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Dynamique urbaine et gestion foncière dans les villages intégrés à  la ville. Le cas de Sapia, Tagoura et Zakoua à  Daloa (Côte d’Ivoire).


par KOUADIO YAO GUERSCHOM N'Gotta
Université Jean Lorougnon Guede de Daloa - Master 2 2019
  

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2.1.2. Prolifération des quartiers spontanés entre 1980 et 2000

Durant la période 1980 à 2000, on assiste à la prolifération de quartiers créés spontanément sur les marges de la ville : c'est la phase de l'étalement anarchique de Daloa.

Amorcée à l'indépendance du pays, la création des quartiers spontanés à Daloa va s'accentuer à partir de 1980, année de l'installation des premières équipes municipales des

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communes de plein exercice. La lenteur administrative et l'empressement des candidats à se bâtir un toit a conduit à l'occupation spontanée du sol urbain de Daloa, laquelle a duré dans le temps (YAO, 2014). La lenteur administrative a pour conséquence un déficit en terrains à bâtir et en logements. Ce double déficit sera une des raisons du développement des formes d'habitat non planifié (YAPI DIAHOU A., 1991, p113). En effet, Daloa enregistre à partir de 1980 un afflux massif de populations, à l'origine d'une pression sur l'espace constructible. La demande de terrain sera alors supérieure à l'offre des services municipaux. Or, la Mairie se heurte à la réticence des propriétaires coutumiers qui sont rarement dédommagés après le lotissement de leurs parcelles. Pressés, les populations s'installent de façon spontanée sur les marges de la ville et autres sites impropres à l'habitation (confère figure 8).

Figure 8 : La ville de Daloa en 1980

YAO (2014) explique que l'installation spontanée des populations sur le sol urbain a conduit à la création de quartiers précaires sur les périphéries de la ville. Ainsi se créent les quartiers spontanés Abattoir 2 et Tazibouo 2 respectivement sur les périphéries Sud-Est et Est de Daloa ; Orly, Huberson, Aviation, Soleil 2, Cimetière sur les périphéries Sud-Ouest et Ouest de la ville, et les quartiers Cafop, Kennedy 1 et 2, Soleil 2 et Bracodi au Nord-Ouest de Daloa. Ces quartiers spontanés couvrent de grande superficie et sont en

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général juxtaposés aux quartiers lotis. A l'origine, ces quartiers spontanés étaient des plantations de café et de cacao ou des zones non aedificandi telles que les bas-fonds et les servitudes occupés illégalement. Les populations s'installent de façon spontanée par manque de moyen financier pour acheter un lot ou dans l'espoir qu'un lotissement éventuel de la parcelle qu'elles occupent illégalement leur permettrait d'obtenir des lots définitifs. Les occupants utilisent essentiellement le bois pour la construction des maisons et des matériaux de récupération tels que des tôles usés ou en matières plastiques pour les toitures. L'absence d'opérations de promotion immobilière et ou foncière émanant des organismes spécialisés dans ces domaines place ces `'propriétaires» dans une position stratégique, au point de devenir des agents d'une emprise redoutable sur le développement de la ville : tracé des zones d'extension, typologie d'habitat, structuration des quartiers, construction ou non des équipements, etc. (YAPI DIAHOU A., 1991, p114).

Le cadre de vie insalubre, l'absence de systèmes de canalisations pour l'évacuation des eaux, les fréquentes inondations et la forte prégnance de certaines pathologies telles que le paludisme, les diarrhées, le choléra etc. poussent les autorités municipales à ouvrir des fronts de lotissements. Entre 1980 et 2000, les opérations de lotissement ont représenté 773,6 hectares, soit 9834 lots d'une moyenne de 800 m2 par lot. Les fronts de lotissements sont ouverts au Sud de la ville notamment dans les quartiers Sud A, Sud B, Sud D et Sud C. Ces quartiers ont totalisé 38,6 % des lotissements, soit 185 hectares. Les lotissements se poursuivent dans les quartiers Orly extension I, II, III et IV qui représentent 25 % des opérations de lotissements réalisées (Mairie Daloa).

2.1.3. Les opérations de restructuration et l'extension spatiale de Daloa de 2000 à 2016

Daloa a connu une extension rapide sous l'effet des opérations de restructuration des quartiers créés spontanément.

De 2000 à 2010, la Mairie va effectuer des opérations de restructurations pour donner une existence légale aux quartiers spontanés de la ville créés entre 1980 et 2000. La restructuration a consisté au lotissement des poches d'habitats précaires. Avec l'ouverture des voies et le respect des dimensions des lots, les occupants n'ayant pas obtenus de lot sur les sites initiaux, vont être recasés sur les lotissements dénommés « extension ». Ces quartiers « extensions » vont favoriser l'étalement rapide de Daloa. En effet, les opérations de restructuration qui sont intervenues ont amené la Mairie à ouvrir des fronts de lotissements pour satisfaire les populations déguerpies, créant ainsi de nouveaux quartiers.

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Lobia 2 extension au Nord-ouest, Abattoir 2 extension au Sud-est et Gbokora extension vont apparaitre sur la carte de la ville. Dans la même logique, c'est la création du quartier Evéché extension, Tazibouo 2 extension dans la partie Est de Daloa ; Sud D extension au Sud et le quartier Suisse à la périphérie Ouest de Daloa. Orly 4, Orly 3, Orly Plateau vont aussi êtres crées au Sud-ouest.

Les opérations de restructuration et l'ouverture de nouveaux fronts de lotissement pour satisfaire la demande en terrain, ont favorisé l'extension rapide de la ville (YAO, 2014). Le tableau 11 présente les lotissements réalisés par la Mairie de 2004 à 2007.

Tableau 11 : Lotissements réalisés par la Mairie de Daloa de 2004 à 2007

Quartiers

Année du

lotissement

Nombre
de lots

Superficie
des lots (m2)

Superficie moyenne (m2)

Superficie
totale (m2)

Sud/B Extension

2004

5185

300 à 600

450

2333250

Kennedy II Extension

2004

1900

300 à 600

450

855000

Tazibouo Université

2004

1330

400 à 800

500

665000

Soleil II extension

2004

1037

400 à 600

550

570350

Tazibouo II Nord-est

 

103

400 à 600

500

51500

Zakoua II

2006

377

400 à 600

500

188500

Corridor Est

 

277

400 à 600

500

138500

Cité Verte

 

389

400 à 600

500

194500

Ex Aviation

2005

239

300 à 600

740

176860

Orly plateau

2007

921

400 à 600

500

460500

Oliviers

 

882

300 à 600

650

573300

Total

12640

 
 

6207260

Source : Mairie de Daloa, 2004-2007

De 2004 à 2007, les lotissements réalisés ont favorisé l'extension spatiale de Daloa. Sur trois (03) ans, un total de 12 640 lots correspondant à une superficie cumulée de 6 207 260 m2, soit 620,7 hectares, ont été mis à disposition. 57 hectares en moyenne sont aménagés chaque année sur cette période. Les lots sont en général de taille comprise entre 300 m2 et 800 m2. Les fronts de lotissements s'ouvrent en particulier dans trois secteurs de la ville. Au Sud de la ville, le quartier Sud B extension est le premier secteur concerné par les lotissements avec 5185 lots produits, équivalent à 233 250 m2 de surface urbanisée, soit 23 hectares (37% du total des lotissements réalisés). Les fronts de lotissement s'ouvrent ensuite à l'Ouest de la ville au quartier Kennedy II extension. Dans ce secteur de la ville, 855 000 m2 sont lotis, soit 85,5 hectares, mettant à disposition 1900 lots de superficies

comprises entre 300 et 600 m2. Le processus d'extension de la ville s'oriente au Nord dans les quartiers Tazibouo et Tazibouo Université où 1330 lots sont réalisés, correspondants à 665 000 m2 soit 66,5 hectares ; la taille des lots oscille entre 400 et 600 m2. L'extension de la ville se poursuit à l'Ouest, dans le quartier Soleil 2 extension. Plus de 1037 lots d'une superficie totale de 570 350 m2, soit 57 hectares, sont réalisés. La taille des lots varie entre 300 et 800 m2. La ville a connu sur toute la période de 2004 à 2007 un développement urbain et une extension sur ses périphéries. Dans son extension, la ville de Daloa consomme l'espace des villages Balouzon, Bribouo, Gbokora, Sapia, Zakoua etc qui sont aujourd'hui intégrés à la ville.

La ville de Daloa compte aujourd'hui 45 quartiers, et son extension se fait de manière continue sur ses marges.

La figure 9 montre les étapes de la croissance spatiale de Daloa de 1905 à 2016.

Figure 9 : Les étapes de la croissance spatiale de Daloa de 1905 à 2016

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus