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La mise en oeuvre des normes internationales de protection des défenseurs des droits de l'homme au Cameroun

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par François Denis SAME TOY
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master en Droits d el'Homme et Action Humanitaire 2012
  

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II. INTRODUCTION GENERALE

« L'Afrique se présente à l'aube du 21ème siècle comme un immense brasier recouvert tout entier par une épaisse flamme rouge de sang et de la chaleur des larmes répandues par des manifestations de violence de tous ordres et de tout acabit. »1(*) Cette affirmation paraît encore de nos jours bien des plus pertinentes. Ce notamment dans la mesure où, « il peut paraître superfétatoire de parler d'une effectivité des droits de l'Homme en Afrique au regard des réalités quotidiennes. »2(*) En effet, une observation brève et superficielle de la scène internationale permet de s'imprégner de cette réalité communément partagée, selon laquelle le continent africain se caractérise généralement par la multiplicité des violations massives des droits de l'homme. Le désordre politique et les revendications houleuses de populations mécontentes alimentent la prolifération de conflits et tensions diverses. Les guerres pour le pouvoir, les attaques et répressions violentes lancées contre les civils, sont très souvent le terreau d'abus perpétrés en marge des droits fondamentaux (viols, meurtres à grande échelle, génocides, ...) Toutefois, si les nombreux conflits armés africains constituent les principaux facteurs de remise en cause des droits humains, il faut y associer également la conjoncture politique et économique. Le développement demeure en effet « un défi considérable en Afrique, peut-être plus considérable que n'importe où ailleurs dans le monde. »3(*) De ce fait, les Etats africains à forte majorité pauvres et en voie de développement, peinent à réaliser les droits économiques, sociaux et culturels des individus. De plus ces Etats abritent, pour la plupart de forts régimes présidentialistes, négateurs des libertés publiques essentielles.

Dans un tel contexte marqué de façon générale, par la difficulté des Etats ou, plus souvent encore, leur manque de volonté avéré, à réaliser les prérogatives fondamentales des populations, une classe déterminée de personne joue désormais un rôle crucial indéniable dans la mise en oeuvre des conventions internationales : il s'agit des défenseurs des droits de l'Homme. Ces derniers représentent la tranche de la société civile qui milite en faveur du respect et de la protection des droits consacrés par les textes internationaux. Leur oeuvre de dénonciation renseigne la communauté internationale sur la réalité effective et factuelle, inhérente à la situation des droits fondamentaux au sein des Etats. Ils exercent de ce fait, une énorme pression sur ces derniers relativement à l'exécution de leurs obligations internationales. Les défenseurs constituent réellement de ce fait, un maillon essentiel de la chaîne d'application des instruments universels et c'est en ces termes, que se pose la nécessité de leur protection. Dans la mesure où la protection des défenseurs a un effet multiplicateur sur la protection des droits de l'homme4(*), l'enjeu consiste ici en fait, à assurer l'implémentation des principaux instruments, garants de la promotion et de la protection des droits de l'homme.

Toutefois force est de constater d'autre part, l'essor à l'échelle du continent, des exactions commises à l'endroit des défenseurs des droits de l'Homme. Dans les faits, une proportion croissante de militants des droits humains fait désormais l'objet d'agressions, de harcèlement, de menaces et de campagnes de diffamation de toutes sortes et dans certains cas, en arrive à payer le prix fort dans la lutte pour la cause du respect de la dignité humaine. Si les défenseurs sont donc souvent la cible d'agents non étatiques, la violence à leur encontre est bien souvent tolérée, encouragée ou directement perpétrée par des agents étatiques, au premier rang desquels les forces de sécurité censées les protéger.5(*) Il semble nécessaire de relever donc, qu'en dépit du caractère crucial de l'action des défenseurs pour la préservation des droits fondamentaux, leur activité de militantisme est en proie à une dangerosité croissante, exposant inexorablement et systématiquement, tous ceux qui s'y adonnent. L'ampleur grandissante des risques auxquels se retrouvent confrontés les activistes des droits de l'Homme, semble constituer un paradoxe à part entière, d'autant plus qu'elle intervient dans un contexte ou l'oeuvre de ces derniers est des plus salutaires. C'est en ces termes, que se pose l'opportunité d'une réflexion sur la protection interne des professionnels des droits de l'Homme, dans le cadre particulier d'un Etat africain, le Cameroun. Une telle analyse motivée par les constats et opinions détaillés supra, pourrait être engagée sur la base du questionnement suivant : d'abord existe-t-il des normes internationales consacrées à la protection des défenseurs applicables au Cameroun ? Et encore, en quoi la situation des défenseurs des droits de l'Homme camerounais donne t-elle lieu à poser le problème d'une nécessaire protection de leur activité ?

* 1 NGUEMA I., « Violence, droits de l'Homme et développement en Afrique » in Revista IIDH, Vol. 21, 1995, p. 93.

* 2 BOUKONGOU J. D., Cours de projet de recherche (inédit), Master 2, UCAC, APDHAC, 2011-2012, p. 9.

* 3 Office contre la drogue et le crime des Nations Unies, Criminalité et développement en Afrique (Rapport), Juin 22005, p. v.

* 4 SEKAGGYA M., Message sur les défenseurs des droits de l'homme : dix ans après la déclaration sur les droits de l'homme, dix points pour mieux les connaitre, en annexe de son rapport sur la situation des défenseurs des droits de l'homme présenté à l'Assemblée générale des nations unies le 12 août 2008, A/63/288

* 5 Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, intervention orale à la 53éme session ordinaire de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples (Banjul, 9-23 avril 2013) sous le point 9 de l'ordre du jour : « Situation des défenseurs des droits de l'Homme », http://protectionline.org/files/2013/04/Intervention-orale-sur-les-HRD-en-Afrique_CADHP_130413.pdf (consulté le 19/08/2013).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault