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Contribution de la planification familiale à  la survie infantile au Rwanda.


par Munezero Désiré
IFORD - Master en Démographie 2008
  

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j. 2.1.4 Approche culturelle et sociale

Sans nier le poids du sanitaire et de l'économique comme déterminants de la mortalité, l'approche culturelle a fait son apparition tout récemment et privilégie l'éducation des parents, la structure familiale, taille du ménage, la religion et même l'ethnie pour l'Afrique.

Contrairement aux autres, cette approche ne cherche pas à dégager les causes du déclin de la mortalité, mais cherche à déterminer le rôle des variables culturelles et sociales dans la diversité des rythmes de déclins de la mortalité.

L'éducation est la variable qui a la plus grande importance dans cette approche car c'est le premier facteur de changement social et culturel. Il faut noter que celle de la mère est cruciale parce que, souvent représentée par son niveau d'instruction, elle permet d'estimer ses connaissances, son autonomie de décision, son ouverture vers le monde extérieur. Elle influence aussi sur la vision qu'elle a de l'enfant, sa perception des maladies et sa capacité de réaction face à un certain nombre de problèmes, en particulier le recours thérapeutique en cas de maladie.

Nombre d'études confirment la relation négative qui existe entre le niveau d'instruction de la mère et la mortalité des enfants. Tabutin (1997 ; p455) qui affirme qu'«à condition de vie égale, en milieu urbain comme en milieu rural, plus l'instruction de la mère est élevé, plus la mortalité des enfants est faible».

Parlant de structure familiale, l'on notera qu'elle n'est pas sans effet sur la mortalité des enfants. Dans une structure familiale étroite, à tendance nucléaire, la mère ayant plus de pouvoirs, prend plus vite des décisions au sujet de la santé de son enfant qu'une mère vivant dans une structure plus élargie où le pouvoir est centralisé entre les mains des anciens ou du chef de famille. (Dyson et Moore, 1983 et E. Canovas, 1994).

Quand à l'ethnie, elle est très souvent utilisée dans l'explication du niveau de la mortalité en Afrique subsaharienne. Akoto (1985) et Akoto et Tabutin (1989) estiment qu'il faut la considérer au même titre que l'éducation de la mère et, les catégories professionnelles. Tabutin (1997) la définit comme le reflet de la diversité des cultures et par là des structures de pouvoir, des mentalités, des modes de vie, des pratiques et des comportements face à la fécondité, à l'alimentation, à la maladie et aux systèmes de santé (traditionnels et modernes).

Comment agissent concrètement ces variables socioculturelles sur la mortalité des enfants ?

Dans l'étude de la moralité infantile, l'ethnie, la religion, le milieu de résidence de la mère, le milieu de socialisation de la mère et le niveau d'instruction des parents sont généralement les plus importantes variables culturelles étudiées par les démographes en Afrique subsaharienne. En effet, selon la revue de la littérature, la culture (opérationnalisée par ces variables) oriente les pratiques et les comportements des parents en matière de santé susceptibles d'influer sur la survie des enfants.

a. Ethnie

L'ethnie de la mère est une variable culturelle pouvant permettre d'expliquer les différences de comportements des mères face à leur progéniture. Elle se définie comme le centre autour duquel s'articulent les coutumes (M. Wasso, 1968 cité par Akoto, 1985). Nous entendons par coutume les perceptions, les croyances, attitudes, interdits etc.

En Afrique, les us et coutumes peuvent influencer la survie de l'enfant. En effet, les interdits alimentaires peuvent entraîner des carences en vitamines et en protéines et conduire à la malnutrition qui est l'un des principaux facteurs de mortalité néonatale et infantile. Il faut noter que la durée d'allaitement et le sevrage varient également selon l'ethnie d'appartenance et ces derniers éléments déterminent en grande partie l'intervalle intergénésique. Les perceptions et les croyances sont en fait des facteurs qui orientent les parents dans le choix du type de recours thérapeutique à accorder à l'enfant en cas de maladie (recours à la médecine traditionnelle ou à la médecine moderne). Dans la plupart des cultures, il existe une interprétation de la maladie en fonction des facteurs étiologiques des pathologies. Ainsi on pourra attribuer la maladie à Dieu, à un sorcier ou aux génies. Si le diagnostic n'est pas bien fait, cela conduira sans doute à un mauvais choix du type de recours et de là, augmentera le risque d'exposition au décès de l'enfant.

