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La réception des réseaux sociaux dans la presse écrite au cameroun: essai d'analyse de la fréquentation de facebook et twitter par les journalistes camerounais de six (06) quotidiens (cameroon tribune, la nouvelle exppression, le messager, le jour, mutations)


par Philippe Kléber Biboum
Université Protestante d'Afrique Centrale - UPAC - Master 2 Recherche, Journalisme de paix 2011
  

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INTRODUCTION GENERALE

L'avènement de l'Internet et de ses services à forte valeur économique a engendré l'entrée dans une nouvelle ère marquée par l'exubérance d'une communication plus facile, plus rapide, plus libre, plus efficace, voire plus agressive,.., en direction d'un public varié qui s'émancipe considérablement.

En effet, le principe de communication unidirectionnelle verticale s'est considérablement dévalué, laissant la place à un schéma plus digeste de partage et d'échanges mutuels de l'information grâce ou à cause de l'expansion des réseaux sociaux, ou de ce que l'on appelle communément le Web 2.0 participatif.

Dans cette mouvance, l'interaction entre les médias et le public a beaucoup augmenté au point de ne plus concéder aux seuls journalistes, leur rôle traditionnel d'informer et de divertir l'audience. Les réseaux sociaux connus, comme Facebook et Twitter, ont, à bien des égards, transformé cette considération. Et les conséquences inhérentes à cette nouvelle donne, semblent montrer que ces nouveaux médias ne sont pas toujours neutres : il n'est, pour mieux s'en rendre compte, qu'à se fier aux irrégularités du printemps arabe (décembre 2010 - avril 2011) observées il y a quelques mois en Tunisie et en Egypte. Le Cameroun n'est certes pas concerné, mais il est juste de ne pas ignorer les conséquences de la violence engendrées par cet « événement » sur le continent et/ou ailleurs dans le monde.

Pendant que nous y sommes, des troubles survenus à des périodes dirions-nous révolues de l'histoire politique du Cameroun représentent des indicateurs de la violence; la dernière en date, connue sous l'appellation des « émeutes de la faim » du mois de février 2008, serait partie de la volonté du Chef de l'Etat S.E. Paul BIYA de modifier, une nouvelle fois, la constitution. En outre, face à la hausse des prix du carburant à la pompe, le climat

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social s'est rapidement ébranlé et l'environnement des médias partisans de l'intérêt général a été, en bonne partie, influencé par les mesures de répression des forces gouvernementales. Plusieurs journalistes ont été victimes d'arrestations et cette situation a probablement semé le doute et la panique au sein de la libre activité de presse traditionnelle au Cameroun.

Dans le cadre de ce travail scientifique, le contexte arabe nous a tout simplement servi d'alerte, voire d'enjeu pour préparer la presse camerounaise à la meilleure gestion ou maîtrise de la survenance d'élans de violence inhérents à une utilisation irresponsable des nouveaux médias par les journalistes. Considérant l'ascension fulgurante du nombre d'abonnés de Facebook et de Twitter, nous avons pensé qu'il était devenu opportun d'expérimenter la fréquentation de ces plates-formes sociales par les journalistes camerounais de quotidiens, afin de relever ce qu'ils y recherchent, ce qu'ils y mettent et enfin de savoir quelles appréhensions pourraient-ils se faire de ces communautés virtuelles en proie à beaucoup d'interprétations subjectives, dirions-nous négatives.

Evidemment, dans la posture du journaliste de paix, quel que soit le contexte, il devra toujours agir avec responsabilité et neutralité pour servir la postérité. C'est pour cette raison qu'il a le devoir d'inspirer d'autres acteurs, et de réduire ou alors prévenir la survenance de la violence dans un contexte réel-virtuel en mouvement ou en perpétuelle évolution. C'est à cette dernière éventualité que le présent travail a trouvé toute sa raison d'être.

La substance qui va suivre est subdivisée en deux grandes parties, chacune comportant deux chapitres.

La première partie, précédée du contexte de l'étude, de la démarche méthodologique et de quelques limites que nous n'avons malheureusement pas pu dépasser, traite du cadre théorique. Nous l'avons disposée en deux chapitres. Le premier chapitre est consacré à la

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revue de la littérature, et le second chapitre porte sur le développement de quelques théories explicatives que nous avons jugées appropriées pour soutenir notre intention de recherche.

La deuxième partie traite essentiellement du cadre analytique de l'étude. Elle comporte les troisième et quatrième chapitres. Le troisième chapitre parle essentiellement de la présentation des résultats de l'étude que nous avons menée. Le quatrième chapitre essaie d'analyser et d'interpréter lesdits résultats ; il donne directement lieu à la formulation de quelques recommandations pour les utilisateurs, les pouvoirs publics et les journalistes camerounais de quotidiens au contact des réseaux sociaux, afin que ces derniers puissent participer durablement au développement de la presse locale, dans un monde de plus en plus exigeant, un monde qui va vite, et que Jacques Mousseau a appelé la nouvelle économie1.

1 Voir Jacques MOUSSEAU (2002), Un monde est né qui évolue si vite qu'il exige un effort d'information et d'ajustement personnel constant, La Nouvelle Economie, Article en ligne, Communication et langages, Volume 131, Numéro 1, Les Livres, Page 124.

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1. Le contexte de l'étude :

1.1. Objet de l'étude:

Cette recherche porte essentiellement sur la représentation que les journalistes camerounais de quotidiens se font des réseaux sociaux en général, et de Facebook et Twitter, en particulier. Elle (la recherche) nous amène à appréhender les réalités d'une exposition des hommes de médias camerounais aux réseaux sociaux. Il s'agit de les interpeller, tout en respectant leurs attributions, afin de mieux faire face à l'un des défis majeurs actuels de la société mondiale dite de l'information : la fracture numérique.

En effet, il a fallu dans un premier temps, déterminer les raisons de la fréquentation de Facebook et Twitter par les journalistes camerounais de quotidiens ; ensuite, une évaluation comparative de l'utilisation de ces réseaux sociaux a été faite, afin d'en déterminer les opportunités, mais aussi les risques. Enfin, nous nous sommes inspirés des attentes de certains de nos prospects pour déterminer quel pourrait être l'apport des réseaux sociaux Facebook et Twitter pour les journalistes de la presse écrite camerounaise en général.

Dans un contexte global récemment marqué par le spectre de la violence qui plane encore sur les réseaux sociaux (Facebook notamment), depuis les irrégularités du printemps arabe, le présent travail voudra se fonder un idéal, celui d'apporter une contribution à l'édification de ce que Johan Galtung appelle le bon journalisme2. Le bon journaliste, selon Howard Ross, dispose d'un potentiel énorme, même s'il est souvent inconscient quand il

2 Le Professeur GALTUNG a évoqué ce terme en novembre 2011, durant sa visite au Cameroun, lors d'un échange de questions-réponses autour du concept de Paix au Cameroun, avec les étudiants de la Filière Journalisme de Paix de la FSSRI - UPAC. Il soutient que « le bon journaliste est à l'image même du journaliste de paix, il préconise une communication préventive de la violence dans n'importe quel contexte... ».

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s'agit de donner une chance à la prévention de la violence3. C'est en somme une alerte qui traduit notre réel engagement à vouloir faire partie des artisans d'une presse quotidienne plus responsable au Cameroun.

1.2. Importance du Sujet :

Toute l'importance de ce mémoire repose naturellement sur sa pertinence et son utilité pour la postérité. Il s'agit de montrer quelle sera sa participation au développement de la science, et l'impact qu'il pourrait avoir sur les plans professionnel, pédagogique et politico-juridique.

1.2.1. Sur le plan scientifique :

Robert Boure pose qu'il est absurde de s'intéresser à tout - sous peine de dilution du savoir - parce que tout est dans tout (et réciproquement)4. Cette recherche est adossée ici sur l'appropriation et l'intégration de nouveaux modes de recherche de l'information et de navigation induits par les réseaux sociaux, compte tenu des éventuelles opportunités qu'ils pourraient offrir aux journalistes camerounais de quotidiens.

Ce travail essaie de contribuer, autant que d'autres travaux analogues, à un renforcement des capacités des journalistes classiques de quotidiens, bien plus à la meilleure théorisation d'une discipline complémentaire qui intègre le Websearch. Il s'agit d'une théorisation, souhaiterions-nous aussi déterminante, pour endiguer à suffisance le concept de fracture numérique, traduisant le nouvel écart apparent qui distance déjà qualitativement et quantitativement les professionnels de l'information camerounais en général, de ceux d'ailleurs, au sein de la société mondiale de l'information.

3 Voir Howard ROSS (2005), Journalistes et conflits : débats théoriques et actions concrètes in : Marie-Soleil FRERE (dir.), Afrique centrale. Médias et conflits : vecteurs de guerre ou acteurs de paix, Bruxelles, Editions GRIP, p. 15.

4 Voir Robert BOURE (2000), L'interdisciplinarité en débat, Sciences de la Société n° 50/51, article, pp.7-19.

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1.2.2. Sur le plan professionnel :

Cette étude permet de relever surtout les difficultés que rencontrent les journalistes camerounais de la presse écrite quotidienne dans le tri et le choix des sources d'information au sein de la toile. Elle essaie de répondre à l'épineuse question de la fiabilité des sources dans les réseaux sociaux et de la confusion entre le journaliste citoyen5 et le journaliste professionnel. Autrement dit, elle permet de mesurer les risques d'un mauvais usage de Facebook et de Twitter par les journalistes de quotidiens camerounais, dans un contexte de libéralisation tous azimuts de l'information déjà abordée, explicitement, en 2001 par Michel Tjade Eone6 : Le 3 avril 2000, les ondes sont démonopolisées au Cameroun. Ce sont ainsi les secteurs de l'audiovisuel, des télécommunications et plus généralement de l'information qui se trouvent libéralisées.

Bien plus, cette recherche nous exhorte à un renforcement et à la valorisation de la profession de journaliste de quotidiens camerounais, et face à un public qui, selon Thomas Guignard7, s'émancipe graduellement au contact des réseaux sociaux. Ce travail s'invite à consolider toute approche éthique et déontologique exigible ; car, quel que soit le contexte dans lequel se trouve le journaliste en général, il lui incombera toujours les attributs de leader d'opinion, de chien de garde, et d'amortisseur naturel de chocs.

5 Voir Steve MYERS (2011), How citizen journalism has changed since George Holliday's Rodney King video, publié sur le site web: http://www.poynter.org/latest-news/top-stories/121687/how-citizen-journalism-has-changed-since-george-hollidays-rodney-king-video, George Holliday, l'un des premiers « journalistes citoyens », vidéaste amateur ayant filmé le tabassage de Rodney King dans la nuit du 3 mars 1991. Il ne savait pas qu'il faisait du journalisme. 21 ans plus tard, tout a visiblement changé, le matériel, les médias, les circuits de diffusion de l'information.

6 Voir Michel TJADE EONE (2001), Démonopolisation, libéralisation et liberté de communication au Cameroun : Avancées et reculades, L'Harmattan.

7 Voir Thomas GUIGNARD (2007), Le Sénégal, les sénégalais et Internet : médias et identité, Thèse, Université Charles de Gaulle Lille 3, Ecole doctorale des sciences de l'homme et de la société, p. 143.

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1.2.3. Sur le plan pédagogique :

Cette étude permet de se rendre à l'évidence que Facebook et Twitter sont inéluctablement de nouvelles formes de média, de nouveaux outils bon marché. Selon Ekongolo Makake, les réseaux sociaux, en tant qu'outils, sont encore sous utilisés8 ou du moins, utilisés de manière peu efficace. En effet, Facebook et Twitter constituent aujourd'hui une immense masse d'informations qui pourrait nourrir suffisamment la presse écrite, mais aussi favoriser le développement de la cyberpresse, indépendamment des contenus que l'on retrouve dans les quotidiens imprimés, le plus souvent, simplement relayés sur Internet. En outre, compte tenu de la disponibilité, de l'instantanéité et de la viralité de l'information au sein de ces réseaux sociaux, même l'homme de la rue peut agir au moment le plus opportun, sans avoir besoin d'être nécessairement assisté. Ce travail donne ainsi l'occasion de constater que la maîtrise du numérique constitue désormais une valeur ajoutée, voire une condition sine qua none pour que le journaliste camerounais professionnel cultive davantage le sens de la créativité et se distance de l'amateurisme ambiant.

1.2.4. Sur le plan politico-juridique :

Le présent mémoire essaie de justifier le réel souci de renforcer considérablement les dispositions réglementaires en vigueur, afin de conférer au journaliste camerounais de la presse écrite en général, de meilleures garanties, plus de liberté sans laquelle Albert Camus9 qualifie la presse de mauvaise ; il (Camus) est rejoint par Jean Marie Domenach10 quand il

8 Voir Narcisse Achille Emmanuel EKONGOLO MAKAKE (2008), Modélisation des usages experts des systèmes d'accès à l'information sur Internet en situation de veille, Thèse de Doctorat dirigée par Stéphane CHAUDIRON, Professeur à l'Université Paris X Nanterre.

9 Il est cité par Francis BALLE dans son ouvrage « Et si la presse n'existait pas... », et repris par Jean Claude LATTES et Jacques MOUSSEAU (1977), Les Livres, Communication et Langage, n° 74, Paris, pp.122 - 123.

10 Voir Jean-Marie DOMENACH (1994), La responsabilité : essai sur le fondement du civisme, Paris, Hatier, p. 11.

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affirme qu'il n'y a pas de liberté sans responsabilité11 dans un article de Marc-François Bernier12 sur les conditions de légitimité du journalisme : esquisse d'un modèle théorique. Ce travail peut donc servir à davantage améliorer l'environnement de travail des journalistes de quotidiens, sur la base de l'élaboration d'un cadre juridique approprié à leurs prérogatives.

Cette recherche vise enfin la sensibilisation du lecteur et des pouvoirs publics, par rapport aux dérives de la profession, à la cyberviolence et à la cybercriminalité devenues une réalité préoccupante du gouvernement camerounais. Il s'inscrit enfin dans notre volonté d'accompagner modestement le développement qualitatif et quantitatif de la société camerounaise de l'information.

1.3. Problématique :

Selon que nous essayons de suivre le sens donné à la notion de problématique, de nombreux auteurs d'ouvrages scientifiques en sciences sociales, s'accordent à soutenir qu'elle a pour seule finalité d'amener le lecteur à percevoir clairement ce qui a préoccupé l'apprenant dans le choix de son sujet. Elle pose le problème (où est le problème ?) et questionne sur l'intérêt de la recherche (pourquoi cette recherche est-elle intéressante ?).

1.3.1. La conception du problème :

Lorsque nous entamions notre formation de Master en octobre 2010 au sein de la filière journalisme de paix, département de paix et développement de la faculté des sciences sociales et des relations internationales de l'UPAC, notre but était de travailler à terme sur

11 Voir Marc-François BERNIER (1996), Les conditions de légitimité du journalisme : esquisse d'un modèle théorique, Les Cahiers du Journalisme n°2, p.176.

12 Journaliste québécois, spécialiste de l'analyse des pratiques journalistiques, notamment le recours aux sources anonymes. Il est auteur de deux ouvrages sur le journalisme: Ethique et déontologie du journalisme (PUL, 1994) et Les Planqués: le journalisme victime des journalistes (VLB, 1995).

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une thématique qui traite directement soit de la résolution des conflits armés internes ou internationaux, soit de la médiation en situation de post-conflit. Mais à mesure que nous avons poursuivi les enseignements, il nous a semblé tout aussi indiqué de consacrer un travail sur la prévention de la violence ; de mener une étude qui vise la consolidation du concept de paix, en l'absence de guerre dans un environnement essentiellement virtuel, mais dont l'incidence peut avoir des répercussions négatives dans le réel. Nous nous sommes finalement résolus à vouloir défendre un travail sur la prévention des élans de cyberviolence ou de violence13 tout-court, qui pourraient survenir des réseaux sociaux, comme cela s'est déjà produit ailleurs, sous le regard impuissant d'Hommes de médias et de la communauté internationale.

1.3.2. Le problème :

En effet, nous avons constaté que la ruée vers les réseaux sociaux ne s'est pas uniquement observée dans de nombreux cyber-cafés14 de la ville de Yaoundé, de certaines administrations et organisations privées, des campus universitaires (Upac, Esstic, Université de Yaoundé I) ; elle a aussi gagné les salles de rédaction des quotidiens camerounais que nous avons visitées.

Pour plus de la moitié de journalistes de quotidiens, la fréquentation de Facebook et Twitter est libre et régulière ; aurions-nous dit, soutenue par les patrons de presse qui souhaitent ne pas être coupés de l'actualité mondiale ou alors qui refusent d'être les

13 Selon le rapport de l'ONDH (2008), une répression sanglante à huis clos, « Du 25 au 29 février 2008, le Cameroun a été le théâtre de violentes manifestations sociales que les observateurs ont appelé les émeutes de la faim. À la différence d'autres pays africains qui ont connu le même type d'évènements (Sénégal, Côte d'Ivoire, Burkina-Faso...), c'est un facteur politique. Le projet de modification constitutionnelle, perçu comme une perspective de prolongement de la mauvaise gouvernance du régime du président Paul Biya, qui, conjugué avec la hausse des prix des carburants et des denrées alimentaires, a servi de déclencheur au soulèvement populaire », p.5.

14 Nous l'avons expérimenté dans les cybers cafés : le Carillon sis à la cité verte, Info Génie sis à Nlongkak, Melen Polytechnique, et Ngoa-ékelé, New Tech sis à Mvan, GlobalNet sis à l'école de police, etc., 7 utilisateurs sur 10, jeunes et moins jeunes des deux sexes, ouvrent une page Facebook et y consacrent en moyenne 40 - 90min pleines de leur crédit de communication sur Internet.

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victimes de la fracture numérique. Mais il nous a été donné de constater que ces journalistes de quotidiens s'y retrouvaient à des fins professionnelles, personnelles, même si pour une minorité, ils préféraient ne pas s'y aventurer. Le résultat dans la production des contenus fait état de ce que entre 2008 et 2011, il n'y ait presque pas eu de page15 ou d'article de quotidien camerounais qui ait passé, en revue, l'actualité des réseaux sociaux pour tel ou tel événement au Cameroun. Et pourtant, plusieurs heures y sont consacrées par jour.

Plus loin dans notre curiosité, nous avons constaté que plusieurs organes de presse écrite quotidienne avaient effectivement une fenêtre ouverte sur Facebook et/ou sur Twitter, sans une autorisation officielle de la hiérarchie. Effectivement, l'ouverture mal maîtrisée de fenêtres ou de comptes Facebook et Twitter labélisés sous tel ou tel quotidien n'étaient pas toujours une initiative des patrons, sinon, celle de journaliste adepte du web, d'un webmaster du quotidien, d'un fan16 ou abonné17 du quotidien, voire d'un utilisateur quelconque, dont on pourrait ignorer la moralité et le niveau de responsabilité.

Il ne nous a donc pas semblé étonnant de voir que sur les réseaux sociaux, il se développe ce que Fadimata Diallo appelle : toutes sortes d'opinions qui peuvent même aller à l'encontre de l'ordre public18. Que l'on y retrouve autant de vrais que de faux profils, autant de scoops, d'infos que d'intox, autant de vérités que de mensonges, bref autant de détails...Une suite qui semble rejoindre la position de Harold Garfinkel quand il est cité dans un ouvrage de Jacques Perriault, suite à la reprise du concept d'indexicalité19 en sciences

15 En dehors du quotidien Le Jour qui, selon son rédacteur en chef adjoint, consacre de temps en temps une (01) page à l'actualité sur les réseaux sociaux.

16 Pour les adeptes d'une page sur Facebook.

17 Ou « follower » pour les adeptes d'un compte Twitter.

18 Voir Fatimata DIALLO (2009), Espace public et technologies numériques en Afrique : Emergence, dynamiques et gouvernance du cyberspace sénégalais, Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal), p.19.

19 Selon Edgar MORIN, il s'agit de la subjectivité inhérente à toute description, toute information, toute conception, toute connaissance, toute activité, en somme, tout élément de l'existence humaine perçue et conçue par les humains eux-mêmes.

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sociales ; Harold Garfinkel déclare que : le diable se cache dans les détails !20 Et qui dit diable, dit diviseur21, meurtrier ou menteur22.

Même si finalement nous n'avons pas eu vent d'un seul travail scientifique consulté, de ce que Facebook ou Twitter aient été pointés du doigt comme étant les vecteurs de violences perpétrées au Cameroun lors des émeutes dites de la faim de février 2008, aucune source non plus ne donnait du crédit à ces réseaux sociaux d'être restés neutres lors de ces heurts ou d'avoir contribuer au rétablissement immédiat de la paix sociale. Avec la fièvre des réseaux sociaux23 qui gagne tous les secteurs d'activité, nous avons cultivé notre envie de savoir ce que Facebook et Twitter pourraient véritablement apporter de plus aux journalistes camerounais de quotidiens, ou du moins savoir ce qui justifie encore le désintéressement de la plupart des patrons de presse camerounais, contrairement à ce qui se passe ailleurs avec les quotidiens de référence comme Le Figaro, AFP, Le Monde, ..., indiqués en pages annexes 16 et 17.

1.3.3. La matérialisation du problème :

Au regard de la plupart d'ouvrages que nous avons consultés, Facebook et Twitter sont devenus, à ce qu'ils paraissent être finalement, des petites communautés virtuelles où se développent très rapidement la rumeur, la haine, la diffamation, l'animosité, etc. Balle pense, pour le cas de la France, que les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter sont infiniment plus que les autres médias, un lieu d'où partent les rumeurs les plus

20 Voir Jacques PERRIAULT (2010), Ethnométhodologie : Essai sur les machines à communiquer, Cahiers de l'ethnométhodologie, numéro 4, p. 22.

21 Consulter Free Bible 0.9.2 software, le diable c'est satan, ce mot d'origine hébraïque qui signifie l'adversaire, l'accusateur. Le diable signifie le diviseur, le calomniateur...

22 Voir La Sainte Bible, Louis Second, 1910, Jean 10 : 44.

23 Voir André-Michel ESSOUNGOU (2010), Afrique Renouveau, bulletin d'informations des nations Unies, page 3.

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dévastatrices24 et symptomatiques de ce que Mohamed Farouk25 a appelé dans son blog, la cyberviolence26, susceptible d'engendrer un ébranlement du climat social, comme cela s'est malheureusement produit en Tunisie et en Egypte. Facebook, aurait donc véritablement été responsable des irrégularités du printemps arabe 2011. Il (Facebook) serait donc capable du meilleur comme du pire.

Bien que les contextes soient totalement différents, les conséquences survenues dans le monde arabe devraient inéluctablement permettre d'inspirer ailleurs une certaine prise de mesures pour la prévention d'un tel événement malheureux.

1.3.4. A propos du contexte camerounais :

L'absence de guerre ne garantit pas toujours la paix durable. Elle traduit ce que Johan Galtung et David Barash27 appellent paix négative28. Les camerounais, en général, aspirent aussi à une nette amélioration du niveau de vie depuis la baisse drastique des salaires vers le début des années 1990. Bien après, malgré la volonté des pouvoirs publics, plusieurs événements ont fait état de beaucoup de revendications (d'intérêt général) portées et relayées par les médias, mais jusque-là sans réelle suite favorable. Dans cette mouvance participative pour un Cameroun prospère, de 2008 à 2011, la scène médiatique s'est littéralement transformée avec l'avènement des réseaux sociaux. Beaucoup de journalistes pensent même que la liberté d'expression a évolué durant cette période, mais en revanche, le

24 Voir Francis BALLE (2010), Les Facebook, Twitter et autres Shazam : alliés ou ennemis de l'information ? La revue européenne des medias, n° 16, Institut de Recherche de l'European Business School, Université Panthéon-Assas Paris 2, p. 50 - 52.

25 Journaliste tunisien, bloggeur spécialiste de Facebook.

26 Voir Mohamed FAROUK (2011), Que faire pour ne pas tomber dans les travers des réseaux sociaux ?article en ligne : http://www.webmanagercenter.com/hebdo/article.php?no=0063&id=103812.

27 Voir David BARASH (1991), Introduction to Peace Studies, California, Wadsworth Publishing Company, pp. 5 -7.

28 Voir Johan GALTUNG (1996), Peace by peaceful means, peace and conflict development and civilization, Oslo/London, Prio/Sage, p. 40 - 48.

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libertinage a pris du terrain à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, pis encore dans les réseaux sociaux où tous les coups ne sont plus interdits, bref où tout le monde, à défaut de se faire prendre, a les mêmes chances d'échapper à la répression (justifiée) des autorités gouvernementales29.

Et pendant que nous y sommes, le 07 mars 2011, les utilisateurs camerounais parmi lesquels des journalistes abonnés de Twitter, à cette période, accessible par un canal à sms offert par un opérateur de téléphonie mobile local, ont été privés d'accès à l'information en provenance dudit réseau social ; Alex Gustave Azebaze Journaliste - Bloggeur, pense que la main du CNS est derrière cette tentative de censure avant une éventuelle répression.

En définitive, c'est aussi le bon journaliste qui risque sa bonne réputation dans cet environnement précaire où la confusion règne, où l'information est étouffée, où l'infrastructure de télécommunication est déficiente. En outre, le cadre juridique et réglementaire n'est pas propice à l'essor de la société de l'information : le journaliste responsable semble être pressé même s'il peut toujours échapper aux infractions de presse ; c'est par exemple le cas avec l'exception de vérité30 prescrite dans la loi 90/052 ; il est en compétition ou même en conflit avec le journaliste citoyen. Dans ce cas précis, Ekongolo Makake parle d'inégalités sociales31 ; cela soulève, en même temps, un problème réel d'identité professionnelle32 développé en 2005 par Nta à Bitang.

29 Voir http://www.icicemac.com/node/10694: Twitter suspendu au Cameroun par le conseil national de sécurité.

30 Selon le Dr. SIMO KOUAM Ampère, enseignant à l'UPAC, FSSRI, et conformément à cette loi 90/052, pour échapper à la diffamation, le journaliste s'adosse sur l'exception de vérité ; l'on fait recours dans ce cas à la jurisprudence ou l'on se fie à la bonne foi du Journaliste ; toutefois, il devra prouver la légitimité du but poursuivi, démontrer le sérieux de l'enquête et n'afficher aucune animosité dans ses propos.

31 Voir Narcisse Achille Emmanuel EKONGOLO MAKAKE (2008), Modélisation des usages experts des systèmes d'accès à l'information sur Internet en situation de veille, Thèse de Doctorat dirigée par Stéphane CHAUDIRON, Professeur à l'Université Paris X Nanterre, p.41.

32 Voir NTA à BITANG (2005), L'identité professionnelle du journaliste au Cameroun : du statut d'agent à celui d'acteur, Mémoire de Master/DEA en Sciences de l'information et de la communication, sous la direction du Pr. BOYOMO ASSALA, Université Yaoundé II.

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1.4. Question de recherche :

Gaston Bachelar écrivait qu'il ne peut y avoir de connaissance s'il n'y a pas de question33. De ce qui précède, il y a d'abord lieu de se poser la question de savoir si Facebook et Twitter sont effectivement compatibles avec l'activité de presse écrite quotidienne au Cameroun ? Est-ce que cette fréquentation de Facebook et Twitter, ou plus généralement du Web 2.0, ne concerne-t-elle pas une nouvelle catégorie de journalistes ? Qu'est-ce que ces derniers recherchent dans les réseaux sociaux ? Quel usage font-ils de ces nouveaux outils de communication ?

Toutes ces préoccupations convergent vers une seule question fondamentale, celle de savoir si les variables de la présente étude, notamment l'activité de presse et l'activité sur les réseaux sociaux, sont en phase dans l'ère du numérique, et peuvent-elles permettre d'améliorer ou de doper la façon de travailler des journalistes camerounais de quotidiens ?

1.5. Hypothèse de Recherche :

Internet est arrivé avec une panoplie de services ayant engendré d'importantes mutations au sein de communautés entières, ne laissant aucune catégorie socioprofessionnelle indifférente. Au niveau des médias, il (Internet) a certes facilité les usages, mais les mécanismes conventionnels de production de l'information sont restés inchangés. Réseaux sociaux et médias imprimés sont donc compatibles ; et la fréquentation de Facebook et Twitter ne saurait être réservée à une nouvelle catégorie de journalistes. Il s'agit avant tout de journalistes classiques (professionnels) assidus, qui ont développés une aptitude à s'adapter à la technologie du Web 2.0.

Ces réseaux sociaux se positionnent aujourd'hui au rang des sites web les plus référencés et populaires dans le monde, beaucoup de journalistes de quotidiens camerounais

33 Gaston BACHELAR (1970), La formation de l'esprit scientifique, Paris, Librairie J. VRIN, 7e édition, p.14

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y recherchent, comme les autres, ce qui était caché. Très peu, à moins d'être ignorants ou désintéressés de la donne alphanumérique, y accordent un intérêt. Jusqu'ici il n'y a pas eu de violence perpétrée au Cameroun à cause des réseaux sociaux, il est juste à ce titre de supposer que les journalistes camerounais de quotidiens veillent et essaient, comme ils peuvent, de faire un meilleur usage de Facebook et/ou Twitter.

Ainsi, en définitive, la fréquentation des réseaux sociaux ne saurait être une mauvaise chose en soi. Elle est même opportune et peut améliorer la façon de travailler des seuls journalistes camerounais de quotidiens qui sauront en faire un meilleur usage.

2. Le cadre méthodologique :

Notre recherche repose principalement sur les travaux de Francis Balle. Néanmoins, nous nous sommes alignés dans un courant de connaissances qui intègre également la philosophie (pacifique) de Galtung. Autrement dit, un courant qui traite de l'intelligence des professionnels de l'information et du meilleur usage des outils dont ils disposent pour éclairer l'opinion. L'approche théorique qui nous a finalement semblée plus adaptée dans le cadre de ce travail traite de l'ethnométhodologie interactionniste.

Pendant environ sept (07) mois, à compter de février 2012, nous nous sommes déployés dans la ville de Yaoundé et avons étalé notre recherche sur une période d'environ trois (03) ans, soit exactement trente-cinq (35) mois. Nous avons ensuite identifié et localisé les quotidiens cibles relativement au champ temporel.

Ainsi, dans notre démarche, nous n'avons fait aucune spéculation ; nous ne nous sommes fiés à aucune considération générale. Nous avons privilégié uniquement les résultats issus d'une observation participante, suivie d'une enquête sociologique rigoureuse

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matérialisée par l'administration d'une fiche de collecte d'informations, et enfin, nous avons léché les vitrines de quelques bibliothèques classiques et universitaires.

2.1. L'observation participante :

Pendant environ un (01) mois, nous avons surtout remarqué que la plupart des médias de référence avaient des raccourcis vers les réseaux sociaux Facebook et Twitter ; et régulièrement sur leurs pages Facebook ou sur leur blog Twitter on pouvait voir régulièrement de nouvelles informations, brèves, dépêches, et autres contenus multimédias (pour le cas de Facebook).

Au niveau des quotidiens camerounais, les sites web en ligne accessibles étaient le plus souvent une copie de la version papier. Très peu disposait de raccourcis vers les fenêtres de réseaux sociaux Facebook ou Twitter. La conséquence est que les pages respectives de ces réseaux sociaux étaient pauvres en contenus, articles, ou commentaires suite à un sujet d'actualité assez débattus ailleurs par les abonnés. Cette situation nous a amené à témoigner que beaucoup de journalistes s'inscrivaient sur Facebook et Twitter à des fins personnelles.

Dans les salles de rédaction, nous avons par exemple noté que chaque poste d'ordinateur avait au moins un compte Facebook, Twitter ou les deux (02) ouverts pour chaque journaliste connecté sur Internet. Il nous est apparu que ces comptes étaient rarement ceux de l'employeur lui-même. Aucune demande officielle n'avait encore été enregistrée au moment de la réalisation de notre étude.

Avec une présence illégitime de quotidiens sur les réseaux sociaux, mais un accès autorisé pour les journalistes, nous avons davantage accentué notre curiosité sur un tel clivage, bien plus sur le type d'activité que les journalistes de quotidiens camerounais

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mènent sur Facebook et Twitter. Pour tenter de répondre à cette interrogation, nous avons eu à concevoir une fiche de collecte d'informations.

2.2. La collecte des données :

Cette fiche de collecte d'informations a été administrée directement in situ. Toutefois, nous avions prévu une version électronique Pdf (Portable document format) administrable par voie de mail. La fiche de collecte d'informations a évolué au fur et à mesure des échanges tests et de son administration auprès des tous premiers prospects. Elle comptait seize (16) questions à l'origine, pour finalement vingt (20), portant essentiellement sur la présentation générale de l'organe de presse (05 questions réservées uniquement au directeur de publication ou au rédacteur en chef), la présence du journal sur Internet (04 questions pour tous les journalistes), la fréquentation proprement dite et l'utilisation des réseaux sociaux Facebook et Twitter par les journalistes de quotidiens (07 questions pour tous les journalistes), et enfin la représentation que les journalistes se font de Facebook et Twitter (04 questions ouvertes).

Avant l'administration des fiches de collectes aux différents prospects, nous avons eu à préparer au préalable une correspondance afin de nous introduire formellement auprès de tous les quotidiens identifiés. Nous l'avons déposée dans chacun de ces quotidiens contre une décharge ayant servi à chaque fois de support de référence pour le suivi. Nous sommes descendus sur le terrain pour la collecte d'informations pendant plus de deux (02) mois. Lorsqu'il nous arrivait de ne pouvoir opérer notre collecte directement, nous prenions rendez-vous à la convenance du prospect, soit pour une nouvelle séance, soit pour le retrait.

De mars à la mi-mai 2012, nous avons administré en moyenne trois (03) fiches de collecte directement par jour. Chaque échange a souvent durée 22mn, soit un total d'environ 26h cumulées pour l'administration des fiches de collecte d'informations. Par souci de

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rechercher une certaine authenticité de certaines informations et d'avoir une idée claire de certaines de nos hypothèses, nous avons dû renouveler nos rencontres avec des prospects plus disposés à contribuer à l'aboutissement de cette recherche. Pour ce faire, nous avons fait recours à l'interview.

2.3. L'interview :

Nous avons approché à plusieurs reprises, les responsables de tous les six (06) quotidiens cibles dont cinq (05) rédacteurs en chef34 et un (01) directeur de publication35. Nous avons couvert cinq (05) sièges36 et une (01) représentation régionale37dans la ville de Yaoundé. Pour ce complément d'informations, nous avons consacré dans chacun de ces sites environ 16mn cumulées en 01h20mn, autour de questions d'ordre général et de l'aspect perception des journalistes de quotidiens camerounais par rapport à Facebook et Twitter. Le protocole indiquait clairement le contenu de la première et de la dernière section de la fiche de collecte mentionnée plus haut, et dont une copie a été reproduite en annexes. Toutefois, les seules considérations locales n'ont pas suffi, à notre sens, pour donner à ce travail une note entièrement critique. Nous avons tenu à intégrer les avis d'autres professionnels et contacts fiables d'ailleurs ; il faut dire, enfin, que l'exploitation d'ouvrages scientifiques et de l'Internet a été l'approche régulièrement usitée pour la réalisation de ce travail.

34 Laurent ABAH de Cameroon Tribune, Rodrigue TONGUE de Le Messager, Léger NTIGA de Mutations, Jules Romuald NKONLAK de Le Jour, Valentin ZINGA de La Nouvelle Expression.

35 Emmanuel Gustave Samnick de L'Actu.

36 Cameroon Tribune et Mutations sont localisés sur la route dite de l'aéroport après Mvog-bi ; La Nouvelle Expression et Le Jour sont localisés à l'immeuble dit Jaco sis à Elig essono ; L'Actu est localisé à Tsinga vers le 8e arrondissement.

37 Le Messager est localisé au centre-ville, sis à la montée Anne rouge.

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2.4. L'exploitation d'ouvrages et de l'Internet :

Nous avons régulièrement fréquenté les maisons de livre (Don Bosco) à la recherche d'ouvrages scientifiques appropriés à notre recherche. Nous avons consacré plusieurs heures de notre temps dans la lecture de Mémoires de Master recherche et de thèses de doctorat au sein de la bibliothèque de l'Esstic les jours ouvrables entre 11h et 14h30 et certains samedi en matinée, entre 10h et 12h. Nous nous sommes également permis de consulter, en temps opportun, les comptoirs de kiosques à journaux et magazines professionnels de la ville de Yaoundé afin de comparer les titres et de rechercher des rubriques qui expliquent la pertinence de notre sujet de travail.

Au niveau de l'Internet, nous avons régulièrement consulté des sites web de quotidiens camerounais et d'autres médias de référence, de moteurs de recherche, de documents officiels, de données statistiques, etc. Internet nous a permis d'enrichir notre bibliographie grâce à plusieurs documents numériques téléchargés depuis les sites web de l'Institut Français de Relations Internationales (IFRI), de Persée et d'Erudit. Toutes les informations ainsi recueillies dans le cadre de cette démarche ont été compilées et organisées à l'aide d'outils qui ont servi à l'analyse.

2.5. Les outils d'analyse :

Dans le cadre de ce travail, nous avons principalement utilisé le logiciel CS-PRO 4.0 pour la saisie des données, et le logiciel SPSS pour la reproduction des tableaux.

Le logiciel CS-PRO 4.0 est un outil de saisie de données d'accès facile. Son principal avantage est le traitement des fichiers hiérarchiques. Grâce à la convivialité de son interface, il permet de concevoir des masques de saisie fidèles à la structure de notre fiche de collecte d'informations élaborée. Il permet de réaliser plusieurs scénarii de saisie : simple saisie, double saisie indépendante, double saisie interactive. Les écrans de saisie sont des

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copies conformes des pages de la fiche de collecte d'informations. La facilité de navigation dans le CS-PRO, l'aide contextuelle dynamique, le guide de saisie et la saisie assistée (passage automatique de champs en champs en fonction des données saisies) sont autant d'atouts appréciés par l'utilisateur.

SPSS (Statistical Package for the Social Sciences) est une solution logicielle complète et facile à utiliser qui offre un puissant système d'analyse statistique et de gestion de données dans un environnement graphique, avec des menus descriptifs et des boîtes de dialogue simples. Il fournit des fonctionnalités sur-mesure pour s'adapter aux différents niveaux de compétences et de responsabilités fonctionnelles des utilisateurs. Il intègre également une interface simple et intuitive. Il fournit de meilleures performances en termes de vitesse et de résultat. De plus il est capable de fonctionner avec tous types de données. La puissance de son compilateur garantit une efficacité dans l'implémentation des contrôles pendant et après la saisie. Il est donc adapté pour la saisie des données des enquêtes ou des recensements. Le logiciel SPSS est facile d'utilisation, car il donne l'avantage de pouvoir traiter efficacement un grand nombre de variables.

3. Les limites de l'étude :

Entreprendre le présent travail sur une analyse de la fréquentation de Facebook et Twitter par les journalistes de quotidiens camerounais, n'a pas été un exercice facile compte tenu de son aspect perception et aussi de la nouveauté de tous ses concepts propres au langage du Web 2.0.

La société de l'information n'a pas de frontières ; elle augure une approche systémique dans laquelle tout doit être globalisé. Toutefois l'écart au niveau des caractéristiques d'avec les autres média imprimés et les résultats obtenus dans le cadre de ce

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travail ne pourraient être généralisés à tous les pays culturellement et économiquement proches du Cameroun, encore moins à l'ensemble de la presse écrite camerounaise.

3.1. Les limites liées au champ temporel :

Cette recherche a été pensée initialement pour couvrir tous les sept (07) quotidiens existants de la presse écrite camerounaise. Mais l'espace temporel38 choisit nous a amené à nous limiter à six (06) quotidiens parmi lesquels un (01) organe de presse public (Cameroon Tribune), et les cinq (05) autres relevant du secteur privé (La Nouvelle Expression, Le Jour, Le Messager, L'Actu, Mutations).

Le Quotidien de l'Economie n'ayant été créé qu'après décembre 2011, ce septième quotidien n'a pas été pris en compte dans le cadre de cette recherche.

Figure 1 : Chronologie de l'existence des Quotidiens camerounais

Cameroon
Tribune

Mutations

Le Messager

créé en 1979

La Nouvelle

Expression Le Jour L'Actu

Le Quotidien
de l'Economie

1974 1990* 1996 2004 2007 2008 2011 2012

(*) On parle déjà de liberté de la presse au Cameroun

Source : nos recherches.

En effet, le présent travail coure de février 2008 à décembre 2011. Au niveau du contexte qui a prévalu au Cameroun, cette période marque la survenance des relents de violence connus sous l'appellation d'émeutes de la faim ; elle comporte aussi le déroulement des élections présidentielles du mois de novembre 2011 au Cameroun, dont les résultats officiels n'ont été publiés que plusieurs jours après le scrutin. Pour ce qui est précisément de Facebook et Twitter, cette période marque leur ascension fulgurante au

38 Entre février 2008 et décembre 2011, le Quotidien de l'Economie n'avait pas encore vu le jour.

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Cameroun en particulier, même si jusqu'ici il n'y ait pas eu d'événements majeurs causés soit par l'un (Facebook) ou par l'autre (Twitter).

Pour ce qui est de la période de six (06) mois qui nous a été recommandée pour mener à bien cette recherche, nous nous sommes retrouvés finalement à huit (08) mois de travail. Nous nous sommes régulièrement heurtés à un emploi de temps39 débordant, du fait que les journalistes sont tout le temps sollicités pour une couverture médiatique, un reportage, une interview, un dernier réglage, un scoop qui vient de tomber, etc. ; en outre, l'agenda chargé des partons de presse et d'autres responsables nous a contraint, par moment, à interrompre notre activité professionnelle. En fin de compte, il n'était même plus possible de passer consécutivement 3h de temps chez l'employeur ; à presque deux (02) mois de la finalisation et du dépôt de notre travail, nous ne bénéficions plus d'une rémunération conséquente de notre présence irrégulière (pourtant justifiée), à tel point qu'au stade devenu capital d'aller régulièrement sur le terrain, de répondre à l'appel de nos prospects, de se concentrer pour l'analyse des résultats et de mettre au point le contenu de ce travail, nous avons mis fin à nos engagements vis-à-vis l'employeur ; tout ceci au risque et péril de ne plus pouvoir solder la pension et autres droits universitaires.

3.2. Les limites liées au champ spatial :

Nos investigations se sont limitées dans la ville de Yaoundé. Nous aurions pu aller aussi à Douala, mais nous disposions d'assez de ressources nécessaires sur place à Yaoundé pour parachever l'étude. Les descentes effectuées sur le terrain à la rencontre de responsables des quotidiens camerounais et leurs collaborateurs pour la collecte de l'information, n'ont pas suffi. Grâce à Internet et d'autres outils TIC tel que le téléphone

39 De manière générale, les jours ouvrables de lundi à jeudi, et le dimanche entre 08h et 09h30 réunion de l'équipe de rédaction, tout de suite après, descente sur le terrain, retour dans l'après-midi vers 16h, rapports, débriefing et perspectives, etc.

mobil

e40, nous avons régulièrement pour

suivi les

échanges par

voie de mail, de me

ssagerie

instantanée41, et d

'appels tél

éphoniques.

partie

toutes

des 71 fiches de

avons

perception

entrepris de nouvelles

les informations recueillies et en

C'est le l

ieu de préc

présent travail, 32

collecte qui nous ont été retournées n'avaient pas d'informations dans la

; espérant que les 39 retours favorables n'auront pas été

descentes à la rencontre des prospects dispos

iser également que pour davantage optimiser l'authenticité de

faire la substance exhaustive d u

és.

négligeabl

es, nous

statistiques sur le nombre

le cas de Twitter. Nou

sociaux,

t, et sur

Par ailleur

notamment pour recommandation,

s, nous déplorons le fait de n'avoir pas pu obtenir toutes les informations d'utilisateurs exact de camerounais sur l e s réseaux

sayé avec socialbake rs, semiocas

de l'UIT et enfin celui l'INS42 du

Cameroun

.

s avons es

le site web

3.3. Arrêt sur Facebook et

Twitter :

En abordant cet arrêt sur les réseaux soc

iaux en lign

e, il convient pour

nous de

précis

er que le concept existait déjà dan

s les année

s 1970, bien

avant Facebook et Twitter.

3.3.1. Facebook :

Créé en

2004, Fa

cebook est d'abord

réservé à

des étudiants de

Canada à

d'autres personnes

Il sera ouvert finalement au . Il est incontestablement le

l'Univers

ité de Harvard puis répandu au ayant une identité numérique en .edu43. grand public à partir de septembre 2006

40 Le portable.

41 Yahoo Messenger, Skype, Msn, Gmail.

annexe.

42 Cf. quelques résultats infructueux affichés en

Page 34 sur 128

43 Lire « point edu ».

utilisateurs

, soit envi ron 901

s. Selon

s d'abonné

Au mome

nt où nous

réseau social le plus visité dans le monde et le plus important en terme socia lbakers.com, Facebook enregistre bientôt 1milliard d' millions d'abonnés depuis le début du mois d'août 2012.

million d'utilisateurs (502

, le Came roun compt ait plus d' un

entième pl ace au cla s

sement mo ndial et

demi-

réalisions cette étude 940) et occupait la c quatorzième (14e) au classement africain. Au niveau local, Facebo ok a connu, selon socia lbakers.com, un taux de pénétration de 2,6 1% et une augmentation d'environ 7,53% au cours de ces six (06) derniers mois ; cette augmentation équivaut plus de quarante milles (40 3 80) nouvea ux membre s cameroun ais de 18 à 64 ans, don t 63% sont de sexe m asculin et 37% de sexe féminin.

L'histoire

de Twitter

a débuté autour de 200

5 au sein d

'un petit groupe de

collaborateurs qui travaillait pour l'entreprise Odeo , Glass à San Fransi cso. Mais tout commence vérit ab

fondée p

ar Noah

lement avec Jack

3.3.2. Twitter :

Dorsey quand il

propose une plate-forme capable facilement leurs petits moments de vie avec leurs la première version s'intitulait Stat.us puis Twitter, Flickr puis Twitter, son nom actuel.

de permettre aux utilisateurs de partager amis. Ouvert au public le 13 juillet 2006, en référence au site de partage de photos

cabinet

mois de

Twitter a franchi,

selon une

dans le monde au moi

le séisme en Haïti, c

. Twitter es

t devenu un

En six (06) ans d'existence,

Semiocast44, le c ilisateurs4 5
a
p de 517 millions d'ut

juillet 2012, qui écrivent parfois l'histoire en direct d'informations sur des sujets aussi variés que

étude du

s début du

lieu d'échanges et elui du Japon, la

44 Semiocast est un cabinet basé à Paris - France, reputé dans la recherch e et la diffus ion de donné es sur les réseaux sociaux.

45 Source :

http://s emiocast.com/publications/2012_07_30_Twitter_reaches_half_a_billion_accounts_140m_in_the_US

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révolution égyptienne, la chasse au tyran libyen. Accessible à tous, Twitter est aussi un lieu où l'histoire orale se raconte en direct grâce aux témoignages de plus d'un million de personnes par jour, dans le monde. Nous n'avons malheureusement pas pu avoir d'informations exactes sur le nombre de camerounais utilisateurs de Twitter.

3.3.4. Quelques différences fondamentales :

Facebook et Twitter ne sont pas des réseaux sociaux semblables étant donnés que les abonnés de ces communautés virtuelles n'ont pas toujours les mêmes attentes, et la même perception des choses. Dans la majeure partie des cas, les internautes ne vont pas sur Facebook pour les mêmes raisons que sur Twitter. Alors que Facebook offrira plutôt un aspect « distractif » à ses utilisateurs, Twitter attirera des consommateurs plus axés sur la recherche d'informations en temps réel.

Facebook est populaire et en situation de monopole. Ce réseau social est utilisé par presque tout le monde, y compris des personnes qui ne savent pas l'exploiter intelligemment. Pour les professionnels comme pour des personnalités importantes, Facebook n'a pas d'interdits sur la vie privée et peut causer du tort à la cyber-réputation de ses utilisateurs.

Twitter est, quant à lui, un vrai challenger pour Facebook. Il est simple d'utilisation et surtout exploité par des professionnels. La vie privée n'est pas vraiment exposé ici. L'utilisateur ne peut se servir que du texte contrairement à Facebook qui lui offre la possibilité de poster en plus, des photos et des vidéos. Ainsi, tout ce qu'on peut poster sur Twitter ne peut laisser directement apparaître des preuves.

PRE

MIERE

PARTIE

: LE CAD

RE THEORIQ

UE

 
 
 
 
 
 

Dans cette première partie, nous p autorité sur le sujet étudié.

arlerons tour

à tour des auteurs

qui font

premier chapitre fait

une idée des réseaux

une revue de la littérature qui nous a permis

termes d'opportunité

Le

sociaux Facebook et

Twitter en

d'avoir

s ou de

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menaces p

our les journalistes camerounais

de quotidiens.

Le

les avis

nos différentes hypothèses. Il

des auteurs dont

recherche

évoqués plus haut

second chapitre nous a permis de vérifier nous rap pelle quel ques notio ns déjà é voquées p ar construct ifs viennen t soutenir les variabl es de cette

(page 25) .

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