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Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

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par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

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Chapitre 3 : Des contraintes dans la mobilité résidentielle intra-urbaine centrifuge des ménages de la ville de Niamey

Introduction

Ce chapitre est une analyse synthétique des données et informations observées au niveau des quartiers enquêtés en confrontant les différentes strates afin d'obtenir une représentation globale de la mobilité résidentielle intra-urbaine des ménages de Niamey. De ce fait, il a pour objectif de vérifier la première hypothèse de cette étude selon laquelle la mobilité résidentielle est le moteur de l'étalement urbain de Niamey. Pour ce faire, l'analyse globale est suivie d'une démarche processuelle qui consiste à étudier chacune des étapes qui composent la trajectoire résidentielle intra-urbaine des ménages. L'étude de trajectoire résidentielle place l'analyse dans une démarche rétrospective associant une diversité de critères avec comme porte d'entrée le statut d'occupation du logement des ménages. Avant de commencer l'analyse proprement dite, il convient de rappeler les différentes théories sur lesquelles se basent les études de la mobilité résidentielle.

3.1. Théories de la mobilité résidentielle

La mobilité résidentielle modifie la répartition spatiale des populations d'une agglomération. Son analyse s'appuie sur plusieurs théories que C. Marois (2010)20(*) a sues bien exposer en trois groupes. Ainsi, distingue-t-il les théories classiques basées sur la « décision de migrer », les théories centrées sur « les facteurs de la décision de migrer » et enfin les théories mettant l'accent sur « les contraintes ».

Les théories classiques basées sur les études des comportements des individus et des ménages montrent que la mobilité résidentielle est liée à un processus de décision émanant de la Cueillette des informations, l'insatisfaction du lieu de résidence, la recherche d'une destination et l'évaluation de destinations potentielles.

Les recherches de Wolpert sur la décision de migrer des individus constituent un point de départ de plusieurs travaux de recherche dans le domaine. Le postulat est que «  Pour tout individu, la décision de migrer résulte de l'interaction de deux forces : d'une part, les pressions de son lieu de résidence permanent et d'autre part, les attraits d'un nombre potentiel de destinations».

Quant à l'approche behavioriste de l'étude des choix résidentiels en milieu urbain, elle met aussi l'accent sur la décision de migrer ; mais selon ce modèle, ce sont les perceptions des individus de ces opportunités qui sont importantes et non pas les facteurs constituant le modèle des facteurs de répulsion et des facteurs d'attraction.

S'agissant des théories centrées sur les facteurs de la décision de migrer, Claude Marois cite deux modèles à savoir celui de Brown et Moore et celui de Bell. Selon le modèle de Brown et Moore (1970), la migration est une forme d'adaptation au stress dans l'environnement ; cette théorie met en évidence les changements dans les besoins et les attentes du ménage tout comme les changements dans les caractéristiques du logement et l'environnement résidentiel. Il met également l'accent sur la décision de migrer des individus et postule que chaque ménage a son propre cadre de référence concernant le mode de vie urbaine et la situation du logement.

Le modèle de Bell (1956) est fondé sur la théorie du familisme; il s'agit d'une théorie centrée sur la vie familiale. Au début du mariage, la vie de famille est centrée sur les enfants. Pour plusieurs, il y a une migration vers la banlieue motivée par la qualité de l'environnement urbain, etc. C'est à ce niveau que C. Marois fait cas des effets de mobilité sociale21(*) sur la mobilité résidentielle en montrant que les ménages qui montent dans l'échelle sociale peuvent être sensibles à certains aspects des lieux de résidence ; dans ce cas, la localisation de leur lieu de résidence a une valeur de prestige (l'expression spatiale de la mobilité verticale).

Enfin, C. Marois, fait noter que d'autres auteurs mettent plutôt l'accent sur les contraintes dans la décision de migrer ; ainsi il cite Murie (1975) qui relève les quatre contraintes suivantes :

a) les préférences des ménages varient en fonction des valeurs, des revenus et de l'occupation ; selon l'auteur, ces préférences influencent l'interprétation des opportunités offertes ;

b) les restrictions dans la recherche et la collecte de l'information ; il s'agit pour Murie de contraintes influençant les perceptions du ménage ;

c) l'accessibilité au logement reliée aux «règles» posées par les secteurs privés et publics ;

d) et enfin l'offre limitée du type de logement désiré.

De ce fait, chaque ménage prend sa décision dans le cadre de contraintes à l'échelle de l'individu et de contraintes sociétales (institutionnelles). C'est cette logique qu'en

1989, P. Vennetier précise en parlant des villes d'Afrique tropicale, que « Les quartiers péricentraux accueillent le flot issu de l'exode rural ; surpeuplés, très densément bâtis, ils redistribuent sans cesse leurs excédents de population vers les quartiers plus éloignés, où les citadins vont chercher un cadre de vie moins dégradé, et ont une chance plus grande d'accéder à la propriété de leur parcelle et de leur maison. Cette mobilité résidentielle est le moteur principal de la croissance spatiale des villes ». Pour expliquer cela, il s'appuie sur la figure n° 3.1 qui est une représentation schématique de la mobilité résidentielle dans une grande ville d'Afrique tropicale

Figure n°3.1 : Représentation schématique de la mobilité résidentielle dans une grande ville d'Afrique Tropicale

1. Centre ville 2. Quartiers péricentraux 3. Quartiers intermédiaires 4. Quartiers périphériques 5. Immigration urbaine 6. Mobilité résidentielle intra-urbaine 7. Extension spatiale périphérique

A travers ce schéma, l'auteur montre que les quartiers péricentraux ont une fonction d'accueil pour les nouveaux migrants ; il montre la relation entre la redistribution intra-urbaine des citadins la croissance. A ce titre, il montre que dans les années 70, 90 % des acheteurs de parcelles dans la zone péri-urbaine de Cotonou sont domiciliés dans les districts urbains qu'ils cherchent quitter. Il poursuit son raisonnement (citant Auger et al. 1976) en ajoutant qu'en 1974 dans les quartiers Mfilou qui constituaient alors la périphérie ouest de Brazzaville 7,8 % seulement des chefs de ménage étaient venus directement de leur village ou de leur petite ville d'origine alors que 82 % entre eux étaient arrivés de Poto-Poto et de Bacongo les deux quartiers péricentraux de la capitale où 53% vivaient depuis plus de dix ans

Pour sa part, la présente analyse s'appuie sur l'ensemble des théories qui permettent d'orienter la recherche et de faire des observations pertinentes en matière de mobilité résidentielle. Ainsi faisant, il est possible d'identifier la théorie à l'oeuvre dans la mobilité résidentielle intra-urbaine des ménages niaméens. 22(*)

* 20 MAROIS C., Mobilité résidentielle : théories de base, 2010, document Microsoft power point, disponible sur http://www.terra-géog.lemig2.umontreal.ca/.../

* 21 La mobilité sociale est une notion complexe qui doit servir à expliquer à la fois la stratification et la hiérarchisation des individus ou groupes dans une société. La mobilité sociale est selon M. JOURDAIN, « la montée, la stabilité ou la descente des individus ou des clans dans l'échelle sociale ». (cf. : MERLLIER D. Les enquêtes de mobilité sociale, PUF, le sociologue, 1994,245p.)

* 22 Pierre VENNETIER, Centre, périphérie et flux intra-urbains dans les grandes villes, d'Afrique noire In: Annales de Géographie. 1989, t. 98, n°547. pp. 257-285.

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