2.1.2. Prolifération des quartiers spontanés
entre 1980 et 2000
Durant la période 1980 à 2000, on assiste
à la prolifération de quartiers créés
spontanément sur les marges de la ville : c'est la phase de
l'étalement anarchique de Daloa.
Amorcée à l'indépendance du pays, la
création des quartiers spontanés à Daloa va s'accentuer
à partir de 1980, année de l'installation des premières
équipes municipales des
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communes de plein exercice. La lenteur administrative et
l'empressement des candidats à se bâtir un toit a conduit à
l'occupation spontanée du sol urbain de Daloa, laquelle a duré
dans le temps (YAO, 2014). La lenteur administrative a pour conséquence
un déficit en terrains à bâtir et en logements. Ce double
déficit sera une des raisons du développement des formes
d'habitat non planifié (YAPI DIAHOU A., 1991, p113). En effet, Daloa
enregistre à partir de 1980 un afflux massif de populations, à
l'origine d'une pression sur l'espace constructible. La demande de terrain sera
alors supérieure à l'offre des services municipaux. Or, la Mairie
se heurte à la réticence des propriétaires coutumiers qui
sont rarement dédommagés après le lotissement de leurs
parcelles. Pressés, les populations s'installent de façon
spontanée sur les marges de la ville et autres sites impropres à
l'habitation (confère figure 8).
Figure 8 : La ville de Daloa en 1980
YAO (2014) explique que l'installation spontanée des
populations sur le sol urbain a conduit à la création de
quartiers précaires sur les périphéries de la ville. Ainsi
se créent les quartiers spontanés Abattoir 2 et Tazibouo 2
respectivement sur les périphéries Sud-Est et Est de Daloa ;
Orly, Huberson, Aviation, Soleil 2, Cimetière sur les
périphéries Sud-Ouest et Ouest de la ville, et les quartiers
Cafop, Kennedy 1 et 2, Soleil 2 et Bracodi au Nord-Ouest de Daloa. Ces
quartiers spontanés couvrent de grande superficie et sont en
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général juxtaposés aux quartiers lotis. A
l'origine, ces quartiers spontanés étaient des plantations de
café et de cacao ou des zones non aedificandi telles que les bas-fonds
et les servitudes occupés illégalement. Les populations
s'installent de façon spontanée par manque de moyen financier
pour acheter un lot ou dans l'espoir qu'un lotissement éventuel de la
parcelle qu'elles occupent illégalement leur permettrait d'obtenir des
lots définitifs. Les occupants utilisent essentiellement le bois pour la
construction des maisons et des matériaux de récupération
tels que des tôles usés ou en matières plastiques pour les
toitures. L'absence d'opérations de promotion immobilière et ou
foncière émanant des organismes spécialisés dans
ces domaines place ces `'propriétaires» dans une position
stratégique, au point de devenir des agents d'une emprise redoutable sur
le développement de la ville : tracé des zones d'extension,
typologie d'habitat, structuration des quartiers, construction ou non des
équipements, etc. (YAPI DIAHOU A., 1991, p114).
Le cadre de vie insalubre, l'absence de systèmes de
canalisations pour l'évacuation des eaux, les fréquentes
inondations et la forte prégnance de certaines pathologies telles que le
paludisme, les diarrhées, le choléra etc. poussent les
autorités municipales à ouvrir des fronts de lotissements. Entre
1980 et 2000, les opérations de lotissement ont représenté
773,6 hectares, soit 9834 lots d'une moyenne de 800 m2 par lot. Les fronts de
lotissements sont ouverts au Sud de la ville notamment dans les quartiers Sud
A, Sud B, Sud D et Sud C. Ces quartiers ont totalisé 38,6 % des
lotissements, soit 185 hectares. Les lotissements se poursuivent dans les
quartiers Orly extension I, II, III et IV qui représentent 25 % des
opérations de lotissements réalisées (Mairie Daloa).
2.1.3. Les opérations de restructuration et
l'extension spatiale de Daloa de 2000 à 2016
Daloa a connu une extension rapide sous l'effet des
opérations de restructuration des quartiers créés
spontanément.
De 2000 à 2010, la Mairie va effectuer des
opérations de restructurations pour donner une existence légale
aux quartiers spontanés de la ville créés entre 1980 et
2000. La restructuration a consisté au lotissement des poches d'habitats
précaires. Avec l'ouverture des voies et le respect des dimensions des
lots, les occupants n'ayant pas obtenus de lot sur les sites initiaux, vont
être recasés sur les lotissements dénommés «
extension ». Ces quartiers « extensions » vont favoriser
l'étalement rapide de Daloa. En effet, les opérations de
restructuration qui sont intervenues ont amené la Mairie à ouvrir
des fronts de lotissements pour satisfaire les populations déguerpies,
créant ainsi de nouveaux quartiers.
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Lobia 2 extension au Nord-ouest, Abattoir 2 extension au
Sud-est et Gbokora extension vont apparaitre sur la carte de la ville. Dans la
même logique, c'est la création du quartier Evéché
extension, Tazibouo 2 extension dans la partie Est de Daloa ; Sud D extension
au Sud et le quartier Suisse à la périphérie Ouest de
Daloa. Orly 4, Orly 3, Orly Plateau vont aussi êtres crées au
Sud-ouest.
Les opérations de restructuration et l'ouverture de
nouveaux fronts de lotissement pour satisfaire la demande en terrain, ont
favorisé l'extension rapide de la ville (YAO, 2014). Le tableau 11
présente les lotissements réalisés par la Mairie de 2004
à 2007.
Tableau 11 : Lotissements réalisés par la
Mairie de Daloa de 2004 à 2007
Quartiers
|
Année du
lotissement
|
Nombre de lots
|
Superficie des lots (m2)
|
Superficie moyenne (m2)
|
Superficie totale (m2)
|
Sud/B Extension
|
2004
|
5185
|
300 à 600
|
450
|
2333250
|
Kennedy II Extension
|
2004
|
1900
|
300 à 600
|
450
|
855000
|
Tazibouo Université
|
2004
|
1330
|
400 à 800
|
500
|
665000
|
Soleil II extension
|
2004
|
1037
|
400 à 600
|
550
|
570350
|
Tazibouo II Nord-est
|
|
103
|
400 à 600
|
500
|
51500
|
Zakoua II
|
2006
|
377
|
400 à 600
|
500
|
188500
|
Corridor Est
|
|
277
|
400 à 600
|
500
|
138500
|
Cité Verte
|
|
389
|
400 à 600
|
500
|
194500
|
Ex Aviation
|
2005
|
239
|
300 à 600
|
740
|
176860
|
Orly plateau
|
2007
|
921
|
400 à 600
|
500
|
460500
|
Oliviers
|
|
882
|
300 à 600
|
650
|
573300
|
Total
|
12640
|
|
|
6207260
|
Source : Mairie de Daloa, 2004-2007
De 2004 à 2007, les lotissements réalisés
ont favorisé l'extension spatiale de Daloa. Sur trois (03) ans, un total
de 12 640 lots correspondant à une superficie cumulée de 6 207
260 m2, soit 620,7 hectares, ont été mis à disposition. 57
hectares en moyenne sont aménagés chaque année sur cette
période. Les lots sont en général de taille comprise entre
300 m2 et 800 m2. Les fronts de lotissements s'ouvrent en particulier dans
trois secteurs de la ville. Au Sud de la ville, le quartier Sud B extension est
le premier secteur concerné par les lotissements avec 5185 lots
produits, équivalent à 233 250 m2 de surface urbanisée,
soit 23 hectares (37% du total des lotissements réalisés). Les
fronts de lotissement s'ouvrent ensuite à l'Ouest de la ville au
quartier Kennedy II extension. Dans ce secteur de la ville, 855 000 m2 sont
lotis, soit 85,5 hectares, mettant à disposition 1900 lots de
superficies
comprises entre 300 et 600 m2. Le processus d'extension de la
ville s'oriente au Nord dans les quartiers Tazibouo et Tazibouo
Université où 1330 lots sont réalisés,
correspondants à 665 000 m2 soit 66,5 hectares ; la taille des lots
oscille entre 400 et 600 m2. L'extension de la ville se poursuit à
l'Ouest, dans le quartier Soleil 2 extension. Plus de 1037 lots d'une
superficie totale de 570 350 m2, soit 57 hectares, sont réalisés.
La taille des lots varie entre 300 et 800 m2. La ville a connu sur toute la
période de 2004 à 2007 un développement urbain et une
extension sur ses périphéries. Dans son extension, la ville de
Daloa consomme l'espace des villages Balouzon, Bribouo, Gbokora, Sapia, Zakoua
etc qui sont aujourd'hui intégrés à la ville.
La ville de Daloa compte aujourd'hui 45 quartiers, et son
extension se fait de manière continue sur ses marges.
La figure 9 montre les étapes de la croissance spatiale de
Daloa de 1905 à 2016.
Figure 9 : Les étapes de la croissance spatiale
de Daloa de 1905 à 2016
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