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écrire les métiers au genre grammatical masculin et féminin. Quelles influences sur les sentiments d’efficacité personnelle et les intérêts des élèves de 3ème ?


par Justine LefàƒÂ¨vre
INETOP-CNAM - Diplôme d'état de Conseiller d'Orientation-Psychologue 2017
  

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Partie 4 : Discussion.

1. Discussion des résultats du point de vue de la théorie.

1.1. Liens SEP-Intérêts?

Un des objectifs de ce TER était d'établir l'existence d'un lien entre SEP et intérêts comme le stipule la TSCO de Lent et al. (1994). Nos résultats corroborent effectivement l'existence d'un lien entre SEP et intérêts. Cependant, pour valider le lien émis dans la TSCO, il aurait fallu effectuer une recherche prédictive entre les SEP à un temps 1 et les intérêts à un temps 2 afin de savoir si les SEP sont bien prédicteurs des intérêts. Toutefois nos résultats sont en accord avec Sheu et al. (2010) et avec Rottinghaus et al. (2003) qui avait démontré que les intérêts et les SEP étaient liés, mais distincts. En nous appuyant sur la TSCO, nos corrélations pourraient montrer en outre que les SEP des métiers avec un niveau de diplôme faible ont moins d'influence sur les intérêts que les SEP des métiers avec un niveau de diplôme élevé. Nous savons en effet que le niveau d'exigence perçu de la tâche influence les SEP des élèves (Bandura, 2003). Il se pourrait donc que les métiers avec un niveau de diplôme faible soient perçus par les élèves comme plus faciles, et augmentent donc ainsi leurs SEP, mais pas forcément leurs intérêts pour ces métiers. D'ailleurs, les analyses supplémentaires réalisées étayent le fait que plus le niveau de diplôme des métiers augmente, plus les SEP des élèves à l'égard de ces métiers diminuent. De même, la corrélation trouvée entre SEP et intérêts pour les métiers majoritairement exercés par les hommes est plus importante que la corrélation entre SEP et intérêts pour les métiers majoritairement exercés par les femmes. Si l'interprétation précédente est correcte, cela signifierait que les élèves perçoivent les métiers majoritairement exercés par les femmes comme plus faciles, et donc plus facilement réalisables, mais moins intéressants. Cette interprétation serait en accord avec la « valence différentielle des sexes » de Françoise Héritier (2005, cité par Vouillot, 2014) et avec l'étude de Vilhjálmsdóttir et Arnkelsson (2007). Ce qui se rapporte aux hommes a plus de valeurs et est plus intéressant aux yeux des élèves que ce qui se rapporte aux femmes.

1.2. Apport du genre grammatical au masculin et féminin?

Les études précédentes sur l'influence du genre grammatical sur les SEP des élèves (Chatard et al, 2005 ; Steinbruckner & Thiénot, 2015) étaient d'accord pour dire que les SEP moyens des garçons étaient supérieurs aux SEP moyens des filles. Notre étude ne retrouve pas ce résultat pourtant communément accepté dans la littérature. En effet, de nombreuses études

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montrent que les femmes se jugent moins capables et moins performantes quand les tâches qui leur sont proposées sont présentées comme en lien avec leur sexe (Betz & Hackett, 1983 ; Dar Nimrod & Heine, 2006 ; Junge & Dretzke, 1995 ; Matsui & Tsukamoto, 1991, cité par Steinbruckner, 2009).

En s'appuyant sur les résultats des études de Chatard et al. (2005) et de Steinbruckner et Thiénot (2015), l'objectif principal de notre mémoire était de montrer que l'utilisation du genre grammatical au féminin des noms de métiers avait un effet positif sur les SEP et les intérêts des filles et des garçons. Dans notre étude les SEP des filles et des garçons entre les différentes formes du questionnaire ne diffèrent pas significativement. Quant à savoir si ce résultat est dû à un effet des interventions menées ces dernières années en faveur de l'égalité femmes hommes9, il conviendrait de le vérifier par une étude longitudinale. En outre, notre étude montre que les intérêts des filles pour l'ensemble des métiers sont supérieurs à ceux des garçons. Ce résultat surprenant peut être expliqué par une possible plus grande ouverture des filles à l'exploration des différents métiers. C'est ce que montre Streitmatter (1988) dans une étude sur la construction identitaire à l'adolescence. Son étude montre que le moratoire psychosocial, stade de l'identité mis en évidence par le psychologue Marcia (1966), où les jeunes sont dans une phase d'exploration intense est plus rapidement atteint par les filles que par les garçons. Il est possible que les filles de notre échantillon soient plus concernées que les garçons par l'orientation et aient une connaissance des métiers plus importante que ces derniers. Toutefois, cette recherche de Streimatter (1988) n'a pas été retrouvée par Lannegrand-Willems (2008), il est donc possible que ce résultat soit seulement dû à un biais d'échantillonnage de notre étude. Il est cependant intéressant de noter que lorsque nous prenons en compte la forme du questionnaire, les intérêts des filles et des garçons diffèrent (en faveur des filles) seulement dans la forme au genre grammatical masculin, et ne diffèrent plus dans la forme écrite au masculin et au féminin. On pourrait interpréter ce résultat par le fait que le genre grammatical masculin et féminin aurait pour effet d'augmenter les intérêts des garçons pour l'ensemble des métiers. Pourtant, les intérêts des garçons ne sont pas significativement supérieurs dans la forme grammaticale au masculin et féminin par rapport à la forme grammaticale au masculin seul. Ce résultat pourrait donc être dû au niveau de prestige associé à la forme grammaticale au masculin chez les filles. Il est possible que ces dernières dévalorisent elles-mêmes les métiers où une représentation de femmes serait associée.

9 Notamment la loi n ° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République.

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En revanche, nous retrouvons de façon tendancielle les résultats des études précédentes (Chatard et al., 2005 ; Steinbruckner & Thiénot, 2015) pour les SEP. Les élèves augmentent leurs sentiments de compétences pour les métiers entre la forme au masculin et la forme au masculin et féminin. Notons toutefois que cet effet est faible et uniquement présent pour les garçons alors que dans l'étude de Steinbruckner et Thiénot (2015), c'était pour les filles que cet effet était essentiellement présent. Nos résultats signifieraient que les garçons se sentent plus capables d'effectuer un métier quand une présentation de femme est activée par la forme grammaticale au féminin, ce qui est en accord avec les travaux de Chatard et al. (2005).

Notons que, les études de Steinbruckner et Thiénot (2015) et de Chatard et al. (2005) n'obtenaient pas les mêmes résultats pour les SEP des filles et des garçons pour les métiers stéréotypés/majoritairement exercés par des femmes/hommes. Les résultats de notre étude semblent partiellement en accord avec Chatard et al. (2005). En effet, Chatard et al. (2005) avaient mis en évidence des scores de SEP plus importants dans la forme au genre grammatical au masculin et féminin uniquement pour les métiers stéréotypés de l'autre sexe, alors que Steinbruckner et Thiénot (2015) avaient trouvé des résultats uniquement pour les filles dans les métiers majoritairement exercés par les femmes et mixtes.

Dans notre étude, les garçons se sentent quelle que soit la forme du questionnaire plus capables de faire et sont plus intéressés par les métiers majoritairement exercés par les hommes, et les filles par les métiers majoritairement exercés par les femmes. Ce résultat montre de nouveau à quel point filles et garçons adhèrent par leurs intérêts et leurs SEP aux normes de sexes. (Bosse & Guégnard, 2007). Par contre, nos résultats montrent un effet de la forme grammaticale au masculin et féminin sur les SEP des élèves pour les métiers majoritairement exercés par les femmes et mixtes, mais pas pour les métiers majoritairement exercés par les hommes. Cela signifierait donc en accord avec Chatard et al. (2005) que les effets positifs de la forme grammaticale au féminin sur les SEP s'ajoutent à la représentation de femmes déjà associée au métier majoritairement exercé par les femmes. Le fait d'associer le métier à une femme donnerait l'impression aux élèves que le métier est plus faisable que s'il était fait par un homme. Cela renvoie de nouveau à la « valence différentielle des sexes » de Françoise Hériter (2005, cité par Vouillot, 2014). Lorsque l'on distingue les résultats des filles et des garçons, on constate que les résultats des garçons sont conformes aux résultats trouvés par Chatard et al. (2005). En effet, ce sont pour les garçons que la forme grammaticale au masculin et au féminin a un effet sur les SEP des élèves relatifs aux métiers majoritairement exercés par les femmes et mixtes. Pour les métiers majoritairement exercés par les hommes, les SEP des garçons ne bénéficient pas de la forme au masculin-féminin. Cela pourrait vouloir dire que les stéréotypes

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de sexe associés aux métiers majoritairement exercés par les garçons ont une trop forte influence sur les garçons pour que l'activation de représentations de femmes ait un effet sur leur SEP. Les filles, à l'inverse de l'étude de Steinbruckner et Thiénot (2015) ne bénéficient ni de la forme au féminin pour les métiers majoritairement exercés par les femmes, ni pour les métiers majoritairement exercés par les hommes (Chatard et al., 2005). Cependant, les analyses qualitatives montrent que pour un petit nombre de métiers, les résultats peuvent être en accord avec Steinbruckner et Thiénot (2015). Les résultats pourraient donc dépendre des noms de métiers utilisés et de la représentation que les élèves ont de ces métiers.

Pour les intérêts, aucun effet de la forme grammaticale n'a été trouvé dans notre étude, cela pourrait signifier que l'activation de représentation de femme engendrée par la forme grammaticale du questionnaire n'influence pas les intérêts des élèves. Il aurait même été possible que cela diminue les intérêts des garçons. En effet la comparaison à un groupe de femme pourrait être synonyme de dévalorisation sociale pour ces derniers qui se doivent de montrer, surtout à l'adolescence, qu'ils sont de vrais hommes « masculins ». C'est ce que montrent certaines de nos analyses par noms de métiers. En effet, c'est le cas des métiers de monteur·euse de matériel électronique et de professeur·e des écoles. Pour les filles, il était également envisageable que la forme au masculin augmente leur attrait pour le métier si elle y associait un prestige plus élevé. Ce qui semble être le cas des métiers d'éducateur·rice de jeunes enfants et de professeur·e des écoles.

Notre TER s'intéressait également aux effets de la forme grammaticale au féminin sur les SEP et les intérêts des métiers prestigieux. Nos résultats ont montré que l'utilisation du genre grammatical féminin augmente les SEP et les intérêts des garçons pour les métiers à niveau de diplôme élevé et intermédiaire, mais pas ceux des niveaux de diplôme faible. Ce résultat pourrait signifier que l'activation de figure de femme exerçant un métier prestigieux pourrait avoir pour effet de diminuer son niveau perçu de prestige et éventuellement de difficulté associée à son exercice. Les jeunes auraient ainsi plus de facilité à s'y projeter. Ces résultats semblent en accord avec l'étude de Chatard et al. (2005) qui avait montré un effet de la forme grammatical au féminin et masculin plus important quand les métiers étaient associés à un niveau de prestige élevé.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery