaire et de prise en charge du processus par les pays.

Le plan d'allègement de l'IPPTE est basé sur une logique de «soutenabilité» financière. À partir de ratios prenant en compte les ressources extérieures, elle se focalise sur le niveau de dette censé permettre aux pays débiteurs d'honorer leurs remboursements. Il apparaît clairement qu'on est dans une logique de créanciers qui cherchent à rendre les débiteurs solvables plutôt que dans une logique d'aide au développement.

Section 3 : Les mobiles de l'endettement extérieur

L'équilibre du budget est réalisé lorsque les dépenses publiques sont adaptées aux recettes de l'Etat de sorte qu'il y ait une stricte égalité entre elles. Toutefois, l'équilibre budgétaire n'est pas toujours une condition pour garantir l'efficacité économique. En cas de déséquilibre entre les recettes et les dépenses (celles-ci étant supérieures aux recettes), le budget est déficitaire et son financement peut être d'origine interne et / ou externe à l'économie considérée.

Dans la littérature, l'endettement est lié à un déséquilibre. Suivant les cas, il peut s'agir de l'insuffisance de l'épargne domestique pour financer l'investissement, des recettes budgétaires pour couvrir les dépenses publiques ainsi que le caractère déficitaire des flux entre le pays et le reste du monde.

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3.1. Le déséquilibre « Epargne-Investissement » et le déficit courant

La dette publique peut résulter de l'insuffisance de l'épargne intérieure pour financer les investissements. Elle est donc la conséquence d'un déséquilibre Epargne-Investissement qui traduit un besoin de financement.

Partant de l'identité comptable de KEYNES, l'endettement public découle du déséquilibre interne des variables macroéconomiques notamment l'offre et la demande. En effet, il est prouvé que :

(1), avec :

: Importations ;

PIB : Produit Intérieur Brut ;

M

X : Exportations ;

C : Consommation ;

I : Investissement.

En déduisant l'expression de l'investissement de l'équation (1), on a :

(2), avec :

(PIB-C) désigne l'épargne intérieure tandis que (M-X) représente l'épargne extérieure. La relation (2) montre que si la balance des transactions sur les biens et services est déficitaire, l'épargne intérieure n'est pas suffisante pour financer l'investissement. Dans ce cas, il faut recourir à l'épargne d'origine extérieure.

La réécriture de la relation (2) donne la nouvelle relation suivante :

(3)

Avec cette nouvelle relation, il apparaît que si le PIB est inférieur à la dépense intérieure (C+I), alors l'écart doit être compensé l'épargne extérieure (M-X), représentant l'endettement public extérieur. Cela veut dire tout simplement que tout pays qui veut vivre au dessus de ses moyens doit faire recours à la dette extérieure.

Il convient enfin de signaler que le recours à l'épargne extérieure (accumulation de la dette extérieure) correspond un déficit de compte courant. Si le déficit courant provient d'un niveau d'investissement élevé, l'emprunt peut permettre au pays de booster sa croissance économique.

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3.2. L'endettement public et croissance économique

Pour financer son déficit, l'Etat peut soit recourir aux excédents budgétaires réalisés dans le passé, soit contracter un emprunt. La dette de l'État se définit donc comme l'ensemble des emprunts effectués par l'État, dont l'encours (montant total des emprunts) résulte de l'accumulation des déficits de l'État.

Par ailleurs, MANKIW (2003) indique que le déficit budgétaire est un flux, c'est-à-dire une grandeur économique mesurée au cours d'une période donnée (ex : un an), alors que la dette est un stock, à savoir une grandeur économique mesurée à un moment donné.

Ces deux notions, bien que différentes, sont intimement liées. En effet, le flux du déficit budgétaire vient alimenter l'encours de la dette, qui en retour agit sur le niveau de déficit par l'augmentation des intérêts versés, qui sont une charge (dépense) budgétaire.

La dette publique de l'année présente n'est que la résultante de l'encours de la dette de l'année antérieure et du solde budgétaire présentement réalisé. Deux cas peuvent donc s'observer :

? La dette diminue, d'une année à l'autre, si le solde budgétaire est en excédent, cela

nous conduit à conclure que l'excédent budgétaire permet de réduire la dette ;

? Si, au contraire, le solde budgétaire traduit un déficit, la dette augmente. Le déficit budgétaire de l'année s'ajoute par conséquent à la dette publique du passé. La dette est ainsi le produit de l'accumulation des déficits budgétaires du passé.

Or, le solde budgétaire peut s'analyser en deux composantes. Il s'agit en premier lieu du solde primaire qui est la différence entre les recettes de l'année et les dépenses de l'année hors paiement des intérêts sur la dette et s'il s'avère que ce solde est négatif, on parle dans ce cas de déficit primaire. S'il est excédentaire, on est en présence d'un excédent primaire. Le paiement des intérêts dus sur la dette publique passée et que l'État doit rembourser l'année en cours constitue l'autre composante.

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Si on note SBt le solde budgétaire, SPt le solde primaire, puis en désignant par Dt-1 et Dt la dette de l'année t-1 et l'année t respectivement, le solde budgétaire est donné par la relation suivante : SBt = SPt-(r*Dt-1) r est le taux d'intérêt. La dette de l'année en cours sera quant à elle donnée par : Dt = Dt-1-SBt. Ces deux relations permettent de calculer l'encours de la dette à la période t, soit Dt = (1+r)*Dt-1-SPt

Cette équation nous permet de constater que la dette publique dépend non seulement de l'importance de la dette passée, des taux d'intérêts mais aussi du solde primaire.

Plus les taux d'intérêt seront élevés, et plus la dette passée sera grande, plus l'Etat devra dégager un important excédent de son solde primaire, s'il souhaite diminuer la dette publique. Cela signifie qu'il ne suffit pas à un Etat d'avoir un solde primaire en équilibre pour stabiliser sa dette, il lui faut aussi payer les intérêts sur sa dette passée et ces intérêts seront d'autant plus élevés que la dette passée est importante et que les taux d'intérêt sont forts.

Pour que la dette soit stable, il faut donc que le solde primaire couvre au moins le remboursement du service de la dette (capital et intérêts). Si la dette passée est très grande, ou si les taux d'intérêt sont très élevés, l'Etat, qui doit payer de lourds intérêts, peut ne pas y parvenir : la dette va alors croître d'année en année à la façon d'une « boule de neige ». La partie de la dette passée que l'Etat ne peut plus rembourser faute de ressources propres suffisantes le sera probablement en recourant un nouvel emprunt, ce qui augmentera d'autant la dette passée, voire le taux d'intérêt moyen.

Toutefois, malgré les développements ci-haut sur les explications de la dette, il existe des controverses théoriques remarquables sur la relation dette-croissance. Plusieurs théories ont été développées sur l'endettement d'un pays. Elles vont de la perception même de l'emprunt public à la capacité d'endettement d'un pays. L'endettement public n'a jamais fait l'unanimité chez les économistes. Sa perception varie selon les écoles de pensée. C'est ainsi que certains économistes pensent que la dette peut être nécessaire et même efficace pour le développement d'un pays alors que d'autres rejettent systématiquement l'emprunt public et pensent que tout emprunt public ne peut qu'être nuisible pour les agents économiques.

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En effet, les keynésiens pensent que l'endettement n'occasionne des charges ni pour les générations futures ni pour des générations présentes du fait des investissements qu'il génère. Un déficit budgétaire justifié et maîtrisé peut être un facteur de relance économique, de lutte contre le chômage: stimulation de la demande et/ou de la consommation globale (infrastructures), qui par le biais de l'effet multiplicateur, sont capables de promouvoir une croissance durable. Dans cette approche, l'endettement public favorise la relance de la demande qui, par son effet accélérateur, entraîne une augmentation plus que proportionnelle de l'investissement qui provoque à son tour une hausse de la production, permettant ainsi de créer les emplois et de lutter contre la pauvreté. Selon cette approche, en effet, les capitaux étrangers fournissent un complément d'épargne et de devises, permettant ainsi d'investir pour accélérer la croissance des économies bénéficiaires.

Cependant, le poids de la dette qui en résulte peut remettre en cause cet enchaînement vertueux. Un service de la dette extérieure très élevé oblige le secteur public à restreindre ses investissements, à défaut de ressources. Par ailleurs, le paiement du service de la dette absorbe les ressources qui auraient pu être consacrées aux programmes d'investissements indispensables à la croissance.

C'est pour cette raison que les classiques considèrent l'endettement comme un impôt futur et l'imputent à l'Etat, une connotation négative car selon eux, l'endettement public défavorise l'accumulation du capital et la consommation des générations présentes et futures. Selon RICARDO, les agents économiques voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps et vont se comporter comme s'ils sont contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser cet emprunt peu importe le décalage intergénérationnel.

Théoriquement, la dette extérieure peut favoriser l'accumulation du capital physique et donc accélérer la croissance économique. Aussi longtemps que les emprunts extérieurs sont investis dans des secteurs productifs, dans un environnement économique stable, sans distorsions des prix et sans chocs extérieurs, ils permettent d'accélérer la croissance et d'assurer, à l'échéance, les remboursements.

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Section 4 : Dette et croissance : Une revue sélective de la littérature empirique

L'analyse de la relation entre l'endettement public extérieur et la croissance économique a fait l'objet de plusieurs travaux empiriques parmi lesquels nous retenons les synthèses de certains pour déterminer le cadre d'analyse du modèle de croissance du Burundi.

Certains auteurs pensent que l'emprunt extérieur a un effet positif sur la croissance jusqu'à un certain seuil; au-delà de celui-ci, son effet devient négatif. Jusqu'à un certain seuil, les emprunts supplémentaires accroissent la probabilité de remboursement de la dette; au-delà de ce seuil, les chances que les créanciers soient remboursés diminuent. Lorsque le pays commence à avoir du mal à obtenir des prêts, il lui devient plus difficile d'accumuler du capital, ce qui peut ralentir sa croissance. En bref, il semble que les effets négatifs du surendettement ne se fassent sentir que lorsqu'un certain seuil a été atteint.

C'est ainsi qu'une forte présomption s'est développée, dans les années 1990, autour du lien entre les taux excessifs d'endettement d'une part et, les faibles taux de croissance ainsi que la détérioration du capital humain d'autre part, dans les pays pauvres ; le niveau très élevé de la dette extérieure de ces pays est alors indexé comme un handicap majeur et la principale cause de leurs contreperformances économiques (N'GARESSEUM, 2005).

Cette présomption a incité la recherche de nouvelles approches et stratégies de traitement de la dette de l'ensemble des PPTE et, la réalisation de nombreux travaux de recherche sur la relation entre la dette extérieure et la croissance économique. Toutes ces études effectuées soit sur un panel de pays soit pris individuellement ont montré que l'endettement excessif a un effet négatif sur le taux de croissance.

Sur le plan empirique, indique N'GARESSEUM (2005), deux hypothèses sont généralement vérifiées quant à l'effet de l'endettement public extérieur sur la croissance:

La dette extérieure affecte la croissance économique directement et négativement, en réduisant les incitations à entreprendre des réformes structurelles et, indirectement à travers ses effets sur l'investissement ;

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Le service de la dette extérieure affecte négativement la croissance économique à travers ses effets sur le volume et la structure des dépenses publiques et sur l'investissement privé.

BORENSZTEIN (1990) a conclu par une étude économétrique sur les données de la dette des Philippines que l'encours et le ratio du service de la dette/exportations ont globalement un effet inverse sur la formation du capital privé et incitent l'endettement du pays.

ROUGIER (1994) trouve, toutefois, des résultats contrastés au sein des pays africains. D'après ses analyses économétriques, l'encours de la dette rapporté au PIB exerce un effet dépressif sur la croissance en Côte d'Ivoire, au Mali et au Tchad sur la période 1970-1991. En revanche, l'effet est positif pour le Niger, Madagascar et le Kenya.

ADEDEJI (1991) a montré que l'alourdissement continu de la dette extérieure et les paiements du service de la dette constituent une menace pour le redressement économique des pays de l'Afrique Subsaharienne. Les versements au titre du service de la dette ont augmenté plus vite que les décaissements réels. Ceci s'est traduit dans l'immédiat par une forte chute des transferts financiers vers l'Afrique Noire. En effet, la forte chute des transferts financiers vers l'Afrique et l'insuffisance de l'épargne intérieure, au niveau continental, constituent des effets contraires à la croissance et au développement économique.

YAPO (2001) trouve dans une étude empirique que le taux de croissance du PIB évolue dans le sens contraire de l'endettement en Côte d'Ivoire. Donc, un taux de croissance économique assez élevé réduit les opportunités d'endettement ; ce qui l'amène à la conclusion selon laquelle les performances macro-économiques ont tendance à limiter dans une certaine proportion les contraintes liées aux besoins en capitaux extérieurs.

SAMBA et MOULEMVO (2005),quant à eux, au terme de leur étude relative à la dette publique extérieure et à son service, comme facteurs d'aggravation de la crise dans les pays de la CEMAC, dont le Cameroun et le Congo Brazzaville, il ressort nettement que le poids de la dette et son service constituent un obstacle majeur au développement économique

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durable, car leur modèle leur a permis d'établir un effet négatif de la dette vis-à-vis des investissements publics tant dans le cas du Cameroun que celui du Congo Brazzaville.

L'analyse empirique effectuée par CLEMENTS et al. (2003) portait sur un échantillon de 55 pays à bas revenu (dont le Burundi) éligibles à une FRPC, sur la période 1970-99. Leur recherche examinait les canaux par lesquels la dette externe affecte la croissance. Leurs résultats suggèrent en effet que la réduction substantielle du stock de la dette extérieure projeté pour les PPTE augmenterait directement la croissance du revenu par tête approximé à 1% par an. En outre, la réduction du service de la dette pourrait également booster indirectement la croissance à travers ses effets sur investissement public.

ELBADAWI et al. (1996) ont confirmé l'effet du surendettement sur la croissance économique au niveau de 99 PED et ont tenté d'identifier le canal par lequel l'endettement agit négativement sur la croissance. Pour cela, ils ont identifié trois canaux de transmission des impacts de la dette sur la croissance. Il s'agit de l'effet de la dette sur la croissance, l'effet de la dette sur la liquidité en raison de la ponction due sur le service de la dette et enfin l'effet de la dette (de manière indirecte) sur les dépenses du secteur public et des déficits. L'étude a conclu que c'est l'accumulation de la dette qui a un impact négatif sur la croissance.

OSEI (2000) se focalise sur les implications de l'endettement extérieur sur la croissance économique au Ghana. L'étude essaie d'assurer une meilleure compréhension du problème de la dette extérieure du Ghana pour permettre la recherche de mesures adéquates et efficaces relatives à sa solution. L'analyse porte sur la période 1983-1990, période au cours de laquelle le Ghana a poursuivi un programme de redressement économique et a adopté un programme d'ajustement structurel approuvé par le FMI. Utilisant divers indicateurs du poids de la dette extérieure, l'auteur met l'accent particulièrement sur deux d'entre eux, à savoir le ratio du service de la dette et le ratio dette/PNB. La recherche conclut que la dette est l'un des facteurs qui entravent la croissance rapide de l'économie ghanéenne. Pour continuer à assurer le service de sa dette, le Ghana a besoin de poursuivre les programmes d'expansion des exportations afin d'élargir la base de ses exportations non traditionnelles, et d'adopter des mesures en vue d'accroître son épargne intérieure.

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BURUNGI et ATINGI (2000) ont analysé le problème de la dette extérieure de l'Ouganda et ses implications sur la croissance durable. Ils examinent l'étendue de la dette extérieure de l'Ouganda, évaluent de manière empirique les facteurs internes et externes qui influencent son accumulation et la capacité du pays à assumer son service ainsi que sa «soutenabilité». Un effort particulier est fait pour établir un lien entre la dette et la croissance économique. Les principales conclusions décèlent l'acuité de l'obligation du pays en matière de service de la dette et le fait qu'une large proportion de la dette de l'Ouganda n'est pas éligible au rééchelonnement.

Les remboursements de la dette ont été identifiés comme étant la cause fondamentale de la lenteur de la croissance économique. L'allègement de la dette n'est pas suffisant, et un engagement continu du gouvernement en faveur des reformes structurelles et d'une bonne gestion de la dette est indispensable.

Dans la recherche du lien entre dette et croissance, PATILLO et al. (2002) ont produit une étude très intéressante sur la question. Ils partent de l'affirmation de la théorie économique qui estime que l'emprunt contenu dans les limites raisonnables peut aider les PED à affermir leur croissance.

Pour ces auteurs, les économies qui en sont au stade initial de leur développement disposent d'un stock de capital limité et offrent des possibilités d'investissement plus rentables que les économies matures. Aussi longtemps qu'elles emploient les capitaux empruntés pour financer des investissements productifs et échappent à certains maux (instabilité macroéconomique, chocs de grande ampleur), leur croissance devrait s'accélérer et leur permettre de rembourser à l'échéance les dettes contractées. Cela reste vrai dans le cadre des théories fondées sur l'hypothèse, plus réaliste, que les pays ne sont pas toujours en mesure d'emprunter à leur gré, car le marché craint qu'ils ne répudient leurs dettes. Il se pose la question de savoir pourquoi l'accumulation de lourdes dettes freinent-elles la croissance?

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La réponse à cette question est contenue dans les théories du «surendettement» qui estiment que si l'on peut penser que la dette future dépassera les capacités de remboursement des pays débiteurs, le coût de son service découragera les investissements intérieurs et extérieurs, pénalisant ainsi la croissance. En effet, craignant que la production soit taxée au fur et à mesure par les créanciers au titre du service de la dette, les investisseurs potentiels hésiteront à supporter des coûts immédiats pour accroître la production à venir. En d'autres termes, plus l'encours de la dette est élevé, plus la probabilité de son remboursement devient faible. Leur étude a dégagé le résultat suivant: la dette a une relation en forme de courbe en U renversée avec la croissance (courbe de LAFFER).

Dans une étude complémentaire, PATILLO et al. (2004) ont amélioré leur modèle de la croissance à un groupe de 61 PED (y compris le Burundi) durant la période 1969-98 et constatent que le doublement du niveau moyen de leur dette extérieure a pour effet de réduire de près d'un point la croissance tant du capital physique par habitant que de la productivité totale des facteurs. En d'autres termes, si l'encours de la dette est élevé, il pèse sur la croissance en ralentissant aussi bien l'accumulation du capital que la progression de la productivité totale des facteurs.

Toutes ces études nous montrent que la dette extérieure n'a pas toujours été bénéfique au développement économique des PED plus particulièrement ceux de l'Afrique subsaharienne.

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Synthèse du premier chapitre

Après une brève introduction qui nous indique que le problème de l'endettement ne peut surgir que dans un pays ne disposant pas de ressources financières suffisantes pour assurer son développement ou combler le déficit budgétaire, ce premier chapitre apporte la lumière sur ce qu'est la notion de la dette publique, celle de la dette publique extérieure et la notion de soutenabilité de la dette publique . Il est également question de déceler les enjeux et les mobiles qui seraient à l'origine de l'endettement public.

En outre, la relation théorique entre la dette publique et la croissance économique fait l'objet et constitue même la pierre angulaire de notre thème. Certes, cette relation ne fait pas l'unanimité des auteurs et des divergences surgissent quant aux effets de la dette publique sur la croissance économique en témoignent les résultats empiriques contrastés qui diffèrent d'un pays à un autre, d'un panel de pays à un autre et/ou d'une période à l'autre.

Dans l'esprit de résoudre (au moins partiellement) le problème lié au surendettement des pays pauvres très endettés, la communauté des bailleurs a initié, sous la pression des ONG internationales, un cadre d'allégement de la dette publique bilatérale et, pour la première fois, la dette publique multilatérale. En revanche, l'éligibilité d'un PPTE à l'Initiative était sujette à des conditionnalités plus dures dans l'IPPTE initiale de 1996 et plus ou moins assouplies dans l'Initiative renforcée de 1999.

Une analyse descriptive de la dette publique, particulièrement la dette publique extérieure du Burundi, constitue le chapitre suivant.

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CHAPITRE II : ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA DETTE PUBLIQUE
EXTERIEURE AU BURUNDI

Ce chapitre se focalise sur l'analyse descriptive de l'évolution de l'endettement public extérieur et son incidence sur les performances économiques du Burundi. Il est en outre question de présenter succinctement les mécanismes d'allégement de la dette dans le cadre de l'IPPTE.

Section 1 : Profil de la dette publique extérieure

L'endettement extérieur du Burundi ne date pas d'hier, mais les problèmes y relatifs ne commencent à faire surface qu'au début des années 80. Il s'avère donc important de s'intéresser à sa genèse, sa structure et son évolution.

1.1. Genèse de l'endettement extérieur

L'endettement public extérieur du Burundi commence au lendemain de son indépendance comme la plupart des pays de l'Afrique Noire. BARANSAKA (1988) indique qu'hormis le crédit consenti par la BIRD en 1960 pour la réfection de la route BUJUMBURA-BUGARAMA, la première dette extérieure du Burundi indépendant date de la première République.

De 1966 jusqu'en 1969, on observe un début d'endettement encore timide. La dette contractée jusqu'à ce jour était encore dérisoire et s'élevait à 564,6MBIF. En revanche, selon toujours le même auteur, un changement spectaculaire est amorcé en 1972 avec l'octroi d'un unique prêt chinois, 4,1 fois supérieur à la dette jusqu'alors contractée pour le financement des divers projets de développement. Il s'agissait a priori d'un endettement soutenable mais compte tenu de l'insuffisance de l'épargne intérieure, ce volume de financement extérieur n'était certainement pas suffisant pour amorcer le développement économique et social d'un pays fraichement sorti de la monarchie.

Au Burundi, la flambée des cours mondiaux du café (principale source des devises) en 1978-79 après le choc pétrolier d'octobre 1973 a généré des recettes supplémentaires qui lui ont permis de compenser largement le surcoût provenant des importations et d'initier beaucoup de projets. Les gains ont été si importants que les objectifs du deuxième plan

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quinquennal de développement économique et social (PQDES) ont été révisés à la hausse. Le Burundi a ainsi enregistré des performances économiques considérables.

Le véritable mouvement de l'endettement extérieur s'est déclenché au début des années 80, mais le rythme n'a cessé de s'accélérer jusqu'au début la mise en oeuvre de l'IPPTE. Celle-ci se voulant résoudre définitivement les problèmes liés à l'endettement extérieur. La structure et l'évolution de la dette extérieure ne sont pas restées figées tout au long de la période en revue.

1.2. Evolution de la dette extérieure du Burundi

L'encours de la dette totale (intérieure et extérieure) est passé de 18 772,2 MBIF en 1980 à 1 840 396,30 MBIF en 2008 soit une hausse de 9703,8% sur une période de trois décennies alors que, sur la même période, le PIB a connu un accroissement moins sensible. En effet, revenu national réel est passé de 85 607MBIF en 1980 à 146 999MBIF en 2010.

De 1980 à 1995, la dette extérieure a crû rapidement passant respectivement de 11 030,4 à 306 168,3MBIF pour atteindre 1 530 542,8MBIF en 2007. Sur la même période, le service de la dette extérieure est passé de 553 à 7 390 MBIF (13, 3 fois) pour frôler un montant des 50 000MBIF (90, 3 fois) en 2007. A ce niveau, il y a lieu de déceler une disproportion entre l'encours et le service qui est due certainement à l'accumulation des arriérés de paiements dans les années 90 suite à l'éclatement d'une guerre civile qui a durement déstabilisé l'économie.

Avec l'avènement de l'IPPTE, la situation a commencé à se redresser. L'encours de la dette extérieure a sensiblement chuté, revenant de 1 567 958,7MBIF en 2008 à 527 748,2MBIF fin 2010 (soit une diminution de 66,34%).Quant au service de la dette extérieure et sur la même période, il a chuté en passant de 47 047,4 à 5 782,3MBIF, soit une nette amélioration de 87,7%.

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Graphique n°1 : Evolution du stock de la dette publique en % de la dette totale

(1980-2010)

100

40

80

60

20

0

Dette Publique Extérieure

Ce graphique indique que la dette du Burundi est principalement d'origine extérieure. Le stock de la dette extérieure est passé respectivement de 11 030,40 à 1 244 659,2 MBIF sur la période allant de 1980 à 2005 soit des parts relatives respectives de 58,76 et 86,57% de la dette totale. Cela permet de constater que la structure globale du financement public n'a pas beaucoup changé et est restée dominée par le financement extérieur.

Il faut remarquer que la dette extérieure et la dette intérieure se substituent pour financer les dépenses publiques. En effet, le graphique montre que la dette extérieure baisse quand la dette intérieure augmente et vice versa. Cela montre que l'Etat accuse une faiblesse des ressources propres lui permettant de réaliser ses objectifs sans recourir à l'endettement. Entre 2005 et 2010, la dette extérieure a sensiblement baissé, mais au même moment, la dette intérieure augmentait au même rythme.

Il importe alors d'analyser la structure de la dette publique extérieure en distinguant les différents créanciers du Burundi.

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1.3. Structure de la dette extérieure

La dette extérieure est majoritairement composée de la dette multilatérale, suivie par la dette bilatérale et la dette commerciale représentant une part très faible de la dette publique extérieure totale.

Graphique n°2 : Dette extérieure par type de bailleurs en % de la dette totale

(1980-2010)

100%

40%

80%

60%

20%

0%

Dette Multilatérale Dette Bilatérale Dette Commerciale

Comme le montre ce graphique, la dette multilatérale occupe une place importante par rapport aux autres composantes de la dette publique du Burundi. A travers son évolution, la dette multilatérale s'est sensiblement écartée de la dette bilatérale depuis les années 90.

De 1980 à 1990, la dette d'origine multilatérale est passée de 5 242,6 à 108 169,3MBIF et la dette bilatérale, quant à elle, est passée de 4 350,5 à 29 604,4MBIF. En termes de pourcentage, ces deux composantes de la dette extérieure sont respectivement passées de 50,43% et 41,85% en 1980 contre 78,00% et 21,35% en 1990. S'agissant de la dette commerciale, elle est de 801,7MBIF (soit 7,71%) en 1980 pour passer à 911,8MBIF (soit 0,66%) en 1990.

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Ici encore, il sied de remarquer que le Burundi fait un arbitrage entre la dette multilatérale et la dette bilatérale parce que les deux composantes de façon à se substituer mutuellement. La baisse de l'une des composantes de la dette publique ne signifie donc pas une amélioration en termes des performances économiques, mais plutôt un changement de créancier par le Burundi dans un contexte marqué par la faiblesse des ressources de l'Etat pour faire face à ses engagements.

En outre, l'évolution de la dette affiche un changement de tendance, en considérant la période allant de 2008 à 2010. Cette inversion de tendance observée en fin de période sous étude est due à l'aboutissement au point d'achèvement en 2009 qui a occasionné une remise importante de la dette multilatérale.

Section 2 : Les enjeux et les mobiles de l'endettement public extérieur au Burundi

Avant d'évaluer les effets de l'endettement extérieur sur l'économie burundaise, il importe de commencer par la mise en évidence ses caractéristiques, notamment en termes de mobilisation des ressources propres, du financement des investissements et d'affectation des ressources empruntées.

2.1. Insuffisance de l'épargne intérieure

Au Burundi, l'insuffisance des ressources nécessaires pour l'investissement s'est traduite par le recours à l'endettement public extérieur. Ce dernier peut donc être un moyen important de poursuivre une politique de croissance et de développement économique de notre pays.

Graphique n°3 : Evolution comparée des taux d'épargne intérieure et d'investissement

(1980-2010)

-10

-20

-30

30

20

10

0

Taux d'épargne Taux d'Investissement

37

Ainsi, sur base de ce graphique, nous constatons, d'un côté, que le niveau d'investissement a été positif mais très faible alors que l'investissement constitue une variable fondamentale dans l'explication de la croissance, la situation s'est empirée avec la survenance de la crise sociopolitique de 1993. D'un autre, le niveau de l'épargne reste faible, insuffisant et négatif pour la plupart des années surtout depuis les années 90. Ceci occasionne donc un écart strictement négatif. Le Burundi s'est vu alors obligé de recourir aux crédits à la fois intérieurs et extérieurs car il n'a cessé de faire face à un déficit de ressources intérieures du fait que les besoins d'investissements dépassent largement les ressources intérieures.

Ces deux variables de l'économie ont évolué en dents de scie mais nous permet de dégager deux sous périodes :

De 1980 à 1989, l'épargne intérieure est faible mais positive (sauf en 1980 et 1982). Elle passe de -743,1 à 8 186,4MBIF et l'investissement, quant à lui, il passe de 11 493,3 à 29 279MBIF. Cela revient à dire que le financement de l'investissement est en partie fait par les ressources propres du pays.

De 1990 à 2010, la situation s'est dégradée. En effet, le taux d'épargne intérieure a été quasiment négatif, car l'épargne intérieure est restée quasiment négative. La situation est ainsi alors que le niveau d'investissement a presque toujours représenté au moins un dixième du revenu national. La situation s'est empirée sur la période 1997-2001 où le

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niveau d'investissements a fortement chuté (variant de 5 à 9% du PIB) suite aux effets conjugués de la crise de 1993 et le blocus économique de 1996.

Cette tendance prouve que l'insuffisance de l'épargne intérieure est à l'origine de l'endettement extérieur. En effet, sur la période allant de 1980 à 2010, l'écart entre l'épargne intérieure et l'investissement reste très important au cours de la période sous revue. Par ailleurs, l'épargne intérieure parait très faible et même négative pour certaines années.

2.2. Mobilisation des recettes budgétaires

Durant les périodes de forte croissance, les recettes fiscales augmentent du fait de la hausse des revenus. A l'inverse, elles baissent en période de récession, en raison de la chute des revenus et de l'augmentation des dépenses. Or, le solde budgétaire dépend naturellement de l'évolution des recettes et dépenses publiques.

Graphique n°4: Evolution du solde budgétaire en % du PIB (1980-2010)

0

-2

-4

-6

-8

-10

Solde budgétaire global (en % du PIB)

Le ratio solde budgétaire/PIB est resté négatif sur les trois décennies étudiées. Depuis 1990, le budget est resté déficitaire jusqu'à nos jours atteignant 9,65% du PIB en 1996.

Il faudrait toutefois indiquer que le niveau déficitaire du budget n'est pas uniquement dû à la chute des recettes publiques, l'évolution plus prononcée des dépenses par rapport aux recettes publiques en est également la cause.

Les effets de la crise qui a éclaté en 1993 se sont amplifiés avec les trois années du blocus économique (1996-1999). Suite à cette crise, les cas de fraude et de corruption ont augmenté ainsi que les circuits d'approvisionnement informels baissant ainsi la base taxable et les recettes de l'Etat (MABUSHI et al, 2009). En outre, le gel de la coopération internationale a été un coup dur sur l'économie burundaise (chute sensible des appuis budgétaires).

Le moyen le plus efficace pour financer les dépenses publiques et réduire la dépendance à l'égard des crédits étrangers est donc de mobiliser les ressources nationales. C'est pour cette raison que SPIEGEL (2007) estime que les niveaux peu élevés de recouvrement d'impôts dans bon nombre de pays pauvres limitent considérablement les dépenses publiques et oblige les pays concernés à emprunter ou à dépendre des flux d'aide pour financer leurs besoins de base en matière de développement.

2.3. Affectation de la dette publique extérieure

L'allocation efficiente des ressources implique que les secteurs productifs bénéficient d'une part importante de la dette extérieure.

Graphique n°5 : Affectation de la dette publique extérieure par secteur en % de la dette publique extérieure totale (1980-2010)

40

60

20

0

Equipements publics Secteurs productifs Secteur social Divers

39

40

Au cours de la décennie 80-90, la dette était concentrée beaucoup plus dans les équipements publics par rapport aux autres secteurs. De même les secteurs productifs ont bénéficié des montants importants et en hausse continue sur cette décennie. Cependant, depuis les années 90, les montants affectés aux secteurs productifs ont évolué à la baisse, cela étant en grande partie due aux perturbations engendrées par la crise sociopolitique de 1993.

Section 3 : Effets de la dette extérieure sur les performances économiques

Pour analyser le fardeau de la dette sur l'économie, on recourt généralement à certains indicateurs concernant la dette globale et le service de la dette. A cette fin, ceux-ci sont rapportés aux ressources permettant à un pays de faire face à ses engagements, ces ressources étant généralement le PIB et les recettes d'exportations. Pour cela, on distingue généralement les indicateurs de liquidité et les indicateurs de solvabilité.

3.1. Les indicateurs de liquidité

Les indicateurs de liquidité sont liés à la disponibilité des devises. Dans les années 80, le Burundi s'est lancé dans un vaste programme d'investissements qui a nécessité d'énormes emprunts sur le marché financier international, alors que les taux d'intérêt et le cours du dollar ont augmenté. Par ailleurs, la facture des importations s'était alourdie, à cause des crises pétrolières de 1973 puis de 1979. Parallèlement à l'augmentation des coûts des importations, les recettes d'exportation ont baissé avec la chute des cours des produits primaires exportables (café, thé, coton,...) dont il était tributaire.

MANKIW (2003) définit l'indicateur SDE/X, appelé également « coefficient du service de la dette », comme un rapport qui est établi entre le paiement des intérêts et le principal d'une part, les recettes d'exportations d'autre part. Celui-ci présente en effet un avantage de tenir en compte des conditions financières dont sont assortis les emprunts ainsi que les exportations, source principale des devises pour servir la dette extérieure.

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Graphique n°6: Evolution du ratio du service de la dette extérieure aux exportations

(1980-2010)

100%

40%

80%

60%

20%

0%

SDE/X Seuil PPTE(SDE/X)=15%

Entre 1980 et 2010, le ratio SDE/X a augmenté pour atteindre 39,38% en moyenne sur toute la période, une valeur largement supérieure au seuil (15%) défini dans le cadre de l'IPPTE. Cela signifie qu'en moyenne sur cette période, près de 40% des recettes d'exportations sont utilisées pour le remboursement de la dette extérieure chaque année alors qu'il y a d'autres dépenses alternatives qui pourraient contribuer à accélérer la croissance.

L'alourdissement de la dette extérieure peut être dû à la conjugaison de plusieurs phénomènes : baisse des recettes d'exportation, nouveaux emprunts, augmentation des taux d'intérêts sur les marchés financiers internationaux, etc. Suite à ces chocs extérieurs, le Burundi s'est endetté non plus pour financer son développement et compenser le déficit de l'épargne intérieure, mais plutôt pour s'affranchir de la dette contractée pendant les périodes antérieures.

Ce graphique indique en effet que le ratio du service de la dette aux exportations évoluait dans les normes de façon à laisser l'encours de la dette soutenable jusqu'en 1984. De 1985 à 2009, le service de la dette a lourdement pesé sur l'économie burundaise. C'est en 2004 que ce ratio atteint le niveau le plus élevé en atteignant 85,79%. Ce niveau signifie que plus de quatre cinquième des recettes d'exportations ont été affectées au service de la dette en 2004.

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Cela constitue un coût d'opportunité élevé pour le potentiel de la croissance en ce sens que ces revenus pourraient être affectés à des fins permettant de booster la croissance économique, surtout que la composition de l'affectation de la dette nous a précédemment montré la faible part des secteurs productifs.

Un autre indicateur de liquidité est également utilisé, il s'agit du ratio stock de la dette aux exportations. Il sied de noter que la sensible baisse de ce ratio en 2009 s'explique par l'atteinte par le Burundi au point d'achèvement qui lui a permis de bénéficier de l'annulation d'une grande partie de sa dette publique extérieure comme cela peut se remarquer sur le graphique ci-après.

Graphique n°7: Evolution du ratio de la dette extérieure aux exportations (1980-2010)

4000%

3000%

2000%

5000%

1000%

0%

DPE/X Seuil PPTE (DPE/X)=150%

De manière générale, le ratio de la dette extérieure aux exportations a connu globalement une tendance haussière jusqu'en 2002 impliquant ainsi que la dette extérieure a évolué plus vite que la source essentielle de revenu extérieure de l'économie (recettes d'exportation). Cette évolution indique par ailleurs que le pays aurait eu du mal à s'acquitter de ses obligations au titre de la dette n'eut été la mise en place d'un cadre d'allègement de la dette (IPPTE et IADM). Les exportations du Burundi sont non seulement faibles, mais aussi peu diversifiées. Ce faible niveau des ressources générées par l'activité économique entraine alors le recours aux ressources extérieures au titre des emprunts.

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Une crise de liquidité est constatée lorsqu'un déséquilibre est temporaire et quand, dans le futur, la couverture des paiements extérieurs pourra être assurée. Elle est donc, en principe, limitée dans le temps et se traduit par l'impossibilité de servir la dette dans les termes où elle a été conclue. La situation se complique davantage lorsque ce déséquilibre persiste et devient chronique, c'est là que se pose alors la question de solvabilité.

3.2. Les indicateurs de solvabilité

Les indicateurs de solvabilité sont liés à l'incapacité de rembourser à cause d'une mauvaise allocation des capitaux. L'endettement extérieur rapporté au PIB (DPE/PIB) élevé traduit un problème de taille. En effet, si le pays devrait rembourser la totalité de sa dette extérieure, il devait y consacrer une part importante de la valeur de sa production nationale. Si le stock de la dette dépasse le PIB, c'est que le pays doit recourir à un nouvel emprunt pour pouvoir assurer son remboursement. Cependant, il y a lieu de noter que ce ratio demeure assez imprécis dans la mesure où il ne tient pas compte des conditions financières des emprunts.

Graphique n°8: Evolution de l'encours de la dette extérieure en % du PIB (1980-2010)

250%

200%

150%

100%

50%

0%

DPE/PIB Seuil(DPE/PIB)=50%

Au lendemain de la crise de 1993, la dette extérieure exprimée en pourcentage du PIB a dépassé 100%. Cela signifie que quand bien même toutes les ressources nationales seraient consacrées au seul remboursement de la dette extérieure, elles ne suffiraient pas.

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En effet, exprimé en pourcentage du PIB, la dette extérieure publique est passée de 12,75% en 1980 pour monter régulièrement jusqu'en 1986 et atteindre ainsi 46,45%. Ce ratio est resté en dehors de la marge soutenable fixée à 50% entre 1987 et 2008, atteignant le niveau le plus élevé en 2003 (212,59%) pour redescendre en 2009 à 36,44% suite à l'IADM.

Selon BHATTACHARYA et CLEMENTS (2004), un pays est surendetté lorsque sa dette dépasse normalement sa capacité de remboursement, et on peut s'attendre à ce que son service de la dette soit lourd au point de freiner la croissance économique mais seulement lorsqu'il dépasse un certain seuil estimé à 50% du PIB pour la valeur nominale de la dette extérieure.

Graphique n°9 : Evolution du service de la dette en % du PIB

4%

8%

0%

6%

2%

SDE/PIB Seuil(SDE/PIB)=3%

Le ratio SDE/PIB est un indicateur du problème de la dette. Son avantage est qu'il tient compte des conditions financières dont sont assortis les emprunts en y associant le PIB, ressources globales dont dispose la nation. Il montre en effet l'ampleur des prélèvements annuels effectués au titre du service sur la production nationale.

45

De 1980 à 1987, ce ratio évoluait encore dans les limites acceptables fixées par les IBW établies à 3%. Toutefois, de 1988 à 1990, il a légèrement dépassé le seuil pour revenir dans la marge jugée acceptable jusqu'en 2000. De 2001 à 2008, ce ratio est resté en dehors de ladite limite et pour revenir en deçà de celle-ci dès 2009 suite à l'annulation de la dette.

A ce niveau, il faut noter que la faiblesse de ce ratio est due à l'accumulation des arriérés de paiement. Pendant plus d'une décennie, la coopération financière avec les bailleurs de fonds a été suspendue du fait de la guerre et de l'accumulation des arriérés auprès des créanciers bilatéraux et multilatéraux.

Le service de la dette publique extérieure ne représentait que 26,5% des exportations en 1994 et 39,9% en 1999. Comparée au PIB, la dette extérieure représentait en moyenne 119,6% entre 1993 et 1999. La plus grosse partie de cette dette est due aux IBW. Historiquement, le Burundi a régulièrement remboursé la dette due à cette catégorie des créanciers. Toutefois, la baisse des ressources d'exportations et le tarissement des financements extérieurs ont réduit sensiblement les capacités de remboursement de la dette extérieure, de telle manière qu'on a été obligé d'opérer seulement quelques paiements partiels et sélectifs depuis 1995. Ainsi le pays a commencé à accumuler des arriérés sur les autres payements qui totalisaient à peu près 70 millions de Dollars vers la fin de l'année 1998 (Rapport annuel de la BRB, 1999).

46

3.3. Le niveau d'endettement extérieur et la croissance économique

L'endettement public extérieur est devenu un problème majeur auquel est confrontée l'économie du Burundi depuis le début des années 80. A cet effet, le remboursement de la dette publique extérieure est devenu certes un facteur de blocage parce qu'il entrave toutes politiques contribuant à la croissance et au développement économiques par l'effet du service de la dette.

Graphique n°10 : Evolution comparée du PIB réel et de la dette extérieure en MBIF

(1980-2010)

1 600 000

1 200 000

800 000

400 000

0

Dette Publique Extérieure PIB réel

D'un côté, on remarque que le niveau d'endettement n'a cessé de prendre une allure croissante depuis 1980 jusqu'en 2008, date à la quelle le Burundi a commencé à bénéficier de la remise importante d'une partie de sa dette suite à l'admission dans les PPTE, passant de 11 030,4 à 1 567 958,7MBIF pour descendre à 527 748,2MBIF en 2010. D'un autre, une dégringolade du revenu national réel depuis 1992 jusqu'en 2000 passant de 137 284 à 108 164MBIF suite à la crise sociopolitique qui a secoué le pays.

Depuis les années 2000, l'économie a repris progressivement son cours normal avec une production nationale qui passe de 110 436MBIF en 2001 à 146 999MBIF en 2010 (soit une nette amélioration de 33%) grâce au retour de la sécurité. Les crédits étrangers peuvent donc soit contribuer à la relance économique s'ils sont judicieusement utilisés soit, dans le cas contraire, conduire une économie dans une ruine. Sur les trois décennies sous étude, on remarque que l'endettement extérieur au Burundi n'a pas été accompagné par l'amélioration de la production nationale.

47

Section 4 : La dette publique et l'Initiative PPTE pour le Burundi

L'allègement de la dette en faveur du Burundi, un pays faisant partie des PPTE, peut être une bouffée d'oxygène qui lui permettrait de sortir de l'ornière de sa dette extérieure.

4.1. Le Fardeau de la dette extérieure et l'accès du Burundi à l'IPPTE

Pendant longtemps, la charge de la dette extérieure pesait très lourd sur l'économie du Burundi. L'encours de la dette extérieure est estimé à 1 237 millions de Dollars à fin 2003, soit plus de deux fois le PIB. En 2004, cet encours est passé à 1 384 Millions de Dollars. Cette dette était essentiellement multilatérale, directe, concessionnelle et fortement influencée par l'évolution du taux de change car elle est libellée en devises étrangères.

Le caractère essentiellement multilatéral de la dette extérieure du Burundi ainsi que la situation socioéconomique exceptionnelle du pays pendant les années de crise ne lui permettaient pas de tirer d'emblée profits des mécanismes classiques d'allègement à savoir le rééchelonnement et l'accès à l'IPPTE.

Selon le rapport de l'économie burundaise 2003-2004, les dispositifs d'allégement de la dette passaient par l'adoption d'un programme de stabilisation et des réformes économiques soutenues par des prêts concessionnels. Or, le rééchelonnement et les opérations sur le stock de la dette à des conditions concessionnelles (IPPTE) ne pouvaient être obtenus qu'après une période pouvant être longue et sous réserve des résultats satisfaisants.

S'agissant des conditions d'éligibilité, le Burundi est devenu éligible à l'allègement de la dette dans le cadre de l'IPPTE après les progrès notables enregistrés dans la stabilisation de son économie et dans la mise en oeuvre continue de politiques rationnelles visant la stabilité macro-économique et financière, la croissance et la réduction de la pauvreté tel que prévu par le CSLP.

48

Selon le document relatif à l'approbation du Burundi au point de décision de l'IPPTE renforcée (2005), sur base des réformes de politiques et des réformes institutionnelles, les IBW et toute la communauté des bailleurs de fonds s'accordent à reconnaître qu'il a réuni les conditions permettant d'atteindre le point de décision, à savoir :

i. Pays de la catégorie A (c'est-à-dire éligible aux ressources concessionnelles du FAD uniquement), avec un faible revenu par habitant et des indices évidents de pauvreté généralisée ;

ii. Démontrer la poursuite continue de la stabilité macro-économique, des réformes sociales et structurelles à travers des performances satisfaisantes enregistrées dans le cadre d'un programme soutenu par la Facilité pour les pays sortant d'un conflit (FRPC) ;

iii. Fournir la preuve des progrès réalisés dans le domaine politique, en matière de sécurité et pour la consolidation du processus de paix dans le pays.

C'est ainsi qu'en août 2005 le Burundi a réuni les critères d'éligibilité à l'allègement de la dette et a atteint le point de décision au titre de l'IPPTE renforcée. En conséquence, les Conseils d'Administration du FMI et de la BM ont approuvé, en sa faveur, une assistance au titre de l'allègement de sa dette auprès des créanciers multilatéraux et bilatéraux d'un montant s'élevant à 826 millions de dollars (en VAN fin décembre 2004) sur une période de 39 ans.

Si la dette reste jugée insoutenable après application par les donateurs bilatéraux des traitements traditionnels, le pays peut entamer une seconde phase de réformes. Arrivé au point d'achèvement, le pays bénéficie d'un allègement de la dette pour rendre celle-ci soutenable. Mais, l'atteinte du point d'achèvement est sujette à certaines conditions.

Pour le Burundi en effet, prévue pour Avril 2008, l'atteinte du point d'achèvement a été retardée parce qu'à cette date le pays n'avait que partiellement réalisé les progrès prévus par le cadre de l'annulation de la dette.

49

Le rapport conjoint du FMI et de l'IDA (2009) indique que le Burundi a fait des progrès notables pour réaliser les (9) déclencheurs du point d'achèvement. L'atteinte par le Burundi du point d'achèvement était subordonnée à la réalisation des conditions suivantes :

i. Préparation d'un DSRP complet ainsi que son exécution et son suivi pendant au moins un an ;

ii. Maintien de la stabilité macroéconomique et d'une performance satisfaisante dans le cadre d'un programme soutenu par la FRPC ;

iii. Utilisation des économies budgétaires résultant de l'allègement intérimaire de la
dette PPTE conformément aux priorités identifiées au point de décision et dans le DSRP;

iv. Renforcement de la gestion des dépenses publiques;

v. Application des mesures de gouvernance liées à la prestation des services du secteur public;

vi. Progrès satisfaisant dans l'exécution du programme de démobilisation;

vii. Appel d'offres en vue de la vente des actions de l'État dans la majorité des laveuses mécaniques du café;

viii. Progrès satisfaisant dans la réalisation des objectifs éducatifs et sanitaires; et

ix. Amélioration de la capacité de gestion de la dette.

Les allègements sont répartis selon le principe de partage équitable entre créanciers du fardeau de la dette. Ainsi, les allègements de chaque créancier sont proportionnels à leur part de créances.

Le tableau suivant montre la part des différents créanciers du Burundi dans la remise de la dette extérieure publique.

50

Tableau n°2: La remise de la dette par créanciers du Burundi

Créanciers du Burundi

Part de la remise

IDA

51,1%

Groupe de la Banque Mondiale

18,0%

FMI

3,4%

Autres Multilatéraux

12,3%

Bilatéraux Club de Paris

10,5%

Bilatéraux non Club de Paris

4,0%

Créanciers Commerciaux

0,7%

Source : IDA/FMI, 2009

Il ressort du tableau que l'IDA a remis une part importante de la dette extérieure du Burundi, soit 51% de la dette totale.

L'une des innovations de l'IPPTE est que l'annulation de dette va donc concerner aussi les dettes multilatérales, c'est à dire provenant des institutions financières internationales (BM, FMI, BAD, etc.).

51

4.2. Viabilité des ressources PPTE

Pour l'exécution des dépenses budgétaires dans le cadre de l'initiative PPTE, les ressources PPTE sont déterminées chaque année en fonction de l'allègement des dettes qui auraient dû être payées aux différents créanciers s'il n'y avait pas eu allègement. Ces ressources sont ainsi allouées à l'intérieur de l'économie et donc réparties dans les différents domaines en fonction des ministères.

En 2009, le Burundi a atteint le point d'achèvement et a bénéficié, à ce titre, de l'allégement de l'IPPTE. Ce supplément de ressources va permettre au pays de financer sa croissance en général avec une attention particulière sur la santé et l'éducation ; c'est dans cet ordre des idées que certaines mesures comme la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes qui accouchent ont été prises dans le domaine de la santé ainsi que la scolarisation gratuite à l'école primaire (NSABIMANA et al., 2010).

Tableau n°3: Structure des dépenses PPTE 2009-2010

MINISTERES

2009

%

2010

%

VARIATION

Ministères

2 594 000 000

4,9%

1 159 575 164

11,7%

+6,8%

Généraux

 
 
 
 
 

Ministères
sociaux

37 743 944 385

66,7%

57 875 467 223

58,6%

-8,1%

Ministères
économiques

14 813 250 680

28,4%

39 597 918 357

40%

+11,6%

Total général

52 151 195 065

100%

98 632 960 744

100%

+52,8 de

 
 
 
 
 

2009

Source : Ministère des Finances

En 2010, les dépenses PPTE se sont accrues par rapport à 2009 avec la prépondérance des Ministères sociaux. Toutefois, les Ministères à caractère économique ont connu un progrès significatif entre 2009 et 2010, passant de 28,1% à 40% alors que les Ministères sociaux ont connu un recul.

52

Synthèse du second chapitre

Partant de sa genèse et en passant par son évolution, nous avons montré la structure et l'évolution de la dette publique du Burundi. Notons ici que la composition et la structure de celle-ci ont évolué au fil des années mais restant toutefois dominée par la dette publique extérieure. La dette publique extérieure et intérieure représentent respectivement 58,76 et 41,24 % en 1980 et 86,57 et 13,43% en 2005 de la dette publique totale.

Le recours à divers indicateurs d'endettement public nous a permis en outre de constater le caractère quasi-insoutenable de la dette publique extérieure du Burundi avant qu'il ait été éligible à l'IPPTE. En effet, après avoir calculé et analysé les ratios de liquidité et de solvabilité, il s'est avéré que ceux-ci étaient au rouge si, du moins, on s'en tient aux seuils fixés par les IBW (BM, FMI) en matière d'endettement extérieur, et ceci représenterait (ou plutôt représente déjà) par conséquent un (potentiel) fardeau sur l'économie burundaise.

Enfin, le Burundi a été admis à l'allègement de sa dette au titre de l'IPPTE et l'IADM. Au point de décision, l'allègement de la dette extérieure intérimaire en faveur du Burundi a été mise en oeuvre depuis 2005 d'une part, et l'aboutissement au point d'achèvement ,en 2009, lui a permis de bénéficier d'annulation d'une partie importante de sa dette de la part de ses créanciers, surtout multilatéraux, d'autre part. La dette qui était à un niveau insoutenable est devenue soutenable.

Après cette analyse descriptive de la dette publique extérieure, il nous revient, dans le chapitre qui suit, de recourir à une méthode empirique pour infirmer ou confirmer l'hypothèse de départ. En effet, pour tirer des conclusions fiables, l'on doit se baser sur une analyse empirique des données statistiques, en y appliquant des méthodes statistiques et économétriques bien connues car les chiffres absolus ne donnent pas beaucoup de renseignements en matière d'endettement d'un pays, encore moins, sur l'ampleur du fardeau de la dette sur une économie.

53

CHAPITRE III : IMPACT DE LA DETTE PUBLIQUE EXTERIEURE SUR LA
CROISSANCE ECONOMIQUE AU BURUNDI
: ANALYSE EMPIRIQUE

L'impact de la dette extérieure sur la croissance économique peut différer d'un pays à un autre compte tenu de sa spécificité. En effet, comme le montrent les résultats des travaux empiriques déjà cités au premier chapitre, ils restent contradictoires quant à la nature de la relation entre la dette extérieure et la croissance, selon le panel de pays choisis et la période d'étude. L'objet de ce chapitre est ainsi de mettre au point, à travers une analyse empirique, l'impact de l'endettement public extérieur sur la croissance économique du Burundi.

Section 1 : Choix des variables et anticipation des signes

La spécification du modèle implique la détermination de la variable à expliquer d'une part et des variables explicatives du modèle d'autre part en fonction de la théorie économique qui éclaire par ailleurs sur la nature des signes attendus.

1.1. Cadre analytique du modèle

En référence à la revue de la littérature empirique, nous avons retenu le modèle développé par PATILLO et al. (2002) que nous avons adapté pour le cas du Burundi. Pour vérifier si la dette extérieure et la croissance sont liées, ces auteurs ont spécifié un modèle dans lequel le taux de croissance du PIB réel par habitant est la variable endogène.

Dans une étude complémentaire réalisée en 2004, ces auteurs ont pu identifier les canaux par lesquels la dette extérieure affecte le revenu par tête. Ce sont notamment le taux d'investissement, l'aide publique au développement, les termes de l'échange et l'inflation.

Les variables d'intérêt sont liées au stock et au service de la dette. Les indicateurs de la dette extérieure retenus sont le ratio du service de la dette aux exportations et le ratio du stock de la dette extérieure au PIB.

54

1.2. Choix des variables et anticipation des signes

Notre modèle fait référence aux déterminants de la croissance auxquels nous ajoutons les variables captant l'endettement extérieur. Nous retenons à cet effet les variables suivantes: le revenu par tête (PIBRH) qui est la variable à expliquer, le taux investissement (INV), le ratio du service de la dette aux exportations (SDX), le ratio du stock de la dette au PIB (DPIB), l'indice des prix à la consommation (IPC), l'aide publique au développement rapporté au PIB(APD) et les termes de l'échange (TEC).

La transformation logarithmique de certaines variables répond au souci d'éviter les problèmes liés aux effets de grandeur et de faciliter les interprétations des coefficients sous forme d'élasticités.

La théorie économique permet de spécifier les relations entre les variables et partant d'expliquer la façon dont certaines variables sont déterminées par d'autres. D'où nous pouvons anticiper les signes.

Tableau n°4: Définition des variables et leurs signes attendus

VARIABLE

DEFINITION DES VARIABLES

SIGNE ATTENDU

IPC

Indice de Prix à la Consommation

-

TINV

Taux d'investissement

+

SDX

Service de la Dette Extérieure en % des exportations

-

DPIB

Dette Publique Extérieure en % du PIB

+/-

APD

Aide Publique au Développement en % du PIB

+

TEC

Termes de l'échange

-

Source : Nous-mêmes

Section 2 : Source des données et spécification du modèle

Il convient ici d'indiquer la source des données qui sont utilisées dans nos régressions et le modèle théorique retenu pour la vérification de notre hypothèse.

0 6

2.1. Source des données

Les données de la présente étude proviennent des rapports de la Banque de la République du Burundi (BRB), du Ministère des Finances et de la Planification du Développement Economique, des annuaires statistiques du FMI ainsi que de la base de données de la Banque Mondiale (disponible sur le lien www.databank.worldbank.org). La période de l'étude s'étend de 1980 à 2010 et se justifie par le souci de couvrir un nombre suffisant d'années pour dégager des tendances plus ou moins significatives. En outre, l'année 1980 est prise comme point de départ car c'est à cette période que les problèmes liés à la dette publique extérieure se sont manifestés avec grand éclat et l'année 2010 est motivée par la disponibilité des données publiées par la Banque Centrale.

2.2. Spécification du modèle

Compte tenu des variables retenues, nous adoptons une régression multiple pour expliquer la croissance économique captée à travers la variation relative du PIB réel par habitant (PIBRH) :

PIBRH= f (DPIB, SDX, INV, IPC, APD, TEC)

En effet, toutes les variables du modèle à l'exception des variables DPIB et SDX, ont été transformées sous forme logarithmique. L'équation est la suivante :

55

Avec ..., paramètres à estimer et le terme d'erreur.

56

Section 3 : Tests économétriques et analyse des résultats

Dans le souci d'éviter des régressions fallacieuses, il nous importe de connaître les caractéristiques stochastiques des variables retenues, ce qui renvoie à la nécessité d'effectuer les tests de multicolinéarité et de stationnarité.

3.1. Le test de multicolinéarité de KLEIN

La multicolinéarité apparaît quand il existe une relation linéaire parfaite ou presque parfaite entre deux ou plusieurs variables explicatives du modèle. Dans cette situation, il n'est pas possible de mesurer l'impact séparé de chaque variable explicative sur la variable à expliquer. Il permet en effet de voir si la matrice des variables exogènes est régulière (c'est-à-dire inversible) et finie. Pour y parvenir, le test de Klein est appréhendé. Ce test est fondé sur la comparaison du coefficient de détermination R2 calculé sur le modèle à k variables et les coefficients de corrélation simple r2xi xj entre les variables explicatives. La règle de décision est la suivante : Si R2< r2xi xj, il y a présomption de multicolinéarité

Ce test est utile en ce sens qu'il permet d'éviter de faire des régressions avec des séries liées entre elles. Il permet de supprimer les variables qui n'ont pas d'influence dans le modèle.

L'application de ce test nous a permis de choisir les variables ci-après pour expliquer le modèle traduisant la relation entre dette extérieure et la croissance économique :

PIBRH= f (SDX, INV, IPC, APD, TEC)

Après avoir sélectionné les variables explicatives du modèle, tous les tests classiques reposent sur ces dernières.

3.2. Définition et propriétés de la stationnarité

La plupart des données temporelles macroéconomiques sont des réalisations des processus non stationnaires (NELSON et PLOSSER, 1982). Lorsqu'on travaille avec des séries temporelles, il faut vérifier au préalable que celles-ci sont stationnaires. S'il s'avère que ce n'est pas le cas, il faut trouver une bonne façon de les rendre stationnaires.

57

C'est pour cette raison qu'avant tout traitement économétrique, il convient de s'assurer de la stationnarité des variables. Une série chronologique est donc stationnaire si son espérance et sa variance restent inchangées dans le temps (BOURBONNAIS, 2003). En d'autres termes, une série stationnaire ne comporte ni saisonnalité, ni tendance. Dickey et Fuller ainsi que Philips et Perron ont mis au point un test permettant non seulement de détecter l'existence d'une tendance mais aussi de déterminer la bonne manière de stationnariser une série.

Cette condition de stationnarité doit être vérifiée pour chacune des séries afin d'éviter des régressions fallacieuses pour lesquelles les résultats pourraient être « significatifs », alors qu'ils ne le sont pas. La stationnarité renvoie au caractère infiniment persistant des séries à la suite d'aléa. Cette propriété est souhaitée dans le cadre des estimations sur les données temporelles car elle évite les risques de régressions fallacieuses. Il existe une grande variété de tests de stationnarité des variables. Ainsi, les tests usuels sont ceux d'ADF et PP suite à leur simplicité.

Tous les deux obéissent à la même règle de décision :

Si la valeur calculée du test est inférieure la valeur critique, la série est stationnaire.

Par contre, si la valeur calculée est supérieure la valeur critique, la série est non stationnaire.

3.3. Résultats des tests de stationnarité

Lorsqu'on utilise des données temporelles, il est primordial qu'elles conservent une distribution constante dans le temps. Etant donné qu'on exploite des séries chronologiques, il y a la nécessité d'effectuer des tests de stationnarité pour déterminer le degré d'intégration des variables.

Contrairement au test ADF qui prend en compte uniquement la présence d'autocorrélations dans les séries, le test de PP considère en plus de l'hypothèse de présence d'autocorrélations, une dimension d'hétéroscédasticité dans les séries. Les résultats du test de stationnarité sont consignés dans les tableaux ci-après :

58

Tableau n°5 : Les tests de racine unitaire des variables en niveau

 

Scénario 1: Le Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF-Test)

Variables

Type de Modèle

T-stat

V.C à 5%

Probabilité

Nombre
de

retards

Décision

LPIBRH

Avec constante
et tendance

-1.37

-3.57

0.3620

1

Non

Stationnaire

SDX

Avec constante
et tendance

-0.69

-3.57

0.3708

1

Non

Stationnaire

LINV

Avec constante
et tendance

-0.59

-3.57

0.2538

1

Non

Stationnaire

LIPC

Avec constante
et tendance

-2.20

-3.57

0.0802

1

Non

Stationnaire

LTEC

Avec constante
et tendance

-1.57

-3.57

0.3536

1

Non

Stationnaire

LAPD

Avec constante
et tendance

-2.01

-3.57

0.2352

1

Non

Stationnaire

 

Scénario 2: Le Test de Phillips-Perron (PP-Test)

Variables

Type de Modèle

T-stat

V.C à 5%

Probabilité

Nombre
de

retards

Décision

LPIBRH

Avec constante
et tendance

-2.05

-3.56

0.2030

1

Non

Stationnaire

SDX

Avec constante
et tendance

-1.20

-3.56

0.2335

1

Non

Stationnaire

LINV

Avec constante
et tendance

-1.19

-3.56

0.3236

1

Non

Stationnaire

LIPC

Avec constante
et tendance

-1.85

-3.56

0.1946

1

Non

Stationnaire

LTEC

Avec constante
et tendance

-1.95

-3.56

0.1337

1

Non

Stationnaire

LAPD

Avec constante
et tendance

-2.31

-3.56

0.1025

1

Non

Stationnaire

Source : Les auteurs à partir des données de la régression

Le tableau ci-après présente les résultats du test de stationnarité sur les variables en différence première.

59

Tableau n°6 : Les tests de racine unitaire des variables en différence première

 

Scénario 1: Le Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF-Test)

Variables

Type de Modèle

T-stat

V.C à 5%

Probabilité

Nombre
de

retards

Décision

LPIBRH

Sans constante
ni tendance

-2.38

-1.95

0.0249

1

Stationnaire
I(1)

SDX

Sans constante
ni tendance

-3.07

-1.95

0.0049

1

Stationnaire
I(1)

LINV

Sans constante
ni tendance

-4.65

-1.95

0.0001

1

Stationnaire
I(1)

LIPC

Avec tendance
et constante

-3.44

-2.97

0.0026

1

Stationnaire
I(1)

LTEC

Avec tendance
et constante

-3.92

-3.57

0.0001

1

Stationnaire
I(1)

LAPD

Sans constante
ni tendance

-3.75

-1.95

0.0009

1

Stationnaire
I(1)

 

Scénario 2: Le Test de Phillips-Perron (PP-Test)

Variables

Type de Modèle

T-stat

V.C 5%

Probabilité

Nombre
de

retards

Décision

LPIBRH

Sans constante
ni tendance

-4.65

-1.95

0.0014

1

Stationnaire
I(1)

SDX

Sans constante
ni tendance

-5.23

-1.95

0.0000

1

Stationnaire
I(1)

LINV

Sans constante
ni tendance

-6.92

-1.95

0.0000

1

Stationnaire
I(1)

LIPC

Avec constante
et tendance

-3.96

-3.57

0.0020

1

Stationnaire
I(1)

LTEC

Avec constante
et tendance

-6.08

-3.57

0.0000

1

Stationnaire
I(1)

LAPD

Sans constante
ni tendance

-5.85

-1.95

0.0000

1

Stationnaire
I(1)

Source : Les auteurs à partir des données de la régression

60

Au vu des résultats obtenus par les tests ADF et PP, nous remarquons que toutes les variables de notre modèle sont stationnaires en différence première (car valeur calculée est inférieure à la valeur critique). Elles sont alors intégrées d'ordre 1. Comme toutes les séries sont I(1), on peut s'interroger sur l'existence ou non de relation de cointégration entres les variables, d'où le test de la cointégration.

Pour ce test, nous adoptons la méthodologie d'ENGLE et GRANGER (1987) en deux étapes qui consiste d'abord à estimer par les moindres carrés ordinaires (MCO) la relation de long terme. A partir de cette dernière, nous effectuons ensuite le test de stationnarité du résidu ainsi extrait de cette estimation.

3.4. Test de cointégration à la ENGLE-GRANGER et le Modèle à Correction d'Erreur

La théorie économique n'indique pas toujours clairement comment les ajustements permettent d'arriver à une situation d'équilibre ou à un objectif prédéterminé. A l'aide de l'économétrie, on arrive à combler cette lacune par des mécanismes d'ajustement cohérents. La problématique consiste à modéliser la variable endogène de sorte à coïncider avec une cible (la relation de cointégration indiquant une relation d'équilibre) qui constitue l'objectif de long terme.

3.4.1. Test d'ENGLE et GRANGER

Le concept de cointégration traduit donc l'existence de la relation de long terme entre les variables économiques et est reconnu par beaucoup d'économistes comme étant une des innovations les plus importantes dans le domaine de l'économétrie des séries temporelles. Ce vocable traduit, en effet, l'idée selon laquelle des variables non stationnaires individuellement peuvent suivre une évolution parallèle dans le long terme et leur relation dégage donc un résidu stationnaire de moyenne et variance bien définies.

L'analyse de la cointégration nous permet d'appréhender clairement la relation entre les variables. Ainsi, deux séries Xt et Yt sont dites cointégrées et liées par une relation de long terme si et seulement si elles ont une même évolution à LT. Une combinaison linéaire de ces séries permet de ramener à une série d'ordre d'intégration inférieure.

61

Le test d'ENGLE et GRANGER se fait en deux étapes. La première étape estime la relation statique de long terme par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) et extraire le résidu. La deuxième étape procède au test de stationnarité de la série résiduelle de l'équation statique. En effet, la cointégration nécessite que le résidu soit stationnaire en niveau.

Si l'hypothèse est retenue, on estime le Modèle à Correction d'Erreur (MCE). ENGLE et GRANGER (1987) ont montré à travers le théorème de la représentation de GRANGER que toutes les séries cointégrées peuvent être représentées par un MCE qui permet de corriger les écarts afin de converger vers l'équilibre de long terme.

Néanmoins, l'analyse de la cointégration entre les variables exige que celles-ci soient intégrées de même ordre, I(1). Puisque toutes les variables explicatives sont intégrées de même ordre I(1), elles peuvent donc être cointégrées au sens de GRANGER selon la théorie économétrique, ce qui nous laisse le droit de les considérer toutes dans l'équation de long terme. On estime par les MCO la relation de LT :

Le tableau ci-après rapporte les coefficients de régression de cette relation statique : Tableau n°7: Estimation de la relation de long terme

Variables exogènes

Coefficients

Ecart- type

T-Statistic

Probabilité

C

10.41

0.2365

44.041

0.0000

SDX

-0.0011

0.0006

-1.8179

0.0811

LINV

0.0566

0.0237

2.3813

0.0252

LIPC

-0.1412

0.0125

-11.237

0.0000

LTEC

-0.0618

0.0442

-1.3992

0.1740

LAPD

0.0737

0.0162

4.5507

0.0001

R2

0.913

F-Statistic

53.12

R2 ajusté

0.896

Prob (F-statistic)

0.000

Source : Nous-mêmes à partir des estimations

62

De façon plus claire, la régression de la relation de long terme obtenue se présente comme suit :

KEHO (2006) indique que l'on doit obligatoirement s'assurer de la validité du modèle théorique retenu, c'est-à-dire que cette étape doit permettre d'évaluer la robustesse du modèle sur le plan statistique et la pertinence des théories économique qui leur ont donné naissance.

Pour qu'un modèle soit statistiquement validé, il doit remplir un minimum de conditions telles sont notamment la qualité individuelle des variables et la significativité globale du modèle.

Il doit également être économiquement validé car celui-ci est toujours construit sur des bases théoriques qui peuvent, selon les cas, s'avérer fausses ou vraies pour tel cas d'étude et non sur un autre.

L'analyse de la qualité globale du modèle peut s'effectuer à travers le coefficient de détermination du modèle (R2).

Le coefficient de détermination explique la part de la variabilité de la variable dépendante qui est expliquée par les variables exogènes considérées au niveau du modèle. En effet, ce coefficient est égal à 0,913 pour la relation de LT. Dit autrement, les fluctuations du taux de croissance du PIB réel par tête sont expliquées à 91,3 à LT, par les variables retenues.

S'agissant de la validation statistique de la qualité individuelle des variables exogènes, elle est appréciée par le test de Student (T-Stat). Les probabilités critiques associées aux différents coefficients nous indiquent que certaines variables traduisant cette relation et au seuil de confiance de 5% sont statistiquement significatives (LINV, LIPC, LAPD) alors que les autres ne le sont pas (SDX, LTEC). En revanche, elles ont toutes les signes attendus conformément aux théories économiques.

L'analyse de la relation statique nous montre que la dette publique extérieure a une influence négative sur la croissance économique au Burundi. Toutefois, cette influence est significativement négative au seuil de 10%.

63

Autrement dit, l'augmentation du service de la dette a des effets négatifs sur la croissance économique au Burundi. Son coefficient indique en effet qu'un accroissement de 10% du service de la dette, ceteris paribus, entraine une diminution de 0,01% du PIBRH.

Le coefficient de l'indice de prix à la consommation est négatif et statistiquement significatif. Il implique qu'une augmentation du taux de l'inflation de 10%, ceteris paribus, entraîne une diminution du PIB de 1,41%. Un taux élevé d'inflation traduit un environnement interne défavorable aux investissements privés et agit donc négativement sur le taux de croissance du PIB.

L'aide publique au développement (APD) influence positivement le revenu par tête au Burundi et cette influence est statistiquement significative. La mobilisation de l'APD a permis au pays de ne pas trop s'endetter à l'extérieur surtout en bénéficiant de la part des IFI de prêts hautement concessionnels, c'est-à-dire avec des taux d'intérêts bonifiés. En effet, à long terme, une augmentation de 10% de l'APD induit une augmentation du PIB par habitant de 0,73%, toutes choses égales par ailleurs. Nonobstant, la faible influence de l'APD à la croissance économique est en grande partie due au fait que les aides reçues ne sont pas directement liées à l'augmentation de la production. Elles seraient plutôt concentrées dans les secteurs autres que le secteur productif.

L'investissement est unanimement reconnu par la théorie économique comme ayant un impact direct et positif avec la croissance économique. Conformément à la théorie économique, il ressort de notre régression que celle-ci exerce un impact positif et significatif sur PIB réel par tête. En effet, un accroissement de 10% de celui-ci, ceteris paribus, augmente la croissance économique de 0,56% toujours sur le LT. En revanche, cette influence reste très faible suite au faible niveau des investissements au Burundi.

Dans l'ensemble, le modèle statique est donc cohérent du point de vue de la théorie économique et statistique pour toutes variables retenues.

Pour que cette relation de LT estimée soit une relation de cointégration, le résidu issu de cette régression doit être stationnaire. Si la série résiduelle ne l'est pas, la relation estimée pourrait bien être une régression fallacieuse. On doit donc générer des résidus de cette équation et en étudier leur stationnarité.

64

Aussi le test de stationnarité sur le résidu issu de cette régression doit-il être fait pour valider de relation de cointégration entre les variables intégrées de même ordre, I(1).

Pour qu'il y ait une relation de cointégration, il faut que le résidu issu de la

régression de LT soit stationnaire en niveau : ~>I(0)

Tableau n°8: Test de stationnarité sur la série résiduelle (au seuil de 5%)

e t y t x t

 

Modèle sans
constante ni tendance

Conclusion

ADF Test

Valeur calculée

-3.1926

Stationnaire en niveau

Valeur critique

-1,9530

PP Test

Valeur calculée

-4.0537

Stationnaire en niveau

Valeur critique

-1,9526

Source : Les auteurs à partir des données de la régression

yt x

y t 1 x t 1

Les tests ADF et PP montrent que les valeurs calculées sont inférieures aux valeurs critiques, ce qui confirme la stationnarité du résidu. En effet, les statistiques du test d'ADF et celui de PP montrent que les valeurs calculées (-3,19 et -4,05) sont respectivement inférieures à la valeur critique (-1,95) et au seuil de signification de 5%, ce qui nous conduit à en déduire que la série résiduelle de l'équation statique est stationnaire en niveau. Ainsi, les variables sont donc cointégrées. Autrement dit, il existe une relation de long terme stable entre les variables et il est par conséquent possible d'estimer le MCE.

3.4.2. Estimation du Modèle à Correction d'Erreur

?

Le MCE permet de modéliser conjointement les dynamiques de court terme (représentées par les variables en différence première) et de long terme (représentées

par les variables en niveau). Si on a deux séries cointégrées ( ~>I(0)), on
X t 1

?

peut estimer le MCE suivant : (

) , avec .

Le coefficient ä qui représente la force de rappel vers l'équilibre, doit être significatif et

nécessairement compris entre -1 et 0 pour qu'il y ait un retour de à sa valeur

?

d'équilibre de LT qui est . Sinon la spécification MCE doit être rejetée.

65

L'équation à estimer se présente sous la forme suivante :

Les résultats de l'estimation sont indiqués dans le tableau ci-après : Tableau n°9: Coefficients de régression du MCE

Variables exogènes

Coefficients

Ecart-type

T-Statistic

Probabilité

C

0.0278

0.0106

2.6265

0.0151

D(SDX)

-0.0010

0.0004

-2.5706

0.0171

D(LINV)

-0.0120

0.0201

-0.5946

0.5579

D(LIPC)

-0.3583

0.0922

-3.8839

0.0008

D(LTEC)

-0.0662

0.0314

-2.1054

0.0464

D(LAPD)

0.0364

0.0106

3.4124

0.0024

RES (-1)

-0.5264

0.1379

-3.8164

0.0009

R2

0.647

F-statistic

7.0534

R2 ajusté

0.556

Prob (F-statistic)

0.0002

Source : Nous-mêmes à partir des résultats de la régression LPIBRH t

0,027 0,00 1 SDX0,0 1 2 LINV 0,3 5 8

t t

0,03 6 LAPD 0,526

* LIPC 0,066

La relation dynamique de CT obtenue par le MCE se présente comme suit :

TEC t

t

RES(

1)

Le recours au MCE nous montre que ce modèle est valide car le coefficient à correction d'erreur (c'est-à-dire le coefficient associé à la variable RES(-1) qui est ici la force de rappel) est négatif, statistiquement significatif au seuil de 5% et inférieur à l'unité. Le MCE est ainsi validé.

En effet, s'il advient qu'un choc sur le PIB réel per capita survient, il s'estompe après une année et 11mois qui est la vitesse d'ajustement vers son équilibre de LT. La valeur numérique du coefficient de rappel représente la vitesse à laquelle tout déséquilibre entre les niveaux désirés et effectif du PIB est résorbé dans l'année qui suit tout choc.

66

Après avoir vérifié la validité du modèle, nous pouvons maintenant procéder à l'analyse de la relation dynamique entre la croissance économique et ses variables explicatives retenues.

Le ratio du service de la dette aux exportations agit négativement et significativement sur le PIB réel par habitant. Son coefficient négatif signifie que si la variable service de la dette augmente de 10%, toutes choses étant égales par ailleurs, le PIB par habitant diminue de 0,01%. Ce ratio d'endettement mesure la proportion du service de la dette extérieure couverte par les exportations. Il est extrêmement important car il permet de surveiller le niveau d'endettement du pays et à ce titre, il est souvent employé comme indice de référence dans les stratégies de gestion de la dette. Le résultat obtenu est conforme à celui de PATILLO et al (2002) et N'GARESSEUM (2005). Le remboursement de la dette extérieure (principal et les intérêts) a pour conséquence de détourner les ressources qui devraient servir aux programmes d'investissement indispensables à la croissance. Avec le service de la dette, les investissements diminuent avec comme implication logique une régression de la croissance économique.

Pour la variable taux d'investissement, elle n'est pas statistiquement significative à CT, ce qui veut dire que le taux d'investissement n'influence pas la croissance économique sur un horizon de CT.

Pour la variable indice de prix à la consommation, son impact sur la croissance est négatif et statistiquement significatif à CT. Cela veut dire que le niveau d'inflation influence négativement la croissance économique. Si le niveau de l'inflation s'élève de 10%, ceteris paribus, le revenu par tête diminue de 3,58%.

La variation des termes de l'échange a un impact négatif et significatif sur la croissance car le Burundi est très vulnérable aux chocs extérieurs avec une balance commerciale structurellement déficitaire. Le coefficient négatif signifie que si la variable TEC varie de 10%, toutes choses étant égales par ailleurs, le PIB par habitant va diminuer de 0,66%. Cette relation négative entre les termes de l'échange et le PIB par habitant traduit l'insignifiance des recettes d'exportation sur le niveau de vie de la population qui opère pour la plupart dans le secteur agricole. La dégradation de termes de l'échange tend à amplifier le processus d'endettement.

67

L'APD a impact positif et statistiquement significatif sur la croissance économique sur le CT c'est-à-dire qu'elle agit positivement mais faiblement sur le PIBRH. En effet, son augmentation de 10%, ceteris paribus, induit une augmentation du PIB par habitant de 0,36% pour le CT.

En définitive, le résultat obtenu des tests économétriques permet d'appréhender l'impact de la dette extérieure à court et à long terme dans une dynamique de croissance économique. Notre hypothèse a été vérifiée par le signe du coefficient associé à la variable d'intérêt (le ratio du service de la dette extérieure). C'est pourquoi nous affirmons qu'il existe, au Burundi, une corrélation négative entre l'endettement public extérieur (par le biais du service de la dette extérieure) et la croissance économique sur un horizon de CT confirmant notre hypothèse de travail selon laquelle l'endettement public extérieur affecte négativement la croissance économique au Burundi.

3.5. Tests supplémentaires

La validité économétrique d'un modèle est sujette à quelques conditions qui doivent être remplies. C'est notamment l'absence d'autocorrélation des erreurs, l'homoscédasticité des erreurs et la stabilité des coefficients.

3.5.1. Test d'autocorrélation des erreurs : Test de BREUSCH et GODFREY

Les séries temporelles sont souvent sujettes à l'autocorrélation des erreurs raison pour laquelle nous optons pour le test développé par BREUSCH et GODFREY (1978) afin de déceler tout le risque d'autocorrélation (de rang 1 et 2).

Tableau n°10: Résultats du test de BREUSCH et GODFREY

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

F-statistic

0.6686

Probability

0.7367

Obs*R-squared

9.5579

Probability

0.4800

Source : Les auteurs à partir des données de la régression

La probabilité critique relative à la statistique est largement supérieure au seuil de significativité de 5% (73,67%). D'où nous concluons l'absence d'autocorrélation des résidus.

68

3.5.2. Test d'hétéroscédasticité: test de WHITE

Quant au test d'hétéroscédasticité de WHITE, il consiste à vérifier si le carré des résidus peut être expliqué par les variables du modèle. En principe, s'il est observé dans un modèle une quelconque hétéroscédasticité, c'est toujours le fait d'une ou de plusieurs variables. En pratique, ce test consiste à estimer par les MCO l'équation :

où les variables Zik, k=1,...,p sont des variables explicatives du modèle, leurs carrés et leurs produits et représente l'aléa.

Tableau n°11: Résultats du test d'hétéroscédasticité de WHITE

White Heteroskedasticity Test:

F-statistic

1.036431

Probability

0.44995

Obs*R-squared

10.58129

Probability

0.39105

Source : Les auteurs à partir des données de la régression

Le résultat nous renvoie à une probabilité critique associée à la statistique qui est largement supérieure au seuil de confiance de 5% (44,99%). D'où nous tirons la conclusion que les résidus sont homoscédastiques.

3.5.3. Test de stabilité des coefficients

En dernier lieu, nous devons nous assurer de la stabilité des paramètres estimés sur toute la période sous étude. Pour ce faire, nous recourons aux tests du CUSUM et CUSUMSQ. Un simple examen graphique de l'évolution des coefficients du modèle (assortis de leurs intervalles de confiance à plus ou moins deux écart-types) nous permet de conclure qu'il y a stabilité du comportement du taux de croissance du PIB réel par tête sur toute la période en revue.

69

Graphique n°11 : Test de CUSUM

15 10 5 0 -5 -10 -15

 

CUSUM 5% Significance

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10

Source : Les auteurs à partir des données de la régression Graphique n°12 : Test de CUSUMSQ

1.6 1.2 0.8 0.4 0.0 -0.4

 

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 oe10

CUSUM of Squares 5% Significance

Source : Les auteurs à partir des données de la régression

70

Synthèse du troisième chapitre

La revue de la littérature empirique du premier chapitre nous a permis de choisir le modèle théorique qui, selon nous, non seulement répond à la spécificité de l'économie burundaise mais nous permet également, soit d'infirmer ou confirmer, la réponse provisoire à notre problématique. Par la suite, conformément à notre objectif spécifique, des retouches ont été apportées au modèle développé par PATILLO et al.(2002). Les variables ainsi retenues sont : le service de la dette extérieure, le taux d'investissement, l'indice de prix à la consommation, l'aide publique au développement et les termes de l'échange.

Différents tests économétriques ont été en outre effectués. En effet, lorsqu'on travaille sur des chroniques, il est conseillé d'en étudier, avant tout traitement, les caractéristiques stochastiques c'est-à-dire s'assurer qu'elles sont stationnaires (indépendantes du temps). Les résultats nous montrent que toutes les variables en présence sont stationnaires en différence première. De surcroit, il s'est avéré que lesdites séries sont cointégrées c'est-à-dire qu'elles sont liées par une relation de long terme car le résidu issu de celle-ci est stationnaire. Les conditions requises pour utiliser le MCE sont remplies et les relations, à la fois, de court et long termes ont été estimées.

La dette publique extérieure affecte négativement et significativement la croissance économique sur le CT mais de façon non significative sur le LT via son service. Aussi, que ce soit la relation dynamique ou la relation statique, presque toutes les variables se comportent de la même manière quant à leur impact sur la croissance économique (hormis le taux d'investissement). En effet, les variables telles que le service de la dette, l'indice de prix à la consommation, exercent un effet négatif sur la croissance. Néanmoins, les autres variables du modèle (l'aide publique au développement et le taux d'investissement total pour le LT) exercent un effet positif sur la variable endogène. La force de retour à l'équilibre est de 52,6% c'est-à-dire que s'il y a un choc, il faut presqu'une année et 11 mois pour retrouver le sentier d'équilibre.

Somme toute, la dette publique extérieure a un impact négatif et significatif sur la croissance économique par le biais du service de la dette extérieure, d'où notre hypothèse est confirmée.

71

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Au terme de ce travail intitulé : « DYNAMIQUE DE L'ENDETTEMENT PUBLIC EXTERIEUR ET CROISSANCE ECONOMIQUE AU BURUNDI (1980-2010) », il importe de passer en revue les grandes conclusions.

L'objectif de départ était d'analyser les effets de la dette publique extérieure sur la croissance économique au Burundi sur la période 1980-2010. Pour capter cet impact, nous avons émis une hypothèse selon laquelle l'endettement public extérieur affecte négativement la croissance économique au Burundi. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons procédé par une approche théorique et empirique.

Tout au long de ce travail, nous avons examiné les différents aspects théoriques et empiriques de la relation entre endettement extérieur et croissance économique. A partir d'un modèle linéaire portant sur les déterminants types de la croissance économique (modèle de PATILLO et al. [2002]) et en recourant au MCE, nous avons mis en évidence l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique au Burundi sur la période 1980-2010. La problématique de l'endettement extérieur nous a amené à apprécier dans une moindre mesure l'IPPTE. Toutefois, il s'est avéré qu'il serait très prématuré d'en dresser le bilan, et notamment son impact socioéconomique dans la réduction de la pauvreté.

Au terme de cette recherche, il ressort que la dette extérieure a un impact négatif et significatif sur la croissance économique sur le CT mais non significatif sur le LT à travers le service de la dette. Ce résultat s'explique par le fait que les paiements au titre du service de la dette constituent une ponction sur les ressources internes qui devraient servir à l'investissement et partant à contribuer à la croissance économique. La non significativité sur le LT est due à l'accumulation des arriérés sur sa dette extérieure dans les années 90 et le caractère concessionnel dont est assortie la dette multilatérale (composante la plus dominante de la dette extérieure).

Par ailleurs, ce travail nous a également permis de mettre en exergue certains déterminants de la croissance économique. En effet, le taux d'investissement total affecte positivement et significativement la croissance économique pour l'horizon de LT. L'APD quant à elle agit sur celle-ci de manière positive et significative à la fois sur le

72

court et long terme. A l'opposé, le taux d'inflation et les termes de l'échange agissent négativement et significativement sur la croissance économique pour le CT.

A la lumière des résultats trouvés aussi bien dans l'analyse descriptive que dans l'analyse empirique, nous pouvons formuler certaines recommandations permettant d'envisager des politiques qui militent en faveur d'un endettement soutenable et d'une croissance soutenue :

? La première recommandation porte sur une mise en place des stratégies pour maîtriser le déficit budgétaire par des mesures d'ajustements. Cette politique économique de réduction du déficit budgétaire permettrait de réduire conjointement la part de la dette dans le PIB. Pour cela, le Gouvernement doit ajuster les dépenses de consommation de l'Etat sans compromettre l'évolution économique. Pour augmenter les recettes de l'Etat, le gouvernement devrait élargir l'assiette fiscale sans élever le taux d'imposition.

? Il serait judicieux de recourir à un endettement extérieur axé sur le financement des projets productifs. Certes, l'endettement extérieur est une nécessité pour le Burundi, mais le recours à ce dernier doit être entouré d'un certain nombre de précautions, notamment par rapport à l'utilisation des fonds d'emprunt. Il faudrait veiller à ce qu'ils permettent de financer les investissements publics productifs, d'appuyer efficacement la production directe et investissement privé tout en maîtrisant le service de la dette.

? L'intensification et la diversification les produits exportables est un autre défi auquel le Burundi devrait relever s'il veut échapper aux chocs extérieurs qui l'ont durement frappés. Le besoin d'une croissance dynamique des exportations pour renforcer sa capacité de paiements extérieurs et disposer de ressources supplémentaires passe en partie par la diversification des exportations non traditionnelles. Ceci lui permettrait d'être moins vulnérable. En outre, les exportations devraient être mieux rémunérées sur les marchés des matières premières par la participation active du pays au processus d'intégration économique sous-régionale et internationale.

A la fin de ce travail, nous ne prétendons pas avoir épuisé tous les contours d'un sujet aussi vaste et pertinent qu'est la dynamique de l'endettement public extérieur et croissance économique au Burundi. Nous invitons d'autres chercheurs à nous compléter en tenant compte des éventuelles lacunes et en arrivant sur les aspects du sujet dont nous n'aurions pas pu faire une ascèse dans le présent travail.

73

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I

ANNEXE

ii

Annexe n°1 : Données de lz régression

Année

PIBRH

SDX

INV

IPC

(2005=100)

TEC

(2000=100)

APD

1980

20044,2121

9,39852819

13,8849391

8,26411544

230,921053

3,16833645

1981

20601,5503

7,26803665

17,0061171

9,26964295

170,860927

4,27612381

1982

21007,9311

7,26837667

14,4606633

9,81359453

181,818182

1,84974344

1983

22625,7918

11,8699727

22,7051907

10,6135233

212,132353

2,27046939

1984

25911,1292

13,4681006

18,3706145

12,1330476

265,502183

1,41449119

1985

29686,8302

15,231656

14,3047666

12,5946236

243,145161

7,09989423

1986

28626,1614

18,9500068

13,9805065

12,8056686

296,226415

8,74232659

1987

28455,661

36,1566624

20,8545535

13,7165663

179,084967

9,55337472

1988

30172,7056

29,2885116

15,1099105

14,3320008

217,891374

8,43947106

1989

34232,3592

51,7692858

16,5658799

16,0033414

177,5

11,9331594

1990

36413,9501

50,1760095

18,1562433

17,1239225

128,279883

14,626566

1991

38561,2859

36,4320194

18,2457596

18,6645514

136,391437

15,8946838

1992

41746,028

45,2835595

17,8918872

19,0048683

97,9452055

6,83779664

1993

40693,1947

42,8243234

14,886808

20,8444154

120,408163

10,3697784

1994

48770,6058

26,5380595

9,76626912

23,9403979

171,369295

9,82671285

1995

51817,1478

28,4422207

9,16462685

28,5520974

163,568773

4,73270685

1996

45966,3536

47,235094

11,0502035

36,1003531

118,942731

3,33507242

1997

55874,525

27,5374425

6,77089308

47,3317468

109,543568

2,96750266

1998

64182,8152

33,5135399

5,56972255

53,2484096

121,176471

2,59019424

1999

69654,8733

39,9183515

9,0915936

55,0510942

115,929204

2,51458867

2000

86570,6353

40,3664178

5,29395351

68,4382437

100

2,7513653

2001

80324,2789

54,6592824

7,28625303

74,7639712

85,554891

7,8472907

2002

82548,8348

68,8122876

10,1269927

73,7389762

86,5657928

10,8554016

2003

89397,8331

77,1754942

10,7232647

81,6745213

89,5902955

10,1264256

2004

100867,544

85,7857837

11,2647115

88,0873501

92,8132267

14,4825669

2005

112747,013

53,6797959

15,5418748

100

112,223381

11,9642235

2006

120260,457

76,6213713

13,461742

102,809015

119,707899

11,0712774

2007

133195,946

78,5132562

21,5067976

111,385376

119,057225

15,2629154

2008

171115,938

56,9710782

27,1170452

138,237444

127,663328

9,98000871

2009

186603,325

43,5017716

25

153,417946

131,301313

6,93010906

2010

212161,885

4,64082057

27,9516243

163,238611

154,337835

12,9113889

Sources :

? PIRH, IPC, TEC et APD sont extraites de la base des données de la Banque Mondiale (The World Development Indicators Database);

? SDX et INV résultent de nos calculs à partir des données récoltées à la BRB.

iii

Annexe n°2 : Relation de long terme

Dependent Variable: LPIBRH Method: Least Squares

Date: 01/05/13 Time: 17:38 Sample: 1980 2010

Included observations: 31

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

SDX

-0.001161

0.000639 -1.817961

0.0811

LINV

0.056627

0.023779 2.381374

0.0252

LIPC

-0.141276

0.012572 -11.23702

0.0000

LTEC

-0.061892

0.044232 -1.399272

0.1740

LAPD

0.073723

0.016200 4.550747

0.0001

C

10.41687

0.236523 44.04164

0.0000

R-squared

0.913983

Mean dependent var

9.853532

Adjusted R-squared

0.896779

S.D. dependent var

0.140679

S.E. of regression

0.045197

Akaike info criterion

-3.183569

Sum squared resid

0.051070

Schwarz criterion

-2.906023

Log likelihood

55.34532

F-statistic

53.12796

Durbin-Watson stat

1.029630

Prob(F-statistic)

0.000000

Annexe n°3 : Test de stationnarité (PP Test)

PP Test Statistic -4.053726 1% Critical Value* -2.6423

5% Critical Value -1.9526

10% Critical Value -1.6216

*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

Lag truncation for Bartlett kernel: 3 ( Newey-West suggests: 3 )

Residual variance with no correction 0.001118

Residual variance with correction 0.001104

Phillips-Perron Test Equation

Dependent Variable: D(RES)

Method: Least Squares

Date: 01/09/13 Time: 15:17

Sample(adjusted): 1981 2010

Included observations: 30 after adjusting endpoints

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

RES(-1) -0.611411 0.150736 -4.056169 0.0003

R-squared 0.358913 Mean dependent var 0.002892

Adjusted R-squared 0.358913 S.D. dependent var 0.042480

S.E. of regression 0.034013 Akaike info criterion -3.891382

Sum squared resid 0.033550 Schwarz criterion -3.844676

Log likelihood 59.37074 Durbin-Watson stat 2.071827

iv

Annexe n°4 : Test de stationnarité de la série résiduelle (ADF Test)

ADF Test Statistic -3.192606 1% Critical Value* -2.6453

5% Critical Value -1.9530

10% Critical Value -1.6218

*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(RES)

Method: Least Squares

Date: 01/09/13 Time: 15:16

Sample(adjusted): 1982 2010

Included observations: 29 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

RES(-1)

-0.623323

0.195240 -3.192606

0.0036

D(RES(-1))

-0.046837

0.180176 -0.259950

0.7969

R-squared

0.341479

Mean dependent var

0.001407

Adjusted R-squared

0.317089

S.D. dependent var

0.042433

S.E. of regression

0.035066

Akaike info criterion

-3.796711

Sum squared resid

0.033199

Schwarz criterion

-3.702415

Log likelihood

57.05231

Durbin-Watson stat

1.948860

Annexe n°5 : Modèle à Correction d'Erreur

Dependent Variable: D(LPIBRH)

Method: Least Squares

Date: 01/09/13 Time: 15:19

Sample(adjusted): 1981 2010

Included observations: 30 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

C

0.024441

0.010092 2.421829

0.0237

D(SDX)

-0.001084

0.000404 -2.681274

0.0133

D(LINV)

-0.013362

0.019517 -0.684642

0.5004

D(LIPC)

-0.328050

0.087483 -3.749888

0.0010

D(LTEC)

-0.087805

0.030621 -2.867505

0.0087

D(LAPD)

0.042524

0.010589 4.015978

0.0005

RES(-1)

-0.528481

0.127191 -4.155026

0.0004

R-squared

0.671493

Mean dependent var

-0.005369

Adjusted R-squared

0.585796

S.D. dependent var

0.041740

S.E. of regression

0.026863

Akaike info criterion

-4.195169

Sum squared resid

0.016597

Schwarz criterion

-3.868223

Log likelihood

69.92753

F-statistic

7.835625

Durbin-Watson stat

1.512331

Prob(F-statistic)

0.000113

V

Annexe n°6 : Test de multicolinéarité de KLEIN

 

LPIBRH

SDX

LINV

LIPC

LTEC

LAPD

LDPIB

LPIBRH

1.000000

-0.494067

0.369621

-0.867608

0.624562

0.035163

-0.526078

SDX

 

1.000000

-0.12308

0.623490

-0.731285

0.558267

0.811250

LINV

 
 

1.000000

-0.104352

0.371320

0.340523

-0.480642

LIPC

 
 
 

1.000000

-0.698857

0.343991

0.602742

LTEC

 
 
 
 

1.000000

-0.273840

-0.749776

LAPD

 
 
 
 
 

1.000000

0.354630

 

LDPIB

 
 
 
 
 

1.000000






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