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Les relations politiques Iran-USA 1979-2002.


par Doumbia ALI
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Master d'histoire contemporaine 2017
  

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2- La position des pays du Golfe

L'intervention irakienne en Iran, leur sert d'exemple pour mesurer la capacité de nuisance de l'Iran non seulement vis-à-vis de ses voisins, mais également dans la région. En cas de conflit militaire ouvert avec les Etats-Unis, qui ne sera pas de l'avis général un conflit limité, tous les pays de la région en subiront les retombées. Même la solution pacifique n'arrange guerre les pays arabes voisins, étant donné que l'Iran s'arrogera le rôle dirigeant dans les affaires régionales, notamment dans les dossiers phares palestiniens et irakiens.

Les pays arabes craignent en effet que l'objectif iranien, d'avoir une capacité nucléaire ne soit pas seulement de faire face à Israël, mais surtout de s'imposer comme une puissance indiscutable dans la région. C'est dire combien l'Iran continue à faire peur d'une manière exagérée ses voisins arabes.

Ryad s'est toujours senti menacé par l'Iran en raison de sa position géographique mais également à cause du déséquilibre démographique. L'Iran fait près de 80 millions

179 Pierre PAHLAVI, « Iran - Occident : quels obstacles géopolitiques ? » , publié le 6 février 2015 sur http://www.diploweb.com/Iran-Occident-quels-obstacles.html, consulté le 22 Avril 2014.

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d'habitants, contre une trentaine pour l'Arabie Saoudite. Par ailleurs, l'Iran dispose d'une armée beaucoup plus opérationnelle que sa rivale. Le pays a deux armées : une armée régulière et les gardiens de la révolution180. Enfin, Téhéran n'a pas renoncé à sa volonté d'étendre son influence au Moyen-Orient, c'est là que réside la plus grande crainte de Ryad. Que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak ou au Yémen, l'Arabie saoudite sent son influence menacée partout dans la région.

Le Royaume d'Arabie Saoudite, craint également pour le sunnisme, depuis maintenant des siècles la guerre de positionnement entre le Sunnisme et le Chiisme fait rage. Alors stratégiquement la possession de l'arme nucléaire par l'Iran, lui donnera non seulement une influence politique dans la région mais assurera la conquête de nouvel espace en vue d'étendre son hégémonie et sa croyance. La Turquie, le Yémen, le Qatar des Etats proche des Etats Unis d'Amérique sont du même avis. Ils s'inquiètent de la possible acquisition de l'arme atomique par "un régime relativement imprévisible et instable".

3- L'Iran à l'épreuve de l'embargo occidental : impact sur l'économie iranienne

Les relations diplomatiques entre l'Iran et les Etats-Unis sont rompues au moment de la prise d'otages de 1979 181 . Les procédés d'isolation économique mais aussi rhétorique de l'Iran employés sous Clinton et Bush, rappellent étrangement les années de Guerre froide. Bien que souvent spectaculaires, les échanges entre les deux pays paraissent tout au moins anachroniques, tout au plus une démonstration de mauvaise foi.

Les années 1990 correspondent à la doctrine de dual containment. Formulée dans les années 1993-1994, elle correspond à l'endiguement (containement) de l'Iran et de l'Irak, principaux adversaires d'Israël dans la région. Clinton décrète 182 un embargo sur l'Iran de Rafsanjani (1995), accusé de développer un arsenal nucléaire et d'être une base

180Dont on constate encore la force aujourd'hui en Irak contre Daesh

181 Les intérêts américains sont depuis représentés par l'Ambassade suisse

182 Executive Order 12959, http://www.iranwatch.org/library/government/united-states/executive-branch/white-house/executive-order-1295

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arrière pour l'entraînement de terroristes. L'année suivante, le Congrès adopte l'Iran and Lybia Sanctions Act (ILSA) qui pénalise les entreprises dans ces deux pays.

Pour les occidentaux l'alternative la plus sérieuse au problème posé par l'acquisition de l'arme nucléaire par l'Iran reste la mise en place de sanctions internationales par l'ONU. Les États-Unis appliquent déjà des sanctions vis-à-vis de la République Islamique.

Cependant, les sanctions appliquées dès les premières années de la Révolution islamique ont renforcé la volonté de l'Iran d'atteindre l'autosuffisance économique, synonyme d'indépendance vis-à-vis des puissances étrangères. Malgré des obstacles conséquents - les huit années de guerre contre l'Irak, le doublement de la population en l'espace d'une génération, l'Iran est parvenu à développer certains secteurs d'activité tels que l'industrie pétrochimique, l'automobile, ainsi que les technologies de l'information et de la communication, tout en demeurant cependant loin d'atteindre l'intégralité des buts fixés. L'Iran reste un gros importateur de produits alimentaires et son économie n'a pu se maintenir que grâce au flux constant des revenus du pétrole, qui représentent la première source de richesse du pays.

En outre, les sanctions n'ont pas empêché l'Iran de maintenir - et même parfois d'augmenter- le volume de ses échanges avec l'extérieur, notamment ses exportations de produits "traditionnels" liés à l'artisanat tels que les tapis et les céramiques, ou encore alimentaires tels que le safran et les pistaches. Le pays a également mis en place de nombreux partenariats économiques et techniques avec l'Inde, la Chine, la Corée du Nord, le Venezuela et la Syrie, et a considérablement développé ses échanges avec des pays frontaliers comme la Turquie ou le Pakistan.

Ces efforts ont été de pair avec l'ébauche de divers projets commerciaux intra zone, notamment au travers de la fondation de l'Organisation Economique de

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Coopération183 en 1985 qui prévoit à terme la création d'une zone de libre-échange entre l'Iran, le Pakistan, la Turquie, l'Afghanistan et l'Asie centrale

Même si toute évaluation précise de l'effet des sanctions sur l'économie dans son ensemble s'avère difficile, certaines études réalisées sur ce sujet s'accordent à dire que les sanctions ne portant pas sur l'industrie pétrolière n'ont eu aucun effet notoire sur l'économie iranienne. Cela reste un débat La conclusion est différente concernant cette dernière. On peut ainsi supposer et cela peut être une évidence, qu'en l'absence de sanctions, de nombreuses compagnies étrangères et notamment américaines auraient investi en Iran, améliorant ainsi la compétitivité de ce secteur et notamment ses capacités d'extraction et de raffinage.

Selon d'autre observateurs l'embargo commercial des États-Unis d'Amérique constitue un handicap tous les jours, plus grand pour les entreprises non américaines travaillant en Iran qui ont besoin de brevets ou de pièces venant d'Outre-Atlantique. La loi d'Amato qui « interdit », (en contradiction avec les règles de l'Organisation Mondiale du Commerce), les investissements pétroliers en Iran reste une menace pour les rares entreprises qui travaillent dans ce pays. Le groupe Total est le premier à être passé outre dès 1995.

Outre leurs effets économiques incertains, force est de constater que ces mesures n'ont pas atteint leurs objectifs politiques et diplomatiques : la ligne politique iranienne est restée la même, et les activités d'enrichissement de l'uranium se sont poursuivies sans discontinuer. Des assassinats de scientifiques nucléaires iraniens ont eu lieu, et proviendraient d'Israël. Selon l'Iran, quatre scientifiques nucléaires iraniens, qui travaillaient à la centrale de Natanz, ont été assassinés en deux ans.

L'autre conséquence de l'embargo est que la plupart des anciens gardiens de la Révolution qui accèdent depuis peu à des responsabilités de haut niveau n'ont en effet aucune connaissance du monde extérieur à l'Iran. Plus grave encore, leur seule

183Economic Cooperation Organization, ou ECO

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expérience a été celle de la guerre Irak-Iran. L'isolement du pays depuis vingt-cinq ans et la politique officielle de « lutte contre l'agression culturelle occidentale » ne leur a pas permis d'aller à l'étranger si bien qu'ils ne parlent pas ou peu les langues étrangères et surtout qu'ils n'ont pas d'expérience personnelle des cultures du monde. On est loin des conseils donnés aux premiers étudiants boursiers iraniens se rendant en Europe en 1927 à qui on demandait de « devenir français » tout en leur apprenant à nouer une cravate.184

En guise de conclusion partielle à cette partie, nous pouvons mentionner que la crise des otages américains dans leur Ambassade à Téhéran ouvre officiellement la belligérance entre Washington et Téhéran. Cet événement a montré à toute la communauté internationale jusqu'où les nouvelles autorités de Téhéran étaient déterminées à tourner la page de l'Iran occidental. Cette crise eu donc des conséquences énormes sur les relations Américano-iraniennes

184 Bernard HOURCADE, « Iran : l'illusion réformiste », publié en février 2006 sur

https://transcontinentales.revues.org, consulté le 13 Mars 2015

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo