3.2. Propriété coutumière de la
terre dans les villages intégrés
La gestion autochtone du foncier diffère d'une
localité à l'autre ; la relation des populations à la
terre étant un fait culturel. La terre est un patrimoine de la
communauté villageoise partagé au sein des familles selon un mode
traditionnel dans lequel les parcelles sont bien délimitées.
3.2.1. La terre : un bien familial
Le système de partage de la terre diffère
sensiblement d'un village à l'autre.
A Tagoura, le chef de famille distribue la terre entre tous
ses enfants garçons. Cependant, s'il y a un enfant qui se montre plus
valeureux au travail, celui-ci travaille sur beaucoup plus de parcelles que ses
frères ; puisque la terre appartient à la famille, on permet au
membre le plus courageux d'élargir son champ en lui accordant une autre
portion.
A Sapia, la terre est partagée entre les enfants de
sexes masculins. Le Secrétaire Général clarifie le mode de
partage en ces termes : « on partage les terres entre les enfants
garçons. Les filles n'ont pas droit à la terre parce qu'elles
vont aller se marier. Nos parents avaient plusieurs femmes, chacun pouvait
avoir quatre, cinq, six femmes, voire plus. La parcelle sur laquelle chaque
femme a travaillé, c'est là qu'on installe ses enfants. Chaque
enfant va du côté de sa mère, sous le contrôle du
père ». Les ayants-droits à la terre sont
répartis géographiquement sur le patrimoine foncier de la famille
selon la position occupée par la mère ; la superficie de chacun
est déterminée par le nombre d'enfants qu'a la mère.
A Zakoua, le partage au sein de la famille se fait par
consensus en part égale, du plus grand au plus petit. Cependant,
l'aîné a toujours une part de plus. Aujourd'hui, des lopins de
terre sont attribués aux femmes qui, auparavant, étaient exclues
du partage de la
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terre. En effet, selon les us et coutumes, les femmes ne sont
pas tenues compte dans le partage des terres dans les trois villages. Elles
sont considérées comme héritières des richesses de
leurs maris dans la famille d'accueil.
3.2.2. La reconnaissance des limites entre les
parcelles
Les éléments de reconnaissance des limites des
parcelles sont identiques à Sapia, Tagoura et Zakoua. Il s'agit
d'éléments naturels facilement identifiables. Le chef de Zakoua
résume ces identifiants : « Il peut s'agir de gros arbres
situé à la limite des parcelles. Ils servent aux
générations futures à reconnaître les limites des
parcelles de leurs parents. Pour éviter les conflits, on n'abat pas ces
arbres. On peut même planter des tecks à la limite et chacun
connait sa parcelle. Les limites des parcelles sont symbolisées
également par des termitières ou quelque fois des rivières
».
Par ailleurs, la reconnaissance des limites peut se faire par
la contribution de `'sachant» qui peut être le chef de terre ou un
membre de la famille. Le chef de Tagoura indique que : « le chef de
terre peut être un sachant. Mais il y a des gens qui sont là
depuis et qui ne bougent pratiquement pas, parce que c'est des relais qui se
font. Quand tu as ton papa qui est là et que toi tu es à ses
côtés, il t'a montré les limites. Mais, ce n'est pas dans
toutes les familles que tout le monde déserte pour aller travailler
ailleurs. Il y a toujours quelqu'un, et qui veille sur le patrimoine des
clans». Les membres de la famille qui ont fait le choix de rester au
village connaissent les limites du patrimoine foncier familial.
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