WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Rapport au savoir chez les enfants Ba-Bongo du village Matagamatsegue. Enquête sociologique en milieu rural au Gabon.


par Guy Laroche Mombo
Université Omar Bongo - Master II en sociologie 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion de la deuxième partie

En somme, les élèves Babongo n'aspirent pas en réalité à ce qui est très élevé, mais plutôt à ce qui est nécessaire pour eux. Ils désirent simplement s'assurer un emploi qui leur permettrait de changer de statut social par rapport à celui de leurs parents. L'apprentissage ou encore la persévérance scolaire a une valeur sociale et épistémique.

Bien que l'expérience scolaire des parents limite l'aide parentale dans le suivi scolaire, une partie des enquêtés se motive à faire mieux et aspire à un meilleur avenir, ce qui leur permettrait de venir en aide aux familles. C'est dans ce cadre que l'école apparait ainsi pour ces derniers comme le moyen le plus sûr de réussite sociale.

Le sens que donnent ces derniers à l'école, se limite à une valeur sociale et cela s'explique par ailleurs par plusieurs facteurs tels que leur attitude contre l'école (n'accordent pas de véritable valeur à l'école) et l'incapacité des enquêtés à articuler la mobilisation sur l'école et la mobilisation à l'école.

Il est question ici d'un faible investissement dans le travail scolaire et dans le fait scolaire lui-même. Pour certains, le rapport aux études est un rapport professionnel : « on fait ce que nous demande le maitre », «respecter les règles de l'école », et non un rapport à la culture et au cognitif au savoir lui-même, qui implique que celui qui va à l'école attribue un véritable sens au fait d'apprendre des choses à l'école.

En outre, l'accès au métier ici est lié pour eux à la simple fréquentation de l'institution scolaire et à l'obéissance de ses règles en occultant le savoir lui-même.

C'est dans cette perspective que Bernard Charlot stipule que : «l'accès au métier est lié à l'acquisition des savoirs, au fait d'apprendre : c'est grâce au savoir acquit et non à la simple fréquentation qu'on peut avoir un bon métier »78.

Cette réalité nous conduit à déduire que la majeure partie des élèves Babongo ont un rapport aux études non seulement conflictuel mais cette relation aux études n'implique pas le rapport au savoir lui-même. En majorité, la fréquentation de l'institution scolaire s'explique par le désir d'apprendre à lire et à écrire pour solliciter un emploi quelconque. En

78Bernard Charlot, (1992) « rapport au savoir et rapport à l'école dans deux collèges de banlieue. » In société contemporaines, n°11-12.pp119-147

87

d'autres termes, la volonté que manifestent ces derniers et leurs parents constitue l'élément fondamental qui justifie leur présence à l'école.

Notons que « l'un des principaux facteurs de la médiocrité du rendement de l'enseignement au primaire en milieu rural, c'est la précarité que constituent les conditions matérielles dans lesquelles cet enseignement s'effectue : manque ou indigence des locaux scolaires et des logements des mobiliers et fournitures scolaires ».

Ainsi, l'obsolescence manifeste de la loi n°21/2011 traduit immédiatement que les priorités de l'Etat sont toute autre que l'éducation et la formation au Gabon. En outre, le principe d'égalité qui exige un même traitement pour toute la jeunesse en âge scolaire n'est en réalité qu'une utopie ; en ce que l'on observe une véritable ségrégation entre les possibilités d'accès et de chance de réussite scolaire qui existent entre ceux qui apprennent en ville et ceux qui sont dans les villages. Les familles urbaines bénéficient de plusieurs possibilités par nombre d'établissements public ou privé ; or les familles rurales sont condamnées à envoyer leurs enfants à l'école à l'âge de six (6) ans, et dans des écoles où il manque le strict minimum pour un enseignement de qualité.

A cette difficulté d'accès à l'école et de qualité des structures se greffent l'obligation de ces élèves à l'apprentissage du français et aux difficultés liées au capital économique qui entraine de manière générale l'abandon, malgré toute leur bonne volonté qui se lit à travers leur persévérance scolaire.

88

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld