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Problématique autour de la pratique du football à  cotonou


par Godwine TOSSOU
Université d'Abomey-Calavi - Licence 2023
  

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4.2-Insuffisance des subventions de l'Etat aux clubs de football

Le football béninois, malgré l'argent de l'Etat et des sponsors, malgré les efforts, le sport-roi, piétine et est englué souvent dans les questions de gestion non transparente et de luttes intestines à la fédération. A cela, il faut ajouter, l'intrusion tyrannique  et protectrice de certains hommes par  la FIFA, les incohérences d'intérêts de ceux qui dirigent le football  au détriment  du progrès des clubs et des joueurs. L'argent et le pouvoir, affolent les esprits des dirigeants, alors que le football béninois a plus que jamais besoin de financement adapté, des hommes compétents, soucieux avant tout de la modernisation, de la rationalisation et de la moralisation du secteur. Au coeur du mal-être du football béninois.

C'est ainsi que D un dirigeant de clubs nous confie :

« Nous démarrons chaque fois la saison sans subvention jusqu'à la moitié des phases aller avant que nous ne percevons une partie des subventions... comment on peut gérer une équipe de football comme ça ? Le président de mon équipe fait de son mieux mais entre les matchs à domicile, les matchs à l'extérieur, les primes et salaires il s'épuise et cela se remarque dans nos résultats car les joueurs sont pas motivés »( K.yves, président de club).

Le gouvernement béninois par l'entremise du Ministère des sports a distribué une somme de 1 milliard 153 millions de francs CFA aux fédérations sportives, aux clubs, associations et centres. C'était le 5 mars 2021 à Cotonou lors de la cinquième édition de la répartition en public de la subvention de l'Etat aux différentes fédérations sportives. Pour la première fois, le montant alloué à ce secteur dépasse le milliard, ce qui n'est pas sans réjouir les parties prenantes, surtout que chaque édition a vu la cagnotte augmenter. Avec une telle somme, le gouvernement montre sa détermination à faire du sport béninois une véritable industrie et de positionner ainsi le pays parmi les grandes nations.

Il est à noter que au vu de nos investigations ces montants quoique en hausse ne permettent pas au club de gérer convenablement leurs joueurs et leurs personnels, comme nous le confirme un coach T :

« La pratique du football nécessite des moyens financiers colossaux, certes les présidents de clubs doivent avoir les moyens pour gérer eux-mêmes leurs clubs mais les instances qui dirigent le football doivent aussi mètrent la main à la pâte et ceci avant le début de chaque saison pour permettre aux clubs de se préparer dans des conditions optimales. Oui c'est vrai les subventions viennent et elles sont mieux par rapports à avant, mais elles sont faibles pour couvrir les dépenses pendant tout le déroulement d'une saison » ( N. Dine, coach d'une équipe)

L. Arrondel et R. Hautois, (2018) indique dans leur ouvrage L'argent du football : « Le football est une des rares activités économiques dans laquelle la distribution de richesse se fait en faveur des salariés.».

Mais au Benin, comme nous le constatons et comme nous l'affirme Qun observateur avisé du football béninois :

 « Les clubs n'arrivent pas à générer de revenus pour prendre soins des joueurs.Il souligne également que le football pas d'une activité rentable, la plupart des clubs professionnels ne parvenant qu'avec difficulté à atteindre l'équilibre financier ». (supporter de foot, kouhounou)

La plupart des clubs n'ont pas de revenu en billetterie car les spectateurs lassées de l'irrégularité du championnat local se tournent vers les championnats européens et préfèrent faire des abonnements à Canal+ de 5000-15000 FCFA en fonction de leurs moyens. Or ces sous pouvaient permettre au club du championnat béninois de se renflouer si le club était en compétitions et offraient un meilleur spectacle. Ainsi un enquêté K nous confie :

« Je suis venu suivre un match du championnat local entre requins FC et soleil FC et le spectacle auquel j'ai été témoin de la part des deux équipes ne m'a pas du tout..j ai payé mon argent y compris celui de mon petit pour venir suivre leurs matchs et j'avoue jetais pas du tout satisfait de la qualité technique. » un autre nous dit : «  tchoo...c'est des joueurs de première division qui jouent ça on dirait des équipes de régional qui jouent or quand tu vas suivre les matchs de ligue3 national c'est mieux  iiinnnh je préfère regarder les matchs à la télé c'est mieux que de venir perdre mon temps à suivre des matchs où ils arrivent même pas à faire 5 passent de rang »(supporter de foot, kouhounou)

Le championnat était inexistant au début des années 2000 quand Mathieu KÉRÉKOU et son gouvernement ont compris que le football méritait une attention. Que s'est-il donc passé ? Les fonds destinés au sport sont allés directement vers l'entretien de la bulle « Écureuils » naissante. Les trois glorieuses ont suivi : première participation à la Coupe des nations (2004), organisation et médaille de bronze de la Can juniors (2005) et coupe du monde juniors aux Pays-Bas (2005). Depuis, KÉRÉKOU a cédé le pouvoir à YAYI et l'Etat a poursuivi ses folles dépenses au nom de la diplomatie ! 10 milliards de francs CFA (15 millions d'euros) en 5 ans. Même l'Etat français n'a pas mis autant dans les Bleus.

Pendant ce temps, 9 ans sont passés sans que l'Etat n'investisse le moindre franc dans l'animation interne du football. Les clubs et les joueurs sont donc devenus des instruments orientés vers la bulle « Ecureuils ». Les réseaux se sont développés pour assurer aux joueurs locaux la promotion en maillot jaune de la sélection, seul moyen de glaner quelques sous.

Aujourd'hui, la crise met à nues les pratiques peu orthodoxes. Les affaires éclatent et le football interne, entretemps organisé en Ligue professionnelle devient une entité dont la voix porte.

C'est dans cette logique que D nous explique :

 « On ne peut pas construire une génération de bon footballeur en se focalisant uniquement sur des joueurs expatriés et qui ne sont même pas titulaires dans leurs clubs ! et le pire est que ce sont des joueurs qui certes sont en Europe mais qui jouent dans des équipes de 4eme 5eme voir 6emedivision et qui n'ont pas plus de niveau que nos jeunes ici en 1ere division et 2eme division»( observateur du foot local)

L'Etat ne peut plus continuer à faire semblant d'ignorer les employés du foot local au profit des expatriés-ambassadeurs majoritairement surévalués du point de vue du talent.

Des amis se mettent ensemble et décident de créer ou de gérer un club existant. Ils y mettent leurs économies, pour le plaisir. Ce schéma est vieux et dépassé dans le contexte actuel. Le passage au professionnalisme demandé et puis exigé par la Fifa en Afrique oblige les amoureux du football de voir les choses autrement. Les clubs dans leurs anciens schémas ont donc quelques années, 5 au plus pour devenir de vraies sociétés. Ceci oblig0erait les membres des bureaux directeurs à comprendre que les recrutements fantaisistes de joueurs sans talents et donc non rentables à terme sont des opérations ruineuses.

Figure 4 : photo du ministre des sports Oswald Omeky lors de la remise de subventions aux clubs de ligue 1 ligue 2 et ligue3

Source : OPOPE 2021

Même dans un petit pays aux ressources limitées comme le Bénin, les clubs peuvent être professionnels, car le tissu économique est suffisant. Il reste le cadre légal à améliorer, et les mentalités à réformer pour y arriver.

G un journaliste de la place résume cela en nous expliquant :

« Il ne s'agit pas juste pas juste d'avoir une équipe mais il faut s'organiser, se structurer, devenir une association et gérer l'équipe comme une entreprise avec des idées rénovatrices et de de nouvelles mentalités... oui vrai que ça risque d'être dut et ça va prendre du temps car le béninois est têtu et n'aime pas avoir des regards sur ce qu'il fait. Mais le football s'en sortira grandit si on arrive à dépasser l'étape de `' c'est mon équipe et c'est moi seul je gère'' »( O. Jacques, journaliste à l'ORTB)

Prenons pour exemple en Occident, Roman Abramovic est à Chelsea ce que feu Robert-Louis Dreyfus était à L'Olympique de Marseille : un mécène. Ce sont des mécènes certainement comblés la plupart du temps, car ces clubs remportent des titres et sont populaires. Au Bénin, Valère Glèlè, Mathurin De Chacus et bien d'autres prennent le risque de devenir président de clubs non rentables, car mal gérés et surtout non sponsorisés. Le mécène en arrivant dans le sport ne saurait être un bailleur éternel. Au fil des années et des dépenses, les millions engloutis font mal et parfois le mécène se découvre d'autres talents dans le football. On a connu le cas de SéfouFagbohoun qui dans les années 1980 avait porté très haut les Dragons avant de s'éclipser, refusant toute ambition politique dans le football.

Figure 5: photo de remise de subvention

Source : OPOPE 2021

L'étape du mécénat doit être dépassée au bout d'un certain nombre d'années pour passer à un stade mixte mécénat-sponsoring. Et enfin au niveau professionnel pur et simple. En dehors des clubs Aspac et Mogas appartenant à de grandes sociétés d'Etat, et ayant donc un sponsor-titre fixe, Tonnerres FC de Bohicon semblait sur la bonne voie. En termes de régularité au niveau des résultats, le club du Centre du pays, avait le vent en poupe. Mais le cap des infrastructures, des structures, du sponsoring et des transferts internationaux n'a pas vraiment été passé. C'est là où le football peut devenir une activité bien ruineuse.

La logique de rentabilité est liée au sponsoring et surtout au placement en Europe de joueurs de talents détectés en amont. Ceci implique un projet sportif qui au Bénin met du retard au niveau des différents clubs.

La plupart des clubs sont financés par un petit groupe de personnes qui tirent leurs fonds d'activités non liées au football. De fait, ces personnes deviennent les « demi-dieux » autour desquels gravitent des courtisans. Ces derniers souvent sans emplois décents ou à rémunération correcte, se donnent corps et âmes pour la gestion quotidienne des clubs. Malheureusement, ce schéma de gestion des clubs professionnels ne respecte pas les exigences de structures professionnelles tout court, encore moins de structures de clubs professionnels.

On constate trois niveaux différents dans la gestion des clubs au Bénin, Les bailleurs, Les administratifs Et enfin les techniciens. Ces derniers sont souvent exposés au bon vouloir des seconds qui sont essentiels dans leur recrutement. C'est la source des conflits dans les systèmes où l'entraineur n'est pas le patron des recrutements. Ce faisant, les politiques de recrutement ne sont pas définies, ce qui amène le club à perdre beaucoup de bons éléments d'une saison à l'autre. Illustrons cela par le cas des Dragons qui à la fin de la saison dernière ont dû perdre quelques 5 internationaux, sans compter les autres bons joueurs laissés sur le carreau. Le club a manqué évidemment de suivi au plan technique et les investissements deviennent des dépenses à perte. Le coach belge recruté a filé à l'anglaise en début de saison et emporté avec lui les espoirs de transferts des meilleurs du club.

Le système se retrouve pris à son propre piège. Les dirigeants se surprennent

que leurs joueurs ne « voyagent pas en Europe » comme ça se dit souvent. Les raisons sont là. Têtues, La mauvaise gestion des recrutements et de la détection est incompatible avec le haut niveau européen.

Conclusion :

 Le football a ses règles. Elles sont les mêmes quel que soit le pays auquel on se réfère.

Comme l'affirme CISSE (1995) « il n'y aura jamais de génération spontanée de
joueurs, ni bien entendu de dirigeants ».

Quelques soient les moyens donton dispose, tant que nous n'aurons pas des dirigeants de qualité, des équipes et des joueurs de qualité, nous ne pourrons jamais prétendre au football de qualité. Le secret de la réussite réside dans la réunion de ces paramètres, il n'est pas ailleurs.

Il s'y ajoute qu'en sport, le miracle c'est le travail et c'est seulement par ce dernier
qu'on peut trouver une solution à nos problèmes. On aura beau réclamer des moyens,
mais ceux-ci, ne sauraient suffire. Il faut que l'on oubli nos intérêts personnels pour
travailler au bénéfice du peuple pour un « Bénin qui gagne ».

Comme le dit un adage populaire, « conclure un travail scientifique n'est pas l'achever, mais c'est une occasion au chercheur de faire l'inventaire de ce qui a été l'essentiel des préoccupations et éventuellement, ouvrir d'autres perspectives pour de nouvelles recherches.

Au terme de cette recherche qui a porté sur la problématique autour de la pratique du football professionnel des jeunes à Cotonou, il est important de rappeler les préoccupations qui l'ont suscité.

En abordant cette recherche, la préoccupation majeure était d'identifier les acteurs qui participent à l'activité de football à Cotonou ainsi que les différentes conditions liées à sa pratique et à son manque de professionnalisation. Deux hypothèses ont servi de réponses provisoires (La passion et le chômage expliquent la pratique du football amateur et Les crises incessantes et l'absence de subvention de l'Etat et de la fédération fondent le manque de régularité du championnat au Bénin) à notre préoccupation sociologique que pose cette recherche (l'objectif général de cette recherche est d'analyser les facteurs explicatifs du manque de professionnalisation du football au Bénin).

En vue de vérifier nos hypothèses, un ensemble de méthodes, de techniques et d'outils d'investigation ont été mobilisé. A savoir la recherche documentaire, les entretiens, le questionnaire et l'observation avec respectivement les outils correspondants la fiche de lecture, les guides d'entretien, l'administration du questionnaire et la grille d'observation. Le modèle d'analyse est l'interactionnisme symbolique.

L'analyse des données montre que les jeunes viennent au football par passion,par amour et par envie de s'identifier à leurs modèles, même si les conditions, les infrastructures ne favorisent pas l'atteinte de ce rêve.

Et également cette analyse nous a permis de comprendre l'origine des crises incessantes du football béninois liées aux intérêts personnels des dirigeants. Elle a permis aussi de comprendre l'insuffisance des financements du football béninois.

Les principales raisons de la pratique du football sont d'ordre économique, financier, social.

Cependant, les clubs ne sont pas outillés pour favoriser l'essor du football. Il y a manque de mécènes, de sponsoring et surtout de politique sportive. Pour favoriser le développement du football béninois.

De fait, il importe de faire des mutations, des ouvertures et des projections pouvant
conduire aux clubs de haute performance. Nos clubs souffrent car faute d'avoir les
moyens d'avancer, ils reculent.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams