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Autonomisation de la femme malienne face à  la tradition: mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du district de Bamako

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par Issa DOUMBIA
Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux - Diplome Supérieur en Travail Social 2016
  

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Chapitre VI : Analyse de la situation ou Analyse et interprétation des résultats de l'enquête

I- Résultats qualitatifs :

Voici quelques discours présentés selon leur ordre d'enregistrement, ils proviennent des interviews faites auprès de certains acteurs de la promotion féminine (D.N.P.F, D.R.P.F.E.F.B, CNDIFE, etc.), des personnes sus-indiquées et de réponses (qualitatives) contenues dans le questionnaire administré sur le terrain :

Discours N°1 : une présidente d'association de femmes

« Impossible de parler de la Femme malienne. Selon qu'elles vivent en zone rurale ou en zone urbaine, dans un environnement conservateur et traditionnaliste ou dans un environnement intellectuel, la vie des femmes diffère. Une chose est sûre, leur vie n'est pas aisée. Autrefois, les mamans contribuaient aux besoins de la famille ; aujourd'hui, elles jouent un rôle prépondérant et nécessaire à la survie. Elles sont peu nombreuses à avoir un emploi rémunéré ou à créer leur propre entreprise. Elles exercent majoritairement dans le secteur informel. Leurs revenus leur permettent de nourrir la famille, d'éduquer les enfants et d'avoir un minimum d'autonomie vis-à-vis de leur époux. Et pourtant, à l'époque de nos grand-mères, de nos mères, les femmes maliennes s'exprimaient. Leur empreinte était forte. Elles se sont battues pour que le Mali accède à la démocratie. Elles ont donné leur poitrine aux balles. Aujourd'hui, le Code de la famille en vigueur a dégradé le texte d'origine qui n'avait rien à envier aux démocraties occidentales. Aujourd'hui, la société malienne a reculé. Je reste optimiste, car sur la scène politique et dans le monde économique,  de plus en plus, des femmes émergent et s'imposent. Nous, jeunes, sommes à la croisée des chemins, entre tradition et modernité. Les femmes maliennes sont en bonne voie. »

Commentaire : cette militante met en lumière les difficultés de la femme malienne qui est diverse selon les milieux ou selon son niveau d'instruction. Elle souligne également sa condition de vie pas très aisée du fait qu'elle a peu accès à l'emploi et est moins créatrice ; cette intervenante pense que la pauvreté des femmes maliennes leur empêche d'avoir un peu d'autonomie vis-à-vis de leur époux mais souligne également la bravoure des grand-mères qui ont luttées pour l'émancipation des femmes et la démocratie au Mali. Elle pense également que le code des personnes et de la famille constitue un recul pour la femme malienne même si elle reste optimiste à cause de l'émergence, actuellement, des femmes sur la scène politique et économique. En sommes cette dirigeante d'association féminine estime que : «Les femmes maliennes sont en bonne voie».

Discours N°2 : F. S., chef d'entreprise dans l'A.C.I 2000

« Ce sont les femmes qui se sont toujours levées quand le Mali était en danger. Malgré le poids culturel et social, la vie des femmes dépend d'elles-mêmes. Elles peuvent s'épanouir et beaucoup agissent pour émerger. Elles ont des choses à dire et à faire. Elles savent prendre les droits dont elles ne bénéficient pas. Il y a une vraie césure entre celles qui vivent à Bamako et les femmes rurales. Les jeunes urbaines ont parfois perdu le sens des valeurs fondamentales de notre culture, alors que les rurales sont souvent envahies par le traditionalisme qui les freine. Que ce soit au pays ou en France où je vis, on parle d'égalité des droits, mais dans nos familles, les filles sont éduquées à se soumettre à leur mari. C'est ancré dans notre culture. Nous subissons une pression sociale. Le mariage de leurs filles demeure l'objectif principal des parents, quelles que soient les études entreprises par la jeune femme. En milieu malien, les hommes craignent parfois l'ambition professionnelle des femmes. Ils ont peur qu'elles ne restent pas «à leur place». Nous, les jeunes, devons astucieusement savoir rester dans l'ombre, mais agir, nous épanouir, sans déséquilibrer nos valeurs socioculturelles. Inutile de prouver à ton mari que tu réussis mieux que lui ou que tu gagnes plus que lui. Oser, travailler, atteindre nos objectifs, sans insister, c'est respecter l'autre. Mais, chez nous, ce sont les relations intergénérationnelles qui pèsent le plus sur les jeunes, femmes et hommes. Quand les aînés parlent, nous  devons nous taire et nous plier à leurs décisions. Née en France, je bénéficie, comme toutes les jeunes maliennes vivant à l'extérieur, d'une double culture. » 

Commentaire : A lecture de ce bref discours qui étouffe à suffisance la réalité sociale malienne ; cette chef d'entreprise veut nous parler primo, du rôle que les femmes ont joué dans l'avènement de la démocratie au Mali malgré le poids des facteurs socioculturels qui les pèse. Cette femme leader fait constat que le combat des femmes malienne et la coupure qu'existe entre celles de Bamako qui ont perdus nos valeurs, notre culture, et les femmes rurales qui sont conservatrices. Cette native de la France confirme que la femme malienne, que quel que soit sa résidence, en ville ou en campagne, ou encore à l'extérieur du pays, subit une pression sociale et culturelle qui l'apprend à se soumettre au mari ; elle pense également qu'au Mali, les hommes ont peur de l'ambition professionnelle de la femme et se soucient de la stabilité de femme au foyer. Elle finit par les conseils à l'endroit de la nouvelle génération : les jeunes.

Discours N°3 : une fonctionnaire dans la promotion féminine.

« Au sein de la société civile, les femmes sont organisées en faîtières, coalitions ou plateformes, mais elles ne s'impliquent souvent que pour les questions de genre. Elles jouent un rôle politique, mais le système est hiérarchisé, dominé par les hommes. Malgré leur présence dans tous les secteurs de production, les femmes maliennes n'accèdent que très peu aux actifs de production, au contrôle et à la gestion des ressources. Les femmes sont conditionnées par la pauvreté et par le poids de certaines traditions culturelles et religieuses qui entravent leur avancée. Trop d'hommes les méprisent, et n'hésitent pas à utiliser les violences verbales et physiques pour les intimider. Elles payent un lourd tribut à la persistance de certaines pratiques coutumières. L'excision, les mariages précoces et ou forcés sont autant de violences qu'elles subissent, surtout en milieu rural.

À cause de la faiblesse du statut juridique et social de la femme, elles ne sont toujours pas en mesure de prendre les décisions importantes pour leur propre santé et survie. Les us et coutumes attribuent ce rôle au chef de famille, qui est souvent différent du conjoint. Le droit coutumier leur est souvent défavorable. Il est appliqué en milieu rural au détriment de la loi, notamment en ce qui concerne la succession sur le foncier. Malgré cet état de fait, les femmes maliennes savent agir. »

Commentaire : cette fonctionnaire souligne l'organisation des femmes dans divers groupements insoucieuses des questions de genre et souligne la domination des hommes au sein de ces groupements et plateformes. Elle pense également que les femmes sont à tous les niveaux d'activités mais accèdent moins aux actifs de production qu'elles ne gèrent et contrôlent pas. Cette intervenante affirme que les femmes souffrent surtout en milieu rural, de la pauvreté, des traditions et de certaines pratiques néfastes à leur santé ainsi que de leur statut juridique qui ne les donne pas l'opportunité de prendre par elle-même les décisions importantes les concernant et qui donne leur sort aux maris qui les méprisent.

Discours N°4 : une fonctionnaire dans la promotion de la femme.

« La vie de la femme malienne n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est encastrée entre les murs, les obstacles et les conditions peu enviables que les traditions lui ont façonnés. «La femme est un esclave», dit cet adage bien d'ici. L'esclave de l'homme auquel elle doit obéissance. Homme qui la laisse trimer sous l'ardent soleil, effectuer de durs labeurs, des travaux des champs, tenir un petit commerce, enfant au dos et ventre rebondi par une grossesse en cours. L'avenir ne semble point rayonnant pour la femme malienne. Elle n'est toujours pas protégée par la loi.

Heureusement, lettrée ou pas, la Malienne est une battante. Elle a cette hargne qui lui dicte de se battre pour que la vie de ses enfants soit meilleure... Ma mère n'était pas allée à l'école, mais elle s'est battue pour que j'y aille, pour que j'y reste et que je réussisse, comme mes autres frères et soeurs. Nous avons tous fait et réussi des études supérieures. Je me suis battue et je me bats toujours autant qu'elle, car c'est important pour le Mali. Chaque femme est une chance pour le Mali. L'Etat doit en prendre conscience, et penser à aider les Maliennes, car ce sont des battantes. »

Commentaire : cette autre travailleuse de la promotion féminine explique la difficile existence de la femme malienne qui dit-elle, est peu enviable entre une éducation traditionnelle socialisatrice à l'esclave de la femme, l'obéissance aveugle à l'homme et ses pénibles travaux domestiques et champêtres. Cette répondante évoque également l'insécurité légale de la femme et finit par affirmer que la femme malienne est une battante, se tue pour l'avenir de ses enfants en prenant l'exemple sur la bravoure de sa mère. En somme, cette intervenante a foi en la femme malienne qui se bat toujours malgré les pesanteurs socio-culturelles qui pèse sur elle et estime que Chaque femme est une chance pour le Mali car dit-elle, «  ce sont des battantes ».

Discours N°5 : une jeune femme de Lafiabougou.

« Je suis étudiante et j'habite à Lafiabougou ; la situation de la femme malienne au regard de nos us et coutumes, est inquiétante. L'homme est toujours en ce 21èmesiècle, le maitre de la famille au Mali, elle a besoin de l'autorisation de celui-ci pour faire tout ce qu'elle a besoin de faire surtout lorsqu'elle est en couple. Et quand elle n'est pas en couple, la femme se heurte encore au veto des parents qui ne la laissent pas en liberté comme les garçons, par exemple voyager, entreprendre certains métiers hors de ceux en relation avec la cuisine, et même vendre au marché à l'extrême. Malheureusement, notre société justifie le plus souvent ces vetos, cette discrimination par la religion qui se mélange à mon avis à notre tradition encore en défaveur de nous femmes du Mali. »

Commentaire : cette étudiante nous parle de la situation de la femme malienne au foyer et en famille qu'elle trouve inquiétante et qui, à la lecture de son intervention considère la femme comme une « éternelle mineure » qui doit demander l'aval du tuteur (selon qu'elle soit en couple ou non) pour pouvoir faire ses choix, ses activités importantes. Cette jeune femme déplore que cet état des choses soit justifié dans notre société au nom de la religion ou de la tradition qui favorise l'homme par rapport à la femme ».

Discours N°5 : une commerçante au marché d'Hamdallaye

« Je suis commerçante au marché d'Hamdallaye, mère quatre (4) enfants et je suis dans ce quartier il y a dix(10) ans de cela. La femme doit être autonome car l'homme et la femme doivent se compléter dans la famille, par contre si la femme est à la merci de l'époux, le poids du foyer sera d'un seul côté et c'est ce que les hommes veulent, aiment se vanter de cela alors que la femme aussi a besoin de se sentir importante. Chez les hommes compréhensifs, on ne voit celui assure les besoins de la famille car chacun contribue de son côté et la balance est équilibré ; au pire des cas, quand l'homme est au chômage et que la femme est active, celui-ci est couvert par la femme.

Les femmes intellectuelles sont peu nombreuses ; et en ce qui me concerne, mon mari ne voit aucun mal que je puisse me débrouiller ici au marché par ce que je suis sur place et par ailleurs, même si je voudrai essayer la politique, je ne sais pas s'il va l'accepter mais je suis sûre et certaine qu'il ne me laissera pas dans les réunions infinissables jusqu'à 20 Heures même si c'est un droit pour moi et il est de mon devoir d'épouses de l'obéir, il est avant tout le chef de notre famille. »

Commentaire : cette commerçante et mère d'enfants nous parle de l'autonomie de la femme et sa nécessité dans le foyer. Elle nous confie que son époux ne l'empêche pas de vendre sur place au marché, ce qui laisse sous-entendre que si elle était ambulante, il s'y serait opposé. Elle nous confie également qu'elle ignore si son époux acceptera son entrée dans la politique au motif que ce dernier ne la laissera pas dans les réunions à une certaines périodes et elle obéit cette autorité du mari pour la bonne marche de la famille.

Discours N°6: L.D., un vieux retraité à Lafiabougou.

« J'ai 65 ans et je suis un retraité des chemins de fer, je suis parmi les premiers occupants de Lafiabougou. Bamako est la capitale, c'est à Bamako qu'habite et a habité toutes les premières dames, c'est elles qui transmet les besoins des femmes à son mari(le président de la République). Toi-même vois les femmes du village par exemple, s'il y avait pas Bamako, on n'aura jamais parlé d'émancipation de la femme dans ce pays car ce sont certaines femmes comme Aoua Keita, Sira Diop et d'autres qui ont importé ces notions d'émancipation et autres corollaires chez nous sinon les femmes seraient aujourd'hui comme elles ont été dans le temps.

Le nouveau concept de votre temps de maintenant d'autonomie des femmes est plutôt une déroute des femmes. A l'ère où la femme veut être un homme ou s'en comporter c'est le monde à l'envers mais ce sont les réalités de ce monde qui tend à sa fin ».

Commentaire : ce retraité des rails explique le rôle de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne par la présence des premières dames à Bamako qui, pour lui, sont des relais entre les autres femmes et les hautes autorités, à ce propos, il explique que dans l'émancipation de la femme malienne, si Bamako n'existait pas, il fallait le créer. Cependant, il pense que c'est certaines femmes intellectuelles qui ont ramenées le concept d'émancipation dans notre pays que sinon que les maliennes seraient toujours à la case de départ, en outre, le vieux retraité trouve l'autonomie de la femme comme une débâcle, une déroute de la femme dans un univers apocalyptique.

Discours N°7 : Une fonctionnaire d'une des directions du M.P.F.E.F

« L'autonomisation économique est l'essentiel de l'autonomisation des femmes maliennes. C'est un facteur pour les autres types d'autonomisation à savoir politique et même sociale. Les avancées ont été faites pour aider les femmes à se détacher des hommes sinon à accéder aux mêmes opportunités de chance et de services au même titre que les hommes sans discrimination ; par exemple ; nous avons beaucoup salué le FAFE qui donne la chance aux femmes de réaliser leur rêve et la loi sur le quota que nous avons beaucoup attendu car les femmes n'ont occupés que de postes de secrétaires à l'organisation ou aux conflits et autres postes non affichés dans les partis politiques. Cette loi a offert une égalité et une autonomie politique aux femmes maliennes. »

Commentaire : cette actrice de la promotion féminine estime que l'accent doit être mis sur l'autonomie économique des femmes maliennes pour qu'elles retrouvent les autres types d'autonomies comme celle politique et sociale. Elle nous note également le FAFE et la loi sur le quota des femmes dans les postes électifs et nominatifs comme étant des avancées faites en faveur de l'autonomisation des femmes de notre pays.

Discours N°8 : M.B., une étudiante- stagiaire d'Hamdallaye.

« Je suis étudiante-stagiaire et j'habite à Hamdallaye. A mon avis Bamako a joué un rôle dans l'émancipation de la femme malienne en ce sens qu'il est considéré comme une plateforme où la femme a le plus de liberté et d'opportunités. Bamako concentre le plus d'O.N.G et de programme d'appui qui viennent en aide aux femmes afin qu'elles se prennent en main et deviennent aussi acteurs de la société. A mon avis, l'étape la plus importante de l'émancipation de la femme malienne fut la nomination de la première femme à la tête du gouvernement sous le régime d'Amadou Toumani Touré. En ce qui concerne la femme bamakoise, elle est différente des autres femmes du pays car elle jouit énormément de cette position de capitale qui l'offre un facile accès aux services sociaux de base. Pour certaines, la bamakoise représente un modèle, de par sa confiance en soi et son indépendance, mais pour d'autres, elle constitue un danger pour notre coutume, nos traditions. En tant que femme et résidante à Bamako, nous réclamons l'autonomie financière mais aussi sociale et politique. Pour ce qui sont des contraintes qui pèsent à la fois sur la femme et à son autonomie, il faut savoir que toutes les religions monothéistes mettent l'homme au-dessus de la femme et la rendent dépendante de l'homme. A côté de la religion qui entrave énormément sur la femme malienne, je pense que l'éducation, l'instruction et l'alphabétisation de la femme sont importante pour son épanouissement or, tout le monde sait que les femmes sont majoritairement analphabètes et même si elles partent à l'école, peu atteignent un certain niveau sans par des multiples corvées qu'elles sont obligées d'effectuer à la maison avant de faire autres choses. A côté de tout ce que je viens dire, les femmes maliennes sont confrontés à la résistance de leurs époux qui ne laissent pas l'accès des opportunités économiques par pure jalousie pour ne pas exagérer sinon par égoïsme pure et simple. Pour ma part je suis optimiste même si notre coutume ne nous laisse pas le choix car le gouvernement est entrain d'oeuvrer pour notre libération. »

Commentaire : cette étudiante estime que Bamako a joué un rôle dans l'émancipation de la femme malienne, elle justifie son avis par le fait que cette ville est une plateforme, un lieu où la femme a plus d'opportunités et par le fait que Bamako abrite la quasi-totalité des structures destinées aux femmes. L'étape la plus remarquable selon elle, a été la nomination d'une femme à la tête du gouvernement. Elle estime que Bamako différencie ses femmes des autres femmes du pays et nous a confié que les bamakoises réclament l'autonomie sur les plans financier, politique et social. Elle ajoute également que les religions monothéistes, l'analphabétisme, les travaux domestiques et la résistance des époux sinon leur égoïsme sont des contraintes qui pèsent sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie, mais cette répondante reste tout de même optimiste au regard des efforts gouvernementaux en faveur de l'autonomisation de la femme malienne.

Discours N°9 : une secrétaire de Djicoroni- Para.

 « Je suis secrétaire de direction de 27 ans et j'habite à Djicoroni-Para. Pour moi, Bamako n'a joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme malienne car les femmes sont toujours à la traine, nous sommes en chômage et pauvre. Il n'y a que des femmes à Bamako qui pensent qu'elles revendiquent pour toutes les femmes du Mali alors qu'elles sont les seules à tout profiter au noms des autres femmes. La femme n'est même pas émancipée au Mali, Bamako n'a rien fait d'abord.

La femme de Bamako est différente des autres femmes du pays car ces femmes comme par exemple, de la campagne, souffrent beaucoup plus que nous qui sommes à Bamako ici avec presque toutes les facilités de la villes ; or nos mères du village, des régions perdent toujours leurs temps dans la corvée d'eau, de bois et les travaux pénibles comme le pillage du mil et les travaux champêtres ; nous nous avons ici les machines qui pilent à notre place et nos maris pourvoient à nos besoins essentiels, on est vraiment différent.

Nous les femmes de Bamako réclamons toutes les formes d'autonomies pouvant conduire à notre plein épanouissement. Mais la religion musulmane constitue une barrière pour ce que nous demandons car elle nous soumet à notre époux qui choisit le bon et le mauvais pour nous. Les femmes intellectuelles, instruites sont peu nombreuses dans ce pays alors que l'école contribue à notre développement sinon j'ignore comment les associations et les manifestations peuvent contribuer à l'autonomisation des femmes. Tout bon époux doit mettre sa femme à l'abri des coureurs de jupons et je trouve très mauvais de laisser une femme faufiler çà et là dans les soi-disantes associations débordées par les hommes. Cependant, on ne doit nullement empêcher la femme d'exercer le commerce si elles sur place ou de l'empêcher d'élever des animaux ou des volailles. Je pense qu'une bonne femme ne doit pas penser à s'autonomiser ».

Commentaire : cette répondante pense que Bamako n'a joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme malienne ; elle justifie son point de vue par le fait que c'est un groupuscule de femmes qui dit réclamée l'émancipation de la malienne et qui profitent de toutes les retombées au nom des autres femmes et elle met même en cause l'émancipation de la malienne. Cette secrétaire de direction estime également que Bamako offre plus de facilités aux femmes, ce qui, selon elle, différencie la femme de Bamako des autres femmes du pays qui sont plus occupées aux corvées d'eaux, de bois et aux travaux pénibles. Elle soutient que les bamakoises réclament toutes les formes d'autonomies pouvant leur assurer le bien-être, pour autant elle confirme que la religion musulmane, l'analphabétisme, constituent des barrières pour les femmes. Elle n'admet également pas qu'on empêche la femme d'accéder aux opportunités même si elle ne voit pas de mal qu'un homme empêche sa femme d'assister/ d'adhérer aux associations ou manifestations culturelles.

Discours N° 10 : un haut cadre du M.P.F.E.F.

« Bamako étant la capitale, tous les départements sont là, tous les ministères sont là, toutes les organisations sont concentrées à Bamako, ce qui fait que tous les leaders sont à Bamako. Même si les autres femmes des régions adhèrent à l'idée mais ce qui est sûr, c'est que la matière centrale est là à Bamako ce qui fait que la ville abrite les sièges des organisations et des services. Tout est coordonné à partir de Bamako. Bamako joue un rôle de coordination et de plaidoyer dans l'émancipation de la femme en tant capitale. Les grandes actrices de l'émancipation sont nombreuses mais je peux te citer entre autres : Sira Diop, Aoua Keita...

En réalité les femmes de Bamako sont là mais la plupart des difficultés sont au niveau de la campagne. Les femmes de Bamako, urbaines revendiquent au nom de leurs consoeurs de la campagne au milieu rural. Les bamakoises ne sont que de meneuses, elles coordonnent les mouvements.

Dans le contexte où nous parlons, entre guillemets, on dit que la femme de Bamako sont des « MISOROBATIGUI », elles ne sont pas dans le besoin même si elles revendiquent au nom de leurs consoeurs au niveau des régions, local. Elles militent au nom des femmes mais les vraies cibles sont les femmes rurales.

Il y a une très grande différence/ notoire entre la bamakoise entre ces femmes du village. La bamakoise est un peu là à l'abri du besoin alors que leurs soeurs n'ont pas même accès à certains trains de vie.

À mon avis, les femmes réclament l'autonomisation économique surtout à travers financement des AGR. L'autonomisation sociale aussi, car il faudrait que les hommes contribuent à cela en diminuant certains pesanteurs sociaux. Elles réclament beaucoup au niveau économique, quand leurs AGR seront financer, elles n'embêteront plus les hommes, elles pourront se vêtir, se soigner, assurer leur tontine eux-mêmes. Dans ces conditions elles s'occuperont plus aisément aux enfants, à la famille.

Les femmes veulent aussi une autonomie au niveau politique, mais l'Etat a adopté la loi sur le quota de30% pour favoriser l'émergence politique des femmes, une façon d'obliger les hommes à laisser certains fauteuils aux femmes.

Les pesanteurs socioculturels que sont toujours les idées qui excluent la femme de certains activités pendant qu'elles ont la compétence, des idées sexo-spécifiques (ceux est pour hommes....d'autres pour les garçons) étouffe la femme malienne.

Le code des personnes et de la famille entrave la femme car il fait référence à des préceptes religieux qui ne sont pas en faveur des femmes. Pour lutter contre ces pesanteurs, il faut la sensibilisation, il faut que les hommes prennent conscience que les femmes peuvent produire, qu'ils changent de comportement et il faut pour cela intensifier les CCC (Communications pour le Changement de Comportement), que les hommes s'engagent aux cotés des femmes pour éviter les rivalités ou l'égoïsme dans le foyer. »

Commentaire : Ce haut placé du ministère explique le rôle joué par le district de Bamako dans l'émancipation de la femme à travers la concentration des organisations, des O.N.G et des femmes leaders à Bamako; ils pensent que cette ville a joué un rôle de coordination et de plaidoyer dans l'émancipation de la femme malienne. Il ajoute que les femmes du district militent pour la cause des femmes du pays.

Ce cadre répète l'appellation « misôrôbatigui » attribuée aux bamakoises et pense qu'elles sont différente des autres femmes car dit-il « elles ne sont pas dans le besoin » et du fait qu'elles accèdent facilement aux services sociaux de base contrairement aux autres femmes.

Ce répondant estime que les femmes réclament plus l'autonomie économique, sociale et politique et évoque un peu d'une avancée sur le plan politique (quota de 30% des postes), il termine par les contraintes qui pèsent sur l'autonomisation de la femme, à cet effet, il nous parle des idées sexo-spécifique qui excluent les femmes de certaines activités, le code des personnes et des familles qui s'inspire de la religion. Pour lutter contre ces pesanteurs, il préconise la sensibilisation et la communication pour le changement de comportement.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci