WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Autonomisation de la femme malienne face à  la tradition: mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du district de Bamako

( Télécharger le fichier original )
par Issa DOUMBIA
Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux - Diplome Supérieur en Travail Social 2016
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

    Ministère de l'Enseignement Supérieur

    et de la Recherche Scientifique

    REPUBLIQUE DU MALI

    ************************* **************************

    Secrétariat Général

    ****************** Un Peuple - Un But - Une Foi

    INSTITUT NATIONAL DE FORMATION DES

    TRAVAILLEURS SOCIAUX (INFTS)

    Tel: 20 21 31 83/ 20 21 19 10

    E-mail: infts2006@yahoo.fr

    MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

    Cycle supérieur- Option Développement Social

    Autonomisation de la femme malienne face à la tradition : mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du District de Bamako.

    THEME

    En vue de l'obtention du Diplôme Supérieur en Travail Social (DSTS)

    Sous la direction de: Présenté et soutenu par:

    Issa DOUMBIA

    Professeur Sidiki TRAORÉ

    Année Universitaire:2015-2016

    Table des matières

    DEDICACE III

    Remerciements II

    LISTE DES TABLEAUX IV

    SIGLES ET ABREVIATIONS V

    Résumé VII

    INTRODUCTION : 1

    Motivations 3

    QUESTIONS DE RECHERCHE : 3

    OBJECTIFS DE RECHERCHE : 3

    Objectif Général : 3

    Objectifs spécifiques : 4

    HYPOTHESES DE RECHERCHE 4

    PROBLEMATIQUE : 5

    II- METHODOLODIE 9

    A- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE : 9

    B- CLARIFICATION DES CONCEPTS : 17

    C- INSTRRUMENTS D'ENQUETE 21

    1-RECHERCHE DOCUMENTAIRE 21

    2- L'ENTRETIEN 22

    3- LE QUESTIONNAIRE 24

    III- L'échantillonnage 24

    1-Taille de l'échantillon 24

    2- Caractéristiques de l'échantillon 25

    Tableau n° 1: caractéristique de l'échantillon selon l'âge. 25

    Tableau n° 2 : caractéristique de l'échantillon selon la situation matrimoniale 25

    Tableau n° 3: description de l'échantillon selon le niveau d'instruction 26

    Tableau n° 4: description de l'échantillon en fonction de la religion 27

    IV- Difficultés rencontrées : 27

    PREMIERE PARTIE 28

    CHAPITRE I : PRESENTATION DU DISTRICT DE BAMAKO ET DE LA COMMUNE IV 29

    I. PRESENTATION DU DISTRICT DE BAMAKO 29

    A-Aspects Historiques 29

    B- Les données physiques 30

    1- Climat 30

    2-Population 31

    C-Langues et Religions 31

    D- Administration : District, communes et quartiers 31

    E-Transport et Economie 33

    F- Santé 34

    II-LA COMMUNE IV DU DISTRICT DE BAMAKO 34

    Situation géographique 34

    Le relief : 36

    b. Le climat : 36

    c. L'hydrographie : 36

    B. La population 37

    a. Historique du peuplement de la commune IV 37

    b. Structure et Évolution de la population 38

    Tableau N°6: Répartition de la population par ménage et par sexe en 2009. 38

    Tableau N°7 : Répartition de la population par âge et par sexe en 1998. 39

    C. Les infrastructures et les équipements de base 40

    a. Les infrastructures 40

    1. Les infrastructures routières 40

    2. Les services sociaux de base 40

    a. L'Éducation 40

    Tableau N°8 : Répartition des écoles par statut, CAP et par niveau en commune IV. 41

    b. La Santé 41

    c. L'Approvisionnement en eau potable 41

    d. Les activités économiques 42

    1. Le secteur primaire : 42

    2. Le secteur secondaire 42

    3. Le secteur tertiaire : 43

    E. La situation administrative et politique : 43

    CHAPITRE II : HISTOIRIQUE DE L'EMANCIPATION DE LA FEMME MALIENNE A PARTIR DE BAMAKO. 45

    I- LES PRINCIPALES ORGANISATIONS FEMININES DE 1960 A NOS JOURS 45

    A. La commission Sociale des Femmes 45

    B- Le Secrétariat d'État aux Affaires Sociales sous la période du Comité Militaire de Libération Nationale (C.M.L.N) 47

    C- l'Union Nationale des Femmes du Mali (1974-1991) 49

    D- La Coordination des Associations et O.N.G féminines du mali sous la période du multipartisme 50

    II-LE CADRE INSTITUTIONNEL D'EMANCIPATION DE LA FEMME AU MALI 51

    A- Le Commissariat à la promotion des femmes 51

    B- Le Ministère de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille 52

    DEUXIEME PARTIE 53

    CHAPITRE III : LA FEMME DU DISTRICT DE BAMAKO 54

    I. LA FEMME MALIENNE : SON ROLE SOCIAL ET CULTUREL 54

    A. LA FEMME MALIENNE DANS LA FAMILLE 54

    B. LA FEMME MALIENNE DANS LA SOCIETE 55

    II-LA FEMME DANS LES SOCIETES MODERNES MALIENNES 56

    III- LA FEMME DU DISTRICT DE BAMAKO 57

    CHAPITRE IV : LA QUETE D'AUTONOMIE DE LA BAMAKOISE 59

    I- Typologie de quête d'autonomie de la Bamakoise 59

    A- sur les plans politique et économique : 59

    B- Sur les plans éducatif et sanitaire 61

    C- Sur le plan syndical et autre 62

    II- Efforts gouvernementaux pour l'autonomisation de la femme malienne: 63

    66

    TROISIEME PARTIE 66

    CHAPITRE V : LE POIDS DE LA TRADITION SUR LA FEMME MALIENNE 67

    I- LES OBSTACLES À L'AUTONOMIE SOCIALE DE LA FEMME MALIENNE 67

    II-LES OBSTACLES EMPECHANT LA FEMME MALIENNE À S'INVESTIR DANS LA POLITIQUE 68

    III- LES OBSTACLES RETARDANT LA RELANCE ECONOMIQUE DE LA FEMME MALIENNE 70

    A. La surcharge ménagère et l'économie domestique pesant sur la femme malienne 70

    Tableau N°9: Charge d'occupation quotidienne aux activités domestiques : 71

    B- Le difficile accès à la terre 72

    a-Accès à la terre selon le droit foncier moderne 72

    b- Accès à la terre suivant le droit foncier coutumier 73

    C- hiérarchie, rôles et division du travail au Mali 75

    D- Le poids de la religion sur la femme 76

    a. L'Islam 76

    b. Le christianisme 78

    E-L 'analphabétisme, un mal qui frappe beaucoup plus les femmes 78

    Tableau N°10 : Alphabétisation de la population de 15 ans et plus (en %) 79

    Tableau N°11 : Proportion de la population (6 ans et plus) n'ayant jamais fréquenté l'école 80

    a) Le niveau d'instruction des femmes demeure faible: 80

    IV- Le droit de la femme au Mali, un droit à cheval entre le droit moderne et le droit coutumier 81

    V- Les violences faites aux femmes comme freins à leur autonomisation 82

    A. Quelques violences faites aux femmes 82

    B. La conséquence des violences sur leur autonomisation 83

    a. Sur la femme elle-même 83

    b. Sur la famille et la société : 84

    Chapitre VI : Analyse de la situation ou Analyse et interprétation des résultats de l'enquête 85

    I- Résultats qualitatifs : 85

    II- Résultats quantitatifs : 94

    Tableau N° 12: genre d'autonomie réclamée par les femmes 94

    Tableau N° 13: contenu donnée à l'autonomie 95

    Tableau N°14: contraintes religieuses 96

    Tableau N°15 : contraintes familiales 97

    Tableau N° 16 : les contraintes socioculturelles 98

    Tableau  N°17: contraintes économiques 100

    Tableau N° 18 : l'avenir de l'autonomisation de la femme malienne 101

    III-Synthèse et Discussion des résultats : 101

    CONCLUSION : 106

    BIBLIOGRAPHIE 109

    ANNEXES IX

    QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE X

    GUIDE D'ENTRETIEN XIII

    DEDICACE

    A

    Mon père adoptif Madou Traoré dit SINPLAY pour l'affection qu'il m'a donnée dès mon enfance. Je me souviendrai toujours de ses larmes quand j'ai dû le quitter pour l'école à Dioulafoundo. Si mon père biologique m'a éduqué, lui, il m'a façonné.

    Remerciements

    Au terme de mes études à l'Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux, marquée par la réalisation de ce mémoire, c'est l'occasion pour moi de remercier tous ceux qui, dès les premières heures de mon parcours scolaire à nos jours, par leur apport moral et matériel n'ont cessé de m'épauler ; et surtout aux moments les plus difficiles.

    Il s'agit notamment de :

    - L'ensemble de l'encadrement technique de l'I.N.F.T.S y incluant les professeurs pour les connaissances que j'ai acquises auprès d'eux durant tout mon cycle, particulièrement le Professeur Sidiki Traoré, mon directeur de mémoire de m'avoir fait confiance en acceptant de m'encadrer durant tout le processus de ce mémoire. Je le remercie surtout pour sa disponibilité et ses encouragements qui m'ont été d'une très grande source de motivation ;

    - Mes chers parents Mamoutou Doumbia et Maryama Camara sans oublier Aminata Magassouba et Aminata Traoré pour leurs sacrifices consentis pour que je puisse être instruit et devenir responsable dans la vie. Qu'ils trouvent dans ce travail le fruit de leurs efforts conjugués ;

    - De ma grand-mère Bintou Diabaté, mes tantes du village Djéssira Doumbia et Mamou Kouyaté ainsi que mes tontons Amara et Lansiné Doumbia pour leur soutien tant moral que matériel qu'ils n'ont cessé de m'apporter. Qu'ils retrouvent ici, l'espoir dont ils ont été les porteurs;

    - Mes frères et soeurs Djibril, Boubacar, Sanaba, Almamy Fanoumou, Sayon et Seyba Doumbia qui sont les raisons de ma lutte, pour leur confiance qu'ils ont portés à ma personne ;

    Je souhaite ensuite, du fond du coeur, remercier vivement la famille TRAORE et particulièrement à titre posthume, M. Bakary Traoré qui n'a jamais cessé de me faire confiance et de m'encourager et ce, jusqu'à ses derniers jours ; également mes tantes Aminata Doumbia, Nassoun Keita et Hawa Camara pour avoir pris soin de moi depuis mon lycée.

    Par la même occasion j'exprime ma reconnaissance à toutes les personnes que j'ai pu rencontrer ou contacter et qui m'ont apporté leur témoignage, explication, orientation, conseil et observation ou point de vue sur notre thème. Je pense à M. Malick SOW, M. Issa Panama Dembélé, M. Abdoulaye Hasseye, Mme Sylla et tout le personnel du CNDIFE avec qui, je me suis entretenu moult fois. Egalement à M. Sekou Kaba Cissé, Mme Dembélé Hawa Katilé, M. Issa Goita et M. Mamadou Sinaba de la D.N.P.F et Mme Babo Mariam Kané ainsi que Mme Kanouté Hawa Doumbia directrice de la D.R.P.F.E.F de Bamako sans occulter M.Boulkassoum Cissé du FAFE pour leur sens de la coopération et leur attention face mes multiples questions.

    Je tiens à remercier également tous les amis de la promotion 2013-2016 de l'Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux, singulièrement Mme Doumbia Rokiatou Konaté pour ses multiples encouragements, Assétou Doumbia pour m'avoir pris comme frère ; çà, je ne l'oublierai jamais et M. Diakaridia Sangaré pour son soutien moral et matériel qu'il n'a cessé de m'apporter durant mes trois ans de l'institut et pour sa conception du mot « amitié », qu'ils retrouvent ici l'expression de ma profonde reconnaissance.

    Je tiens à remercier, enfin, toutes les personnes qui se reconnaîtront pour les divers soutiens qu'ils m'ont apportés dans la réalisation de cette étude.

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau N°1 : Caractéristiques de l'échantillon selon l'âge.

    Tableau N°2 : Caractéristique de l'échantillon selon la situation matrimoniale.

    Tableau N°3 : Description de l'échantillon selon le niveau d'instruction.

    Tableau N°4 : Description de l'échantillon en fonction de la religion.

    Tableau N°5 : Evolution de la population de la commune IV de 1976 à 2009.

    Tableau N°6 : Répartition de la population par ménage et par sexe en 2009.

    Tableau N°7 : Répartition de la population par âge et par sexe en 1998.

    Tableau N°8 : Répartition des écoles par statut, CAP et par niveau en Commune IV.

    Tableau N°9 : Charge d'occupations quotidiennes aux activités domestiques.

    Tableau N°10 : Alphabétisation de la population de 15 ans et plus.

    Tableau N°11 : Proportion de la population (6 ans et plus) n'ayant jamais fréquenté l'école.

    Tableau N°12 : Genre d'autonomie réclamée par les femmes.

    Tableau N°13 : Contenu donné à l'autonomie.

    Tableau N°14 : Contraintes religieuses.

    Tableau N°15 : Contraintes familiales.

    Tableau N°16 : Contraintes socioculturelles.

    Tableau N°17 : Contraintes économiques.

    Tableau N°18 : Avenir de l'autonomisation de la femme malienne.

    SIGLES ET ABREVIATIONS

    ADEMA / PASJ : Alliance pour la Démocratie au Mali/ Parti Africain pour la justice et la Solidarité

    APDF : Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes

    CNDIFE : Centre National de Documentation et d'Information sur la Femme et l'Enfant

    CAFO : Coordination des Associations et Organisations Féminines du Mali

    CAP : Centre d'Animation Pédagogique

    C.M.L.N : Comité Militaire de Libération Nationale

    CSCOM : Centre de santé communautaire

    CSF : Commission Sociale des Femmes

    COFEM : Collectif des Femmes du Mali

    D.N.P.F : Direction Nationale de la Promotion de la Femme

    DNSI : Direction Nationale de la Statistique et de l'Informatique

    D.R.P.F.E.F.B : Direction Régionale de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille de Bamako

    EDM- S.A : Energie du Mali- Société Anonyme

    EDS : Enquête Démographique et de Santé

    ELIM : Enquête Légère Intégrée auprès des Ménages

    EMEP : Enquête Malienne d'Evaluation de la Pauvreté

    EPAM : Enquête Emploi Permanente auprès des Ménages

    FAFE : Fonds d'Appui à l'Autonomisation de la femme et à l'Epanouissement de l'Enfant

    I.N.F.T.S : Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux

    INSTAT : Institut National de la Statistique

    M.P.F.E.F : Ministère de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille

    OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

    O.N.U : Organisation des Nations Unies

    PDSEC : Programme de Développement Social, Economique et Culturel

    P.N.G : Politique Nationale Genre

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

    PRODEC : Programme Décennal de l'éducation

    PRODEJ : Programme Décennal de la Justice

    R.G.P.H : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

    RECOFEM : Projet de Renforcement des Capacités des Organisations Féminines au Mali

    R.N : Route Nationale

    SMIG : Salaire Minimal Interprofessionnel Garanti

    UEMOA : Union Economique Monétaire Ouest Africaine

    UDPM : Union Démocratique du Peuple Malien

    UNTM : Union Nationale des Travailleurs du Mali

    UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

    UNFM : Union Nationale des Femmes du Mali

    US-RDA : Union Soudanaise, section du Rassemblement Démocratique

    Africain

    VIH/ Sida : Virus Immuno- Déficience Humaine/ Syndrome Immuno Déficience Acquise

    Résumé

    Des concepts ambitionnant la résolution des maux féminins ou du moins interpellant le développement de la femme ont suivi une certaine évolution dans notre pays ; si on est passé de l'émancipation de la femme dans les années 1960 car à cette époque, on a pensé qu'en plus des désastres de la colonisation, c'est la femme qui souffrait le plus encore , d'où la volonté de l'émanciper, de la mettre au même rang que l'homme, àla promotion de la femme, le concept tend aujourd'hui à l'autonomisation de la femme, autrement dit, à son indépendance. Ce trinôme poursuit le même objectif, celui du développement de la gente féminine.

    Le Mali, étant un pays de fortes traditions culturelles a maintenu au cours des années, la femme dans une position structurale et institutionnelle de faiblesse, d'incapacité et de dépendance. Cette situation est aggravée par le poids des traditions, la force des habitudes souvent accompagnées de clichés et les résistances culturelles qui maintiennent la femme dans une situation de précarité économique, politique, sanitaire, sociale... et qui constituent de facto, un frein à la promotion et à la reconnaissance de ses droits.

    La femme a été de, de tout temps, considérée comme pour reprendre Fatoumata Siré Diakité, « une éternelle mineure » ou une étrangère venue de nulle part qui doit rester dépendante et demander l'autorisation de sa famille ( parents et/ou époux) pour décider, faire ses choix... C'est partant de ce constat et avec la volonté de mieux dresser un état des lieux de la condition féminine que nous nous sommes proposés ce thème intitulé : «  Autonomisation de la femme malienne face à la tradition : mythe ou espoir ? Etude de cas en Commune IV du District de Bamako ».

    Notre objectif dans ce travail de recherche est d'apporter une contribution modeste à la compréhension de la dépendance de la femme dans notre société, ce, en complément de la lutte menée par les associations, groupements et ONGs féminines pour cette cause; et d'analyser le poids de la tradition sur les perspectives d'autonomisation de celle-ci.

    Nous sommes partis de trois (3) hypothèses que nous avons vérifiées sur le terrain à l'aide d'un questionnaire adressé à 80 personnes et d'un guide d'entretien que nous avons administré à une population de 20 sujets composés d'acteurs de la promotion féminine( travailleurs de la D.N.P.F, du CNDIFE...), d'associations féminines, de notables de la Commune IV et de prêcheurs. Ainsi nous avons pu atteindre nos objectifs par une analyse détaillée du thème.

    Pour ce faire, nous avons structuré notre étude en trois (3) parties :

    -la première présente le District de Bamako et la Commune IV ainsi que l'historique de l'émancipation de la femme malienne à travers les associations qui ont émaillés la question de l'indépendance du Mali à nos jours ;

    -la deuxième partie cerne la femme du District de Bamako et sa quête d'autonomie ;

    -la troisième partie enfin, expose le poids de la tradition sur la femme malienne et une analyse de la situation à travers la présentation et l'interprétation des données issues du terrain.

    Enfin, les différents résultats auxquels nous sommes parvenus nous permettent de cerner le rôle joué par le District de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne, la place de la Bamakoise sur l'échiquier national, sa quête d'autonomie ainsi que les différentes contraintes traditionnelles auxquelles l'autonomisation de la femme malienne se heurte dans son quotidien.

    Cependant, notre étude ne se veut point une étude exhaustive, elle n'est qu'un complément d'information que nous apportons à la suite des nombreux travaux déjà existants sur la femme.

    NB : les termes la bamakoise et la femme du District de Bamako sont employés tout au long de ce mémoire comme synonymes.

    INTRODUCTION :

    Depuis l'aube des temps et dans tous les pays du monde, il a été établi et accepté que la femme a beaucoup souffert et continue malheureusement de souffrir. Ainsi, la question des femmes, de leur droit et de leur émancipation, de leur pleine et équitable participation au développement de la nation constitue des questions d'une grande importance.

    Des cas à travers l'histoire démontrent assez éloquemment que cette vision négative de la femme n'est l'apanage d'une race ni d'une seule société mais de toute l'humanité.

    Ainsi, il a toujours existé un écart entre l'homme et la femme. Cet état de fait semble avoir commencé avec l'avènement de la société régie de telle sorte que l'homme semble avoir le monopole de toutes les activités économiques, culturelles et politiques ; ce qui lui semble donner un privilège devant la femme. Depuis ces époques, des idéologies furent mises à jour montrant la suprématie du sexe male sur le sexe femelle. On voyait nettement l'opposition du principe masculin sur le principe féminin dans beaucoup de mythes et de cosmogonies ; celui de l'homme est symbole de la puissance, du courage, la transcendance et de la pérennité. Quant à la femme, elle symboliserait la soumission, la faiblesse, la perversion et la douceur.

    Cette image négative de la femme est transmise de génération en génération à travers les religions, mythes, les contes et autres pratiques sociales qui sont à l'origine de la différenciation des statuts et des rôles et même du travail selon le sexe.

    Au Mali comme ailleurs, à de degrés différents, les valeurs et les normes qui cautionnent cette situation sont inculquées aux jeunes filles à travers le système éducatif de leur enfance jusqu'à leur âge adulte comme l'explique DE BEAUVOIR.

    L'école des filles n'a pas été facile du fait de certaines pesanteurs sociales. On enseignait à la femme des comportements et des conduites à adopter à l'égard des hommes et de la femme. Selon beaucoup de traditions, elle est élevée selon l'idée qu'elle doit laisser sa vraie famille pour aller s'installer ailleurs, celle de son mari. On lui apprend bref, une vie de subalterne par rapport à l'homme. Il n'est pas rare d'entendre dans notre vie de tous les jours des affirmations sinon des clichés du genre comme : « une femme n'est qu'une femme...elle est comme un enfant... » ; S'ajoutent à cela certains propos conservateurs comme : « la place de la femme, c'est son foyer » ou «C'est l'homme qui fait la dignité de la femme». Ces propos phallocratiques jetés sur la figure des femmes ne sont pas vides de sens et sont loin d'être des propos lancés par erreur. Ils s'appuient et accompagnent une mentalité, pratique de société archaïque qui conférerait à la femme un statut d'infériorité et de dépendance par rapport à l'homme.

    Ces différentes formes d'oppression, d'aliénation et d'exploitation dont les femmes ont été victimes et continuent d'être dans beaucoup de régions représentent de nos jours la plus criante survivance des mépris humains, le sexisme le plus dur et endémique encore que la guerre, le racisme et autres injustices de notre ère et de surcroit, témoignent le paternalisme dont souffre notre société.

    L'ouverture démocratique fut un déclic pour la femme malienne, qui s'est vue accorder de nombreux droits. Présentes en nombre croissant sur la scène politique, les femmes au Mali, au même titre que les hommes participent à tous les combats et sur tous les fronts pour la prospérité du Mali et le bien-être des populations. De la lutte anticoloniale au combat pour la démocratie et l'émancipation, les femmes au Mali ont été de tous les combats. Ceci leur vaut la réputation de pionnières dans le développement du Mali. Cependant ceci ne touche qu'une infime partie des femmes maliennes. Quant à l'avenir des filles, il est souvent élaboré en dehors de toute scolarisation, ou toute information sur leur droit, ce qui limite dramatiquement leur capacité d'insertion comme citoyen modèle dans la vie sociale du pays. Cette exclusion des femmes expose certaines à toute sorte de violences physique et psychologique1(*).

    Toutes nos constitutions, de 1960 à nos jours, ont oeuvrés dans l'optique de faire de la femme l'égale de l'homme. C'est ainsi que notre ancienne garde des sceaux, à l'époque JEAN MARIE KONE déclarait en ces termes : « Notre opinion sur l'égalité des sexes, affirmée dans notre constitution, sort la femme de citoyen diminue en lui accordant la plénitude des droits civiques ».

    L'actuelle constitution du 25 février 1992 a proclamé « ...sa détermination à défendre les droits de la Femme... » ; d'où le dispositif de son article 2 qui stipule que: «  Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur... le sexe, ... est prohibée ». Outre ces volontés nationales, le Mali a ratifié beaucoup d'autres engagements internationaux garantissant la promotion des femmes, l'égalité des sexes et de surcroit, l'autonomisation des femmes.

    Pourtant, les femmes ont jusqu'à présent du mal à entreprendre, investir, exercer des activités génératrices de revenus et à s'engager dans la vie politique du fait des garde-fous, des stéréotypes qui survivent encore dans notre société et ce, malgré l'élaboration en 2011 d'une Politique Nationale Genre. Ces tares constituent des freins, des blocages aux processus d'émancipation et d'autonomisation des femmes tant en milieu rural qu'urbain.

    Vu l'ampleur du thème, le temps imparti et les faibles moyens financiers, notre études sera centrée uniquement sur la Commune IV du District de Bamako bien qu'elle intéresse toute la nation entière. Il sied que nous nous approchions aux dynamiques sociales et voir ce que les populations ont de plus soucieux afin de comprendre les barrières qui empêchent cette couche non négligeable de notre société à être de sujets au même titre que les hommes, à pouvoir se détacher de ce dernier pour enfin devenir autonome.

    Motivations

    La commune IV étant l'une des communautés conservatrices de Bamako et, où les préjugés socioculturels( à travers nos observations) entravent la pleine et entière autonomisation des femmes; cet état de fait a suscité notre curiosité intellectuelle et nous a incité à vouloir rechercher les fondements, les causes, les freins c'est-à-dire les zones de blocage pour essayer de faire ressortir au cours de cette étude les dynamiques sociales et traditionnelles qui régissent cette communauté.

    Outre, ce thème a été retenu comme sujet de mémoire d'abord en tant que défenseur des causes féminines et intellectuel sensible aux souffrances qui touchent les femmes et les filles.

    Ensuite, nous voudrons aussi apporter notre modeste contribution à un monde scientifique reposant sur l'intégration de la femme dans le processus de développement à toutes les étapes.

    Enfin l'actualité mondiale/ les aspirations mondiales et l'importance du problème exigent qu'on réfléchit sur ce problème avec tout le sérieux que cela peut demander.

    Ainsi notre étude s'articulera autour des objectifs, questions et hypothèses de recherche suivants :

    QUESTIONS DE RECHERCHE :

    -Quel a été le rôle joué par le district de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne ?

    -Que représente la femme de Bamako sur l'échiquier national ? Et quel genre d'autonomie réclame-elle ?

    -Quelles sont les contraintes de la tradition sur les femmes maliennes dans leur quête d'autonomie ?

    OBJECTIFS DE RECHERCHE :

    Objectif Général :

    -Souligner le rôle joué par le District de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne, la place de la femme de Bamako sur l'échiquier national, préciser le genre d'autonomie qu'elle réclame pour les autres femmes et analyser les contraintes de la tradition pesant sur elles dans sa quête d'autonomie.

    Objectifs spécifiques :

    -Déterminer le rôle joué par le District de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne.

    -Déterminer ce que représente la femme de Bamako sur l'échiquier national et le genre d'autonomie qu'elle réclame.

    -Analyser le poids de la tradition sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie.

    HYPOTHESES DE RECHERCHE

    -Le District de Bamako a joué un grand rôle dans l'émancipation de la femme malienne.

    -Incarnant les facteurs de changement, les femmes du District de Bamako réclament une autonomie sur les plans économique, politique et social.

    -Les contraintes exercées par la tradition sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie sont nombreuses et complexes.

    Dans la présente recherche, nous allons présenter dans un premier temps, la problématique, la méthodologiqueet dans un second temps, les différentes parties du travail seront abordées.

    La première partie comporte deux(2) chapitres :

    -le premier abordela présentation du district de Bamako et de la commune IV ;

    -le deuxième est axé sur l'historique de l'émancipation de la femme malienne à partir de Bamako.

    La deuxième partie examine la femme du district de Bamako et sa quête d'autonomie en deux(2) chapitres. Elle est structurée de la manière suivante :

    - chapitre trois porte sur la femme du district de Bamako ;

    -chapitre quatre analysela quête d'autonomie de la femme du district de Bamako ;

    Quant à la troisième partie, elle étudie le poids de la tradition face à l'autonomie de la femme. Elle est contient également deux(2) chapitres agencés comme suit :

    -le chapitre cinq présentesle poids de la tradition sur la femme malienne ;

    -le chapitre six développe une analyse de la situation. Une conclusion termine ce travail.

    PROBLEMATIQUE :

    Au Mali, les femmes représentent 50,4%2(*)de la population. Cette frange importante reste malheureusement confrontée à d'énormes difficultés telles que : les violences conjugales, les violences domestiques, le mariage précoce, les inégalités..., et la dépendance. Les femmes sont faiblement représentées dans les instances de prises de décisions.

    Les opportunités permettant l'épanouissement de la gente féminine restent encore minimes. Au préscolaire, le taux de scolarisation reste faible. Selon les données du Ministère de l'Éducation Nationale, les taux bruts de scolarisation au premier cycle passent de 75,0% (65,1% pour les filles) en 2005/2006 à 77,6% (68,0% pour les filles) en 2006-2007 et à 72.3% pour les filles en 2008-20093(*) ; ces chiffres bien qu'ils soient en légère amélioration, sont loin de celui des garçons.

    Le taux de réussite au Diplôme d'études fondamentales (DEF) en 2006 était de 59,24% pour les filles et 68,82% pour les garçons. En 2008-2009, le taux d'achèvement au premier cycle fondamental est de 63.8% pour les garçons et 46.8% pour les filles. Ce taux se réduit à la fin du second cycle où le taux d'achèvement est de 39.0% pour les garçons et seulement de 24.1% pour les filles. Il ressort clairement que très peu de filles complètent les 9 années de scolarité au Mali. Les abandons des filles avant la fin des 9 années de scolarité sont majoritairement liés à l'éloignement des écoles (surtout le second cycle), aux mariages et grossesses précoces. Les parents sont encore réticents à envoyer la fille loin de la famille pour les études4(*).

    La faible présence de femmes / filles est également remarquable au niveau secondaire (dans les lycées) et dans les facultés.

    Dans la fonction la fonction publique, les femmes ne représentent que 15% de la catégorie A, 27% de la catégorie B2, 20% de la catégorie B1, 13% de la catégorie C et seulement 24% des contractuels5(*).

    Selon EPAM 2007, 70% des femmes actives occupées ont un revenu inférieur au SMIG contre 30% pour les hommes. En milieu rural, 74% de femmes ont un revenu de 29 000 FCFA contre 60% dans les autres villes et 52% à Bamako. Selon la même source, 1,7% de femmes ne gagnent rien en termes de revenu à Bamako, 11,6% dans les autres villes et 10% en milieu rural6(*).

    Dans l'emploi du secteur privé, la situation de la femme malienne est assez précaire car 47,9% d'entre elles déclarent ne percevoir aucune forme de rémunération en 2006 et seulement 4,6% ont un emploi régulier.

    Sur l'ensemble des emplois déclarés en 2006, seulement 7,32% sont occupés par les femmes. Cette faible représentativité s'explique d'une part, par le fait que certains travaux restent réservés uniquement aux hommes selon la tradition et d'autre part, par les dispositions du Code du travail qui interdisent le travail de nuit des femmes7(*).

    Au niveau de l'accès à la terre, on constate que des inégalités persistent, dans la mesure où moins de 20% des responsables de parcelles agricoles sont des femmes (Recensement agricole, 2007)8(*).

    Faute de données actualisées, nous avions dans les services militaires et paramilitaires, en 2000, il y avait trois (3) femmes lieutenant-colonel et deux (2) commandants dans l'armée. Dans la police il y avait trois (3) contrôleurs généraux de police sur 39 hommes.

    Dans les ambassades et services consulaires, en 2000, il y avait deux (2) femmes ambassadeurs sur 20, sur six (6) consuls généraux, il n'y avait aucune femme et il y avait 5 conseillères d'ambassades sur 46. En 2005, le nombre de femme ambassadeur est passé à deux9(*).

    L'augmentation de la participation des femmes à la vie politique, le contrôle des ressources, dont la terre, l'accès à l'emploi, aux crédits et à l'éducation sont cruciaux pour promouvoir un développement durable.

    Il faut ajouter ensuite qu'au Mali, le comportement reproductif obéit à des références et à des valeurs culturelles. La femme est reconnue socialement à travers la procréation et l'éducation des enfants. Elle contribue ainsi à assurer la survie de la famille et des communautés villageoises. La fonction biologique et le rôle socio-économique de la femme définissent son statut social que l'environnement pro nataliste et religieux lui imprime. La fécondité reste très élevéepuisqu'une femme donne naissance, en moyenne, à 6,8 enfants. Selon EDS III (en 2001), un tiers (1 /3) des jeunes femmes de moins de 20 ans ont déjà donné naissance à au moins un enfant et plus d'une femme de 20-24 ans sur quatre a déjà eu trois enfants ou plus. Les adolescentes (15-19 ans) contribuent pour près de 14% à la fécondité totale des femmes. A 17 ans, 38% des femmes ont déjà un enfant et à 19 ans, elles sont mères à 61%. Cette précocité est plus forte en milieu rural (49%) qu'en milieu urbain (28%), notamment chez les adolescentes sans instruction.

    Des femmes pouvant se prendre plus en charge seront plus susceptibles d'avoir moins d'enfants, d'avoir accès aux services de santé et de contrôler les ressources de santé tout en subissant moins de violence domestique. Leurs enfants auront plus de chances de survivre. Dans le même temps, un meilleur état de santé des femmes peut les aider à se prendre davantage en charge et à gagner en autonomie.

    Sur le plan politique, aux élections présidentielles de 2007, il n'y avait qu'une seule femme candidate sur 11 (soit 9,09%). Les législatives 2009 ont enregistrés 203 femmes sur 1312 (soit 15,48%) tandis que les municipales de la même année notaient 13537 (soit 16%) des candidatures. Quant au taux d'élues, ils n'ont pas suivi la même progression que celui du taux de candidature car les femmes sont seulement 15/147 des Députés de l'Assemblée Nationale (soit 10%), 928/10772 des conseillers communaux (soit 8,66%) et seules 08 communes sont dirigées par des maires femmes.

    Quant aux législatives 2013, elles enregistrent une régression par rapport à 2007 (15,48%) avec un taux de 13,73%10(*).

    Ces statistiques montrent à combien la situation des femmes est inquiétante dans notre pays, combien elles sont absentes du processus de développement national et à quel degré l'accent doit leur être mis afin qu'elles aient le contrôle de leurs potentialités, qu'elles s'épanouissent.

    Depuis la proclamation, à Mexico en 1975, de l'année internationale de la femme, suivie de la décennie des Nations Unies pour la femme (1976-1985), la conférence de Beijing en 1994 l'amélioration du statut des femmes et de leurs conditions d'existence, l'égalité entre homme et femme, l'équité, la parité, le genre, etc. sont devenus des volets incontournables de tous les discours, de déclarations politiques et programmes de développement économique social et culturel.

    L'O.N.U, à travers les objectifs du Millénaire pour le développement lancés en 2000, pour éradiquer la pauvreté dans le monde, a inclue la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes dans son objectifs 3 reconduit par les nouveaux objectifs de développement durable adoptés le 25 septembre 2015 à travers son objectifs 5 consistant à « parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.»

    Cet objectif énonce de façon claire que sans l'égalité entre les sexes, il est impossible de réellement diminuer la pauvreté, la faim et la maladie. Il mentionne que les femmes doivent avoir des pouvoirs décisionnels sur leur vie équivalents à ceux des hommes pour leur permettre d'accéder à une autonomie complète. Sachant que le taux de scolarisation est beaucoup plus faible chez les jeunes filles que chez les garçons, l'ONU considère qu'il fallait se fixer des cibles dans ce domaine.

    La cible proposée en l'an 2000 visait à éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaires et secondaires pour 2005 si possible, et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015 au plus tard. L'ONU propose de mesurer cette cible à l'aide de trois indicateurs. «  Le premier étant le calcul du nombre de garçon versus le nombre de filles dans les systèmes d'éducation primaire, secondaire et tertiaire. Le second indicateur propose de calculer le nombre de femmes ayant une rémunération dans le secteur non agricole. Le dernier porte sur la proportion de femmes détenant des sièges dans les parlements nationaux11(*)».

    Par ailleurs, plusieurs journées internationales telles que la Journée Internationale de la femme(le 08 mars) et la Panafricaine des femmes (31 juillet), des droits et d'égalité des femmes sont manifestées dans notre pays.

    Au Mali, plusieurs groupements de sociétés civiles et d'O.N.G nationales et Internationales militent et travaillent pour la défense des droits des femmes, l'égalité des sexes et pour l'autonomisation de la femme.

    Malgré les visions mondiales à autonomiser les femmes à divers niveau de la vie; les journées recommandant plus d'égalité, plus d'implication des femmes, plus d'autonomie à la femme dans notre pays, le concept ou du moins la mise en oeuvre de cette autonomisation de la femme est confrontée à la tradition, notre coutume qui voit en la femme un être subalterne, cantonnée, limitée aux seules activités ménagères et de reproduction au service de l'homme. Cette pesanteur sociale (accompagnée très souvent de stéréotypes) constitue un blocus à toutes possibilités d'autonomisation pour les femmes. Cet état des choses se manifeste à l'égard de la femme au foyer, au niveau de leur instruction, dans ses pouvoirs/ facultés à exercer des A.G.R. et dans les instances de prise de décisions... ; elle souffre d'une discrimination et d'une inégalité flagrante par rapport aux hommes. Cette situation est malheureusement justifiée par des mythes que regorgent notre société ; des tares qui témoignent notre état idéologique et qui astreignent encore de nos jours les femmes au joug « marital ».

    Face à cette situant préoccupante de la femme malienne, force est de constater qu'il n'existe pas de stratégie nationale spécifique pour le genre. Les orientations du gouvernement s'inscrivent essentiellement dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) qui visent à contrecarrer les obstacles constatés : (i) l'analphabétisme comme obstacle à la promotion des femmes, (ii) la santé de la femme qui demeure préoccupante, (iii) le statut juridique et social de la femme qui reste inchangé en raison de la persistance des pesanteurs socio culturelles, (iv) le poids démographique qui ne permet pas à la femme d'assurer une puissance dans la gestion de la vie publique12(*).

    Sur le site Internet de l'ONU où l'on retrouve l'information sur les OMD, une mention fait état du fait que les femmes sont peu rémunérées pour leur travail, qu'elles travaillent dans de nombreux secteurs non officiels et que la pauvreté est un obstacle sérieux par rapport à l'éducation des filles, ce qui est un frein majeur à l'autonomisation des femmes.

    II- METHODOLODIE

    La recherche universitaire exige l'utilisation des procédés scientifiques précis, opératoires, rigoureux, transmissibles, susceptibles d'être adaptés et appliqués à l'étude d'un problème donné. Ces procédés sont appelés «  méthode de recherche ». La méthode de recherche est une démarche intellectuelle qui vise à établir ou à mener un raisonnement rigoureux portant sur un sujet d'étude.

    A- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE :

    La recherche documentaire nous a conduits à la lecture et l'étude de quelques ouvrages qui ont déjà plus ou moins abordé ce thème.

    Quelques documents sur la femme et le développement, son statut et sa position sociale et/ou juridique dans les différentes sociétés; nous ont également été d'un grand apport. Il s'agit entre autres de :

    v « L'église et la femme: vers une anthropologie trinitaire à la lumière de la théologie orthodoxe » de Xiénia IOURIEV ; dans ce recueil d'anthropologie théologique, comme titré, traite la place réservée à la femme dans l'église et tente d'apporter des solutions pour cet état de fait.

    S'agissant de la place accordée à la femme dans l'église, IOURIEV nous parle ainsi de ce que les pères d'église disaient au IVème siècle : « Nous ne permettons pas que les femmes exercent une fonction d'enseignement dans l'église, mais elles doivent seulement prier et écouter l'enseignement... car si l'homme est le chef de la femme, il n'est pas normal que le chef soit dominé le corps qui dépend de lui.»(p-89).

    L'auteur analyse certaines situations ecclésiales en se posant trois questions fondamentales : « les raisons du statut des femmes dans la société ont-elles une valeur normative au sein de l'église ?, quelles sont les conséquences de l'absence des femmes dans les instances de décision ? et enfin, leur place secondaire dans le mariage et leur exclusion des sacerdoces ministériels sont-elles justifiées ou non ?»(p-19) dont il essaie de répondre en faisant usage des passages et/ou récits bibliques ainsi des théologiens chrétiens.

    En réponse à ces différentes préoccupations posées, Xiénia Iouriev propose que : «lorsque nous souhaitons que la place soit faites aux femmes en tant qu'être humain parfaitement libre et membre pleinement responsables du corps du christ ; dans le mariage et les ministères ordonnés, il ne s'agit nullement d'une innovation. Tout au contraire, c'est la mise en pratique de nos vérités théologiques, la fidélité à notre tradition envers et contre la mentalité du monde, une conversion à l'esprit évangélique que nous demandons. Certes, il n'est pas facile de changer des choses que la coutume et une longue durée de temps on fait respecter, mais notre évolution spirituelle nous libère du conformisme et du conservatisme pour appeler aux changements dans la continuité et la fidélité à notre tradition vivifiante.» Cet ouvrage prétend à rechercher si la pratique de l'église est exactement conforme à son enseignement. 

    v Francesco TORNIERI et Soyata MAIGA, dans « Etude analytique sur le statut de la femme et la loi au Mali », Bamako, 2011. Cette étude menée par les consultants sur la situation de la femme donne un bref aperçu des liens existant entre les principales caractéristiques socioéconomiques et politiques et le statut de la femme au Mali. Elle met également en exergue le cadre politique/ institutionnel et juridique/ réglementaire relatif au statut de la femme, divulgue les acquis dans certains domaines prioritaires de promotion du statut de la femme ainsi que les reformes qui était en cours à l'époque dans certains secteurs prioritaires pour la promotion du statut de la malienne.

    Il faut souligner que cet ouvrage ne traite pour autant pas en tant que telle l'autonomisation de la femme même s'il a le mérite d'aborder les obstacles dans certains « domaines prioritaires » d'épanouissement de la femme comme l'accès au crédit, à la terre, à la justice... du point de vue juridique.

    Nous pouvons considérer ce livre comme traitant intrinsèquement ce qu'on peut appeler par abus de langage «  l'autonomisation juridique de la femme malienne » par une analyse détaillée des instruments juridiques en faveur de l'égalité des sexes au Mali.

    v Fatoumata Maiga, Mali : 50 ans de parcours de femme, Edicef-média 2011 ;

    Est un ouvrage qui rend hommage, qui donne la parole et qui valorise la femme malienne. Il incite, exhorte également les hommes(le gouvernement) à s'investir dans l'implication des femmes dans la gestion du pays dans le processus de développement. Ce qui est plus important c'est que ce livre retrace presque toute l'histoire du combat de la femme malienne pour l'émancipation, la promotion et ce, de l'indépendance à nos jours, enfin, au cinquantenaire de l'accession de notre pays à la souveraineté. Pour cela, ce recueil nous l'horizon (leur portrait) des femmes pionnières de l'émancipation de la féminine, du combat des femmes pour leur pleine implication à la gestion de la chose publique. Il met également en filigrane les différentes femmes qui ont été responsabilisées dans les différentes institutions ou services (Député, ambassadrices, ministres, hauts gradés de l'armée...) ainsi que celles qui se sont fait distinguées dans d'autres activités/ domaines comme le théâtre, le journalisme, la santé, l'éducation, le sport...au Mali de la première république jusqu'à la fête du cinquantenaire (2010). Cette publication a eu toute fois le mérite de ne pas occulter la part des femmes rurales dans ce récit historique.

    Cet essai de Fatoumata Maiga constitue également une voix pour dénoncer, décrier tous les préjugés, les mentalités religieuses et stéréotypes qui se sont mis sur le chemin de l'émancipation voire de la promotion de la femme et qui se ont constitués depuis l'indépendance, des blocages auxquels les maliennes ont fait face.

    v Regard croisé sur les mouvements féministes au Mali  (2004) de Drissa DOUMBIA est un bref document critique comme le laisse entendre son intitulé du féminisme tel que brandit par les mouvements féministes du Mali. Ici l'auteur fait une historique des différents courants féministes depuis la période coloniale jusqu'à la date publication de son livre(2004) en passant par un rappel de l'histoire de la survivance de la question féminine dans le monde et toute sa complexité selon les sociétés, les cultures...

    Cette publication est, si nous nous le permettons, une vision, un pamphlet témoignant la position et l'analyse d'un conservateur vis-à-vis des revendications et des pensées féminines féministes dans une société accrochée à ses valeurs et à ses traditions.

    Dans ce pamphlet, l'auteur s'acharne sur un document de « plaidoyer pour une effectivité des droits de la femme au Mali » ; qui, dit-il accompagne une brochure intitulée «  Mieux lire et comprendre la convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard de la femme.» lequel document qu'il analyse et compare à notre coutume ou société déjà selon lui, «  en avance » ou ayant des explications que ledit document néglige l'opportunité.

    Dans cet ordre d'idée, l'auteur critique beaucoup les conceptions occidentales véhiculées par les féministes des faits tels que le mariage (la célébration, le consentement de la fille...), le travail des femmes, la scolarisation des filles...

    Cette brochure (je veux dire livre) est un témoignage de notre société à vouloir demeurer dans son idéologie conservatrice, de son refus du changement puisque l'auteur affirme  «  ne pas s'identifier de la version occidentale à l'égard des droits de la femme » ; c'est pourquoi il dit être étonné par les féministes du Mali qui, selon lui « parlent beaucoup des droits de la femme, et rarement des devoirs.» (p-36)

    v Et si l'on relisait le coran, la Sahélienne, Bamako, 2013 ; de Hanane Keita. Ce livre de Hanane répond à certaines questions qui, dit-elle, «  se posent à la conscience musulmane moderne ». Il analyse beaucoup d'aspects comme l'islam et les prêcheurs, islam et législation...

    Dans sa partie consacrée à la question de la femme et l'islam, l'auteure propose l'islam comme défenseur de la femme, et les musulmans, les premiers apôtres des droits de la femme en ces termes : «  l'islam a trouvé en place des pratiques rétrogrades. Ainsi le fils pouvait prendre en héritage la femme de son père. De même un homme pouvait épouser à la fois la mère et la fille, ou les deux soeurs en même temps (...). L'islam a aboli ces pratiques... » (p-34). Mais l'auteure déplore tout au long de cet ouvrage que les «  exégètes ont interprétés les versets coraniques relatifs à la femme à leur guise, selon leurs désirs et leurs intérêts, sans aucune considération pour l'esprit du coran » (p-35).

    v Djénné d'hier à demain, Donnya, Bamako, 1999 de Joseph Brunet-Jailly :ce livre, dans son esprit s'adresse aux touristes, aux visiteurs cultivés susceptibles de s'engager dans la découverte la ville sainte : Djenné. Pour ce faire, il retrace l'histoire ou du moins, l'origine de Djenné à partir des sources archéologiques et des sources écrites. Ce «ouvrage de touristique » fait également la lumière sur le quotidien des habitants de la ville en faisant le point sur les principales activités (religion, commerce, fêtes, écoles, enfance, les métiers d'art de Djenné...). Outre, ce livre fait une brève description monographique de cette ville qui a tant séduit l'auteur. Bref, cet ouvrage ne nous parle que de Djenné dans son ensemble.

    En dépit des aspects touristiques avec lesquels le lecteur excité par la ville peut être amené à s'intéresser davantage, ce manuel a l'opportunité de nous faire l'état de la situation, voire de la vie la femme à Djenné en ces termes « les femmes sont(...) soulagées dans les travaux domestiques(...). L'installation des bornes fontaines et l'eau courante a beaucoup réduit, sinon complètement supprimée la corvée d'eau ; l'installation de décortiqueuses, de moulins à céréales puis récemment l'électrification, ont allégé sensiblement les travaux qui emplissait la vie des femmes. En outre, elles ont actuellement la possibilité de diversifier leurs revenus par le maraichage, le commerce de « sucrerie » ou d'eau glacée ; par le jardinage, elles ont amélioré l'alimentation familiale en y ajoutant les légumes.»(p-83)

    Ensuite, ce livre met en relief l'autonomie de la djénnéka13(*) composée de plusieurs ethnies( dogon, peulh, songhoy, bamanan...), à ce propos il témoigne ainsi : « les femmes disposent de tout le pouvoir au pouvoir au sein de leur foyen, pour ce qui est de l'utilisation de leurs revenus personnels, de la gestion de leurs biens personnels et des questions relatives au ménage( essentiellement la cuisine et l'éducation des filles)(...) la femme peut décider seule de scolariser ses filles et est de toutes façons responsable de leur bonne éducation. Les biens personnels de la femme sont principalement constitués de bétails (vaches, moutons ou chèvres...) (p-93).

    v « Femme d'Afrique, la vie d'Aoua Keita racontée par elle-même », présence Africaine, Paris, 1975 : cet ouvrage écrit par la première femme élue député au Mali et l'une des premières sages-femmes de l'Afrique est l'autobiographie de Mme Diallo Aoua Keita, la femme qui a osé entreprendre, s'engager dans la vie publique à une époque où les idéologies n'étaient pas développées au Mali, où les femmes peinaient du fait de leur bas niveau d'éducation et d'instruction ainsi que de leur position sociale à s'affirmer devant et parmi les hommes.

    L'auteure Aoua Keita nous raconte sa vie, nous explique l'éducation traditionnelle qu'elle a reçue ainsi que les conditions dans lesquelles elle a été admise à l'école, son école, sa vie professionnelle de sage-femme, de sa vie de couple et de sa vie de femme politicienne dans un Mali fortement patriarcale et « misogyne ».

    Parlant de sa vie de femme politique, Aoua Keita nous montre à quel point l'accès à la politique, bref au pouvoir est mal apprécié et accompagné des agissements misogyniques et sexués dans la société malienne. Elle nous raconte l'une de ses mésaventures dans un village où elle s'était rendue lors des campagnes électorales en 1959 et où le chef l'interdit l'accès de son village en l'apostrophant ainsi : «  Sors de mon village, femme audacieuse. Il faut que tu sois... effrontée pour essayer de te mesurer aux hommes en acceptant une place d'homme... c'est la faute des fous dirigeants du RDA qui bafouent les hommes de notre pays en faisant de toi leur égale...Koutiala, pays de vaillants guerriers, de grands chasseurs, de courageux anciens combattants de l'armée française, avoir une petite femme de rien du tout à sa tête ?...Moi, sergent-chef de l'armée française, ayant battu les Allemands, accepter d'être coiffé par une femme ? Jamais !...j'ai trois femmes comme toi qui me grattent le dos tous les soirs à tour de rôle... » (P-13 et 389).

    Alors raconte-t-elle toujours « je compris la gravité de la situation et pris beaucoup de précautions pour parler au chef. Mais ce dernier me bouscula avec violence et me cracha dessus(...) Fous-moi le camp femme à langue mielleuse. Je me moque de toi, de tes paroles de diable et de Satan (...). Retiens ta langue. Si tu continues à me parler, je te ferais bastonner par les femmes. » (p-390).

    v Femmes, éducation et autonomisation : voies menant à l'autonomie, de Carolyn Medel-Añonuevo, un Rapport du Séminaire international tenu à Institut de l'UNESCO pour l'Education (IUE) en1995.

    Le Séminaire international sur l'éducation et l'autonomisation des femmes fut réuni en 1995 dans le contexte de la discussion sur la pertinence de l'éducation des femmes pour l'amélioration de leur situation, à court terme, et pour leur émancipation, à long terme. Son rapport résulte de la compilation des rapports d'atelier sur la problématique de l'éducation et de l'autonomisation des femmes dans les contrées de l'Asie. Ce rapport s'appuie donc, sur la Déclaration par les Nations Unies de la Décennie pour la femme en 1975 avec l'hypothèse que si les femmes comprenaient leurs conditions, connaissaient leurs droits et acquéraient des compétences leur étant traditionnellement refusées, une autonomisation s'en suivrait.

    Il évoque la condition féminine en ces termes : « Les conditions actuelles de travail et de vie empêchent, par ailleurs, de nombreuses femmes de participer sérieusement à des programmes ou projets d'éducation conçus spécialement pour elles. Leur paupérisation accrue les contraint à se concentrer sur des activités génératrices de revenus tout en vaquant à leurs corvées ménagères. Ce quotidien, par conséquent, limite le temps et l'énergie qu'elles pourraient investir dans des programmes d'éducation. » (p-5)

    Avant de justifier son hypothèse en Asie, ce rapport se penche sur les définitions doctrinales de plusieurs auteurs. Ainsi, il nous ouvre une multitude de définitions tout en approuvant que la nature de l'autonomisation la rend difficile à définir. Car nous raconte-t-il d'une part, elle constitue souvent un objectif dans de nombreux programmes ou projets de développement. D'autre part, on peut aussi la concevoir comme un processus subi, qui conduit éventuellement à des changements (p-9). Il nous rapporte la définition de Nelly Stromquist qui voit l'autonomisation comme « un processus qui transforme le rapport des forces à la fois dans les relations interpersonnelles et dans les institutions de la société, tandis que Lucy Lazo la décrit comme "un processus d'acquisition, de répartition, d'attribution des ressources et des moyens ou bien permettant d'accéder à la maîtrise de ceux-ci. »(p-9)

    Il cite également l'avis de Namtip Aksornkool qui cite la définition de l'autonomisation de Paz comme "étant la capacité à diriger et à maîtriser sa propre vie". Mais Citant Depthnews, l'autonomisation ressort comme « un processus qui permet aux femmes de maîtriser leur propre vie en connaissant et en exigeant leurs droits à tous les échelons de la société, aux niveaux international, local et personnel. »

    L'autonomisation individuelle signifie que les femmes acquièrent leur autonomie, sont capables de définir elles-mêmes leurs buts et sont pleinement impliquées dans le processus de prise de décision économique et sociale ».

    Dans ce même canevas, ce document rapporte plusieurs autres définitions différentes les unes des autres du mot pour démontrer toute la relativité de l'autonomisation. Quoique vue dans un sens différent, est l'une des caractéristiques majeures discutées dans l'article de Madame Lazo.

    Parlant des composantes de l'autonomisation, ce rapport affirme que l'autonomisation peut avoir quatre composantes : cognitive, psychologique, économique et politique. (p-10)

    Selon madame Stromquist, la composante cognitive inclurait la "compréhension par les femmes de leurs conditions de subordination et de leurs causes aux niveaux macro et micro de la société. Elle implique l'acquisition de nouvelles connaissances engendrant une nouvelle conception des rapports entre les sexes ainsi que la suppression des vieilles croyances qui structurent les idéologies traditionnelles concernant les différences entre femmes et hommes". La composante psychologique, d'autre part, inclurait le "développement de sentiments que les femmes peuvent influencer l'amélioration de leur condition. Ce qui signifie croire au succès de leurs efforts visant à un changement".

    La composante économique "requiert que les femmes soient capables de s'engager dans une activité productive qui leur permettra d'accéder à un certain degré d'autonomie, peu importe qu'elle soit faible et difficile à obtenir au départ"

    La composante politique comprendrait "la capacité à s'organiser et à se mobiliser en vue d'un changement. Par conséquent, un processus d'autonomisation doit inclure non seulement une prise de conscience individuelle, mais aussi une prise de conscience et une action collectives".

    Ce rapport va loin jusqu'à nous citer les indicateurs de l'autonomisation. Il finit par la théorie de l'éducation pour l'autonomisation des femmes avec comme mot d'ordre, «  instruire pour autonomiser »

    Les défenseurs de l'éducation pour l'autonomisation ont affirmé que l'éducation ne doit pas se limiter simplement à "rendre capable". Elle doit considérer les femmes en tant que membres actifs de la société qui ont besoin d'instruction pour prendre part, d'une manière efficace et significative, à toute activité, et en tant que partenaires égales des hommes. (p-58)

    Bref, ce rapport aide à comprendre les fondements théorique de l'autonomisation et développe combien l'instruction est cruciale à l'épanouissement socioéconomique de la femme ainsi qu'à sa participation à la gestion des projets de développement. Cependant, ce document n'approfondi pas la relation entre la tradition et l'autonomisation de la femme alors que partout dans le monde quelque part, la tradition a été évoquée pour empêcher les femmes d'accéder aux voies de leur autonomisation.

    v «  LE DEUXIEME SEXE » de SIMEONE DE BEAUVOIR, Gallimard, 1975.

    Ce livre II commence avec la phrase la plus célèbre de Simone de Beauvoir, « 0n ne nait pas femme, on le devient ». De Beauvoir cherche à détruire l'essentialisme qui prétend que les femmes sont nées femmes, mais au contraire sont construites telles par l'endoctrinement social. De Beauvoir appuie cette thèse en retraçant l'éducation de la femme depuis son enfance, en passant par son adolescence jusque dans ses relations sexuelles. A chaque étape, Beauvoir illustre comment les femmes sont forcées d'abandonner leurs revendications à la subjectivité transcendante et authentique au profit d'une acceptation d'un rôle «passif» et «aliéné», laissant à l'homme le rôle actif et subjectif. De Beauvoir étudie les rôles d'épouse, de mère, et de prostituée pour montrer comment les femmes, au lieu de se transcender par le travail et la créativité, sont réduites à des existences monotones, au rôle de mère et de maîtresse domestique et celui de réceptacle sexuel de la libido masculine.

    Cependant, un malentendu commun sur De Beauvoir consiste à croire que la femme n'est plus libre. Il faut se souvenir que De Beauvoir est une philosophe existentialiste, autrement dit qu'elle considère la liberté ontologique des êtres comme absolues : l'homme ne détruit pas la liberté de la femme en objectivant la femme, mais il tente d'en faire un objet. La femme reste une transcendance, transcendée par la transcendance masculine, ou formulée autrement : une transcendance transcendée.

    Néanmoins, et c'est là toute la complexité et subtilité de l'analyse de Beauvoir, les femmes peuvent être responsables et participer à leur propre sujétion. De Beauvoir distingue ainsi 3 conduites inauthentiques dans lesquelles les femmes fuient leur condition de transcendance pour se fixer dans des croyances et des valeurs prédéterminées. Ces trois attitudes, formant autant de tableaux sont : la narcissique, l'amoureuse et la mystique. Ces trois catégories ont en commun la fuite de leur liberté au profit de l'objet. Dans le cas de la narcissique, l'objet est elle-même, dans celui de l'amoureuse, son bien-aimé et dans celui de la mystique, l'absolu ou Dieu.

    De Beauvoir formule en conclusion des recommandations pratiques pour favoriser l'émancipation de la femme. Tout d'abord, elle exige qu'on permette à la  femme de transcender à travers ses propres projets. En tant que tel, la femme moderne «se targue de penser, d'agir, de travailler, de créer dans les mêmes conditions que les hommes. Au lieu de chercher à les dénigrer, elle se déclare leur égal».

    Afin d'assurer l'égalité de la femme, Simone de Beauvoir préconise de tels changements dans les structures sociales telles que la légalisation de la contraception et de l'avortement, la liberté économique de la femme et son indépendance à l'égard de l'homme. En ce qui concerne le mariage, De Beauvoir le voit comme un obstacle à la libération des femmes car il fixe dans une institution les rôles archaïques de mari, patron de la famille, et celui de l'épouse, son esclave domestique.

    B- CLARIFICATION DES CONCEPTS :

    Définir un concept revient à ne pas créer un nouveau mot ou à se jeter sur les dictionnaires ; les définitions correspondent le plus souvent à l'usage commun de la langue, donc pas celles des sciences sociales.

    R.K. MERTON avait vu l'importance des concepts lorsqu'il affirmait qu' :«  une recherche consciente de ses besoins ne peut passer entre la nécessité de clarifier les concepts, car une exigence essentielle de la recherche est que les concepts soient définis avec clarté.14(*)»

    E.DURKHEIM, lui aussi, est revenu sur cette nécessité en disant que : « le savant doit d'abord définir les concepts dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question.15(*)»

    Ainsi, la clarification des concepts ci-après est nécessaire à la compréhension de notre étude :

    *Autonomisation des femmes :

    Pour définir l'autonomisation des femmes, il faut d'abord se rapporter au concept plus général d'autonomisation.

    La notion d'autonomie remonte au droit que les romains avaient laissé à certaines

    villes grecques de se gouverner elles-mêmes. D'un point de vue étymologique, le mot dérive de la combinaison de deux mots grecs : auto (à soi-même, pour soi-même) et de

    nomos (la loi). C'est se donner à soi-même sa propre loi.

    Lorsqu'il se rapporte à un individu, il met en évidence la liberté d'action, et partant, l'indépendance de cet individu. L'autonomisation, elle, désigne le processus par lequel un individu acquiert peu à peu cette liberté d'action et cette indépendance.

    Les Nations Unies quant à eux, définissent l'autonomie des femmes à partir des cinq(5) principaux critères suivants : le sens de la dignité, le droit de faire et de déterminer ses choix, le droit d'avoir accès aux ressources et opportunités, le droit d'avoir le contrôle sur sa propre vie, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du foyer, et la capacité d'influencer le changement social afin de créer un ordre économique et social plus juste nationalement et internationalement (PNUD 2008).

    Voici ce qu'en dit le Ministère de la Condition féminine et famille Congolais lorsqu'il évoque la nécessaire autonomisation des femmes :

    « Autonomiser est le fait de rendre autonome ou de jouir de l'autonomie. C'est l'indépendance d'un individu, la possibilité qu'il a de disposer librement de soi, ce qui peut le conduire à son épanouissement et à son développement.

    Autonomiser la femme c'est la libérer en brisant les différents obstacles qui l'empêchent d'évoluer normalement dans différents domaines comme son partenaire homme16(*). »

    *Mythe :

    Le mot mythe vient du grec muthos qui signifie récit ; mais il ne s'agit pas de n'importe quel récit. Le mythe est une histoire ayant pour but d'expliquer les mystères du monde, ses origines, ses valeurs, son sens, de situer les relations entre les hommes et les dieux.

    Un mythe est un récit qui se veut explicatif et surtout fondateur d'une pratique sociale. Il est porté à l'origine par une tradition orale, qui oppose une explication pour certains aspects fondamentaux du monde et de la société qui a forgé ou qui véhicule ces mythes :

    -la création du monde ;

    -les phénomènes naturels ;

    -le statut de l'être humain, et notamment ses rapports avec le divin, avec la nature, avec les autres individus (d'un autre sexe, d'un autre groupe etc.),

    -la genèse d'une société humaine et ses relations avec les autres sociétés.

    Le terme Mythe est souvent employé pour désigner une croyance manifestement erronée au premier abord, mais qui peut se rapporter à des éléments concrets exprimés de façon symbolique et partagée par un nombre significatif de personnes.17(*)

    D'après le dictionnaire de l'ACADEMIE FRANCAISE, le premier sens du mot mythe, apparu au XIXè Siècle, est un récit fabuleux, pouvant contenir une morale plus ou moins implicite.

    L'anthropologue français Claude Lévi-Strauss, offre cet avis : « un mythe se rapporte toujours à des évènements passées avant la création du monde [...] ou [...] pendant les premiers âges [...] en tout cas [...] il y a longtemps [...]. Mais la valeur intrinsèque attribuée au mythe provient de ce que les évènements, censés se dérouler à un moment du temps, forment aussi une structure permanente. Celle-ci se rapporte simultanément au passé, au présent et au futur. »

    Le dictionnaire LAROUSSE définit le mythe comme «l'ensemble des croyances, des représentations idéalisées autour d'un personnage, d'un phénomène, d'un évènement historique, d'une technique et qui leur donnent une force, une importance particulières.»

    Le mythe, au sens courant et populaire, renvoie à une croyance erronée, une aspiration irréalisable.

    *Espoir :

    Selon le wikitionnaire, c'est le fait d'espérer et par extension, la chose espérée.

    Il s'agit du fait espérer, d'attendre avec confiance la réalisation dans l'avenir de quelque chose de favorable, généralement précis ou déterminé, que l'on souhaite, que l'on désire.

    *Tradition :

    Le mot « tradition » (en latin traditio, « acte de transmettre ») vient du verbe tradere, « faire passer à un autre, livrer, remettre », désigne la transmission continue d'un contenu culturel à travers l'histoire depuis un évènement fondateur ou un passé immémorial. Cet héritage immatériel peut constituer le vecteur d'identité d'une communauté humaine.

    Dans le langage courant, le mot tradition est parfois employé pour désigner un usage, voire une habitude, consacré par une pratique prolongée au sein du groupe social et même restreint.

    En sociologie, une tradition est une coutume ou une habitude qui est mémorisée et transmise de génération en génération, à l'origine sans besoin d'un système écrit.

    NB: certains auteurs font une distinction entre la tradition et la coutume.

    La tradition est universelle et se présente souvent sous différentes formes selon les pays, mais n'est pas toujours à l'échelle nationale, elle peut être familiale. La coutume est une histoire de localité, de région.

    Les traditions illustrent l'histoire des peuples ; elles se transmettent de génération en génération et concernent des doctrines qui peuvent être religieuses, morales, politiques etc.

    La coutume et la tradition sont intimement liées et sont souvent associées mais la tradition peut être définie comme la pensée qui entoure la mise en application concrète de la coutume dans les faits.

    C- INSTRRUMENTS D'ENQUETE

    Dans le cadre de ce mémoire, la méthodologie sera de nature à la fois quantitative et qualitative. C'est une recherche qui vise l'explication et la compréhension d'un phénomène.

    Ce chapitre expose la démarche de recherche utilisée dans le cadre ce mémoire à travers trois (03) niveaux. Le premier point traite la recherche documentaire, le second, la technique d'entretien, le dernier porte sur le questionnaire.

    1-RECHERCHE DOCUMENTAIRE

    De même que l'homme de science prépare soigneusement et longuement sa future expérience en laboratoire, de même l'enquêteur doit préparer son futur départ sur le terrain en se constituant une bibliographie adéquate (Baud et Weber, 2003).

    Selon ces auteurs, la recherche scientifique nécessite un travail de documentation préalable à travers la lecture des livres, des archives, des comptes rendus déjà publiés.

    La recherche documentaire vise à rassembler les informations ou les données nécessaires relatives au sujet, par la lecture des divers documents. Elle permet de situer le travail de la recherche dans la limite des débats sur le sujet dans le but de ne pas être en dehors de celui-ci ou de rabâcher les termes antérieurs de la recherche sur un sujet et de confirmer ou d'infirmer les hypothèses.

    Dans le cadre de mémoire, la recherche documentaire s'est basée sur l'analyse et l'exploration des ouvrages généraux et spécialisés, des mémoires, des rapports d'étude en rapport avec notre thème de recherche.

    Elle a été faite respectivement à la bibliothèque Nationale du Mali, au CNDIFE et dans les bibliothèques des organismes de défense des droits féminins et de sociétés civiles : l'APDF, le RECOFEM. Il faut également souligner que nous avons été à la D.N.P.F et à la CAFO pour lire des documents. Les sites internet, quant à eux, ont permis de télécharger des ouvrages et des rapports en rapport à notre thème.

    Les informations tirées de la lecture des différents documents ont servi à l'élaboration de la revue littéraire, à définir les concepts clés utilisés dans ce travail, à présenter le milieu d'enquête et à argumenter les hypothèses soutenues dans ce mémoire.

    2- L'ENTRETIEN

    D'après Boutin, cité par Sékou Chérif Diallo18(*)(2004), l'entretien est une technique qui a pris au cours des années une vogue considérable dans la recherche en sciences sociales. Dès l'origine, c'est-à-dire dans les premières enquêtes sociales, l'écoute de l'autre est venue s'ajouter à l'interrogatoire pur. Puis, au fur de l'évolution de l'enquête sociale vers l'enquête sociologique, l'écoute d'attitude sociale est devenue technique sociologique : il s'agit alors, non seulement d'écouter les enquêtés sur les sujets qui leurs étaient proposés, mais de les faire parler librement sur un thème donné.

    Pour Ghiglione et Matalon(1978), l'entretien de recherche est une méthode de collecte qui vise à recueillir des données (informations, ressentis, sentiments, récits, témoignages, etc.) appelées matériaux dans un but de les analyser. Il s'inscrit dans une démarche préparée, dans un projet de recherche, et obéit à des règles relativement rigoureuses.

    Pour ces auteurs, on distingue trois types d'entretiens en fonction de leur degré de structuration : l'entretien non directif (appelé également libre ou en profondeur). L'enquêté développe le thème qui lui est proposé et l'enquêteur utilise des relances, mais n'introduit aucune nouvelle information ou orientation.

    L'entretien semi directif(ou partiellement structuré). La consigne de départ est fixe, puis les divers thèmes du guide d'entretien seront introduits en fonction du déroulement de celui-ci.

    L'entretien directif (ou standardisé) s'apparente à la méthode du questionnaire, mais reste fondamentalement différent dans la mesure où l'enquêté peut répondre comme il le souhaite à la question posée et où l'enquêteur peut observer les réactions du sujet aux questions posées.

    Blanchet et Gotman (1992), considèrent que l'entretien s'impose chaque fois que l'on ignore le monde de référence, ou que l'on ne veut pas décider à priori du système de cohérence interne des informations recherchées.

    Dans le cadre de ce mémoire, nous utilisons l'entretien semi directif. Le choix de cette technique découle du fait que notre étude porte sur une pratique, celle des obstacles traditionnels auxquels se heurte la femme malienne dans son autonomisation. Elle fait appel chez l'interviewé à la volonté de raconter pour expliquer ou décrire cette pratique.

    La population cible de la présente recherche est composée de femmes mais aussi d'hommes résidant dans la Commune IV du District de Bamako, de femmes leaders dans les associations de femmes de ladite commune ainsi que les travailleurs et responsables des structures en charge des questions féminines au Mali.

    Vingt (20) interviews et un focus group de cinq (5) membres ont été réalisées sur le terrain avec les différentes catégories sociales que compose la population cible répartie comme suit :

    -cinq (05) entrevues avec les travailleurs de la D.N.P.F,

    -cinq(05) entrevues avec les travailleurs du CNDIFE,

    -une entrevue avec certaines responsables de l'APDF,

    -deux(02) entretiens avec deux hautes responsables de la D.R.P.F.E.F,

    -une entrevue avec certains travailleurs du FAFE,

    -trois (03) entrevues avec des vieux de Lafiabougou,

    - quatre (04) entrevues avec des prêcheurs de Lafiabougou.

    La collecte de données a eu lieu du 03 au 31 mai 2016. Les entretiens après avoir ciblé les répondants, ont porté sur le concept d'autonomisation, il s'agissait de leur demander du sens qu'ils donnaient subjectivement au concept ; le rôle joué par le district de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne ; la place de la femme du District sur le plan national; le genre d'autonomie réclamée par la bamakoise ; les contraintes traditionnelles pesant sur l'autonomisation de la femme malienne et l'avis des répondants sur l'autonomisation de la femme malienne ; bref, de la femme malienne et de sa condition.

    Tous les entretiens sont individuels et isolés. Les données ont été collectées au moyen d'un guide d'entretien dont la durée d'entretien varie entre 30 à 45 minutes. Les entretiens ont été menés en langue française et en langue locale(le bamanankan) à l'aide d'un téléphone ayant fonctionnalité/ option de dictaphone préparer à cet effet et cela, pour ne laisser aucune information en fumée.

    Une fois sur le terrain, nous avons commencés par expliquer aux enquêtés l'objet de la recherche et nos attentes en terme de collaboration, tout en leurs garantissant de la confidentialité des informations qu'ils vont donner. Cette démarche consiste avant tout, à instaurer un climat de confiance entre les enquêtés et nous pour pouvoir mener à bien notre recherche.

    Les informations tirées du terrain ont été soumises à une analyse qui consiste à leur regroupement par thème afin de dégager les points de convergence et divergence des informations des personnes enquêtées.

    Nous avons commencé d'abord par la transcription des enregistrements, suivis du regroupement des idées clés par entretien et par thème. Nous avons enfin, procéder au regroupement des informations par point de convergence et de divergence.

    3- LE QUESTIONNAIRE

    En plus de la recherche «  bibliothécaire » et l'entretien semi directif, nous avons également fait usage du questionnaire. Ce dernier est un livret de dix-neuf (19) questions, élaborées en tenant compte des objectifs de recherche.

    La première section du questionnaire aborde les variables sociodémographiques ou d'identification de l'enquêté excepté le nom (il s'agit du quartier, de l'âge, du sexe, du niveau d'instruction, la religion, la situation matrimoniale et de la profession.) , la deuxième analyse le rôle joué par le district de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne, la troisième analyse elle, la place de la femme de Bamako sur l'échiquier national, et la quatrième et la dernière section sont respectivement axées sur le genre d'autonomie réclamé par les femmes et les contraintes de la tradition face à l'autonomisation de la femme malienne.

    III- L'échantillonnage

    L'échantillon est une fraction de l'univers d'enquête. La population mère est constituée de personnes résidant en Commune IV du District de Bamako. Cette commune comprend huit(8) quartiers qui sont : Lafiabougou, Hamdallaye, Sébenicoro, Djicoroni-Para, Lassa, Kalabambougou, Taliko et Sibiribougou.

    Dans l'obsession d'une représentativité, nous avons prélevé notre échantillon selon la technique de l'échantillonnage par quota de façon aléatoire en raison de dix (10) enquêtés par quartier.

    1-Taille de l'échantillon

    La taille de l'échantillon est de quatre-vingt (80) personnes dont les chiffres paritaires de 40 femmes et 40 hommes. Ces personnes habitant tous la commune IV, voici ci-dessous, les caractéristiques de l'échantillon.

    2- Caractéristiques de l'échantillon

    Tableau n° 1: caractéristique de l'échantillon selon l'âge.

    Age

    Sexe

    0 - 18

    19 - 29

    30+

    Total

    Hommes

    2

    2.5%

    26

    32.5%

    12

    15%

    40

    50%

    Femmes

    3

    3.75%

    20

    25%

    17

    21.25%

    40

    50%

    Total

    5

    6.25%

    46

    57.5%

    29

    36.25%

    80

    100%

    Source : Enquête personnelle, mai 2016

    Nous constatons à la lecture de ce tableau que notre échantillon est divisé en trois(3) groupes d'âges ; le premier groupe d'âge est l'intervalle situé entre 0 et 18 ans inclus, ceux-ci représentent 6.25% de la population enquêté , soit 2.5% d'hommes et 3.75% de femmes ; le second groupe d'âge est constitué de personnes dont l'âge est compris entre 19 et 29 ans, il est le plus représenté avec 46 personnes soit 57.5% de notre échantillon dont 20 femmes et26 hommes représentant respectivement 25% et32.5% de nos enquêtés.

    Enfin, il y a le groupe d'âge de 30 ans et plus avec un total de 29 personnes soit 36.25% dont 15% d'hommes et 21.25% de femmes de la population interrogée.

    Tableau n° 2 : caractéristique de l'échantillon selon la situation matrimoniale

    S.M*

    Sexe

    Marié

    Célibataire

    Veuf (ve)

    Total

    Homme

    16

    20%

    24

    30%

    0

    0%

    40

    50%

    Femme

    30

    37.5%

    6

    7.5%

    4

    5%

    40

    50%

    Total

    46

    57.5%

    30

    37.5%

    4

    5%

    80

    100%

    Source : Enquête personnelle, mai 2016

    S.M : Situation matrimoniale

    A l'observation de ce tableau, trois(3) situations se distinguent. La première correspond aux personnes mariées. Elles sont au nombre de 46 personnes et constituent la couche la plus représentée avec 57% de notre échantillon dont 16 hommes (soit 20%) et30 femmes (soit 37.5%). Ensuite, la série des célibataires comprend 30 personnes soit 37.5% de notre population d'enquête dont 24 hommes (soit 30%) et 6 femmes (soit 7.5%).

    Enfin, il y a les veuves qui ne sont que 4 personnes et constituent 5% de notre population d'enquête. Cette catégorie est la moins représentée.

    Tableau n° 3: description de l'échantillon selon le niveau d'instruction

    N.I*

    Sexe

    Analphabète

    Fondamental

    Secondaire

    Supérieur

    Autres

    (coranique)

    Total

    Homme

    3

    3.75%

    4

    5%

    9

    11.25%

    27

    33.75%

    1

    1.25%

    44

    55%

    Femme

    11

    13.75%

    8

    10%

    7

    8.75%

    8

    10%

    2

    2.5%

    36

    45%

    Total

    14

    17.5%

    12

    15%

    16

    20%

    35

    43.75%

    3

    3.75%

    80

    100%

    Source : Enquête personnelle, mai 2016

    N.I : Niveau d'instruction

    Comme ci-dessus indiqué dans le tableau, la majorité des personnes enquêtées ont le niveau supérieur, celles-ci représentent 43.75% de notre échantillon dont 33.75% d'hommes et 10% de femmes. Ensuite viennent les personnes ayant le niveau secondaire avec 20% (dont 11.25% d'hommes et 8.75% de femmes) et les analphabètes avec 17.5% ; ici, les femmes analphabètes sont plus nombreuses avec13.75% contre 3.75% d'hommes. Enfin, les personnes ayant le niveau du fondamental représentent 15% (dont 5% d'hommes et 10% de femmes) et il ya également les personnes ayant d'autres niveaux comme le niveau coranique ; elles représentent 3.75% de notre population d'enquête dont 1.25% d'hommes contre 2.5% de femmes.

    Tableau n° 4: description de l'échantillon en fonction de la religion

    Religion

    Sexe

    Musulmane

    Chrétienne

    Total

    Homme

    36

    45%

    4

    5%

    40

    50%

    Femme

    37

    46.25%

    3

    3.75%

    40

    50%

    Total

    73

    91.25%

    7

    8.75%

    80

    100%

    Source : Enquête personnelle, mai 2016

    Les deux grandes religions pratiquées par notre population d'enquête sont la religion musulmane et la religion chrétienne. Mais le tableau nous montre que 91.25% (avec 45% d'hommes et 46.25% de femmes) de l'échantillon sont musulmans et seulement 8.75% de chrétiens (dont 5% d'hommes et 3.75% de femmes). Cela justifie que ces deux grandes religions sont les plus présentes et pratiquées dans la commune IV du district de Bamako.

    IV- Difficultés rencontrées :

    Au cours de nos recherches, nous avons été confrontés à un certain nombre de difficultés :

    Une d'elle a été la difficulté de s'entretenir avec certains groupes des groupes cibles, notamment les acteurs des questions féminines( APDF, Cafo etc.) du fait de leur mobilité et emploi du temps très chargé en séminaire et en réunion. « La course aux acteurs » en vue d'un entretien a fortement diminué le ratio-temps de l'administration de mes autres méthodes de recherche. Nous étions également confrontés aux problèmes de documentation, car les écrits sont très rares sur «  l'autonomisation de la femme » en tant que telle.

    Outre les difficultés sus-citées, le manque de temps et la mauvaise volonté, manifestés par les gens (femmes et hommes) soit pour remplir le questionnaire, soit pour faire une interview a été un grand handicap, ce qui a nous obligé à réduire la taille de notre échantillon.

    PREMIERE PARTIE : LE DISTRICT DE BAMAKO CREUSET DE L'EMANCIPATION DE LA FEMME MALIENNE

    CHAPITRE I : PRESENTATION DU DISTRICT DE BAMAKO ET DE LA COMMUNE IV

    I. PRESENTATION DU DISTRICT DE BAMAKO

    Bamako, fondée par les Niaré (ou Niakaté), est la capitale du Mali. Principal centre administratif du pays, important port fluvial sur le Niger et centre commercial rayonnant sur toute la sous-région, la ville compte 2 009 109 habitantsen 200919(*). Son rythme de croissance urbaine est actuellement le plus élevé d'Afrique (et le sixième au monde). La capitale Bamako est érigée en district et divisée en six communes dirigées par des maires élus.

    A-Aspects Historiques

    Le site de Bamako a été occupé dès la préhistoire comme l'ont confirmé les fouilles archéologiques de Magnambougou.

    Bamako, du bambara « bàmak?? » (qui signifie « marigot du crocodile »), a été fondée à la fin du XVIe siècle parles Niaré, anciennement appelés Niakaté, qui sont des Sarakolés à l'origine. Le crocodile étant le fétiche de Bamako,chaque année lui était donné une jeune fille viergeà manger20(*).

    Simballa Niakaté, un chasseur venu de Lambidou (cercle de Nioro, région de Kayes), un village sarakolé, a choisile site. Mais, c'est son fils ainé Diamoussa Niakaté courammentappelé Diamoussan Djan (à cause de sa tailletrès grande) qui fonda Bamako.Niaréla, lequartier des Niaré, est un des plus anciens quartiers deBamako.Les trois crocodiles qui symbolisentBamako trouvent leur origine à partir des trois marigotsqui traversaient Bamako : Lido, Diafarana et Bèlèsôkô.

    Les marigots se rejoignaient environ à 500 mètres à l'est de l'Hôtel de l'Amitié de Bamako (qui est le fruit de la coopération égypto-malienne aux lendemains des indépendances) pour ensuite se jeter dans le Niger.

    À la fin du XIXe siècle, Bamako est un gros village fortifié de 600 habitants, lorsque le 1er février 1883, les Français,avec Borgnis-Desbordes, y pénètrent21(*).

    Cette entrée coïncida avec la naissance d'Amadou CoumbaNiakaté (1883-1963), le premier fils de chef traditionnel à fréquenter « l'école des blancs » qui sera l'un des tout premiers nstituteurs de Bamako. Après le décès de son grand frère Maridiè Niaré en 1956, Amadou Coumba Niakaté deviendra chef de la province de Bamako. Mais il ne régna que durant deux ans avant l'abolition de la chefferie traditionnelle en 1958.

    En 1895, Bamako devient chef-lieu de cercle avant de devenir capitale du Haut Sénégal-Niger le 17 octobre 1899 puis du Soudan français en 1920.

    En 1904, la ligne du chemin de fer Dakar-Niger est inaugurée.

    En 1905 débute la construction de l'Hôpital du point G. Entre 1903 et 1907 est construit le palais de Koulouba, palais du gouverneur puis siège de la présidence de la République à partir de l'indépendance en 1960.

    Le 20 décembre 1918, un arrêté général érige Bamako en commune mixte, dirigée par un administrateur-maire.

    Henri Terrasson de Fougères, gouverneur intérimaire (en 1920 et 1921), puis Gouverneur du Soudan français du 26 février 1924 à 1931, réside au palais de Koulouba. Il est à l'origine d'un grand nombre d'aménagements urbains.

    En 1927 est construite la cathédrale du Sacré-Coeur-de-Jésus. La Maison des artisans est créée en 1931. En 1947un premier pont sur le Niger est érigé.

    Le 18 novembre 1955, la loitransforme Bamako en commune de plein exercice. Modibo Keïta est élu maire un an plus tard, le 16 novembre 1956. Le 22 septembre 1960, l'indépendance du Mali est proclamée et Bamako en devient la capitale.

    La loi du 11 février 1993définit le district de Bamako comme une collectivité territoriale dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. À partir de 1998, le district est dirigé par un maire.

    B- Les données physiques

    Située sur les rives du fleuve Niger, appelé Djoliba (« lefleuve du sang »), la ville de Bamako est construite dans une cuvette entourée de collines. Elle s'étend d'ouest en est sur 22 km et du nord au sud sur 12 km, sur une superficie de 267 km².

    Le district de Bamako compte une forêt classée, celle de Koulouba qui couvre une superficie de 2 010 ha.

    1- Climat

    Bamako occupe la frange la plus méridionale du Sahel africain correspondant à la zone soudanienne. Elle bénéficiede ce fait d'un climat tropical assez humide avecun total des précipitations annuelles de 878 millimètres mais avec une saison sèche et une saison des pluies bienmarquées. Le mois le plus sec ne reçoit en effet pas lamoindre goutte de pluie (précipitations égales à 0 mm endécembre) tandis que le mois le plus pluvieux est bien arrosé

    (Précipitations égales à 234 mm en août). Les pluies régulières estivales permettent le développement d'une savane arborée ainsi que la culture de plantes telles que le sorgho, le maïs et le coton.

    2-Population

    L'accroissement démographique de Bamako est impressionnant: 2 500 habitants en 1884, 8 000 habitants en 190822(*), 37 000 habitants en 1945, près de 100 000 en 1960 lors de l'indépendance du Mali, l'agglomération compte en 2009 1 809 106 habitants23(*)et continue d'attirer une population rurale en quête de travail. Cet accroissement incontrôlé entraîne des difficultés importantes en termes de logement, d'éducation, de santé, d'emploi d'hygiène (accès à l'eau potable, assainissement), et de pollution.

    Entre 1998 et 2009, la population a été multipliée par près de 1,8, soit un taux annuel d'accroissement moyen de 4,8 % qu'est l'effet direct de la forte urbanisation dont la ville est victime.

    Les femmes représentent 49,8 % de la population24(*).

    Située à 1 000 kilomètres de Dakar et d'Abidjan, à 850 kilomètres de Ouagadougouet à 120 kilomètres de la frontière guinéenne, Bamako est devenu un carrefour de l'Afrique de l'Ouest et accueille une population variée, composée des différentes ethnies du Mali mais et des pays limitrophes.

    C-Langues et Religions

    Le français est la langue officielle du Mali. Le bamanakan, une langue mandé, l'une des 13 langues nationales du Mali, la langue véhiculaire du pays est parlé Bamako.Il est largement utilisé dans les activités quotidiennes; c'est la principale langue maternelle au Mali (46 %) et également la langue la plus parlée (52 %).

    Comme pour l'ensemble du Mali, la principale religion est l'islam, avec environ 95 % de musulmans, avec néanmoins une présence animiste et des minorités chrétiennes.

    D- Administration : District, communes et quartiers

    Le district de Bamako est divisé en six communes par l'ordonnance n° 78-34/CNLM du 18 août 1978, du 18 août 1978 modifiée par la loi de février 1982.

    La commune I comptait en 2009, 256 216 habitants. Limitée au nord par la commune rurale de Djalakorodji (cercle de Kati), à l'ouest par la Commune II, au nord-est par la commune rurale de Sangarébougou (cercle de Kati), à l'est par la commune rurale de Gabakourou III et au sud par le fleuve Niger, elle couvre une superficie de 34,26 km².

    Neuf quartiers composent cette commune : sont Banconi, Boulkassombougou, Djélibougou, Doumanzana, Fadjiguila, Sotuba, Korofina Nord, Korofina Sud et Sikoroni.

    La commune II, limitée à l'est par le marigot de Korofina, à l'ouest par le pied de la colline du Point G, au nord par la limite nord du District et au sud par le lit du fleuve Niger, couvre une superficie de 16,81 km² et compte une population de 160 680 habitants. La commune compte onze quartiers : Niaréla (le plus ancien où réside la famille des fondateurs de Bamako), Bagadadji, Médina-coura, Bozola, Missira, Hippodrome, Quinzambougou, Bakaribougou,

    TSF, Zone industrielle et Bougouba. La commune abrite 80 % des industries du Mali.

    La commune III est limitée au nord par le cercle de Kati, à l'est par le boulevard du Peuple qui la sépare de la Commune II, au sud par la portion du fleuve Niger, comprise entre le pont des Martyrs et le Motel de Bamako, et à l'ouest, par la rivière Farako à partir du Lido, l'Avenue Cheick Zayed El Mahyan Ben Sultan et route ACI 2000, couvrant une superficie de 23 km². Sa population est de 119 287 habitants. La commune III est le centre administratif

    et commercial de Bamako. Elle accueille notamment les deux plus grands marché de la capitale, le Grand marché Dabanani et Dibida. Vingt quartiers composent cette commune et les villages de Koulouninko et Sirakorodounfing ont été rattachés à la Commune III.

    La Commune IV, limitée à l'est par la Commune III, au nord et à l'ouest par le cercle de Kati et au sud par la rive gauche du fleuve Niger, couvre une superficie de 36 768 hectares, avec une population de plus de 200 000 habitants en 2001. La commune IV est composé de huit quartiers: Taliko, Lassa, Sibiribougou, Djikoroni-Para, Sébénikoro, Hamdallaye, Lafiabougou et Kalabambougou.

    La Commune V couvre une superficie de 41 km². Elle est limitée au nord par le fleuve Niger, au sud par la zone aéroportuaire et la commune de Kalanban-Coro, à l'est par la Commune VI et le Niger. Elle est composée de huit quartiers Badalabougou, Sema I, Quartier Mali, Torokorobougou, Baco-Djicoroni, Sabalibougou, Daoudabougou et Kalaban-Coura et compte 249 727 habitants.

    La commune VI avec une superficie de 8 882 hectares est la plus vaste du district de Bamako. Sa population est d'environ 600 000 habitants. Elle est constituée de dix quartiers : Banankabougou, Djanékéla, Faladié, Magnambougou, Missabougou, Niamakoro, Sénou, Sogoniko, Sokorodji et Yrimadio.

    Bamako est également érigé en districtavec un maire élu par l'ensemble des conseillers.

    Chaque commune est gérée par un conseil communal et un maire élu en son sein

    Chaque conseil communal élit également ses représentants au conseil de district : Ces conseillers du district élisent le maire du district.

    Adama Sangaré (ADEMA/PASJ) a été élu maire du district de Bamako le 6 juillet 2007, en remplacement de Moussa Badoulaye Traoré, décédé le 6 juin 2007. Le vendredi 19 juin 2009, les 27 conseillers du district ont réélu à l'unanimité Adama Sangaré au poste de maire du district...La capitale malienne est dotée de 15 commissariats qui contrôlent chacun un arrondissement de police.

    E-Transport et Economie

    Une ligne de chemin de fer relie Bamako à Dakar en passant par Kati, Négala, Kita et Kayes.

    Le réseau routier permet de se rendre vers Koulikoro, Kati, Kolokani, Ségou, Sikasso.

    L'aéroport international de Bamako-Sénou est situé à 15 km du centre-ville et dessert les principales capitales des pays de la sous-région mais également du reste de l'Afrique et Paris.

    La navigation sur le fleuve Niger est possible à partir de Koulikoro vers Mopti et Gao.

    Une bonne partie du transport se fait soit par le fleuve Niger, notamment par la Compagnie malienne de navigation, soit par les routes asphaltées qui relient Bamako aux principales grandes villes des régions. Le taxi-brousse est l'un des principaux éléments du transport routier malien.

    La ville de Bamako est située de part et d'autre du fleuve Niger. Trois ponts relient les deux rives :le « pont des Martyrs » (ancien pont Vincent Auriol avant l'indépendance, puis pont de Badalabougou, achevé en janvier 1960 et rebaptisé en mémoire des manifestants tués en mars 1991 par le régime de Moussa Traoré),le « pont du roi Fahd d'Arabie saoudite », du nom du bailleur de fonds, en amont du premier pont ; _ et le « pont de l'amitié sino-malienne » financé par la République populaire de Chine. Localisé à hauteur de Sotuba en aval du premier pont non loin de l'ancienne chaussée submersible, il a comme objectif de désengorger la circulation dans la ville. Il a été inauguré le 22 septembre 2011 lors du cinquante-et-unième anniversaire de l'indépendance. Une chaussée submersible à Sotuba est praticable en période de basses eaux.

    L'agriculture est limitée essentiellement au maraîchage, la pêche (malgré la présence de pêcheurs bozos) et l'élevage sont peu développés.

    Le district de Bamako concentre 70 % des entreprises industrielles.

    Le secteur tertiaire est le plus développé, notamment l'artisanat (avec notamment la Maison des artisans) et le commerce. Mais Bamako est aussi le siège des grandes entreprises et des administrations du pays. L'électricité, dont la distribution est assurée par Énergie du Mali, provient du barrage hydroélectrique de Sélingué.

    La distribution d'eau potable à Bamako et à Kati est assurée par une station de pompage sur le fleuve Niger. Cependant, la capacité de 135 000 m d'eau potable par jour est insuffisante pour assurer les besoins estimés à 152 000m durant la saison chaude entre avril et juin. Durant cette période, les quartiers situés en hauteur connaissent de fréquentes coupures d'eau dans la journée. Une nouvelle station de pompage a été ouverte à Kabala en 2009.

    F- Santé

    L'hôpital du point G, construit entre 1906 et 1913, couvre une superficie de 25 hectares. Ancien hôpital militaire, devenu hôpital civil peu avant l'indépendance du Mali, il se situe sur une colline surplombant Bamako, nommée par le colonisateur français Point G.

    Le deuxième hôpital de Bamako est le Centre hospitalo-universitaire Gabriel Touré qui porte le nom d'unjeune médecin et humaniste soudanais né en 1910 à Ouagadougou et mort en 1935 après avoir été contaminépar un malade atteint de la peste pulmonaire. Il a été crééle 17 janvier 1959 à la place d'un ancien dispensaire.

    Un nouvel hôpital, dénommé Hôpital du Mali, dont le contrat d'exécution de la construction a été signé le 27 décembre 2008 est en construction dans le quartier Yirimadio (rive droite de Bamako) dans la commune IV. Il comprendra un département mère-enfant (pédiatrie et gynécologie-obstétrique), un département de médecine interne, d'imagerie médicale et un service d'hospitalisation de 150 lits, ainsi qu'un service d'urgence réanimation, un service technique de blocs opératoires, une unité d'hospitalisation du jour ou de courte durée.

    II-LA COMMUNE IV DU DISTRICT DE BAMAKO

    Situation géographique

    Située, dans la partie Ouest de Bamako, la commune couvre une superficie de 37,68Km² soit 14,11% de la superficie du district de Bamako (18.000ha) pour une population de 300.085 habitants (RGPH 2009) soit une densité de 7964/km².

    Elle est limitée :

    -Au Nord-Est par la commune III,

    -A l'Ouest par la commune du Mandé (cercle de Kati),

    -Au Sud par le fleuve Niger.

    Figure 1 : Carte de la COMMUNE IV

    Source : PDSEC de la Commune IV, 2009

    Le relief :

    La commune IV repose sur le socle granitique et schisteux du précambrien, recouvert par une couverture sédimentaire de grès. Elle est entièrement située dans un vaste ensemble morphologique du plateau Mandingue. Le relief est dominé par quelques collines qui se situent dans sa partie Ouest et Nord, notamment le Lassa koulou, le koulouniyèlèko et le kokokoulou qui sont des formations gréseuses constituant les dernières marches des Mandingues, et la vallée du Niger (Sibiribougou, Kalabambougou, Sebenikoro). Ces collines constituent des contraintes naturelles pour l'accessibilité de certains quartiers comme Lassa.

    b. Le climat :

    La commune IV est située entre les isohyètes 700 à 1300mm. Le relief est peu marqué pour influencer la circulation de la basse atmosphère.

    Le climat est de type soudanien marqué par l'alternance d'une saison pluvieuse appelée hivernage avec une pluviométrie comprise entre 800 et 1200mm/an, et saison sèche.

    La saison des pluies s'étend sur 5 mois de Juin à Octobre. C'est la période de transmission intense du paludisme. La température et l'humidité influent directement sur la densité des larves et la fécondité.

    Une saison sèche repartie en deux périodes, une période froide (de Novembre à Janvier) et celle chaude (de Février à Mai). La saison sèche limite fortement la capacité des femmes à cultiver dans certaines zones (Lassa, Taliko...),mais elles exploitent tout de même dans les deux saisons, les espaces non bâtis pour la culture de certains légumes ou condiments( salade, choux, carotte etc.) .

    c. L'hydrographie :

    La commune est traversée au sud par le fleuve Niger, au centre par la rivière Woyowayanko. La rivière de Farako ou Diafaranako tire sa source des collines de Lassa pour aboutir au fleuve Niger. Il Ya également le Souroutoumba de Sibiribougou.

    Le fleuve et les rivières de la commune servent à irriguer ou du moins arroser les jardins aménagés par les femmes généralement sur les rives de ces rivières.

    Les autorités compétentes doivent tenir compte de l'aménagement de ses rivières et de la berge du fleuve qui permettra l'insertion de beaucoup de femmes dans le jardinage.

    B. La population

    a. Historique du peuplement de la commune IV

    L'histoire de commune IV se confond presque à celle de la ville de Bamako. La commune IV est constituée de huit (08) quartiers qui sont des entités distinctes les unes des autres par leur mode de peuplement et par certain mode de vie.

    A l'origine, le peuplement de la commune a commencé à Lassa situé au Nord-Est de la commune IV. Il fut fondé vers le XVIII siècle par les Camara originaires de Siby.

    Sibiribougou, fondé vers le XIX siècle par Sibiri Camara en provenance de Siby en compagnie d'autres transfuges.

    Kalabambougou situé au bord du fleuve Niger fut fondé vers 1860 par les Camara en provenance de Koursalé pour échapper aux exactions d'AlmamySamory Touré.

    Taliko a été fondé vers 1860 par Mariko Traoré venu de Sanakoroba.

    Vers le XIX siècle que fut fondé Djikoroni-Para par Laye Diakité en demande de l'hospitalité au Niaré famille fondatrice de Bamako.

    Sebenikoro, crée vers 1910 par des fugitifs originaires du Beledougou dont Fodeba Sangaré, Moriba et Diallo auxquels les familles Touré et Niaré ont accordé l'hospitalité.

    Hamdallaye a été créé vers 1948 par Edmond Louveau, Gouverneur du Soudan français dans la mise en oeuvre de sa politique de désengagement des quartiers du centre -ville de Bamako.

    Lafiabougou a été créé en 1961 par les autorités de la 1ère République du Mali, ceux refoulés du Congo-Zaïre et les habitants de Bamako restés sans habitats.

    Ces quartiers sont administrés par des autorités coutumières qui sont les chefs de quartiers. Ceux-ci sont soit nommés par l'autorité administrative régionale sur proposition des notables du quartier, guidés eux même par le coefficient de valeur du candidat, soit simplement désignés par ces mêmes notables ou élus par les populations. Ils sont assistés dans leurs tâches par des conseillers qu'ils nomment après consultations des populations.

    Les conseillers sont choisis suivant les aires géographiques. Ainsi certains quartiers sont divisés en secteurs et /ou comprennent des zones spontanées dont la prolifération croit à un rythme galopant. Cette prolifération des quartiers spontanés met en péril le développement de la commune, puisque ces zones ne sont pas équipées pour répondre aux besoins des populations, besoins que l'administration communale et les différents partenaires au développement essaient facilement de satisfaire.

    b. Structure et Évolution de la population

    La commune abritait en 1976 une population administrative de 92.867 habitants (RGPH 1976). Elle était de 137.402 habitants en 1987 (RGPH 1987). En 1998 la commune comptait une population de 186.200 habitants (RGPH 1998). Le recensement général de la population et de l'habitat de 2009 a donné une population de 300.085 habitants (RGPH 2009), avec un taux d'accroissement naturel de 4,4%.

    Tableau N°5: Evolution de la population de la commune IV de 1976 à 2009

    Années

    Populations (habitants)

    1976

    92.867

    1987

    137.412

    1998

    186.200

    2009

    300.085

    Source : INSTAT , bureau de documentation, Avril 2010 / EX-DNSI

    Il apparait dans ce tableau que la population de la commune IV est en croissance rapide. L'écart entre la population de 1976 et de 1987 est de 44545 habitants, 48788 pour 1987 et 1998 et 113885 pour 1998 et 2009.

    Tableau N°6: Répartition de la population par ménage et par sexe en 2009.

    Commune IV

    Ménage

    Hommes

    Femmes

    Populations

    49.210

    149.840

    150.245

    300.085

    Source :INSTAT , bureau de documentation, Avril 2010 / EX-DNSI

    L'analyse de ce tableau nous montre que les femmes sont légèrement nombreuses que les hommes avec un écart d'effectif de 405.

    Tableau N°7 : Répartition de la population par âge et par sexe en 1998.

    Tranche d'âge

    Masculin

    Féminin

    Total

    0-4 ans

    12065

    11502

    23567

    5-9 ans

    12028

    12001

    24029

    10-14 ans

    11073

    12312

    23385

    15-19 ans

    10525

    13247

    23772

    20-24 ans

    8598

    7909

    16507

    25-29 ans

    7071

    6201

    13272

    30-34 ans

    6041

    4904

    10945

    35-39 ans

    4509

    3562

    8071

    40-44 ans

    3210

    2526

    5736

    45-49 ans

    2317

    2155

    4472

    50-54 ans

    1606

    1632

    3238

    55-59 ans

    1268

    1432

    2700

    60-64 ans

    890

    870

    1760

    65-69 ans

    644

    662

    1306

    70-74 ans

    367

    359

    726

    75-79 ans

    851

    810

    1661

    TOTAL

    94196

    92004

    186200

    Source :INSTAT , bureau de documentation, Avril 2010 /EX-DNSI

    Ce tableau nous donne un ensemble de vue sur la population. Avec la forte croissance naturelle, la commune IV a une population très jeune. Les enfants de 0-14 ans représentent plus de 38,12% de la population totale en 1998. La classe d'âge de 15 à 59 ans représentait 47,64%. Les 60 ans et plus représentaient 2,92%.

    Ces chiffres témoignent que la population est jeune d'où la nécessité de prendre des dispositions concrètes pour scolariser ce grand nombre d'enfants, créer des centres de santé et des emplois pour les jeunes.

    Les enfants de moins de 5ans représentaient 12,65% et les femmes 49% de la population en 1998, sont les couches les plus vulnérables.

    C. Les infrastructures et les équipements de base

    a. Les infrastructures

    1. Les infrastructures routières

    La commune IV est desservit par deux grands axes routiers :

    - Route Nationale N5(RN5) actuellement renommée Boulevard Roi Mohamed V qui traverse les quartiers de Djikoroni-para et Sébénikoro en continuant vers la République de Guinée.

    - Le boulevard Cheick ZAHED qui traverse le quartier de Hamdallaye et Lafiabougou pour rejoindre le RN5 au niveau de woyo-wayako ; la route pavée qui traverse Hamdallaye au niveau du plateau ; la route bitumée qui part du rond-point Cabrale de Lafiabougou pour déboucher sur Djikoroni-para.

    Tous les quartiers sont liés par les routes. Le quartier Lassa situé sur la colline, est lié à la commune IV par une route bitumée de la commune III.

    Les moyens de transport en commun sont constitués par les SOTRAMA (société de transport du Mali), les BUS et Taxis. Le secteur est organisé en syndicat de transport. Le transport fluvial est moins danse et se compose de pirogue.

    Dans le domaine de la télécommunication, le réseau est constitué par le téléphone, le fax et internet fournis par les deux grands opérateurs de télécommunication (à savoir ORANGE et MALITEL) ...

    2. Les services sociaux de base

    a. L'Éducation

    Tous les ordres d'enseignement sont représentés au niveau de la Commune : préscolaire, fondamental, secondaire et supérieur comme l'explique le tableau suivant (N°4). L'enseignement informel occupe également une place importante dans l'éducation des populations sur tout dans le domaine de l'information, l'éducation et la communication(IEC) en faveur de la santé. Certaines universités privées sont actuellement visibles dans la zone A.C.I. 2000

    L'alphabétisation fonctionnelle est assurée au niveau de trois quartiers à savoir : Taliko, Sébénikoro, Lassa.

    Tableau N°8 : Répartition des écoles par statut, CAP et par niveau en commune IV.

    Statut des écoles

    CAP de Lafiabougou

    CAP de Sébénicoro

    Nombre par niveau

    Nombre de niveau

    1ercycle

    2ème cycle

    CC*

    Total

    1ercycle

    2ème cycle

     

    Total

    Publiques

    34

    16

    08

    58

    19

    05

    -

    24

    Privées

    16

    02

    -

    18

    17

    05

    -

    22

    Communautaires

    02

    -

    -

    02

    -

    -

    -

    -

    Medersas

    08

    01

    04

    13

    10

    05

    -

    15

    CED

    10

    -

    -

    10

    -

    -

    -

    -

    Jardins d'enfants

    11

    -

    -

    11

    03

    -

    -

    03

    Total

    82

    19

    12

    112

    49

    15

    -

    64

    Source : Monographie de la commune IV

    CC : Centre Communautaire

    b. La Santé

    Le district sanitaire comprend un centre de santé de référence, neuf (09) CSCOM ASACODJIP, ASACOLA1, ASACOLA2, ASACOLABASAD, ASACOSEK, ASACOSEKESI, ASACOHAME, ASACOLAB5, DJIKORONI PARA, une maternité à Hamdallaye non équipée, 37 structures privées, 22 officines pharmaceutiques, des cabinets de radiothérapeutes agréés.

    c. L'Approvisionnement en eau potable

    Dans la commune IV, l'eau est distribuée par le réseau d'eau potable de la Société Malienne de Gestion d'Eaux Potables (SOMAGEP S.A) qui couvre la presque totalité de la commune notamment l'A.C.I 2000, quartier huppé ; Lafiabougou, Hamdallaye et d'autres quartiers à niveau de vie moyen. Cependant, à la suite de coupures d'eaux, survenant généralement dans la période de canicule ; la population s'approvisionne au niveau des bornes fontaines et des puits, que d'ailleurs quasiment toute famille dispose. Presque tous les quartiers sont électrifiés par l'EDM sauf Kalabambougou, Sibiribougou

    d. Les activités économiques

    1.Le secteur primaire :

    L'agriculture est pratiquée dans les quartiers de Sibiribougou, Lassa, kalabambougou, Sébénikoro par une frange de la population à niveau de vie relativement faible. A but notamment vivrier, cette agriculture de faible production concerne le maïs, le mil, l'arachide, la patate, haricot... Les femmes, généralement veuves et venues du village, s'occupent du maraichage dans ces zones et pratiquent surtout le jardinage des légumes comme la salade, le choux, la tomate...dans les espaces non construits de l'A.C.I. 2000. Le produit de ce jardinage féminin contribue

    2. Le secteur secondaire

    Dans le domaine industriel, il existe quelques unités, notamment :

    - SECAM Aluminium s'occupe de la fabrication d'articles ménagers en aluminium ;

    - Usine céramique qui produit de la chaux vive, et la porcelaine e des matériaux de construction en banco ; stabilisé.

    Ces deux (2) usines sont implantées à Djikoroni-para.

    - VALIMEX situé dans la zone ACI 2000 est l'unité de vitrerie qui fabrique des produits en verre ;

    - Usine de fabrication de poteaux métalliques, bétonnés et de briques dénommées « GTMH »

    - Usine de tissage métallique à Sébénikoro, qui fabrique des grillages

    Dans le domaine agro- alimentaire, il existe plus d'une dizaine de boulangeries modernes, une fabrique de pâte alimentaire dénommée NIPAL et des unités de productions et de transformation de lait.

    Sur le plan artisanal, on y rencontre plusieurs entreprises qui interviennent dans les domaines de l'habillement, de la teinture de l'esthétique et de la coiffure avec une part importante de femmes. On peut affirmer même en l'absence de données fiables que ces domaines emploient à peu près 50% des femmes de la commune. D'autres entreprises comme celles de la menuiserie métallique ; du bois et de l'ameublement ; des bâtiments...sont également implantées dans la Commune.

    3. Le secteur tertiaire :

    Dans le domaine commercial, il existe des structures d'encadrement, à savoir :

    - Un démembrement de la chambre de commerce et d'Industrie du Mali ;

    - Une coopérative multifonctionnelle des commerçants détaillants ;

    - Une mutuelle pour des opérateurs économiques de la commune IV.

    On y rencontre des installations comme les étalagistes, les aires de lavages pour motos et véhicules, les cabines téléphoniques.

    On compte dans la commune dix(10) marchés où les activités commerciales se développent. Les marchés sont gérés par des comités de gestion avec la collaboration de la mairie. Dans la commune IV comme partout dans la ville de Bamako, les femmes sont plus nombreuses dans les marchés et participent activement à l'économie de ménage.

    Enfin sur le plan de la micro finance, l'évolution du niveau de la vie de la population est soutenu par l'existence de caisses d'épargne et de crédits notamment : Jemeni, Jiguiyasoba, Danayaso et le réseau Nyèsigiso et actuellement, on assiste à la prolifération des caisses ORANGE Money, Mobicash, LEMONWAY et autres caisses de transfert d'argent et d'épargne téléphoniques. Ces caisses contribuent à financer les activités génératrices de revenus.

    E. La situation administrative et politique :

    La commune IV est une collectivité administrative décentralisée, dirigée par un conseil communal de 37 conseillers, présidé par un maire. Le conseil est l'organe de décision et de validation des actions de développement socio-sanitaires dans la commune.

    En vue de rapprocher les services administratifs à la population, des centres secondaires d'Etat civil ont été créés dont deux(02) à Lafiabougou, deux(02) à Hamdallaye, deux(02) Djikoroni-para, deux(02) à Sébénikoro et un(1) à Lassa soit neuf (09) centres d'états Civil secondaires. En outre, il existe des services déconcentrés de l'Etat et des services techniques propres à la Mairie.

    L'avènement de la démocratie a favorisé l'émergence de plusieurs partis politiques dont treize(13) ont leurs sièges dans la commune, ainsi que plusieurs associations et ONG intervenant dans divers domaines de développement. Les Programmes sectoriels (PRODESS, PRODEC, PRODEJ) sont mis en oeuvre dans la commune à travers le centre de santé de référence, le Service du Développement Social et de l'Economie Solidaire, le Centre d'Animation Pédagogiques, le tribunal de première instance et tous les autres intervenant dans les dits secteurs.

    CHAPITRE II : HISTOIRIQUE DE L'EMANCIPATION DE LA FEMME MALIENNE A PARTIR DE BAMAKO.

    L'émancipation est définie par les juristes comme un acte juridique qui soustrait, de manière anticipée, un mineur à la puissance parentale ou à sa tutelle afin de le rendre capable d'accomplir tous les actes de la vie civile nécessitant la majorité légale : gérer ses biens, percevoir ses revenus, réaliser des actes d' administration... En disposant de sa pleine capacité juridique, le mineur est assimilé à un majeur.

    Par extension, dans le langage courant, émanciper signifie affranchir d'une autorité, d'une tutelle, d'une domination, d'une servitude, d'une aliénation, d'une entrave, d'une contrainte morale et intellectuelle, d'un préjugé...Elle donne à une catégorie de la population des droits identiques aux autres catégories.

    En Afrique et au Mali en particulier, le combat des femmes pour l'émancipation se confondit avec la lutte pour l'indépendance politique, la colonisation (en fait le système colonial) était considérée comme la principale source de l'oppression des colonisés (hommes et femmes).

    Après les indépendances, la lutte pour la libération de la femme fut marqué par quatre (4) grandes associations (I) d'envergure nationale ayant lutté à des périodes diverses du Mali indépendant pour l'émancipation, le respect des droits, l'égalité et pour l'autonomisation de la femme et dont les objectifs et mobilisations ont permis aux autorités de valoriser les questions féminines qui s'est traduit par la mise en place des « institutions » consacrées aux femmes(II).

    I- LES PRINCIPALES ORGANISATIONS FEMININES DE 1960 A NOS JOURS

    Il s'agit de la Commission Sociale des Femmes de 1960 à 1968, du Secrétariat d'Etat aux Affaires Sociales de 1968 à 1979 sous la transition du CMLN, l'Union Nationale des Femmes entre 1974 et 1991 et la Coordination des Associations et ONG Féminines de l'avènement de la démocratie à nos jours.

    A. La commission Sociale des Femmes

    La commission sociale des femmes a vu le jour en mars 1963.Elle était affiliée à US-RDA, parti au pouvoir dont elle était un instrument de travail.

    La principale mission de la CSF était de soutenir les actions de construction nationale, susciter chez les femmes la prise de conscience de leur rôle de citoyennes et d'oeuvrer pour leur promotion. Aussi, à ce tournant de notre histoire, les femmes d'un engagement, d'un dévouement et d'un dynamisme sans précédent dans l'accomplissement de la mission qui leur était dévolue.

    Pour atteindre les objectifs, il fallait un minimum d'instruction alors qu'à l'époque, la population féminine était quasi analphabète. C'est pour cette raison que, la commission sociale avait fait de l'alphabétisation son cheval de bataille.

    A l'époque, les femmes s'étaient d'abord, organisées en comité de quartiers, de villages et en comités exécutifs. Des démembrements de la commission sociale avaient été créés au niveau des cercles, des arrondissements et des quartiers de la capitale. En outre, les femmes étaient représentées dans les organes de direction du parti par des commissaires chargés de la diffusion des mots d'ordre du parti et de la coordination des activités des femmes.

    Dans la bataille pour la construction nationale, les présidentes des femmes ont su mobiliser et rassembler les femmes aussi bien lettrées qu'illettrées. C'est à la suite de ce travail que la CSF a été mis en place.

    La commission sociale était divisée en six sous-commissions : la sous-commission accueil ; fêtes et théâtre ; éducation civique et morale ; santé ; alphabétisation ; et la sous- commission de rédaction.

    Chaque sous-commission était dirigée par une présidente et un rapporteur. L'ensemble des présidentes et des rapporteurs constituaient la grande commission sociale dirigée par l'épouse du Chef d'Etat, Mme Keita Mariame Travélé et Mme Diallo Aoua Keita.

    Les questions majeures qui figuraient au centre des préoccupations de la commission étaient : la lutte contre l'analphabétisme, le redressement moral, la rénovation du folklore, l'amélioration de la santé de la mère et de l'enfant.

    La lutte contre l'analphabétisme avait donné lieu à une campagne intense de formation des femmes. C'était un défi national.

    Dans ce processus, la sous-commission alphabétisation avait lancé un vaste mouvement de d'alphabétisation auquel ont contribué de nombreuses institutrices et animatrices volontaires et enthousiastes. Les quelques femmes lettrées devaient aider les soeurs analphabètes en leur transmettant les notions pratiques et utiles. Un plan dont le principe était « quiconque sait lire doit apprendre à l'autre » avait été élaboré qui fut initié par Mme Diop Sira Sissoko en 1965. La démarche était d'alphabétiser les femmes au niveau des quartiers. Les cours étaient dispensés essentiellement par les femmes. Des fournitures scolaires étaient distribuées à cet effet. La commission envisageait, en perspective de mettre à la disposition de chaque collectivité villageoise une animatrice qualifiée.

    La commission éducation civique et morale était chargée de la reconversion des mentalités féminines à travers les vastes campagnes de sensibilisation et d'information sur la scolarisation des enfants, la surveillance des tout-petits. Les mères étaient sensibilisées pour empêcher les petites filles de faire les vendeuses ambulantes. La formation idéologique venait compléter les activités avec la répétition des slogans relatifs à des sujets jugés très importants.

    Quant à la sous-commission santé, elle avait pour mission d'éduquer les femmes, de la préparer à son rôle de mère à travers les causeries dans les quartiers, les villages et les villes, à la radio, en assemblées générales sur l'hygiène, la puériculture etc. Entre autres elle encourageait les femmes à fréquenter les centres de protection maternelle et infantile.

    Pour la concrétisation des objectifs de la CSF, il fut créé le 8 mars 1963 le foyer de femme malienne. Appelé à jouer le rôle de centre pilote, le foyer de la femme avait pour vocation la formation idéologique et l'alphabétisation fonctionnelle. Il devait aussi préparer les animatrices formatrices pour les centres régionaux dont la création était en vue. Le foyer disposait salle de couture dotée de douze(12) machines, de tables de coupe et de repassage, de vitrines d'exposition de travaux. Il était équipé d'une cuisine et d'une case modèle (qui permettait d'apprendre aux femmes l'entretien et l'aménagement de la maison), d'un bureau et d'une salle de réunion contigus et d'une salle d'alphabétisation. Des cours pratiques et théoriques y étaient dispensés. On apprenait aux femmes à coudre, à tricoter, à raccommoder, à faire la lessive et le blanchissage. Elles étaient initiées aux notions de budget familial, de cuisine, de puériculture, d'hygiène et d'éducation des enfants.

    La commission sociale s'est illustrée dans la campagne de sensibilisation de la loi du 03 février 1963 sur le code du mariage et de la tutelle.

    Grace à de nombreux dons qu'elle recevait de ses partenaires, elle distribuait des médicaments, de matériels médicaux et a mené des campagnes d'assainissement par investissement humains dans tous quartiers (curage de caniveaux, ramassage d'ordures ménagères, balayage des rues...)

    B- Le Secrétariat d'État aux Affaires Sociales sous la période du Comité Militaire de Libération Nationale (C.M.L.N)

    Après le coup d'État militaire du 19 novembre 1968, le CMLN dissout les partis politiques ainsi que toutes associations à travers le Mali. Les années 1968-1674 sont marquées par l'activité du secrétariat d'État aux affaires sociales et de la commission technique des femmes.

    La stratégie adoptée par le SEAS pour atteindre les objectifs assignés par le gouvernement était la création de groupes d'animation dans les quartiers.

    Des bureaux des unions locales des femmes furent mis en place. Ce processus et poursuivi au niveau des régions. Les unions des femmes ont beaucoup contribué à la mise en place des groupes d'animation. Les groupes d'animation des quartiers étaient dirigés par des comités de gestion et d'administration de cinq personnes.

    Les groupes d'animation avaient pour mission :

    -la reconversion des centres sociaux en centre de développement communautaire et du personnel social en agent développement communautaire ;

    -la promotion du bien-être de la famille et de la communauté ;

    -la réorganisation du centre de rééducation de Bollé.

    De 1968 à 1972, l'accent a été mis sur le développement communautaire en tant que méthode de travail permettant aux populations d'identifier elles-mêmes les problèmes qui se posent à elles et de les responsabiliser dans la recherche des solutions à ces problèmes. On estime que le développement communautaire facilite les problèmes du groupe « enfance, jeunesse, femmes » par rapport à une optique de développement sectoriel.

    À partir des années 1970, les ONG commencèrent à se constituer en vue d'aider les pouvoirs publics dans la lutte contre les fléaux sociaux. Parmi les associations crées à cette époque, on peut citer :

    -l'association des amis de Samanko (1970) ;

    -l'association de malades mentaux (1974) ;

    -l'association d'aide aux handicapés physiques (1975).

    Le secrétariat d'Etat aux affaires sociales s'est inspiré de l'expérience de développement communautaire (de Sanankoroba en 1967 et d'Hamdallaye 1968) pour la vulgarisation de ses actions de développement au niveau des femmes.

    Dans le domaine de la santé, les animatrices furent formées pour assurer des soins d'hygiène et d'assainissement du milieu. Des centres de nutrition furent, également ouverts pour lutter contre la malnutrition. Une vaste campagne de nivaquinisation fut menée en faveur des enfants de 0 à 6 ans. Les groupes d'animation mobilisaient les femmes pour les séances de vaccination. Il eut par ailleurs une véritable promotion des jardins et garderies d'enfants.

    C-l'Union Nationale des Femmes du Mali (1974-1991)

    L'union nationale des femmes du Mali (UNFM) a été créée sous le Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN), le régime de transition entre la première et deuxième république.

    L'association a vu le jour au sortir de son congés constitutif ; tenu les 28, 29 et 30 décembre 1974 à Bamako. D'abord, l'association apolitique à vocation nationale et à but non lucratif, l'UNFM s'est par la suite, muée en structure affiliée au parti unique au pouvoir, l'Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM) créée en 1979.

    L'organisation a oeuvré pour l'intégration de la femme au développement dans le cadre d'une Économie nationale indépendante planifiée. Elle s'est investie pour la lutte contre les préjugés sociaux, l'injustice et pour la paix et la justice.

    Sa première présidente active a été Mme Traoré Mariam Cissoko, épouse du chef de l'État de la deuxième République, le Général Moussa Traoré.

    L'UNFM avait pour objectifs : l'intégration des femmes au sein d'une même association, leur alphabétisation, l'augmentation du taux de scolarisation des filles, l'exécution des programmes visant à améliorer les conditions d'existence des femmes et à les soulager des travaux domestiques.

    Elle a su harmoniser son action avec les programmes nationaux de développement économique, social et culturel.

    UNFM était bien structurée. Elle était organisée en comités, sous sections et Bureau Exécutif National, conformément au découpage politique de l'UDPM au niveau du village, du quartier ou fraction, de l'arrondissement et du cercle.

    Ses instances de base étaient l'assemblée générale, la conférence du comité, la conférence de sous-section et la conférence de section.

    L'UNFM a joué un rôle important dans la sensibilisation, l'information et la mobilisation des femmes. Sa principale préoccupation était l'amélioration de leurs conditions de vie et de leur participation aux efforts de développement socio-économique et culturel du pays.

    En 17 ans d'existence, elle a oeuvré aussi bien pour le bien-être de la femme que celui de l'enfant et de la famille. Elle a initié des actions d'allégement des travaux domestiques de la femme et a surtout contribué à la lutte contre la désertification et pour la vulgarisation des foyers améliorés et métalliques.

    Au plan économique, l'UNFM a oeuvré pour l'indépendance économique de la femme et sa participation au processus de développement. Elle a créé l'Association pour l'intégration de la femme dans l'économie malienne(AIFEM), affiliée à la women's world Banking(WWB) de New York.

    L'UNFM a géré de nombreux de nombreux projets qui ont permis l'installation des moulins à grain, d'outils de jardinage, de foyer améliorés, de coopératives multifonctionnelles en zone rurale et urbaine. Elle a mené une vaste campagne de sensibilisation sur les foyers améliorés. Dans le cadre de l'expérimentation d'autres sources d'énergie de substitution au bois, elle entreprit de tester en collaboration avec Shell Mali et Total, des réchauds à gaz. L'UNFM avait créé des centres d'animatrices rurales à Ouélessougou et à Dougouwolo à 300 km de Bla. Elle gérait un projet de vulgarisation et d'installation des foyers améliorés dans le District de Bamako et dans le cercle de Kati.

    Elle accordait des bourses d'études aux filles pour l'ex Union Soviétique et les pays de l'ancien Bloc socialiste. L'UNFM a joué un rôle important au sein de la commission nationale pour la promotion de la femme(1976). Cette commission est composée des membres de son BEN et des représentants des différents ministères. Elle avait pour mission d'étudier tous les problèmes d'épanouissement de la femme et à son intégration au processus de développement. En 1988, fut abrogé le décret de création de la commission. L'UNFM pris la relève et devint le mécanisme national d'intégration de la femme au développement.

    L'UNFM était représentée au niveau de toutes les instances du parti, dans le gouvernement, à l'Assemblée Nationale et dans toutes les commissions politiques et économiques.

    L'effort a porté aussi sur la scolarisation des filles, la lutte contre la déperdition scolaire. Dans ce sens, un centre de formation fut construit à Bamako dans la cour du siège de l'Union dont l'objectif était la réinsertion des filles et leur intégration dans le processus de développement à travers l'apprentissage des métiers de coup, et couture, hôtellerie, coiffure, teinture...

    D- La Coordination des Associations et O.N.G féminines du mali sous la période du multipartisme

    La CAFO a été créée le 20 octobre 1991, par quatre associations de femmes : le Collectif des Femmes du Mali (COFEM), le Comité d'Action des droits de l'Enfant et de la Femme(CADEF), l'Association pour la Défense des droits de la Femme(APDF) et le comité syndical des femmes de l'UNTM sous le récépissé du 24 mars 1992. En 2006, la CAFO selon ses responsables, regroupait environ 2296 associations et O.N.G dont 574 à Bamako, environ 455 dans les capitales régionales et environ 1267 dans les cercles du Mali.

    Elle a pour mission de contribuer à la valorisation du statut de la femme à travers le groupement, la coordination des activités de ses membres et l'influence politique dans une société de paix et d'équité, favorable à la participation effective de la femme au processus de développement durable.

    De façon spécifique, son objectif est d'amener les femmes à collaborer au sein d'une structure organisée et crédible leur servant de cadre de mobilisation et de formation, de concertation et d'action.

    Elle vise également à favoriser la participation des femmes dans les instances de décisions politiques, administratives, économiques, sociales, juridiques et culturelles. Cette organisation oeuvre à ses membres les moyens de se prononcer sur toutes les questions au niveau national, local sous-régional et même international. Elle fait pour cette vocation, du plaidoyer/ lobbying, de la formation et de l'information, de l'appui conseil et la facilitation ainsi que de la médiation.

    La CAFO est une structure à caractère national, composée de cinq(5) coalitions thématiques : Education, Paix et culture, Environnement-Développement local et Décentralisation, Développement-intégration économique, Multimédia ; santé et Développement Social et Mobilisation sociale. Elle a un centre de promotion et d'autopromotion dans lequel elle alphabétise et appuie les femmes dans la lutte contre la pauvreté.

    II-LE CADRE INSTITUTIONNEL D'EMANCIPATION DE LA FEMME AU MALI

    A- Le Commissariat à la promotion des femmes

    Cette structure, créée par décret n°93-119/PM-RM du 04 Mai 1993, était directement rattachée à la primature et avait pour mission de :

    -donner au premier ministre des informations sur les conditions des femmes et des avis sur la définition et la conduite de la politique gouvernementale en matière de promotion de la femme ;

    -conseiller le premier ministre sur tout ce qui concerne la pleine intégration des femmes dans le développement national sur tous les plans ;

    -constituer une banque de données sur les problèmes des femmes.

    -donner, à la demande du premier ministre, des avis sur les questions relatives à la promotion féminine et suivre la recherche-action sur les femmes.

    Ainsi, la conduite de la politique de promotion des femmes était confiée au premier ministre. Les autres ministères mettaient en oeuvre, chacun dans la sphère de sa compétence ou de son intervention, les actions, plans et programmes de développement qui concourent à la promotion des femmes. Pour s'assurer que les éléments des stratégies étaient pris en compte lors de l'élaboration des plans et programmes nationaux de développement, tout programme ou projet devait être soumis au commissariat pour analyse et agrément. Pour mener à bien cette mission de coordination des activités de l'ensemble des intervenants, le commissariat avait été de deux(2) institutions qui sont :

    - Le comité interministériel chargé d'assister le commissariat dans la mise en mise oeuvre des stratégies ;

    - La commission paritaire Gouvernement-ONG-Associations, qui devait veiller à ce que les actions des ONG et Associations féminines s'inscrivent bien dans des stratégies nationales de promotion de la femme.

    À côté de ces organes de conception et de coordination, il y a des organes d'exécution qui sont les services techniques sectoriels chargés de l'élaboration et de l'exécution des activités dans les programmes et projets sectoriels, dans les domaines respectifs. Auprès de certains ministères, était nommée une déléguée chargée de veiller à la prise en compte de la « dimension femme » dans les programmes et projets sectoriels. Au niveau de chaque chef-lieu de région, était nommée une coordinatrice régionale chargée de la mise en oeuvre de la stratégie nationale de promotion de la femme, au niveau régional et local.

    B- Le Ministère de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille

    Le ministère a été créé par le décret n°97-290/P-RM du 16 septembre 1997. Ses attributions ont été successivement reconduites par le décret n°00-058/P-RM du 21 février 2000 et par décret n°01-276/P-RM du 23 juin 2001. Ces différents décrets assignent au ministère entre autres, les attributions suivantes :

    -élaborer et mettre en oeuvre les mesures devant assurer le bien-être de la femme, de l'enfant et de la famille ;

    -assurer une meilleure insertion économique, sociale et culturelle des femmes et des enfants par la prise en charge de leurs besoins spécifiques ;

    -promouvoir les droits de la femme et de l'enfant et veiller à leur respect...

    En plus des directions centrales et régionales du MPFEF, le décret n°99-413/P-RM du 23 décembre 1999 prévoit la mise en place d'un(e) chargé(e) de programme pour la promotion de la femme (...) au niveau de chaque cercle, de chaque commune ou groupe de communes.

    DEUXIEME PARTIE : LA FEMME DU DISTRICT DE BAMAKO ET SA QUETE D'AUTONOMIE

    CHAPITRE III : LA FEMME DU DISTRICT DE BAMAKO

    I. LA FEMME MALIENNE : SON ROLE SOCIAL ET CULTUREL

    Dans la société malienne, la femme a toujours occupé une place de premier choix en sa qualité d'épouse et de mère, de travailleuse et de citoyenne.

    Considérée comme le pilier du foyer et de la famille, elle a un rôle de production et de reproduction. C'est dans son rôle d'épouse et de mère qui lui donne un véritable statut social que la femme est reconnue en premier, ce aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural. Ce statut lui confère un rôle de ménagère quelles que soient les activités économiques qu'elles mènent : travaux agricoles, emplois salariés, etc.

    Elle est celle qui est chargée entre autres des tâches domestiques (préparation des repas, entretien de la maison, etc.) et de l'éducation des enfants ainsi que de leur socialisation. Ces tâches sont de fois longues et pénibles.

    La société lui donne la charge morale de gardienne des us et des coutumes et gérante de l'honneur et de la responsabilité de la famille. Aussi, si l'époux est sale ou mal habillé, d'après la société, c'est la faute à la femme ; la mauvaise conduite d'un enfant est attribuée à la mère qui en est blâmée. Toutes ces images stéréotypées font d'elle un être inférieur et discriminé.

    Les différentes transformations sociopolitiques intervenues dans notre pays depuis l'indépendance n'ont pas entrainé un réel changement du rôle et de l'image de la femme dans la famille et dans la société quel que soit le milieu.

    A. LA FEMME MALIENNE DANS LA FAMILLE

    Petite fille, elle est élevée à être dépendante et soumise. Dans la majorité des cas, son éducation scolaire n'est pas une priorité contrairement à celle du garçon qui est considéré comme un investissement par les parents.

    La fille est élevée à devenir mère et épouse plutôt que citoyenne et responsable. On lui apprend à s'effacer et à jouer un second rôle, alors que le garçon doit être indépendant, dominateur et volontaire. Adolescent, il est déjà associé à certaines prises de décision de la famille où il va jusqu'à remplacer le père absent dans certains cas. Certains parents vont jusqu'à choisir pour la fille ses jeux et ses études généralement littéraires et/ ou courtes.

    Cette situation d'infériorisation de la fille laisse toujours de séquelles chez la femme à l'âge adulte. Dans certaines ethnies, par exemple chez les peulhs, la fille est élevée à ne pas élever le ton et à garder la tête baissée quand elle s'adresse aux adultes ou à l'homme or il est connu de tous que le pouvoir de dire est un moyen de s'assumer et de se libérer des préjugés et des discriminations de l'ordre patriarcal. La relation de la femme à la parole se résume selon Ahmadou Kourouma à trois(03) noms qui ont la même signification : résignation, silence, soumission. Là où les hommes parlent, les femmes n'ont pas droit à la parole. Ce qui illustre bien l'adage qui dit que : « quand le coq chante, la poule se tait ».

    Une telle éducation est pleine de préjugés et de stéréotypes qui accompagnent la femme dans son âge adulte, dans sa vie privée et dans celle publique.

    Ainsi, dans au moins 90% des foyers, l'homme reste celui qui décide seul et la femme celle qui obéit25(*).Cette situation est corroborée par bien d'images stéréotypées comme « le pouvoir est du domaine mâle, c'est un domaine réservé aux hommes. »

    Ceci dénote d'un déséquilibre dans les relations du couple et de la domination systématique de l'homme sur la femme quel que soit le niveau d'éducation de celle-ci et son apport économique dans le foyer.

    Ainsi, ces rapports proviennent essentiellement des comportements culturels découlant de l'éducation reçue dans la famille, une éducation essentiellement patriarcale qui confine la femme à un rôle subalterne, loin des sphères de décisions.

    Dans la plupart des cas, elle n'est pas consultée dans la prise de décisions concernant la vie de la famille, surtout dans un ménage polygamique, même quand parfois il s'agit de ses propres enfants dans certaines familles : la décision du mariage de la fille revient aux tantes qu'à la mère qui est plutôt informée que consultée26(*).

    Nous voyons finalement que, malgré le rôle de pilier de la famille qui lui est dévolue, la femme y fait l'objet de discrimination basée sur le sexe tel que le veuvage.

    B. LA FEMME MALIENNE DANS LA SOCIETE

    Son rôle et son image sont des plus stéréotypés car découlant d'une éducation patriarcale reçue et renforcée par des préjugés socioculturels crées et entretenus par la société. N'est-il pas dit au garçon depuis l'adolescence « qu'un homme ne doit pas confier son secret à une femme ? » une telle pensée exclut toute confiance, voire toute complicité entre l'homme et la femme même dans le couple. La femme est plutôt vue comme un être léger ne sachant pas garder les secrets, donc elle doit mériter aucune confiance de la part de l'homme. Ces pratiques traditionnelles néfastes exercées, voire imposées à la femme, aux filles du fait de son genre. Ce sont entre autres : le mariage précoce ou forcé, la répudiation, lévirat, sororat et les mutilations génitales féminines communément appelé excision. Cette situation de violence et de violation des droits de la femme est aussi favorisée par l'option de polygamie qui est la pratique la plus courante, laquelle met souvent les femmes en compétition face aux faveurs distribuées par l'époux commun. Ainsi, cette option permet légalement à l'homme d'épouser jusqu'à quatre(04) sans en remplir les conditions requises par les textes ou même les percepts de l'islam.

    La société malienne tolère et même accepte cette injustice dont sont victime les femmes. Au-delà de cette acceptation, elle va jusqu'à reconnaitre à la pratique de la polygamie le signe d'un pouvoir de l'homme, pouvoir qui peut être social, culturel ou simplement économique.

    Le plus intéressant est que les femmes elles-mêmes l'acceptent car dans bien des cas, elles disent y trouver leur « compte ». Après tout, ce « compte » dont elles parlent est plus imposé par la société malienne qui est moins tolérante vis-à-vis du célibat de la femme. Tout en lui donnant des « responsabilités » dans la famille, la société ne reconnait pas à la femme le droit de participer officiellement aux prises de décision, ou celui de représentation.

    Aussi, le cadre de l'affirmation de la responsabilité de la personnalité et de l'exercice du pouvoir par la femme, si on peut parler de pouvoir à ce niveau, est-il délimité par cette même société qui lui laisse la sphère privé, un domaine moins visible, moins reconnu et plus contraignant, la sphère publique étant le domaine réservé à l'homme avec plus d'opportunité de s'affirmer, de prendre ou d'exercer le pouvoir, quel qu'il soit.

    Toute femme qui essaie d'occuper une partie de ce « no man's land »est mal acceptée, mal jugée et mal vue par la société et par certaines femmes aussi. Malheureusement, elle est souvent accusée à tort de vouloir «  porter le pantalon », c'est-à-dire devenir homme; une manière de dire encore que le pouvoir est d'essence masculin. Ce rôle secondaire et cette image stéréotypés imposés à la femme par la société ne sont pas, bien sûr, exempts de violence.

    II-LA FEMME DANS LES SOCIETES MODERNES MALIENNES

    Tout comme dans les sociétés traditionnelles maliennes, la femme dans nos sociétés modernes actuelles reste cet être faible à qui on ne doit pas confier de secrets. Sa faiblesse ressort au niveau de la prise de décisions au sein de la famille. En plus de cela, ajoutons son identité en tant qu'agent de production.

    Les femmes dans les sociétés modernes sentent le besoin de s'affirmer, c'est pourquoi elles commencent malgré les difficultés de tout genre, à s'imposer dans tous les domaines : politique, économique, culturel et social.

    Notons cependant que le rôle et l'image de la femme comme avant, n'ont pas beaucoup changé, seulement avec la crise économique, elle se sent plus obligée d'avoir le moyen de s'auto-affirmer. De ce fait, au niveau de son image personnelle, on peut parler de changement avec la création des associations, des groupements d'intérêt économiques, des coopératives gérées et financées par elles-mêmes.

    La femme était autrefois respectée à cause de ses vertus, qualités et rôle, mais elle est devenue de nos jours un objet de plaisir, une marchandise qui, pour être vendue, se livre à des pratiques honteuses telles que la dépigmentation.

    III- LA FEMME DU DISTRICT DE BAMAKO

    La femme du district de Bamako est diversiforme pour ne pas dire « multicouche » et leur caractère diffère selon les quartiers, les secteurs et les disparités socioculturelles sont notoires.

    Elle est analphabète, instruite et interviennent selon sa classe sociale, dans l'économie, dans la politique sans déroger à sa fonction sociale principale de ménagère. On peut dire que la femme de Bamako est entre la tradition et la modernité.

    Dans ce dualisme, les femmes les plus démunies, tout comme leurs homologues de milieux ruraux, pratiquent des activités orientées essentiellement vers la production des biens de consommation alimentaire de la famille. Sans pouvoir d'épargne suffisant, ces femmes arrivent tout de même à tirer de leurs activités assez d'argent pour faire face aux dépenses liées à l'entretien des enfants, aux besoins collectifs de la famille( sucre, savon, sel...) et aux évènements sociaux( mariage, baptême...).

    Cette couche généralement analphabète se livre à des activités commerciales surtout dans l'alimentation, le textile, des ustensiles de cuisines et passent presque toute la journée hors de la maison (marché, grandes artères ou autres espaces / places publiques) ; ce qui les oblige à recruter des aide-ménagères pour les travaux ménagères domestiques et la garde des enfants ; elles exercent tout de même des activités libérales (teintures, coiffures, etc.) dans lesquelles elles s'en sortent bien et qui les procurent un plus grand prestige sur les plans esthétique et vestimentaire.

    Quant à celles ayant fréquenté l'école, elles sont salariées, et présentes dans tous les secteurs (public et privé) et occupent actuellement dans des domaines comme le Bâtiment et Travaux Pratiques et les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication considérés autrefois comme des «  domaines masculins » du fait de leur technicité.

    Leur situation de salariée fait qu'elle n'est plus « esclave » de leur mari dans la mesure où elles gagnent un revenu fixe dont elle peut jouir librement. Le travail salarié a permis à la femme de s'émanciper. Grace à son activité professionnelle et salariale, la femme s'impose comme une personne responsable et consciente. Son travail salarié constitue donc une promotion sociale et économique, si nous nous référons à son statut dans la société traditionnelle. Pour ces femmes, l'emploi est source d'autonomie financière.

    La femme du district de Bamako est le prototype de femme qui essaie de joindre les deux bouts tout en préservant son identité de ménagère. Comparativement à leurs consoeurs du village, elle est émancipées car ayant la capacité de transformer son entourage, elles sont libres et osent prendre la parole pour discuter d'égal à égal avec leur époux des problèmes familiaux. Tout au moins elles savent que la femme et l'homme forment le couple et qu'ils sont complémentaires dans le foyer même si elles se heurtent fréquemment aussi à certaines pensées et images socioculturelles stéréotypées dans certaines sphères de l'émancipation de la femme. Elles sont visibles sur la scène politique, à de proportions faibles, et à tous les niveaux (municipal, régional, dans le gouvernement...). A cette époque de démocratie, les bamakoises se regroupent de plus en plus au sein des associations, formelles et informelles, dans de mutuelles de santé ainsi que dans les groupements d'intérêts économiques. C'est ce qui explique la prolifération des associations et groupements féminines à buts divers.

    De par sa situation sociale et économique mieux en avance sur celle des autres femmes du pays, la femme de Bamako restent le modèle à copier, une vitrine et un miroir pour leurs consoeurs du pays car jouissant d'un meilleur cadre de vie relativement aux autres femmes. Ne serait-ce que de par son emplacement (sa position, dans la capitale) moins hostile par rapport au village, la bamakoise est un peu à l'abri du besoin, loin des champs, maitrisent sa maternité, ayant plus accès aux services sociaux de base et plus enclin à entreprendre.

    La bamakoise milite pour ses homologues des régions mais en réalité, elle-même ne sent pas / subit pas le besoin ou les difficultés contre lesquelles elle revendique au nom de toutes les femmes raison pour laquelle certains n'hésitent pas à les taxer de « MISÔRÔBATIGUI » (littéralement, femme aux grandes voiles), c'est-à-dire grandes dames, déjà émancipées et autonomes et qui crient sans cesse à l'autonomisation et à l'émancipation.

    CHAPITRE IV : LA QUETE D'AUTONOMIE DE LA BAMAKOISE

    Bamako abritant la quasi-totalité des structures en charges des femmes ; la femme de Bamako réclame l'autonomie sur divers échelons non seulement en son nom mais aussi pour toutes les autres femmes du pays.

    I- Typologie de quête d'autonomie de la Bamakoise

    Sa quête d'autonomie sera analysée sur les plans suivants :

    A- sur les plans politique et économique :

    En Afrique, et particulièrement au Mali, la grande masse des femmes a toujours été économiquement active. Elles participent aux divisions traditionnelles du travail basées sur le sexe et l'âge, notamment au sein des familles paysannes et artisanales.

    Suite à l'occupation coloniale et aux politiques postcoloniales de développement, ces modes de vie traditionnels ont commencé à se transformer. La colonisation va ainsi créer une nouvelle forme de marginalisation et de dépendance de la femme avec la fonction de ménagère : « C'est aussi, depuis, que la fonction et le statut de ménagère ont un contenu précis avec les épouses de certains salariés qui, en dehors du travail de ménage (cuisine, lessive, soins aux enfants, etc.), n'apportent aucune contribution à l'obtention des moyens d'existence27(*).» Ce phénomène s'est progressivement étendu à la quasi-totalité des femmes citadines.

    Mais par la suite, des questions de nécessité économique vont obliger ces ménagères à travailler en dehors de la famille. Aussi, l'expansion de l'éducation scolaire, la montée des nouvelles valeurs (démocratie, liberté, égalité) associées depuis plus d'une décennie aux mouvements démocratiques et populaires vont d'une part, créer un noyau de femmes accomplies et d'autre part, accentuer la revendication de l'exigence d'un traitement des femmes sur le même pied d'égalité que les hommes conséquent sur la quête d'autonomie de la femme.

    Depuis lors, donner une autonomie à la fois politique et économique à la femme malienne est devenu un objectif majeur des gouvernements depuis l'avènement de la démocratie au Mali(1991).

    Au niveau politique, depuis l'accession de notre pays à l'indépendance, les femmes ont été écarté de la sphère politique sinon l'ont participé à des proportions faibles. Cependant, elles ont contribué à l'élection des dirigeants mais n'ont pas été conscientes de leurs potentialités à gérer elles aussi les affaires publiques et de leur supériorité numérique. Elles ont été toujours mobilisées par les hommes politiques.

    La prolifération des associations et groupements féminines a été la conséquence de notre jeune démocratie au tout début des années 1990. Depuis ces temps, ces associations, groupements et ONG féminines bien sûr, à partir de la capitale ont dénoncées cette présence relative des femmes dans la politique et mènent sans relâche des manifestations de sensibilisation, d'information, de renforcement de capacité, de plaidoyer et même de lobbying pour un plus grand investissement des femmes dans la politique.

    Si le nombre de femmes dans les électives a été toujours en baisse, de nos jours, surtout dans les grandes villes maliennes comme Bamako ; les femmes, avec l'appui des associations et des groupements de femmes, sont nombreuses presque dans tous les niveaux de la politique : maires, députés, ministres, etc. et n'hésitent plus comme avant à se présenter aux élections en dépit des différentes contraintes de tous genres.

    Les dernières élections municipales ont vu l'élection des femmes de la BASE militaire, avec l'appui du CAFO.

    Au niveau économique, la bamakoise est occupée à différentes activités économiques qui génèrent des revenus non négligeables. On retrouve ces activités au niveau du secteur formel ainsi que celui du secteur informel.

    - dans le secteur formel, de plus en plus avec les politiques nationales de scolarisation des filles, notre pays a enregistré l'entrée des femmes dans le secteur économique formel à l'instar des femmes du district de Bamako et ce, depuis les années 1960. A ce niveau, même si le nombre de femmes reste insuffisant, elles deviennent de plus en plus présentes et actives économiquement tant dans la conception que dans la mise en oeuvre des plans et programmes nationaux. Ainsi, avec l'accès des femmes bamakoises aux postes de décision, leurs rôles deviennent mieux perçus. Ce qui ne veut pas dire qu'il y a déjà une égalité entre hommes et femmes dans les faits. Elles sont par ailleurs, généralement cantonnées dans les secteurs sociaux : santé, éducation, affaires sociales... margé cela, la bamakoise a commencé à occuper les secteurs dits masculins. De plus en plus on la retrouve dans presque tous les domaines de la vie économique de notre pays. Elle envahit de plus en plus le secteur de l'informatique et sont chefs d'entreprise.

    - quant au secteur informel, nombre de chercheurs trouvent que le secteur informel résulte du taux sans cesse croissant des populations vivant en ville d'une part, et d'autre part, des difficultés, voire de l'impossibilité de trouver de l'emploi dans le secteur formel28(*). Pour la bamakoise, le commerce est le domaine d'activité par excellence du secteur informel.

    Dans ce secteur, elle s'affaire dans diverses activités qui vont du commerce en gros, demi-gros et détails, aux prestations de services : secrétariat, bureautique en passant par l'artisanat moderne, la teinture, la couture, le bogolan, la sérigraphie, etc. parallèlement au commerce, les prestataires de services ont vu la diversification de leurs activités ainsi que l'accroissement de leur nombre. En effet, en plus des aides ménagères, il est apparu de nombreuses autres activités dans l'artisanat moderne ainsi que dans la restauration. Elles constituent, pour beaucoup de femmes et leurs familles, des sources de revenus les aidant à subvenir à leurs besoins fondamentaux.

    Comme mentionné un peu en haut, le commerce constitue l'activité principale de la grande majorité des femmes de ce secteur. Très variée, l'activité commerciale comprend les femmes entrepreneurs, de grandes commerçantes import-export, les commerçantes à capitaux moyens et celles qui vendent au jour le jour faute de capitaux. A Bamako, les femmes sont nombreuses et évoluent dans le petit commerce : alimentation, produits maraichers et fruits, etc.

    Les activités génératrices de revenus des femmes évoluant dans l'informel, les activités qui peuvent être principales ou secondaires, connues ou clandestines servent à juguler très souvent les aléas quotidiens. Il suffit donc d'un léger problème/ déséquilibre pour que ces activités économiques s'effondrent puisse qu'elles ne bénéficient d'aucune assurance bancaire. Toutefois, il faut souligner l'existence d'un nouveau phénomène financier qui est accessible aux femmes, ce sont les caisses populaires de crédit et d'épargnent, et à l'heure actuelle, la prolifération des caisses de transfert électronique et téléphonique d'argent.

    En attendant la vulgarisation de ces structures de microcrédits, la majorité des femmes du district évoluant en particulier dans le commerce et dans le secteur informel en général sont exposées à la faillite, étant donné que nombre d'entre elles bénéficient de marchandises à crédit. À cela, il faut ajouter le fait que les femmes du district travaillant dans le secteur informel, concilient leurs activités de ménage avec celles économiques ; ensuite, la plupart d'entre elles exercent le commerce à domicile, chez elles ou dans l'anonymat par peur des taxes et impôts, mais une chose est sûre, c'est que le secteur informel est créateur d'emploi et générateur de revenu non négligeable dans la lutte contre la pauvreté des femmes.

    B- Sur les plans éducatif et sanitaire

    L'acquisition de compétences, de connaissances et de savoir-faire technique par le biais de l'éducation et de la formation joue un rôle clé dans l'autonomisation de la femme.

    Conscientes « qu'éduquer une fille c'est éduquer toute une nation » et qu'une éducation ou alphabétisation influe sur l'état de santé, la bamakoise a fait de l'éducation un investissement dans le capital humain au même titre que l'homme, des études transnationales ont révélé que chaque année additionnelle de scolarité primaire pour une fille a des effets positifs directs sur son avenir : salaires accrus, nombre d'enfants moindre, probabilité réduite d'un mariage à l'adolescence29(*) ; ce qui fait qu'elles sont particulièrement visibles de façon massive aussi à tous les niveaux( séries scientifiques, techniques et littéraires) et à tous stades( primaire, secondaire, et supérieurs) de l'école. La ville de Bamako regorge le plus grand nombre de femmes lettrées, intellectuelles qui, naturellement et contrairement à leurs homologues du village trop débordées par les corvées ménagères, envoient leurs filles à l'école et parfois dans des prestigieuses écoles privées pour bénéficier d'un enseignement de qualité.

    Sur le plan sanitaire, la femme du District, lettrée ou illettrée, de par leur condition de vie un peu plus acceptable, contrôle sa santé.

    Cette situation est favorisée par le fait que les femmes sont proches des structures sanitaires qui les permettent d'avoir la mainmise sur leur fécondité. Elles bénéficient de nombreux progrès scientifiques en matière de santé surtout en ce qui concerne les consultations prénatales et l'accouchement assistés. Elles utilisent les méthodes contraceptives et sont de ce fait peu exposées au VIH/ sida et autres maladies sexuellement transmissibles.

    Même si la couche de bamakoises aux moyens limités n'a pas l'effectivité d'accès aux soins de qualité, elle demeure tout de même plus à l'abri si nous faisons allusion à la précarité dont sont victimes les femmes des villages.

    La santé de la femme est une condition nécessaire à leur autonomisation, une femme malade serait incapable de se procurer les ressources de production dont elle a besoin ou de participer aux activités économiques qui se déroulent dans son entourage.

    C- Sur le plan syndical et autre

    Le district de Bamako regroupe la quasi-totalité des femmes travailleuses et intellectuelles du pays. Conscientes des avantages de la participation des femmes au syndicat, les femmes du district sont en quête d'autonomie syndicale. Face à la surcharge ménagère qui leur pèsent, l'éducation traditionnelle et familiale dont elles sont victimes, et les pesanteurs socioculturelles et même religieuses qui relèguent la femme au second plan, constituant ainsi des freins à la participation des femmes au syndicat ; la bamakoise demande plus de participation aux revendications syndicales, leur représentation dans les organismes syndicales et la lutte contre les discriminations et le harcèlement sexuel dont elles sont victimes dans un environnement fortement dominé par les hommes comme le souligne K.D, fonctionnaire de son état : « bien vrai que nous sommes représenté dans les syndicats surtout à l'U.N.T.M, moi je pense que ce secteur reste la chose des hommes car nous n'occupons pas de places visibles, chose qui nous manque beaucoup. Cette attitude veut montrer tacitement que les hommes savent mieux revendiquer que nous ; chose que nous voulons démontrer le contraire dans les syndicats».

    Sur un tout autre plan qu'est les médias, l'accès à l'information est particulièrement important dans une optique de changement de comportement et de mentalité dans les différents groupes de la société.

    Il faut noter que les évènements du 26 mars 1991 ont engagé le mali dans un vaste processus de démocratisation dont le socle constitue la liberté d'expression et d'association, l'état de droit, la libération des initiatives privées, le pluralisme politique. Cela s'est traduit dans le domaine de la communication par une véritable révolution médiatique. L'accès aux médias est beaucoup plus important en milieu urbain qu'en milieu rural ; à Bamako, 84% des femmes regardent la TV, 83% écoutent la radio et 20% lisent les journaux alors que 43% des femmes rurales n'ont accès à aucun des médias30(*).

    Fatoumata Siré Diakité et autres, dans le Livre Blanc de l'APDF fait le constat que «  la libération de la presse, le foisonnement des titres n'accompagne guère de l'effet correspondant quant à la participation populaire, où l'égal accès de tous les citoyens aux médias (...) l'euphorie a très peu profité aux femmes ». Elle souligne également que la dizaine de titres crées par des femmes n'ont eu d'autre alternatives que la disparition pure et simple31(*)».

    Si les femmes, particulièrement celles du District sont présentes aujourd'hui à tous les niveaux et sont même promotrices d'organes de presse ; en effet, en dehors de cet état de fait, on ne note nulle part une femme dans les instances de décision. Elles jouent des rôles surtout d'animatrice de radios et de télévision. Elles réclament une plus grande couverture médiatique des femmes dites battantes, des problèmes féminins ainsi que des activités revalorisatrices des femmes par les médias qui sont « plutôt focalises sur les personnalités publique et le gouvernement ».

    Cependant, le gouvernement malien est en train d'oeuvrer pour donner à la femme une certaine indépendance et ses efforts ont le mérite d'être mis à la lumière.

    II- Efforts gouvernementaux pour l'autonomisation de la femme malienne:

    Les femmes et les enfants constituent les couches sociales les plus défavorisées dont les droits les plus essentiels sont insuffisamment protégés en raison de leur faible accès aux services sociaux de base, et dans la prise en charge des besoins de la famille. Les femmes et les enfants sont considérés comme les groupes marginalisés de la société quand il s'agit d'exprimer leurs droits de citoyenneté. Afin de renverser cette situation, le gouvernement a créé le Fonds d'appui à l'autonomisation de la femme et à l'épanouissement de l'enfant (FAFE) en janvier 2012.
    Le FAFE est un programme gouvernemental de renforcement de l'émergence des femmes et de promotion des droits de l'enfant à travers des actions diverses. En effet, le fonds est créé par la loi n°2012-002 du 23 Janvier 2012 et dédié au financement des programmes qui favorisent le renforcement des opportunités économiques des femmes et leur participation politique aux niveaux local et national. Il porte également une attention particulière à la réalisation des objectifs axés sur la promotion des droits de l'enfant.
    Le FAFE est, selon Mme Sangaré Oumou Ba, ministre de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de La Famille « l'expression de notre pays pour la Décennie de la femme, pour l'année 2015, déclarée par l'Union africaine Année de l'autonomisation de la femme. Il est aussi l'expression du Mali pour l'Agenda en faveur des enfants maliens. »

    Le FAFE est composé de trois guichets. Le premier est dédié au financement des actions de développement de l'entrepreneuriat féminin afin de consolider la participation des femmes au développement. Le second s'occupe du volet de financement des actions de renforcement du leadership féminin et de la participation politique des femmes. Le dernier guichet finance les actions de réinsertion socioéconomique des enfants en situation difficile.

    Le premier guichet finance :

    -la création et le développement d'unités en milieu rural et rural ;

    - l'adoption de programme de développement d'unité de transformation, labélisés, gérés et exploités par les femmes ;

    -l'appui/conseil aux femmes entrepreneurs pour l'accès au financement des institutions financières ;

    -les activités de renforcements des capacités organisationnelles et de gestion des femmes ;

    -les actions relatives à l'amélioration de la rentabilité du travail des femmes rurales dans les secteurs productifs ;

    -l'appui aux femmes rurales engagées dans l'agroalimentaire à devenir des opératrices économiques.

    Il comprend deux(02) composantes : une composante consacrée au financement des actions de développement de l'entreprenariat féminin en milieu urbain et l'autre pour le monde rural.

    Quant au guichet «  Financement des actions de renforcement du leadership féminin et la participation politique des femmes, il finance :

    -les actions de renforcement des capacités des femmes pour une meilleure participation à la vie politique ;

    -l'appui aux femmes candidates et élues aux élections législatives et communales ;

    -les initiatives incitatives pour une meilleure représentation des femmes dans les instances locales, nationales, régionales/ internationales et les missions diplomatiques ;

    -les actions relatives à une meilleure connaissance des disparités entravant le développement du leadership féminin au niveau national et local.

    Enfin, le guichet «  financement des actions de réinsertion socioéconomique des enfants en situation difficile » finance :

    -le développement d'un programme de lutte contre la mendicité des enfants en milieu urbain ;

    -le développement d'un programme de renforcement des familles des enfants en situation difficiles ;

    -la création d'un dispositif d'accueil, d'appui et d'orientation pour filles migrantes en détresse et enfants victimes de traite.

    Le FAFE, est financé par le budget national, les apports des partenaires techniques et financiers, les dons et legs ainsi que les apports des intérêts. Il a succédé à deux autres fonds qui octroyaient des crédits aux femmes avec de faibles taux d'intérêts. Il s'agit du Fonds d'Appui aux Activités des Femmes (FAAF Layidu) qui, après la dévaluation, a été mis en place par le gouvernement afin d'atténuer les effets négatifs du changement de parité du CFA en 1992.

    Par ailleurs, le Projet d'appui à la promotion des femmes et à l'allégement de la pauvreté a mis en place le SYCREF en 1999 qui avait pour objectif de faciliter l'accès des femmes au crédit et d'assurer la formation de base des femmes afin de favoriser la prospérité de leurs projets. Ainsi, 60 000 femmes ont eu accès aux crédits à travers le système de crédit mis en place auprès du MPFEF.

    Sur le plan politique, la loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 offre la chance d'être représenté à l'occasion des nominations dans les institutions ou dans les différentes catégories de services publics à hauteur de 30%. Cette loi dite de promotion du genre prévoit l'alternance dans les listes de candidature aux élections locales et stipule en son article 2 qu' : « à l'occasion de l'élection des députés à l'Assemblée Nationale, des membres du Haut Conseil des Collectivités territoriales, aucune liste d'au moins trois(3) personnes, présentée par parti politique, groupement de partis politiques ou regroupement de candidats indépendants, n'est recevable si elle présente plus de 70% de femmes ou d'hommes.

    Cette loi vivement saluée par les organisations féminines favorise l'implication des femmes malienne dans la gestion du pays, de la chose publique.

    TROISIEME PARTIE : LE POIDS DE LA TRADITION FACE A L'AUTONOMIE DE LA FEMME MALIENNE

    CHAPITRE V : LE POIDS DE LA TRADITION SUR LA FEMME MALIENNE

    La société malienne se compose de différents groupes ethniques répartis sur l'ensemble du territoire national dont les principaux sont : les Bambaras, les Malinkés, les Soninkés, les Sénoufos, les Dogons, les Sonrhaïs, les Bozos, les Tamasheqs, les Peuls et les Maures. Ils sont nomades ou sédentaires et de fait, évoluent dans trois systèmes de production dominants à savoir l'agriculture, la pêche et l'élevage sur lesquels viennent se greffer l'artisanat et le commerce.

    Ces groupes ethniques se caractérisent traditionnellement par une forte hiérarchie sociale introduisant des clivages entre d'une part les « nobles »; et d'autre part les personnes de « castes » et les « captifs ». Les valeurs socialement acquises sont véhiculées en leur sein à travers une socialisation dont les contenus et canaux d'apprentissage (rites et cérémonies, interdits, pratiques comportementales, contes, adages et proverbes) se transmettent entre les générations principalement à travers l'oralité. Du fait de cette catégorisation sociale, la femme malienne connaît une diversité de situation mettant en jeu son niveau d'accès aux ressources, à la prise de parole et à la décision ou encore d'opportunités économiques et sociales, bref, à ses possibilités d'autonomisation qui lui sont tant nécessaires pour son épanouissement. Cet état de fait est favorisé par les pesanteurs sociales qui résultent de nos us et coutumes, notre tradition.

    I- LES OBSTACLES À L'AUTONOMIE SOCIALE DE LA FEMME MALIENNE

    La famille se présente comme l'institution de base à partir de laquelle s'organise principalement la vie sociale et économique. Malgré la diversité de leurs croyances et pratiques, les ethnies partagent la spécificité de la différenciation des rôles masculin et féminin, même si celle-ci peut varier en intensité selon le milieu géographique d'appartenance la catégorie socioprofessionnelle et l'âge.

    Dans ces systèmes sociaux de type patriarcal, la vie des ménages s'érige selon une culture valorisée de subordination des femmes et de domination de l'homme.

    Traditionnellement l'homme qui incarne l'autorité au sein du ménage, instaure les règles, assure le contrôle et la gestion des biens familiaux, décide de la répartition du patrimoine foncier familial et en planifie l'utilisation, prend les décisions capitales, assure la fourniture des moyens de subsistance notamment la distribution des céréales aux membres du ménage. La femme lui doit respect et obéissance, voire pour certaines cultures un témoignage quotidien de gratitude.

    La femme, mère et épouse a la charge sociale du fonctionnement de la vie domestique, elle réalise les travaux ménagers, prend soin des enfants, entretient la reproduction sociale de la main d'oeuvre. Il lui revient, par ailleurs, de soutenir l'homme dans sa mission sociale au niveau de la famille, en prenant en charge tout ce qui concourt à organiser les conditions favorables à l'accomplissement de cette mission et aussi, dans les conditions d'incapacité (absence, maladie). Elle se substitue alors à l'homme dans la réalisation pratique de ses prérogatives.

    Les rôles sociaux sont ainsi confortés par des stéréotypes qui en font les portraits imagés facilement intériorisés comme étant dévolus aux hommes et aux femmes en fonction de capacités féminines/masculines considérées comme normales. Les stéréotypes, richesse culturelle fièrement affichée, sont souvent confondus à dessein ou inconsciemment avec les sources religieuses (cas de l'excision). Ils gardent une force et un poids moral et psychologique à travers les générations.

    II-LES OBSTACLES EMPECHANT LA FEMME MALIENNE À S'INVESTIR DANS LA POLITIQUE

    Le taux de participation des femmes dans la conduite des affaires et dans la politique en milieux urbain et rural est encore faible au regard de leur poids numérique dans la société. Cette situation paradoxale est significative de la conception patriarcale de la société malienne et de la position d'infériorité de la femme par rapport à l'homme. Le domaine des affaires et de la politique est encore dans la conscience collective un domaine masculin fondé sur l'autorité et le pouvoir, deux attributs qui échappent totalement aux femmes.

    Victimes de leur statut de subordonné, les femmes elles-mêmes renforcent cette discrimination. La plupart d'entre elles manquent de confiance dans leurs capacités personnelles et craignent de ne pas être à la hauteur de leurs responsabilités. En outre, face à leurs obligations familiales et sociales, qui demeurent une exigence, elles hésitent à échanger la stabilité familiale contre une quelconque promotion ; quand elles décident d'aller de l'avant, elles se retrouvent en constante recherche de conciliation entre leurs obligations professionnelles ou politiques et leurs responsabilités d'épouse et de mère. Malheureusement, le plus souvent nombre d'entre elles préfèrent renoncer à une telle promotion.

    Les femmes qui vont surmonter les obstacles découlant de ces discriminations vont être victimes de stéréotypes ainsi que leurs époux.

    Ainsi, à Kadiolo(cité par Béridogo 2005), seront traités de : « bajanbilamuso », ce qui signifie « chèvre en divagation» les femmes commerçantes, et de « musocèkanfola », femme au discours d'homme, la femme actrice politique.

    Dans le même sens, selon une responsable d'association (cité par Béridogo2005) :

    « Toutes les femmes qui ont connu une certaine ascension sociale sont soit des veuves, soit des femmes plus influentes et plus importantes économiquement, plus dynamiques et populaires que leurs maris. Tout mari qui dispose d'une certaine assise économique et financière n'acceptera pas que sa femme participe aux réunions. Toutes nos conseillères sont des épouses d'hommes mous »32(*).

    Ajoutons à cela, la résistance face au changement de certains hommes et de certaines communautés qui digèrent mal une ascension femelle au pouvoir comme le témoignent les propos de ce responsable de parti politique (cité par B.Béridogo) lorsque dans la commune rurale d'Essouk, région de Kidal, une femme,avait été élue maire lors des élections communales de 1997. Mais, elle n'a jamais pu exercer la fonction. Des hommes s'y sont opposés, « l'islam n'interdit pas auxfemmes l'ascension, mais il y a des limites. Une femme ne doit pas exercer desfonctions de chef suprême, gouverneur, député, maire »33(*).

    Aoua Keita explique les difficultés et les injures auxquelles elle a fait face dans son parcours politique et s'est vu interdire l'accès, lors de la campagne électorale, d'un village où le chef de village l'accueillit en ces termes : « sors de mon village, femme audacieuse. Il faut que tu sois non seulement audacieuse, mais surtout effrontée pour essayer de te mesurer aux hommes en acceptant une place d'homme. Mais tu n'as rien fait. C'est la faute des fous dirigeants du RDA qui bafouent les hommes de notre de notre en faisant de toi leur égale. Hé ! Population de Singné, vous voyez ça ? Koutiala, un pays de vaillant guerriers, de grands chasseurs, de courageux anciens combattants de l'Armée française, avoir une petite femme de rien du tout à sa tête ? Non, pas possible. Si tes hommes du RDA se moquent de nous, nous saurons nous faire respecter. Moi sergent-chef de l'Armée française, ayant combattu les Allemands, accepté d'être coiffé par une femme ? Jamais34(*).».

    De telles attitudes persistent toujours dans notre pays et continuent d'empêcher les femmes à jouir d'un de leurs droits fondamentaux : la politique.

    A côté de ces obstacles liés à l'exercice du pouvoir par les femmes, une étude menée par B. Béridogo a analysée d'autres obstacles de diverses natures qui bloquent également les femmes dans l'arène politique. Ce sont :

    · Les obstacles liés aux causes culturelles de la discrimination

    - L'analphabétisme ;

    - le faible niveau d'instruction ;

    - la marginalisation des femmes par les hommes ;

    - le manque de sensibilisation des femmes pour soutenir leurs paires ;

    - la crise de compétence ce qui entraîne la rareté de candidature valable

    - l'incompétence de certaines femmes déjà en poste, élues ou nommées.

    · Les obstacles liés aux causes économiques de la discrimination

    - la féminisation de la pauvreté (manque de propriété pour la garantie);

    - le manque de moyens financiers pour faire campagne au moment des élections ;

    - les difficultés et conditions d'accès au crédit et aux autres facteurs de production.

    · Les obstacles liés aux traditions politiques du Mali

    - La perception négative du politique et le manque de motivation des femmes à militer dans des partis politiques ;

    - l'inexpérience politique des femmes ;

    - la discrimination des femmes au moment de l'élaboration des listes de candidature (mauvais rang sur les listes) ;

    - les difficultés dans la constitution des dossiers de candidature (absence de pièces d'état civil)

    · Les obstacles liés aux causes psychologiques la discrimination

    - La peur d'échouer ;

    - Le manque de confiance des femmes en elles-mêmes ;

    - le complexe d'infériorité ;

    - le manque de solidarité entre les femmes ;

    - les effets de l'éducation traditionnelle ;

    - l'esprit d'adversité et de clan ;

    - le manque « d'agressivité ».

    III- LES OBSTACLES RETARDANT LA RELANCE ECONOMIQUE DE LA FEMME MALIENNE

    Promouvoir l'autonomisation économique des femmes, c'est avant tout promouvoir la participation pleine et entière des femmes au devenir de leur société et en favoriser le développement durable. Cette pleine et entière participation de la femme rencontre de difficultés à bien d'égards.

    A. La surcharge ménagère et l'économie domestique pesant sur la femme malienne

    Après l'analyse de l'implication des femmes maliennes dans les activités économiques marchandes, il ressort que leur niveau de participation reste encore faible par rapport à celui des hommes. Cette faiblesse s'explique d'une part, par des pesanteurs sociologiques et culturelles qui contribuent à décourager le travail des femmes et à les confiner dans des rôles de mère et épouse. D'autre part, elle s'explique aussi par la sous-estimation des taux d'activités qui n'intègrent pas les activités domestiques comme des activités économiques car le Système de Comptabilité Nationale (SCN) ne les considère pas comme telles dès lors qu'elles ne donnent pas lieu à une rémunération.

    Les activités domestiques occupent une part importante de la journée de travail de la femme malienne quel que soit son statut social. Pour remplir son rôle de maîtresse de maison, la femme assure l'entretien de son foyer, donc elle se livre à des tâches purement domestiques qui n'ont aucune valeur marchande. Il s'agit entre autres : de la préparation des repas, la lessive, l'entretien de la maison, l'éducation des enfants, les corvées d'eau, la prise en charge des personnes malades et handicapées, etc.

    On constate que les femmes consacrent beaucoup plus de temps aux activités domestiques.

    Les résultats d'une étude de cas ont permis une évaluation du temps que les femmes consacrent aux travaux domestiques selon leur zone de résidence :

    Tableau N°9: Charge d'occupation quotidienne aux activités domestiques :

    Zone de résidence

    HOMMES

    FEMMES

    Ratio temps H/ temps Femmes

    Effectif

    Zone urbaine

    0.6h

    3.7h

    16.4 %

    20

    Zone rurale Sud

    0.7h

    13.5h

    5.0%

    15

    Zone rurale Nord

    2.6h

    3.4h

    77.8%

    15

    Ensemble du Mali

    1.0h

    7.2h

    14.2%

    50

    Source : Etude d'Evaluation Stratégique des enjeux en matière de genre au Mali, 2005.

    De l'analyse du tableau, il ressort que les femmes du sud sont les plus chargées car seules 5% des tâches domestiques sont exercées par les hommes, les 95% sont prises en charges par les femmes. Au nord par contre, 77,8% des tâches domestiques incombent aux hommes.

    Dans cette répartition du travail domestique, on constate un grand écart entre les ratio homme/femme du milieu rural par rapport au milieu urbain ; les femmes rurales consacrent beaucoup plus temps que les femmes urbaines aux travaux domestiques. Les femmes urbaines consacrent moins de temps aux activités domestiques car elles recrutent des aides ménagères ou « bonnes », ce qui leur permet de mener d'autres activités génératrices de revenus.

    D'après les résultats des enquêtes 123 réalisées auprès de 7 pays membres de l'UEMOA entre 2001-2002, dont Bamako, les femmes passent en moyenne 17 heures par semaine à effectuer des activités domestiques quand les hommes se contentent de huit fois moins (2 heures). Par ailleurs, ces enquêtes mettent en évidence, un phénomène dit de la « double journée des femmes actives » en milieu urbain qui passe plus de temps que les inactives à se consacrer aux activités domestiques (18h contre 16h). Ceci traduit le rôle social joué par les femmes qui se partagent entre deux fonctions : la prise en charge de la reproduction interne des unités familiales et une contribution importante au pouvoir d'achat des ménages à travers l'exercice d'une activité économique.

    B- Le difficile accès à la terre

    a-Accès à la terre selon le droit foncier moderne

    Au Mali, c'est le Code Domanial et Foncier qui détermine les conditions d'accès au foncier naturel (terre et accessoires, eaux, formations végétales) et au foncier artificiel (aménagements hydro agricoles).

    Au niveau du foncier naturel, la femme rurale dispose donc de tout un éventail d'instruments juridiques de droit moderne qui lui garantit le droit de propriété. Toutefois, les populations rurales continuent de privilégier les us et coutumes en la matière.

    Au niveau du foncier artificiel, l'accès à la terre est reconnu à la femme sans discrimination alors que les critères d'accès ne favorisent pas la femme. Le foncier artificiel est constitué de périmètres aménagés dont les principaux sont l'Office du Niger (ON) qui fournit actuellement 50% de la production de riz du Mali, de l'Office du périmètre réhabilité de Baguinéda (OPIB), de l'Office Riz Ségou (ORS), de l'Office Riz Mopti (ORM), et des petits périmètres irrigués villageois de Gao. Dans toutes ces zones, les terres sont toujours immatriculées au nom de l'Etat ; par contre, les modes d'exploitation de ces aménagements ressortent de la réglementation propre à chaque zone.

    · Dans la zone de l'Office du Niger (ON), Ségou :

    La loi reconnaît à la femme rurale le droit d'accès au foncier aménagé de l'Office du Niger sans discrimination et établit une parité entre l'homme et la femme pour ce qui concerne les voies d'accès. La substitution de l'indicateur d'attribution à connotation discriminatoire "travailleur-homme" par celui de "travailleur-actif" plus neutre a facilité l'intégration des femmes dans ces périmètres. Même si les femmes, chefs d'exploitation, ne représentent que 3% des effectifs en 2003.

    · Sur les terres aménagées de l'Office du Riz de Ségou (ORS), Ségou 

    L'ORS est un établissement public doté de personnalité morale et d'autonomie financière. Il encadre 234 villages ; la propriété des terres revient à l'Etat. L'accès à la terre est soumis à l'avis d'une commission technique qui accorde la priorité aux femmes exploitantes sur place. Les femmes ne souffrent d'aucune discrimination quant à l'accès aux terres rizicoles tant à titre individuel qu'à titre collectif.

    Sur l'ensemble de ces deux zones, la démarche d'attribution est la même. Hommes et femmes ont les mêmes droits à ce niveau. La formulation de la demande et le respect du cahier de charge sont exigés pour les deux sexes.

    · Dans la zone de l'Office du Riz de Mopti (ORM), Mopti 

    Dans cette zone la population est à 98% rurale. Les demandes de parcelles pour la culture du riz sont adressées à l'Office Riz Mopti à travers les associations villageoises. Pour être éligible, il faut être chef de famille ou chef d'unité de production et avoir un degré d'équipement conséquent ou des moyens financiers suffisants afin de mettre en valeur la terre.

    Ces critères seront difficiles à remplir par les femmes dans la mesure où le statut de chef de ménage revient à l'époux et qu'elles sont rarement propriétaires d'actifs de production. De plus, à ces disparités s'ajoutent les normes d'attribution des superficies qui octroient 0,30 ha à l'homme contre 0,21 ha à la femme éligible. La priorité est de fait accordée aux hommes en tant que chef de famille.

    · Sur les terres irriguées de l'office du périmètre de Baguinéda 

    L'attribution de parcelles aux ruraux se fait dans les mêmes conditions qu'à l'Office du Riz de Mopti où les critères de chef de famille et de disponibilités d'actifs de production sont appliqués.

    Ainsi, malgré les textes officiels qui stipulent l'égal accès à la terre sur le foncier artificiel, il faut souligner que dans la pratique l'attribution est inégalitaire comme en attestent les critères d'attribution dans les zones de l'ORM et de l'OPIB. En réalité, la pression est le facteur déterminant. En effet, chaque fois que les terres sont limitées, la priorité est accordée à l'homme. Les propos recueillis auprès de chefs d'exploitation illustrent bien cet état de fait :

    En fait, dans la catégorie des chefs de famille, seule la femme veuve peut être considérée comme telle et cela en cas d'inexistence ou d'absence d'un fils majeur. Pour les sites aménagés pour la culture maraîchère, où les femmes sont les principales productrices, les superficies, également attribuées selon le critère de chef de famille, représentent le double de celles attribuées aux femmes.

    b- Accès à la terre suivant le droit foncier coutumier

    En dehors des périmètres aménagés, on constate que les ressources naturelles sont régies par le droit coutumier qui est constitué d'un ensemble de règles traditionnelles de nature socioreligieuse qui déterminent la position des populations vis-à-vis de l'attribution, de la gestion et de l'exploitation de la terre et de ses accessoires (eau, pâturage, forêts...). Il convient de faire une distinction entre la situation dans le Sud et dans le Nord du Mali.

    · Les Zones non aménagées du Sud du Mali

    Pour connaître les moyens par lesquels la femme rurale accède à la terre selon les us et coutumes, il suffit de mettre en exergue le rôle qui lui est dévolu dans le système de production rurale.

    Ainsi on observe que la facilité d'accéder à une parcelle de culture n'est pas synonyme de sécurité foncière pour la femme rurale.

    Dans les périphéries des grandes villes, on observe une pression de plus en plus forte sur la terre à cause d'un changement de mentalité chez les ruraux pour qui la terre perd peu à peu sa valeur sacrée.

    · Les Zones non aménagées du Nord du Mali

    La région de Gao présente la particularité, au plan foncier, d'avoir subi un recensement foncier vers 1949. Ce recensement a modelé le caractère individualiste de la propriété foncière, qui sert de base au cadastre traditionnel pour l'identification des terres.

    Une des conséquences de l'individualisation de la terre est la disparition du terroir villageois en tant qu'espace homogène collectif géré par une autorité ou une institution au nom de la communauté villageoise. Cette situation a fait qu'aucune terre ne peut être affectée à un usage sans le consentement de son propriétaire. Le fait que la majorité des terres appartienne à la minorité de la population favorise toutes sortes de situations : vente, métayage, location, etc.

    Ainsi, quel que soit la communauté concernée, la relation de la femme à la terre est régie par les règles du droit coutumier et ce malgré les dispositions de la Constitution et du Code Domanial et Foncier qui reconnaissent l'accès égal à la terre à l'homme et à la femme.

    Ces disparités de traitement explicitent bien les difficultés que la femme rurale rencontre pour subvenir à ses besoins, à ceux de sa famille et en même temps participer efficacement au développement économique du ménage. Cette situation contribue pour beaucoup à la féminisation de la pauvreté. Elle affecte également la capacité d'investissement de la femme parce que, si rien ne change, elle ne sera jamais en mesure de fournir en garantie un titre de propriété pour obtenir par exemple un crédit bancaire, destiné à accroître sa surface financière.

    C- hiérarchie, rôles et division du travail au Mali

    Pour ce faire, on dénote que la hiérarchie se joue sur plusieurs plans. On la remarque d'abord par le principe de l'âge. Les aînés ont un respect et une autorité inconditionnels, peu importe leur sexe. Ainsi, un jeune se doit d'obéir aux commandements de son aîné(e). Cependant, la hiérarchie est aussi existante par la prédominance du sexe masculin. Donc, la femme, de manière générale, est subordonnée à l'homme, mais aussi aux femmes plus âgées qu'elle. On constate, entre autres, ces rapports hiérarchiques par les chaînes de parole. Par exemple, lors d'une réunion, un jeune homme ne peut s'adresser directement à l'aîné qui dirige la conversation. Il doit s'adresser à la personne au-dessus de lui dans la hiérarchie d'âge, qui elle fera circuler le message de la même manière. Cela s'applique aussi pour les femmes. Donc, une chaîne verbale est créée suivant l'âge des gens. Par ailleurs, les femmes doivent passer par leur représentante, qui est souvent l'aînée, pour s'adresser aux hommes. On a vu précédemment que l'homme prend les décisions au sein de la famille et, du moins, même si les femmes participent, c'est l'homme qui détient le dernier mot. Ceci est un exemple clair de hiérarchie démontrant une subordination des femmes. Ce pouvoir de décision s'impose dans tous les domaines, donc nécessairement dans celui du travail.

    Bien évidemment, les rôles des hommes et des femmes ne sont pas les mêmes.

    Les tâches des hommes s'apparentent au domaine de la production alors que celles des femmes sont à la fois de l'ordre de la reproduction et de la production. Dans les zones rurales, où les gens vivent -pour ne pas dire survivent- de l'agriculture, la production s'exprime par tout ce qui touche le travail aux champs. Pour ce qui est du terme de reproduction, il évoque la procréation, donc donner la vie. Les femmes sont en charge de l'éducation et de la transmission des valeurs et de la culture. On confère à la femme toutes les responsabilités liées aux enfants, car biologiquement elle leur donne naissance.

    En conséquence, la femme s'acquitte, non seulement de toutes les tâches domestiques, mais aussi du travail aux champs. Il importe de spécifier que les tâches domestiques regroupent plusieurs activités. D'abord elles font référence à tout ce qui touche de près ou de loin les enfants, la collecte de l'eau, du bois, la préparation des repas, la lessive, la vaisselle ainsi que le pillage du mil (céréale à la base de leur alimentation). Les femmes se trouvent donc avec une lourde tâche qui ne s'arrête que très rarement.

    Dans une certaine mesure, la division des tâches peut être complémentaire, mais elle illustre certainement une subordination des femmes par l'ampleur des tâches effectuées.

    Enfin, les femmes sont ainsi les piliers des familles et voient à ce que tout fonctionne correctement.

    En milieu urbain, la femme tient toujours ses activités de « soins » nécessaires au maintien du lien social comme son homologue du village. L'homme contrairement, s'occupe de ramener les aliments de consommation de la famille et d'assurer le bien-être de la famille. Cette division du travail selon le sexe est nettement en défaveur de la femme sur qui pèsent les travaux les plus longs et pénibles et qui, très souvent nécessitent de l'attention. C'est ce qui a fait réagir, lors du Séminaire de Rosario sur les droits des femmes en Amérique Latine (décembre 2009) une participante de Colombie qui disait que : « Ce n'est pas naturel que les femmes soient tournées vers les activités ménagères et ce n'est pas par nature que les hommes en seraient incapables. Qui oserait croire que le fait de pouvoir enfanter donne du talent pour faire la vaisselle ?

    Eduquer les filles dès l'enfance à tenir ce rôle domestique, par imitation de leur mère et par pressions familiales et sociales, c'est ne pas leur donner les mêmes chances qu'aux garçons de faire des études (...) Enfermer les femmes dans cette fonction c'est bien souvent leur fermer l'accès à une activité professionnelle reconnue et rétribuée.35(*)»

    D- Le poids de la religion sur la femme

    L'islam et le christianisme bien qu'ayant largement contribué à la protection de la femme surtout dans les sociétés fortement coutumières, sont des obstacles à l'amélioration de leur statut. D' abord par la mauvaise interprétation des règles religieuses et ensuite par l'absence de dissociation entre ces règles et les coutumes. Il s'agit alors de voir ce qui recouvre chacune des deux religions.

    a. L'Islam

    L'on retiendra que la société malienne, musulmane à 90%36(*) a adoptée l'idéologie islamique en matière de statut de la femme. Cette idéologie est dominée par la soumission aveugle et inconditionnelle à celle-ci à l'homme. C'est au nom de cette idéologie qu'elle accepte elle-même son sort ainsi que toutes les violences exercées sur elle.

    Ainsi quand les méditations du prophète se tournèrent vers les femmes, ce fut essentiellement pour consolider les prérogatives des hommes d'une situation déjà établie. «  Si je dois ordonner à une personne de s'incliner devant une autre, c'est à l'épouse que j'ordonnerai à s'incliner devant son époux...la femme n'aura accompli ses devoirs envers Dieu que lorsqu'elle aura accompli ses devoirs envers son époux » (le coran).

    L'essence de l'islam, tournée essentiellement vers les mâles et consacre leur suprématie, fut également dénoncé dénoncée par les femmes déjà converties.

    Aussi, les diatribes abondent sur eux, leur imputant une malignité naturelle. «  Nous avons les héritiers pour les plaisirs de l'esprit, pour le plaisir des sens, et des épouses pour nous donner des enfants ; la femme est le négatif de ce positif, elle est son antithèse ». Nombre d'hadiths montrent la femme plutôt mauvaise dans son essence et prônent son éloignement du pouvoir : «  ne connaitre jamais la prospérité au peuple qui confère ses affaires à une femme. La femme est un mal nécessaire... »

    Ajoutons aussi qu'au Mali, l'amélioration du statut de la femme est compromise par la mauvaise interprétation des règles du coran et aussi le manque de dissociation entre ces règles et les us et coutumes. Par exemple, la pratique de l'excision est souvent présentée comme une instruction coranique, dans certains milieux, l'interdiction aux femmes de sortir la nuit est aussi considérée comme d'origine coranique.

    Malgré tout, des améliorations appréciables sont là ; l'islam reconnait des droits imprescriptibles et consacre la liberté de la jeune fille/ femme, appelée à se marier en ce qui concerne son avis est désormais requis pour le choix de son futur époux. Dans le mariage polygamique, le mari a l'obligation d'agir en toute équité entre ses épouses. Les règles qui établissent la division du travail par sexe et qui définissent la condition de la femme sont en premier lieu, celles du coran. Le prophète fera des reformes à l'endroit des femmes en les réintroduisant dans l'héritage et la limitation de la polygamie à quatre (4) femmes.

    Ainsi les hommes sont considérés comme le soutien familial ; c'est à eux de fournir à la femme, ses besoins vitaux : nourriture, abri, vêtement,...

    En échange, on attend de la femme qu'elle accomplisse une série de tâches domestiques : donner des enfants et les entretenir, faire la cuisine, etc.

    Il n'y a pas de dispositions textuelles islamiques explicites quoi que ce soit qui prive la femme de compétences dans le domaine des activités politique et économique. Mais si nous envisageons la question d'un autre point de vue, nous constatons que les fondements de l'islam ainsi que ses principes empêchent la femme le droit d'exercer des activités politique et économique non pas à cause de son probable incompétence, mais pour de raisons d'intérêt social :

    -la protection de la famille exige de la femme une disponibilité totale.

    -la fréquentation des hommes étrangers est interdite à la femme par l'islam et surtout l'entrevue en tête à tête.

    -le fait de monter autre chose que ce que Dieu a permis, c'est-à-dire le visage, les mains jusqu'aux poignets, est aussi interdite par l'islam.

    -le voyage monotone de la femme en dehors du pays, sans être accompagnée par un homme (ayant des rapports de parenté et qui rendent le mariage prohibé) est aussi une prohibition de l'islam.

    Pour ces raisons nous pouvons dire que la fonctionnarisation, l'entreprenariat féminin est une question que l'islam reprouve avec force pour ne pas dire qu'il l'interdit, non pas à causes de la carence de la femmes, mais à cause des préjugés sociaux qui en découlent.

    b. Le christianisme

    Malgré le message d'amour et discours égalitaire du christ, la théologie, forte de ses racines juives, eut sa part de responsabilité dans le renforcement et la justification de l'autorité paternelle et maritale en invoquant constamment deux textes lourds de conséquences pour l'histoire de la femme. Le premier de ces textes est celui de la genèse dont les actes du drame sont :

    -Acte premier :sur la création de la femme

    La création de l'homme qui, aussitôt sorti des mains divines, nomme toutes les espèces animales crées avant lui. Le voyant déçu de ne trouver parmi elles la compagnie qui lui fit assortie : Dieu l'endorme, prend une de ses cotes et formes un tissu de chair autour : ainsi naquit la femme.

    -Acte deux : Les malédictions

    Chacun garde en mémoire les deux promises à Eve : «  j'aggraverai tes labeurs et ta grossesse et tu enfanteras dans la douleur », «  la passion t'attirera vers ton époux et lui, te dominera ». Le concept de passion implique nécessairement les idées de passivité, de soumission, d'aliénation qui définit la condition féminine.

    Dans ce texte majeur et premier dans la Bible, découlent un certain nombre de conséquence pour l'image et le statut d'Eve. Plus accessible aux tentations de la chair et de la variété, elle s'est rendue, par ses faiblesses, coupable du malheur de l'homme. Au mieux, elle une créature faible et frivole.

    E-L 'analphabétisme, un mal qui frappe beaucoup plus les femmes

    L'éducation permet l'acquisition des connaissances sans lesquelles la jouissance des autres aspects du développement et la réalisation des projets personnels seraient gravement compromises ou fortement limitées. Aussi, la simple capacité de lire et d'écrire ne constitue pas une preuve d'un niveau élevé d'éducation, mais elle s'apparente à la connaissance de base la plus importante pour l'émergence et la propagation d'un développement humain minimal.

    Or selon une étude menée par l'Agence Suédoise de Coopération Internationale Au Développement en 200437(*), la proportion des femmes et des hommes âgés de plus de 6 ans qui n'ont jamais été à l'école est respectivement de 77% et 66%. Moins de 2% des femmes et 3% des hommes ont fini l'école primaire. Entre 7 et 12 ans, seulement 44% des garçons et 33% des filles vont à l'école. Parmi les enfants entre 13 et 18 ans, seulement 10% vont à l'école secondaire. À tous les niveaux, moins de filles que de garçons vont à l'école.

    Seulement 15% des femmes savent lire et écrire comparées à presque 32% des hommes. Comme pour l'éducation, l'analphabétisme se retrouve parmi les personnes âgées des régions rurales et pauvres38(*). « Selon l'EDS-III, 80,0% des femmes maliennes n'ont aucun niveau d'instruction. Elles sont 11,3% au primaire, 4,9% au secondaire et 3,8% au niveau supérieur39(*)».

    Tableau N°10 : Alphabétisation de la population de 15 ans et plus (en %)

    Année

    Masculin

    Féminin

    Ecart

    2001

    30,7

    12,7

    18,0

    2006

    34,9

    18,2

    16,7

    2009

    41,6

    18,8

    22,8

    2011

    43,1

    24,6

    18,5

    2014

    41,5

    21,5

    20,0

    Source : CNDIFE, Bulletin Statistique, La femme et l'enfant en chiffre 2014, octobre 2015.

    Les disparités homme/femme persistent en défaveur des femmes. : L'alphabétisation fait référence à toute personne sachant lire, écrire dans une langue quelconque. Sur cette base, d'après les résultats du CNDIFE en 2006, le taux d'alphabétisation des femmes était de 18,2% contre 34,9% chez les hommes. En 2001, soit un taux d'alphabétisation des femmes de 12,7% contre 30,7 % chez les hommes.

    Les femmes, sont restées en marge des activités d'alphabétisation en raison de leurs multiples occupations, de la réticence des maris, des pesanteurs socioculturelles et de l'extrême pauvreté des populations surtout en milieu rural.

    Tableau N°11 : Proportion de la population (6 ans et plus) n'ayant jamais fréquenté l'école

    Pop de 6+ ans n'ayant jamais

    fréquenté

    Hommes

    Femmes

    Parité

    Année 1998

    66,8%

    80,6%

    124%

    Année 2001

    70,2%

    81,4%

    120%

    Année 2003

    63,5%

    75,1%

    122%

    Année 2006

    61,3%

    72,7%

    121%

    Source: RGPH98, EMEP 2001, ELIM 2003, ELIM2006 - DNSI cité dans le Rapport sur la situation de la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM.

    a) Le niveau d'instruction des femmes demeure faible:

    L'instruction fait référence au fait d'avoir fréquenté une fois l'école conventionnelle. En 1998, 80,6% des femmes (6 ans et plus) n'ont jamais fréquenté l'école contre 66,8% d'hommes de la même tranche d'âge. Le rapport de féminité14 correspondant est de 124 femmes pour 100 hommes qui n'ont jamais fréquenté l'école (Tableau N°11). L'examen de ces indicateurs au cours des trois dernières enquêtes (2001, 2003 et 2006) permet de se rendre compte que l'écart entre le sexe masculin et le sexe féminin se maintient malgré le fait que la proportion de femmes n'ayant jamais fréquenté soit en diminution.

    b) Les considérations socioculturelles comme déterminant de la demande scolaire :

    Les disparités enregistrées dans l'accès à l'éducation selon le sexe s'interprètent comme étant la conséquence logique de la division sexuelle du travail. En effet, dans le cadre de cette division classique, le rôle et la place de la femme au Mali se trouvent dans le foyer et se situent principalement au niveau de la procréation et à l'accomplissement des travaux domestiques. Un certain nombre de perceptions et de préjugés socioculturels militent en défaveur de la fille en ce qui concerne son accès à l'éducation comme l'attestent ces propos ci-dessous :

    « Bon nombre de parents pensent que les garçons doivent être encouragés à terminer leurs études ; puisqu'une fois qu'ils deviennent fonctionnaires, la famille peut compter sur eux ; par contre la fille est appelée tôt ou tard à fréquenter un autre foyer » (une éducatrice de

    Koutiala)40(*).

    « Envoyer sa fille à l'école n'a pas de finalité. Elle est appelée à aller construire le foyer d'autrui » (femme de Badinko, Kita)41(*).

    Face à ces considérations fatalistes, il est important de préciser que l'école est utile et en particulier qu'elle procure à la femme un certain nombre de bien-être indispensable à son épanouissement. Conscient du rôle de l'éducation dans le développement socioéconomique de l'homme en général et de la femme en particulier, le Mali, très tôt, a exprimé sa volonté de faire de l'éducation une priorité nationale.

    L'analphabétisme et le manque de formation qualifiée maintiennent les femmes dans l'ignorance. Cette ignorance fait que la femme est mal placée pour affronter les problèmes que pose un environnement difficile sur le plan socioculturel. Quelque fois cet environnement l'oblige à se résigner et accepter sa situation comme une fatalité.

    IV- Le droit de la femme au Mali, un droit à cheval entre le droit moderne et le droit coutumier

    La remarque que l'on peut faire de notre système juridique, c'est la coexistence sinon, pour dire ainsi, un fondamentalisme juridico-coutumier, surtout quand il s'agit des femmes. On constate donc une double volonté des autorités de faire évoluer le droit, de suivre le monde et celle de garder tout de même nos valeurs socioculturelles. Ce qui fait que nos textes sont très souvent en retard sur certaines questions touchant la femme et dont les tentatives d'évolution sont très souvent accompagnées de mouvements de protestations religieuses qui influencent facilement les autorités.

    Un exemple typique en est « le Code des personnes et de la famille » dont le processus de relecture en 2011 a été pris en otage par les autorités religieuses musulmanes et ce, malgré tous les efforts déployés par le Gouvernement et la société civile féminine. La relecture du Code a porté sur les droits de la personne, le mariage religieux, le divorce, la filiation naturelle et l'adoption, la minorité, la tutelle et l'émancipation et enfin les successions. Sur un total de 1143 articles, 51 ont été amendés et adoptés par l'Assemblée Nationale. Il est important de noter que les thèmes ayant fait l'objet de relecture sont ceux qui portent directement sur les rapports hommes/femmes, visualisant du coup tout l'intérêt des tenants pour la maitrise des normes régissant ces rapports sexo-spécifiques à savoir :

    - La femme reste et demeure une éternelle mineure (elle doit obéissance et soumission à son mari).

    - Son consentement n'est pas prise en compte pour le mariage de sa fille mineure ce qui laisse les portes grandement ouvertes au mariage précoce et forcé (selon l'article 284 dudit code, « Le futur époux, en principe, ne peut contracter mariage, en cas de dispense d'âge, sans le consentement de ses père et mère. En cas de désaccord, l'avis du père suffit.

    En cas de décès ou d'impossibilité pour le père de manifester sa volonté, le consentement du conseil de famille élargi à la mère suffit. »)

    - La femme n'a pas d'avis à donner sur la tutelle de ses enfants mineurs, elle n'est plus responsable pour gérer sa famille lorsque le mari décède car le conseil de famille prend la place du chef de famille42(*).

    Le nouveau Code est considéré par bon nombre d'observateurs comme étant en net recul par rapport au texte de 1962(le code du mariage et de la tutelle) puisqu'il fait prévaloir les traditions religieuses et établit une discrimination entre la femme et le mari et viole les droits fondamentaux des femmes et des enfants.

    V- Les violences faites aux femmes comme freins à leur autonomisation

    A. Quelques violences faites aux femmes

    La violence contre la femme existe dans toutes les sociétés maliennes. Elle est ancrée dans les mentalités, elle se manifeste à domicile, sur le lieu de travail, dans la rue, à travers les médias, dans la vie publique et sous différentes formes : agressions physiques, coups et blessures volontaires, viols, violences sexuelles, incestes, séquestrations, mariage forcés,... elles sont présentes dans les sociétés patriarcales où la femme occupe une position de subordination et d'infériorité, soumise à l'exploitation sous toutes ses formes. La femme subit quotidiennement la violence au nom de la tradition dont les normes mal définies ne profitent qu'à ceux qui la conservent et en jouissent : les hommes.

    Ainsi les expressions de la violence sont multiples, elles se traduisent en famille par le comportement de l'homme qui pense que la femme est une propriété dont il peut jouir et disposer sans s'attendre à une quelconque réaction rebelle de la part de celle-ci.

    Les manifestations les plus courantes et régulières sont entre autres, les obligations multiples imposées par les règles traditionnelles de la vie conjugale comme les mariages précoces et / ou forcés, les grossesses multiples et souvent indésirées, les excessifs travaux domestiques, le viol conjugal, les rites liées au veuvages, l'expropriation de la femme en cas de divorce ou décès du conjoint, le lévirat, le sororat, la confiscation totale du pouvoir de décision à la femme...les violences faites aux femmes sont multiples et multiformes et leurs natures sont variantes. Elles sont très souvent accompagnées de pratiques traditionnelles néfastes à la femme qui constituent également des formes de violence exercées à l'encontre de la femme au nom de la tradition et de la culture. Les plus courantes dans notre pays sont entre autres les tatouages, scarifications, gavage, les mutilations génitales, la diète excessive en vue du mariage etc.

    B. La conséquence des violences sur leur autonomisation

    Il résulte des violences sur les femmes, des conséquences qui se répercutent non seulement sur les femmes (victimes) mais également sur leur famille et sur l'ensemble de la collectivité.

    a. Sur la femme elle-même

    La femme qui subit la violence sur le lieu de travail, au foyer a forcément un rendement faible du fait qu'elle sera moins concentrée sur son travail, elle saisit chaque opportunité pour se soustraire aux jugements. La violence a un aspect négatif sur la promotion professionnelle de la femme, cette situation peut à la longue entrainer une perte d'emploi.

    La femme ayant subi des violences est si faible psychologiquement qu'elle sera vulnérable du fait qu'elle se culpabilisera chaque fois, ce qui l'amène à se dévaloriser et à se sous-estimer faisant ainsi perdre son estime de soi, la rendant alors encore soumise et dépendante.

    La violence contre les femmes restreint à leur égard un des droits fondamentaux de la personne à savoir le droit à la sécurité. La violence menace la liberté de mouvement, d'expression ..., elle mine l'estime et la confiance en soi en plus de rabaisser la dignité humaine. Elle limite les choix et empêche les femmes de participer au même titre que les hommes au développement de leur pays. Quand du fait de la violence ou de la menace qu'elle représente, les femmes ne peuvent assister à des réunions, gagner leur vie, conserver leur revenu, participer pleinement à des projets de développement.

    Aussi, un époux dont la femme a été harceler sera peu enclin ou sera résistant à l'implication de cette dernière dans les activités économiques rentables qui, nécessitent le plus souvent des voyages, et dans la gestion de la vie publique, c'est-à-dire à exercer la politique, dans laquelle elle sera fréquemment aux contacts des hommes.

    b. Sur la famille et la société :

    Lorsque les comportements violents tendent à se répéter d'une génération à une autre et les enfants témoins de violence au foyer sont plus susceptibles d'être malades, d'éprouver des difficultés sur le plan social et d'avoir un faible rendement scolaire. Ces adultes de demain voient leur avenir remis en cause et se jettent dans la délinquance (drogue, prostitution, vol, ...).

    En ne mettant pas à profit le potentiel des femmes et en ne leur permettant pas de participer aux projets de développement, la société se prive de la contribution d'un grand nombre de ses membres ; en outre l'efficience et l'efficacité des projets et programmes s'en trouvent réduites et même leur réussite est menacée.

    En réduisant la participation de la femme, la société perpétue l'inégalité, le manque d'équité, l'injustice et l'insécurité au sein d'elle-même. Pourtant tous les rapports des grandes institutions et la 4ème Conférence Mondiale sur les femmes relèvent que le développement durable passe nécessairement par une meilleure qualité et condition de la vie pour toutes les personnes sans regard à leur sexe43(*).

    Tant que les inégalités, les injustices et la domination des uns sur les autres persisteront le développement durable ne sera qu'une utopie.

    Chapitre VI : Analyse de la situation ou Analyse et interprétation des résultats de l'enquête

    I- Résultats qualitatifs :

    Voici quelques discours présentés selon leur ordre d'enregistrement, ils proviennent des interviews faites auprès de certains acteurs de la promotion féminine (D.N.P.F, D.R.P.F.E.F.B, CNDIFE, etc.), des personnes sus-indiquées et de réponses (qualitatives) contenues dans le questionnaire administré sur le terrain :

    Discours N°1 : une présidente d'association de femmes

    « Impossible de parler de la Femme malienne. Selon qu'elles vivent en zone rurale ou en zone urbaine, dans un environnement conservateur et traditionnaliste ou dans un environnement intellectuel, la vie des femmes diffère. Une chose est sûre, leur vie n'est pas aisée. Autrefois, les mamans contribuaient aux besoins de la famille ; aujourd'hui, elles jouent un rôle prépondérant et nécessaire à la survie. Elles sont peu nombreuses à avoir un emploi rémunéré ou à créer leur propre entreprise. Elles exercent majoritairement dans le secteur informel. Leurs revenus leur permettent de nourrir la famille, d'éduquer les enfants et d'avoir un minimum d'autonomie vis-à-vis de leur époux. Et pourtant, à l'époque de nos grand-mères, de nos mères, les femmes maliennes s'exprimaient. Leur empreinte était forte. Elles se sont battues pour que le Mali accède à la démocratie. Elles ont donné leur poitrine aux balles. Aujourd'hui, le Code de la famille en vigueur a dégradé le texte d'origine qui n'avait rien à envier aux démocraties occidentales. Aujourd'hui, la société malienne a reculé. Je reste optimiste, car sur la scène politique et dans le monde économique,  de plus en plus, des femmes émergent et s'imposent. Nous, jeunes, sommes à la croisée des chemins, entre tradition et modernité. Les femmes maliennes sont en bonne voie. »

    Commentaire : cette militante met en lumière les difficultés de la femme malienne qui est diverse selon les milieux ou selon son niveau d'instruction. Elle souligne également sa condition de vie pas très aisée du fait qu'elle a peu accès à l'emploi et est moins créatrice ; cette intervenante pense que la pauvreté des femmes maliennes leur empêche d'avoir un peu d'autonomie vis-à-vis de leur époux mais souligne également la bravoure des grand-mères qui ont luttées pour l'émancipation des femmes et la démocratie au Mali. Elle pense également que le code des personnes et de la famille constitue un recul pour la femme malienne même si elle reste optimiste à cause de l'émergence, actuellement, des femmes sur la scène politique et économique. En sommes cette dirigeante d'association féminine estime que : «Les femmes maliennes sont en bonne voie».

    Discours N°2 : F. S., chef d'entreprise dans l'A.C.I 2000

    « Ce sont les femmes qui se sont toujours levées quand le Mali était en danger. Malgré le poids culturel et social, la vie des femmes dépend d'elles-mêmes. Elles peuvent s'épanouir et beaucoup agissent pour émerger. Elles ont des choses à dire et à faire. Elles savent prendre les droits dont elles ne bénéficient pas. Il y a une vraie césure entre celles qui vivent à Bamako et les femmes rurales. Les jeunes urbaines ont parfois perdu le sens des valeurs fondamentales de notre culture, alors que les rurales sont souvent envahies par le traditionalisme qui les freine. Que ce soit au pays ou en France où je vis, on parle d'égalité des droits, mais dans nos familles, les filles sont éduquées à se soumettre à leur mari. C'est ancré dans notre culture. Nous subissons une pression sociale. Le mariage de leurs filles demeure l'objectif principal des parents, quelles que soient les études entreprises par la jeune femme. En milieu malien, les hommes craignent parfois l'ambition professionnelle des femmes. Ils ont peur qu'elles ne restent pas «à leur place». Nous, les jeunes, devons astucieusement savoir rester dans l'ombre, mais agir, nous épanouir, sans déséquilibrer nos valeurs socioculturelles. Inutile de prouver à ton mari que tu réussis mieux que lui ou que tu gagnes plus que lui. Oser, travailler, atteindre nos objectifs, sans insister, c'est respecter l'autre. Mais, chez nous, ce sont les relations intergénérationnelles qui pèsent le plus sur les jeunes, femmes et hommes. Quand les aînés parlent, nous  devons nous taire et nous plier à leurs décisions. Née en France, je bénéficie, comme toutes les jeunes maliennes vivant à l'extérieur, d'une double culture. » 

    Commentaire : A lecture de ce bref discours qui étouffe à suffisance la réalité sociale malienne ; cette chef d'entreprise veut nous parler primo, du rôle que les femmes ont joué dans l'avènement de la démocratie au Mali malgré le poids des facteurs socioculturels qui les pèse. Cette femme leader fait constat que le combat des femmes malienne et la coupure qu'existe entre celles de Bamako qui ont perdus nos valeurs, notre culture, et les femmes rurales qui sont conservatrices. Cette native de la France confirme que la femme malienne, que quel que soit sa résidence, en ville ou en campagne, ou encore à l'extérieur du pays, subit une pression sociale et culturelle qui l'apprend à se soumettre au mari ; elle pense également qu'au Mali, les hommes ont peur de l'ambition professionnelle de la femme et se soucient de la stabilité de femme au foyer. Elle finit par les conseils à l'endroit de la nouvelle génération : les jeunes.

    Discours N°3 : une fonctionnaire dans la promotion féminine.

    « Au sein de la société civile, les femmes sont organisées en faîtières, coalitions ou plateformes, mais elles ne s'impliquent souvent que pour les questions de genre. Elles jouent un rôle politique, mais le système est hiérarchisé, dominé par les hommes. Malgré leur présence dans tous les secteurs de production, les femmes maliennes n'accèdent que très peu aux actifs de production, au contrôle et à la gestion des ressources. Les femmes sont conditionnées par la pauvreté et par le poids de certaines traditions culturelles et religieuses qui entravent leur avancée. Trop d'hommes les méprisent, et n'hésitent pas à utiliser les violences verbales et physiques pour les intimider. Elles payent un lourd tribut à la persistance de certaines pratiques coutumières. L'excision, les mariages précoces et ou forcés sont autant de violences qu'elles subissent, surtout en milieu rural.

    À cause de la faiblesse du statut juridique et social de la femme, elles ne sont toujours pas en mesure de prendre les décisions importantes pour leur propre santé et survie. Les us et coutumes attribuent ce rôle au chef de famille, qui est souvent différent du conjoint. Le droit coutumier leur est souvent défavorable. Il est appliqué en milieu rural au détriment de la loi, notamment en ce qui concerne la succession sur le foncier. Malgré cet état de fait, les femmes maliennes savent agir. »

    Commentaire : cette fonctionnaire souligne l'organisation des femmes dans divers groupements insoucieuses des questions de genre et souligne la domination des hommes au sein de ces groupements et plateformes. Elle pense également que les femmes sont à tous les niveaux d'activités mais accèdent moins aux actifs de production qu'elles ne gèrent et contrôlent pas. Cette intervenante affirme que les femmes souffrent surtout en milieu rural, de la pauvreté, des traditions et de certaines pratiques néfastes à leur santé ainsi que de leur statut juridique qui ne les donne pas l'opportunité de prendre par elle-même les décisions importantes les concernant et qui donne leur sort aux maris qui les méprisent.

    Discours N°4 : une fonctionnaire dans la promotion de la femme.

    « La vie de la femme malienne n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est encastrée entre les murs, les obstacles et les conditions peu enviables que les traditions lui ont façonnés. «La femme est un esclave», dit cet adage bien d'ici. L'esclave de l'homme auquel elle doit obéissance. Homme qui la laisse trimer sous l'ardent soleil, effectuer de durs labeurs, des travaux des champs, tenir un petit commerce, enfant au dos et ventre rebondi par une grossesse en cours. L'avenir ne semble point rayonnant pour la femme malienne. Elle n'est toujours pas protégée par la loi.

    Heureusement, lettrée ou pas, la Malienne est une battante. Elle a cette hargne qui lui dicte de se battre pour que la vie de ses enfants soit meilleure... Ma mère n'était pas allée à l'école, mais elle s'est battue pour que j'y aille, pour que j'y reste et que je réussisse, comme mes autres frères et soeurs. Nous avons tous fait et réussi des études supérieures. Je me suis battue et je me bats toujours autant qu'elle, car c'est important pour le Mali. Chaque femme est une chance pour le Mali. L'Etat doit en prendre conscience, et penser à aider les Maliennes, car ce sont des battantes. »

    Commentaire : cette autre travailleuse de la promotion féminine explique la difficile existence de la femme malienne qui dit-elle, est peu enviable entre une éducation traditionnelle socialisatrice à l'esclave de la femme, l'obéissance aveugle à l'homme et ses pénibles travaux domestiques et champêtres. Cette répondante évoque également l'insécurité légale de la femme et finit par affirmer que la femme malienne est une battante, se tue pour l'avenir de ses enfants en prenant l'exemple sur la bravoure de sa mère. En somme, cette intervenante a foi en la femme malienne qui se bat toujours malgré les pesanteurs socio-culturelles qui pèse sur elle et estime que Chaque femme est une chance pour le Mali car dit-elle, «  ce sont des battantes ».

    Discours N°5 : une jeune femme de Lafiabougou.

    « Je suis étudiante et j'habite à Lafiabougou ; la situation de la femme malienne au regard de nos us et coutumes, est inquiétante. L'homme est toujours en ce 21èmesiècle, le maitre de la famille au Mali, elle a besoin de l'autorisation de celui-ci pour faire tout ce qu'elle a besoin de faire surtout lorsqu'elle est en couple. Et quand elle n'est pas en couple, la femme se heurte encore au veto des parents qui ne la laissent pas en liberté comme les garçons, par exemple voyager, entreprendre certains métiers hors de ceux en relation avec la cuisine, et même vendre au marché à l'extrême. Malheureusement, notre société justifie le plus souvent ces vetos, cette discrimination par la religion qui se mélange à mon avis à notre tradition encore en défaveur de nous femmes du Mali. »

    Commentaire : cette étudiante nous parle de la situation de la femme malienne au foyer et en famille qu'elle trouve inquiétante et qui, à la lecture de son intervention considère la femme comme une « éternelle mineure » qui doit demander l'aval du tuteur (selon qu'elle soit en couple ou non) pour pouvoir faire ses choix, ses activités importantes. Cette jeune femme déplore que cet état des choses soit justifié dans notre société au nom de la religion ou de la tradition qui favorise l'homme par rapport à la femme ».

    Discours N°5 : une commerçante au marché d'Hamdallaye

    « Je suis commerçante au marché d'Hamdallaye, mère quatre (4) enfants et je suis dans ce quartier il y a dix(10) ans de cela. La femme doit être autonome car l'homme et la femme doivent se compléter dans la famille, par contre si la femme est à la merci de l'époux, le poids du foyer sera d'un seul côté et c'est ce que les hommes veulent, aiment se vanter de cela alors que la femme aussi a besoin de se sentir importante. Chez les hommes compréhensifs, on ne voit celui assure les besoins de la famille car chacun contribue de son côté et la balance est équilibré ; au pire des cas, quand l'homme est au chômage et que la femme est active, celui-ci est couvert par la femme.

    Les femmes intellectuelles sont peu nombreuses ; et en ce qui me concerne, mon mari ne voit aucun mal que je puisse me débrouiller ici au marché par ce que je suis sur place et par ailleurs, même si je voudrai essayer la politique, je ne sais pas s'il va l'accepter mais je suis sûre et certaine qu'il ne me laissera pas dans les réunions infinissables jusqu'à 20 Heures même si c'est un droit pour moi et il est de mon devoir d'épouses de l'obéir, il est avant tout le chef de notre famille. »

    Commentaire : cette commerçante et mère d'enfants nous parle de l'autonomie de la femme et sa nécessité dans le foyer. Elle nous confie que son époux ne l'empêche pas de vendre sur place au marché, ce qui laisse sous-entendre que si elle était ambulante, il s'y serait opposé. Elle nous confie également qu'elle ignore si son époux acceptera son entrée dans la politique au motif que ce dernier ne la laissera pas dans les réunions à une certaines périodes et elle obéit cette autorité du mari pour la bonne marche de la famille.

    Discours N°6: L.D., un vieux retraité à Lafiabougou.

    « J'ai 65 ans et je suis un retraité des chemins de fer, je suis parmi les premiers occupants de Lafiabougou. Bamako est la capitale, c'est à Bamako qu'habite et a habité toutes les premières dames, c'est elles qui transmet les besoins des femmes à son mari(le président de la République). Toi-même vois les femmes du village par exemple, s'il y avait pas Bamako, on n'aura jamais parlé d'émancipation de la femme dans ce pays car ce sont certaines femmes comme Aoua Keita, Sira Diop et d'autres qui ont importé ces notions d'émancipation et autres corollaires chez nous sinon les femmes seraient aujourd'hui comme elles ont été dans le temps.

    Le nouveau concept de votre temps de maintenant d'autonomie des femmes est plutôt une déroute des femmes. A l'ère où la femme veut être un homme ou s'en comporter c'est le monde à l'envers mais ce sont les réalités de ce monde qui tend à sa fin ».

    Commentaire : ce retraité des rails explique le rôle de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne par la présence des premières dames à Bamako qui, pour lui, sont des relais entre les autres femmes et les hautes autorités, à ce propos, il explique que dans l'émancipation de la femme malienne, si Bamako n'existait pas, il fallait le créer. Cependant, il pense que c'est certaines femmes intellectuelles qui ont ramenées le concept d'émancipation dans notre pays que sinon que les maliennes seraient toujours à la case de départ, en outre, le vieux retraité trouve l'autonomie de la femme comme une débâcle, une déroute de la femme dans un univers apocalyptique.

    Discours N°7 : Une fonctionnaire d'une des directions du M.P.F.E.F

    « L'autonomisation économique est l'essentiel de l'autonomisation des femmes maliennes. C'est un facteur pour les autres types d'autonomisation à savoir politique et même sociale. Les avancées ont été faites pour aider les femmes à se détacher des hommes sinon à accéder aux mêmes opportunités de chance et de services au même titre que les hommes sans discrimination ; par exemple ; nous avons beaucoup salué le FAFE qui donne la chance aux femmes de réaliser leur rêve et la loi sur le quota que nous avons beaucoup attendu car les femmes n'ont occupés que de postes de secrétaires à l'organisation ou aux conflits et autres postes non affichés dans les partis politiques. Cette loi a offert une égalité et une autonomie politique aux femmes maliennes. »

    Commentaire : cette actrice de la promotion féminine estime que l'accent doit être mis sur l'autonomie économique des femmes maliennes pour qu'elles retrouvent les autres types d'autonomies comme celle politique et sociale. Elle nous note également le FAFE et la loi sur le quota des femmes dans les postes électifs et nominatifs comme étant des avancées faites en faveur de l'autonomisation des femmes de notre pays.

    Discours N°8 : M.B., une étudiante- stagiaire d'Hamdallaye.

    « Je suis étudiante-stagiaire et j'habite à Hamdallaye. A mon avis Bamako a joué un rôle dans l'émancipation de la femme malienne en ce sens qu'il est considéré comme une plateforme où la femme a le plus de liberté et d'opportunités. Bamako concentre le plus d'O.N.G et de programme d'appui qui viennent en aide aux femmes afin qu'elles se prennent en main et deviennent aussi acteurs de la société. A mon avis, l'étape la plus importante de l'émancipation de la femme malienne fut la nomination de la première femme à la tête du gouvernement sous le régime d'Amadou Toumani Touré. En ce qui concerne la femme bamakoise, elle est différente des autres femmes du pays car elle jouit énormément de cette position de capitale qui l'offre un facile accès aux services sociaux de base. Pour certaines, la bamakoise représente un modèle, de par sa confiance en soi et son indépendance, mais pour d'autres, elle constitue un danger pour notre coutume, nos traditions. En tant que femme et résidante à Bamako, nous réclamons l'autonomie financière mais aussi sociale et politique. Pour ce qui sont des contraintes qui pèsent à la fois sur la femme et à son autonomie, il faut savoir que toutes les religions monothéistes mettent l'homme au-dessus de la femme et la rendent dépendante de l'homme. A côté de la religion qui entrave énormément sur la femme malienne, je pense que l'éducation, l'instruction et l'alphabétisation de la femme sont importante pour son épanouissement or, tout le monde sait que les femmes sont majoritairement analphabètes et même si elles partent à l'école, peu atteignent un certain niveau sans par des multiples corvées qu'elles sont obligées d'effectuer à la maison avant de faire autres choses. A côté de tout ce que je viens dire, les femmes maliennes sont confrontés à la résistance de leurs époux qui ne laissent pas l'accès des opportunités économiques par pure jalousie pour ne pas exagérer sinon par égoïsme pure et simple. Pour ma part je suis optimiste même si notre coutume ne nous laisse pas le choix car le gouvernement est entrain d'oeuvrer pour notre libération. »

    Commentaire : cette étudiante estime que Bamako a joué un rôle dans l'émancipation de la femme malienne, elle justifie son avis par le fait que cette ville est une plateforme, un lieu où la femme a plus d'opportunités et par le fait que Bamako abrite la quasi-totalité des structures destinées aux femmes. L'étape la plus remarquable selon elle, a été la nomination d'une femme à la tête du gouvernement. Elle estime que Bamako différencie ses femmes des autres femmes du pays et nous a confié que les bamakoises réclament l'autonomie sur les plans financier, politique et social. Elle ajoute également que les religions monothéistes, l'analphabétisme, les travaux domestiques et la résistance des époux sinon leur égoïsme sont des contraintes qui pèsent sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie, mais cette répondante reste tout de même optimiste au regard des efforts gouvernementaux en faveur de l'autonomisation de la femme malienne.

    Discours N°9 : une secrétaire de Djicoroni- Para.

     « Je suis secrétaire de direction de 27 ans et j'habite à Djicoroni-Para. Pour moi, Bamako n'a joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme malienne car les femmes sont toujours à la traine, nous sommes en chômage et pauvre. Il n'y a que des femmes à Bamako qui pensent qu'elles revendiquent pour toutes les femmes du Mali alors qu'elles sont les seules à tout profiter au noms des autres femmes. La femme n'est même pas émancipée au Mali, Bamako n'a rien fait d'abord.

    La femme de Bamako est différente des autres femmes du pays car ces femmes comme par exemple, de la campagne, souffrent beaucoup plus que nous qui sommes à Bamako ici avec presque toutes les facilités de la villes ; or nos mères du village, des régions perdent toujours leurs temps dans la corvée d'eau, de bois et les travaux pénibles comme le pillage du mil et les travaux champêtres ; nous nous avons ici les machines qui pilent à notre place et nos maris pourvoient à nos besoins essentiels, on est vraiment différent.

    Nous les femmes de Bamako réclamons toutes les formes d'autonomies pouvant conduire à notre plein épanouissement. Mais la religion musulmane constitue une barrière pour ce que nous demandons car elle nous soumet à notre époux qui choisit le bon et le mauvais pour nous. Les femmes intellectuelles, instruites sont peu nombreuses dans ce pays alors que l'école contribue à notre développement sinon j'ignore comment les associations et les manifestations peuvent contribuer à l'autonomisation des femmes. Tout bon époux doit mettre sa femme à l'abri des coureurs de jupons et je trouve très mauvais de laisser une femme faufiler çà et là dans les soi-disantes associations débordées par les hommes. Cependant, on ne doit nullement empêcher la femme d'exercer le commerce si elles sur place ou de l'empêcher d'élever des animaux ou des volailles. Je pense qu'une bonne femme ne doit pas penser à s'autonomiser ».

    Commentaire : cette répondante pense que Bamako n'a joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme malienne ; elle justifie son point de vue par le fait que c'est un groupuscule de femmes qui dit réclamée l'émancipation de la malienne et qui profitent de toutes les retombées au nom des autres femmes et elle met même en cause l'émancipation de la malienne. Cette secrétaire de direction estime également que Bamako offre plus de facilités aux femmes, ce qui, selon elle, différencie la femme de Bamako des autres femmes du pays qui sont plus occupées aux corvées d'eaux, de bois et aux travaux pénibles. Elle soutient que les bamakoises réclament toutes les formes d'autonomies pouvant leur assurer le bien-être, pour autant elle confirme que la religion musulmane, l'analphabétisme, constituent des barrières pour les femmes. Elle n'admet également pas qu'on empêche la femme d'accéder aux opportunités même si elle ne voit pas de mal qu'un homme empêche sa femme d'assister/ d'adhérer aux associations ou manifestations culturelles.

    Discours N° 10 : un haut cadre du M.P.F.E.F.

    « Bamako étant la capitale, tous les départements sont là, tous les ministères sont là, toutes les organisations sont concentrées à Bamako, ce qui fait que tous les leaders sont à Bamako. Même si les autres femmes des régions adhèrent à l'idée mais ce qui est sûr, c'est que la matière centrale est là à Bamako ce qui fait que la ville abrite les sièges des organisations et des services. Tout est coordonné à partir de Bamako. Bamako joue un rôle de coordination et de plaidoyer dans l'émancipation de la femme en tant capitale. Les grandes actrices de l'émancipation sont nombreuses mais je peux te citer entre autres : Sira Diop, Aoua Keita...

    En réalité les femmes de Bamako sont là mais la plupart des difficultés sont au niveau de la campagne. Les femmes de Bamako, urbaines revendiquent au nom de leurs consoeurs de la campagne au milieu rural. Les bamakoises ne sont que de meneuses, elles coordonnent les mouvements.

    Dans le contexte où nous parlons, entre guillemets, on dit que la femme de Bamako sont des « MISOROBATIGUI », elles ne sont pas dans le besoin même si elles revendiquent au nom de leurs consoeurs au niveau des régions, local. Elles militent au nom des femmes mais les vraies cibles sont les femmes rurales.

    Il y a une très grande différence/ notoire entre la bamakoise entre ces femmes du village. La bamakoise est un peu là à l'abri du besoin alors que leurs soeurs n'ont pas même accès à certains trains de vie.

    À mon avis, les femmes réclament l'autonomisation économique surtout à travers financement des AGR. L'autonomisation sociale aussi, car il faudrait que les hommes contribuent à cela en diminuant certains pesanteurs sociaux. Elles réclament beaucoup au niveau économique, quand leurs AGR seront financer, elles n'embêteront plus les hommes, elles pourront se vêtir, se soigner, assurer leur tontine eux-mêmes. Dans ces conditions elles s'occuperont plus aisément aux enfants, à la famille.

    Les femmes veulent aussi une autonomie au niveau politique, mais l'Etat a adopté la loi sur le quota de30% pour favoriser l'émergence politique des femmes, une façon d'obliger les hommes à laisser certains fauteuils aux femmes.

    Les pesanteurs socioculturels que sont toujours les idées qui excluent la femme de certains activités pendant qu'elles ont la compétence, des idées sexo-spécifiques (ceux est pour hommes....d'autres pour les garçons) étouffe la femme malienne.

    Le code des personnes et de la famille entrave la femme car il fait référence à des préceptes religieux qui ne sont pas en faveur des femmes. Pour lutter contre ces pesanteurs, il faut la sensibilisation, il faut que les hommes prennent conscience que les femmes peuvent produire, qu'ils changent de comportement et il faut pour cela intensifier les CCC (Communications pour le Changement de Comportement), que les hommes s'engagent aux cotés des femmes pour éviter les rivalités ou l'égoïsme dans le foyer. »

    Commentaire : Ce haut placé du ministère explique le rôle joué par le district de Bamako dans l'émancipation de la femme à travers la concentration des organisations, des O.N.G et des femmes leaders à Bamako; ils pensent que cette ville a joué un rôle de coordination et de plaidoyer dans l'émancipation de la femme malienne. Il ajoute que les femmes du district militent pour la cause des femmes du pays.

    Ce cadre répète l'appellation « misôrôbatigui » attribuée aux bamakoises et pense qu'elles sont différente des autres femmes car dit-il « elles ne sont pas dans le besoin » et du fait qu'elles accèdent facilement aux services sociaux de base contrairement aux autres femmes.

    Ce répondant estime que les femmes réclament plus l'autonomie économique, sociale et politique et évoque un peu d'une avancée sur le plan politique (quota de 30% des postes), il termine par les contraintes qui pèsent sur l'autonomisation de la femme, à cet effet, il nous parle des idées sexo-spécifique qui excluent les femmes de certaines activités, le code des personnes et des familles qui s'inspire de la religion. Pour lutter contre ces pesanteurs, il préconise la sensibilisation et la communication pour le changement de comportement.

    II- Résultats quantitatifs :

    Ils proviennent des questions semi-fermées de notre questionnaire adressé à un échantillon de 80 personnes dont 40 hommes et 40 femmes.

    Tableau N° 12: genre d'autonomie réclamée par les femmes

    Sexe

    T.R*

    Homme

    Femme

    Total

    Autonomie Financière

    01

    1.25%

    17

    21.25%

    18

    22.5%

    Autonomie Politique

    02

    2.5%

    03

    3.75%

    05

    6.25%

    Autonomie Socioculturelle

    22

    27.5%

    09

    11.25%

    31

    38.75%

    Toutes Les Propositions

    15

    18.75%

    11

    13.75%

    26

    32.5%

    Total

    40

    50%

    40

    50%

    80

    100%

    Source : Enquête personnelle, mai 2016

    T.R : Type de réponse

    Ce tableau nous donne l'avis des enquêtés sur le genre d'autonomie réclamée par les femmes. Ainsi, il ressort le constat suivant :

    - 1.25% d'hommes pensent que les femmes réclament une autonomie financière contre 21.25% de femmes ;

    -3.75% de femmes et 2.5% d'hommes enquêtés affirment que les femmes réclament une autonomie politique ;

    -27.5% d'hommes et11.25 % de femmes interrogés estiment que les femmes recherchent une autonomie socioculturelle ;

    - et enfin, 18.75% d'hommes et13.75% de femmes enquêtés ont la conviction que tous ces genres d'autonomies suscitées sont aujourd'hui réclamés par les femmes.

    Tableau N° 13: contenu donnée à l'autonomie

    T.R*

    Sexe

    Plus de liberté dans foyer

    Egalité avec l'homme dans foyer

    Titre de 2èmechef de famille

     

    Oui

    Non

    Total

    Oui

    Non

    Total

    Oui

    Non

    Total

    HOMME

    26

    14

    40

    20

    20

    40

    23

    17

    40

    FEMME

    20

    20

    40

    21

    19

    40

    12

    28

    40

    Source : enquête personnelle, juin 2016

    T.R : Type de Réponse

    Ce tableau nous renseigne à travers les réponses des enquêtées sur le contenu pouvant donner à l'autonomie de la femme. Ainsi, en mettant ce tableau en revue, nous constatons que :

    -26 hommes pensent que plus de liberté dans le foyer est un contenu de l'autonomie de la femme, par contre 14 ont répondu négativement.

    -les femmes quant à elles sont partagées, en effet, 20 donnent plus de liberté dans le foyer comme contenu de l'autonomie de la femme contre 20 autres femmes qui pensent le contraire.

    Quand il s'agit de considérer l'égalité avec l'homme dans le foyer comme faisant partie du contenu de l'autonomie de la femme ; 20 hommes ont répondu favorablement et 20 autres, négativement. Et 21 femmes répondent également Oui et 19, Non.

    Enfin, 23 hommes donnent le titre de 2eme chef de famille comme contenu de l'autonomie de la femme contre 17 hommes qui ont répondu par la négative, estimant que ce titre n'est pas le contenu de l'autonomie.

    28 femmes ont répondu Non quand il s'agit de considérer le titre de 2èmechef de famille comme contenu de leur autonomie ; Par contre, 12 ont répondu positivement.

    Ce tableau confirme une réalité malienne de l'atrocité du genre masculin qui veut priver la femme de toutes les libertés dans le couple, qui refuse toute hiérarchisation/ égalité avec la femme ; il témoigne également la soumission, la résignation des femmes qui se plaisent aussi d'être l'esclave de l'homme, le sexe faible/ inferieur et qui voient mal ou n'admettent pas le concept d'autonomie appliqué à la femme.

    Tableau N°14: contraintes religieuses

    T.R*

    SEXE

    OUI

    NON

    TOTAL

    HOMME

    22

    27.5%

    18

    22.5%

    40

    50%

    FEMME

    14

    17.5%

    26

    32.5%

    40

    50%

    TOTAL

    36

    45%

    44

    55%

    80

    100%

    Source : enquête personnelle, juin 2016

    T.R : Type de Réponse

    A la lecture de ce tableau il apparait que 27.5% des hommes pensent que la religion est une contrainte qui pèse sur l'autonomie de la femme tandis que 22.5% pensent le contraire. Outre, 17.5% des femmes ont également répondu Oui, affirmant ainsi que la religion constitue une contrainte qui tare l'autonomisation de la femme contre 32.5% qui ont répondu par la négative.

    Il sied de remarquer que cette majorité (55%) des enquêtés à exclure la religion comme contrainte à l'autonomie de la femme se comprend très aisément si nous constatons le degré de conservatisme et « d'islamisme » des maliens et des maliennes. Certains ne voient et n'acceptent même pas d'imaginer que leur région peut constituer à travers les différents percepts et enseignements, une contrainte à l'autonomisation de la femme et trouvent tout à fait normal que la femme soit « à la merci » de l'homme. Par contre, Ils ne sont que très peu (45%)à reconnaitre parfaitement cette revers de la médaille.

    Tableau N°15 :contraintes familiales

    Sexe

    T.R*

    HOMMES

    FEMMES

     

    Oui

    Non

    Total

    Oui

    Non

    Total

    De la part du mari

    26

    32.5%

    14

    17.5%

    40

    50%

    26

    32.5%

    14

    17.5%

    40

    50%

    De la part d'autres membres de la famille

    22

    27.5%

    18

    22.5%

    40

    50%

    05

    6.85%

    35

    43.75%

    40

    50%

    Total

    48

    60%

    32

    40%

    80

    100%

    31

    38.75%

    49

    61.25%

    80

    100%

    Source : enquête personnelle, juin 2016

    T.R : Type de Réponse

    A la lecture de ce tableau, nous constatons que 32.5% des hommes enquêtés pensent que les contraintes familiales viennent du mari dans la famille contre 17.5% qui disent le contraire .quant à l'avis des femmes, elles sont également 32.5% à répondre par l'affirmative que les contraintes familiales viennent de la part du mari contre également 17.5% d'entre elles qui pensent l'antithèse.

    De ce premier point nous remarquons une unanimité d'avis et de positions entre hommes et femmes (avec les mêmes pourcentages de pour et contre) en ce qui concerne la source des contraintes familiales vis-à-vis du mari.

    Ensuite, 27.5% des hommes ont répondu par l'affirmative quant à la provenance des contraintes de la part d'autres membres de la famille contre 22.5% d'hommes qui ont répondu la thèse négative. Les femmes sont seulement 6.85% à répondre Oui, soutenir que les contraintes sur elles proviennent d'autres membres de la famille (tel que les grands parents, belle-mère, etc.) ; par contre, 43.75% des femmes estiment que seul leur mari peut leurs exercer des contraintes de nature à peser sur leur autonomie et ont de ce fait répondu Non.

    Tableau N° 16 : les contraintes socioculturelles

    T.R*

    SEXE

    Considération de la femme comme être inférieure

    Surcharge ménagère

    Négation du droit à l'éducation de la fille

    Ne pas adhérer aux associations et assister aux manifestations culturelles

    OUI

    NON

    Total

    OUI

    NON

    Total

    Oui

    Non

    Total

    Oui

    Non

    Total

    HOMMES

    30

    10

    40

    18

    22

    40

    20

    20

    40

    23

    17

    40

    FEMMES

    24

    16

    40

    19

    21

    40

    29

    11

    40

    11

    29

    40

    TOTAL

    54

    26

    80

    37

    43

    80

    49

    31

    80

    34

    46

    80

    Source : enquête personnelle, juin 2016

    T.R : Type de Réponse

    A l'analyse de ce tableau, il ressort des 40 hommes enquêtés, 30 qui considèrent que « l'infériorisation » de la femme constitue une contrainte socioculturelle contre 10 qui ont répondu par la négative. Quant aux femmes, elles sont 24 à dire que le fait de considérer la femme comme être inférieur constitue une contrainte socioculturelle contre 16 qui ont répondu par la négative.

    Cette tendance féminine à répondre non, est le témoignage d'un conservatisme et d'une idéologie de soumission des femmes enquêtées, voire du contentement de leurs places ou statut subalterne par rapport à l'homme et dans la société. Il en est de même pour les hommes qui ne sont 10 à reconnaitre la femme comme un être égal est la manifestation d'une idéologie de supériorité du genre masculin par rapport au sexe féminin. Ces deux idéologies sont enseignées, soutenues et entretenues par et dans notre société.

    Ensuite, parlant de la surcharge ménagère comme contrainte socioculturelle, 19 femmes ont répondu Oui contre 21.Quant aux hommes, ils sont 18 à affirmer que la surcharge ménagère constitue une contrainte, un obstacle à l'autonomie de la femme contre 22 hommes qui soutiennent la thèse inverse.

    Il convient d'attirer l'attention sur le fait que les femmes qui ont répondu par l'affirmative n'ont très généralement pas d'aide-ménagères à la maison ; par ailleurs, les femmes soutenant que la surcharge ménagère ne constitue pas une contrainte à leur autonomisation argumentent très souvent qu' « elles ont des bonnes qui les aident dans ces travaux » ou répondent tout simplement que «  c'est une question de programmation », autrement, si une femme se programme bien, les corvées ménagères dont il s'agit ne peuvent en aucun cas l'empêcher de faire quoi que ce soit. Quant à la proportion très importante des hommes enquêtés (22/40) qui pensent que la surcharge ménagère n'est pas une contrainte à l'autonomie de la femme, leur agissement découle de la division du travail selon le sexe qui attribue les travaux ménagers aux femmes, ce qui fait que ces hommes n'y voient aucun mal dans cet état de fait et trouvent même cela normal.

    S'agissant de la négation du droit à l'éducation de la femme/fille comme contrainte socioculturelle, l'avis des hommes est paritairement partagé car ils sont 20 à répondre Oui et 20, Non. Cependant un plus grand nombre de femmes s'accordent sur le fait que la négation du droit à l'éducation des filles est une réelle contraintes socioculturelles, elles sont 29 à soutenir cette thèse contre 11 à dire le contraire. Les femmes soutenant l'éducation des filles maitrisent la célèbre maxime à coeur : «  quand une femme est instruite, c'est une famille qui l'est, un quartier, un village et toute la nation entière ». Par contre, celles qui ne favorisent pas trop l'école des filles ont aussi leur argument : « beaucoup de femmes s'en sont sorties alors qu'elles n'étaient pas instruites. Il y a de grandes commerçantes qui n'ont pas été à l'école et pourtant ça va chez elles ».

    Quant à cet avis qui divise les hommes à ce sujet, à mon avis, est dû leur degré de compréhension, il en va de soi que l'avis d'un homme n'ayant pas fréquenté l'école diffère de celui qui a un certain niveau d'instruction.

    Enfin, quant au fait de ne pas laisser les femmes adhérer aux associations et assister aux manifestations culturelles, 23 hommes ont répondu OUI disant ainsi que cet état de fait constitue une contrainte socioculturelle contre 17 qui ont répondu par la négative. Par ailleurs 11 femmes sont d'accord que le fait d'empêcher la femme d'adhérer aux associations et assister aux manifestations culturelles constitue des obstacles socioculturels contre une majorité qualifiée de 29 femmes qui ont répondu Non corroborant la thèse contraire.

    Ce résultat n'est guère surprenant, les hommes ayant répondu par l'affirmative soulignent très souvent l'importance des associations sur l'autonomisation des femmes même s'ils sont partagés sur l'assistance des femmes aux manifestations culturelles car la quasi-totalité des hommes (voire ceux qui ont répondu par NON) estiment que les femmes profitent des manifestations pour perdurer en ville alors que les réunions associatives ont une fin. Par contre les hommes n'ayant soutenu que l'interdiction des femmes d'adhérer aux associations et d'assister aux manifestations culturelles est une contrainte à leur autonomie justifie leur négation pour la plupart par les propos du genre : « les associations sont leur alibi pour sortir » ou « les associations les révoltent contre nous les hommes » ou encore « ces choses leurs sont inutiles ».

    En ce qui concerne les femmes sur ce point, comme chez les hommes, celles qui soutiennent la thèse s'appuient sur l'importance des associations et des manifestations culturelles pour dire OUI, par contre celles qui affirment l'avis contraire nous ont tenu le plus souvent ce discours de soumission et d'enfance : « un époux sait mieux ce qui est bon ou mauvais pour sa femme ; s'il estime que tu ne dois pas adhérer aux associations ni d'assister aux manifestations, c'est ce qui bien et on doit l'obéir » pour dire qu' interdire l'adhésion de la femme à une association et l'interdire les manifestation ne constituent pas des entraves à son autonomie.

    Tableau  N°17: contraintes économiques

    SEXE

    T.R*

    HOMMES

    FEMMES

    Total

    Oui

    Non

    Oui

    Non

    Ne pas pouvoir être propriétaire de terre

    40

    0

    40

    0

    80

    Ne pas pouvoir exercer le commerce

    40

    0

    40

    0

    80

    Ne pas pouvoir élever des animaux

    40

    0

    40

    0

    80

    Source : enquête personnelle, juin 2016

    T.R: Type de Réponse

    A la lecture de ce tableau, on est frappé par l'unanimité totale et incontestable qu'ont les enquêtés sur le fait pour les femmes de ne pas pouvoir accéder aux opportunités économiques telles que la propriété des terre, l'exercice des activités commerciales et le pouvoir d'élever des animaux constitue des contraintes d'ordre économiques qui entravent l'autonomisation de la femme.

    Tableau N° 18 : l'avenir de l'autonomisation de la femme malienne

    T.R*

    SEXE

    Mythe

    Espoir

    TOTAL

    Hommes

    08

    10%

    32

    40%

    40

    50%

    Femmes

    12

    15%

    28

    35%

    40

    50%

    Total

    20

    25%

    60

    75%

    80

    100%

    Source : enquête personnelle, juin 2016

    T.R: Type de Réponse

    Lorsque nous mettons ce tableau sur la loupe, on constate que 10% des hommes pensent que l'autonomisation de la femme malienne est un mythe contre 15% des femmes enquêtées. Par contre 40% des hommes et 35% des femmes interrogées pensent que cette autonomisation de la femme malienne est un espoir.

    Ces hommes et femmes interrogés (25%) qui voient l'autonomisation de la femme malienne d'un mauvais oeil, comme un mythe sont accrochés à la tradition et s'appuient sur le rapport de domination très soutenu de l'homme sur la femme au Mali ; par contre, ceux ou celles qui réservent un lieur d'espoir (75%) à l'autonomisation de la malienne s'appuient surtout sur les efforts déployés par le gouvernement et des associations féminines dans ce sens même s'ils ne contestent pas le poids de la tradition qui pèsent lourdement sur elle dans ce processus.

    III-Synthèse et Discussion des résultats :

    L'hypothèse selon lequel le District de Bamako a joué un grand rôle dans l'émancipation de la femme malienne, 50 personnes, soit 62.5% des personnes interrogées confirment que le district de Bamako a joué un rôle énorme dans l'émancipation de la femme malienne. Ces personnes interrogées soutiennent cette hypothèse avec des arguments qui suivent :

    - les institutions chargées des femmes sont toutes à Bamako et cela a joué en faveur de leur l'émancipation ;

    - à Bamako, les femmes sont libres et émancipées et cela grâce à sa position centrale ;

    - la création des associations féminines est plus facile à Bamako ; et que cela favorise mieux la réclamation des droits des femmes ;

    - le District de Bamako a reconnu les droits des femmes et c'est à Bamako que la femme malienne est plus libre ;

    - c'est dans cette ville qu'existent plusieurs centres d'appui et d'aides des femmes maliennes ;

    - toutes les structures chargées de maux féminins sont concentrées à Bamako, ce qui fait c'est à Bamako que tous les progrès des femmes maliennes commencent à Bamako ;

    - Bamako étant la capitale, c'est le lieu où toutes les décisions importantes concernant les femmes sont prises ; certains ajoutent même le fait que la première dame y réside ;

    - Les droits des femmes sont respectés à Bamako, elles y ont plus d'opportunités ; d'autres pensent que c'est Bamako qui a donné à la femme sa place ;

    - Bamako a défendu les droits des enfants ;

    - C'est à Bamako que la priorité est donnée aux femmes aux femmes dans les différents besoins sociaux, tel que l'intégration des femmes à la fonction publique et leur accès facile aux infrastructures de base (santé, éducation, etc.) ;

    - Les centres de formation et d'alphabétisation des femmes ont vu le jour avec les autorités de Bamako ;

    - Bamako a joué son rôle dans l'émancipation de la femme malienne à travers la sensibilisation médiatique (radio, TV, etc.) ;

    - Toutes les activités concernant les femmes sont menées de Bamako vers les autres villes ;

    - Bamako est le centre où tout se discute, y compris les problèmes féminines et c'est le lieu de brassage et de décision pour toutes les femmes du pays ;

    - C'est à Bamako que les femmes maliennes reçoivent le plus d'appui ;

    - Bamako, constitue une plateforme où la femme a le plus de liberté et d'opportunité ;

    - C'est le lieu où se résolvent les soucis des femmes maliennes.

    Cependant, il y a 13.75% des enquêtés qui ont affirmés que le District de Bamako n'a joué aucun rôle dans l'émancipation des maliennes. Certains d'entre eux estiment qu'on ne peut et doit même pas parler d'émancipation de la femme malienne. Ils motivent également leurs opinions par le fait que :

    - Bamako n'a rien servi pour les femmes maliennes car ce sont les seules bamakoises qui sont émancipés alors qu'il y a une majorité de femmes qui sont à la traine ;

    - Qu'il y a plus de femmes pauvres et que Bamako n'a joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme malienne ;

    - Les femmes sont toujours pauvres au Mali, c'est une poignée de femme qui en profite au nom des autres femmes du Mali que l'émancipation ne profite qu'aux femmes intellectuelles, « misôrôbatigui » ;

    - Il y a beaucoup de femme au chômage, inactif et pauvre ;

    - La femme malienne est toujours à la traine car les femmes souffrent et arrivent à peine à s'assurer de leurs besoins essentiels ;

    Enfin, quant au restant de 23.75% de personnes qui n'ont pas répondues à la question, nous estimons que cela est dû à la technicité des questions et à l'illettrisme de cette portion de la population enquêtée.

    Nous pensons qu'aux regards des chiffres nettement favorables (62.5% des personnes enquêtées) à l'idée que le District de Bamako a joué un grand rôle dans l'émancipation de la femme malienne ; cette hypothèse est confirmée.

    Quant à l'hypothèse selon lequel les femmes du District de Bamako incarnent des facteurs de changement et réclament une autonomie sur les plans économiques, politiques et social ; 59 personnes soit 73,75% des enquêtés la confirme, et 27,25% restant de personnes enquêtés soit 21 personnes n'ont pas de positions sur cette réponse anticipée ; cette couche silencieuse des enquêtés à propos de cette hypothèse est simplement indifférente et n'infirme nulle pat encore cette hypothèse.

    La majorité des enquêtés (73.75%) qui soutient qu'effectivement que les bamakoises incarnent des facteurs de changement pensent globalement que la femme est et/ ou représente la :

    - porte-parole des sans-voix(les femmes du village et des campagnes) ;

    - femme qu'est libre, connait et revendique ses droits, c'est une élite ;

    - femme un peu en l'avance sur les autres femmes, elle est le plus émancipée par rapport aux autres femmes ;

    - la femme battante car elle joue rôle important dans la famille ;

    - la vitrine des autres femmes et qu'elle est plus civilisée ;

    - femme libre, insoumise aux travaux durs des champs, de recherche de bois et d'eau... ;

    - une modèle et une entrepreneuse ;

    - femme battante qui s'emploie dans tous les secteurs d'activités de la vie ;

    - la présidente des autres femmes de par sa grande liberté d'action ;

    - l'étoile des autres femmes du pays car dépassant toutes les consoeurs du pays ;

    - la femme civilisée, revendicatrice et active dans les associations

    - le guide, l'informatrice des autres sur les défis du moment ;

    - la femme leader, travailleuse et riche, c'est la femme idéale aux yeux de leurs homologues de la campagne ;

    - la présidente de toutes les femmes du Mali et c'est leur coordonnatrice ;

    - le prototype de femme émancipée, et elle est la patronne, la porte-parole car mieux écouté et mieux instruite et ayant en contact avec le monde.

    En guise de résumé, cette dame de l'A.C.I. 2000 de 43 ans répond : «  à mon avis, la femme du district de Bamako représente un modèle de par son indépendance et sa confiance en soi et elle est de nos jours, une vraie force unie pouvant à tout moment amener le changement car elle a toutes les chances et tous les atouts : elle est instruite, présente dans les partis politique et dans la quasi-totalité des secteurs d'activités aussi bien dans le primaire, le secondaire que dans le tertiaire ». Mais cette autre femme de Lassa, bien que reconnaissant les atouts de la bamakoise, nous confie ceci : « en terme de moyenne, si je dois noter la femme de Bamako, je lui donnerai 02 sur 10 car sa quête de changement l'a fait oublier son foyer et ses enfants ».

    En ce qui concerne la quête d'autonomie de la bamakoise, 22.5% des enquêtés (soit 18 personnes) ont estimées que les femmes du District de Bamako réclament l'autonomie sur le plan financière. Ils ne sont dans la même veine, que 5 enquêtés sur un effectif de 80(soit 6.25%) à dire que la femme du district de Bamako est à la quête d'une autonomie politique ; en plus, une majorité des enquêtés (38.75%) s'accorde sur l'idée que les bamakoises réclament une autonomie sur le plan socioculturel.

    En dépit de ces avis tant partagés, il existe une frange de la population enquêtée non négligeable (32.5%) qui ne dissocie pas les types d'autonomie que réclament les femmes de Bamako. Elle pense effectivement que les bamakoises prétendent une autonomie non seulement sur le plan économique, politique mais aussi sur le plan socioculturel.

    A ce niveau encore, cette hypothèse selon laquelle les femmes de Bamako réclament une autonomie sur les plans économique, politique et social se trouve confirmée.

    En dehors de cette confirmation, les chiffres nous invitent à constater que les femmes de Bamako sollicitent le plus une autonomie socioculturelle (38.75%). Ce constat tient à la position hiérarchique et sociale de la femme dans notre société qui la laisse sous le joug de l'homme qui, traditionnellement est chargé de l'entretenir comme une mineure ; ce qui bloque très souvent ses possibilités d'épanouissement sur les autres plans (économique et politique) car se heurtant aux vétos de son tuteur (son époux le souvent ou ses parents...).

    Enfin, par rapport à l'hypothèse selon laquelle les contraintes exercées par la tradition sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie sont nombreuses et complexes ; l'enquête menée auprès de la population de la commune IV et des acteurs de la promotion féminines nous confirme que les contraintes traditionnelles pesant sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie sont à divers ordres et complexes.

    Aux regards des résultats, les contraintes sont d'ordre religieux, familial, socioculturel et économique et se manifestent différemment.

    En effet, 45% des enquêtés ont affirmés que la religion est une contrainte qui pèse sur l'autonomie de la femme malienne et ils pensent le plus souvent que la religion ainsi que ses préceptes véhiculent et éduquent la soumission de la femme à son mari ; à ce propos une femme mariée de 26 ans à Sibiribougou explique que : « la religion musulmane recommande à une femme de demander l'autorisation de sortir ou de faire tout autre chose à son mari. Certains disent même que la femme ne doit pas se rendre aux funérailles d'un des parents (père ou mère) sans attendre l'aval de son époux absent ». L'avis de cette dame est corroboré par l'enseignement prêché par ce prêcheur de Lafiabougou qui nous a confié cela : « (...) si un humain devait se prosterner à un autre, la femme le fera à son mari ».

    En ce qui concerne les contraintes familiales, les enquêtés les ont situé à divers horizons. 32.5% d'hommes et de femmes enquêtés les ont situés de la part du mari ; par contre, 6.85 de femmes et 27.5% d'hommes enquêtés ont affirmés que les contraintes familiales proviennent d'autres membres de la famille. Même si leurs provenances diffèrent, les enquêtés ont soulignés des pressions, des découragements et des interdictions familiales que subissent les femmes maliennes au cours de leur quête d'autonomie (quand il s'agit par exemple pour la femme de faire le commerce).

    Les enquêtés ont également fait part des contraintes socioculturelles qui vont de l'infériorisation de la femme, à la surcharge ménagère, la négation du droit à l'éducation de la femme/ fille et à l'interdiction d'adhésion aux associations et d'assister aux manifestations culturelles. Ils ont relevé des contraintes d'ordre économique qui se manifestent par l'interdiction d'accès des femmes aux opportunités économiques comme l'empêcher de ne pas pouvoir être propriétaire de terre, d'exercer le commerce et de pouvoir élever des animaux.

    Nous estimons que cette hypothèse selon laquelle les contraintes exercées par la tradition sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie sont nombreuses et complexes  se trouve également confirmée si nous faisons la remarque la présence dans les résultats de l'enquête, des contraintes religieuses, familiales, socioculturelles et même des contraintes d'ordre économique avec des manifestations différentes, d'où leur complexité.

    CONCLUSION :

    En mettant en filigrane toutes les parties de notre devoir, on est frappé d'abord par l'historique de l'émancipation de femme malienne dont quelques associations et mouvements féministes, à des époques différents, ont été les meneurs de ce combat à partir de Bamako.

    En effet, depuis les indépendances jusqu'à l'ère de la démocratie (1991), ces associations et mouvements féminines se sont succédés et constitués en lobbies pour faire en sorte que les préoccupations des femmes soient prises en compte dont la plus épineuse dans une société patriarcale comme la nôtre a été celle de l'émancipation de la femme.

    Ces associations, toutes initiées à Bamako, ont contribué à l'éveil de leurs soeurs illettrées des campagnes et des régions. Elles se sont également organisées de sorte que leur siège (Bamako) a servi de canal de décision, de transmission des idées importantes sur la question féminine car, avait plus de femmes lettrées, intellectuelles comparativement au reste du pays. En outre, leur lobbying a contribué à une implication des autorités au plan politique avec la création de différentes institutions au service des femmes.

    Ensuite, on est hâté par la mise en relief de l'image, la conditions de la femme malienne en général et celle du district de Bamako en particulier dont la situation n'est pas trop enviable du fait des coutumes maliennes qui la considère comme inférieure à l'homme et devant se soumettre à lui ou du moins comme une personne devant s'occuper seulement du foyer, qui doit obéir à ses parents, à son époux, son avis n'étant presque jamais pris en compte. Elle n'est pas consultée avant les prises de décisions même si cela la concerne. Son rôle essentiel étant non seulement de s'occuper du foyer mais aussi d'assurer la pérennisation de la famille.

    Nous constatons également que bien que marquée par le poids stéréotypé et discriminatoire de la coutume ; la femme malienne semble aujourd'hui sortir progressivement de ce stéréotype qui l'a longtemps caractérisée par le fait que la bamakoise est de nos jours à tous les bouts de champs et sollicite une autonomie multidimensionnelle.

    Enfin, on est tenté de comprendre le poids des traditions « maliennes » sur l'autonomie de la femme. Cette pesanteur se situe à plusieurs niveaux. Elle s'exerce non seulement sur le plan religieux, familial, socioculturel mais aussi sur l'échiquier économique.

    A ce niveau, n'ayons pas peur des expressions, la phallocratie ou du moins la misogynie sinon l'esclavage à voile cachée est une réalité chez nous au Mali. Elle fait partie de nos moeurs et de nos coutumes. Nous concevons qu'il faut vivre avec nos réalité mais il ne faut pas perdurer celles qui sont négatives. S'il y a par contre des aspects magnifiques de nos traditions, nous devons oeuvrer à les conserver.

    Ce poids de la tradition se manifeste non seulement dans l'attitude de la communauté qui veut que la femme soit l'être subalterne de l'homme, qu'elle soit à la charge de celui-ci, qu'elle ait toujours besoin de l'aval de ce dernier pour décider de ses choix et même de son être, qu'elle se soumette à l'homme, qu'elle effectue tous les travaux ménagers qui la laissent moins de temps pour diversifier ses activités ; bref, qui la laisse sous le joug l'homme ou de son époux qui décide de ce qu'elle doit ou ne pas faire à sa place qui, le plus souvent, est animé d'un souci de transcendance de la femme sur lui ou à l'extrême, de l'égoïsme en interdisant la femme d'accéder à ses opportunités d'épanouissement ; mais aussi par le caractère discriminatoire et sexiste de certains textes législatifs et réglementaires ; or, tout porte à croire que la femme qui exerce un emploi rémunéré ou une activité économique génératrice de revenus dans un environnement social et juridique sécurisé a un accès et un contrôle plus important sur les ressources productives et financières du ménage. Sa contribution à la satisfaction des besoins de la famille lui donne plus d'autonomie et un pouvoir d'intervention plus significatif dans les décisions concernant le ménage, les enfants et les investissements à faire au niveau du foyer. Mais pour la majeure partie des femmes, la position sociale dominante de l'homme sur la femme est une réalité qu'elles se doivent de respecter au risque de briser l'image préconçue de leur féminité, ce qui explique le désespoir de certaines personnes enquêtées (25%) qui voient l'autonomisation de la femme malienne comme un mythe.

    Pour aboutir aujourd'hui, à une autonomisation de la femme malienne, il faudra lutter contre ces pesanteurs sociales souvent enseignées et véhiculées par la religion dont l'interprétation des préceptes est en défaveur des femmes, pour ainsi poser la question de la femme malienne en termes généraux de développement et cela, par leur information, leur formation et leur éducation car il est constant de nos jours que l' illettrisme et l'analphabétisme des femmes sont endémiques au Mali et sont un frein à leur croissance. Ils constituent en fait dans notre société moderne le point principal de relégation de la femme en seconde zone.

    Il est également à noter que malgré le poids grandissant de la tradition, 75% des enquêtés voient l'autonomisation de la femme malienne comme un espoir, une pente que les femmes peuvent bien relever.

    Cette recherche se voudrait être une contribution à la compréhension des phénomènes ou du moins des maux qui empêchent la femme malienne d'être un être au vrai sens du terme avec ses attributs de liberté, de participation au développement, bref, d'autonomie. Elle a par contre la faiblesse sinon la lacune de ne pas approfondir la participation des femmes au développement afin de fournir une analyse sur la situation des femmes comme par exemple en politique, économie, dans les administrations publiques, dans l'emploi...qui serait à notre avis des pistes de son autonomisation.

    Nous restons cependant réceptifs à toute remarque, critique, ou suggestion dans un but d'amélioration du présent mémoire.

    BIBLIOGRAPHIE

    Ouvrages généraux

    · Boye Abd-El Kader, la condition juridique et sociale de la femme dans quatre pays du sahel : Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal ; Editions institut du Sahel (CILSS/ML/BF/NG/SN), 1937, 337p.

    · ABDEL-WAHAB Ahmed, situation de la femme dans le judaïsme, le christianisme et l'islam, Paris, A.E.I.F. Éditions, 1994, 117p.

    · Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes maliennes (APDF), Livre Blanc, Bamako, édition Fredich Ebert Stiftung, 2000 ; 122p.

    · Keita Aoua, femme d'Afrique, la vie d'Aoua Keita racontée par elle-même, Édition Présence Africaine ; Paris, 1975, 397p.

    · Brunet- Jailly Joseph, Djennéd'hier à demain, Éditions Doniya, Bamako, 1999, 206p.

    · Béridogo B., Etude sur les violences faites aux femmes, Bamako, 2002 ; 116p.

    · Keita Hanane, Et si l'on relisait le coran ?, 2013, Éditions la Sahélienne, Bamako ; 80p.

    · Doumbia Drissa, regard croisé sur le mouvement féministe au Mali, Editions G.mounkoro, Bamako-Mali, 2004 ; 43p.

    · Durkheim E., règle de la méthode sociologique, PUF, 1937.

    · Konaré Adam BA, Dictionnaire des femmes célèbres du Mali, Bamako, éditions Jamana, 1993, 520p.

    · Maiga Fatoumata, Mali : 50 ans de parcours de femme ; Edicef-media, 2011 ; 208p.

    · Merton, R.K.; Elément de théorie et méthode sociologique, éd. Plon, Paris, 1996 

    · TORNIERI Francesco et Soyata Maiga, Etude analytique sur le statut de la femme et la loi au Mali, 2001, 85p.

    Rapports d'étude

    · GAKOU Assa DOUMBIA et KUEPIE Mathias, Niveau et déterminants de l'insertion des femmes sur le marché du travail au Mali, 2008, 22p.

    · Béridogo B., Rapport sur la situation de la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM, Bamako, 2007, p. 57

    · Béridogo B., Rapport Final ; Etude sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali : Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ; M.P.F.E.F, RECOFEM ; Bamako ; Février 2006 ; 90p.

    · Sanankoua Bintou, communication du colloque international sur l'islam dans les sociétés de l'Afrique subsaharienne. Défis et réponses ; Dakar, 2008 ; 13p.

    · Carolyn Medel-Añonuevo, Femmes, éducation et autonomisation : voies menant à l'autonomie, Rapport du Séminaire international tenu à l'IUE, Hambourg, du 27 janvier au 2 février 1993 ; 80p.

    · MALU MUSWAMBA Rosalie, Le travail des femmes en République démocratique du Congo : exploitation ou promesse d'autonomie ?, RDC, 117p.

    · M.P.F.E.F, CNDIFE, Bulletin statistique la Femmes et l'enfant en chiffres au Mali, 2015, 143p.

    · Mme Vallée Stéphanie, L'autonomisation économique des femmes dans l'espace francophone,APF ; Projet de rapport ; 5-8 juillet 2011 ; 21p.

    · Profil des rapports entre genres au Mali, Vers l'équité et l'égalité entre genres au Mali, Agence Suédoise de Coopération Internationale au Développement, Novembre 2004, 64p.

    · Politique Nationale Genre du Mali, 2011 ; 96p.

    · Rapport sur Autonomie économique des femmes consulté bog.ccfd-terresolidaire.org le 21 mai 2016 ; 19p.

    · Rapport de la Banque Mondiale au Mali, Évaluation stratégique des Enjeux en matière de Genre au Mali, Bamako, 2005, 114 p.

    · UNESCO, Participation de la femme à la vie publique, 2002, 64p.

    Mémoires

    · Diallo Sékou Chérif, Décentralisation et programmes de développement en Guinée: stratégie de communication des Agents de Développement Communautaire dans la CRD de Diari dans la sous-préfecture de Labé ; Mémoire de Maitrise, UGLC/ SC, Département de Sociologie, 2003-2004. Version on-line.

    · Mohomone Yéhia, Contraintes socioculturelles et participation des femmes à la vie politique et publique au Mali : étude de cas de la commune III du District de Bamako ; mémoire de maîtrise, FLASH, section socio-anthropologie ; 2002-2003 ; 55p.

    Thèse de doctorat

    Mallé Tiécoura, Problématique d'éducation environnementale au Mali : cas d'écoles rurales publiques des ex-inspections d'enseignement fondamentales de Koutiala (Région de Sissoko) et de Kolokani (Région de Koulikoro) ; Thèse de doctorat en Géographie, I.S.F.R.A, Département de sciences sociales et humaines ; 2015-2016 ; 157p.

    Webographie

    www.wikipedia.fr

    www.memoireonline.com

    www.unwomen.org

    Journaux

    · Nation ( journal beninois) N°5446/ jeudi 8 mars 2012 ; 2p.

    · Bulletin Recofem, 1er semestre 2007 ; 9p.

    · MINUSMAHEBDO, bulletin hebdomadaire d'information de la MINUSMA numéro 48, mars 2016 ; 12p.

    Textes de lois

    · Résolution 1325 du conseil de sécurité de l'O.N.U sur les femmes, paix et sécurité.

    · Convention sur l'élimination de toutes les Discriminations à l'égard des Enfants et des Femmes.

    · La constitution malienne du 25 février 1992.

    · La loi N° 2011-087 du 30 Décembre 2011 portant code des Personnes et de la Famille.

    · La loi N° 2015-052 Du 18 Décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l'accès aux fonctions et nominatives électives.

    · La loi N°2012-002 du 23 Janvier 2012 portant création d'un Fonds d'Appui à l'Autonomisation de la femme et à l'épanouissement de l'Enfant (FAFE).

    · Décret N°2012-083/ PRM du 23 février 2012 fixant l'organisation et les modalités de gestion du Fonds d'Appui à l'Autonomisation de la femme et à l'épanouissement de l'Enfant (FAFE).

    ANNEXES

    QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE

    Dans le cadre de l'étude sur l'autonomisation de la femme malienne face à la tradition ; nous voulons réaliser un mémoire de fin de cycle. Nous vous serons profondément reconnaissants au cas où vous acceptez de répondre à nos questions.

    Nous vous assurons que vos réponses ne seront utilisées que dans le cadre strict de ce mémoire.

    Nous vous remercions d'avance !

    Identification de l'enquêté

    1- Quartier :.....................

    2- Age : .................

    3- Sexe :.................

    4- Religion :...................

    5- Niveau d'instruction

    Analphabète Supérieur

    Fondamentale Coranique

    Secondaire Autres

    6- Profession :..................

    7- Situation matrimoniale :....................

    QUESTIONS

    I-Le rôle joué par le district de Bamako dans l'émancipation de la femme Malienne

    8-le district de Bamako a-t-il joué un rôle dans l'émancipation de la femme malienne ?

    Si oui, lequel ?........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    9-comment celui-ci est-il parvenu à booster l'émancipation de la femme malienne ?

    ...............................................................................................................................................................................................................................

    10-quelles ont été les grandes étapes et les grandes actrices que vous connaissez ?

    ..............................................................................................................................................................................................................................

    II- La place de la femme de Bamako sur l'échiquier national

    11-du fait de son appartenance à la capitale, la femme de Bamako est-elle différente des autres femmes du pays ?

    ..............................................................................................................................................................................................................................

    12-que représente elle donc pour les autres femmes du pays ?

    ..............................................................................................................................................................................................................................

    IV- Le genre d'autonomie réclamée par les femmes

    16-quel genre d'autonomie réclament les femmes maliennes ?

    Autonomie financière Autonomie politique Autonomie socioculturelle Toutes les propositions

    17-quel contenu donneriez-vous à cette autonomie ?

    Plus de liberté dans le foyer ? Oui non

    Egalité avec l'homme dans le foyer ? Oui non

    Titre de 2ème chef de famille ? Oui non

    Autres : citez-les...................

    V- Les contraintes de la tradition face à l'autonomisation de la femme malienne

    18-quelles sont, selon vous, les différentes contraintes liées à la tradition et pesant sur la femme face à son autonomie ?

    Contraintes d'ordre :

    Ø Religieux ? oui non

    Si oui expliquez.............

    Ø Familial ? Oui non

    - de la part du mari ? oui non

    Si oui, quelle forme de contrainte ?

    -de la part des parents et autres membres de la famille ? Oui non

    Si oui lesquels ?..........

    Ø socioculturel :

    - contraintes sociales ? (consistant à traiter la femme comme inférieure à l'homme) oui non

    -surcharge ménagère et autres ? Oui non

    Autres? Expliquez...........

    -contraintes culturelles ? (comme la négation du droit à l'éducation)

    Oui non

    Si oui, expliquez...................

    Si non, dites pourquoi.............

    Ne pas adhérer aux associations, assister aux manifestations culturelles et autres interdictions culturelles ? Oui non

    Si oui, précisez......................

    Si non, dites pourquoi.................

    Ø Economique ? Oui non

    Ne pas pouvoir :

    -être propriétaire de terre ? Oui non

    -exercer des activités commerciales ? Oui non

    -élever des animaux ? Oui non

    Autres ? Citez-les........................

    19- L'autonomisation la femme malienne, est-ce pour vous, un mythe ou un espoir ?

    Mythe Espoir

    Issa DOUMBIA

    3ème Année Développement Social

    Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux

    GUIDE D'ENTRETIEN

    I- LE CONCEPT D'AUTONOMISATION DES FEMMES

    1- Qu'est-ce que selon vous, l'autonomisation des femmes ?

    ......................................................................................................................................................................................................................................................................

    2- Que faut-il faire à votre avis pour autonomiser les femmes ?

    .....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    3- Peut-on résumer ce concept au seul contexte économique ?

    ..............................................................................................................................................................................

    II- LE ROLE JOUE PAR LE DISTRICT DE BAMAKO DANS L'EMANCIPATION DE LA FEMME MALIENNE

    4- Le district de Bamako a-t-il joué un rôle dans l'émancipation de la femme malienne ?

    ..............................................................................................................................................................................

    5- Quelles sont les grandes actrices que vous connaissez ?

    .....................................................................................................................................................................................................................................................................

    III- LA PLACE DE LA FEMME DE BAMAKO SUR LE PLAN NATIONAL

    6- Qu'est-ce que la femme de Bamako représente pour les autres femmes du pays ?

    ...............................................................................................................................................................................

    7- Du fait de son appartenance à la capitale, la femme de Bamako est-elle différente des autres femmes du pays ?

    IV- LE GENRE D'AUTONOMIE RECLAMEE PAR LES FEMMES

    8- Pensez-vous que la femme doit-être autonome ?

    ..............................................................................................................................................................................

    9- Quel genre d'autonomie réclament les femmes ?

    ..............................................................................................................................................................................

    V- LES CONTRAINTES TRADITIONNELLES PESANT SUR L'AUTONOMISATION DE LA FEMME MALIENNE

    10- Selon vous, quelles sont les contraintes imposées par la tradition et qui entravent l'autonomisation de la femme ?

    ...............................................................................................................................................................................

    11- Quels sont à votre avis, les stéréotypes retardant l'autonomisation de la femme au Mali ?

    ..............................................................................................................................................................................

    12- Comment à votre avis, lutter contre les pesanteurs sociales et les stéréotypes qui étouffent l'autonomisation de la femme ?

    .................................................................................................................................................................................

    13- L'autonomisation la femme malienne, est-ce pour vous, un mythe ou un espoir ?

    * 1EDS-Mali 2012-2013 ; p-273

    * 2RGPH, 2009

    * 3PNG 2011 ; P-23

    * 4PNG 2011 ; p-24

    * 5La femme et l'enfant en chiffres au Mali, CNDIFE ; Octobre 2015, p-24

    * 6PNG 2011 ; p-31

    * 7ibid

    * 8ibid ; P-33

    * 9Rapport Final ; Etude sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali : Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ; MPFEF, RECOFEM ; Bamako ; Février 2006, p-34 

    * 10Rapport du Mali, mise en oeuvre de la déclaration et du programme d'action de Beijing (1995) et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l'assemblée générale (2000); MPFEF ; Juin 2014 ; p-8 

    * 11 WWW.UNESCO.COMConsulté le 12 mars 2016.

    * 12Rapport de la Banque Mondiale au Mali, Évaluation stratégique des Enjeux en matière de Genre au Mali, 2005, P-50

    * 13C'est-à-dire habitant de Djenné. Par analogie, il s'agit ici de la femme de Djenné.

    * 14Merton, R.K.; Elément de théorie et méthode sociologique, éd. Plon, Paris, 1996 

    * 15E. Durkheim, règle de la méthode sociologique, PUF, 1937, pp-34

    * 16Rosalie MALU MUSWAMBA ; Le travail des femmes en République démocratique du Congo : exploitation ou promesse d'autonomie ? ; P-9

    * 17http://fr.wikipedia.org/wiki/mythe

    * 18Décentralisation et programmes de développement en Guinée: stratégie de communication des Agents de Développement Communautaire dans la CRD de Diari dans la sous-préfecture de Labé ; Mémoire de Maitrise, UGLC/ SC, Département de Sociologie, 2003-2004.

    * 19« Informations sur les élus », sur Ministère de l'Administration territoriale et des Collectivités locales, 12 août 2009

    (Consulté le 18 mars 2016)

    * 20 Www.wikipédia.fr consulté le 12 janvier 2016.

    * 21 www.wikipédia.fr consulté le 19 janvier 2016

    * 22S. Konaté, Bamako, enracinée dans l'histoire, ouverte au Monde, L'Essor, 1er décembre 2005 ;cité par wikipedia.fr

    * 23« Informations sur les élus », sur Ministère de l'Administration territoriale et des Collectivités locales, 12 août 2009

    (Consulté le 18 mars 2016)

    * 24« Informations sur les élus », sur Ministère de l'Administration territoriale et des Collectivités locales, 12 août 2009

    (Consulté le 18 mars 2016)

    * 25Livre BLANC, APDF ; P-12

    * 26Ibid.

    * 27Béridogo Bréhima : « Le régime des castes et leur dynamique au Mali », Recherches Africaines, annales de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines, N°00, p- 21, 2002, Université de Bamako ; cité par B. Béridogo (2006).

    * 28Livre Blanc, APDF; p-39

    * 29Women-s-Economic-Empowerment--A-CESO-Perspective, P-11

    * 30Rapport de la Banque Mondiale au Mali, Évaluation stratégique des Enjeux en matière de Genre au Mali, Bamako, 2005, p-113

    * 31APDF, Livre Banc ; p-100

    * 32Rapport Final ; Etude sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali : Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ; MPFEF ,RECOFEM , p-50

    * 33Rapport Final ; Etude sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali : Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ; MPFEF, RECOFEM, p-52

    * 34Aoua Keita ; Femme d'Afrique, la vie d'Aoua Keita racontée par elle-même ; 1975 ; Paris ; p-389-390

    * 35Rapport sur Autonomie économique des femmes consulté bog.ccfd-terresolidaire.org le 21 mai 2016, p-9 

    * 36Bintou Sanankoua, communication du colloque international sur l'islam dans les sociétés de l'Afrique subsaharienne. Défis et réponses ; Dakar, 2008 ; P-3

    * 37Agence Suédoise de Coopération Internationale Au Développement, Profil des rapports entre genres au Mali, Vers l'équité etl'égalité entre genres au Mali, Novembre 2004, 64p.

    * 38Ibid., p-43

    * 39Rapport sur la situation de la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM, Bamako, 2007, p.24

    * 40Rapport sur la situation de la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM, Bamako, 2007, p-25

    * 41Ibid.

    * 42Yaba Tamboura; les droits des femmes au Mali, entre droit positif et droit coutumier ; 2014 ;p-4

    * 43Mme BAÏWONG DJIBERGUI AMANE Rosine,Etude Documentaire et Analyse des violences subies par les femmes au Tchad ; OXFAM ; p-57.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite