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Aux detours de la voix et ses "en je"


par Sylvie ROSI DETTO ROZZI
Université Paul Valéry Montpellier III - Master II 2021
  

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V- LA VOIX ET TRAUMATISME - LE TROU-VOCALIQUE

A la suite d'un stage que j'organisais sur la voix en art-thérapie, une jeune femme vient me rendre visite inquiète du fait qui lui est impossible de chanter car l'idée de chanter la paralyse complètement. C'est un travail qu'elle veut faire du fait de l'effet du contre transfert, qui risque d'envahir la séance art-thérapie orientée par la psychanalyse. Claire Gillie parle d'une automutilation vocale qui renvoie à une forme d'anorexie vocale. Chanter serait prendre des risques de donner à voir ou en entendre quelque chose de soi qui doit rester dans l'inouï, la voix chantée comme objet est rejeté au rebu de l'abject, menaçant. Ne serait-ce pas le risque de converger vers l'engloutissement de la relation duelle avec la mère « au risque de perdre une partie de la castration mais de se perdre tout entier comme vivant ? »76 Ne serait-ce pas un retour à la relation archaïque d'avec la mère par cet objet voix ? Ne serait-ce pas un dérapage, qui contreviendrait à la loi paternelle de flirter avec la jouissance de l'objet chu de la parole? Car que se passerait-il si elle y trouvait quelque jouissance ? « Mozart dans la flûte enchantée avait bien compris le déchaînement de la jouissance maternelle incarnée par la Reine de la nuit dont les performances vocaliques défient la loi du verbe, qui conduit Tamino au piège du fantasme à cause de la fascination que constitue la vocalité de la Reine de la nuit. Sarastro le père arrache sa fille Pamina à l'emprise de la jouissance maternelle. Les reines de la nuit remettent à Tamino une flûte taillée par Sarastro, c'est donc une quelque chose du père qui est transmis par les femmes. Cette flûte consiste à protéger Tamino de la quête séductrice de la reine de la nuit. La Flûte revêt un aspect symbolique ambivalent car elle à la fois féminine par la possibilité d'une virtuosité vocalique et à la fois masculine par son aspect phallique. L'instrument support de la voix du père et du verbe taillé par Sarastro fait barrage au débordement. La voix est à mi-chemin entre l'imaginaire et le symbolique, elle est mi- dire, et c'est le versant divinisé du père représenté par le prêtre qui permettra à Tamino et Pamina de renoncer à ce lieu de jouissance originel incarné par la Reine de la Nuit. »77La voix devient donc un lieu de désir assumé par l'un et par l'autre et de sortir du lieu de jouissance mortifère conférée à l'objet propre à la psychose.

76 Julia Kristeva « Pouvoirs de l'horreur » Ed.Essais

77 Michel Poizat « La voix du diable » Ed. Métaillé

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A l'effet du traumatisme, il y aurait un échec de l'appel de l'autre comme secourable qui fait défaut au moment où on aurait eu besoin de l'autre. La voix s'échoue alors comme une épave à la mère faute d'avoir été entendu. Le traumatisme laisse le sujet vide de sens, quat, dans un état de sidération. Cela renvoi à l'échec d'un dire d'une plainte et de la mise en place du symbolique qui en découle. Une position fantasmatique liée à la pulsion invocante s'installe de façon paranoïde et revendicatrice en l'existence d'un autre malfaisant, celui qui nous oblige à nous taire et qui jouit de notre douleur, ce qui conduit à une forme d'aliénation à cet autre méchant. La patiente à son récit à partir des cartes contes, en choisit un représentant un personnage en prison ayant un boulet au pied. D'autre part, elle me précise que quasiment tous les mois elle se trouve clouée au lit pétrifiée de douleurs. Pour elle ce boulet signifiait ce quelque chose auquel elle était aliénée, dont elle ne pouvait se débarrasser et qui la faisait souffrir. Ces symptômes ne seraient-ils pas la réponse à un autre persécuteur ou persécutrice, auquel elle obéit et l'oblige à se terrer (taire) percluse de douleurs comme enchaînée. Ce serait prendre le risque de découvrir ce dont on ne veut rien savoir « ça voir » que de chanter. Comme mécanisme de défense, il est préférable de s'en dispenser. Pourtant le chant libère, il est émancipateur, or le surmoi est si puissant qu'il l'empêche d'accéder à ses désirs qui ré-enchanteraient sa vie.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote