WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

( Télécharger le fichier original )
par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

6.3. Assainissement différentiel selon les strates de la ville

Le problème de l'assainissement se pose de façon différentielle dans les strates de la ville et en fonction de la typologie de l'habitat. Dans les strates 1 et 2, on note un nombre assez élevé d'ouvrages d'assainissement. Les grandes artères sont bitumées et dotées de caniveaux. On retrouve à l'intérieur des quartiers certaines rues pavées ou dotées de caniveaux. Le problème qui s'y pose est surtout lié à l'usage et à l'entretien des ouvrages existants. En effet, faute d'entretien les équipements d'assainissement deviennent généralement des facteurs de dégradation de l'environnement et de l'écologie urbaine à l'image du caniveau qu'on voit sur la photo n° 6.6, qui est toujours bouché par les déchets domestiques ; il en est de même pour la rue pavée insalubre illustrée par la photo n° 6.7.

Photo n° 6.6 : Caniveau rempli de déchets solides dans la strate 2 (Kalley-Nord Abidjan)

Photo n° 6.7 : Rue pavée insalubre dans la strate 2 (Soni)

Dans les quartiers centraux traditionnels, les populations ont tendance à verser leurs déchets solides et liquides lors des averses, dans les eaux de ruissellement qui les charrient vers les caniveaux. Ces déchets s'agglutinent et finissent par boucher des caniveaux devenant ainsi de véritables dépotoirs sauvages de déchets. Dans certains quartiers du centre ville, le caniveau est transformé en lieu d'aisance. Il en résulte une pollution de l'air due à une odeur nauséabonde.

Photo n 6.8 : Rue pavée difficilement praticable dans la strate 2 (Soni)

Photo n°6.9 : Caniveau mal entretenu

Dans la strate 3 ou zone intermédiaire, les ouvrages d'assainissement sont rares voire inexistants. Ici, la population a commencé à s'installer depuis plus de deux décennies alors que les équipements n'ont pas suivi. Faute de ces équipements, elles continuent de déverser leurs eaux usées et leurs déchets dans la rue.

Dans strate 4 qui constitue la zone périphérique de la ville, les ouvrages d'assainissements sont quasi-absents. Faute de viabilisation, les habitants des quartiers récents utilisent leurs déchets domestiques pour remblayer les trous d'eaux stagnantes. Le mélange qui en résulte ressemble à la tourbe en saison pluvieuse et rend impraticables les rues. Le problème qui se pose ici est surtout celui de comblement régulier des eaux stagnantes avec du sable fin et non de la latérite ou des déchets. De plus, il s'avère impératif d'implanter des dépotoirs dans cette strate qui reçoit de plus en plus de ménages.

Photo n°6.10 : L'insalubrité dans un quartier périphérique

En outre, il y a le problème des lotissements qui attendent plusieurs années avant d'être viabilisés pendant que le prix de cession de la parcelle est supposé prendre en compte les coûts de cette opération. Cet état de fait réduit le lotissement à un simple découpage en lots pour ne pas dire un plan sommaire.

On note également le lotissement de zones impropres à l'habitat comme les ravins, les zones inondables (une partie de Banga Bana), les anciennes carrières, les koris, etc. Cela n'est pas sans conséquence sur la vie des habitants qui doivent faire face à l'inondation, au manque d'hygiène, au manque d'adduction d'eau potable, au manque de réseau d'électricité, de téléphone, de transport et d'évacuation des ordures ménagères ainsi qu'au manque d'infrastructures socio-collectives. Notons que la vitesse d'urbanisation de ces quartiers périphériques est fortement dépendante de la progression des travaux de viabilisation de ces zones (PUR de la CUN 2009, p. 88).

Sur le plan environnemental, chaque année, la ville grignote en tache d'huile plus de 305 hectares (soit plus de 3 km2) sur les terres agricoles et les espaces naturels des alentours immédiats. Ce mitage se fait essentiellement au profit des habitations aussi bien formelles à l'issue d'un lotissement de la mairie qu'informelles par l'achat auprès des propriétaires coutumiers des champs en question. La photo n° 6.11 expose ce problème de grignotement en montrant des habitations qui avoisinent voire débordent dans les champs de culture. Il faut ajouter que le grignotement concerne aussi les espaces naturels et les jardins qui se trouvent à l'intérieur de la ville notamment dans les vallées. C'est ainsi que la photo n° 6.12 met en exergue des habitations construites dans le coeur de la vallée de Gounti Yéna qui sert aussi de décharges pour les ordures ménagères.

Photo n° 6.11 : Grignotement de l'espace agricole par les parcelles

Photo n°6.12 : Occupation de la vallée de Gountou Yena par les habitations

C'est le même sort qui est réservé à la ceinture verte. Face à l'agression de l'urbanisation, ce massif forestier artificiel fait l'Object de coupes frauduleuses des arbres, de décharges d'ordures solides et liquides et d'un développement inquiétant de l'habitat informel de type rural (photo n° 6.13 et 6.14).

Photo n°6.13 : Habitat spontané dans la ceinture verte

Photo n° 6.14 : Dégradation de la ceinture verte par la coupe frauduleuse des arbres

Mais les prélèvements de bois de la ceinture verte et les espaces naturels immédiats ne satisfont pas les besoins de la population de la ville, qui se voit dans l'obligation de recourir à des massifs forestiers plus ou moins lointains. Ainsi, dans une Etude sur l'approfondissement du diagnostic et l'analyse des systèmes de production agro-sylvo-pastoraux dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie de développement rural dans Région de la Communauté Urbaine de Niamey, Younoussa S. et al. (2004) montrent que, ne disposant pas de forêt potentiellement exploitable, la ville est approvisionnée en bois d'énergie par les massifs forestiers des régions de Tillabéry et Dosso ; ils précisent que l'évaluation faite en 2001 par le Projet Energie Domestique (PED) sur un rayon de 150 km autour de la ville, a révélé un volume de bois exploitable de l'ordre de 1.000.000 de stères (équivalent à 250.000 tonnes) par an, dont plus de la moitié est consommée par la Ville de Niamey. En prenant en compte la consommation moyenne en bois énergie par personne/jour estimée à 0,6 kg et les chiffres du dernier recensement de la population (2001), ils ont estimé la consommation en bois de la ville de Niamey en 2004 autour de 164.000 tonnes soit 656.000 stères.

Mieux, les auteurs démontrent que dans l'hypothèse où cette tendance serait maintenue, le déficit entre les prélèvements et les capacités de régénération des formations forestières passera de 250.000 tonnes en 2001 et plus de 300.000 tonnes en 2015 pour la seule Ville de Niamey, si aucune mesure de substitution n'est prise à court terme.

Figure n°6.1 : Production, Consommation, Bilan Bois 2001-2O15

Source : CNEDD/2004

En définitive, en même temps qu'elle occasionne des prélèvements exorbitants sur les ressources forestières, la ville poursuit son étalement au point de menacer le Kori Ouallam qui la ceinture au nord-est avec ses multiples jardins (carte n° 6.1).

Face à cet étalement de plus en plus rapide de la ville, certains acteurs préconisent de suspendre les lotissements jusqu'à nouvelle ordre.

Carte n°6.1 : Kori Ouallam menacé par l'étalement de la ville de Niamey

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote