WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La mise en oeuvre des normes internationales de protection des défenseurs des droits de l'homme au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par François Denis SAME TOY
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master en Droits d el'Homme et Action Humanitaire 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

VII. REVUE DE LA LITTERATURE

La question de la protection des droits de l'Homme en général, et des défenseurs de ces derniers en particulier, est un domaine sensible ayant motivé la production de nombreuses études. Il faut dire qu'une observation minutieuse de ces dernières pourrait laisser transparaître la coexistence de deux courants de pensée, définissant les lignes de recherche exploitées par les auteurs. Alors, si un premier courant analyse le phénomène de la défense des droits de l'Homme en général, le second s'intéresse directement à l'étude des défenseurs en eux-mêmes.

A. La première tendance : la défense des droits de l'Homme appréhendée comme phénomène social objectivement étudiable.

La première famille de recherche étudie la question générale de la défense et de la protection internationale des droits de l'Homme. Comme premier auteur s'inscrivant dans ce champ de réflexion, l'on peut faire intervenir Jean-Luc MATHIEU86(*). Celui-ci envisage la défense des droits de l'Homme comme un phénomène obéissant aux dynamiques essentiellement contextuelles et contingentes. En effet, pour l'auteur à la base, le concept des droits de l'Homme transcende les cultures et il n'existe pas à son sujet, d'appréhension véritablement exacte et commune partagée par tous. A côté de la morale internationale officielle87(*) secrétée par l'ONU, il subsiste des codes de compréhension et des façons de faire relativement aux droits de l'Homme propres à toutes les logiques culturelles de pensée. La défense internationale des droits de l'Homme se calque donc bien évidemment sur ce schéma, laissant transparaître un corpus de protection à vocation universelle dicté par le droit international onusien et, des systèmes régionaux de protection (européen, américain et africain). L'auteur analyse avant de s'étendre sur ces divers systèmes, un mode moins conventionnel de protection des droits de l'Homme : celui de l'opinion publique. Il expose à ce niveau, sur les associations de défense des droits de l'Homme, luttant à travers le monde, pour l'application et le respect des principes de la déclaration universelle. Au travers d'une analyse concise de l'exemple de deux d'entre elles (la Fédération Internationale des ligues des droits de l'Homme et Amnesty International), l'auteur révèle le caractère précaire et risqué de leur action, en raison du risque important de représailles qu'elles courent, en dénonçant les exactions des gouvernements qui n'ont de démocratique, que le discours officiel.88(*) Pour MATHIEU en somme, la situation des associations de défense des droits de l'Homme ainsi que les fruits de leurs actions varient en fonction de l'attachement des Etats aux valeurs et principes de la dignité humaine.89(*)

Etienne JAUDEL90(*) dans la même ligne de pensée, expose la dangerosité de l'activité de défense des droits de l'Homme. Pour lui, l'action des militants des droits de l'Homme aide à limiter les violations des droits des citoyens perpétrées par l'autorité. En effet, « sans doute continue t-on à prendre, à fusiller, à frapper, à enfermer des hommes et des femmes dans le monde, parfois même, comme en Afrique du Sud, des enfants. Mais il est de plus en plus difficile de le reconnaitre publiquement [...] L'action des O.N.G [...] y contribue d'une manière irremplaçable. »91(*) Les activistes sont donc des gêneurs que l'Etat doit pouvoir museler et annihiler dans l'optique de la réalisation de ses projets politiques. De son expérience à lui, il ressort un certain nombre de stratagèmes que les gouvernements mettent en place pour y parvenir. La tendance générale dans ce sens, est au règne de l'apparence. Les gouvernants pour compliquer la tâche des activistes et la conception mondiale, font croire ce qui n'est pas. La soumission de l'Etat aux règles protectrices des droits humains n'est donc que du domaine de l'apparence. Ceux-ci d'autre part, agissent assurément et en toute impunité, tant ils contrôlent l'ensemble des moyens de communication, le pouvoir judiciaire dont ils orientent l'activité de répression, et l'opposition. Le pouvoir arrête et détient tous ceux qui s'opposent à lui. Il n'hésite pas à tuer ou déstabiliser les défenseurs si besoin est. Dans ces pays de crainte le seul fait d'être vu avec les activistes est compromettant. Force étant d'admettre que : « faire disparaitre les gêneurs et les embastiller est une méthode pour désorganiser l'opposition et décourager les sympathisants. »92(*)

Guy AURENCHE s'inscrit dans le même ordre d'idées. L'auteur développe deux logiques de pensées différentes et complémentaires. Selon lui, la défense des droits de l'Homme constitue d'abord un attribut de la dignité humaine.93(*) C'est la raison pour laquelle d'autre part, elle est légitime et requiert une protection juridique.94(*)

Pour AURENCHE d'une part, tout le monde a le pouvoir et le devoir de devenir un ardent défenseur des droits de l'Homme. Dans la mesure où chacun de nous détient un peu de la réponse à la question que pose le respect des droits de l'Homme95(*), il ne suffit pas de regarder les militants défiler, il faut les rejoindre.96(*) Il est même urgent d'agir dans le sens de la défense des droits humains : « les violations des droits de l'Homme s'étalent devant nous. Discours et bavardages ont pris une telle place dans nos vies qu'ils suffisent parfois à les remplir. Il en est de même pour les droits de l'Homme. Les proclamations ont été faites et les conventions signées ; Il ne nous reste qu'à les appliquer dans la réalité quotidienne. »97(*) Il envisage la question de la protection des droits de l'Homme comme une mission ouverte à tout le monde et pas seulement à une caste de spécialistes. En tant que citoyens du monde, nous avons tous la responsabilité personnelle de réclamer nos droits et de réaliser nos devoirs car « ceux qui dans la revendication de leurs droits oublient leurs devoirs ou ne les remplissent qu'imparfaitement, risquent de démolir d'une main ce qu'ils constituent de l'autre. »98(*)

L'auteur démontre ensuite par ailleurs, la légitimité de la protection des droits de l'Homme. « Parce que les droits de l'Homme sont des promesses juridiques faites par des Etats devant la communauté internationale, l'opinion publique mondiale doit pouvoir alors exiger des comptes. »99(*) Le militantisme intègre des défenseurs des droits de l'Homme est nécessaire pour contrôler l'action du politique et le conformer aux exigences humanitaires. Il ne saurait être considéré comme une ingérence dans les affaires intérieures de l'Etat. Est normale l'ingérence des citoyens membres d'associations, qui rappellent aux responsables leurs devoirs légaux, sur la base des textes juridiques ratifiés par leurs pays.100(*) « Il y a la matière à une « ingérence consentie » par l'Etat, puisque, en signant un document juridique avec d'autres nations, le pays donne aux autres le droit -le devoir- d'examiner la manière dont il respecte son engagement [...] Les mécanismes créés pour contrôler, ou parfois juger, les manquements aux textes internationaux permettent une interpellation normale mutuelle qui ne peut être assimilée à une ingérence abusive. »101(*) L'action des associations de défense des droits de l'Homme est donc nécessaire, malgré qu'elle n'attire pas la sympathie des gouvernements.102(*) C'est en ce sens qu'elle nécessite une protection spécifique du droit international.

Il faut remarquer au regard de ces développements, que les auteurs du premier courant s'ils apportent des informations essentielles sur les réalités inhérentes au vécu des défenseurs, n'abordent pas spécifiquement la question de leur protection qui intéresse cette étude. De plus, ces derniers se limitent en effet, à l'analyse du phénomène générique de la défense des droits de l'Homme et n'étudient donc les professionnels en eux-mêmes, que de façon périphérique. Dans leurs analyses, ils envisagent le concept de défenseur des droits de l'Homme de façon très restrictive en ce qu'ils ne le limitent qu'aux seuls cas des associations de défense des droits de l'Homme.

* 86 MATHIEU J-L., La défense internationale des droits de l'Homme, Paris : PUF, coll. Que sais-je ?, 1993, 127 pages.

* 87 Idem, p. 7.

* 88 MATHIEU J-L., Op. Cit., p. 16.

* 89 Idem., p. 17.

* 90 JAUDEL E., Le juste et le fort : la défense des droits de l'homme sur trois continents, Paris : éd. Grasset et Fasquelle, 1989, 203 pages.

* 91 Idem, p. 13.

* 92 JAUDEL E., Op. Cit., p. 143.

* 93 AURENCHE G., L'aujourd'hui des droits de l'Homme, Paris : Nouvelle cité, 1985, 265 pages.

* 94 AURENCHE G., « Les droits de l'Homme en questions » in Etudes (revue), Tome 378, n° 6(3786), juin 1993, Paris : éd. Assas, pp. 725-734.

* 95 AURENCHE G., L'aujourd'hui des droits de l'Homme, Paris : Nouvelle cité, 1985, p. 11.

* 96 Idem, p. 10.

* 97 Ibidem, p. 123.

* 98 Ibid, p. 124.

* 99 AURENCHE G., « Les droits de l'Homme en questions » in Bulletin des études (revue), Tome 378, n° 6(3786), juin 1993, Paris : éd. Assas, p. 727.

* 100 Idem, p. 730.

* 101 Ibidem, pp. 730-731.

* 102 Ibid, p. 733.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon