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La réception des réseaux sociaux dans la presse écrite au cameroun: essai d'analyse de la fréquentation de facebook et twitter par les journalistes camerounais de six (06) quotidiens (cameroon tribune, la nouvelle exppression, le messager, le jour, mutations)


par Philippe Kléber Biboum
Université Protestante d'Afrique Centrale - UPAC - Master 2 Recherche, Journalisme de paix 2011
  

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CHAPITRE 4 : ANALYSES ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Parmi les 06 quotidiens enquêtés, nous avons pu obtenir des informations provenant directement des journalistes pris individuellement et par ailleurs de la hiérarchie (de manière collégiale). A Cameroon Tribune, Mutations et L'Actu, notamment nous avons saisi l'occasion de rencontrer directement la majorité de nos prospects. Au niveau de Le Messager, Le Jour et La Nouvelle Expression, nous avons adhéré à l'idée de nous entretenir avec les responsables de salles de rédaction. Dans l'une ou l'autre possibilité, nous voulions tout simplement obtenir de la matière pour étoffer notre travail. Bien entendu, le nombre d'enquêtés compte pour ce genre d'étude, mais la bonne information (même concertée) est ce qu'il y avait de plus important à obtenir.

Section 1 : De la réception des réseaux sociaux par les journalistes camerounais Notre échantillon a porté sur soixante (71) journalistes de quotidiens pour une population d'environ 160 individus au total dans les six (06) quotidiens recensés pour le présent travail.

1.1. La présence des quotidiens camerounais sur Internet :

Il faut dire concernant la présence de ces quotidiens sur Internet, 05 (Cameroon Tribune, La Nouvelle Expression, Le Jour, L'Actu, Mutations) ont un site Internet ; pour Le Messager, au moment où nous nous séparions de Rodrigue Tongué le dimanche 08 juillet 2012, le site web était en cours de réalisation. Sur les 05 qui ont un site web sur Internet, L'Actu et Le Jour ont des raccourcis vers le réseau social Facebook, quant à Twitter seul L'Actu y a prévu un lien. Dans l'ensemble, ces quotidiens se retrouvent tous avec des comptes ouvert sur Facebook et Twitter ; ceci est certainement l'oeuvre de journalistes professionnels, voire d'utilisateurs opportunistes ou alors usurpateurs, vue que Laurent Abah nous a affirmé, à cette même période, ne pas avoir reçu, ni donner d'instructions dans

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ce sens. Toutefois sur le site Web de L'Actu, l'on peut remarquer qu'il y a été prévu un

raccourci pour Twitter.

1.2. Les raisons d'avoir une fenêtre sur Facebook et Twitter :

Les résultats obtenus dans le cadre de cette section donnent à penser que la plupart des journalistes de quotidiens fréquentent effectivement les réseaux sociaux, avec comme préférence Facebook et Twitter. Ils recherchent une certaine liberté, même si elle est souvent confondue au libertinage84 ; une tare qu'il faut assainir selon Emmanuel Gustave Samnick. En effet, pour les journalistes souvent victimes de leurs articles, ils veulent naturellement échapper, grâce à ces réseaux virtuels, à la répression des autorités administratives. Ces journalistes ont bien réussi à s'intégrer dans l'ère des réseaux sociaux.

Dans cet aspect virtuel, François Ossama parle de refuge85compte tenu de l'anonymat à partir duquel les dissidents, certains leaders, des militants des droits de l'homme, des activistes et même certains journalistes peuvent librement dénoncer la corruption, les atteintes aux droits de l'homme et aux libertés. Selon lui (Ossama), il serait opportun pour les journalistes de quotidiens, acteurs de la société civile, de s'approprier ces nouveaux espaces de liberté qu'offre le Web. Le journaliste Jean-Marc Manach conforte cette recommandation lorsqu'il ironise un peu Andy Warhol86 en disant que dans le futur, chacun aura droit à son quart d'heure d'anonymat87.Aujourd'hui, nous pouvons constater que les journalistes camerounais de quotidiens ont bien leur quart d'heure d'anonymat.

84Voir interview accordée par Emmanuel Gustave SAMNICK au journal quotidien La Nouvelle Expression : http://www.lanouvelleexpression.info/component/content/article/7794-gustave-samnick-directeur-de-publication-du-quotidien-lactulil-faut-assainir-le-milieu-des-medias-au-camerounr.html.

85 Voir François OSSAMA, 2003, Défis pour l'approfondissement du processus démocratique en Afrique Subsaharienne, exposé disponible sur:

http://www.africanti.org/IMG/colloque/colloque2003/Communications/OSSAMA4.pdf

86 Voir Jacques-André Fines SCHLUMBERGER (2010), Vie privée, vie publique ? La revue européenne des medias, n° 16, Institut de Recherche de l'European Business School, Université Panthéon-Assas Paris 2, p. 57

87Voir Jean-Marc MANACH (2010), Le problème, ce n'est pas la transparence, mais la surveillance, blog publié dans Le Monde, http://bit.ly/9aIrHl, consulté le 22 juillet 2012.

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Au niveau de la popularité, il y a environ plus de quarante ans, Andy Warhol, cité plus haut, affirmait que dans le futur, chacun aura droit à 15minutes de célébrité mondiale. Dans cette perspective, on pourrait déduire que les journalistes de quotidiens camerounais ont eux-aussi un besoin réel aujourd'hui de se faire connaître à l'international et d'accroître leur chance de s'affirmer de manière professionnelle, au contact d'autres collègues d'ici et d'ailleurs. Ce n'est peut-être pas encore le cas, vu que les journalistes camerounais utilisent encore Facebook et Twitter beaucoup plus à des fins personnelles que professionnelles. Ainsi, l'on ne devrait pas encore parler de meilleur usage de ces plateformes sociales virtuelles par les journalistes de quotidiens camerounais.

Pour ce qui est de l'accès facile à Facebook et à Twitter, nous avons constaté que l'on n'a plus grand besoin aujourd'hui d'un ordinateur pour se mouvoir dans le Web 2.0. Le téléphone portable et d'autres nouveaux outils high-tech servent bien à quelque chose. Nous pensons que le concept de viralité se rapproche ici de la propagation rapide de l'information ; car même si au fur et à mesure que l'information partagée peut perdre de sa valeur, la viralité demeure un levier important d'alerte. Pour la disponibilité des applications, nous dirions que Facebook est beaucoup plus réservé à une toile qui se tisse par affinité88 et Twitter semble plus indiqué pour le journaliste professionnel. Néanmoins, pour d'autres outils tels que Skype, Yahoo Messenger ou MSN considérés comme une évolution de la téléphonie, ils sont préférés89 à Facebook.

88 Durant nos échanges avec les prospects, nous avons observé que plus de la moitié (61% environ) pensent que Facebook se rapproche beaucoup plus d'une toile qui se tisse par affinité sociale.

89 Voir Montagut-LOBJOIT, Myriam et Lodombe MBIOCK, Olga MARLYSE (2009), Lien social et identités dans les réseaux sociaux numériques: Le cas des diasporas africaines, Global Media Journal - Canadian Edition, 2(1), 107-121, p. 118.

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1.3. L'intérêt d'avoir une fenêtre dans les réseaux sociaux :

Si près de la totalité de journalistes fréquentent les réseaux sociaux, c'est parce que les objectifs qu'ils se fixent y sont justifiés. Par contre pour ceux qui ne trouvent pas leur compte, il nous a semblé évident de soutenir qu'ils ont moins de faciliter à naviguer sur Internet et/ou à limiter le réseau social à un environnement essentiellement ludique non professionnel. Nous pourrions ajouter que la plupart de ces derniers n'ont pas grand-chose à y mettre comme articles, ou notes de lecture au service des internautes.

En effet, il ne faut pas totalement ignorer ce qui se passe dans les réseaux sociaux bien qu'ils soient essentiellement virtuels et truffés de détails. Tout dépend de l'utilisation que le journaliste camerounais de quotidien va en faire. Un meilleur usage va inéluctablement lui donner plus d'aptitudes, plus de discernement et plus de connaissances enrichissantes pour son développement personnel voire même celui aussi de l'organe de presse pour lequel il travaille. Tandis qu'une ignorance de leur pouvoir d'attraction avéré peut priver le journaliste de l'information qui aurait pu transformer une situation dans le bon sens nonobstant le cas libyen qui montre très bien que cette sorte de précaution est inutile. Il est donc important d'être présent sur les réseaux sociaux afin de rester connecté à l'évolution de l'actualité.

1.3. Les outils d'accès aux réseaux sociaux :

Les salles de rédaction des quotidiens camerounais sont équipées en majorité d'ordinateurs de bureau connectés à Internet et pouvant servir de poste de travail pour le personnel. Les ordinateurs portables équipés ou non d'une option wi-fi90sont le plus souvent une propriété du journaliste ou alors d'un des responsables du journal. Autant que les téléphones portables appropriés (blackberry, smartphone, etc), les labtops ne sont pas à la

90 Wireless fidelity : réseau sans fil

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portée de tous les journalistes camerounais ; c'est pour cette raison qu'il y a un écart considérable avec ceux qui se servent des desktops.

Par ailleurs, il y en a qui se rendent régulièrement dans les cybercafés pour avoir accès à leurs comptes Facebook et/ou Twitter, ils sont souvent sur le terrain et pour cause parfois d'une insuffisance de postes de travail disponibles, ils n'ont pas assez de moyens financiers pour s'offrir un labtop ou un téléphone portable intelligent. Durant nos descentes sur le terrain il nous est arrivé de participer à des couvertures médiatiques et de fréquenter quelques cyber-cafés de la ville de Yaoundé.

1.4. Les objectifs visés par les journalistes camerounais de quotidiens :

Les journalistes de quotidiens qui fréquentent les réseaux sociaux visent principalement des objectifs d'information et de divertissement. Ils jouent donc toujours leurs rôles dans les réseaux sociaux Facebook et Twitter ; néanmoins pour ces derniers, l'un comme l'autre présente des qualités propres au point que Twitter se révèle être mieux adapté pour l'information et Facebook à la fois pour l'information et le divertissement. Par ailleurs, le journaliste recherche aussi, au sein de ces communautés, une identité, une place qu'il peut du jour au lendemain perdre au sein de la société de l'information. Ainsi, pouvons-nous comprendre pourquoi à l'aide de Twitter principalement, les attentes des uns et des autres utilisateurs deviennent intéressantes pour lui. Elles lui (le journaliste) permettent d'ajuster sa plume ou alors les touches de son clavier, de développer par la même occasion son audience et d'améliorer la fréquentation des sites web lorsqu'ils existent. Facebook prend le témoin pour le développement du réseau d'amis et le partage de contenus.

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1.5. La fréquentation hebdomadaire de Facebook et Twitter :

La fréquentation des réseaux sociaux Facebook et Twitter est une réalité au Cameroun, mais il s'avère au regard des résultats obtenus plus haut que les journalistes camerounais de quotidiens y ont une activité variable selon les attentes, les objectifs visés et une certaine préférence. Les écarts ne sont pas très grands à chaque plage horaire compte tenu du fait que beaucoup de nos journalistes de quotidiens préfèrent encore l'approche classique.

Pour certains journalistes nous ayant donné la possibilité d'échanger avec eux autour de ce constat, le bon journaliste doit rester un habitué des descentes sur le terrain à la recherche de l'authenticité des informations relevées sur les réseaux sociaux. Facebook et Twitter, malgré leur popularité et attraction, ne sont pas exempts de vices de l'information. Il arrive au journaliste de consacrer un peu de son temps imparti pour investiguer. Il va aller sur le terrain, passer des coups de fil auprès de collègues, amis, etc., afin de recouper l'information ou la dépêche. Ce qui justifie le fort taux de fréquentation pour tous les 02 jours.

Pour d'autres, en revanche, notamment pour ce qui est de l'actualité internationale, ils disposent déjà d'un bon carnet d'adresses fiables (agences de presse internationale, médias imprimés de références, etc) sur les réseaux sociaux. Y aller tous les jours est une nouvelle mission pour laquelle le cyberjournalisme trouverait une réelle justification au Cameroun.

Enfin, pour ceux qui passent plusieurs jours sans y aller, Facebook et Twitter ne sont pas une priorité de leurs activités sur Internet, ce ne sont pas non plus des sites qu'ils ignorent ou dont ils ignorent le côté ravageur.

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1.6. La fréquence d'utilisation de Facebook et Twitter :

En effet, parmi les journalistes camerounais de quotidiens qui passent moins de 02h sur Facebook et Twitter, il y a en moyenne 44% pour Facebook et 21% pour Twitter, qui les fréquentent tous les jours afin d'être quotidiennement au courant de l'évolution de l'actualité sur les réseaux sociaux, même s'ils n'en font pas toujours un papier dans les colonnes de leur journal. A proportion presqu'égale (28%), les journalistes camerounais de quotidiens alternent un peu entre une activité prolongée entre 02h et 06h à la fois sur le terrain et sur la toile virtuelle ; et le reste de 3% représentent essentiellement des journalistes adeptes du Web qui dans un futur proche, exerceront en qualité de cyberjournalistes de quotidiens, des techniciens à la base, rompus à la tâche. Ce sont des techniciens devenus journalistes à force d'administrer les sites web ou alors d'exécuter la diffusion d'articles, dépêches et autres contenus sur Internet. Il est donc possible pour eux d'enregistrer une fréquence assez prolongée sur les réseaux sociaux.

1.8. Le niveau de satisfaction sur les réseaux sociaux :

Le niveau de satisfaction des journalistes camerounais des quotidiens par rapport à Facebook et Twitter nous a un peu étonné, surtout en termes de motivation (individuelle) d'avoir un compte Facebook et/ou Twitter. Ce niveau de satisfaction reste à notre sens discutable au regard des résultats obtenus. Plus de la moitié déclare trouver leur compte, contrairement aux autres qui penchent plutôt pour des sources légitimes d'informations parmi lesquelles des agences de presse et d'autres sites web de quotidiens. Il faut dire que pour ceux qui ne trouvent pas leur compte ils y ont quand même un compte utilisateur et y passent des heures. Que feraient-ils pendant tout ce temps ? Pourtant, lorsqu'ils recherchent l'information, la plupart déclare se fier aux géants de la presse et cyberpresse internationale. Ces derniers sont aujourd'hui présents sur Facebook et Twitter. S'il faut se référer aux résultats comme évoqué en sus, qu'en est-il de leurs propres contenus lorsque nous relevons

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en moyenne que 24% de journalistes visent l'information du public sur Facebook et Twitter. Ce résultat nous a permis de nous rapprocher de notre hypothèse centrale.

Toutefois si pour Facebook notamment, l'activité professionnelle y est quelque peu confondue à une activité ludique ; Twitter par contre, serait encore plus proche des attentes de journalistes qui trouvent leur compte sur les réseaux sociaux du genre. Ainsi le niveau de satisfaction peut alors se différencier ; il est plus accentué chez Twitter et, pourrions-nous prétendre dire que, sa fréquentation régulière semble plutôt intéressante pour le journaliste.

Le fait pour les journalistes de quotidiens de trouver leur compte sur les réseaux sociaux ne motive pas encore certains patrons de presse à autoriser l'insertion d'articles sur au moins une page au sein de leur journal. Au moment où nous réalisions cette étude, un (01) seul quotidien accorde une place à l'actualité sur les réseaux sociaux. Ceci indique sans doute un souci pour la rédaction du quotidien Le Jour de consolider son audience, mais surtout d'amener le public camerounais à se familiariser de manière objective aux réseaux sociaux. Cela pourrait bien expliquer pourquoi, de manière empirique, son volume de vente91est de loin supérieur aux autres quotidiens privés.

1.9. La perception des journalistes par rapport à Facebook et Twitter :

De manière générale, sur les 39 journalistes de quotidiens qui ont réagi dans cette section, plus de la moitié juge que Facebook et Twitter leur apportent quelque chose en plus dans la manière de travailler. Plus d'une fois, ils nous ont affirmé qu'ils se servaient des RS92 pour signaler à leurs abonnés virtuels la publication de leurs plus récents articles. Parmi les 22 journalistes qui parlent d'apport bénéfique, la majorité penche pout Twitter

91 Parmi les quotidiens camerounais, Cameroon Tribune occupe la plus grande part de marché. Il est talonné par Le Jour qui représente le premier quotidien privé ayant la plus grande part de marché, source : Messapresse.

92 Lire R pour réseaux et S pour Sociaux.

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taxant certes Facebook d'outil innovant, mais il est confondu à un réseau vulgaire, un fourre-tout, un mélange d'ordre et de désordre. Toutefois parlant d'innovation Facebook et Twitter demeurent encore inadaptés à nos réalités socioculturelles. Il y a une autre catégorie (38,5%) de journalistes qui préfèrent ne pas avoir affaire ni à Facebook, ni à Twitter, et enfin une dernière catégorie (5,1%) qui recommande de ne pas les ignorer.

En effet, nous avons relevé qu'au Cameroun, beaucoup d'internautes parmi lesquels des journalistes de quotidiens se sont rués sur Facebook et Twitter par phénomène de mode. Car, lors de notre échange avec Emmanuel Gustave Samnick du quotidien L'Actu, nous sommes revenus par exemple sur l'évolution de la liberté d'expression au Cameroun, il affirme qu'elle (la liberté d'expression) était déjà une réalité au Cameroun avant les réseaux sociaux, et que ces derniers ne pourraient en rien être responsables de la survenance d'une quelconque violence entre 2008 et 2011. Il pense aussi que Facebook et Twitter sont des outils de communication de plus. Pour lui (Gustave Samnick), ces communautés virtuelles ne représentent aucun problème, dirions-nous aucune menace pour la paix sociale.

Au quotidien Le Jour en général, Jules Romuald Nkonlak, rédacteur en chef est du même avis que Gustave Samnick. Mais il signale que si les réseaux sociaux ont engendré de fortes violences dans le monde arabe, alors le Cameroun n'est pas loin de tout danger. Il pense que cette violence a été motivée par un réel malaise social. Afin que ce genre d'événements ne se produise au Cameroun, il recommande que davantage de contenus soignés soient mis en ligne par ses confrères aussi bien dans les sites web en .cm93 que dans les réseaux sociaux. Il indique également que la formation en cyberjournalisme doit être renforcée et enfin, qu'un fonds doit être disponible pour le développement de la cyberpresse écrite professionnelle.

93 Lire : point cm

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A Le Messager, Rodrigue Tongué, rédacteur en chef adjoint, chef desk politique, pense que les réseaux sociaux ont stimulé la liberté d'expression de par les exigences de créativité des lecteurs et aussi à cause ou grâce à l'accès facile aux sources d'informations. Mais il souligne que Facebook et Twitter n'ont pas bouleversé le climat social dans le mauvais sens depuis leur expansion généralisée. Il recommande, dans un tel contexte, que la démocratisation de l'accès à Internet se poursuive au profit des journalistes de quotidiens.

Au quotidien La Nouvelle Expression, Valentin Siméon Zinga affirme que les réseaux sociaux échappent encore à la réglementation au Cameroun. Ce sont des espaces publics-privés où la prise de parole n'est pas légitime. Ils sont de véritables catalyseurs de l'émergence d'un journalisme essentiellement citoyen, d'un journalisme de liste, etc. Ne disposant pas d'assez d'outils appropriés pour porter un quelconque jugement sur les réseaux sociaux, il déclare tout de même avoir plus de préférence pour Twitter que pour Facebook en termes de fiabilité.

A Cameroon Tribune, de manière générale, les journalistes que nous avons approchés pensent que les réseaux sociaux ont été en faveur de davantage de liberté d'expression au Cameroun du fait de leur ouverture et aussi de la diversité culturelle qu'ils symbolisent. Ils accueillent presque tout le monde, et de nombreux journalistes s'y retrouvent certes à des fins personnelles, mais ils y gagnent toujours quelque chose pour leur propre culture qu'ils peuvent mettre finalement au service du journal.

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Section 2 : Quelques recommandations

2.1. A l'endroit des journalistes camerounais de quotidiens :

En seulement cinq (05) ans, Facebook et Twitter ont effectivement tracé leur chemin dans les salles de rédaction des quotidiens camerounais. Aujourd'hui, les journalistes sont connectés et même si très peu encore sont invités à le faire de manière officielle. Dans des pays comme la France et les Etats-Unis, des rédactions se sont déjà dotées de chartes94 et guides de bonnes pratiques.

D'après Johan Galtung lors d'une interview95 qu'il a accordée à Claudia Isabel96, la tâche principale du journaliste est de définir l'ensemble du contexte lié à un événement. La façon dont il décrit l'actualité est très importante et démontre à suffisance sa responsabilité et sa crédibilité.

Dans les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, les journalistes de quotidiens doivent toujours suivre les mêmes canons de diffusion de l'information, à défaut de ce que Léger Ntiga a appelé les moyens du bord97 ou de faire recours à d'autres sources légitimes, voire certains collègues. Ces hommes de nouveaux médias se doivent de cultiver le sens de la créativité et professionnaliser rigoureusement le sondage d'opinion afin de ne pas s'éloigner totalement des attentes d'utilisateurs ; car cette perte de confiance et le doute qui planent sur l'identité du journaliste professionnel sont visibles avec l'émergence du journalisme citoyen. Dans ce cas, le développement de la cyberpresse en ligne est également souhaité, à condition que les quotidiens ne soient pas entièrement reproduits en ligne ; qu'on

94 Voir le Mensuel de l'association des journalistes professionnels de Bruxelles, décembre 2011, n° 132.

95 Source : http://www.emarrakech.info/Johan-Galtung-attention-aux-angles-morts_a14621.html

96 Journaliste indépendante.

97 Lors d'un entretien avec Léger NTIGA, Journaliste à Mutations, le mercredi 11 juillet à 16h30, « la fibre optique n'existe encore que de nom, la connexion Internet est médiocre et parfois il faut prier pour que l'énergie électrique ne soit interrompue ».

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puisse bien y retrouver des dépêches les plus actuelles, voire un complément d'informations de ce qui a été diffusé dans le journal.

Afin d'éviter certaines dérives, les salles de rédaction de quotidiens doivent servir de lieux de rédaction proprement dite, de recherche (pour les adeptes du Web), et de présentation des rapports ; elles ne doivent en aucun cas tenir lieu de divertissement en ce qui concerne particulièrement Facebook. Une charte doit être élaborée pour rappeler à l'endroit des journalistes de quotidiens camerounais, les risques encourus en cas de déclarations compromettantes pour l'image du journal ou pour le professionnel (journaliste) en général ; conformément à la loi 90/052 évoquée plus haut à la page 24, la vérité doit survivre à condition que le journaliste soit toujours de bonne foi, qu'il démontre le sérieux de l'enquête, n'affiche aucune animosité dans ses propos et apporte la preuve de la légitimité du but poursuivi de son investigation. Du moins, les journalistes devraient toujours réfléchir avant de facebooker ou de tweeter.

Facebook et Twitter ne sont pas des jouets. Yves Thiran98 de la RTBF pense par exemple pour Twitter que c'est un outil de veille très pratique et un moyen d'accéder rapidement à une information en période de crise. L'Agence France Presse (AFP) rejoint Thiran en octobre 2011 à travers la diffusion de son « Guide de participation aux réseaux sociaux des journalistes AFP ». Le document précise que la Direction de l'information encourage les journalistes de l'AFP à ouvrir des comptes Facebook et Twitter afin d'effectuer une veille, de rechercher de l'information et d'enrichir leur carnet d'adresses ». L'AFP déclare que cette présence participe aussi à la notoriété de l'agence. Elle recommande dans ce document que l'accès des pages Facebook de journalistes doit être restreint à leurs seuls amis ».

98 Cité par Laurence DIERICKX (2011), Réseaux sociaux : les médias formulent leurs règles, Mensuel de l'association des journalistes professionnels de Bruxelles, décembre 2011, n° 132, p. 7.

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Pour aller plus loin dans ce qui précède, et relativement à nos résultats d'analyse, il serait juste que l'accès aux médias sociaux soit autorisé, partiellement limité ou totalement interdit. Par exemple, un accès partiellement limité, devrait être réservé aux proches collaborateurs du directeur de publication. Pour le reste, élaborer un emploi de temps de fréquentation des médias sociaux, de préférence après la mission sur le terrain ; une utilisation à des fins personnelles ne devrait être autorisée qu'à l'heure de pause. Enfin, pour un accès interdit, mettre un verrou pour les médias sociaux qui n'épousent pas la ligne éditoriale du quotidien et laisser un accès contrôlé pour les autres qui conviennent.

2.2. A l'endroit des utilisateurs :

Parce que Facebook et Twitter sont aussi considérés comme des médias sociaux, il n'y a malheureusement pas de hiérarchie. Tout le monde peut prendre part aux médias sociaux et chacun y est sur le même pied d'égalité. Les hiérarchies traditionnelles ont disparu avec le Web 2.0. Mais les utilisateurs doivent toujours se poser la question de savoir s'il est nécessaire pour eux de s'affirmer sur les médias sociaux. Beaucoup d'attention est recommandée autant à l'égard des journalistes qu'à eux-mêmes.

Galtung pense qu'un écho positif auprès des médias (en général) a beaucoup d'importance. Ils (médias) récompensent souvent les actes de violence dont ils parlent, et rarement les actes de paix. Il affirme que c'est important d'informer sur les événements scandaleux et soulignera qu'il est difficile pour l'audience ou alors pour les utilisateurs de Facebook et Twitter de trouver toujours quelque chose de positif dans ces médias, et pourtant l'on pourrait aussi bien y retrouver des choses positives. Il leur sera donc utile et profitable de toujours vérifier plusieurs autres sources d'informations sur la toile sociale avant de se faire une opinion.

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Il est également recommandé aux utilisateurs de rechercher des notes de lectures ou d'articles de la part de journalistes, sur tel ou tel sujet d'actualité. Facebook par exemple permet aux journalistes ou à tout utilisateur de publier des notes99 pouvant tenir lieu d'articles agrémentés de titre, de corps du sujet et d'encart pour l'insertion d'une image illustrative.

3.3. A l'endroit des pouvoirs publics et autres organisations compétentes :

D'après France Télévision100, une bonne utilisation des réseaux sociaux commence par le respect de la loi. Au Cameroun, Alain Blaise Batongué pense que l'État doit reconnaître que tous les médias, publics ou privés, exercent une mission de service public et intervenir en arrêtant les discriminations101. Le syndicat des journalistes employés du Cameroun propose un avant-projet de loi sur les médias et le journalisme afin d'exercer leur métier d'information dans de meilleures conditions. Ce syndicat recommande l'amélioration de la qualité de l'information et du journalisme. Dans ce sens, certains journalistes que nous avons interrogés sur la question, proposent la mise en place d'infrastructures pour une fourniture haut débit de l'Internet au Cameroun.

Par ailleurs, le syndicat propose la création d'un organe indépendant de régulation des médias qui devrait remplacer le CNC (Conseil National de la Communication) dont le pouvoir est jusqu'à lors consultatif. Même son de cloche pour les entreprises de presse qui naissent encore d'une simple déclaration en préfecture ; que désormais, elles deviennent des

99 Voir par exemple dans ce lien,

http://www.facebook.com/kleber.biboum?ref=tn_tnmn#!/kleber.biboum/notes, une dizaine d'articles ayant attiré l'attention des utilisateurs de Facebook.

100 Voir l'article de Laurence DIERICKX dans le Mensuel de l'association des journalistes professionnels de Bruxelles, décembre 2011, n° 132, p. 5.

101 Source : http://www.agenceecofin.com/com-media/1306-243-des-journalistes-camerounais-veulent-reformer-leur-cadre-legal.

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sociétés formelles qui relèvent de la législation OHADA. Jean Baptiste Sipa soutient que cette nouvelle mesure pourrait donner accès aux financements des banques et d'autres organisations, et rendrait l'entreprise de presse plus crédible auprès des annonceurs. La plupart des membres du syndicat ont soulevé la révision du statut de journaliste professionnel. Ils souhaitent que soit mis en place un dispositif de formation professionnelle intégrant la maîtrise des nouvelles technologies, et une révision du système d'aide à la presse auquel, à l'heure actuelle, l'Etat consacre chaque année environ 135 millions de F. CFA.

Bien entendu, toutes ces réformes ne serviraient à rien sans la culture du bon journalisme ; car un journaliste participant à cette rencontre syndicale pense qu'au Cameroun, la presse est le parent pauvre du professionnel de l'information, selon lui ce dernier n'est pas exempt de tout reproche sur sa manière de travailler. L'Etat et toutes les organisations compétentes, devraient donc jouer tout leur rôle de facilitateur, mais aussi celui d'accompagnateur pour l'optimisation de la satisfaction de l'intérêt général.

Pendant que nous y sommes, Jean Marc Soboth recommande, au cours d'un entretien102 qu'il nous a accordé via le réseau social Facebook, l'application de la convention collective nationale des journalistes et la mise en oeuvre efficace des chartes déontologiques. Pour Soboth, il s'agit de codifier un certain nombre de comportements professionnels, les examiner, et de déterminer les mesures appropriées pour contourner les déviances. Il (Jean Marc Soboth) évoque aussi l'institutionnalisation de la formation continue, en l'occurrence à l'égard des médias sociaux. Il pense enfin que le système d'aide publique devrait être amélioré au profit d'une presse plus objective, prompte à la transparence et au développement de la productivité dont l'aide indirecte proviendra de la publicité, etc, et l'aide directe des fonds accordés directement aux médias.

102 Voir annexes, entretien accordé le jeudi 2012 sur Facebook.

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Il faut retenir, de ce qui précède que, les résultats obtenus au cours de cette recherche découlent d'une enquête menée auprès d'un échantillon de soixante-dix prospects tirés des quotidiens sélectionnés sur la base d'une période bien précise. Pour les interpréter nous avons fait recours à des outils appropriés et à notre modeste aptitude dans l'analyse des faits.

Les résultats donnent surtout à penser que notre hypothèse centrale de recherche a été vérifiée ; en effet, il est finalement juste de dire que la compatibilité Facebook et Twitter et médias imprimés est possible et démontre bien que l'assimilation de ces nouveaux médias ne saurait être réservée à une nouvelle catégorie de journalistes. Ces derniers y recherchent principalement ce qui est caché. S'il n'y a pas eu de violence perpétrée au Cameroun à cause des réseaux sociaux, il est juste à ce titre de supposer que les journalistes camerounais de quotidiens veillent, et font un meilleur usage de Facebook et/ou Twitter.

Après cette étape d'analyses et d'interprétations, nous avons observé des remarques qui pourraient aller dans le sens de contribuer véritablement à l'édification d'une presse écrite plus responsable et partisane de la paix durable ; nous avons donc formulé des recommandations à l'endroit des journalistes, des utilisateurs et des pouvoirs publics, respectivement pour préconiser plus de responsabilité, plus de vigilance et une meilleure régulation.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille