WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les relations politiques Iran-USA 1979-2002.


par Doumbia ALI
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Master d'histoire contemporaine 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3- Les tentatives de soviétisation de l'économie et la politique iranienne.

Le revenu par habitant diminua très fortement (baisse annuelle de 2,5 % de 1979 à 1992). L'économie connaissait une véritable soviétisation avec nationalisation et création de «fondations» L'Iran dérive vers l'orbite soviétique. Alors que l'Ayatollah Ruhollah Khomeiny a souvent fustigé haut et fort le "grand Satan", les américains, il n'a que rarement condamné l'invasion soviétique en Afghanistan. Son soutien au maintien en captivité des 53 otages Américains a conduit les pays occidentaux à couper les ponts économiques avec l'Iran, poussant le pays à dépendre davantage de ses échanges avec l'Union soviétique.

Plusieurs observations autour de cette relation entre Téhéran et Moscou se demandaient pourquoi Khomeiny rejette-t-il les États-Unis d'Amérique, pour l'Union soviétique ? Quelles valeurs pouvaient-ils avoir de cette relation ? Les Occidentaux relativement impuissants déclarent que Khomeiny n'a pas toute sa raison.

Du point de vue occidental, les États-Unis d'Amérique constituent pour l'Iran une menace bien moindre que celle de l'Union soviétique, qui partage une longue frontière commune avec l'Iran et prône une doctrine athéiste incompatible avec l'islam et avec de

65

nombreux piliers de la vie iranienne, comme la propriété privée ou la famille considérée comme l'unité sociale idéale.

Mais, pour l'Ayatollah, les Américains représentent le plus grand danger. Il croit en effet qu'après 1953, le gouvernement des États-Unis d'Amérique contrôla le Shah, son régime et le peuple iranien. Il croit également que Washington rêve de le renverser et de reconquérir son pouvoir perdu. L'échec de la mission de sauvetage des otages Américains à Téhéran a confirmé ces craintes de Khomeiny.

Ainsi si l'on essaie de comprendre Khomeiny et ses partisans, on pourra déduire que c'est la culture américaine, et non soviétique, qui pervertit l'Iran et horrifie l'Ayatollah Khomeiny en menaçant le mode de vie islamique. Lui et ses partisans aspirent avec ferveur à un Iran exempt de toute domination étrangère. Aussi longtemps qu'ils perçoivent l'Amérique comme la pire menace pour leur pays, rien ne les empêchent de miser sur l'Union soviétique. Bien que partageant avec les Américains le respect envers la religion, la propriété privée et l'unité familiale, le régime des Ayatollahs a préféré s'allier aux marxistes contre l'Occident.

Leur aversion instinctive contre l'Occident les unit. Le gouvernement soviétique, tout comme Khomeiny, craint l'influence des charmes de la culture occidentale et tente par tous les moyens de la maintenir à distance.

Avec une similitude peu troublante, l'islam prétend remplacer la chrétienté au rang de révélation divine ultime comme le communisme prétend succéder au capitalisme en tant qu'étape suprême de l'évolution économique. Ils répondent en lui opposant un dénigrement absolu. De même que, quelques décennies plus tôt, ils menèrent campagne contre l'impérialisme européen, l'Union soviétique et les membres musulmans de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) constituent la principale opposition à la puissance politique et économique de l'Occident.

L'activisme islamique et le marxisme placent la solidarité internationale avant le nationalisme, les besoins de la communauté avant ceux de l'individu, l'égalitarisme avant

66

la liberté. Mais tous deux manipulent les masses sociales, et c'est-là l'aspect crucial. Méprisant les objectifs et les attentes du libéralisme, les activistes musulmans et marxistes poursuivent des idées de société. Par exemple, l'Islam interdit la perception d'intérêts sur les prêts et le communisme dénonce le profit. Enfin, parce que l'Islam et le marxisme traitent de tous les aspects de l'existence, leurs gouvernements penchent vers le totalitarisme.

En fait, Khomeiny partage des éléments idéologiques communs tant avec les États-Unis d'Amérique qu'avec l'Union soviétique. Mais, en fervent Musulman, il croit en la supériorité de son propre credo et reste méfiant.

Néanmoins, dans la pratique, les idéologies se neutralisent et Khomeiny dirige les relations étrangères iraniennes en fonction de ses espoirs et de ses craintes, et non sur la base d'affinités théoriques.

Khomeiny a donc plus peur des États-Unis d'Amérique que de l'Union soviétique: les Russes sont proches, mais pour lui, l'Amérique se trouve déjà au coeur de l'Iran. À son avis, c'est la culture américaine, et non celle des Russes, qui a perverti le mode de vie des iraniens durant des décennies. Et aussi longtemps que ces craintes restent prédominantes, il faut s'attendre à ce que l'Ayatollah Khomeiny et ses partisans guident leur pays plutôt vers l'Union soviétique, car son idéologie ne leur semble pas pire que la nôtre, défendait le soviétologue Américain Daniel Pipe111.

Trois semaines après le départ du Shah, la presse soviétique vire soudain de bord et se met à soutenir le mouvement révolutionnaire islamique. Le lendemain de l'insurrection du 11 février 1979, l'U.R.S.S. annonce avec une hâte tout à fait inhabituelle qu'elle reconnaît le gouvernement provisoire de M. Bazargan.

111Khomeiny, les Soviétiques et les États-Unis. Pourquoi les ayatollahs craignent l'Amérique, par Daniel Pipes NewYork Times 27 mai 1980 Version originale anglaise: Khomeini, the Soviets and U.S. Adaptation française: Alain Jean-Mairet.

Léonid Brejnev112 déclare en début mars 1979: « Nous saluons le triomphe de cette révolution qui a mis fin à un régime despotique et d'oppression qui avait fait de l'Iran un objet d'exploitation et une base d'appui de l'impérialisme étranger »113.Désormais le ton est donné : la presse du parti Toudeh. Ne manque pas une occasion de dénoncer les "manoeuvres de l'impérialisme américain" en Iran et les responsables soviétiques de déclarer qu'ils offrent leur soutien aux gouvernants islamiques dans leur combat contre les Etats-Unis d'Amérique. Mais en vain : les déclarations de Moscou ne sont que rarement citées dans les grands organes d'information iraniens - si ce n'est dans la presse du parti Toudeh (communiste prosoviétique) - et l'appui qui leur est offert est accueilli par les nouvelles autorités de Téhéran avec une franche hostilité.

Certes méfiant à l'endroit du nouveau partenaire, l'Iran sait se souvenir de la vieille expérience de l'hégémonisme russe, remontant à la fin du dix-huitième siècle, lorsqu'il devint le point de mire des rivalités russo-anglaises en Asie, Khomeiny préfère relativement cet allié. Ils signent le 20 juin 1980avec l'U.R.S.S., un protocole de coopération économique à Moscou. Et ce après l'éloignement d'avec les Etats Unis d'Amérique et les sanctions économiques décrétées par l'Occident114.

112 Homme d'État soviétique (Kamenskoïe, aujourd'hui Dniprodzerjynsk, 1906-Moscou 1982). L. Brejnev assume la direction collégiale de l'État soviétique, aux côtés d'Alekseï Kossyguine, chef du gouvernement, et de A. Mikoïan puis de Nikolaï Podgornyï, président du Praesidium du Soviet suprême depuis 1965. Toutefois son rôle personnel devient peu à peu prépondérant : il préside à l'adoption de la nouvelle Constitution de l'URSS (1977) ; fait maréchal en 1976, il évince Podgornyï à la tête du Praesidium du Soviet suprême en 1977. Il conclut avec le président Jimmy Carter le traité SALT II signé à Vienne en 1979. Cependant, cette politique de détente est compromise par l'intervention militaire soviétique en Afghanistan en décembre 1979.

113Ahmad FAROUGHY « L'U.R.S.S. et la révolution iranienne »,, Le Monde diplomatique, juillet 1980, p 2

67

114Idem

68

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon