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Etude multicentrique des traumatismes par armes en milieu peulh dans le département du Borgou (Bénin)


par Sègnon Eurydice Elvire DJOSSOU
Université de Parakou - Doctorat d'Etat de Médecine 2013
  

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Introduction

Selon l'OMS en 2004, environ 5,8 millions de personnes dans le monde meurent chaque année des suites d'un traumatisme. Ceci représente 10% des décès survenant dans le monde soit 32% de plus que le nombre des décès imputables au paludisme, à la tuberculose ainsi qu'au VIH et au sida réunis. Parmi les causes de traumatismes figurent les actes de violence dirigés contre autruiou contre soi-même, les accidents de la route, les brûlures, les noyades, les chutes etles intoxications. Les traumatismes par armes restent et demeurent un sujet d'actualité, en témoignent les nombreux actes de violence perpétrés partout dans le monde. Ils constituent un véritable problème de santé publique et engendrent, outre le stress psychologique exercé sur la victime, des pertes économiques considérables pour les victimes elles-mêmes, leur famille et le pays tout entier [1]. Ils sont le plus souvent dus à l'insécurité grandissante et aux conflits armés. Le taux de mortalité lié aux homicides par armes à feu pour 100000 habitants en 2005 était de 0,4 en France, 6 aux Etats-Unis, 0,6 au Canada, 26 en Afrique du Sud, 52 en Colombie et 9,6 au Brésil [2]. Dans un pays comme le Bénin, non en proie aux conflits armés, les traumatismes par armes sont surtout le fait de règlement de conflits sociaux et de braquages. Certains groupes socio-culturels sont les plus exposés. En effet, dans une étude sur les traumatismes par armes à feu en pratique civile au CHD-B à Parakou (Bénin) en 2008, Agavoedo [3] a retrouvé une prédominance des peuls qui représentaient 32,5% de l'échantillon. Adjiwanou [4] en 2009, dans une étude sur les traumatismes par armes blanches, retrouvait dans le même centre une prédominance de l'ethnie peulh, représentée à 39,2%. De plus,Kpomahou [5], dans une étude sur les traumatismes des membres par armes réalisée en 2012, a rapporté une prédominance du groupe socioculturel peulh. Celui-ci constituait 43% des traumatisés par armes à feu et 33,9% des traumatisés par armes blanches.

Afin de mieux comprendre ce phénomène et de participer à sa réduction, le présent travail vise les objectifs ci après :

Objectif général

Etudier les traumatismes par armes en milieu peulh dans le département du Borgou.

Objectifs spécifiques

Ø Déterminer les caractéristiques épidémiologiques de ces traumatismes

Ø Décrire leurs aspectscliniques et radiologiques

Ø Analyser les attitudes thérapeutiques adoptées

Ø Evaluer les conséquences de ces traumatismes

Ø Dégager des approches de solutions pour leur prévention en milieu peulh.

GENERALITES

1. GENERALITES

1.1 DEFINITIONS

Le traumatisme est l'ensemble des manifestations locales et générales provoquées par une action violente sur l'organisme. Il s'agit d'un transfert d'énergie dans des proportions qui excèdent les limites supportables par le corps humain [2]. On parle aussi de traumatisme lors d'une agression psychique brutale.

L'article 132-75 du code pénal français définit l'arme de la façon suivante :« est une arme, tout objet conçu pour tuer ou blesser. Tout autre objet susceptible de présenter un danger pour les personnes est assimilé à une arme dès lors qu'il est utilisé pour tuer, blesser ou menacer, ou qu'il est destiné, par celui qui en est porteur à tuer, blesser ou menacer.

Est assimilé à une arme tout objet qui, présentant avec l'arme définie au premier alinéa une ressemblance de nature à créer une confusion, est utilisé pour menacer de tuer ou de blesser ou est destiné, par celui qui en est porteur, à menacer de tuer ou de blesser.

L'utilisation d'un animal pour tuer, blesser ou menacer est assimilée à l'usage d'une arme » [6].

Selon le décret français n°95-589 du 6 mai 1995 les armes blanches correspondent à « tous objetssusceptibles de constituer une arme dangereuse pour la sécurité publique et notamment lesbaïonnettes, sabres-baïonnettes, poignards, couteaux-poignards, matraques, casse-têtes, cannes àépées, cannes plombées et ferrées sauf celles qui ne sont ferrées qu'à un bout, arbalètes, fléauxjaponais (nunchakou), étoiles de jets, coups de poing américains, lance-pierres de compétions, projecteurs hypodermiques» [6].

Une arme à feu est une arme permettant d'envoyer à distance des projectiles au moyen de gaz produits par la combustion rapide et confinée d'un composé chimique détonnant la déflagration.

Un traumatisme par arme est la conséquence de l'action et/ou de la pénétration dans l'organisme d'une arme blanche ou d'un projectile (balle, plomb, fragment métallique) provenant d'une arme à feu.

1.2 CIRCONSTANCES DE SURVENUE DES TRAUMATISMES PARARMES

Trois groupes de causes déterminent les traumatismes par armes en période de paix :

- Les causes intentionnelles qui regroupent les homicides, les braquages, les suicides, les interventions des forces de l'ordre, les rixes, les insurrections civiles et troubles politiques ;

- Les causes non intentionnelles ou accidentelles qui regroupent les accidents de chasse, les accidents domestiques et les mauvaises manipulations dans les unités de combat ou les manufactures d'armes ;

- Les causes indéterminées qui correspondent aux circonstances non élucidées.

1.3 CLASSIFICATION DES ARMES

1.3.1 Classification technique des armes

Le tableau ci-après donne la classification technique des différentes catégories d'armes, selon le décret français 95-589 du 06 Mai 1995 [6] :

Tableau I: Classification technique des armes.

Classification française

Classification européenne

Désignation

Type

Catégorie 1

A

Armes à feu et leurs munitions conçues pour ou destinées à la guerre terrestre, navale ou aérienne

Matériel de guerre, armes et munitions

Catégorie 2

A

Matériels destinés à être portés ou à être utilisé au combat

Catégorie 3

A

Matériels de protection contre les gaz de combat et produits destinés à la guerre chimique et incendiaire

Catégorie 4

B

Armes à feu dites de défense et leurs munitions dont l'acquisition et la détention sont soumises à autorisation

Armes et éléments d'armes, munitions non considérées comme matériel de guerre

Catégorie 5 II

C

Armes longues à répétition ou semi-automatiques, armes rayées (armes de chasse)

Catégorie 5 I

D

Armes longues à un coup par canon lisse (armes de chasse)

Catégorie 6

C

Armes dites blanches et tout objet susceptible de constituer une arme dangereuse pour la sécurité publique

Armes blanches : baïonnettes, sabre-baïonnette, poignards, couteaux poignards, matraques, canne-épée, arbalètes, fléaux japonais, coups de poing américains, lance-pierre de compétition, projecteurs hypodermiques

Certains aérosols incapacitants ou lacrymogènes classés par arrêté interministériel : gaz CS d'une contenance supérieure à 100ml ou d'une concentration supérieure à 2% ; gaz à base de poivre de toutes contenance

Catégorie 7

C

Armes de tir, de foire ou de salon et leurs munitions

Catégorie 8

C

Armes et munitions historiques (après 1870) et de collection

1.3.2 Classification classique des armes

1.3.2.1 En pratique civile

On distingue deux catégories d'armes en pratique civile : les armes blanches et les armes à feu.

Ø S'agissant des armes blanches, nous présenterons :

- les armes piquantes qui sont des objets étroits et longs terminés par une pointe effilée [6]. Leur section peut être cylindrique (aiguilles, pointes, poinçon, dent de fourche) ou comporter des arrêtes (baïonnette, fleuret, lance-flèches, ciseaux) 

- les armes tranchantes qui ont un côté non tranchant appelé « talon » et un autre plus ou moins coupant appelé « fil » [6]. Il s'agit des couteaux et canifs, des poignards, des lames de rasoir, des ciseaux de menuisier, des scalpels

- les armes piquantes et tranchantes qui comportent une arête avec une pointe piquante

- les armes contondantes qui présentent une surface mousse et agissent par leur masse et leur vitesse. Il s'agit : des matraques, des outils, du gourdin, de la massue, du marteau, du maillet, du pilon et du bâton.

Ø Quant aux armes à feu, elles regroupent :

· les armes tirant des projectiles uniques dont les armes à canon rayé (armes de poing, armes d'épaule) et les armes à canon lisse (armes de chasse, flash-ball) 

· les armes tirant des projectiles multiples comme les armes de chasse et les armes à grenaille 

· les engins explosifs tels que les grenades et grenades artisanales, les mines, les bombes et les obus.

1.3.2.2 En pratique militaire

La classification des armes en pratique militaire est toute autre. On distingue :

- les armes individuelles servies par un seul homme ;

- les armes collectives telles que les canons ;

- les armes conventionnelles ou classiques ;

- les armes spéciales : armes chimiques, nucléaires ou biologiques ;

- les armes de destruction massive qui sont des armes spéciales provoquant des pertes matérielles ou humaines très supérieures à celles causées par les armes classiques.

1.4 CONSEQUENCES IMMEDIATES DES ARMES

1.4.1 Blessures par armes blanches

Les lésions par armes blanches sont fortement dépendantes de :

- l'endroit atteint en considérant l'épaisseur des tissus et les structures sous-jacentes telles que les tissus mous ou les os ;

- la manière dont le coup a été asséné à la victime, c'est-à-dire le geste accompli ;

- la nature de l'arme blanche utilisée.

Ainsi, les armes contondantes sont responsables de trois types de lésions selon la région du corps atteinte. Il s'agit des contusions (cutanées, musculaires, pariétales, osseuses), des fractures (membres, thorax, crâne, colonne vertébrale, ceinture pelvienne) et des lésions viscérales (abdomen, pelvis, thorax, crâne).

Les armes piquantes et/ou tranchantes quant à elles occasionnent, en cas de pénétration, des lésions potentiellement graves. Ces lésions sont caractérisées par :

· un orifice d'entrée qui est constant. Les aspects des bords de la plaie peuvent permettre de déterminer le type d'arme utilisée mais sa situation ne permet pas de prévoir un trajet possible si l'arme a tourné dans la plaie 

· le trajet de l'agent vulnérant qu'il faut systématiquement rechercher surtout dans les organes mous. Sa reconstitution est capitale pour prévoir les lésions viscérales. En effet, la pénétration de l'arme dans l'organisme détermine sur son trajet un « tunnel lésionnel » dans lequel tous les organes rencontrés peuvent être lésés

· un orifice de sortie qui est inconstant. Son existence dépend de la longueur de l'arme et de l'épaisseur des tissus traversés.

Les lésions graves et complexes à un ou plusieurs organes sont le fait d'armes dont la lame est large, longue et aiguisée. Les facteurs aggravants sont : la force d'application, les mouvements de va-et-vient et de haut en bas.

1.4.2 Blessures par armes à feu

Les armes à feu provoquent des dégâts plus ou moins importants en fonction du type d'arme, des cartouches, mais aussi en fonction de la distance du tir. La première plaie occasionnée est la plaie d'entrée. Le trajet provoque lui aussi des dégâts importants. Enfin le projectile peut ressortir du corps et provoquer la plaie ou orifice de sortie qu'il importe de différencier des orifices d'entrée. On distingue les plaies causées par les cartouches à balles et celles causées par les cartouches à plombs.

1.4.2.1 Lésions par cartouches à balles

Elles dépendent de la distance et de la direction du tir. On leur décrit un orifice d'entrée, un trajet et un orifice de sortie.

· Orifice d'entrée

On lui décrit des caractères constants et des caractères inconstants.

v Caractères constants

Ils sont représentés par :

- un orifice central, légèrement plus petit ou de même taille que le projectile

- une collerette érosive qui se parchemine sur le cadavre

- une ecchymose péri-orificielle

Figure 1: Caractères constants de l'orifice d'entrée (selon Agavoedo [3]).

v Caractères inconstants

Le projectile sortant du canon est souillé de dépôts de poussières et de graisses et accompagné de poudre et de fumée. Ces éléments déterminent les caractères inconstants de l'orifice d'entrée. Ce sont : la collerette d'essuyage, la zone de tatouage et la zone d'estompage.

Figure 2: Caractères inconstants de l'orifice d'entrée (selon Agavoedo [3]).

Si le projectile traverse une peau nue, il s'essuie sur les berges de l'orifice, réalisant la collerette d'essuyage noirâtre qui est moins étendue et interne à la collerette érosive. Si des vêtements s'interposent, l'essuyage s'y fera. Par ailleurs, si le tir est court (quelques cm), s'imprimeront sur la peau ou les vêtements la fumée et les grains de poudre. On décrira alors : une zone d'estompage (fumée) et une zone de tatouage (poudre). Si le tir est long (plus de 30 et 50 cm) aucune de ces zones (respectivement estompage et tatouage) n'est observée.

· Trajet

Il peut être suivi chez le blessé lors de l'intervention chirurgicale par l'exploration et sur le cadavre, plan par plan lors de l'autopsie. Il dépend des obstacles que le projectile rencontre ainsi que de la mobilité des organes. En effet, rectiligne dans un organe plein (foie, rate, rein), il est sinueux dans un organe mobile (poumon, coeur). Les balles peuvent exceptionnellement ricocher sur une surface osseuse et déterminer un trajet improbable.

· Orifice de sortie

Il est inconstant et ne comporte ni collerette d'essuyage ni tatouage ni estompage. On peut parfois observer une collerette contuse et différentes productions telles que des débris d'os, de muscles et un cortège nuageux par pulvérisation tissulaire et sanguine. Il correspond, en règle, à une plaie plus grande que celle de l'orifice d'entrée. Il peut être aberrant en cas de rebondissement (dans la boîte crânienne par exemple) ou de migration (dans un gros vaisseau) du projectile.

Les armes d'épaule et en particulier les armes de guerre tirent des projectiles de haute vélocité (dont la vitesse est supérieure à 700m/s). Ceux-ci pénètrent profondément dans l'organisme. Les armes de poing quant à elles utilisent des balles qui ont une vitesse subsonique. Elles s'écrasent dans la cible, créant des délabrements tissulaires importants mais sur un trajet plus court [7].

1.4.2.2 Lésions par cartouches à plomb

Elles dépendent surtout de la distance du tir. On leur décrit des caractères constants (orifice d'entrée, trajet) et inconstants (orifice de sortie).

· Orifice d'entrée

Il est unique ou multiple selon la distance du tir. A courte distance (moins de 2 mètres), la charge de plombs "fait balle" et se comporte comme un projectile unique. A plus longue distance (plus de 2m), les plombs se dispersent selon une gerbe conique, d'autant plus élargie que le tir est lointain. L'entrée se décompose en un orifice central entouré d'une couronne d'orifices secondaires (chaque plomb se comportant comme un projectile unique). Au maximum, l'orifice principal est absent et l'on n'observe que de multiples orifices de plombs.

· Trajet

Le trajet in corpore est court en cas de charge unique et la masse de plomb est accompagnée de la bourre (tampon de calage de la charge explosive dans la cartouche) qui se comporte comme un second projectile. Les lésions sont importantes, engageant souvent le pronostic vital. En cas de plombs dispersés, il sera suivi autant de trajets que de plombs.

· Orifice de sortie

La sortie d'une charge de plombs unique n'existe pas. La sortie d'un plomb aberrant est possible.

1.5 PHYSIOPATHOLOGIE

1.5.1 Lésions par armes blanches

Les lésions causées par une arme blanche sont secondaires soit à un choc direct soit à un indirect.

ü Le choc direct résulte d'une force directement exercée par l'agresseur et appliquée sur une surface corporelle donnée. Elle fait appel à la notion de pression et de profondeur c'est-à-dire de pénétration de l'arme. L'impact de cette force appliquée dépend du tissu atteint. S'il s'agit d'un tissu mou, la pénétration est plus importante du fait de la faible résistance de ce tissu. Dans le cas des tissus denses et à faible élasticité comme les os, la gravité de la lésion nécessite une plus grande force ou énergie mécanique8.

ü Le choc indirect quant à lui résulte de la projection dans l'espace d'une arme blanche avec déploiement d'une énergie cinétique. On en déduit que, pour atteindre sa cible, ce mécanisme nécessite non seulement l'usage d'une arme légère et de petite dimension mais aussi l'immobilité de l'agressé ainsi que l'adresse de l'agresseur.

A cela vont s'ajouter les lésions toxiques avec choc septique infectieux et/ou chimique liées aux traumatismes par armes blanches empoisonnéestelles que les flèches et les couteaux, particulièrement les couteaux en cuivre dont le métal à lui seul est dangereux.

1.5.2 Lésions par armes à feu

La physiopathologie des traumatismes par arme à feu repose sur le comportement du projectile dans l'organisme ; comportement dépendant de facteurs balistiques et anatomiques [9].

1.5.2.1 Facteurs balistiques

Un traumatisme par balle correspond à un transfert d'énergie entre un projectile en mouvement et l'organisme. Ce transfert est fonction de l'énergie initiale du projectile. Les projectiles à haute vitesse, c'est-à-dire supersoniques (tirés par les armes d'épaule et en particulier les armes de guerre), ont théoriquement le pouvoir vulnérant le plus important. La vitesse du projectile décroît avec la distance du fait de la résistance de l'air à sa progression. Dans les traumatismes par arme à feu, cet élément est moins important du fait de l'aérodynamisme des balles et des faibles distances de tir le plus souvent constatées. Indépendamment de la vitesse du projectile, le transfert d'énergie va dépendre de la nature du projectile (balle, éclats, plombs), de sa composition (capacité à s'écraser, à se fragmenter) et de sa stabilité (effet de bascule, de rotation). Tous ces éléments, en augmentant la surface de transfert d'énergie du projectile à l'organisme, vont aggraver les lésions observées.

1.5.2.2 Facteurs anatomiques

Plusieurs facteurs tissulaires jouent un rôle important dans la morphologie des blessures observées. Il s'agit surtout de la densité et de l'élasticité des tissus. Plus la densité des tissus est élevée et leur élasticité faible, plus le transfert d'énergie est important [9]. Ainsi les structures osseuses, les plus denses de l'organisme, seront celles à haut transfert d'énergie avec pour conséquence la possibilité de fracas complexes. Les organes à haute teneur en eau, denses et peu élastiques comme les organes pleins abdominaux, les reins, le coeur et le cerveau sont le siège de lésions à type d'éclatement et de broiement. Les organes à haute teneur en air, peu denses et élastiques comme le poumon, l'estomac et la vessie sont plus résistants aux traumatismes balistiques du fait du faible transfert d'énergie observé en l'absence de fragmentation du projectile. Toutefois, un estomac plein ou une vessie pleine se comportera comme un organe dense au regard d'une balle.

Il faut souligner la très grande variabilité de ce comportement en fonction des différents facteurs exposés précédemment (nature, composition, vitesse, stabilité du projectile, densité et élasticité des tissus traversés). En pratique, aucune théorie physique ne permet de prévoir avec certitude le comportement d'un projectile dans le corps humain [10]. La gravité de la blessure dépendra plus de l'organe touché que du type de projectile vulnérant.

Les plaies par balle sont très septiques car elles aspirent tout en entrant. De plus, le projectile sortant du canon est souillé de dépôts de poussières ou de graisses et accompagné de poudre et de fumée.Il faut donc considérer toute fracture associéecomme fracture ouverte. Ces plaies saignent rarement car l'entrée du projectile cautérise la plaie [6].

Un risque très important de contamination bactérienne peut être engendré par les engins explosifs placés à même le sol. Les éclats métalliques entrainent avec eux des germes telluriques (clostridies, bacillus), aqueux (pseudomonas), de la flore vestimentaire et cutanéo-muqueuse (staphylocoques et streptocoques) [7].

1.6 ASPECTS ANATOMO-CLINIQUES

1.6.1 Lésions crânio-cérébrales

Sur le crâne, les lésions sont locales(situées sous le point d'impact)ou résultent d'irradiation à distance. Toutes les variétés de fractures peuvent donner lieu à un ou plusieurs traits irradiés le long des lignes de faiblesse de l'architecture crânienne.

En cas de traumatisme par arme à feu, on distingue, par ordre de sévérité croissante [11] :

· les plaies dites par enfoncement, lorsque seule la voûte crânienne est atteinte par le projectile qui vient s'y écraser. La lésion osseuse est alors comminutive mais aucun fragment osseux ne traverse la dure-mère. Une contusion corticale sous l'impact est habituelle.

· les plaies dites par pénétration, lorsque le projectile traverse la voûte crânienne et reste dans la boîte crânienne. La lésion cérébrale est présente au niveau du point de pénétration et tout le long du trajet du projectile qui peut avoir ricoché sur la table interne opposée ou s'être fragmenté. Cette lésion est aggravée par la diffusion de l'onde de choc et la dissipation de l'énergie cinétique du projectile dans les milieux de densité hétérogène.

· les plaies dites par perforation, lorsque le projectile a traversé la boîte crânienne de part en part.

A ces lésions primaires, il faut ajouter toutes les lésions secondaires au premier rang desquelles figurent les lésions hémorragiques intracrâniennes (hématomes extradural, sous-dural et intra parenchymateux, contusions hémorragiques) et les infections (abcès, encéphalite, méningite, méningo-encéphalite). Elles vont évoluer très rapidement et sont la cause de décès précoces.

Les tableaux cliniques réalisés sont infiniment variés et tous les intermédiaires peuvent se voir entre le blessé parfaitement conscient et le coma le plus grave, entre l'absence de tout signe de localisation et le déficit important [8]. L'examen clinique précisera : les orifices et leurs nombres qu'on veillera à rechercher dans les cheveux de même que dans la bouche et les oreilles en cas de plaie par arme à feu, la présence éventuelle de débris ou de matière cérébrale, le degré d'atteinte de la conscience et ses variations, les signes de localisation et leur aggravation possible.

1.6.2 Lésions maxillo-faciales

Les lésions observées sont variables, uniques ou multiples, parfois graves, posant des problèmes esthétiques. L'examen physique est exobuccal (de face, de profil, en vue plongeante et à jour frisant, étage par étage, au repos et lors de la mimique), endobuccal et ophtalmologique. Il précisera les plaies, contusions, ecchymoses ou hématomes en précisant leur siège (ecchymose bipalpébrale en lunettes surtout), un écoulement liquidien. Il recherchera la présence de reliefs anormaux masqués par un oedème dépressible, une mobilité des os propres du nez, des zones d'hypoesthésie ou d'anesthésie, la présence d'une disjonction craniofaciale. Le globe oculaire et ses annexes peuventêtre le siège de lésions pouvant aller jusqu'à la perforation sans oublier le sinus ethmoïdal, les filets du nerf olfactif et le canal lacrymal [12]. L'examen ophtalmologique étudiera successivement le cadre orbitaire, les paupières et l'appareil lacrymal, l'oculomotricité et le globe oculaire.

Les traumatismes par armes à feu de la face réalisent des fractures avec perte de substance complexes.Outre l'urgence au départ, leur prise en charge est longue et difficile. Elles exposent au risque de cécité, de paralysie faciale et de limitation de l'ouverture de la bouche [13].

Une classification topographique des traumatismes maxillo-faciaux a été proposée [14] (voir ANNEXE 1).

1.6.3 Lésions cervicales

Elles présentent des risques de lésions des gros vaisseaux, des voies aériennes supérieures et de la moelle spinale. Dans le cas particulier des traumatismes par arme tranchante, les lésions vasculaires, nerveuses ou musculaires étant directement en regard de la plaie, il n'est pas difficile de les identifier. L'hématome compressif suffocant constitue une urgence vitale. Les plaies à point d'entrée ou à trajet basi-cervical imposent de rechercher une lésion des troncs supra-aortiques proximaux et d'éventuelles lésions associées des organes avoisinants. L'examen physique recherchera un emphysème sous-cutané pouvant signifier une lésion des voies aériennes supérieures, un hématome avec risque de compression des voies aériennes, des signes neurologiques (en vérifiant la mobilité des extrémités et la sensibilité métamérique).

1.6.4 Lésions thoraciques

Les constats d'urgence opposent classiquement les traumatismes fermés du thorax et les traumatismes ouverts ou plaies pénétrantes du thorax [15].

1.6.4.1 Traumatismes fermés

Provoqués par les armes blanches contondantes ou des projectiles à trajet thoraciques, ils sont responsables de lésions du contenant et du contenu mais il n'y a pas de communication avec l'extérieur. Les lésions du contenant sont représentées par : les fractures costales, les volets costaux, les fractures du sternum, les lésions du rachis thoracique ou de rupture diaphragmatique. Quant aux lésions du contenu, il peut s'agir d'hémothorax et/ou de pneumothorax, decontusion pulmonaire, d'hématome pulmonaire, de pneumatocèle, de rupture trachéo-bronchique, de lésions cardiaques ou vasculaires.

1.6.4.2 Plaies pénétrantes du thorax

Elles sont dues à des armes blanches piquantes et/ou tranchantes et à des armes à feu de tous types. On distingue :

- les plaies à thorax fermé, non soufflantes et à orifice d'entrée minime ;

- les plaies ouvertes avec traumatopnée ;

- les plaies thoraco-abdominales.

Dans les plaies à thorax fermé, il existe constamment un épanchement associé et le plus souvent un hémothorax. La présence d'un corps étranger est un facteur important d'infection. Les dégâts, essentiellement cutanéo-musculaires, sont minimes le plus souvent, à berges nettes et peu contuses. Les lésions les plus importantes seretrouvent surtout au niveau musculo-pariétal et parenchymateux : brûlures, effet de correction (éclatement, contusion et modification des tissus).

Dans les plaies à thorax ouvert,la plèvre reste en communication avec l'extérieur. L'ouverture du thorax entraîne un pneumothorax massif du côté blessé avec balancement médiastinal. La ventilation est alors limitée et la détresse respiratoire immédiate. Le diagnostic est évident devant un sujet asphyxique dont la plaie thoracique souffle et gargouille à chaque cycle respiratoire : c'est la traumatopnée.

Dans les plaies thoraco-abdominales, le trajet intéresse le thorax, le diaphragme et l'abdomen. Deux éléments supplémentaires viennent s'ajouter à la gravité du tableau : le risque de toute plaie de l'abdomen (péritonite ou hémopéritoine) et le risque secondaire de toute plaie du diaphragme (hernie). Elles imposent un bilan fonctionnel minutieux.

1.6.5 Lésions abdominales

On décrit au niveau de l'abdomen :

- les traumatismes fermés ou contusions abdominales où il n'existe pas de solution de continuité au niveau de la paroi abdominale ;

- les plaies pariétales au niveau de la peau et de la paroi musculo-aponévrotique abdominale ;

- les plaies pénétrantes où l'agent causal a créé une solution de continuité de la paroi abdominale avec effraction péritonéale mais est contenu dans l'abdomen. Tout traumatisme pénétrant entre le 6e espace intercostal et le ligament inguinal doit être présumé intrapéritonéal [16] ;

- les plaies perforantes où la plaie pénétrante est compliquée d'atteinte viscérale ;

- les plaies transfixiantes où l'agent causal traverse l'abdomen de part en part.

On décrit également les plaies mixtes qui entraînent des lésions graves dont la prise en charge multiviscérale comporte initialement et obligatoirement la reconstitution du trajet de la plaie.

L'examen explorera l'abdomen mais aussi le voisinage. Il sera réalisé sur un blessé entièrement dévêtu et si possible réchauffé.

L'aspect de la plaie est un élément d'orientation de l'agent causal. Les plaies par arme blanche sont en général linéaires à bords nets réguliers ou punctiformes peu étendues.

Au plan diagnostique le problème ici est d'affirmer la pénétration et surtout la lésion viscérale éventuelle. Ce problème est souvent absent en cas de traumatisme par arme à feu où des lésions multiviscérales sont retrouvées dans 50% des cas [8]. Les traumatismes fermés sont souvent difficiles à apprécier surtout en cas de traumatisme thoracique ou crânien associé [16]. Les plaies de l'abdomen sont d'affirmation plus aisée. Les tableaux cliniques réalisés sont multiples et de gravité variable. Il peut s'agir de plaies pariétales, d'une éviscération, d'un écoulement digestif à travers la plaie, d'une péritonite aiguë généralisée avec contracture abdominale, d'un hémopéritoine avec état de choc, d'un pneumopéritoine avec ballonnement abdominal et tympanisme. En cas de doute, plusieurs moyens peuvent être employés :

Ø L'exploration du trajet de la plaie au doigt ou au stylet : l'utilisation du stylet est proscrite par plusieurs auteurs parce que dangereuse.D'autres l'estiment fiable si cette exploration estappliquée avec prudence. Elle se fait sous anesthésie locale et ne permet de juger que de l'atteinte du péritoine pariétal et ne préjuge pas des lésions viscérales sous jacentes. Elle peut être difficile chez les sujets obèses et dans les plaies à trajet oblique.

Ø L'exploration de laplaie peut se faire aussi à l'aide de la ponction lavage du péritoine (PLP). L'examen est considéré comme positif si on peut aspirer du liquide sanglant soit directement soit après introduction de 1L de solution salée (que l'on draine par simple gravité) [16]. De réalisation simple, il ne permet cependant pas de déterminer l'origine du saignement ni de diagnostiquer la perforation d'un viscère creux, lésion la plus fréquente des traumatismes pénétrants de l'abdomen. La combinaison de la laparotomie et du lavage péritonéal de diagnostic augmente la sensibilité et la spécificité du lavage péritonéal.

1.6.6 Traumatismes des membres

En fonction de la structure anatomique atteinte, on distingue [5] :

- les plaies des parties molles (cutanées et musculo-aponévrotiques) ;

- les lésions vasculaires, artérielles et/ou veineuses ;

- les lésions nerveuses et

- les lésions ostéo-articulaires.

Les plaies des parties molles sont fréquemment multi tissulaires (peau et tissus musculo-aponévrotiques), source de séquelles fonctionnelles importantes. Le risque infectieux est corrélé à la gravité de la blessure. Le risque fonctionnel est également majoré par l'hémorragie et l'ischémie qui peuvent conduire à l'amputation.

Les plaies artérielles, de diagnostic généralement aisé, peuvent passer inaperçues en cas de fistule artério-veineuse, apanage des plaies par armes blanches. Le mécanisme est soit direct par le seul agent traumatique (section complète, plaies latérales ou transfixiantes) soit indirect suite à une lésion ostéo-articulaire par arrachement, élongation ou cisaillement. Le mécanisme indirect comprend également les lésions fermées dues à une thrombose artérielle par contusion et étirement du vaisseau.

Les lésions veineuses peuvent être isolées ou associées à une lésion artérielle. Elles comportent un risque spécifique d'embolie gazeuse.

Les lésions nerveuses comprennent : les lésions avec solution de continuité au niveau de la gaine de nerf (sections complètes ou incomplètes, ruptures partielles ou totales) et les lésions sans solution de continuité au niveau de la gaine du nerf (contusions, compressions, élongations).

Les lésions ostéo-articulaires sont des fractures ou luxations. Les fractures peuvent entrainer une déperdition sanguine importante selon le segment de membre touché.

Au terme du bilan clinique, il convient de réaliser un bilan paraclinique exhaustif des lésions. Les examens réalisés sont à visée diagnostique, d'appréciation du retentissement des lésions sur l'état général du blessé et pré thérapeutique. Les examens développés ici sont essentiellement ceux à visée diagnostique notamment les examens radiologiques.

1.7 ASPECTS RADIOLOGIQUES

Les examens radiologiques ne doivent pas retarder la prise en charge. La priorité qui leur est accordée dépend d'une part du degré de stabilité du blessé et d'autre part de la disponibilité de ces examens [16]. Ils ont une valeur de confirmation diagnostique et de localisation des lésions.

1.7.1 Traumatismes crânio-cérébraux

Ø La radiographie du crâne : elle n'a aucune indication en cas d'accès au scanner et son seul intérêt réside dans ce cas dans la visualisation des fragments métalliques [17]. En cas d'indisponibilité du scanner, la radiographie du crâne doit comporter cinq incidences (celles de face, de profils droit et gauche, front-plaque et nuque-plaque) qui montreront des images de fracture des os du crâne ou la présence d'un corps étranger.

Ø La radiographie du rachis cervical :elle est associée à la radiographie du crâne et doit comporter les incidences : bouche ouverte, de face et de profil.

Ø Le scanner cérébral :c'est l'examen d'imagerie référence pour l'évaluation initiale des lésions. En urgence, l'injection de produits de contraste n'est pas nécessaire et sera différée afin de diminuer au maximum le temps de réalisation de l'examen [17]. Il permet d'objectiver [18] :

- un effacement plus ou moins important des citernes basales ;

- des images de densité anormale au sein du tissu cérébral voire dans les ventricules

- des aspects de refoulement d'un hémisphère cérébral par une image densifiée au contact de l'os

- des images de fractures des os du crâne avec parfois embarrure.

A partir du scanner cérébral, on peut réaliser un angioscanner par injection de produit radioopaque.

Ø L'IRM : permet de mieux étudier les tissus mous.

Ø L'angiographie cérébrale : elle n'a pas d'indication systématique [19] et est réalisée uniquement à but thérapeutique secondairement à la réalisation d'un angio-scanner ayant mis en évidence une complication vasculaire (faux anévrismes, dissection ou fistule artérioveineuse post traumatique).

1.7.2 Traumatismes maxillo-faciaux

Ø Au scanner, la réalisation de coupes coronales passant par l'orbite est indiquée dans les traumatismes crâniens avec symptomatologie évocatrice de fracture du cadre orbitaire afin de repérer les fractures des parois de l'orbite, volontiers inaperçues. Le scanner avec reconstitution 3D surfacique présente un intérêt au stade initial et au stade de séquelles pour analyser les déplacements osseux, notamment dans les formes complexes [14].

Ø Les clichés radiographiques standards : peuvent être réalisées selon le casl'incidence du crâne de face et de profil, l'incidence de face haute (ou incidence nez-front-plaque, incidence des cadres orbitaires), les incidences de Waters et de Blondeau, l'incidence de face basse (sous-occipito-frontale) et la radiographie panoramique.

Ø L'IRM n'a pas de place dans l'urgence.

Ø L'angiographie est d'indication rare. Elle a un double intérêt diagnostique et thérapeutique.

1.7.3 Traumatismes cervicaux

Ø La radiographie du rachis cervical demeure l'examen de première intention. On peut réaliser les clichés de face, de profil, des trois quarts droits et gauches et un cliché bouche ouverte. Ces différents clichés peuvent permettre de mettre en évidence une fracture des corps vertébraux, une désorganisation de la ligne des apophyses épineuses, un arrachement des apophyses transverses, un pincement ou un bâillement des interlignes articulaires, un antélysthésis ou un retrolysthésis.

Ø Le scanner cervical est réalisé en cas de besoin d'analyse fine des lésions et mieux indiqué après réduction des déplacements ostéo-articulaires. Il est indiqué en cas de fracture-séparation des masses latérales de l'atlas, fracture comminutive, fracture des lames, fracture-luxation postérieure.

Ø L'IRM permet de mettre en évidence les lésions disco-ligamentaires ou de la moelle en particulier celles des parties molles antérieures, hématomes, rupture ligamentaire, discale ou même durale. Elle peut être de réalisation difficile (absence d'immobilité stricte des patients, présence de matériel de réanimation ou de traction).

Ø Le myéloscanner est indiqué dans les avulsions radiculaires, les brèches méningées et les contrôles post- opératoires.

1.7.4 Traumatismes du thorax

Ø La radiographie du thorax sera toujours réalisée. Elle permet un bilan lésionnel satisfaisant, indique un geste thérapeutique urgent et immédiat, apprécie les premiers gestes thérapeutiques effectués en phase pré-hospitalière et sert de référence pour le suivi évolutif.

Ø Le scanner thoracique est l'examen le plus approprié pour effectuer le bilan le plus précis possible des lésions pariétales, pleurales, parenchymateuses et médiastinales. Il indique un complément d'exploration angiographique.

Ø L'échotomographie permet de reconnaitre une collection pleurale ou péricardique et d'explorer la région sous-diaphragmatique.

Ø L'échocardiographie  permet d'analyser rapidement la fonction myocardique, les structures cardiovasculaires et leur responsabilité dans l'état hémodynamique du patient.

Ø L'échographie transoesophagienne peut être un moyen complémentaire de l'échocardiographie.

Ø L'artériographie est indiquée en première intention s'il existe une suspicion clinique et radiographique de lésion vasculaire.

Ø L'endoscopie bronchique et la fibroscopie oesogastroduodénale peuvent être réalisées au besoin.

1.7.5 Traumatismes abdominaux

Ø Le scanner abdominal est l'examen de choix chez le patient suffisamment stable pour subir cet examen. Il permet d'identifier la source d'un saignement, de démontrer les lésions intrapéritonéales aussi bien que retropéritonéales. Une perforation intestinale peut cependant passer inaperçue.

Ø L'ASP peut révéler en cas de pneumopéritoine, une introduction d'air à travers la paroi lors de l'agression.

Ø L'échographie peut déceler la présence de 200mL de liquide péritonéal. On examine particulièrement quatre endroits [15] : la région sus-pubienne, l'espace inter hépato-rénal, la région spléno-rénale et l'espace sous-xiphoïdien (à la recherche d'un épanchement péricardique).

Ø La coelioscopie exploratrice permet d'affirmer avec certitude le caractère pénétrant de la plaie.

Ø L'IRM n'a pas de place dans l'urgence.

1.7.6 Traumatismes des membres

Ø La radiographie des membres est systématique. Elle permet d'objectiver et de préciser les aspects anatomopathologiques des fractures. Elle permet également d'affirmer la présence ou non de corps étrangers métalliques et d'un emphysème sous-cutané.

Ø L'artériographie doit être réalisée devant toute suspicion de traumatisme vasculaire. Elle peut être réalisée en urgence sur table d'intervention après réduction orthopédique des lésions ostéo-articulaires.

Ø L'angio-scanner  révèle les lésions avec une précision presque équivalente à celle de l'artériographie. Il est le plus souvent réalisé en cas de polytraumatisme.

Ø Le scanner et surtout l'arthro-scanner permet de faire un bilan lésionnel osseux plus complet au niveau des articulations.

Ø L'IRM a une spécificité et une sensibilité excellentes sauf dans certaines lésions du ménisque latéral du genou.

Ø L'électromyographie permet un dépistage précoce des atteintes des troncs nerveux périphériques.

Ø Le doppler et l'échodoppler sont insuffisants pour affirmer une lésion vasculaire et surtout intimale.

Au terme du bilan lésionnel clinique et paraclinique exhaustif, rapide et précis, il convient de prendre en charge efficacement les lésions décelées.

1.8 ASPECTS THERAPEUTIQUES

La prise en charge des patients blessés par armes repose sur l'évaluation la plus correcte et la plus précoce de la gravité des lésions, permettant d'adapter la thérapeutique rapidement. Elle est fonction du tableau clinique présenté et fait dans la plupart des cas appel à la réanimation médicale. Les principes généraux de cette prise en charge sont :

- Stopper l'hémorragie si elle existe 

- Maintenir les grandes fonctions vitales à travers une réanimation médicaleattentive et adaptée à chaque cas 

- Traiter la douleur 

- Prévenir l'infection et les complications thromboemboliques

- Prévenir les séquelles organiques et psychiques

1.8.1 Buts

Quelle que soit la région de l'organisme atteinte, le traitement à appliquer doit avoir pour buts de:

- Eviter le décès du blessé

- Le soulager

- Traiter la ou les lésions décelées

- Restaurer la fonction du ou des organes touchés

1.8.2 Moyens thérapeutiques et indications

1.8.2.1 Réanimation médicale

Les traumatismes par arme à feu nécessitent, plus souvent et plus rapidement que les traumatismes fermés, un geste chirurgical. Le rôle de l'anesthésiste-réanimateur est capital puisqu'il intervient à tous les stades de la prise en charge de ces blessés : réanimation initiale et transport primaire, surveillance des procédures diagnostiques, anesthésie et réanimation peropératoires, suivi postopératoire [9]. Le traitement en un temps de l'ensemble des lésions, s'il est possible, est la règle.

La gravité d'un traumatisme par arme est fonction de son retentissement clinique, du site de la lésion et du mécanisme lésionnel. Ainsi, les blessés à l'état hémodynamique instable, les blessés du cou, du tronc et en particulier de l'aire cardiaque, de la région de l'aine ainsi que les blessés par balles à haute vélocité ou par armes de chasse à faible distance, doivent être transportés le plus rapidement possible en salle d'opération pour un geste chirurgical éventuel tout en poursuivant la réanimation.

Les gestes chirurgicaux d'urgence nécessitent un remplissage [9]. Secondairement, ce remplissage pourra être optimisé par une étude hémodynamique prenant en compte les paramètres circulatoires et les paramètres d'oxygénation.

1.8.2.2 Traumatismes crânio-cérébraux

Le traitement ici repose, selon la gravité de la lésion, sur la réanimation hydro-électrolytique, l'assistance respiratoire, la lutte contre l'hypertension intracrânienne, la réalisation d'une hémostase en cas de plaie du cuir chevelu, la levée d'une embarrure, la trépanation en cas d'hématome extra-dural ou sous-dural. L'ablation d'un corps étranger n'est pas une indication formelle.

Seront plus ou moins systématiques :

- la lutte contre la douleur au moyen d'antalgiques et/ou d'anti-inflammatoires non stéroïdiens

- la lutte contre l'infection au moyen d'antibiotiques, d'autant plus importante s'il existe une fracture associée

- la sérothérapie antitétanique suivie de la sérovaccination si l'état vaccinal du sujet n'est pas à jour

1.8.2.3 Traumatismes maxillo-faciaux

Les lésions faciales doivent être entièrement évaluées pour concevoir une réparation et un remplacement appropriés des tissus avec la perspective probable de reprise pour une réparation secondaire. Dans la prise en charge initiale, le souci principal est la stabilisation du patient. Aujourd'hui, avec les améliorations récentes de la microchirurgie, une reconstruction immédiate est préconisée [20]. Les plaies méritent toujours une prise en charge rigoureuse pour limiter les séquelles esthétiques redoutées par les patients. L'exploration, l'hémostase et la suture avec des fils fins donnent des résultats satisfaisants. Les plaies péri-orificielles doivent être réparées très soigneusement en trois plans. Les traumatismes par armes à feu de la face restent bénins aussi longtemps que les voies aériennes sont libérées et l'hémorragie contrôlée [21].

1.8.2.4 Traumatismes cervicaux

La clé du traitement est le bilan clinique complet. L'exploration est indiquée en cas d'hémorragie persistante, d'état de choc ou de diminution du pouls radial. La pose d'un cathéter de Foley dans la plaie peut permettre de contrôler une hémorragie carotidienne, subclavière ou jugulaire. Un nombre significatif de sujets sont traités sans une chirurgie sanglante [22]. La pose d'une minerve peut être nécessaire pour immobiliser le rachis en cas de traumatisme vertébral de même que la réduction d'une luxation ou la pose de matériel d'ostéosynthèse en cas de fracture. Les antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens et antibiotiques sont indiqués.

1.8.2.5 Traumatismes du thorax

Tout traumatisé du thorax doit être considéré par principe comme un traumatisé grave. La réanimation initiale doit commencer sur les lieux du traumatisme et dépend de la rapidité du transport du blessé vers un centre spécialisé ayant à son actif une équipe de prise en charge multidisciplinaire (chirurgie et réanimation). Toute plaie thoracique pénétrante doit être explorée au bloc opératoire.

Il existe quelques principes de traitement [23] :

§ un drainage thoracique adéquat est indispensable selon les cas

§ en cas d'hémorragie importante, une opération s'impose ;  parfois au service des urgences si la mort est imminente (saignement =1,5L) ou quand malgré le drainage les signes généraux s'altèrent

§ la thoracotomie est moins urgente lorsque le drainage est de 300ml/h pendant 3-4 h

§ la suture simple des plaies d'entrée et de sortie du poumon comporte un risque d'embolie gazeuse

§ la possibilité de pénétration abdominale d'un projectile doit être régulièrement envisagée

§ en cas de lésions transmédiastinales, l'opération chirurgicale est immédiate si le patient est instable [24]

§ si le patient est stable, une évaluation par des moyens sophistiqués est nécessaire tout en poursuivant la réanimation

§ si la chirurgie est nécessaire, sa rapidité est déterminante

§ un nombre substantiel de patients ne sont pas opérés [25].

1.8.2.6 Traumatismes abdominaux

L'approche d'une prise en charge sélective non opératoire est de plus en plus partagée par les auteurs [23, 26, 27]. Elle se résume en :

§ une évaluation clinique primordiale

§ une laparotomie immédiate en cas de présence de signes tels que l'instabilité hémodynamique, un tableau de péritonite, un tableau d'hémopéritoine ou une éviscération

§ une approche sélective non opératoire, lorsque l'état hémodynamique du patient est stable et qu'il ne présente pas les signes ci-dessus cités. Elle nécessite une évaluation régulière, répétée, et rigoureuse du patient.

§ une méthode sélective non opératoire est fiable, sûre et rentable. Un nombre important de patients ne sont pas opérés, soit parce que les balles n'ont pas pénétré dans la cavité abdominale, soit parce qu'elles n'ont pas engendré de lésions importantes. Elle requiert de l'expérience et de la confiance. Elle est internationalement acceptée

§ chez les patients instables qui ne peuvent pas supporter la chirurgie, on procède au ``damage control'' ou contrôle des lésions. La priorité est de contrôler l'hémorragie par le clampage ou la suture

§ fermer temporairement ou panser la plaie

§ continuer la réanimation en corrigeant les troubles hémodynamiques et biochimiques, les troubles acido-basiques et l'hypothermie

§ réopérer le patient quand il sera plus stable ou dès que le chirurgien spécialiste sera disponible.

La chirurgie définitive consistera en:

§ une inspection complète de la cavité abdominale

§ une recherche des hématomes pour réparer les principaux vaisseaux lésés

§ une exploration des hématomes péri rénaux importants

§ une réparation initiale de l'estomac et de l'intestin grêle ainsi qu'une réparation des lésions du foie

§ La réparation initiale des lésions par arme à feu du colon requiert : un délai de prise en charge chirurgicale court, une contamination minimale, une vitalité de l'anse, un bon état hémodynamique.

§ Le ``syndrome de compartiment abdominal''nécessite une décompression chirurgicale le plus souvent à abdomen ouvert.

L'abstentionnisme sélectif a l'avantage d'éviter les laparotomies inutiles. Cependant, la laparotomie systématique devant toute plaie pénétrante de l'abdomen permet de faire un bilan lésionnel précis avec un intérêt médico-légal surtout en cas d'agression [28].

1.8.2.7 Traumatismes des membres

Le traumatisme des membres par armes nécessite, plus souvent et plus rapidement, un geste chirurgical. Le traitement médical est indiqué dans tous les cas et sera fonction de l'état de gravité du patient. Un état de choc est contrôlé par un remplissage vasculaire. La douleur est combattue à l'aide d'antalgiques et d'anti-inflammatoires non stéroïdiens. L'administration d'antibiotiques est nécessaire et celle d'anticoagulants ou d'antiagrégants plaquettaires est à discuter selon le cas.

En cas de plaie des parties molles, selon la gravité, seront réalisés : une désinfection, un parage et une suture simples, des greffes et cultures de peau. S'il s'agit d'une plaie vue tard (infectée ou nécrosée), on réalise une cicatrisation dirigée en trois phases : détersion mécanique, enzymatique ou sous pansement spécifique, bourgeonnement et si bonne réactivité, on réalise une greffe ou un lambeau. En cas d'éclat de balle, il faut laisser expulser les plombs ou les balles.

En cas d'hémorragie extériorisée, l'hémostase doit être réalisée par une compression manuelle immédiate et directe sur la plaie puis la restauration artérielle est réalisée sans délai. On peut ainsi réaliser : une suture ou excision-suture en cas de plaie latérale, une revascularisation transitoire par shunt en cas d'ischémie grave, la réparation d'une éventuelle lésion veineuse. Une restauration artérielle tardive (au-delà de six heures d'ischémie continue) peut être inefficace voire dangereuse en revascularisant des masses musculaires nécrosées (risque d'acidose, d'insuffisance rénale aiguë, d'hyperkaliémie et de troubles du rythme ventriculaire). L'alcalinisation par voie veineuse, le lavage de membre ou une épuration extra-rénale précoce peuvent être utilisés si le pronostic vital du patient n'est pas en jeu. En cas de lésion nerveuse irréparable et/ou de lésions complexes des parties molles et/ou d'un délai thérapeutique dépassé associés, l'amputation du segment de membre atteint peut être réalisée après concertation multidisciplinaire et accord du patient ou de ses proches. Dans tous les cas, le traitement chirurgical sera complété par une héparinisation post opératoire.

Les lésions nerveuses bénéficient de suture épineuro-fasciculaire ou de greffe nerveuse. Dans tous les cas, une kinésithérapie est nécessaire pour entretenir la souplesse des articulations et la trophicité musculaire.

Les fractures peu ou pas déplacées sont réduites puis contenues par un plâtre. En général on attend une bonne cicatrisation de la plaie avant la confection de plâtre pour les plaies ouvertes ; le membre étant mis sous attèle. En cas de fracture multiesquilleuse, on préconise une fixation interne et une fixation externe est de mise en cas de fracture avec un grand délabrement cutané28. Une fasciotomie prophylactique est exigée. Pour la stabilisation interne définitive, la greffe osseuse devrait être considérée surtout dans les cas de fracture par arme à feu qui sont souvent très comminutives.Les fractures avec hémorragie abondante et dévitalisation nécessitent une amputation. Les lésions articulaires sont traitées comme des traumatismes ouverts et exigent une irrigation, un débridement ou une ablation de corps étrangers. Les luxations sont réduites et suivies d'une contention par moyens orthopédiques.

Au vu de la gravité des lésions pouvant découler d'un traumatisme par armes, il convient de les prévenir de façon efficace et durable.

1.8.3 Prévention des traumatismes par armes

En général, les stratégies visant à réduire les traumatismes par armes combinent l'éducation, la réglementation et la technique.

1.8.3.1 Prévention primaire

La prévention des traumatismes par armes blanches repose sur le respect de la législation concernant ces armes et l'application stricte des sanctions réservées à ces actes (voir annexe 2).

Quant aux traumatismes par armes à feu, l'action préventive se situe à trois niveaux : l'accès à l'arme à feu, la présence de l'arme au domicile et le rangement de l'arme dans un lieu sûr.

Pour limiter l'accès aux armes à feu, il faut :

- empêcher les particuliers de s'en procurer notamment si ceux-ci présentent un état ou des antécédents de dépression, de pulsions suicidaires ou de toxicomanie. Cela suppose une enquête de voisinage approfondie et objective

- réglementer les conditions d'obtention et de détention des armes à feu par la délivrance obligatoire d'un permis de port d'arme

- lutter contre les marchés parallèles de vente illicite d'armes à feu

De nombreuses études ont démontré l'association entre la présence d'une arme à feu audomicile et les traumatismes qu'elle peut engendrer [29]. Ainsi, le fait de posséder une arme à feu à la maison multiplie par 5 le risque de suicide et par 3 lerisque d'homicide.Au Canada comme aux Etats-Unis, c'est dans les régions où le taux de possession d'arme àfeu est le plus élevé que le taux de traumatisme par balle est également le plus élevé.En fait si le propriétaire d'une arme pense se protéger en gardant celle-ci à domicile, il y a 43fois plus de chance qu'il l'utilise contre quelqu'un de sa famille plutôt que contre unagresseur. Il convient donc de :

· sensibiliser les propriétaires d'armes à feu et les inciter à s'en départir s'ils n'en font pas usage

· sensibiliser l'entourage de personnes présentant des signes de dépression, de tendance suicidaire ou une prédisposition à la violence et suspendre ou retirer à ces personnes l'autorisation de détention d'une arme à feu.

Lorsque le propriétaire d'une arme se trouve dans l'obligation de la garder au domicile pourdes raisons professionnelles ou lorsqu'il ne souhaite pas s'en débarrasser, il est trèsimportant que l'arme soit entreposée dans un lieu sécurisé. Il s'agira de :

- conserver l'arme à feu en tous temps dans un endroit hors de portée des enfants

- conserver une arme à feu non chargée et verrouillée

- conserver les munitions dans un endroit différent de celui de l'arme

- entretenir ou manipuler l'arme après avoir vérifié qu'elle n'est pas chargée

- enfermer en cas d'absence l'arme à feu dans une armoire résistant à l'effraction etconserver les clés en lieu sûr.

1.8.3.2 Prévention secondaire

Elle consiste en la prise en charge précoce des traumatisés par armes et nécessite : l'administration de premiers soins adéquats sur les lieux du traumatisme, la disponibilité de transports médicalisés et la présence de centres dotés de matériel et de personnel qualifiés et disponibles.

1.8.3.3 Prévention tertiaire

Elle consiste au dépistage et en la prise en charge adéquate des séquelles et complications des traumatismes par armes.

CADRE, PATIENTS ET METHODE D'ETUDE

2. CADRE, PATIENTS ET METHODE D'ETUDE

2.1 CADRE D'ETUDE

La présente étude a été réalisée dans quatre (4) formations sanitaires du Borgou et plus précisément dans quatre (4) communes :

- Parakou : dans le Service de Chirurgie Générale et le Service d'Anesthésie, Réanimation et Urgences (SARU) du CHD-B

- N'dali : dans l'hôpital de la zone sanitaire Parakou-N'dali, l'Hôpital Saint Jean de Dieu de Boko ;

- Bembéréké, dans l'Hôpital Evangélique (HEB) ;

- Tchaourou, dans l'Hôpital Saint Martin de Papané.

La carte du Bénin placée en ANNEXE 3 situe lesdites communes.

2.1.1 Présentation du département du Borgou

Le département du Borgou est le plus grand du Bénin en superficie (25 856km2 soit 23% de la superficie totale du pays) et le 6e en matière de population [30]. Situé au nord-est du pays, il est limité au nord par le département de l'Alibori, au sud par le département des Collines, à l'est par le Nigéria, au nord-ouest par le département de l'Atacora et au sud-ouest par celui de la Donga. Le département s'étend sur huit communes que sont : Kalalé, N'Dali, Pèrèrè, Nikki, Sinendé, Bembéréké, Tchaourou et Parakou. Une carte départementale en ANNEXE 4 situe les communes du Borgou.

Le climat du Borgou est de type soudanien avec une seule saison des pluies ;celle-ci commence en avril et dure sept mois environ. La température moyenne annuelle s'établit autour de 26°C avec un maximum de 32°C en mars et un minimum de 23°C en décembre-janvier.

La population dénombrée au cours du recensement général de la population en 2006 (RGPH3) dans le département est de 724 171 habitants avec une densité de 28 habitants au km². Le département compte 99,6 hommes pour 100 femmes. La population agricole représente 67,92% de la population totale du département. On y rencontreplusieurs ethnies dont les principales sont les Baribas (40,4%), les Peulh (29,8%) et lesNagots/Yorubas (6,0%).

L'économie du Borgou est à base essentiellement agricole. L'élevage de gros bétail est très répandu et permet le développement de la cultureattelée. Le petit élevage et la pêche, très développés, complètent les activitéséconomiques et le tout alimente un important réseau de marchés traditionnels dont les plusdynamiques sont ceux de Parakou et Nikki. Le commerce occupe ainsi 28 % de la population du Borgou.

Au plan sanitaire, on dénombre : 43 maternités, 40 Centres de Santé d'Arrondissement, 45 dispensaires, 6 Centres de Santé de communes, 3 hôpitaux de zone et un Centre Hospitalier Départemental (le CHD-B).

2.1.2 Présentation du Centre Hospitalier Départemental du Borgou

Créé en janvier 1959, le CHD-B était à l'origine un Centre d'Assistance Médicale de la ville de Parakou. Il est devenu successivement : Hôpital de Parakou, Centre Hospitalier Provincial en 1985, Centre Hospitalier Départemental du Borgou en 1990.

D'une capacité de 210 lits, le CHD-B compte une multitude de services que sont :

- le Service de Chirurgie Générale

- le Service d'Anesthésie, Réanimation et Urgences (SARU)

- le Service de Médecine Interne incluant provisoirement les spécialités de Neurologie, Néphrologie, Cardiologie et Dermatologie

- le Service de Pédiatrie

- le Service de Gynécologie et Obstétrique

- le Service de Psychiatrie

- le Service d'Oto-Rhino-Laryngologie

- le Service de Stomatologie

- le Service d'Ophtalmologie

- le Service de Médecine Légale et Thanatologie

- le Service d'Imagerie Médicale

- le Service Social

- le Service de Kinésithérapie et d'Appareillage Orthopédique

- le Service d'Analyses Biomédicales incluant provisoirement le Service d'Anatomie Pathologique

- la Banque de Sang

- la Pharmacie

- le Centre d'Information, de Prise en charge, d'Education et de Conseil sur le VIH/SIDA et

- le Service Administratif.

Le CHD-B est un hôpital de référence de deuxième niveau. Il sert de lieu de formation théorique et pratique pour les étudiants de la Faculté de Médecine de l'Université de Parakou depuis sa création en 2001 et lieu de formation pratique pour les médecins inscrits pour l'obtention du DES au CNHU-HKM.

2.1.2.1 Présentation du Service de Chirurgie Générale

Le Service de Chirurgie Générale du CHD-B dispose de :

- 1 pavillon d'hospitalisation d'une capacité d'accueil de 30 lits

- 1 bloc opératoire avec deux salles d'interventions chirurgicales

- 1 salle de consultation chirurgicale

- 1 secrétariat

- 1 salle de staff pour le personnel soignant et les apprenants

- 1 salle de garde des infirmiers 

- 1 bureau pour la surveillante du pavillon d'hospitalisation.

Au moment de notre travail, le personnel est composé de :

- 4 chirurgiens dont :

· 1 maître-assistant en chirurgie générale, Chef de Service

· 1 maître-assistant en chirurgie générale, adjoint au Chef de Service

· 1 maître-assistant en neurochirurgie

· 1 assistant chef de Clinique

- 15 infirmiers/ infirmières dont :

· 1 surveillant du pavillon d'hospitalisation

· 1 surveillant du bloc opératoire

- 9 aides-soignants

- 2 agents d'entretien

- 1 secrétaire

- 1 agent de recouvrement.

Tous les ans depuis 5 ans, des médecins en spécialisation de chirurgie générale et/ou d'urologie y viennent en stage.

Les activités du Service de Chirurgie Générale du CHD-B sont représentées par les consultations, les soins et visites aux patients hospitalisés, les gardes et permanences, les interventions chirurgicales, les enseignements théoriques sous forme d'exposés aux étudiants en PCEM2 et DCEM.

2.1.2.2 Présentation du SARU

Les infrastructures dont dispose le Service d'Anesthésie, Réanimation et Urgences du CHD-B sont constituées de :

- 1 salle d'accueil et de mise en condition des urgences médico-chirurgicales d'une capacité d'accueil de 4 lits

- 1 salle de consultation externe et pansement

- 2 salles de réanimation médico-chirurgicale d'une capacité d'accueil de 13 lits

- 1 salle de réveil

- 1 hall d'attente

- 1 salle de garde pour les infirmiers

- 1 salle de garde pour les anesthésistes

- 2 bureaux pour les médecins

- 1 bureau pour les surveillants des secteurs Urgences et Réanimation avec, inclus, 1 secrétariat.

Au moment de notre travail, le personnel du Service est composé de :

- 1 maître-assistant en anesthésie-réanimation, chef de Service

- 1 médecin généraliste

- 26 infirmiers dont 11 techniciens supérieurs en anesthésie

- 8 aides-soignants

- 1 secrétaire

- 1 agent d'entretien.

Depuis 5 ans, des médecins en spécialisation d'anesthésie-réanimation y font des stages.

Les activités du SARU sont représentées par : les consultations, l'accueil et la mise en condition des urgences médico-chirurgicales, les soins et visites aux patients hospitalisés, les gardes et permanences, la réanimation pré, per et post opératoire, les enseignements théoriques aux étudiants en PCEM2 et DCEM.

2.1.3 Présentation de l'HEB et de son Service de Chirurgie Générale

L'HEB est situé à 110 km au nord de Parakou, dans la commune de Bembéréké. Il a été établi en 1961 par la mission protestante SIM (Société Internationale Missionnaire). Depuis 1983, l'hôpital appartient à l'UEEB (Union des Eglises Evangéliques du Bénin). De 43 lits au début, sa capacité d'accueil est passée à 240 lits à ce jour. L'HEB comprend :

- 1 Dispensaire

- 1 Service de Chirurgie Générale

- 1 Service de Médecine

- 1 Service de Pédiatrie

- 1 Service pour tuberculeux

- 1 Service de Gynécologie et d'Obstétrique

- 1 Unité de soins aux nouveau-nés

- 1 Clinique d'Ophtalmologie

- 1 Bloc opératoire

- 1 Pharmacie

- 1 Laboratoire

- 1 Salle de radiologie

- 1 Service de kinésithérapie

- 1 Bloc administratif, une salle de formation

- 1 Atelier

- 1 Station de 26 logements.

L'HEB fonctionne comme un centre de référence officiel de première intention pour les formations sanitaires de niveau périphérique du Borgou.

Le Service de Chirurgie Générale de l'HEB dispose de :

- 1 pavillon d'hospitalisation d'une capacité d'accueil de 52 lits répartis en 4 salles

- 1 salle d'accueil et de consultation chirurgicale

- 1 salle de garde des infirmiers.

Au moment de notre travail, le personnel du Service de Chirurgie Générale est composé de :

- 1 assistant en Chirurgie générale, chef de Service

- 8 infirmiers/ infirmières

- 3 aides-soignants

- 2 techniciens de surface.

Les activités menées dans le Service de Chirurgie Générale de l' HEB sont: les consultations, les visites aux hospitalisés, les gardes et permanences, les interventions chirurgicales et l'entretien des salles.

2.1.4 Présentation de l'Hôpital Saint Jean de Dieu de Boko

L'Hôpital Saint JeandeDieu de Boko est un hôpital catholique de l'Archidiocèse de Parakou, à caractère privé et à but non lucratif. Il est situé dans l'arrondissement de Sirarou, commune de N'Dali, à 10km au nord de la ville de Parakou. D'abord dispensaire de brousse à sa création en 1966, il est érigé en l'an 2000 en hôpital de zone pour la zone sanitaire Parakou- N'Dali. Il dispose des services suivants :

- le Service de pédiatrie

- le Service de médecine

- le Service de chirurgie générale

- le Service des urgences

- la Maternité

- le Laboratoire

- le Service d'imagerie médicale

- le Service de kinésithérapie

- la Pharmacie

- le Service administratif et ses annexes.

Le service de Chirurgie générale dispose de :

- 1 salle d'hospitalisation d'une capacité d'accueil de 28 lits

- 1 bloc opératoire qui comprend :

· 2 salles opératoires

· 1 vestiaire

· 1 couloir de préparation

· 1 salle de réveil

· 1 salle de stérilisation

· 1 bureau

· 1 magasin.

Au moment de notre travail, le personnel du Service de chirurgie générale est composé de :

- 1 médecin

- 2 anesthésistes

- 1 instrumentiste

- 10 infirmiers dont 4 infirmiers diplômés d'état et 6 infirmiers de Santé

- 4 aides-soignants.

Les activités du Service de chirurgie générale de l'Hôpital Saint Jean de Dieu de Boko sont représentées par : les interventions chirurgicales, les soins et visites aux malades hospitalisés, les gardes et les permanences.

2.1.5 Présentation de l'Hôpital Saint Martin de Papané

L'Hôpital Saint Martin de Papané (HSMP) est situé dans la commune de Tchaourou, à 76 km de la ville de Parakou et 7 km au sud du centre de la ville de Tchaourou. Il a été créé en 1972 sur l'initiative de l'évêque de Parakou. En 2000, l'Etat béninois l'a érigé en hôpital de la zone sanitaire de Tchaourou.

D'une capacité litière de 90 lits, l'HSMP comprend:

- le Service de Gynécologie et Obstétrique

- le Service de Pédiatrie

- le Bloc opératoire

- le Dispensaire

- le Service des Urgences

- le Service de Médecine

- le Laboratoire

- le Service d'Imagerie médicale

- la Kinésithérapie

- l'Ophtalmologie

- le Bloc administratif.

Les infrastructures dont dispose le Service de chirurgie générale de l'HSMP se résument à 3 salles d'hospitalisation d'une capacité d'accueil de 13 lits.

Au moment de notre travail, le personnel est composé de :

- 1 chirurgien

- 4 infirmiers

- 3 aides-soignants

- 1 agent d'entretien.

Les activités qui y sont menées comprennent essentiellement : les visites et soins aux patients hospitalisés, les permanences et les gardes.

2.2 PATIENTS

La population ciblée par le présent travail est celle du groupe socioculturel peulh du département du Borgou, au nord-est du Bénin. Pour une meilleure compréhension du sujet de notre étude, nous décrirons certaines particularités de cette ethnie.

2.2.1 Origines des peuls

L'origine des peuls reste assez controversée mais l'hypothèse la plus plausible serait l'origine saharienne, celle des hamites de la société du boeuf. Il semble que l'ethnie se soit constituée au cours du haut moyen âge dans la vallée du Sénégal et les régions adjacentes de l'est et du nord-est puis se serait étendue vers le sud et vers l'est. Ces migrations ont permis aux peuls d'occuper dès le XVIIè siècle l'espace actuel[31].

2.2.2 Localisation

Présents dans tous les états de l'Afrique de l'Ouest ainsi qu'au Tchad, en République Centre Africaine et au Soudan, les peuls n'en constituent cependant jamais le peuplement majoritaire bien que le nord du Nigeria, la Guinée, le Sénégal, le nord Cameroun et le Niger en comptent d'importantes communautés.Au Bénin, les peuls représentent 4,2% de la population générale et sont répartis sur l'ensemble du territoire[32].

2.2.3 Activités et ressources

Les peuls forment généralement une minorité au milieu des autres populations africaines. Ils sont ainsi d'une grande diversité. Les uns sont pasteurs nomades dont l'économie est basée sur l'élevage qui leur fournit des produits laitiers mais pas de viande(car ils ne tuent pas et ne vendent pas leurs animaux) ; les autres sont mélangés aux populations locales, sédentarisés dans des villages et parfois les villes, fortement islamisés [31]. A la différence d'autres populations, les pasteurs peuls sont gouvernés par les activités nécessaires à la survie de leurs animaux. Beaucoup d'entre eux refusent toute activité qui ne concerne pas l'élevage extensif.En Afrique de l'Est et de l'Ouest, on estime que 50 millionsd'éleveurs subviennent aux besoins de leur famille et de leurcommunauté et soutiennent une imposante filière de viande, de cuiret de peaux à partir de bêtes exclusivement nourries des pâturagesnaturels des zones arides[33].La femme peule rurale ou nomade, sans faire de l'agriculture(sauf pour les récoltes), est une grande transformatrice routinière de lait de vache dont elle assure la commercialisation [34].

2.2.4 Organisations sociale et politique

2.2.4.1 Structures sociales

Les structures sociales présentent des variantes dans les diverses communautés. L'endogamie, essentielle chez les nomades pour conserver le plus de bétail, subit chez les sédentaires des entorses apportées par l'islam ou la nécessité de s'adapter aux cultures voisines. Le mariage inter ethnique peut être libre, fondé sur le principe de la négociation individuelle de la future épouse, avec une forte prépondérance pour la polygamie. Le groupe est aussi patrilocal et patrilinéaire [35].

2.2.4.2 Institutions politiques

Foncièrement individualistes et toujours prêts à fuir devant toute contrainte, les peuls n'ont longtemps connu que l'autorité politique du chef d'un fragment de lignage sur les siens. Etre peul, ce serait "être libre". Se réaliser en effet, ne peut se faire ni sous le joug de, ni sous la séduction de, ni même sous les conseils d'une tierce autorité. La « pulanité » est autonome. Il n'y a pas de communautarismechez les peuls mais il y a des revendications culturelles et identitaires, des clans, des individualités, des groupes épars. Le chef ou une autorité quelconque, est élu à la participation active.

2.2.5 Peuls nomades et outils

Les outils utilisés pour la conduite et l'entretien des troupeaux sont simples. Il s'agit de couteau, coupe-coupe, bâton, sabre et corde. Les outils tranchants servent à couper le bois pour les enclos et à faire les opérations chirurgicales. Le bâton sert dans la conduite du troupeau et permet à l'éleveur de se défendre contre les prédateurs. La corde intervient dans les opérations chirurgicales notamment la castration, dans le sevrage des veaux et aussi pour attacher les animaux.

2.2.6 Conflits

Les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont chose courante. L'installation de colons sur leurs pâturages et l'intensification de leurs activités agricoles et pastorales génèrent de nombreux conflits territoriaux. Le pastoralisme repose sur des stratégies de production uniques au sein desquelles la faculté de se déplacer joue un rôle essentiel. Or, se déplacer pose désormais un grave problème. Les pâturages sont investis pour d'autres usages, l'accès à l'eau et aux marchés devient de plus en plus difficile et la rentabilité économique de l'élevage devient gravement compromise. Les bêtes produisent moins de viande, moins de lait et elles sont plus vulnérables à la sécheresse et à la maladie. La pauvreté, la dégradation des ressources et les conflits s'accentuent [33]. Parmi les principaux problèmes rencontrés et qui causent de nombreux conflits, nous pouvonsciter les situations suivantes :

· Les éleveurs peuls pratiquent un élevage extensif de transhumance. Lorsqu'ils sont implantés quelque part, ils y restent le temps de la saison des pluies, puis partent en transhumance à la recherche d'eau et de verts pâturages. Au retour de la saison des pluies, ils retournent dans leurs localités d'origine. Cependant, il arrive bien souvent qu'à leur retour, ils trouvent que les agriculteurs ont occupé entretemps ces espaces. Ainsi naît une première catégorie de conflits entre les deux parties.

· Une autre source de conflit est l'occupation délibérée des terres où les éleveurs, traditionnellement nomades, se sont sédentarisés à la faveur de la colonisation et des règlementations élaborées depuis l'indépendance. Cet expansionnisme des populations agricultrices s'explique par l'explosion démographique qui nécessite la conquête de nouveaux espaces agricoles. Aussi, l'agriculture de plus en plus difficile, pousse les agriculteurs à aller, au même titre que les éleveurs, chercher de l'eau.

· Une troisième catégorie de conflit naît du fait que le bétail, sur sa route de transhumance, piétine les plantes dans les champs des agriculteurs. Lorsque les demandes d'exorbitants dommages et intérêts ne sont pas satisfaites, les agriculteurs et les éleveurs entrent en conflit. Ce genre de conflit est le plus récurrent et conduit de temps en temps à des tueries.

2.3 METHODE D'ETUDE

2.3.1 Type d'étude

La présente étude est multicentrique rétrospective, de type descriptif et analytique couvrant une période de deux ans allant du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2012.

2.3.2 Population d'étude

Les patients retenus pour cette étude ont été recensés parmi ceux qui ont été reçus dans les Services de Chirurgie Générale des centres ciblés dans le cadre d'étude au cours de la période d'étude.

2.3.2.1 Critères d'inclusion 

Les patients inclus dans cette étude sont ceux qui ont été reçus dans les services de Chirurgie Générale du CHD-B, de l'HEB, de l'HSJD-Boko et de l'HSMP et répondant aux critères suivants :

· être d'ethnie peulhou apparentée et victime d'un traumatisme par arme

· être d'ethnieautre que peulh ou apparentée et victime d'un traumatisme par arme engendré par un sujet peulh ou apparenté

· avoir été hospitalisé ou mis en observation ;

· posséder un dossier ou une observation médicale renseignant clairement sur : l'identité du patient, le(s) motif(s) de consultation, les circonstances, lieu et heure de survenue du traumatisme, l'arme en cause, le délai d'admission, le traitement antérieur, les données de l'examen physique, les examens radiologiques, le traitement et l'évolution.

2.3.2.2 Critère de non inclusion 

N'ont pas été inclus dans cette étude :

- les patients répondant aux critères ci-dessus mais victimes de coups de poing non américains ou traités à titre externe (car il est difficile de retrouver les traces écrites du passage de ces-derniers dans les centres de soins)

- les patients d'ethnie autre que peulh ou apparentée victime d'un traumatisme par arme non induit par un sujet d'ethnie peulh ou apparentée.

2.3.3 Définition des variables étudiées

Les variables étudiées dans notre étude sont de deux types. Il s'agit des variables dépendantes et des variables indépendantes.

2.3.3.1 Variables dépendantes 

Elles sont représentées par :

· l'ethnie de la victime et/ou de l'auteur du traumatisme soit l'ethnie peulh

· tous les types de traumatismes par arme

· tous les types d'armes.

2.3.3.2 Variables indépendantes

Il s'agit :

· des autres caractéristiques sociodémographiques à savoir : l'âge, le sexe, l'adresse, la date d'admission, le mode d'admission, la profession ;

· des aspects cliniques, thérapeutiques et évolutifs : le motif de consultation, les signes physiques, les signes radiologiques, le diagnostic retenu, le traitement, l'évolution et la durée totale d'hospitalisation.

2.3.4 Plan de collecte des données

2.3.4.1 Méthode de collecte et technique

La méthode de collecte des données utilisée est celle de l'exploitation des observations et dossiers médicaux.

2.3.4.2 Outils

Nous avons utilisé pour la collecte des données une fiche individuelle de dépouillement (voir en ANNEXE 5) et les dossiers ou observations médicales des patients.

2.3.4.3 Moyens humains

Pour la réalisation de la présente étude, la collaboration des Directeurs d'Hôpitaux, des chefs des Services de Chirurgie Générale et des surveillants de pavillons d'hospitalisation des différents centres parcourus a été nécessaire. Le tri et la collecte des données ont été réalisés par nous-même.

2.3.4.4 Procédés de collecte des données

Pour la réalisation de cette étude, il nous a fallu successivement:

· recenser dans les registres d'entrée et d'hospitalisation des Services de Chirurgie Générale des différents hôpitaux parcourus tous les patients enregistrés pour un traumatisme par arme entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2012 ;

· chercher et sortir des archives leur dossier ou leur observation médicale ;

· sélectionner ceux qui répondaient à nos critères d'inclusion ;

· réaliser, sur un échantillon de 15 dossiers parmi ceux retenus, un test permettant de : vérifier la faisabilité du dépouillement, relever les contraintes liées à l'utilisation des fiches de dépouillement, ajuster les informations contenues dans les fiches ;

· remplir la fiche individuelle de dépouillement à partir de chaque dossier ou observation sélectionné.

2.3.4.5 Traitement et analyse des données

Les données recueillies ont été saisies et analysées sur microordinateur portatif à l'aide du logiciel Epi Info version 3.5.4. Le logiciel Word Excel a servi à l'organisation des données sous forme de tableaux et de graphiques. Le logiciel Word 2007 nous a servi à la saisie de la thèse. Les tests statistiques utilisés pour l'analyse des données sont : la moyenne arithmétique, le Chi2 et le test de Fisher. Pour les comparaisons, une probabilité p < 5. 10-2 a été considérée comme statistiquement significative.

2.3.5 Difficultés du travail

Les difficultés rencontrées dans la réalisation de ce travail sont de trois ordres. Il s'agit des difficultés liées au système d'archivage des différents hôpitaux parcourus, celles liées aux patients et celles liées au personnel de santé.

2.3.5.1 Difficultés liées au système d'archivage dans les différents hôpitaux

Le caractère rétrospectif de la présente étude a été source de certaines limites. Il s'agit notamment de :

· la mauvaise tenue des dossiers médicaux dans les armoires de rangement prévues à cet effet. Ce fait a surtout été observé au CHD-B ;

· l'absence des examens radiologiques dans les dossiers des patients dans les hôpitaux de zone parcourus. Ceci est lié au système d'archivage de ces centres qui ne prévoit de place que pour les observations médicales ;

· les difficultés à retrouver, pour y noter le suivi, les dossiers des patients après leur mise en exéat ; ceci lié à la non classification des dossiers notamment au CHD-B

· l'insuffisance de données statistiques exploitables sur les activités globales de ces centres.

2.3.5.2 Difficultés liées aux patients

Elles sont représentées par :

· le caractère non exhaustif des renseignements généraux donnés par les patients ;

· lenon respect des rendez-vous de contrôle clinique, radiologique et thérapeutique ;

· la limitation des moyens financiers déclarée par de nombreux patients ; ceci rendant difficiles les explorations radiologiques voire la mise en application des thérapeutiques adéquates.

2.3.5.3 Difficultés liées au personnel de santé

Elles ont trait à :

· la mauvaise tenue des registres d'entrée et d'hospitalisation ; ceci ne permettant souvent pas de retrouver les patients traités à titre externe et les dossiers médicaux de certains patients hospitalisés ;

· la perte des dossiers ou observations médicales de certains patients hospitalisés dans les différents services de Chirurgie Générale. Au CHD-B, nous avons par ailleurs observé que certains ainés ont emporté chez eux des dossiers de patients et ne les ont pas rapporté une fois leurs travaux de thèse terminés.

· la mauvaise tenue des dossiers avec perte fréquente des clichés radiologiques ;

· le manque de rigueur dans la description clinique et radiologique des lésions.

2.3.6 Considérations éthiques

Cette étude a été réalisée en conformité avec les normes déontologiques en vigueur. L'anonymat des patients concernés par ce travail a été respecté. Pour accéder aux archives des différents centres, nous avons obtenu l'autorisation de leurs Directeurs respectifs, celle des Chefs de Services de Chirurgie Générale et celle du Chef de Service du Département d'Anesthésie, Réanimation et Urgences du CHD-B.

RESULTATS

3. RESULTATS

3.1 ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES 

3.1.1 Fréquences

3.1.1.1 Dans les différents centres

Au cours de la période allant du 1er Janvier 2011 au 31 Décembre 2012, 5700 cas de traumatismes ont été enregistré dans les services de Chirurgie Générale du cadre d'étude parmi lesquels 200 cas de traumatismes par armes, soit une prévalence de 3,5%. La fréquence des traumatismes par armes dans la population du cadre d'étude est rapportée dans le tableau suivant :

Tableau II: Fréquence des traumatismes par armes dans les différents centres selon l'année(Etude multicentrique 2011-2012).

 

Cas de traumatismes

Cas de traumatismes par armes

Fréquence des traumatismes par armes(%)

2011

2791

93

3,3

2012

2909

107

3,7

Total

5700

200

3,5

3.1.1.2 Au sein des populations peules

Huit cent trente-neuf (839) patients d'ethnie peulhont été reçus dans le cadre d'étude suite à un traumatisme. On dénombrait parmi ceux-ci : 494 cas d'accidents de circulation (58,9%),187 cas de traumatismes par armes, 110 cas de chutes de lieux élevés notamment des chutes d'arbres (13,1%), 20 cas d'accidents par cornes ou sabot de boeufs (2,4%), 16 cas d'accidents domestiques (1,9%), 11 cas de brûlures (1,3%) et 1 cas d'accident électrique (0,1%). La fréquence des traumatismes par armes au sein de ce groupe socioculturel selon l'année est rapportée dans le tableau ci-après :

Tableau III: Fréquence des traumatismes par armes au sein des populations peules selon l'année(Etude multicentrique 2011-2012).

 

Patients peuls traumatisés (a)

Peuls traumatisés par armes (b)

(%)

2011

370

87

23,5

2012

469

100

21,3

Total

839

187

22,3

Ainsi, au cours de la période d'étude, 200 cas de traumatismes par armes en milieu peul ont été recensés au sein du cadre d'étude. En tenant compte des critères d'inclusion, nous avons retenu 186 cas pour le présent travail.

3.1.2 Répartition selon les formations sanitaires d'accueil

Tableau IV: Répartition des patients en fonction des formations sanitaires d'accueil (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

CHD-B

55

29,6

HEB

109

58,6

HSJD-B

8

4,3

HSMP

14

7,5

Total

186

100

3.1.3 Age

Dans notre série, la moyenne d'âge des patients était de 24 #177; 12,1ans avec des extrêmes de 1 et 76 ans. La médiane était 23 et le mode 25. La répartition des patients en fonction des tranches d'âge est présentée dans la figure 3 ci- après :

Figure 3: Répartition par tranches d'âge des patients victimes de traumatismes par armes en milieu peul(Etude multicentrique 2011-2012).

3.1.4 Sexe

Dans notre série, 173 hommes (93%) et 13 femmes (7%) étaient concernés par les traumatismes par arme. La sex-ratio était égale à 13,3.

Tableau V: Répartition des patients selon les tranches d'âge et le sexe(Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Total

Pourcentage

Féminin

Masculin

< 15 ans

4

29

33

17,7

15-24 ans

2

73

75

40,3

25-34 ans

1

51

52

28,0

35-44 ans

4

10

14

7,5

45-54 ans

-

5

5

2,7

= 55 ans

2

5

7

3,8

Total

13

173

186

100,0

3.1.5 Profession

Figure 4: Répartition des patients selon la profession(Etude multicentrique 2011-2012).

* il s'agit des enfants de moins de 5ans

†  il s'agit d'un élève et d'un conducteur de taxi moto

3.1.6 Ethnie

Tableau VI: Répartition des patients en fonction de leur ethnie (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Peuls et apparentés

173

93,0

Bariba

6

3,2

Ditamari

3

1,6

Autres*

4

2,2

Total

186

100,0

* Berba, Djerma, Mahi, Lokpa

Tableau VII: Répartition des auteurs des traumatismes en fonction de leur ethnie(Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Peuls et apparentés

120

64,5

Bariba

7

3,8

Ditamari

1

0,5

Ethnie indéterminée

38

20,4

Pas d'auteur (accidents)

20

10,8

Total

186

100,0

3.1.7 Mode de vie

Les nomades étaient au nombre de 128 soit 68,8% de la population et les sédentaires au nombre de 58 soit 31,8%.

3.1.8 Période de survenue des traumatismes

Figure 5: Répartition des patients selon le mois de survenue des traumatismes(Etude multicentrique 2011-2012).

Figure 6: Répartition des patients selon la saison de survenue du traumatisme (Etude multicentrique 2011-2012).

Tableau VIII: Répartition des patients en fonction de l'année de survenue(Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

2011

84

45,2

2012

102

54,8

Total

186

100,0

Tableau IX: Répartition des patients selon l'heure (h) de survenue du traumatisme(Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

[0-7h[

27

14,5

[7-18h[

98

52,7

[18-24h[

61

32,8

Total

186

100,0

3.1.9 Lieu de survenue des traumatismes

Figure 7: Répartition des patients en fonction du lieu de survenue du traumatisme (Etude multicentrique 2011-2012).

3.1.10 Causes des traumatismes

Figure 8: Répartition des patients en fonction des catégories de causes (Etude multicentrique 2011-2012).

Tableau X: Répartition des patients en fonction des causes (Etude multicentrique 2011-2012)

 

Effectif

Pourcentage

Causes indéterminées

16

8,6

Causes non intentionnelles

24

12,9

Causes intentionnelles

Rixe

89

47,8

Règlement de compte

10

5,4

Conflit agriculteur-éleveur

26

14,0

Vol

12

6,5

Braquage

09

4,8

Total

186

100,0

Figure 9: Répartition des catégories de causes selon les tranches d'âge (Etude multicentrique 2011-2012).

Tableau XI: Relation entre les causes et les tranches d'âge (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Cause indéterminée

Cause non intentionnelle

Rixe

Règlement de compte

Conflit agriculteur- éleveur

Vol

Braquage

Total

<15ans

3

18

11

-

1

-

-

33

15-24ans

6

2

44

6

9

5

3

75

25-34ans

4

2

26

1

12

4

3

52

35-44ans

1

-

6

1

1

2

3

14

45-54ans

1

-

-

2

2

-

-

5

= 55ans

1

2

2

-

1

1

-

7

Total

16

24

89

10

26

12

9

186

p<< 0

Tableau XII: Relation entre les causes et le sexe du patient (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Féminin

Masculin

Féminin

Masculin

Causes indéterminées

1

15

0,5

8,1

Causes non intentionnelles

3

21

1,6

11,3

Causes intentionnelles

Rixe

8

81

4,3

43,6

Règlement de compte

1

9

0,5

4,8

Conflit agriculteur-éleveur

-

26

-

14,0

Vol

-

12

-

6,5

Braquage

-

9

-

4,8

Total

186

100,0

p = 49,94 10-2

Tableau XIII:Relation entre les causes et la profession des patients (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Cause indéterminée

Causes non intentionnelles

Rixe

Règlement de compte

Conflit agriculteur-éleveur

Vol

Braquage

Total

Sans profession*

-

7

-

-

-

-

-

7

Bouvier

14

7

68

8

9

5

7

118

Cultivateur

1

8

12

1

17

3

2

44

Femme au foyer

1

2

8

1

-

-

-

12

Commerçant

-

-

1

-

-

3

-

3

Autres

-

-

-

-

-

1

-

2

Total

16

24

89

10

26

12

9

186

p<<0

* enfants de moins de 5 ans ; † élève, conducteur de taxi-moto

Tableau XIV:Relation entre les causes des traumatismes et le mode de vie des patients (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Nomade

Sédentaire

Nomade

Sédentaire

Causes indéterminées

14

2

7,5

1,1

Causes non intentionnelles

11

13

5,9

7,0

Causes intentionnelles

Rixe

73

16

39,3

8,6

Règlement de compte

8

2

4,3

1,1

Conflit agriculteur- éleveur

9

17

4,8

9,1

vol

6

6

3,2

3,2

Braquage

7

2

3,8

1,1

Total

186

100,0

p<<0

Figure 10: Répartition des catégories de causes selon l'année de survenue des traumatismes (Etude multicentrique 2011-2012).

Tableau XV: Relation entre la cause et l'heure (h) du traumatisme (Etude multicentrique 2011-2012).

 

[0-7h[

[7-18h[

[18-24h[

Total

Causes indéterminées

1

11

4

16

Causes non intentionnelles

-

20

4

24

Rixe

17

45

27

89

Règlement de compte

1

3

6

9

Conflit agriculteur-éleveur

2

14

10

26

Vol

4

4

4

12

Braquage

2

1

6

9

Total

27

98

61

186

p = 0,6 10-2

3.1.11 Nombre d'agresseurs

Dans notre série, 135 patients (72,6%) ont été victimes d'un seul agresseur et 31 autres (16,7%) victimes de plusieurs agresseurs. Dans les cas accidentels recensés chez 20 patients (10,7%), aucun agresseur n'était en cause.

Tableau XVI: Relation entre le nombre d'agresseurs et les causes du traumatisme (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Aucun

Un

Plusieurs

Total

Causes indéterminées

-

15

1

16

Causes non intentionnelles

20

4

-

24

Rixe

-

83

6

89

Règlement de compte

-

5

5

10

Conflit agriculteur-éleveur

-

21

5

26

Vol

-

7

5

12

Braquage

-

-

9

9

Total

20

135

31

186

p<< 0

3.1.12 Type d'arme

Tableau XVII: Répartition des patients en fonction du type d'arme en cause (Etudemulticentrique2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Armes blanches

Armes tranchantes seules

122

65,6

Armes contondantes seules

43

23,1

Armes tranchantes + Armes contondantes

6

3,2

Armes à feu

Armes à feu à balle

-

-

Armes à feu à plomb seules

14

7,6

Armes blanches et armes à feu

Armes à feu à plomb + armes tranchantes

1

0,5

Armes à feu à plomb + armes contondantes

-

-

Total

186

100,0

Plusieurs types d'armes ayant parfois été utilisés sur un même patient, le nombre total des armes en cause est supérieur au nombre total des patients.

3.1.12.1 Type d'arme blanche tranchante

Tableau XVIII: Répartition des patients en fonction du type d'arme blanche tranchante utilisée (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Coupe-coupe

65

50,4

Machette

49

38,0

Couteau

12

9,3

Hache ou hachette

2

1,5

Feuille de tôle

1

0,8

Total

129

100,0

3.1.12.2 Type d'arme blanche contondante

Tableau XIX: Répartition des patients selon les armes blanches contondantes utilisées (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Bâton

42

85,7

Gourdin

6

12,2

Pilon

1

2,1

Total

49

100,0

Tableau XX: Relation entre le type d'arme en cause et le sexe des patients

(Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Total

Masculin

Féminin

Armes blanches seules

Armes tranchantes seules

119

3

122

Armes contondantes seules

34

9

43

Armes tranchantes + Armes contondantes

6

-

6

Armes à feu seules

Armes à feu à balle

-

-

-

Armes à feu à plomb seules

13

1

14

Armes blanches + armes à feu

Armes à feu à plomb + armes tranchantes

1

-

1

Armes à feu à plomb + armes contondantes

-

-

-

Total

173

13

186

p = 0,027 10-2pour les armes blanches tranchantes 

p=0,05 10-2pour les armes blanches contondantes 

p= 47,97 10-2 pour les armes à feu à plomb

Tableau XXI:Relation entre le type d'arme utilisée et le mode de vie des patients (Etude multicentrique2011-2012).

 

Mode de vie

Total

Nomade

Sédentaire

Armes blanches seules

Armes tranchantes seules

83

39

122

Armes contondantes seules

30

13

43

Armes tranchantes + armes contondantes

4

2

6

Armes à feu seules

Armes à plomb seules

10

4

14

Armes blanches et armes à feu

Arme à plomb + arme tranchante

1

-

1

Total

128

58

186

p =39,96 10-2 pour les armes blanches tranchantes

p = 46,47 10-2pour les armes blanches contondantes

p = 36,24 10-2 pour les armes à feu à plomb

Tableau XXII:Relation entre le type d'arme et le lieu de survenue du traumatisme (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Total

Champ

Domicile

Route

Village

Ville

Armes blanches seules

Armes tranchantes seules

27

19

10

64

2

122

Armes contondantes seules

3

9

-

31

-

43

Armes tranchantes + Armes contondantes

1

-

1

4

-

06

Armes à feu seules

Armes à feu à balle

-

-

-

-

-

00

Armes à feu à plomb seules

9

4

1

-

-

14

Armes blanches + armes à feu

Armes à feu à plomb + armes tranchantes

-

-

1

-

-

1

Armes à feu à plomb + armes contondantes

-

-

-

-

-

-

Total

40

32

13

99

2

186

p = 22,82 10-2 pour les armes blanches tranchantes

p = 1,26 10-2 pour les armes blanches contondantes

p = 0,02 10-2 pour les armes à feu à plomb

3.1.13 Mode d'admission

Nous avons noté dans notre série 71,5% d'admissions directes (133 patients) et 28,5% de référence (53 patients).

3.2 ASPECTS CLINIQUES

3.2.1 Données anamnestiques

3.2.1.1 Délai de consultation

Tableau XXIII: Répartition des patients en fonction du délai (en heure "h" ou jour "j") de consultation (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

? 1h*

7

3,8

[1-2h[

53

28,5

[2-6h[

76

40,9

[6-24h[

21

11,3

[1-7j[

21

11,3

[7-30j[

8

4,3

Total

186

100,0

au minimum 45 minutes.

 
 

3.2.1.2 Soins reçus sur le lieu du traumatisme

Tableau XXIV: Répartition des patients en fonction des soins reçus sur le lieu du traumatisme (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Bandage de fortune

29

15,6

Garrot de fortune

6

3,2

Soin traditionnel local

-

-

Aucun soin reçu

151

81,2

Total

186

100,0

3.2.1.3 Traitement reçu avant admission

Sur 53 patients référés, 16 (30,2%) n'ont reçu aucun traitement, 3 (5,7%) ont reçu un traitement traditionnel local, 7 (13,2%) ont reçu un traitement médicamenteux seul, 12 (22,6%) ont bénéficié d'un traitement chirurgical et 15 patients (28,3%) ont bénéficié à la fois d'un traitement chirurgical et d'un traitement médicamenteux.

3.2.1.4 Moyen d'admission

Tableau XXV: Répartition des patients en fonction du moyen d'admission (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Pieds

13

7,0

Motocyclettes

96

51,6

SMUR/ambulances

9

4,9

Taxis- brousses

67

36,0

Véhicule des sapeurs pompiers

1

0,5

Total

186

100,0

3.2.2 Données de l'examen physique

3.2.2.1 Signes généraux

Cent cinquante trois (153) patients ont été admis avec un bon état général, ce qui correspond à 82,3% des cas. Les trente trois (33) autres présentaient un mauvais état général, soit 17,7% des patients.

3.2.2.2 Nombre de lésions

Le nombre de lésions par patient variait de 1 à 8. Le traumatisme était de siège unique chez 114 patients (61,3%) et de siège multiple chez 72 patients (38,7%).

3.2.2.3 Type de traumatisme

Tableau XXVI: Répartition des patients en fonction des différentes atteintes (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Traumatismes crâniens et crânio-encéphaliques

77

Traumatismes maxillo-faciaux

30

Traumatismes cervicaux

20

Traumatismes thoraciques

22

Traumatismes abdominaux

19

Traumatismes des membres

111

Traumatismes des OGE

1

Figure 11: Répartition des patients selon le membre atteint (Etude multicentrique 2011-2012).

Plusieurs segments de membre pouvant être touchés chez un même patient, le tableau ci-après renseigne sur les atteintes de ceux-ci.

Tableau XXVII: Répartition des patients traumatisés des membres en fonction du segment de membre atteint (Etude multicentrique 2011-2012).

 
 

Effectif

Membre thoracique

Epaule

17

Bras

13

Coude

10

Avant-bras

36

Poignet

10

Main

47

Membre pelvien

Hanche

2

Cuisse

4

Genou

6

Jambe

2

Cou-de-pied

3

Pied

9

Tableau XXVIII: Relation entre le type de traumatisme et le type d'arme en cause (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Arme blanche tranchante

Arme blanche contondante

Arme à feu à plomb

Probabilités

Traumatisme crânien

36

11

1

p1=6,65 10-2

p2=34,06 10-2

p3=4,33 10-2

Traumatisme crânio-encéphalique

18

18

-

p1=0,72 10-2

p2=0,02 10-2

p3=1,91 10-2

Traumatisme maxillo-facial

21

9

1

p1=47,46 10-2

p2=30,83 10-2

p3=16,46 10-2

Traumatisme cervical

14

4

2

p1=48,41 10-2

p2=26,14 10-2

p3=35,28 10-2

Traumatisme thoracique

15

10

1

p1=44,22 10-2

p2=2,10 10-2

p3=29,33 10-2

Traumatisme abdominal

8

12

3

p1=0,54 10-2

p2=0,02 10-2

p3=11,87 10-2

Traumatisme des membres thoraciques

73

18

11

p1=5,67 10-2

p2=0,50 10-2

p3=5,15 10-2

Traumatismes des membres pelviens

17

1

7

p1=31,77 10-2

p2=0,30 10-2

p3=0,03 10-2

Traumatisme des OGE

-

-

1

p1=15,32 10-2

p2=36,83 10-2

p3=4,03 10-2

p1= probabilité avec arme blanche tranchante 

p2= probabilité avec arme blanche contondante 

p3= probabilité avec arme à feu à plomb.

3.2.2.4 Signes physiques

Inspection

v Crâne

Les signes objectivés à l'inspection des patients (n) traumatisés du crâne sont :

· Plaie du scalp  n = 67

· Hémorragie  n = 29

· OEdème  n = 22

· Hématome  n = 8

· Ecchymose  n = 5

· Dépression osseuse  n = 2

· Aucun signe  n = 1

v Face

L'inspection des patients (n) traumatisés de la face a permis de noter les signes suivants :

· Plaie  n = 26

· OEdème  n = 15

· Hémorragie  n = 7

· Ecchymose  n = 4

· Rhinorrhée/ Rhinorragie  n = 3

· Otorrhée/ Otorragie  n = 1

· Ecchymose périorbitaire en lunette  n = 1

· Déformation faciale  n = 1

· Aucun signe  n = 1

v Cou

Chez les patients (n) traumatisés du cou, les signes objectivés à l'inspection sont :

· Plaie cervicale antérieure  n = 5

· Section de la trachée n = 2

· Section de l'oesophage n = 2

· Plaie cervicale postérieure  n = 8

· Plaie cervicale latérale  n = 4

· OEdème  n = 3

· Ecchymose  n = 3

· Hémorragie  n = 1

· Aucun signe  n = 1

v Thorax

Les signes suivants ont été objectivés à l'inspection des patients (n) traumatisés du thorax :

· Ecchymose  n = 10

· Plaie thoracique postérieure, inter scapulaire  n = 9

· Plaie thoracique antérieure  n = 2

· Plaie paravertébrale  n = 1

· OEdème  n = 1

v Abdomen

Les patients (n) traumatisés de l'abdomen ont présenté les signes suivants :

· Ecchymose  n = 10

· Eventration  n = 3

· Eviscération  n = 3

· Plaie punctiforme  n = 3

· Ballonnement abdominal  n = 1

v Membres

Les patients traumatisés des membres ont présenté les signes suivants :

· Plaie  n = 99

· Impotence fonctionnelle  n = 50

· OEdème  n = 43

· Lésion tendineuse  n = 30

· Hémorragie  n = 23

· Lésion des grosses artères  n = 12

· Lésion nerveuse  n = 3

· Déformation  n = 15

· Section incomplète de segment de membre  n = 14

· Ecchymose  n = 9

· Amputation  n = 4

· Gangrène  n = 1

Palpation

v Crâne

Quarante trois (43) patients se sont plaint de douleur périlésionnelle. Une mobilité osseuse a été retrouvée chez six (06) patients et un creux osseux chez un (01) patient.

v Face

L'examen a révélé chez les traumatisés de la face :

- unedouleur locale chez 20 patients

- une mobilité osseuse anormale chez 1 patient.

La palpation a été indolore chez 10 patients.

v Cou

Les signes locaux objectivés étaient :

- une douleur locale chez 13 patients

- une mobilité osseuse anormale chez 2 patients.

La palpation a été négative chez 5 patients.

v Thorax

La palpation a révélé :

- une douleur thoracique chez 12 patients (54,6%)

- des crépitations sous-cutanées chez 1 patient.

Neuf (9) patients n'ont présenté aucun signe.

v Abdomen

Les signes objectivés étaient :

- la douleur abdominale chez 13 patients

- le syndrome d'irritation péritonéale chez 3 patients

La palpation a été sans anomalie chez 3  patients.

v Membres

A la palpation des membres, ont été objectivés :

· une douleur locale chez 59 patients

· un point douloureux exquis chez 44 patients

· une mobilité osseuse anormale chez 37 patients

· une perte des repères osseux chez 8 patients

· un creux osseux chez 1 patient

· aucun signe chez 12 patients

Percussion

v Thorax

Aucun traumatisé du thorax n'a présenté de signe local anormal à la percussion de la région traumatisée.

v Abdomen

La percussion abdominale était sans anomalie chez 12 patients. Un patient a présenté une hypersonorité abdominale et un autre, une matité déclive.

Test clinique

Seule la région abdominale a été l'objet de test clinique. Celui-ci a consisté essentiellement en une exploration digitale des plaies chez 4 patients (44,4% des plaies abdominales).

3.2.2.5 Examen neuro-psychique

Tableau XXIX: Résultats de l'examen neuro- psychique (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Etat de conscience

Conscience claire

18

Coma léger

7

Coma modéré

5

Coma grave

7

Etat des pupilles

Normales

1

Mydriase unilatérale réactive

4

Mydriase unilatérale aréactive

1

Mydriase bilatérale aréactive

1

Myosis bilatéral

1

Motricité

Normale

31

Monoplégie

3

Hémiplégie

3

Tétraplégie

2

Sensibilité

normale

37

abolie

2

Etat des réflexes

ROT normaux

33

ROT diminués

2

ROT abolis

3

Babinski unilatéral

1

Convulsion

2

Délire

2

Céphalée

5

Agitation

2

Troubles sphinctériens

2

3.3 ASPECTS RADIOLOGIQUES

3.3.1 Types de lésions radiologiques

3.3.1.1 Au niveau du crâne

La radiographie du crâne a été demandée chez 43 patients traumatisés du crâne mais elle n'a été réalisée que chez 17 d'entre eux (22,1%). Six (6) scanners cérébraux ont été prescrits et quatre réalisés (5,2%). Un (1) seul patient a bénéficié d'une radiographie du rachis cervical (1,3%). Les lésions objectivées par ces différents examens sont les suivantes :

· solution de continuité osseuse  10 cas

· embarrure  3 cas

· contusion cérébrale  3 cas

· oedème cérébral avec effet de masse 1 cas

· image hyperdense en forme de lentille biconvexe  1cas

· image hyperdense en forme de lentille biconcave  1 cas

· image hypodense en forme de lentille biconcave  1cas

· plage hyperdense intra parenchymateuse  1 cas

· opacité additionnelle  1 cas

Les iconographies suivantes montrent quelques lésions crâniennes sur une incidence de profil de radiographies standards du crâne et en fenêtre parenchymateuse de scanners cérébraux:

Figure 12: fractures multiples de la voute crânienne par machette (Etude multicentrique 2011-2012).

Figure 13: Fracture de la voute crânienne (Etude multicentrique 2011-2012).

Figure 14: Image hyperdense en forme de lentille biconcave (Etude multicentrique2011-2012).

Figure 15: Image hypodense en forme de lentille biconvexe (Etude multicentrique2011-2012).

Figure 16: Image hyperdense en forme de lentille biconvexe (Etude multicentrique2011-2012).

3.3.1.2 Au niveau de la face

La radiographie du crâne a été prescrite à 6 patients traumatisés de la face mais une (01) d'elles n'a pas été honorée faute de moyens financiers. Une (01) radiographie des sinus de la face a été réalisée et 4 patients ont bénéficié d'examens ophtalmologiques. Les différentes lésions observées étaient :

· solution de continuité osseuse  3 cas

· opacité additionnelle  1 cas

· conjonctivite   2 cas

L'iconographie ci-après représente une solution de continuité mandibulaire  sur une radiographie du crâne, incidence de profil:

Figure 17: Fracas mandibulaire par arme à feu avec opacités additionnelles (Etude multicentrique 2011-2012).

3.3.1.3 Au niveau du cou

Dix (10) patients traumatisés du cou ont bénéficié d'une radiographie du rachis cervical (50%). Trois (03) scanners cervicaux ont été prescrits mais aucun d'eux n'a été honoré. Les lésions mises en évidence sur les radiographies étaient :

· solutions de continuité vertébrale  2 cas

· opacités additionnelles  2 cas

La figure 11 est une radiographie du rachis cervical, une incidence de profil

Figure 18: Fracture de l'axis et de C3par arme blanche avec retrolystésis de C3 (Etude multicentrique 2011-2012).

3.3.1.4 Au niveau du thorax

Cinq (5) radiographies du gril costal (22,7%), 6 radiographies pulmonaires (27,3%) et 1 radiographie du rachis dorsal (4,5%) ont été réalisées chez les patients traumatisés du thorax. Elles ont permis d'objectiver :

· unehyperclarté sous-cutanée diffuse chez 1 patient

· des opacités additionnelles chez 1 patient

3.3.1.5 Au niveau de l'abdomen

Six (06) patients ont bénéficié d'une radiographie de l'abdomen sans préparation (31,6%) et 2 autres d'une échographie abdominale (10,5%). Les lésions observées étaient les suivantes :

· opacité diffuse  1 cas

· niveaux hydroaériques  1 cas

· solution de continuité splénique  1 cas

· croissant gazeux inter hépato diaphragmatique  1 cas

· croissant gazeux inter gastro phrénique  1 cas

· grisaille  2 cas

· opacités additionnelles  2 cas

Figure 19: Croissants gazeux inter-hépato-diaphragmatique et inter-gastro-phrénique par arme à feu à plomb avec opacités additionnelles sur un cliché d'ASP (Etude multicentrique 2011-2012).

3.3.1.6 Au niveau des membres

Les seuls examens réalisés chez les patients traumatisés des membres étaient les radiographies standards. Elles ont été prescrites à 61 patients. Faute de moyens financiers, seuls 46 avaient été réalisées. Les lésions retrouvées étaient:

· solution de continuité osseuse  43 cas

· perte de contact entre deux surfaces articulaires  4 cas

· solution de continuité + perte de contact entre surfaces articulaires  5 cas

· image de soustraction de segment de membre : 1 cas

· opacités additionnelles : 9 cas

Les iconographies suivantes, tirées de clichés de radiographie standards des membres, montrent différentes lésions :

Figure 20: Image de soustraction de la phalange distale du 1er doigt de la main droite par machette avec multiples fragments osseux (Etude multicentrique 2011-2012).

Figure 21: Fractures multiples des 2e, 3e, 4e et 5e métacarpiens et des phalanges proximale et distale respectivement des 4e et1er doigtsde la main gauche par coupe-coupe (Etude multicentrique 2011-2012).

Figure 22: Fracture du 4e métacarpien de la main droite par arme à feu à plomb avec multiples opacités additionnelles (Etude multicentrique 2011-2012).

Figure 23: Fractures des 2 os de l'avant-bras gauche par coupe-coupe (Etude multicentrique 2011-2012).

Figure 24: Fracas osseux des 2e, 3e et 4e métatarsiens du pied droit par arme à feu à plomb avec multiples opacités additionnelles (Etude multicentrique 2011-2012).

Au terme des examens physiques et radiologiques, un bilan lésionnel soigneux a permis d'orienter les attitudes thérapeutiques.

3.3.2 Diagnostic lésionnel

3.3.2.1 Au niveau du crâne

Tableau XXX:Lésions crâniennes et cérébrales (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Contusions du cuir chevelu

14

Plaies du cuir chevelu

54

Fractures fermées

2

Fractures ouvertes de type 2

3

Fractures ouvertes de type 3

9

Hématomes extra-duraux aigus

2

Hématome sous-dural aigu

1

Hématome sous-dural chronique

1

Hématomes intra parenchymateux

2

Commotions cérébrales

12

Contusions cérébrales

8

Corps étrangers

1

Les traumatismes crâniens étaient purs dans 32 cas(41,6%). Les associations avec d'autres traumatismes étaient rencontrées dans 45 cas (58,4%). Les associations les plus fréquemment rencontrées étaient celles d'un traumatisme crânien ou crânio-encéphalique avec :

· un traumatisme des membres (30 cas)

· un traumatisme maxillo-facial (17 cas)

· un traumatisme thoracique (10 cas)

· un traumatisme cervical (9 cas)

· un traumatisme abdominal (6 cas).

Tableau XXXI: Siège des solutions de continuité osseuse au niveau du crâne (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Os pariétal

8

Os temporal

3

Os occipital

3

Ethmoïde

2

Sphénoïde

1

3.3.2.2 Au niveau de la face

Tableau XXXII: Diagnostic lésionnel de la face (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Plaies faciales

20

Fractures ouvertes de la mandibule

2

Fractures ouvertes du malaire

2

Contusions faciales

5

Plaies oculaires

2

Contusion oculaire

1

Corps étrangers de la face

1

3.3.2.3 Au niveau du cou

Tableau XXXIII: Diagnostic des lésions cervicales (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Fractures ouvertes de vertèbre cervicale

2

Contusions cervicales

3

Sections antérieures du cou

2

Sections postérieures du cou

3

Corps étrangers cervicaux

2

3.3.2.4 Au niveau du thorax

Tableau XXXIV: Diagnostic des lésions thoraciques (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Plaies à thorax fermé

8

Plaies ouvertes du thorax

2

Contusions thoraciques

10

Contusion de la moelle dorsale

1

Emphysème sous-cutané

1

Corps étrangers thoraciques

1

3.3.2.5 Au niveau de l'abdomen

Tableau XXXV: Diagnostic des lésions abdominales (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Plaies pariétales

3

Plaies pénétrantes

6

Plaie de l'estomac

1

Plaie de la rate

1

Plaie du grêle

1

Péritonite aigüe généralisée

2

Contusions abdominales

10

Corps étrangers abdominaux

3

3.3.2.6 Au niveau des membres

Tableau XXXVI: Diagnostic lésionnel des membres (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Fractures fermées

6

Fractures ouvertes type 1

1

Fractures ouvertes type 2

11

Fractures ouvertes type 3

44

Luxations

9

Contusions de membre

7

Corps étrangers des membres

11

v Os des membres traumatisés

Tableau XXXVII: Répartition des os des membres traumatisés (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Phalanges des doigts

15

Métacarpiens

8

Carpe

3

Radius

16

Ulna

14

Olécrâne

4

Humérus

3

Clavicule

2

Scapula

1

Fémur

2

Patella

1

Tibia

3

Fibula

1

Métatarsiens

1

Phalanges des orteils

3

Total

77

3.3.2.7 Au niveau des parties molles

Soixante dix-sept (77) plaies des parties molles et 1 cas de corps étranger scrotal ont été recensées.

3.4 ASPECTS THERAPEUTIQUES

3.4.1 Traitement médical

Les différents types de traitement médical reçu par les patients sont représentés dans le tableau ci-après:

Tableau XXXVIII: Type de traitement médical réalisé (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Fréquence

Mise en condition

6

3,3

Apports hydro électrolytiques/ remplissage vasculaire

78

41,9

Antalgiques

180

96,8

Anti inflammatoires non stéroïdiens

81

43,6

Antibiotiques

149

80,1

SAT/VAT

131

70,4

Anti anémiques

29

15,6

Sang et dérivés

9

4,8

Protecteur gastrique

9

4,8

Anti convulsivants

9

4,8

Tranquillisants

4

2,2

Supplémentation calcique

3

1,6

Anti thrombotiques

2

1,1

3.4.2 Traitement chirurgical spécifique

3.4.2.1 Au niveau du crâne

Concernant les lésions crâniennes,07 abstentions thérapeutiques ont été réalisées. Du point de vue opératoire, il a été réalisé 1 levée d'embarrure.

Les lésions cérébrales ont le plus souvent bénéficié d'un traitement opératoire qui a consisté en 2 évacuations d'hématome.

Chez 4 patients, le traitement proposé n'a pu être réalisé faute de moyens financiers.

3.4.2.2 Au niveau de la face

Aucun traitement chirurgical n'a été réalisé dans le service de Chirurgie Générale. Les patients ont été orientés vers le spécialiste pour une meilleure prise en charge.

3.4.2.3 Au niveau du cou

Comme traitement orthopédique, il a été mis en place une minerve.

Le traitement chirurgical a consisté en une suture de la trachée et de l'oesophage chez un patient.

Cinq (05) patients n'ont pas bénéficié du traitement initié faute de moyens financiers ou par survenue de leur décès.

3.4.2.4 Au niveau du thorax

Le traitement des lésions thoraciques a consisté essentiellement en une suture de la plèvre chez un patient. Deux (02) patients n'ont pas honoré leur traitement.

3.4.2.5 Au niveau de l'abdomen

Les patients ayant un traumatisme ouvert de l'abdomen ont tous bénéficié d'un traitement chirurgical. Le tableau ci-après résume l'attitude thérapeutique adoptée:

Tableau XXXIX: Traitement sanglant des lésions abdominales (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Vidanges d'épanchement

2

Suture d'une plaie gastrique

1

Suture d'une plaie du grêle

1

Splénectomie

1

Ablation de corps étrangers (plomb)

1

Suture pariétale

11

Une appendicectomie complémentaire a été réalisée lors de la laparotomie chez 3 patients (60% des cas).

3.4.2.6 Au niveau des membres

Le traitement orthopédique des membres thoraciques et pelviens a comporté les attitudes résumées dans le tableau ci-après:

Tableau XL: Répartition des traumatisés des membres thoraciques en fonction du traitement orthopédique reçu (Etude multicentrique 2011-2012).

 
 

Effectif

Membres thoraciques

Plâtre brachio palmaire

9

Plâtre thoraco brachial

1

Echarpe

4

Plâtre pendant

1

Manchette plâtrée

4

Gant plâtré

5

Application de bandage à l'Elastoplast

5

Attèle

12

Réduction de luxation

9

Total

50

Membres pelviens

Plâtre cruro pédieux

1

Attèle

4

Botte plâtrée

1

Bottillon plâtré

1

Total

7

Le traitement n'a pu être réalisé dans 7 cas aux membres thoraciques et dans 1 cas aux membres pelviens.

Les traitements opératoires étaient les suivants, résumés dans le tableau ci-après:

Tableau XLI: Traitement chirurgical des lésions des membres (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Sutures artérielles

10

Suture nerveuse

1

Ténorraphies

26

Ténoplastie

1

Embrochages

4

Vissage

1

Pose de plaque vissée

1

Pose de fixateurs externes

1

Haubanage

1

Amputations

6

Régularisations de moignons

9

Dans 4 cas, le traitement opératoire proposé n'a pu être réalisé, faute de moyens financiers ou par décès du patient entretemps. Les figures ci-après représentent quelques attitudes thérapeutiques opératoires réalisées au niveau des membres.

Figure 25: Plaque vissée posée en regard d'une fracture de l'extrémité inférieure du fémur droit (Etude multicentrique 2011-2012).

Figure 26: Broche intra claviculaire(Etude multicentrique 2011-2012).

3.4.2.7 Au niveau des OGE

Une ablation des corps étrangers a été proposée mais non réalisée, le patient ne disposant pas de moyens financiers pour payer le traitement.

3.5 ASPECTS EVOLUTIFS

3.5.1 Issue du traumatisme

Tableau XLII: Répartition des patients selon l'issue du traumatisme (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Effectif

Pourcentage

Exéat favorable/ Guérison

156

83,9

Sortie contre avis médical

22

11,8

Décès

8

4,3

Total

186

100,0

Tableau XLIII: Relation entre l'issue du traumatisme et la formation sanitaire d'accueil (Etude multicentrique 2011-2012).

 

CHD-B

HEB

HSJD-Boko

HSMP

Total

Exéat favorable/ Guérison

39

102

7

8

156

Sortie contre avis médical

11

5

1

5

22

Décès

5

2

 

1

8

Total

55

109

8

14

186

p = 0,07 10-2

Tableau XLIV: Relation entre l'issue et la cause du traumatisme (Etude multicentrique 2011-2012).

 

SCAM*

Décès

Exéat favorable/ guérison

Total

Cause indéterminée

2

-

14

16

Accident

-

-

24

24

Rixe

12

6

71

89

Règlement de compte

4

-

6

10

Conflit agriculteur- éleveur

-

1

25

26

Vol

1

1

10

12

Braquage

3

-

6

9

Total

22

8

156

186

p=2,67 10-2

* Sortie contre avis médical

Tableau XLV: Relation entre l'issue du traumatisme et le type d'arme en cause (Etude multicentrique 2011-2012).

 

SCAM

Décès

Exéat favorable/ guérison

Probabilité

Arme blanche tranchante

13

6

110

p= 51,97 10-2

Arme blanche contondante

7

2

40

p= 82,41 10-2

Arme à feu à plomb

2

-

13

p= 68,79 10-2

Tableau XLVI: Relation entre l'issue du traumatisme et les différentes atteintes (Etude multicentrique 2011-2012).

 

SCAM

Décès

Exéat favorable/ guérison

Probabilité

Traumatismes crâniens

5

-

41

p= 23,72 10-2

Traumatismescrânio encéphaliques

9

7

19

p= 0

Traumatismes maxillo- faciaux

6

-

24

p=16,35 10-2

Traumatismes cervicaux

3

3

14

p= 3,56 10-2

Traumatismes thoraciques

22

-

22

p= 9,08 10-2

Traumatismes abdominaux

-

-

19

p=13,07 10-2

Traumatismes des membres thoraciques

13

2

83

p=24,19 10-2

Traumatismes des membres pelviens

2

-

21

p=46,78 10-2

Traumatisme des OGE

-

-

1

p=90,79 10-2

Tableau XLVII: Relation entre l'issue du traumatisme et le mode d'admission des patients (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Exéat favorable/ Guérison

Décès

SCAM

Total

Direct

116

3

14

133

Référé

40

5

8

53

Total

156

8

22

186

p = 0,14 10-2

Tableau XLVIII: Relation entre l'issue du traumatisme et le délai d'admission des patients (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Exéat favorable/ Guérison

Décès

SCAM

Total

<1h

6

-

1

7

[1-2h[

49

-

4

53

[2-6h[

67

3

6

76

[6-24h[

15

3

3

21

[1-7j[

14

2

5

21

[7-30j[

5

-

3

8

Total

156

8

22

186

p = 2,65 10-2

Tableau XLIX: Relation entre l'issue du traumatisme et l'état général des patients (Etude multicentrique 2011-2012).

 

Exéat favorable/ Guérison

Décès

SCAM

Total

Bon

139

-

14

153

Mauvais

17

8

8

33

Total

156

8

22

186

p<< 0

3.5.2 Morbidité

Soixante douze patients ont présenté 106 complications, soit un taux de morbidité de 38,7%. Les complications recencées étaient les suivantes :

Ø Anémie 59 cas

Ø Cécité 2 cas

Ø Confusion mentale 1 cas

Ø Conjonctivite 3 cas

Ø Epilepsie 1 cas

Ø Escarres fessières 2 cas

Ø Etat de choc hémorragique 17 cas

Ø Etat de stress post traumatique 2 cas

Ø Insuffisance rénale aigue fonctionnelle 9 cas

Ø Raideur articulaire 7 cas

Ø Sepsis sévère 3cas

3.5.3 Durée d'hospitalisation

La durée moyenne d'hospitalisation était égale à 6,4 #177; 6,4 jours avec des extrêmes de 1 et 40 jours. La médiane était 4 et le mode 3.

3.5.4 Facteurs pronostiques

3.5.4.1 Caractéristiques des patients décédés

Elles étaient les suivantes :

v Formations sanitaires d'accueil : 5 patients (62,5%) sont décédés au CHD-B, 2 (25%) à l'HEB et 1 (12,5%) à l'HSMP.

v L'âge moyen des patients décédés était égal à 22,75 ans.

v Tous les patients décédés étaient de sexe masculin.

v Six (6) décès étaient secondaires à une rixe, un (1) à un vol et un (01) à un conflit entre agriculteur et éleveur.

v Toutes les armes impliquées étaient des armes blanches et 7 armes sur 8 étaient des armes tranchantes. Etaient impliquées : 4 machettes, 1 coupe-coupe, 1 couteau et 1 bâton.

v Trois (03) patients ont été admis entre 2 et 6 heures, trois autres entre 6 et 24 heures et les deux derniers entre 1 et 7 jours.

v Tous les patients décédés présentaient un mauvais état général à leur admission.

v Dans 50% des cas (4 patients), l'examen cardio-circulatoire était normal. Trois patients ont présenté un état de choc septique et un patient un état de choc hypovolémique.

v Six (06) patients avaient un TCE grave, associé dans 2 cas à un traumatisme vertébro-médullaire et dans 1 cas à un traumatisme du membre thoracique. Un (01) patient présentait un TCE léger et un patient a été victime d'un égorgement.

v Aucun examen radiologique n'a été réalisé chez ces patients, soit par instabilité hémodynamique soit faute de moyens financiers.

v Le traitement spécifique n'a été réalisé chez aucun des patients.

v Trois (3) patients sont décédés dans les 24heures, 2 dans les 72 heures, 2 dans le mois et 1 dans les 6 semaines après le traumatisme.

3.5.4.2 Facteurs de mauvais pronostic

Ils étaient représentés par :

v Les rixes, associées à un nombre important de décès (p = 2,67 10-2).

v Les TCE (p = 0) et traumatismes cervicaux (p = 3,56 10-2) étaient les plus meurtriers.

v Le mode d'admission sur référence  (p = 0,14 10-2)

v Le délai d'admission relativement long, compris entre 2 heures et 7 jours (p = 2,65 10-2)

v Le mauvais état général à l'admission, associé à des lésions potentiellement graves (p<<0).

Aucune étude n'ayant porté sur les traumatismes par armes liés à un groupe socio-culturel donné, nous comparerons les résultats obtenus dans cette étude à ceux décrits par d'autres auteurs en population générale.

DISCUSSION

4. DISCUSSION

4.1 ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES

4.1.1 Fréquence

Au cours de la période allant du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2012, les traumatismes par armes constituaient 22,3% des cas de traumatismes survenus au sein des populations peules. Il s'agissait de la deuxième cause de traumatismes au sein de ce groupe socio culturel, après les accidents de circulation (58,9%) et avant les chutes de lieux élevés (13,1%).

Cette observation est proche de celle rapportée par Odimba et al. [36] pour lesquels les causes des traumatismes graves dans les pays peu nantis d'Afrique étaient représentées par les accidents de trafic routier (46%) puis les agressions traumatiques (26,7%). Tomta et al. [37] ont cité les traumatismes par armes comme étant la deuxième cause de traumatismes thoraciques au CHU de Lomé (Togo) après les AVP (18,75% des cas). D'autres auteurs ont, par contre, fait des constats différents. En effet, pour Dansou [38], les causes des traumatismes graves dans la région Centre sont, dans l'ordre décroissant : les AVP (64%), les chutes de lieux élevés (13%) puis les traumatismes par armes (9%). L'Institut Canadien d'Information sur la Santé [39] a rapporté dans le même ordre : les AVP (44%), les chutes (38%) et les armes (5%)comme causes des hospitalisations pour blessures graves.

Cette variation pourrait être liée aux différences de modes de vie entre les populations des pays africains et celles des pays occidentaux. En effet, la prédominance des traumatismes par chutes sur ceux liés aux armes pourrait s'expliquer par les risques encourus lors des activités en hauteur et des sports extrêmes, plus pratiqués en occident qu'en Afrique. De même, la possession et le port d'armes sont plus réglementés dans ces pays.

4.1.2 Formations sanitaires

Dans notre étude, l'HEB est la formation sanitaire qui a enregistré le plus de traumatismes par armes (58,6% des cas). Cet hôpital est en effet situé dans une zone à forte densité peule avec de nombreux couloirs de transhumance.Le CHD-B, hôpital de référence, n'a enregistré que 29,6% des admissions. Bien que la commune de Parakou soit plus peuplée que les autres communes du département, la faible fréquentation du CHD-B peut s'expliquer par la multiplicité des cabinets de soins qui existent dans la ville de Parakou. Ces derniers prennent en charge les traumatisés par armes en première intention. Seuls les cas graves et complexes sont orientés vers le CHD-B.

4.1.3 Age

Les traumatismes par armes s'observent généralement chez les adultes jeunes. Dans notre série, l'âge moyen des patientsest de 24 #177; 12,1 ans et la tranche d'âge de 15 à 24 ans était la plus concernée (40,3% des cas). Le même constat a été rapporté par plusieurs auteurs [3 , 4 , 5] au CHD-B qui ont rapporté un âge moyen compris entre 29 et 30,9 ans.

Dans une étude sur les peuples autochtones du Canada, Santé Canada [40] a observé que la tranche d'âge de 15 à 24 ans était la plus touchée.

Pour Diaw [41], l'âge moyen des patients victimes de traumatismes physiques par agression était de 18 ans.

Ghariani et al. [42] en Tunisie et Randriamananjara à Madagascar [43] ont retrouvé une moyenne d'âge de 27 ans alors que Dakouré et al. [44] au Burkina Faso et Diallo et al. [45] en Guinée retrouvaient une moyenne d'âge de 28 ans. Ango et al. [46] en Côte d'Ivoire rapportaient quant à eux un âge moyen de 22,2 ans.

Dahami et al. [47] et Benjelloun et al. [48] ont mis en évidence un âge moyen de 25 ans et la tranche d'âge la plus touchée était celle de 20 à 30 ans.

Cette prédominance des jeunes peut s'expliquer par la grande proportion des sujets jeunes dans la population du Borgou. De plus, cette tranche de la population est très active mais aussi impulsive et imprudente. Elle cède plus facilement à l'attrait du danger et des rixes qui sont pour les jeunes peuls, un moyen de prouver leur force et leur courage.

4.1.4 Sexe

Dans notre étude, le sexe masculin était le plus touché (93% des cas). Ce constat est partagé par la plupart des auteurs. En effet :

· Adjiwanou [4] avait trouvé une prédominance masculine à 95,3%.

· Benjelloun et al.[48] ont mis en évidence 93,8% de sujets de sexe masculin.

· Ghariani et al. [42] et Dahami et al. [47] ont rapporté une prédominance masculine avec 95% des cas

· Dekou et al. [49] retrouvaient dans leur série 97,4% de patients de sexe masculin.

· Diaw [41] avait relevé 89% d'hommes et Dakouré et al. [44] 87,2% de patients de sexe masculin.

Cette prédominance des sujets de sexe masculin dans notre série peut s'expliquer par le fait qu'en milieu peul, ce sont les hommes qui détiennent et manipulent les armes. Ils sont par conséquent, plus que les femmes, exposés aux risques de traumatismes par armes.

4.1.5 Profession

Les bouviers qui représentaient 63,4% des cas sont le groupe socio professionnel le plus concerné par les traumatismes par armes en milieu peul. Mensah et al. [50] ont rapporté que les éleveurs, les cultivateurs et les artisans étaient les plus touchés. Pour Allode et al. [51], ce sont les éleveurs, cultivateurs, commerçants et chasseurs qui étaient les plus concernés. Ce constat s'explique par le fait que l'activité principale despopulations peules est l'élevage de gros bétail et que les conflits avec les agriculteurs sont fréquents. De plus les bouviers, au cours des transhumances, sont des cibles faciles pour les voleurs et braqueurs.

Dakouré et al. [44] quant à eux, dans une étude sur les traumatismes balistiques au CHU de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, ont relaté que les cultivateurs et les commerçants étaient à 71,8% les principales victimes. Cette différence serait liée à la prédominance de ces professions dans le milieu d'étude. Aussi, dans la population générale, les traumatismes balistiques sont le plus souvent liés aux braquages et aux accidents de chasse de même qu'aux mauvaises manipulations des armes à feu.

4.1.6 Mode de vie

Dans notre étude, les populations nomades étaient les plus touchées (68,8% des cas). Cette forte proportion de nomades peut s'expliquer par l'environnement d'insécurité qui caractérise ce mode de vie. Les nomades, solitaires et isolés, constamment aux aguets, sont des victimes désignées de l'insécurité.

4.1.7 Mois de survenue des traumatismes

Les mois de novembre, mars et janvier sont ceux où il a été enregistré le plus de cas : 15%, 10,7% et 10,2%. Ces résultats sont similaires à ceux d'Adjiwanou [4] pour qui les mois de mars (14,9%) et novembre (12,2%) avaient enregistré le plus de cas. Ces mois correspondent, dans le nord-est du Bénin,à la saison sèche et sont associés aux transhumances avec tous les conflits et rivalités qu'elles engendrent.Pour Diaw [41], les mois d'avril et mai étaient ceux qui comptaient le plus de cas mais aucune explication n'avait été trouvée à ce phénomène.

Dans notre série, la saison sèche est celle pendant laquelle les traumatismes ont été les plus fréquents. Cependant,la petite différence de cas observée entre les deux saisons (95 cas pendant la saison sèche contre 91 cas pendant la saison pluvieuse) peut s'expliquer par le fait que les ressources naturelles sont disputées toute l'année. En effet, si pendant la période de sécheresse les transhumants se déplacent plus au sud du département et du pays pour y trouver de meilleures conditions climatiques et se disputent entre eux, au cours de la période des pluies qui signe leur retour, ils se confrontent à l'occupation anarchique des espaces par les cultivateurs. Certains éleveurs, peu scrupuleux, n'hésitent pas à détruire des champs sur leur passage, d'où l'éclatement de conflits entre agriculteurs et éleveurs.

4.1.8 Année de survenue

Au cours de l'année 2012, 102 cas ont été enregistrés (54,8%), soit une hausse de 9,7% par rapport à l'année 2011 (45,2%). Ceci est la preuve que les actions menées pour réduire ces traumatismes sont jusque-là inexistantes ou inefficaces.

4.1.9 Lieu de survenue

Les villages (53,2%) et les champs (21,5%) sont les lieux où sont survenus le plus de traumatismes.Agavoedo [3] et Adjiwanou [4] ont aussi noté que les traumatismes survenaient pour la plupart en milieu rural dans de fortes proportions: 90% pour Agavoedo et 63,6% pour Adjiwanou.

La prépondérance des traumatismes dans les villages peut s'expliquer par le fait que les sentiers de transhumance, points d'eau et pâturages sont objets de rivalités entre éleveurs. Ils sont sources de conflits permanents entre les populations. Les champs sont le lieu fréquent des conflits entre agriculteurs et éleveurs.

4.1.10 Heure de survenue

Les traumatismes par armes en milieu peul surviennent en majorité dans la journée. En effet, 52,7% des patients ont été victimes de traumatisme entre 7 et 18heures. Ce résultat est semblable à celui rapporté par Kpomahou [5] selon qui 56,5% des traumatismes par armes à feu et 58,9% des traumatismes par armes blanches sont survenus entre 7 et 18 heures. Ce constat peut s'expliquer par l'importance des activités qui se déroulent dans la journée notammentles transhumances qui sont à l'origine de nombreux conflits.

Diaw [41] quant à lui a enregistré 42% des traumatismes physiques par agression dans la soirée. Selon cet auteur, les agresseurs profitaient de l'obscurité dans les quartiersmal éclairés pour commettre leurs forfaits; d'autantplus que les forces de police n'avaient pas les moyens humains et matériels pour assurerla quiétude des populations.

4.1.11 Causes des traumatismes

Les principales causes des traumatismes par armes en milieu peul révélées par notre étude sont intentionnelles (78,5% des cas). La cause intentionnelle la plus représentée est la rixe (61% des causes intentionnelles et 47,8% de l'ensemble des causes). Aucun cas de suicide n'a été enregistré.Il faut souligner que la langue peule, le fulfulde, à la fois langue et manière de vivre et de penser, recèle une valeur fondamentale : le pulaaku, qui enseigne le discernement (hakiilo), la résignation (munyal) et la réserve (semteende) [31]. Ainsi, il serait impensable et surtout déshonorant pour un peulh de se donner la mort. D'où l'absence de suicide ou tentative de suicide dans notre étude.

Allodé et al. [51] ont rapporté, dans une étude sur les traumatismes abdominaux par armes à feu en pratique civile au CHDU de Parakou, 85% de causes intentionnelles (dont 10% de tentative de suicide) et 15% de causes non intentionnelles.

Dongas et al. [52] dans une étude sur les fractures de la mandibule en Tasmanie (Australie) ont trouvé que 55% des patients étaient impliqués dans des rixes.

Dakouré et al. [44] ont mis en cause, dans une série de 39 cas de traumatismes balistiques, une origine accidentelle dans 58,9% des cas. De même, Masmoudi et al. [53], dans une étude sur les traumatismes balistiques des membres, trouvaient une cause accidentelle dans la moitié des cas. Ces auteurs ayant étudié les traumatismes balistiques, l'on peut comprendre la prédominance des causes accidentelles liées surtout aux erreurs de manipulation et aux accidents de chasse. L'usage des armes à feu à des fins criminelles est peu fréquent en pratique civile. Les armes blanches retrouvées dans notre sériequant à elles sont des armes par destination ; dont la fonction première n'est pas de tuer ou blesser mais qui peuvent être destinées par leur utilisateur à cet effet.On comprend alors que le facteur intentionnel soit prédominant dans notre étude. Les rivalités qui existent entre bouviers d'une part et entre bouviers et cultivateurs d'autre part pour l'accès aux points d'eau et aux pâturages, les contentieux sociaux sont chose courante en milieu peul. L'explosion démographique et les changements climatiques avec comme corolaire la diminution des ressources naturelles alimentent ces rivalités.

4.1.12 Nombre d'agresseurs

Le nombre d'agresseurs impliqués dans les traumatismes par armes en milieu peul est variable. Le cas de figure le plus retrouvé est celui qui implique un seul agresseur (72,6% des cas). Une relation statistiquement significative (p << 0) a été établie entre le nombre d'agresseurs et la cause du traumatisme. Ainsi, les braquages sont les causes qui impliquent le plus souvent plusieurs agresseurs. Ceci peut s'expliquer par le fait que, sachant les individus peuls armés et téméraires, les braqueurs s'y prennent à plusieurs pour multiplier leurs chances de réussite.

4.1.13 Types d'armes

Les types d'armes les plus représentés sont les armes blanches (92,5% des cas) avec une prédominance des armes tranchantes (69,3% des cas). Les armes tranchantes les plus utilisées étaient les coupe-coupe(50,4% des armes tranchantes et 34,9% du total des armes) et les machettes (38% des armes blanches tranchanteset 26,3% du total des armes).

Pour Ogougbemy et al. [54], les armes blanches étaient les plus incriminées, dominées par le couteau-poignard (66,7% des cas) et la machette (20,4% des cas). Monneuse et al. [55] ont mis en cause, dans les plaies pénétrantes de l'abdomen,59% d'armes blanches. Ango et al. [46] en Côte d'Ivoire, ont retrouvé 65,9% d'armes à feu et seulement 34,1% d'armes blanches. Cette prépondérance des traumatismes par armes à feu s'explique par les conflits armés qui sévissaient en Côte d'Ivoire avec une circulation plus importante des armes à feu au sein des populations.

Le coupe-coupe et la machette sont d'utilisation répandue en milieu peul. Ils servent à tailler le bois pour le feu et les abris des animaux, à se frayer un chemin dans les hautes herbes et à se protéger des animaux sauvages. Ces outils faisant partie du quotidien des peuls, il est compréhensible qu'ils soient autant impliqués dans les traumatismes par armes.

Aucune arme à feu à balle n'a été retrouvée dans notre étude. Ceci est lié à la stabilité politique qui prévaut dans le pays, raison pour laquelle ce type d'arme n'est pas de circulation courante. Les armes à feu utilisées sont des fusils de chasse utilisant des plombs que peuvent se procurer plus facilement les agriculteurs pour pratiquer la chasse ou défendre leurs champs et les braqueurs pour accomplir leurs forfaits.

4.2 DONNEES ANAMNESTIQUES

4.2.1 Mode d'admission

Nous avons enregistré 71,5% d'admissions directes dans le cadre d'étude. Il s'agit du mode d'admission le plus fréquent, comme le rapportentFatigba et al. [56] avec 71,2%.

4.2.2 Délai d'admission

Les délais d'admission varient de 45 minutes à 30 jours. Dans notre série, 40,9% des patients ont été admis entre la deuxième et la sixième heure après le traumatisme. Ce délai d'admission relativement long correspond au temps nécessaire aux patients pour sortir de l'isolement de la brousse, trouver un moyen de transport avant de se rendre dans le centre de santé le plus proche.

Mensah et al. [57] ont rapporté un délai d'admission de 40 minutes à 72 heures. Pour Niang et al. [58], les délais d'admission étaient inférieurs à 6 heures pour l'essentiel.

Faye et al. [59] ont rapporté un délai d'admission inférieur à 3 heures mais il s'agissait du cas particulier d'un accident de train, catastrophe qui mobilise les secours dans un bref délai. Dahami et al. [47] ont retrouvé un délai de consultation de 1 à 32 jours.

4.2.3 Moyen d'admission

Les moyens d'admission enregistrés étaient variés. Dans notre série, 51,6% des patients ont été admis à motocyclette, 36% en "taxi-brousse", 7% à pieds et seulement 4,9% par transport médicalisé. Les motocyclettes étaient le moyen de transport le plus utilisé dans notre milieu d'étude, facilement accessible et peu coûteux. Le choix des "taxi-brousse"est fait sur la base de longs trajets et de l'état d'instabilité du patient. Les patients venus à pieds sont les traumatisés dont l'état leur permettait de se déplacer mais qui n'ont pas trouvé de moyen de transport ou n'avaient pas de quoi le payer.Il n'existe pas partout de transport public organisé pour le ramassage des blessés. Les ambulances servent plutôt à évacuer un malade vers un autre hôpital qu'à le ramasser. Le ramassage du blessé vers l'hôpital était assuré par des véhicules motorisés ou non, des membres de la famille, des amis ou de bons samaritains.

Mensah et al. [57] ont enregistré 62,9% de patients reçus par transport médicalisé. Mais les patients ayant pour la plupart été traumatisés dans les environs de la ville de Parakou, le SMUR y a été largement sollicité, d'où ce taux important d'admission aux moyens de transport médicalisé. Pour Niang et al. [58], seulement 9% des patients avaient bénéficié d'un transport médicalisé.

4.3 ASPECTS ANATOMO-CLINIQUES, LESIONNELS ETRADIOLOGIQUES

Le nombre de lésions par patient variait de 1 à 8. Le traumatisme était de siège unique chez 114 patients (61,3%) et de siège multiple chez 72 patients (38,7%). Les membres étaient le plus souvent touchés (111 cas, soit 65,1% répartis en 88 atteintes des membres thoraciques, 13 atteintes des membres pelviens et 10 traumatismes des membres thoracique et pelvien) suivis du crâne chez 81 patients (43,5%). Les traumatismes thoraciques et abdominaux ont représenté respectivement 11,8 et 10,2% des cas.

Carr et al. [60] avaient objectivé 1 à 12 lésions par sujet et le traumatisme était de siège multiple dans 62% des cas. Cowey et al. [61] quant à eux avaient retrouvé 1 à 9 lésions par patient. Pour Adjiwanou [4], le siège des lésions était multiple dans 37,4% des cas et localisé de façon prépondérante aux membres thoraciques (32,8%), au crâne (27,9%) et au thorax (15,7%). Agavoedo [3] a mis en évidence que les lésions étaient de siège multiples dans seulement 42,5% des cas et localisés le plus souvent aux membres pelviens (41,2%) et aux membres thoraciques (36,2%). Le crâne n'était pour lui atteint que dans 12,5% des cas. La prédominance selon Agavoedo de l'atteinte des membres pelviens pourrait s'expliquer par le fait que l'intention première des agresseurs dans ce type de traumatisme (dont la cause dominante est le braquage) est d'immobiliser la victime, l'empêchant de s'enfuir.

Chez Diaw [41], c'est le crâne qui était le plus touché (45,0% des cas) suivi des membres (39,6% des cas). Ceci peut être expliqué par l'effet de surprise qui prévaut dans le cadre des agressions traumatiques par armes, empêchant ou retardant les réactions défensives.

L'atteinte prédominante des membres thoraciques dans notre étude est surtout relevée dans le cadre des rixes où elle constitue des lésions défensives. En effet, au cours des rixes qui représentent la première cause des traumatismes par armes en milieu peul, les adversaires sont parés à recevoir des coups et quand ils ne peuvent les esquiver, ils protègent les parties plus vulnérables de leur corps en interposant leurs membres supérieurs, quitte à riposter ensuite. Les autres types de lésions surviennent alors une fois cette défense tombée et concernent surtout le crâne qui est perçu par les peuls comme la partie la plus vulnérable de leur adversaire, capable de le neutraliser voire d'induire la mort. Telles pourraient être les raisons pour lesquels le radius (16 fractures), les phalanges des doigts (15 factures), l'ulna (14 fractures), les métacarpiens et l'os pariétal (8 fractures chacun) étaient les os les plus atteints.

Les fractures étaient dans notre étude plus souvent ouvertes que fermées, témoignant de l'utilisation fréquentes des armes tranchantes qui accompagnent la plupart des peuls dans tous leurs déplacements. Ainsi, sur 82 fractures objectivées, 74 étaient ouvertes (90,2%) et 8 fermées (9,8%).

Parmi les patients atteints de traumatismes maxillo-faciaux, 13,3% ont présenté une fracture des os de la face et 10% un traumatisme oculaire. Diallo et al. [45] ont trouvé 14,7% de fracture des os de la face et Galvan [62] 10% de traumatismes oculaires.

Les traumatismes de l'abdomen étaient constitués à 52,6% de contusions abdominales et 47,4% de plaies. Gaudeuille et al. [63] ont retrouvé quant à eux 75% de plaies de l'abdomen et 25% de contusions. Benjelloun et al. [48] retrouvaient seulement 2% de contusions contre 98% de plaies. Un cas de laparotomie blanche a été recensé dans notre étude. Ceci correspond à 20% de l'ensemble des cas opérés. Bahebeck et al. [64] ont retrouvé, dans une série de 86 cas de plaies abdominales par balle en 2005, 22% de laparotomies blanches. Allode et al [65], dans une étude sur les plaies pénétrantes de l'abdomen au CHDU de Parakou, a rapporté seulement 9,6% de laparotomies blanches.

Les examens radiologiques standards ont largement contribué au bilan lésionnel. L'apport de la scannographie est resté faible, témoignant de la faible disponibilité de cet examen mais aussi de son coût trop élevé pour certains patients peuls. En effet, l'élevage extensif que pratiquent les peuls est caractérisé par un investissement financier moindre, les dépenses étant limitées à l'achat des vaccins pour les animaux. La plupart de leurs biens étant leur troupeau, la mobilisation en urgence des fonds nécessaires à leur propre prise en charge est difficile. Ceci explique qu'une grande partie des patients n'ait pas été en mesure d'honorer les examens radiologiques et parfois le traitement définitif de leurs lésions.

4.4 ASPECTS THERAPEUTIQUES

4.4.1 Traitement médical

Les prescriptions d'antalgiques, les prophylaxies antibiotique et antitétanique ont été les plus instituées. Pour Dakouré [44], tous les patients avaient bénéficié d'une prophylaxie antitétanique et antibiotique. Ango et al. [46] ont noté que la prescription d'antalgiques, d'antibiotiques et d'antianémiques était systématique.

4.4.2 Traitement chirurgical spécifique

Le traitement des lésions crâniennes a surtout consisté en une abstention thérapeutique. Quant aux lésions encéphaliques, elles ont été opérées une fois l'indication posée et l'ordonnance honorée par le patient.

Les patients présentant des lésions de la face ont été orientés vers le spécialiste (odontostomatologue, otorhino laryngologue, ophtalmologue).

Les lésions cervicales graves ont connu peu de traitement spécifique. Peu de patients ont consenti à être opérés, les résultats espérés (recouvrement de la marche) ne pouvant toujours être obtenus.

Le traitement spécifique des lésions thoraciques a consisté en la suture d'une plaie de la plèvre.

Au niveau de l'abdomen, 5 laparotomies ont été pratiquées dont une blanche. Les organes abdominaux les plus touchés étaient le grèle (2 cas), la rate (1 cas) et l'estomac (1 cas). Aucune plaie hépatique n'a été recensée. Les lésions viscérales étaient toujours uniques. Le traitement spécifique a consisté en la suture simple des plaies du grèle et de l'estomac, une splénectomie et la vidange d'épanchements.

Pour Ghariani et al. [42] les plaies du foie étaient les plus fréquentes, suivies des plaies du grèle et de l'estomac puis les plaies de la rate. Les plaies du foie et de la rate étaient alors traitées par abstention thérapeutique et électrocoagulation. Celles de l'estomac par suture simple et celles du grèle par suture simple ou résection-anastomose termino-terminale.

Ango et al. [46] ont noté 10 cas d'hémopéritoine avec plus de lésions du foie et du colon que de plaies de la rate et de l'estomac.

Pour Gaudeuille et al. [63] à Bangui, les organes les plus atteints étaient le colon et la rate.

Le traitement chirurgical spécifique des traumatismes des membres a été orthopédique chez 50 patients et sanglant chez 23 patients. Six (6) amputations secondaires ont été réalisées. Pour Dakouré et al. [44], le traitement orthopédique a été 2 fois plus fréquent que le traitement chirurgical et 7 patients avaient été amputés secondairement.

Le choix des thérapeutiques spécifiques était influencé aussi bien par le type de lésion que par le besoin pour le patient de conserver sa mobilité et les moyens financiers dont disposait celui-ci.

4.5 ASPECTS EVOLUTIFS

La durée moyenne d'hospitalisation des patients dans notre étude était de 6,4 #177; 6,4 jours avec des extrêmes de 1 et 40 jours.

Mensah et al [50] ont rapporté une hospitalisation moyenne de 3 jours avec des extrêmes de 1 et 92 jours. Pour Kpomahou [5], la durée moyenne d'hospitalisation était égale à 8 #177; 6,4 jours pour les patients traumatisés par armes blanches et 10,3 #177; 14,8 jours pour les patients traumatisés par armes à feu. Dahami et al. [47] ont noté une durée d'hospitalisation de 12 jours alors que pour Ango et al. [46], elle était de 8,2 #177; 3 jours.

Le taux de mortalité intra hospitalière retrouvé dans notre étude était de 4,3%. Les ¾ des décès étaient liés à un TCE grave. Cette mortalité imputable aux TCE est due à la gravité de ces traumatismes, aux difficultés rencontrées pour l'établissement du bilan lésionnel et la mise en route du traitement adéquat ; la prise en charge étant coûteuse pour la plupart des traumatisés graves du crâne.

Le CHD-B est la formation sanitaire qui a enregistré le plus de décès (62,5% des décès) avec une différence statistiquement significative (p = 7. 10-4). Parmi les patients admis au CHD-B, 9,1% sont décédés et 80% de ces décès concernaient des patients référés d'autres centres. Le CHD-B étant l'hôpital de référence du département du Borgou, les cas les plus graves y sont référés, d'où le taux de mortalité élevé qui y est enregistré. Mensah et al [50] ont retrouvé 9,3% de décès. Dakouré et al. [44] ont enregistré 10,3% de mortalité intrahospitalière. Fatigba et al. [56] ont trouvé que 75% des décès étaient liés à un TCE grave et 8,3% à un TCE léger. Ango et al. [46] ont rapporté 3,1% de décès.

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