Dans le contexte Rwandais, l'ethnie n'est pas une variable pertinente de différentiation des comportements. De plus, aucune étude ne peut porter ou appréhender celle-ci à cause des problèmes politico-ethniques auxquels le pays est confronté depuis plusieurs décennies. De ce fait, elle ne sera pas retenue dans cette étude.

b. Religion

La religion est le canal par lequel véhiculent un certain nombre de valeurs et normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan comportemental, physiologique et physique (Akoto, 1985). A travers ses dogmes et ses pratiques, la religion de la mère détermine en partie la nutrition et le type de soins à consacrer à l'enfant. Plusieurs études ont montré que la religion des mères est une variable de différenciation en matière de mortalité des enfants. Les études réalisées au Kenya par Akoto relèvent que les enfants de mère catholique ou protestante connaissent un risque de décès moins élevé que ceux dont les mères appartiennent aux autres groupes religieux (Akoto 1985).

c. Milieu de socialisation de la mère

Le milieu où a vécu les 12 premières années de son existence conditionne le plus souvent les comportements de l'individu dans la société. Ce milieu, le plus souvent appréhendé de façon dichotomique (milieu rural et milieu urbain), permet de comprendre les différences d'attitudes et de pratiques entre les individus vivant dans le même milieu de résidence.

d. Milieu de résidence

Plusieurs études effectuées dans les pays en développement ont montrées l'existence d'une association entre la mortalité infantile et le milieu de résidence (Laourou et aI, 1993). Dans une étude sur 14 pays d'Afrique Akoto et Tabutin, (1987) ont montrés que, dans la plupart d'entre eux, la situation était meilleure dans les grandes villes qu'en milieu rural. Et EVINA AKAM (1990) quant à lui fait remarquer que «dans la plupart des analyses univariées des phénomènes démographiques tels que la fécondité et la mortalité, on observe en général des niveaux plus faibles en milieu urbain qu`en milieu rural. Mudubu (1996) relève une variation des risques de décéder chez les enfants allant de 8,7% à 12,7% pour la mortalité infantile et de 5% à 8,4% pour la mortalité juvénile, Rakotondrabé (1996) note également une disparité régionale des risques de mortalité à Madagascar. Cette disparité va de 8% à 12,4% sans la région de Antananarivo (la Capitale) pour la mortalité infantile. D'après l'enquête démographique et de santé réalisée en 2003 au Burkina Faso, la mortalité des enfants de moins de cinq ans en milieu urbain est de l36%ocontre 2O2%o en milieu rural.

Ces différences résultent des effets combinés des conditions climatiques, géographiques, socio-économiques et sociales (existences ou non des infrastructures, rythme de vaccination, manque de personnel, de médicaments et de ressources alimentaires).

e. Education des parents.

Il a été démontré dans plusieurs études une influence positive de l'éducation des parents sur la survie des enfants (Caldwell 1979, E.M. Akoto 1985). Ngwé (1993) affirme qu'en Afrique subsaharienne le niveau d'instruction des parents, particulièrement celui de la mère, figure parmi les facteurs les plus importants de la mortalité infantile. Cela est dû au fait que les mères sont plus impliquées dans la santé des enfants que leurs conjoints. Son influence est médiatisée par plusieurs variables intermédiaires telle la rupture possible des parents instruits avec certaines pratiques traditionnelles néfastes à la santé de l'enfant, une certaine facilité d'adaptation au monde moderne, une sensibilité aux problèmes d'hygiène et une modification des structures de décision dans la famille en matière de soins accordés à l'enfant (Cadwell, 1981 et Cadwell et Mc Donald, 1981, 1982 cités par Akoto et Hill, 1988).

L'instruction du conjoint intervient par son implication aux soins de l'enfant, sa flexibilité face aux règles traditionnelles dont les us et coutumes et aussi la division sexuelle du travail.

Dans une enquête sociodémographique et de santé de la reproduction réalisée au Burundi en 2002 par le Ministère de l'intérieur, les résultats des analyses montrent une corrélation négative entre le niveau d'instruction de la mère et la mortalité infantile. En effet, le quotient de mortalité infantile était de 55,2 pour 1000 pour les femmes ayant au moins un niveau primaire complet contre 93,6 pour les autres (ESDSR Burundi, 2002).

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo