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Autonomisation de la femme malienne face à  la tradition: mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du district de Bamako

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par Issa DOUMBIA
Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux - Diplome Supérieur en Travail Social 2016
  

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A- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE :

La recherche documentaire nous a conduits à la lecture et l'étude de quelques ouvrages qui ont déjà plus ou moins abordé ce thème.

Quelques documents sur la femme et le développement, son statut et sa position sociale et/ou juridique dans les différentes sociétés; nous ont également été d'un grand apport. Il s'agit entre autres de :

v « L'église et la femme: vers une anthropologie trinitaire à la lumière de la théologie orthodoxe » de Xiénia IOURIEV ; dans ce recueil d'anthropologie théologique, comme titré, traite la place réservée à la femme dans l'église et tente d'apporter des solutions pour cet état de fait.

S'agissant de la place accordée à la femme dans l'église, IOURIEV nous parle ainsi de ce que les pères d'église disaient au IVème siècle : « Nous ne permettons pas que les femmes exercent une fonction d'enseignement dans l'église, mais elles doivent seulement prier et écouter l'enseignement... car si l'homme est le chef de la femme, il n'est pas normal que le chef soit dominé le corps qui dépend de lui.»(p-89).

L'auteur analyse certaines situations ecclésiales en se posant trois questions fondamentales : « les raisons du statut des femmes dans la société ont-elles une valeur normative au sein de l'église ?, quelles sont les conséquences de l'absence des femmes dans les instances de décision ? et enfin, leur place secondaire dans le mariage et leur exclusion des sacerdoces ministériels sont-elles justifiées ou non ?»(p-19) dont il essaie de répondre en faisant usage des passages et/ou récits bibliques ainsi des théologiens chrétiens.

En réponse à ces différentes préoccupations posées, Xiénia Iouriev propose que : «lorsque nous souhaitons que la place soit faites aux femmes en tant qu'être humain parfaitement libre et membre pleinement responsables du corps du christ ; dans le mariage et les ministères ordonnés, il ne s'agit nullement d'une innovation. Tout au contraire, c'est la mise en pratique de nos vérités théologiques, la fidélité à notre tradition envers et contre la mentalité du monde, une conversion à l'esprit évangélique que nous demandons. Certes, il n'est pas facile de changer des choses que la coutume et une longue durée de temps on fait respecter, mais notre évolution spirituelle nous libère du conformisme et du conservatisme pour appeler aux changements dans la continuité et la fidélité à notre tradition vivifiante.» Cet ouvrage prétend à rechercher si la pratique de l'église est exactement conforme à son enseignement. 

v Francesco TORNIERI et Soyata MAIGA, dans « Etude analytique sur le statut de la femme et la loi au Mali », Bamako, 2011. Cette étude menée par les consultants sur la situation de la femme donne un bref aperçu des liens existant entre les principales caractéristiques socioéconomiques et politiques et le statut de la femme au Mali. Elle met également en exergue le cadre politique/ institutionnel et juridique/ réglementaire relatif au statut de la femme, divulgue les acquis dans certains domaines prioritaires de promotion du statut de la femme ainsi que les reformes qui était en cours à l'époque dans certains secteurs prioritaires pour la promotion du statut de la malienne.

Il faut souligner que cet ouvrage ne traite pour autant pas en tant que telle l'autonomisation de la femme même s'il a le mérite d'aborder les obstacles dans certains « domaines prioritaires » d'épanouissement de la femme comme l'accès au crédit, à la terre, à la justice... du point de vue juridique.

Nous pouvons considérer ce livre comme traitant intrinsèquement ce qu'on peut appeler par abus de langage «  l'autonomisation juridique de la femme malienne » par une analyse détaillée des instruments juridiques en faveur de l'égalité des sexes au Mali.

v Fatoumata Maiga, Mali : 50 ans de parcours de femme, Edicef-média 2011 ;

Est un ouvrage qui rend hommage, qui donne la parole et qui valorise la femme malienne. Il incite, exhorte également les hommes(le gouvernement) à s'investir dans l'implication des femmes dans la gestion du pays dans le processus de développement. Ce qui est plus important c'est que ce livre retrace presque toute l'histoire du combat de la femme malienne pour l'émancipation, la promotion et ce, de l'indépendance à nos jours, enfin, au cinquantenaire de l'accession de notre pays à la souveraineté. Pour cela, ce recueil nous l'horizon (leur portrait) des femmes pionnières de l'émancipation de la féminine, du combat des femmes pour leur pleine implication à la gestion de la chose publique. Il met également en filigrane les différentes femmes qui ont été responsabilisées dans les différentes institutions ou services (Député, ambassadrices, ministres, hauts gradés de l'armée...) ainsi que celles qui se sont fait distinguées dans d'autres activités/ domaines comme le théâtre, le journalisme, la santé, l'éducation, le sport...au Mali de la première république jusqu'à la fête du cinquantenaire (2010). Cette publication a eu toute fois le mérite de ne pas occulter la part des femmes rurales dans ce récit historique.

Cet essai de Fatoumata Maiga constitue également une voix pour dénoncer, décrier tous les préjugés, les mentalités religieuses et stéréotypes qui se sont mis sur le chemin de l'émancipation voire de la promotion de la femme et qui se ont constitués depuis l'indépendance, des blocages auxquels les maliennes ont fait face.

v Regard croisé sur les mouvements féministes au Mali  (2004) de Drissa DOUMBIA est un bref document critique comme le laisse entendre son intitulé du féminisme tel que brandit par les mouvements féministes du Mali. Ici l'auteur fait une historique des différents courants féministes depuis la période coloniale jusqu'à la date publication de son livre(2004) en passant par un rappel de l'histoire de la survivance de la question féminine dans le monde et toute sa complexité selon les sociétés, les cultures...

Cette publication est, si nous nous le permettons, une vision, un pamphlet témoignant la position et l'analyse d'un conservateur vis-à-vis des revendications et des pensées féminines féministes dans une société accrochée à ses valeurs et à ses traditions.

Dans ce pamphlet, l'auteur s'acharne sur un document de « plaidoyer pour une effectivité des droits de la femme au Mali » ; qui, dit-il accompagne une brochure intitulée «  Mieux lire et comprendre la convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard de la femme.» lequel document qu'il analyse et compare à notre coutume ou société déjà selon lui, «  en avance » ou ayant des explications que ledit document néglige l'opportunité.

Dans cet ordre d'idée, l'auteur critique beaucoup les conceptions occidentales véhiculées par les féministes des faits tels que le mariage (la célébration, le consentement de la fille...), le travail des femmes, la scolarisation des filles...

Cette brochure (je veux dire livre) est un témoignage de notre société à vouloir demeurer dans son idéologie conservatrice, de son refus du changement puisque l'auteur affirme  «  ne pas s'identifier de la version occidentale à l'égard des droits de la femme » ; c'est pourquoi il dit être étonné par les féministes du Mali qui, selon lui « parlent beaucoup des droits de la femme, et rarement des devoirs.» (p-36)

v Et si l'on relisait le coran, la Sahélienne, Bamako, 2013 ; de Hanane Keita. Ce livre de Hanane répond à certaines questions qui, dit-elle, «  se posent à la conscience musulmane moderne ». Il analyse beaucoup d'aspects comme l'islam et les prêcheurs, islam et législation...

Dans sa partie consacrée à la question de la femme et l'islam, l'auteure propose l'islam comme défenseur de la femme, et les musulmans, les premiers apôtres des droits de la femme en ces termes : «  l'islam a trouvé en place des pratiques rétrogrades. Ainsi le fils pouvait prendre en héritage la femme de son père. De même un homme pouvait épouser à la fois la mère et la fille, ou les deux soeurs en même temps (...). L'islam a aboli ces pratiques... » (p-34). Mais l'auteure déplore tout au long de cet ouvrage que les «  exégètes ont interprétés les versets coraniques relatifs à la femme à leur guise, selon leurs désirs et leurs intérêts, sans aucune considération pour l'esprit du coran » (p-35).

v Djénné d'hier à demain, Donnya, Bamako, 1999 de Joseph Brunet-Jailly :ce livre, dans son esprit s'adresse aux touristes, aux visiteurs cultivés susceptibles de s'engager dans la découverte la ville sainte : Djenné. Pour ce faire, il retrace l'histoire ou du moins, l'origine de Djenné à partir des sources archéologiques et des sources écrites. Ce «ouvrage de touristique » fait également la lumière sur le quotidien des habitants de la ville en faisant le point sur les principales activités (religion, commerce, fêtes, écoles, enfance, les métiers d'art de Djenné...). Outre, ce livre fait une brève description monographique de cette ville qui a tant séduit l'auteur. Bref, cet ouvrage ne nous parle que de Djenné dans son ensemble.

En dépit des aspects touristiques avec lesquels le lecteur excité par la ville peut être amené à s'intéresser davantage, ce manuel a l'opportunité de nous faire l'état de la situation, voire de la vie la femme à Djenné en ces termes « les femmes sont(...) soulagées dans les travaux domestiques(...). L'installation des bornes fontaines et l'eau courante a beaucoup réduit, sinon complètement supprimée la corvée d'eau ; l'installation de décortiqueuses, de moulins à céréales puis récemment l'électrification, ont allégé sensiblement les travaux qui emplissait la vie des femmes. En outre, elles ont actuellement la possibilité de diversifier leurs revenus par le maraichage, le commerce de « sucrerie » ou d'eau glacée ; par le jardinage, elles ont amélioré l'alimentation familiale en y ajoutant les légumes.»(p-83)

Ensuite, ce livre met en relief l'autonomie de la djénnéka13(*) composée de plusieurs ethnies( dogon, peulh, songhoy, bamanan...), à ce propos il témoigne ainsi : « les femmes disposent de tout le pouvoir au pouvoir au sein de leur foyen, pour ce qui est de l'utilisation de leurs revenus personnels, de la gestion de leurs biens personnels et des questions relatives au ménage( essentiellement la cuisine et l'éducation des filles)(...) la femme peut décider seule de scolariser ses filles et est de toutes façons responsable de leur bonne éducation. Les biens personnels de la femme sont principalement constitués de bétails (vaches, moutons ou chèvres...) (p-93).

v « Femme d'Afrique, la vie d'Aoua Keita racontée par elle-même », présence Africaine, Paris, 1975 : cet ouvrage écrit par la première femme élue député au Mali et l'une des premières sages-femmes de l'Afrique est l'autobiographie de Mme Diallo Aoua Keita, la femme qui a osé entreprendre, s'engager dans la vie publique à une époque où les idéologies n'étaient pas développées au Mali, où les femmes peinaient du fait de leur bas niveau d'éducation et d'instruction ainsi que de leur position sociale à s'affirmer devant et parmi les hommes.

L'auteure Aoua Keita nous raconte sa vie, nous explique l'éducation traditionnelle qu'elle a reçue ainsi que les conditions dans lesquelles elle a été admise à l'école, son école, sa vie professionnelle de sage-femme, de sa vie de couple et de sa vie de femme politicienne dans un Mali fortement patriarcale et « misogyne ».

Parlant de sa vie de femme politique, Aoua Keita nous montre à quel point l'accès à la politique, bref au pouvoir est mal apprécié et accompagné des agissements misogyniques et sexués dans la société malienne. Elle nous raconte l'une de ses mésaventures dans un village où elle s'était rendue lors des campagnes électorales en 1959 et où le chef l'interdit l'accès de son village en l'apostrophant ainsi : «  Sors de mon village, femme audacieuse. Il faut que tu sois... effrontée pour essayer de te mesurer aux hommes en acceptant une place d'homme... c'est la faute des fous dirigeants du RDA qui bafouent les hommes de notre pays en faisant de toi leur égale...Koutiala, pays de vaillants guerriers, de grands chasseurs, de courageux anciens combattants de l'armée française, avoir une petite femme de rien du tout à sa tête ?...Moi, sergent-chef de l'armée française, ayant battu les Allemands, accepter d'être coiffé par une femme ? Jamais !...j'ai trois femmes comme toi qui me grattent le dos tous les soirs à tour de rôle... » (P-13 et 389).

Alors raconte-t-elle toujours « je compris la gravité de la situation et pris beaucoup de précautions pour parler au chef. Mais ce dernier me bouscula avec violence et me cracha dessus(...) Fous-moi le camp femme à langue mielleuse. Je me moque de toi, de tes paroles de diable et de Satan (...). Retiens ta langue. Si tu continues à me parler, je te ferais bastonner par les femmes. » (p-390).

v Femmes, éducation et autonomisation : voies menant à l'autonomie, de Carolyn Medel-Añonuevo, un Rapport du Séminaire international tenu à Institut de l'UNESCO pour l'Education (IUE) en1995.

Le Séminaire international sur l'éducation et l'autonomisation des femmes fut réuni en 1995 dans le contexte de la discussion sur la pertinence de l'éducation des femmes pour l'amélioration de leur situation, à court terme, et pour leur émancipation, à long terme. Son rapport résulte de la compilation des rapports d'atelier sur la problématique de l'éducation et de l'autonomisation des femmes dans les contrées de l'Asie. Ce rapport s'appuie donc, sur la Déclaration par les Nations Unies de la Décennie pour la femme en 1975 avec l'hypothèse que si les femmes comprenaient leurs conditions, connaissaient leurs droits et acquéraient des compétences leur étant traditionnellement refusées, une autonomisation s'en suivrait.

Il évoque la condition féminine en ces termes : « Les conditions actuelles de travail et de vie empêchent, par ailleurs, de nombreuses femmes de participer sérieusement à des programmes ou projets d'éducation conçus spécialement pour elles. Leur paupérisation accrue les contraint à se concentrer sur des activités génératrices de revenus tout en vaquant à leurs corvées ménagères. Ce quotidien, par conséquent, limite le temps et l'énergie qu'elles pourraient investir dans des programmes d'éducation. » (p-5)

Avant de justifier son hypothèse en Asie, ce rapport se penche sur les définitions doctrinales de plusieurs auteurs. Ainsi, il nous ouvre une multitude de définitions tout en approuvant que la nature de l'autonomisation la rend difficile à définir. Car nous raconte-t-il d'une part, elle constitue souvent un objectif dans de nombreux programmes ou projets de développement. D'autre part, on peut aussi la concevoir comme un processus subi, qui conduit éventuellement à des changements (p-9). Il nous rapporte la définition de Nelly Stromquist qui voit l'autonomisation comme « un processus qui transforme le rapport des forces à la fois dans les relations interpersonnelles et dans les institutions de la société, tandis que Lucy Lazo la décrit comme "un processus d'acquisition, de répartition, d'attribution des ressources et des moyens ou bien permettant d'accéder à la maîtrise de ceux-ci. »(p-9)

Il cite également l'avis de Namtip Aksornkool qui cite la définition de l'autonomisation de Paz comme "étant la capacité à diriger et à maîtriser sa propre vie". Mais Citant Depthnews, l'autonomisation ressort comme « un processus qui permet aux femmes de maîtriser leur propre vie en connaissant et en exigeant leurs droits à tous les échelons de la société, aux niveaux international, local et personnel. »

L'autonomisation individuelle signifie que les femmes acquièrent leur autonomie, sont capables de définir elles-mêmes leurs buts et sont pleinement impliquées dans le processus de prise de décision économique et sociale ».

Dans ce même canevas, ce document rapporte plusieurs autres définitions différentes les unes des autres du mot pour démontrer toute la relativité de l'autonomisation. Quoique vue dans un sens différent, est l'une des caractéristiques majeures discutées dans l'article de Madame Lazo.

Parlant des composantes de l'autonomisation, ce rapport affirme que l'autonomisation peut avoir quatre composantes : cognitive, psychologique, économique et politique. (p-10)

Selon madame Stromquist, la composante cognitive inclurait la "compréhension par les femmes de leurs conditions de subordination et de leurs causes aux niveaux macro et micro de la société. Elle implique l'acquisition de nouvelles connaissances engendrant une nouvelle conception des rapports entre les sexes ainsi que la suppression des vieilles croyances qui structurent les idéologies traditionnelles concernant les différences entre femmes et hommes". La composante psychologique, d'autre part, inclurait le "développement de sentiments que les femmes peuvent influencer l'amélioration de leur condition. Ce qui signifie croire au succès de leurs efforts visant à un changement".

La composante économique "requiert que les femmes soient capables de s'engager dans une activité productive qui leur permettra d'accéder à un certain degré d'autonomie, peu importe qu'elle soit faible et difficile à obtenir au départ"

La composante politique comprendrait "la capacité à s'organiser et à se mobiliser en vue d'un changement. Par conséquent, un processus d'autonomisation doit inclure non seulement une prise de conscience individuelle, mais aussi une prise de conscience et une action collectives".

Ce rapport va loin jusqu'à nous citer les indicateurs de l'autonomisation. Il finit par la théorie de l'éducation pour l'autonomisation des femmes avec comme mot d'ordre, «  instruire pour autonomiser »

Les défenseurs de l'éducation pour l'autonomisation ont affirmé que l'éducation ne doit pas se limiter simplement à "rendre capable". Elle doit considérer les femmes en tant que membres actifs de la société qui ont besoin d'instruction pour prendre part, d'une manière efficace et significative, à toute activité, et en tant que partenaires égales des hommes. (p-58)

Bref, ce rapport aide à comprendre les fondements théorique de l'autonomisation et développe combien l'instruction est cruciale à l'épanouissement socioéconomique de la femme ainsi qu'à sa participation à la gestion des projets de développement. Cependant, ce document n'approfondi pas la relation entre la tradition et l'autonomisation de la femme alors que partout dans le monde quelque part, la tradition a été évoquée pour empêcher les femmes d'accéder aux voies de leur autonomisation.

v «  LE DEUXIEME SEXE » de SIMEONE DE BEAUVOIR, Gallimard, 1975.

Ce livre II commence avec la phrase la plus célèbre de Simone de Beauvoir, « 0n ne nait pas femme, on le devient ». De Beauvoir cherche à détruire l'essentialisme qui prétend que les femmes sont nées femmes, mais au contraire sont construites telles par l'endoctrinement social. De Beauvoir appuie cette thèse en retraçant l'éducation de la femme depuis son enfance, en passant par son adolescence jusque dans ses relations sexuelles. A chaque étape, Beauvoir illustre comment les femmes sont forcées d'abandonner leurs revendications à la subjectivité transcendante et authentique au profit d'une acceptation d'un rôle «passif» et «aliéné», laissant à l'homme le rôle actif et subjectif. De Beauvoir étudie les rôles d'épouse, de mère, et de prostituée pour montrer comment les femmes, au lieu de se transcender par le travail et la créativité, sont réduites à des existences monotones, au rôle de mère et de maîtresse domestique et celui de réceptacle sexuel de la libido masculine.

Cependant, un malentendu commun sur De Beauvoir consiste à croire que la femme n'est plus libre. Il faut se souvenir que De Beauvoir est une philosophe existentialiste, autrement dit qu'elle considère la liberté ontologique des êtres comme absolues : l'homme ne détruit pas la liberté de la femme en objectivant la femme, mais il tente d'en faire un objet. La femme reste une transcendance, transcendée par la transcendance masculine, ou formulée autrement : une transcendance transcendée.

Néanmoins, et c'est là toute la complexité et subtilité de l'analyse de Beauvoir, les femmes peuvent être responsables et participer à leur propre sujétion. De Beauvoir distingue ainsi 3 conduites inauthentiques dans lesquelles les femmes fuient leur condition de transcendance pour se fixer dans des croyances et des valeurs prédéterminées. Ces trois attitudes, formant autant de tableaux sont : la narcissique, l'amoureuse et la mystique. Ces trois catégories ont en commun la fuite de leur liberté au profit de l'objet. Dans le cas de la narcissique, l'objet est elle-même, dans celui de l'amoureuse, son bien-aimé et dans celui de la mystique, l'absolu ou Dieu.

De Beauvoir formule en conclusion des recommandations pratiques pour favoriser l'émancipation de la femme. Tout d'abord, elle exige qu'on permette à la  femme de transcender à travers ses propres projets. En tant que tel, la femme moderne «se targue de penser, d'agir, de travailler, de créer dans les mêmes conditions que les hommes. Au lieu de chercher à les dénigrer, elle se déclare leur égal».

Afin d'assurer l'égalité de la femme, Simone de Beauvoir préconise de tels changements dans les structures sociales telles que la légalisation de la contraception et de l'avortement, la liberté économique de la femme et son indépendance à l'égard de l'homme. En ce qui concerne le mariage, De Beauvoir le voit comme un obstacle à la libération des femmes car il fixe dans une institution les rôles archaïques de mari, patron de la famille, et celui de l'épouse, son esclave domestique.

* 13C'est-à-dire habitant de Djenné. Par analogie, il s'agit ici de la femme de Djenné.

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