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Contribution à  la stratégie de relance de la filière café robusta dans la province de la Tshopo: cas des territoires de Bafwasende et Ubundu


par Jonathan BACHISEZE MAGALA
Institut Facultaire des Sciences Agronomiques de Yangambi - Ingénieur Agronome, Orientation Economie Agricole 2022
  

Disponible en mode multipage

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ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DE
YANGAMBI
« IFA-YANGAMBI »

B.P. 1232 KISANGANI B.P. 28 YANGAMBI

Par

ERAIFT

Contribution à la stratégie de relance de la filière café robusta dans la Province de la Tshopo

Cas des territoires de Bafwasende et Ubundu

Albert-Jonathan BACHISEZE MAGALA

Département : Economie Agricole

Encadreurs : MSC Louis Pasteur BAMENGA BOPOKO

Directeur : Dr. Baudouin MICHEL

Professeur (Université de Liège & ERAIFT)

Présenté et défendu en vue de l'obtention du diplôme de grade d'Ingénieur A0 en sciences Agronomiques Département : Economie Agricole

Travail de fin d'étude

MSC Clément JASHOPOKWO UZELE

IFA-YANGAMBI

2022

 
 

ANNEE ACADEMIQUE 2021 - 2022

 
 

Première Session

 
 
 
 
 

ii

EPIGRAPHE

Le développement est un processus qui exige que chaque peuple se soude les coudes et devient plus productif, plus performant, plus compétitif, ...

Albert-Jonathan BACHISEZE MAGALA- 2022

iii

DEDICACE

A nos parents Dieudonné et Jeanne, A tous nos frères et soeurs, les MAGALAS, A tous ceux qui militent pour un environnement sain et durable, A tous ceux qui cultivent et diffusent les dignes valeurs humaines, A tous ceux qui rêvent grands et croient aux vertus de travail et d'efforts, A tous les chercheurs passionnés par les filières et chaines de valeurs agricoles.

En signe de respect et d'encouragement !

iv

REMERCIEMENTS

De vive voix, nous remercions le ciel pour la vie et les capacités gracieusement accordées.

Nos remerciements les plus inaltérables s'adressent au directeur de ce travail, le Professeur Baudoin MICHEL, de l'université de Liège (Belgique). Nous saluons sa notoriété et sa méticulosité dans le domaine de recherche et de coopération internationale. En dépit de son agenda toujours saturé : Recteur à l'IFA- Yangambi, Directeur à l'ERAIFT, Coordonnateur à l'INERA-Yangambi, il était présent à tout moment qu'il le fallait. Nous témoignons ensuite notre gratitude aux Doctorants Louis Pasteur BAMENGA (ERAIFT) et Clément JASHOPOKWO (IFA- Yangambi), lesquels j'appelais respectivement LP et Jacleus. Ils ont bien exercé leurs rôles d'encadreurs, nous permettant d'apprendre par nous-mêmes aux fins d'être la vraie version de nous-mêmes.

Nous déferons sincères remerciements à tous les membres de notre département d'économie agricole pour leurs contributions enrichissantes lors des séminaires et entretiens privés.

En jetant les regards plus en arrière, certains noms ne peuvent pas être omis. Nous exprimons notre gratitude à l'équipe des chercheurs du laboratoire ISOFYS de l'université de Gand, en Belgique. Dirigée par le Professeur Pascal BOECKX, c'est cette équipe qui m'a initié à la rigueur scientifique. Que le facilitateur Héritier FUNDJI, que j'appelle Wata+, comprenne combien je suis reconnaissant. Comment puis-je omettre le Professeur Corneille EWANGO (de l'université de Kisangani) et le Phd Isaac MAKELELE (Université de Bukavu) ? Ceux-là qui ont corrigé mon premier protocole de recherche en sciences. Nous étendons toute notre gratitude à tous les professionnels de la craie qui ont concouru à notre formation.

Nous ne saurons passer sous silence nos amis, jeunes chercheurs avec lesquels nous sommes en train d'écrire une histoire : Guy Robert MANDE, Merveille WOMBE, Fabrice KIMBESA, Serge ALEBADWA. Quoi d'autre que de remercier notre équipe des jeunes entrepreneurs YOUNECATE-Org, ...merci de nous nourrir d'optimisme et du goût d'excellence, ...

Nous remercions nos parents, nos frères et soeurs, LES MAGALAS pour le soutien intégral que nul mot ne saurait textuellement exprimer. Nous n'oublierons pas nos camarades de promotion pour la cohésion et le partage, ...

Afin de n'oublier personne, que ce document soit un motif de satisfaction à tous ceux qui nous ont soutenus de quelconque façon, dans notre cursus universitaire.

v

RESUME

Le café « or vert » était un poids lourd dans l'économie congolaise et représentait entre 10 à 15 % du PIB national vers les années 1980. Des causes intrinsèques et extrinsèques ont périclité les productions et les exportations caféières évaluées à moins de 1% du PIB national en 2022. A l'heure actuelle, nombreuses causes sont déjà levées et la promotion d'un développement axé sur la durabilité prend l'ampleur. C'est dans ce sens que cette étude a été menée dans l'objectif de contribuer à la stratégie de relance de la filière café, dans la province de la Tshopo au travers les territoires de Bafwasende et Ubundu.

A l'issu d'une approche empirique englobant des techniques complémentaires, les analyses fonctionnelle et financière de la filière café ont été abordées. La matrice AFOM a été présentée et couplée pour ressortir les options stratégiques. L'analyse fonctionnelle montre la désorganisation de la filière à tous les niveaux causant des très faibles productions et la compétitivité nulle des produits. L'analyse financière montre que la filière est rentable pour tous les acteurs avec une inégale répartition de la valeur ajoutée. L'amélioration de rendements, de processus de transformation et des circuits de commercialisation sont les défis à surmonter. Un autre grand défi est d'ordre culturel dans le sens que les populations desdits territoires ne font pas de l'agriculture leur priorité.

La filière café affiche de bonnes perspectives de développement dans la zone sous examen. Sa relance peut se solder par un impact socio-économique évident et avec moins des dommages à l'environnement. La trilogie : vulgarisation des avantages liés au café en commençant par les leaders d'opinions, la structuration des agriculteurs de la base au sommet, et l'investissement dans l'homme puis dans l'équipement, est la pierre de touche de la stratégie proposé.

Ces résultats sont une référence de poche pour tous les entrepreneurs voulant investir dans le secteur de café dans Tshopo et aussi pour les concepteurs, élaborateurs et bailleurs des projets de développement.

Mots clés : Café, Stratégie, Filière, Relance durable et Investissement dans l'homme.

vi

ABSTRACT

Coffee « green gold » was a heavyweight in the Congolese economy and represented between 10 to 15% of the national GDP around the 1980s. As a result of both, intrinsic and extrinsic causes, coffee production and exports have slipped into decline up to less than 1% of national GDP in 2022. However, many causes have already been lifted and the promotion of sustainable development is gaining momentum. It is within this framework that this study was conducted with the aim of contributing to the recovery strategy of the coffee sector, in the province of Tshopo through Bafwasende and Ubundu territories.

At the end of an empirical approach including complementary techniques, the functional and financial analyses of the coffee sector were approached. The SWOT matrix was presented and exploited to bring out strategic options. The functional analysis shows the disorganization of the sector at all levels causing very low production and zero competitiveness of the products. The financial analysis shows that the sector is profitable for all the actors with an unequal distribution of the added value. Improving yields, processing processes and marketing channels are the challenges to overcome. Another major challenge is cultural in the way that that the populations of these territories do not make agriculture their priority.

The coffee sector shows good development prospects in the area under examination. Its revival can result in an obvious socio-economic impact and with less damage to the environment. The trilogy: popularising the benefits of coffee starting with opinion leaders, structuring farmers from the bottom up, and human-equipment investment, is the touchstone of the proposed strategy.

These results are a pocket reference for all entrepreneurs wanting to invest in the coffee sector in Tshopo and also for designers, developers and donors of development projects.

Keywords: Coffee, Strategy, Sector, Sustainable recovery and Human investment.

vii

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE ii

DEDICACE iii

REMERCIEMENTS iv

RESUME vi

ABSTRACT vi

TABLE DES MATIERES vii

SIGLES ET ABREVIATIONS ix

LISTE DES TABLEAUX x

LISTE DES FIGURES x

0. INTRODUCTION 1

0.1. Etat de la question 2

0.2. Problématique 3

0.3. Les hypothèses 4

0.4. Les objectifs 5

0.5. Intérêt de l'étude 5

0.6. Cadre du travail 5

0.7. Subdivision du travail 5

CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL 6

1.1. COMPRENDRE LE CAFE ET LA CEFEICULTURE 6

1.2. COMMERCE DU CAFE ET SON PARADOXE 9

1.3. LES FILIERES AGRICOLES 10

CHAPITRE II. MILIEU ET METHODE 13

2.1. MILIEU D'ETUDE 13

2.2. MATERIELS 14

2.3. METHODE 15

2.3.1. Techniques de récolte de données 15

2.3.2. Méthode de récolte des données 16

CHAPITRE III. PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS 23

3.1. Analyse fonctionnelle de la filière café 23

3.1.1. Description des acteurs de la filière 23

3.1.2. Délimitation des contours de la filière. 30

3.1.3. Graphe de la filière café 31

3.1.4. Formation des prix et stratégie des acteurs 32

3.1.5. Coordination des acteurs et cadre réglementaire. 34

3.2. Analyse financière de la filière 35

viii

3.2.1. Analyse de la viabilité financière de la filière sur les acteurs 35

3.2.2. La consolidation des CPE 35

3.3. Présentation de la matrice AFOM 37

3.4. Formulation des actions stratégiques 38

3.4.1. Couplage de la matrice AFOM 38

3.4.2. Formulation des axes stratégiques 39

CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS 40

4.1. Analyse fonctionnelle de la filière 40

4.2. Analyse financière de la filière 42

4.3. L'analyse par matrice AFOM 44

4.4. Formulation des axes stratégiques 45

CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS 46

BIBLIOGRAPHIE 48

ANNEXE

ix

SIGLES ET ABREVIATIONS

AFD AFOM ANAPI CDF CPE FAO GDP ICO INERA INS

JBM OCC ODD OIC ONAPAC PIB PNUD RBE RNE SNCC SWOT ULB VA ERAIFT

Agence Française de Développement

Atouts Forces Opportunités Menaces

Agence National pour la Promotion des Investissements

Congolese Democratic Franc

Compte Production Exploitation

Food and Agriculture Organisation

Gross Domestic Product

International Coffee Organisation

Institut National pour l'Etude et la Recherche Agronomiques

Institut National des Statistiques

Jardin Botanique de Meise

Office Congolais de Contrôle

Objectifs de Développement Durable

Organisation Internationale du Café

Office National des Produits Agricoles du Congo

Produit Intérieur Brut

Programmes des Nations Unies pour le Développement

Résultat Brut d'Exploitation

Résultat Net d'Exploitation

Société Nationale de Chemin de fer du Congo

Strenghts Weaknesses Opportunities Threats

Université Libre de Bruxelles

Valeur Ajoutée

Ecole Régionale postuniversitaire d'Aménagement et de Gestion

Intégrés des Forêts et territoires

x

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Principales différences entre les variétés robusta et arabica 7

Tableau 2. Compte de Production 11

Tableau 3. Compte d'Exploitation 12

Tableau 4 : Prototype d'un CPE 18

Tableau 5. Profil sommaire des principaux acteurs de la filière café 23

Tableau 6. Types de commerçants grossistes 26

Tableau 7. Types de commerçants Revendeurs 27

Tableau 8. Types de transformateurs 28

Tableau 9 : Délimitation des contours de la filière 30

Tableau 10. Variation annuelle des prix de café 32

Tableau 11 : Compte Consolidé de la filière café 35

Tableau 12 : Présentation de la matrice AFOM 37

Tableau 13 : Couplage de base de la matrice AFOM 38

Tableau 14 : Les axes stratégiques pour la relance de la filière café 39

Tableau 15 : Comparaison des RNE mensuels des acteurs filières café, Riz et Pêche 43

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Les grands producteurs du café et leurs géo positions 8

Figure 2 : Le déséquilibre du marché mondial du café de 1998/99 à 2002/03 9

Figure 3 : Carte de la Province de la Tshopo et ses territoires 13

Figure 4 : Cadre méthodologique 15

Figure 5 : Analyse par matrice AFOM 19

Figure 6 : Analyse croisée de la matrice AFOM 20

Figure 7. Brainstorming pour la formulation des axes stratégiques (UNIL, 2018) 21

Figure 8 : Eléments liés aux facteurs de production 24

Figure 9 : Répartition des producteurs selon la fréquence annuelle d'entretien 24

Figure 10 : Eléments liés à la Production et Vente 25

Figure 11 : Répartition des commerçants grossistes 26

Figure 12 : Répartition des commerçants revendeurs 27

Figure 13 : Répartition des transformateurs 28

Figure 14 : Etapes de transformation du café : Opération, moyens, produits et perte 29

Figure 15 : Description de la filière café en territoires de Bafwasende et Ubundu. 31

Figure 16 : Répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs 36

1

0. INTRODUCTION

La République Démocratique du Congo est l'un des rares pays africains qui ont le potentiel de devenir un véritable grenier à grain (Lebailly et al., 2014). Ce géant au coeur de l'Afrique centrale regorge d'importantes ressources dans tout secteur économique (ANAPI, 2019).

Après plus de six décennies d'indépendance, la RDC figure parmi les pays les plus pauvres du monde et son tissu macroéconomique ne cesse de se détériorer. L'indice de développement humain qui est l'indicateur du niveau de vie est de 0,45 positionnant le pays à la 179e place sur 189 pays considérés (Pourtier, 2018 ; PNUD, 2020).

Cet état résulte de nombreux facteurs parmi lesquels nous notons le sabotage volontaire du secteur agricole par la classe dirigeante. En effet, les représentants gouvernementaux ne sont pas parvenus à mettre en place d'importants changements structurels qui puissent conférer à l'agriculture son pouvoir multiplicateur et accélérateur du processus de développement. A ce stade, la relance du secteur agricole s'impose en leitmotiv pour tous les acteurs qui rêvent d'un Congo fort et émergent. Un intérêt aussi particulier est requis pour les cultures pérennes ou industrielles qui sont des investissements durables aux fonctions économiques, financières, écologiques et sociales non négligeables (Ibandan, 2021).

Le café « Or vert » est la première culture pérenne échangée dans le monde et contribue substantiellement à booster les économies des pays (Wintgens, 2004). En RDC, après le secteur des mines, le café a été le fer de lance de l'économie et contribuait au PIB à hauteur de 15% (Baeumlin, 2013) dans les années 1980-1990. A nos jours, la contribution du café au PIB national est estimée à 1% (INS, 2021). Il est rationnel de déduire que l'effondrement de la caféiculture a précipité nombreux congolais dans la pauvreté. Réversiblement, la relance de la caféiculture se solderait par un impact socio-économique évident.

A l'heure où le pays est en quête d'une bonne stratégie de promotion et d'autonomisation des agriculteurs et de leurs économies, il nous est question dans cette étude de faire un état de lieux de la filière café et de formuler des options stratégiques de sa relance dans la Province de la Tshopo, à travers les territoires de Ubundu et de Bafwasende.

2

0.1.Etat de la question

Dans la province de la Tshopo, rare sont les études de viabilité scientifique qui ont abordé la problématique de la relance de la filière café.

La fondation Konrad Adenauer (2017) avait initié dans le cadre du projet Un seul monde sans faim, des études filières, malheureusement limitées à la pêche et au riz dans la Tshopo. Dans notre discussion, nous avons tenté de balancer la viabilité microéconomique de chacune de ces filières à celle de café.

Dans le Kongo Central, Manfroy (2021) a analysé la chaine de valeur café dans la réserve de Biosphère de Luki par la méthode Value Chain Analysis for Development(VCA4D). A l'issu de ses analyses, elle conclut que la filière café est rentable pour tous les acteurs de la chaine et qu'elle peut avoir d'impacts au niveau provincial. Aussi, elle montra que le développement de cette chaine de valeur pourrait avoir des effets positifs sur l'environnement, notamment sur la réduction de la déforestation.

Dans le Kwango, c'est la conclusion du chapitre 5 de Ibanda (2021) qui nous intéresse. Il a abordé le développement agricole et pastoral en RDC. Pour relancer les cultures pérennes, il estime qu'il est nécessaire que les agriculteurs adoptent la polyculture, mais également que l'Etat soutienne les exploitants agricoles par des incitations fiscales, douanières et en investissant dans les infrastructures routières.

A l'échelle nationale, c'est depuis 2011 que la RDC, au travers son ministère de l'agriculture, a formulé sa stratégie de relance de la filière café autour d'une vision : améliorer les performances de la filière Café sur toute la chaîne de valeur et créer des richesses en milieu rural à travers une caféiculture professionnalisée et compétitive. La grande province orientale était ciblée mais non la province de la Tshopo, district de la Tshopo à l'époque. Estimée à 100 millions de dollars et formulée par diagnostic participatif, cette stratégie, comme beaucoup des projets du gouvernement congolais, est restée sans follow-up.

La présente étude, réalisée dans le cadre du projet Coffeebridge, s'inscrit dans l'idée de relancer la caféiculture dans la Province de la Tshopo par le secteur privé. Une relance efficace, efficiente et durable étant l'objectif, l'étude commence par comprendre l'état actuel de la filière, dresse la matrice AFOM et l'analyse. Finalement, elle formule des actions stratégiques en concert avec les Objectifs de Développement Durable (ODD).

3

0.2.Problématique

L'agriculture est depuis les temps anciens une source de nourriture et des revenus pour plusieurs ménages dans le monde. Elle reste donc le facteur déterminant pour une croissance économique inclusive des nations (ANAPI, 2019).

Dans toutes leurs diversités, les cultures exploitées en agriculture se classent en trois grandes catégories : les cultures vivrières, maraichères et pérennes. Ces dernières se caractérisent par des plantations fixes et stables qui riment avec les objectifs du développement durable (Ibandan,2021). Par ailleurs, ces cultures sont beaucoup échangées sur le marché international et procurent des retours financiers substantiels aux exploitants agricoles et améliorent les réserves de changes des pays (Wintgens, 2004). Parmi les cultures pérennes, la culture du café démontre un potentiel économique et social très pertinent. En effet, le café représente 4% du commerce mondial des produits alimentaires, c'est la première denrée agricole et la deuxième marchandise échangée dans le monde après le pétrole et avant le blé (Chatel et al.,2016).

Les pays africains représentaient 30% des exportations mondiales de café vers les années 1970 et seulement 11% en 2010. En RDC, dans les années 1980, le café était le deuxième produit d'exportation après le cuivre et représentait jusqu'à 15 % de la valeur des exportations totales du pays, soit 75% des exportations du secteur agricole (Baeumlin, 2013). Les grands bassins de productions étaient les régions de Nord et Sud Kivu, Oriental, Equateur, Bandundu et Bas Congo (Ibandan, 2021). En 2021-2022, la production caféière est évaluée à 250000 kg, soit une contribution de moins de 1% dans le PIB du Pays (INS, 2021).

Les causes déterminantes de cette chute « vertigineuse » sont la tracheomychose, les conflits armés, la défectuosité des routes agricoles et la baisse des cours mondiaux. Les principales causes conjoncturelles y afférentes sont la faiblesse des mécanismes de financement agricole (cas pour l'ONAPAC) et le mauvais entretien des plantations (Rubabura et al., 2015). Cet effondrement du secteur café a conduit à coup sûr à la vulnérabilité des communautés locales et au développement de la pauvreté sous ses formes (Kang et al., 2009).

Ces dernières années sont marquées par la mise au point des variétés résistantes à la tracheomycose, le rétablissement du calme dans certains grands bassins de production et la hausse continue de la consommation mondiale à hauteur de 2,5% l'année (Tegera et al.,2014). La RDC, le pôle de certains meilleurs cafés du monde, devrait revitaliser sa caféiculture, un des moteurs de développement rural (Dubé, 2012).

4

Un autre élément très déterminant est le changement climatique. Laderach et al., (2008) estiment que les hausses généralisées des températures vont restreindre les zones favorables à l'arabicaculture.

La Province de la Tshopo, bénie par son climat écologique, ses vastes superficies et sa position géostratégique, offre des conditions favorables pour la relance effective de la filière café robusta. Le territoire de Bafwasende est le plus vaste de la province de la Tshopo. Il fut l'un de bassin de production de café Robusta dans la Tshopo avec une production comprise entre 50 à 200T (Baeumlin,2013). Le territoire de Ubundu, voisin, est le deuxième plus vaste de la province de la Tshopo (Omasombo et al., 2017). En plus de leurs vastes étendues, les bonnes possibilités d'exportations offrent à ces deux territoires des avantages non négligeables. Dans cette étude, nous nous sommes posés la question de savoir s'il y a encore des incitants économiques ou organisationnels pour la filière café dans les territoires de Bafwasende et Ubundu. Telle est la principale question de cette étude.

Il en dérive 4 questions spécifiques :

1. Quel est l'état actuel de la filière café dans les zones d'étude ?

2. Quel est l'impact financier de la filière café sur les parties prenantes ?

3. Y-a-il des bonnes perspectives de développement de cette filière dans ces territoires ?

4. Quelles sont les actions stratégiques pour relancer et assurer la durabilité de la filière café dans la province de la Tshopo

0.3.Les hypothèses

L'hypothèse centrale postule que dans les territoires de Bafwasende et Ubundu, il ya d'incitants économiques et non organisationnels pour la filière café.

Plus spécifiquement :

1. Dans la zone d'étude, la filière café est dans un état d'abandon. Les productions sont faibles, les techniques utilisées sont rudimentaires, les acteurs ne sont pas organisés et ne bénéficient d'aucun soutien public ou privé ;

2. L'impact financier de la filière est positif sur les parties prenantes ;

3. Il y a de bonnes perspectives de développement de la filière café dans ces territoires. La somme atouts -opportunités absorbe celle de faiblesses-menaces ;

4. Les actions stratégiques pour relancer et assurer la durabilité de la filière café sont d'ordres technico-financiers, organisationnels et institutionnels en concert avec les Objectifs de Développement Durables (ODD).

5

0.4.Les objectifs

L'objectif principal de cette recherche est de contribuer à la stratégie de relance de la filière café dans la province de la Tshopo à partir des territoires de Bafwasende et de Ubundu. Plus spécifiquement il sera question de :

1. Procéder à une analyse fonctionnelle de la filière ;

2. Procéder à une analyse financière de la filière ;

3. Présenter une analyse basée sur la matrice AFOM de la filière ;

4. Formuler des actions stratégiques pour relancer et assurer la durabilité de la filière café en concert avec les Objectifs de Développement Durables (ODD).

0.5.Intérêt de l'étude

Sur le plan scientifique, cette recherche est une contribution à l'analyse des filières agricoles et des marchés en général. En cette période où le pays est en crise de politique agricole, les données collectées et les résultats de cette recherche sont une littérature de plus pour éclairer la réalité et inspirer les chercheurs ultérieurs.

Sur le plan socio-économique, les résultats de cette étude constituent un véritable outil de décision. Ils ouvrent des pistes nouvelles aux développeurs et entrepreneurs pour passer à l'action, élaborer et exécuter des projets de revitalisation de la caféiculture.

0.6.Cadre du travail

La présente étude est réalisée dans la Province de la Tshopo, principalement dans le territoire de Bafwasende et Ubundu. L'étude est menée dans le cadre du projet Coffeebridge coordonné par le JBM (Jardin Botanique de Meise) et appuyé par nombreux partenaires : INERA (Institut National pour l'Etude et la Recherche Agronomiques), ERAIFT (Ecole Régionale post universitaire d'Aménagement et de gestion Intégrés des Forêts), ULB (Université Libre de Bruxelles, ...). Le projet est multidisciplinaire et vise à soutenir les agriculteurs du café robusta par des études qui vont alimenter la prise de décision à la fois au niveau des décideurs que des agriculteurs.

0.7.Subdivision du travail

De surcroit l'introduction, le travail est subdivisé en quatre chapitres : le premier aborde le cadre conceptuel, le deuxième décrit le matériel et méthode, le troisième présente et interprète les résultats et le quatrième discute les résultats. Une conclusion et plusieurs suggestions bouclent cette recherche.

6

CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL

1.1.COMPRENDRE LE CAFE ET LA CEFEICULTURE

a. Etymologie, Historique et Expansion du café

Le mot café vient du mot arabe « Cahouah » ou « Qahwah » qui signifie « ravigorant » et désigne à la fois les graines et cerises du caféier, mais aussi la boisson obtenue à partir de ces graines et le lieu de consommation de cette boisson (Penilleau, 1864 ; Michelle et al., 2003). Nombreux auteurs soutiennent que le café arabica a fait son apparition dans le Sud-Ouest de l'Ethiopie, en Afrique (Allred et al., 2009). A partir de son berceau d'origine, le café et la caféiculture se sont étendus dans toutes les régions du monde et aujourd'hui, il est possible de trouver le bon café dans toutes les grandes villes du monde (Boulo, 2013). Le café robusta est quant à lui originaire du bassin du Congo (Fomer, 2017). Précisons que l'expansion de la caféiculture émane des colonisateurs (Epon Eboa et al., 2019).

b. Classification botanique et description de la plante

Les scientifiques ont dénombré plus de 124 espèces dans le genre Coffee (Davis et al.,2019) Cependant, Adepoju (2017) précise que seules deux espèces sont intéressantes pour la production et commercialisation :

- Coffee arabica (Linné) qui donne le café arabica et - Coffee canephora (Pierre) qui donne le café robusta.

La classification botanique du café arabica est présentée par Bouden et Kadri (2019) : Règne : Plantae, Division : Angiosperme, Classe : Dicotyledonae, Sous classe : Euasterids, Ordre : Gentianales, Famille : Rubiaceae, Sous Famille : Ixoroideae, Genre : Coffee L., Espèce : Coffee arabica.

Le caféier est un arbuste tropical pouvant atteindre 10 à 12 mètres de hauteur. Les racines sont pivotantes et selon les espèces, le tronc est soit unicaule ou multicaule. Les branches sont horizontalement opposées 2 à 2, aussi longues et grêles. Les feuilles sont brillantes, verte-foncées, aux formes ovales, aux bords ondulés, à phyllotaxie opposée, et à pétiole très court (Champéraux, 1991). Les fleurs sont blanches, petites, groupées en glomérules de 15 à 30. Chaque fleur fécondée donne un fruit appelé « cerise » et les graines qui y résultent sont les « fèves », de couleur grise et à surface lisse (Benmedjahed, 2017)

7

c. Principales différences entre les variétés arabica et robusta

La distinction entre ces deux variétés est principalement génétique. C'est l'expression génétique qui engendre les différences morphologiques et agronomiques. Le tableau 1 ci-dessous résume les principales différences entre ces variétés.

Tableau 1. Principales différences entre les variétés robusta et arabica

Paramètre

Variété Arabica

Variété Robusta

01

Origine

Hauts plateaux éthiopiens

Cote d'Ivoire, Foret congolaise, Ouganda

02

Date de description

1753

1895

03

Nombre de
chromosomes (2n)

44

22

04

Température moyenne
annuelle optimale

15-24°C

24-30°C

05

Altitudes optimales

500-2000m

2000-3000m

06

Précipitations optimales

1500-2000mm

2000-3000mm

07

Resistance

Fragile, frileux et délicat

Robuste face aux maladies,
insectes

08

Teneur en caféine

1,2- 1,5%

3%

09

Forme et couleur des
grains

Forme Ovale, allongée et
couleur rouge, jaune ou
violette

Forme ronde, petite dimension
et de couleur jaune à brun

10

Goût

Aromatique, plus subtil et
fruité

Corsé et amer

11

Production

60% de la production
mondiale

40% de la production mondiale

12

Prix

20-25 % plus cher que
Robusta

20-25 % moins cher qu'Arabica

Source : (Piccino, 2011)

Le tableau 1 ci-dessus montre que la caféiculture demeure et demeurera toujours une propriété du monde tropical humide. Un hectare de caféier Arabica ou Robusta, conduit dans de bonnes conditions avec du matériel sélectionné, produit entre 6 et 7 tonnes de cerises, qui donneront 1,2 à 1,3 tonnes de café marchand après transformation. Dans les périodes où les cours du café sont très bas, les caféiculteurs investissent peu dans leurs plantations. Ils laissent l'ombrage se développer et se contentent de désherber. Dans ces conditions, un hectare fournit entre 600 kg et 1 tonne de cerises, soit 100 à 200 kg de café marchand. Dans des conditions de culture intensive au soleil, une grande plantation peut produire correctement pendant 30 ans. Les caféières sous ombrage, peu productives, peu entretenues, durent souvent 50, 70, voire 100 ans (Lécolier, 2006).

8

d. Traitement post récolte de café

Après le premier traitement post récolte (voie sèche ou humide), s'en suivent la torréfaction et la moulure. La torréfaction consiste à griller le café afin de lui conférer ses qualités : forme, volume, couleur, poids, ... (Pittia et al., 2001 ; José Alfredo, 2012). En effet, sous l'effet de la chaleur, les sucres et l'eau donnent des caramels et quand il n'y a plus d'eau, les sucres et les acides développent les arômes (c'est la réaction de Maillard ou caramélisation). En plus la réaction de Strecker intervient pour le changement de pigmentation jusqu'au chocolat (Michelle et al., 2003). La moulure, effectuée selon divers procédés, permet alors de réduire le café torréfié en poudre qui est alors vendu.

e. Producteurs et consommateurs du café

La majorité du café consommé dans le monde est produit dans la zone intertropicale. Depuis des années, le Brésil est le premier producteur mondial, suivi des deux autres poids lourds dont le Vietnam et la Colombie (Khalid, 2010).

La RDC partage le même climat que ces grands producteurs du café, malheureusement qu'elle n'a pas encore réussi à valoriser ce grand potentiel géostratégique.

Le café produit est consommé sous diverses formes : en boisson, produits esthétiques, ou encore produit diététique. Les grands producteurs sont aussi les grands consommateurs. En Europe, la consommation est plus modeste, modérée en Asie et très modérée en Afrique et en Océanie (Turquie et Japon) mais très élevée aux Etats-Unis (I.C.O, 2011). La figure 1 ci-dessous illustre les grands producteurs du café dans le monde.

Figure 1 : Les grands producteurs du café et leurs géo positions Source : (Khalid 2010 ; Basic, 2018)

9

1.2.COMMERCE DU CAFE ET SON PARADOXE

a. Poids du café « Or vert » et de la caféiculture dans le monde

Le paradoxe est que le café n'est pas une matière première vitale dans le sens où on peut vivre sans le consommer. Il est différent du blé, du coton, du cacao ou autres matières premières vitales pour le bien-être des personnes. Toutefois, fort est de noter que, le café est la matière première agricole la plus échangée au monde après le pétrole (I.C.O, 2011).

b. Grande crise du café dans le monde (1997-2003)

L'un des défis majeurs du commerce du café est la volatilité des prix aux producteurs (AFD, 2008). En 1962, le premier accord international sur le café (AIC) est conclu. Ses signataires sont à la fois les pays producteurs en demande d'une régulation et les pays consommateurs soucieux d'assurer un approvisionnement régulier en qualité stable (Basic, 2018). Comme pierre de touche, l'accord a instauré la fourchette d'évolution des prix et des quotas à l'exportation pour chaque pays producteur. Cet accord, très fructueux sera annulé en 1989, à la suite de nombreux dysfonctionnements internes (Tulet, 2007). Le démantèlement de cet accord régulateur a désorganisé l'économie mondiale du café. A cette désorganisation s'est ajoutée la montée en puissance de la production en Amérique Latine et en Asie. Ces éléments ont convergé à la surabondance de l'offre et parallèlement la baisse brutale et dramatique des cours mondiaux aux producteurs, c'était la crise du café la plus grave (Basic, 2018). La figure 2 ci-dessous illustre le dynamisme offre-demande du marché pendant cette crise.

Figure 2 : Le déséquilibre du marché mondial du café de 1998/99 à 2002/03 Source : (O.I.C, 2004).

10

c. Période post crise de la caféiculture

Depuis Novembre 2004, le prix mondial du café est en pleine hausse. Les principales raisons qui justifiant des prix soutenus sont : la demande croissante dans les pays consommateurs, des stocks faibles entre les mains des producteurs, l'augmentation des revenus moyens de la population dans les pays consommateurs (émergents), des coûts de production en augmentation dans tous les pays producteurs et la nécessité du respect à l'environnement (Tegera et al., 2014). Cependant, Laderach et al.,(2008) prédisent que la répartition géographique des productions du café va changer sous l'impact du marché et du climat. Les zones favorables l'arabicaculture vont se restreindre, occasionnant l'augmentation des prix du café de bonne qualité. Les hausses marginales des températures seront plus bénéfiques au Coffee robusta.

1.3.FILIERES AGRICOLES

a. Survol sur les filières et chaines de valeur agricoles

La distinction reste peu tranchée entre ces deux vocabulaires à tel niveau que le terme filière est traduit en « value chain » (Chaine de valeur) en anglais.

L'approche filière est d'origine française et la chaine de valeur est anglaise (Bockel &Tallec, 2005 ; Porter, 1986). L'approche filière dégage les relations de cheminement et de complémentarité le long de la chaine de production alors que la chaine de valeur consiste à la décomposition des étapes de production de façon à identifier les avantages compétitifs possibles aux différents maillons du processus de production.

En d'autres mots, la chaine de valeur décrit les nombreux niveaux depuis la conception, le bord du champ jusqu'à la tasse du consommateur et destruction après utilisation. C'est donc une analyse séquentielle ou éclatée des différents maillons de la chaine de production (FAO,1997 ; Kaplinsky & Morris, 2000). En revanche, la filière renvoie à une analyse systémique, à une notion d'ensemble de la chaine de production.

Les principales dimensions d'une filière sont les intrants, la production, la transformation et la commercialisation. D'un niveau à l'autre, le degré des flux est fonction des signaux ou incitants (le prix, crédit, ...) que reçoivent les opérateurs économiques (CSA, 2013).

11

b. L'analyse financière d'une filière agricole : Principes de calcul

Pour Lescuyer (2020), l'analyse financière d'une filière permet d'estimer ses impacts sur le bien-être des parties prenantes. Dans notre cas, il a été question de reconstituer les comptes production-exploitation de chaque agent de la filière. Ces comptes individuels des acteurs ont ensuite été consolidés et interprétés.

Les recettes totales (RT) et les charges totales (CT) sont les grandeurs fondamentales déterminées. Les charges englobent les Consommations Intermédiaires (CI), les Autres Charges (AC) et les Amortissements (Am). Le terme Autres charges regroupe les frais financiers (FF), les Impôts et taxes (IT) et la rémunération du personnel (S).

Avec les deux grandeurs fondamentales, des grandeurs dérivées qui sont des outils standards d'analyse financière peuvent être déterminées. Ce sont les VA, RBE, RNE, ...

2. Détermination de la valeur ajoutée (VA)

La valeur ajoutée représente la richesse créée dans le processus de production-destruction. En effet, si RT et CI sont respectivement la valeur des recettes totales et les consommations intermédiaires. Alors la valeur ajoutée est définie par l'équation : VA = RT-CI

Le calcul de la valeur ajoutée passe par l'élaboration du compte de Production CP illustré par

le tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2. Compte de Production

Désignation

Sigle

Quantité

Prix Unitaire (PU)

Annuité

d'amortissement (A.a)

Total

1. Les charges

C

 
 
 

CI

Les consommations intermédiaires

CI

 
 
 

?A, TFS, TG et Tr

a. Les achats

A

 
 
 
 

b. Travaux, fournitures et
services

TFS

 
 
 
 

c. Frais divers de gestion

TG

 
 
 
 

d. Transport

Tr

 
 
 
 
 

2. Les recettes totales

R

 
 
 

?VP, VD et SE

a. Vente de la Production

VP

 
 
 
 

b. Vente des déchets et sous-
produits

VD

 
 
 
 

c. Subventions d'exploitation

SE

 
 
 
 
 

Valeur Ajoutée Intérieure Brute

VA

 
 
 

RT-CI

Source : (Bockel & Tallec, 2005 ; Lescuyer, 2020)

12

1. Détermination du Résultat Brut et Net d'Exploitation (RBE et RNE)

Le Résultat Brut d'Exploitation (RBE) est obtenu en déduisant des recettes totales les consommations Intermédiaires et les autres charges. A l'opposé du RBE, le Résultat Net d'Exploitation (RNE) exprime le gain (ou la perte) économique de l'agent une fois acquitté de toutes les charges d'exploitation courantes. Le RNE intègre un autre type de facteur qui a contribué à la production : les Investissements. On considère que la production a contribué à « l'usure » des investissements. Ainsi,

RBE = VA - AC RNE = RBE - Am

= RT - CI - AC = RT - CI - AC- Am

Source : (Bockel &Tallec, 2005 ; Lescuyer, 2020)

Le calcul des RBE et RNE passe par l'élaboration du compte d'Exploitation, CE illustré par tableau 3 ci-dessous.

Tableau 3. Compte d'Exploitation

Désignation

Sigle

Quantité

Prix Unitaire (PU)

Annuité

d'amortissement (A.a)

Total

Autres charges et Amortissement

 
 
 
 

? S, FF, IT et Am

1. Autres charges

AC

 
 
 

? S, FF, IT

a. Rémunération du personnel

S

 
 
 
 

b. Frais Financiers

FF

 
 
 
 

c. Impôts et Taxes

IT

 
 
 
 

2.Amortissement

Am

 
 
 
 

Valeur Ajoutée Intérieure Brute

VA

 
 
 
 

Résultat Brut d'exploitation

RBE

 
 
 

VA-AC

Résultat Net d'exploitation

RNE

 
 
 

RBE-Am

Test de Rentabilité

TR

 
 
 

(R/C) *100

 

Source :(Bockel&Tallec, 2005 ; Lescuyer, 2020).

Le CP et le CE peuvent être regroupés dans un compte unique, c'est le Compte de Production Exploitation (CPE).

d. Les Limites de l'approche filière

Il est à préciser que cette approche doit être utilisée en complémentarité avec d'autres outils de décisions prenant en compte les dynamiques agricoles et territoriales. Etant bornée sur un produit spécifique, la filière permet très difficilement d'intégrer les enjeux transversaux indissociables aux activités agricoles et au développement inclusif (CSA, 2013).

13

CHAPITRE II. MILIEU ET METHODE

2.1.MILIEU D'ETUDE

Notre zone d'étude a couvert les territoires de Bafwasende et Ubundu, dans la Province de la Tshopo, la plus vaste du pays avec 199 567 km2, soit 8,5% de l'étendue nationale. Située au Nord-est du pays, la province de la Tshopo comprend la ville de Kisangani et sept territoires : Bafwasende, Banalia ; Ubundu,Basoko, Isangi, Opala etYahuma (ADRASS, 2020)

La province est occupée à 87% par la forêt dense humide. Celle-ci est favorisée par le climat correspondant au type Af de la classification de Köppen qui y prévaut. Les sols sont dans une large majorité ferralitique, à texture sablo argileuse. L'hydrographie de la province s'articule autour du Fleuve Congo et la rivière Tshopo (Bolakonga, 2013).

L'économie de la Province est centrée sur l'agriculture et l'élevage traditionnels. Les principales cultures exploitées sont le manioc, la banane plantain, la patate douce et le riz. Les cultures pérennes en pleines régression concernent le café, le cacao, l'hévéa, et le palmier à huile. L'élevage concerne les vaches, poulets de chair et pondeuses (UNICEF, 2021).

La figure 3 présente la carte de la Province de la Tshopo et ses territoires.

Figure 3 : Carte de la Province de la Tshopo et ses territoires

14

Le territoire de Bafwasende (chef-lieu Bafwasende, à 262 Km de Kisangani) est le plus vaste du pays. Il s'étend sur près du quart de la Tshopo (48 482 km2). En revanche, il est le territoire le moins peuplé de la province (Annuaire de statistique, 2020). Ce territoire loge quatre peuples autochtones notamment : Mbuti (Pygmées), Babali, Komo et Lombi (ADRASS, 2020). Il est limité :

- Au Nord : Territoires de Poko (dans la province de Bas Uele), Rungu et wamba (dans la province du Haut Uele) ;

- Au Sud : Territoires de Walikale (dans la province du Nord-kivu) et Lubutu (dans la province du Manièma)

- A l'Est : Territoires de Mambasa (dans la province de l'Ituri) et Lubero (dans la province du Nord-Kivu)

- A l'Ouest : Ubundu, Banalia et la ville de Kisangani

Le territoire de Ubundu (chef-lieu la cité de Ubundu, à 126 Km de Kisangani) est le deuxième plus grand territoire de la province et s'étend sur 41306 km2 (Annuaire, 2020). Il comprend neuf secteurs, une chefferie (Kirundu), des groupements et villages (Adrass, 2020). Il partage ses limites avec les territoires de :

- Bafwasende et la ville de kisangani au Nord-ouest ;

- Kailo (Province du Manièma) au Sud ;

- Lubutu et Punia (dans la province du Manièma) à L'Est ;

- Opalaàl'Ouest.

Source : (Omasombo et al., 2017)

2.2.MATERIELS

Les matériels suivants ont été utilisés :

- Un téléphone avec l'application Kobocollect pour la collecte des données ; - La balance et le gobelet pour la triangulation des valeurs fournies par les acteurs ; - Un GPS 64s Garmin pour l'enregistrement des coordonnées des acteurs ; - Un Ordinateur portable pour l'analyse et rédaction du travail.

15

2.3.METHODE

L'objectif global de cette étude a imposé le recours à la méthode appliquée dans le développement stratégique. Outre l'identification des questions, la méthode comprend la récolte et l'analyse des données, la discussion des résultats, l'analyse AFOM et enfin l'élaboration du plan de développement. Pour cette dernière étape, il a été question de formuler des actions stratégiques pour relancer la culture du café dans les territoires sous examen et non d'un plan de développement au sens strict. Les objectifs de Développement Durable (ODD) nous ont servi de fil rouge dans les formulations des actions stratégiques. La figure 4 ci-dessous illustre le cadre méthodologique suivi.

Figure 4 : Cadre méthodologique Source : (UNIL, 2018)

La méthode probabiliste d'échantillonnage par grappe a été appliquée dans la récolte des données. Il était question de recenser et interroger les acteurs par maillons et sous maillons (producteurs, transformateurs torréfacteurs et mouleurs, commerçants grossistes et revendeurs).

2.3.1. Techniques de récolte de données

En plus de l'analyse documentaire qui nous a permis d'établir le diagnostic de base et l'organisation de la recherche. C'est la technique d'enquête à travers un questionnaire d'enquête qui a été utilisée pour la collecte des données. Afin de mieux aborder notre troisième et quatrième objectif, les enquêtes ont été plus semi-indirectes, laissant les acteurs fournir plus d'informations possibles. Pour cette même fin, nous avons contacté des personnes ressources et initié le focus group pour échanger sur les défis de la filière et les solutions à envisager. Précisons qu'à chaque niveau, nous faisions preuve d'observation et d'analyse explicative qui sont des outils nécessaires dans la formulation des actions stratégiques.

16

2.3.2. Méthode de récolte des données

a. Pré-enquête

Effectuée au début du mois de Juin, cette phase nous a permis de réunir les informations nécessaires sur les territoires sous examen et les acteurs de la filière. En plus, cette phase nous a permis de compléter notre matériel de travail, de tester et de nous familiariser au questionnaire d'enquêtes, de mesurer les difficultés auxquelles nous ferons face et d'estimer le budget nécessaire pour atteindre les objectifs assignés.

b. Enquête proprement dite

L'enquête proprement dite a débuté au mois de Juillet pour s'achever au mois de Novembre :

b.1. A l'aide d'un questionnaire d'enquête, des échanges ont été organisés avec les principaux acteurs de la filière.

- Douze producteurs exploitant au moins vingt pieds de café ont été recensés et dix ont été interrogés ;

- Huit grossistes ont été recensés parmi lesquels sept ont été interrogés ;

- Quarante revendeurs ont été recensés et vingt-huit ont été interrogés aléatoirement jusqu'au moment où il n'y avait que des redites d'informations ;

- Dix transformateurs ont été recensés parmi lesquels sept ont été interrogés.

b.2. Le recours à l'approche participative a permis d'organiser le focus group. Celui-ci a permis d'appréhender les problèmes communs à la filière et de rassembler les propositions des acteurs, les concernés directs. Les aspects sécuritaires, d'accès au marché, d'écoulement, de transformation, de tracasserie et de répartition de travail en fonction du genre ont fait l'objet d'une attention particulière.

b.3. Le recours à l'approche boule de neige a permis d'identifier des personnes ressources pour notre étude. Celles-ci sont des banques d'informations, fruits d'une longue expérience dans les milieux d'étude ou dans la filière café. Parmi ces personnes ressources, y avait certains acteurs encore actifs et d'autres qui n'exercent plus.

b.4. Des échanges très ouverts ont été organisés avec les institutions publiques impliquées dans la filière. Cas de l'ONAPAC et de la SNCC.

b.5. A chaque étape de la récolte des données, l'observation et l'analyse participative avaient une place de choix.

Comme Bolakonga, (2013), nous avons soutenu les enquêtés dans leurs réflexions internes tout en essayant de lever toute contrainte qui empêcherait leur libre expression. Nous avons adopté une attitude empathique incitant les acteurs à fournir plus d'informations utiles que possible.

17

c. La spécification des variables

Les variables qualitatives et quantitatives ont été collectées pour atteindre les objectifs fixés. Les principales variables quantitatives ont concerné : les quantités produites, transformées et commercialisées ; les charges globales de producteurs, des transformateurs et des commerçants. Les prix aux producteurs, aux transformateurs et aux commerçants. La taille des exploitations, le nombre des plants, l'âge et ancienneté des acteurs, ...

Les principales variables qualitatives ont concerné : l'état matrimonial, le niveau d'étude et la motivation des acteurs, le mode d'accès au capital naturel, les systèmes et stratégies de production, de transformation et de commercialisation, le mode d'approvisionnement en intrants, les infrastructures de transport, les contraintes à la production, les opportunités offertes. L'ensemble de ces données a permis de saisir l'état actuel de la filière, de juger l'impact de la filière sur les acteurs, d'estimer les perspectives de développement de la filière et de formuler les actions stratégiques de relance de la filière.

d. Les Méthodes d'analyse des données

1. Analyse fonctionnelle de la filière

Cette section a permis de saisir le fonctionnement de la filière étudiée. Les acteurs et leurs techniques de production ont été+ décrits, le graphe de la filière a été présenté. La formation de prix, la stratégie des acteurs, la coordination et le cadre réglementaire ont également été abordés. Plusieurs méthodes d'analyses très complémentaires ont été utilisées. D'une part, les logiciels Excel et SPSS ont permis de produire les tendances centrales et de positions. D'autre part, certaines données qualitatives n'ont nécessité aucun traitement ; elles sont reportées dans la partie des résultats.

2. Analyse financière de la filière

Deux objectifs ont été poursuivis : déterminer la viabilité financière de la filière sur les acteurs et déterminer la valeur ajoutée globale de la filière dans l'économie. Pour atteindre le premier objectif, nous avons dressé les comptes Production Exploitation (CPE) d'un acteur type pour chaque maillon. La viabilité financière de la filière a été évalué grâce aux indicateurs standards de performance financière. Ceux retenus dans cette recherche sont : la Valeur Ajoutée, le Résultat Brut et Net d'exploitation et enfin le rapport Recettes- Coûts ou test de rentabilité. Pour le second objectif, nous avons agrégé tous les CPE dans un même compte, le compte consolidé. Le tableau 4 ci-dessous est un prototype d'un CPE.

18

Tableau 4 : Prototype d'un CPE

Désignation

Abréviation

Quantité

Prix Unitaire (PU)

Annuité

d'amortissement (A.a)

Total

1. Les charges

C

 
 
 

? CI, AC et Am

a. Les consommations intermédiaires

CI

 
 
 

?A, TFS, TG et Tr

Les Achats

A

 
 
 
 

Travaux, fournitures et services

TFS

 
 
 
 

Frais divers de gestion

TG

 
 
 
 

Transport

Tr

 
 
 
 

b. Autres charges

AC

 
 
 

?FF, TI et RP

Frais Financiers

FF

 
 
 
 

Impôts et Taxes

IT

 
 
 
 

Rémunération du personnel

S

 
 
 
 

c. Les amortissements

Am

 
 
 

? Aa VI

 

Les valeurs immobilisées

VI

 
 
 
 

2. Les recettes totales

RT

 
 
 

?VP, VD et SE

a. Vente de la Production

VP

 
 
 
 

b. Vente des déchets et sous-produits

VD

 
 
 
 
 

b. Subventions d'exploitation

SE

 
 
 
 

Valeur Ajoutée

VA

 
 
 

RT-CI

Résultat Brut d'exploitation

RBE

 
 
 

VA-AC

Résultat Net d'exploitation

RNE

 
 
 

RBE-?A.a VI

Test de Rentabilité

TR

 
 
 

(R/C) *100

Source : (Bockel&Tallec, 2005)

A ce niveau, il convient de préciser les bases du processus :

1. Les calculs ont été réalisé avec les prix du marché de Novembre 2022 ;

2. Les calculs ont considéré qu'une année a 300 jours ouvrables ;

3. L'unité monétaire utilisée est le CDF (1$ = 2000 CDF) et les quantités sont en Kg (qui équivaut à 2 ou 3 gobelets de café marchand ou moulu).

4. Les comptes Production-exploitation des producteurs, transformateurs et commerçants ont été élaborés sur base des quantités moyennes (annuelles) produites, transformées et commercées ;

- La plupart des producteurs, transformateurs et commerçants ont été interrogés, du moins les plus importants en termes de quantités,

- Le CPE d'un producteur a considéré la moyenne annuelle des producteurs de la zone d'étude : Ubundu et de Bafwasende

- Les CPE d'un transformateur et d'un commerçant ont considéré la moyenne des transformateurs et des commerçants exerçant dans la ville de Kisangani, au marché central.

19

5. Pour les amortissements :

- Les producteurs utilisent leurs outils (houes, machettes, panier de récolte et bâche) pour toutes leurs cultures et non seulement pour le café. L'amortissement a été appliqué après avoir divisé la valeur d'acquisition de l'outil par 3, nombre moyen de culture d'un producteur.

- La même logique a été appliquée pour les charges des transformateurs et des commerçants,

- Les calculs détaillés sont présentés à l'annexe 2.

3. L'analyse AFOM

Après compréhension du stade actuel de la filière café par analyse fonctionnelle et financière, nous avons dressé la matrice AFOM. En effet, dresser cette dernière après l'analyse fonctionnelle s'explique par le souci de ne pas fonder le développement stratégique sur des impressions ou de croyances non vérifiées (UNIL, 2018).

Cette analyse, utilisée dans nombreux contextes, s'étend du diagnostic interne (atouts et faiblesses) au diagnostic externe (opportunités et menaces) et pose le fondement pour l'élaboration des axes stratégiques (Abdellaoui, 2011). La figure 5 ci-dessous illustre le prototype d'une matrice AFOM (SWOT en anglais).

Les quadrants seront complétés après une analyse en trois phases :

a. Identification de tous les facteurs impactant la filière café

b. Classement en facteurs internes et en facteurs externes

c. Sélection et priorisation de ces facteurs

d. Affectation des facteurs aux quadrants

Figure 5 : Analyse par matrice AFOM Source :(Absil, 2011)

20

4. La formulation des actions stratégiques a. Couplage de la matrice AFOM

La formulation des actions stratégiques a consisté à l'exploitation de la matrice AFOM en mode focus group. Fondamentalement, nous avons procédé au couplage de la matrice qui consistait à confronter les acteurs internes et externes. La figure 6 ci-dessous illustre le couplage de base de la matrice AFOM.

Figure 6 : Analyse croisée de la matrice AFOM Source : (Vuillod Frederic & Vuillod Serge, 2005)

- Forces X Opportunités = Chances - Faiblesses X Opportunités = défi - Forces X Menace = Conflit

- Faiblesses X Menace = Danger

b. Formulation proprement-dite des options stratégiques

Les options stratégiques ont été formulées pour des objectifs définis et une vision prédéfinie. Toute stratégie visant la relance de la filière café doit corroborer avec la stratégie nationale de relance de la caféiculture lancée en 2011.

La vision nationale dans laquelle s'inscrit celle de la relance du café à Ubundu et à Bafwasende est : améliorer les performances de la filière café sur toute la chaine de valeur et créer des richesses en milieu rural à travers une caféiculture professionnalisée et compétitive.

Les principaux objectifs y afférents sont : (1) Améliorer la productivité et la qualité de la récolte, (2) Améliorer les processus de traitement, retraitement et de torréfaction et (3) Améliorer les circuits de commercialisation

Pour optimiser les possibilités offertes par l'analyse AFOM, et son couplage de base, les axes stratégiques ont été des réponses aux questions reprises dans la figure 7 ci-dessous.

21

Figure 7. Brainstorming pour la formulation des axes stratégiques (UNIL, 2018). Source : (UNIL, 2018)

e. Les obstacles à l'étude

Outre les contraintes techniques liées aux zones rurales, nombreux autres obstacles ont entravé la bonne réalisation de cette étude. Il s'agit principalement de l'accès aux informations et le biais de désirabilité sociale.

L'accès limité aux informations s'est observé à différents niveaux. Premièrement, le nombre très limité des acteurs dans la filière café. Par exemple dans la route Kisangani- Ubundu, c'est après plus de 70 km que nous retrouvions 1 petit planteur de café. Deuxièmement, la méfiance de certains acteurs y compris mêmes les institutions publiques qui ne se laissaient interroger qu'en contrepartie d'une motivation financière non prévue dans notre budget.

Le biais de la désirabilité sociale a été observé. Pour Crowne & Marlowe (1960) c'est l'envie des sujets enquêtés de ne pas reporter des informations qui le feraient mal perçus. Par certaines questions jugées « personnelles », l'étude n'a pas certainement échappé à ce biais.

22

Enfin, les informations fournies par les acteurs ne semblent pas toujours fiables. Ils pouvaient donner des valeurs contradictoires au sein d'une même interview. Cette incapacité à fournir des chiffres précis est due au non tenu des comptes.

Face à ces défis, diverses techniques ont été mises en place de l'amont en aval pour atteindre des résultats plus fiables. Ces techniques consistaient à placer l'unité déclarante dans la meilleure aisance possible, l'agrandissement de la taille de l'échantillon et la triangulation des données.

23

CHAPITRE III. PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS

3.1.Analyse fonctionnelle de la filière café

3.1.1. Description des acteurs de la filière

Les principaux acteurs de la filière café dans la zone d'étude peuvent être groupés en producteurs, commerçants et transformateurs. Le groupe de commerçants comprend les grossistes et les revendeurs selon qu'ils s'approvisionnent auprès des producteurs ou grossistes. Il sied de préciser que le groupe de consommateurs n'est pas concerné par cette étude. Le tableau 5 ci-dessous donne des éléments de profil de ces acteurs.

Tableau 5. Profil sommaire des principaux acteurs de la filière café

Acteurs/ Variables

Producteurs

Commerçants

Transformateurs

Grossistes

Revendeurs

Torréfacteur s et
Mouleurs

Age (années)

60,3 #177; 14,2

54,5 #177; 10,1

45,3 #177; 10,3

50#177;8,91

Ancienneté (années)

19,6 #177; 16,2

21,2 #177; 11,4

14,4 #177; 9,6

16,8 #177; 7,52

Niveau d'étude (%)

 
 
 
 

· Primaire

50

14,3

21,4

60

· Secondaire

50

71,4

67,9

20

· Universitaire

-

14,3

10,7

20

Etat Matrimonial (%)

 
 
 
 

· Veuf

50

-

21,4

-

· Marié

50

100

71,4

80

· Divorcé

-

-

-

20

· Célibataire

-

-

7,1

-

Peuples (%)

 
 
 
 

· Autochtone

75

71,4

53,6

60

· Allochtone

25

28,6

46,4

40

Genre (%)

 
 
 
 

· Féminin

-

28,6

60,7

20

· Masculin

100

71,4

39,3

80

Motivation

 
 
 
 

· Choix délibéré

87,5

71,4

78,6

85,71

· Activité héritée

12,5

28,5

10,7

-

· Faute de mieux

-

-

10,7

14,3

 

3.1.1.1.Producteurs

Dans la zone sous examen, la production du café est une activité des hommes (100%) majoritairement autochtone du milieu (75%) et d'âges variant entre 74 et 46 ans. Ils sont équitablement répartis entre veufs et mariés, entre le niveau d'étude primaire et secondaire. Le

24

moins expérimenté a exploité le caféier pendant 4 ans et le plus expérimenté en a fait pendant 36 ans. C'est par choix délibéré qu'ils exercent la production du café, sauf 12,5% qui ont hérité l'activité (tableau 5).

a. Facteurs de production et entretien

La figure 8 ci-dessous présente des éléments liés aux facteurs de production

A : Mode d'acquisition foncière des producteurs B : Taille des exploitations

C : Nombre des plants D : Utilisation de la main d'oeuvre

25%

25%

38%

75%

37%

Ayant droit Emphytéose

35-50

450-550

980

63%

22%

78%

37%

Main

d'oeuvreFamili ale

Main d'oeuvre Exterieure

Superficie ? 0,5

Superdficie 0,5-1

Figure 8 : Eléments liés aux facteurs de production

b. Travail d'entretien

La figure 9 ci-dessous repartit les producteurs selon le nombre de passage d'entretien par an

25%

13%

62%

Deux passages Un passage Aucun passaage

Figure 9 : Répartition des producteurs selon la fréquence annuelle d'entretien

La figure 8 ci-dessus illustre le mode d'acquisition foncière des producteurs, la taille des exploitations, le nombre des plants et l'utilisation de la main d'oeuvre. Il en ressort que 75% des producteurs sont des ayants-droits et 25% ont acquis la terre par emphytéose. La taille des

25

exploitations est faible, elle est inférieure à 0,5 ha pour 37% des producteurs. Les autres producteurs emblavent une superficie supérieure à 0,5 ha et inférieure à 1 ha. Par contre, le nombre des plants est fort diversifié, et varie entre 35 à 980. La main d'oeuvre extérieure est seulement utilisée par 22 % de producteurs et les restes utilisent la main d'oeuvre familiale, les femmes et les enfants, surtout en période de récolte.

La figure 9 divise les producteurs en trois groupes. Ceux qui entretiennent leurs exploitations deux fois l'an 62%, une fois 25% et ceux qui n'entretiennent pas 13%.

c. Production et vente

La figure 10 ci-dessous illustre des éléments liés à la vente des cafés par les producteurs

25%

25%

25%

25%

< 0,5

5,1 - 10

20,1 - 30 30

A : Répartitions des producteurs selon la production en café rouge en Karai

50%

12%

38%

Vente café coque

Vente café marchand

63%

37%

Vente locale

vente à Kisanganide

B : Produits livrés par les producteurs C : Lieu de vente

Figure 10 : Eléments liés à la Production et Vente

Cette figure 10 illustre la production en Karai (1 Karai = 17 gobelets) par saison culturale, les produits livrés et le marché d'échange. Il en ressort que la production en café rouge varie autour de 0,5 à 30 karai par saison culturale par producteur. Les producteurs se répartissent en trois groupes selon les produits qu'ils livrent au marché. La moitié livre à la fois le café marchand et le café coque. Une autre moitié livre soit le café marchand (38%), soit le café coque (12%). Plus de la moitié des producteurs acheminent leurs productions au marché urbain alors que 37,5 % des producteurs vendent localement leurs productions.

26

3.1.1.2. Commerçants

a. Grossistes

L'activité des grossistes est partagée entre hommes (71,4 %) et femmes (28,6 %) mariés. Les acteurs sont d'âges variant entre 44 et 64 ans. Les trois niveaux d'étude sont représentés : primaire (14,6 %), secondaire (71,4 %) et universitaire (14,3 %). Ils sont majoritairement autochtones (71,4%) et d'une grande ancienneté dans le domaine, entre 10 à 32 ans. Ils exercent l'activité par choix délibéré (71,4%) ou par héritage (28,4%) (tableau 5).

Les grossistes s'approvisionnent auprès des producteurs. Les quantités sont mesurées à la balance et aux gobelets. Il y a deux types de gobelets, l'un qui vaut 500 g et l'autre appelé Munoko ya Tshaku vaut 750 g.

Selon leurs fonctions, les grossistes ont été répartis en trois types : les grossistes Type 1, Type 2 et Type 3. La figure 11 en illustre la répartition.

14%

72%

14%

Type 1
Type 2
Type 3

Figure 11 : Répartition des commerçants grossistes

Le tableau 6 ci-dessous associe chaque type de grossiste à sa principale caractéristique.

Tableau 6. Types de commerçants grossistes

Typologie des grossistes

Abréviation

1

Grossistes Type 1

GT.1

2

Grossistes Type 2

GT.2

3

Grossistes Type 3

GT.3

Fonction

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et le vendre aux revendeurs

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et vendre le café marchand, coque ou moulu aux consommateurs

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et vendre le café moulu aux revendeurs

Le tableau 6 et la figure 11 ci-dessus montrent que le travail de grossiste consiste majoritairement à acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et vendre le café marchand et/ou coque ou moulu aux consommateurs.

27

b. Revendeurs

Les revendeurs sont plus des femmes (60,7%) que des hommes (39,3%) et sont d'une ancienneté entre 5 et 23 ans. Certains sont veufs (21,4 %), mariés (71,4 %) ou célibataires (7,1 %) avec un âge variant entre 35 à 55 ans. Ils sont majoritairement autochtones (53,6%) et d'un niveau d'étude primaire (21,4%), secondaire (67,9%) ou universitaire (10,7%). Ils exercent cette activité par choix délibéré (78,6%) ou par héritage (10,7%) ou encore par faute de mieux (10,7%) (tableau 5). Les revendeurs s'approvisionnent majoritairement auprès des grossistes en utilisant des gobelets. Ils sont méfiants des balances supposées être truquées. A leur tour, ils revendent en gobelets (de volume différent que celui des grossistes) et en boites de tomates. Comme les grossistes, les revendeurs peuvent aussi être catégorisés selon les fonctions accomplies. La figure 12 illustre la répartition des revendeurs : Type 1, 2, 3 et 4.

29%

28%

7%

36%

Type 1 Type 2 Type 3 Type 4

Figure 12 : Répartition des commerçants revendeurs

Le tableau 7 ci-dessous associe chaque type de revendeurs à sa principale caractéristique.

Tableau 7. Types de commerçants Revendeurs

Typologie des
revendeurs

Abréviation

1

Revendeurs Type 1

RT.1

2

Revendeurs Type 2

RT.2

3

Revendeurs Type 3

RT.3

4

Revendeurs Type 4

RT.4

Description

Acheter le café moulu auprès des grossistes et le vendre aux consommateurs ;

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des grossistes et vendre le café moulu (après torréfaction à la maison et mouture à l'usine torréfaction et mouture à l'usine) ;

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des grossistes et vendre le café moulu (après torréfaction et mouture à l'usine) ;

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et vendre le café moulu aux consommateurs (après torréfaction à l'usine ou domicile)

Le tableau 7 et la figure 12 ci-dessus montrent que les revendeurs sont de quatre types. La majorité achète le café moulu auprès des grossistes et le vend aux consommateurs.

28

3.1.1.3. Les transformateurs

L'activité de transformation rassemble plus d'hommes (80%) que les femmes (20%). Les transformateurs interrogés sont d'âges variant entre 41 et 58 ans, avec une ancienneté entre 9 et 24 ans. Ils sont mariés (80%) ou divorcés (20%) et ont à majorité le niveau d'étude primaire (60%). Les 40% restants sont équitablement partagés entre les niveaux secondaire et universitaire. Ils sont majoritairement autochtones (60%) et minoritairement (40%) allochtones. C'est par choix délibéré qu'ils exercent la transformation du café, sauf 14,3 % qui l'exerce par faute de mieux.

Les données recueillies nous ont permis de repartir les transformateurs selon leurs fonctions. La figure 13 ci-dessous illustre la répartition de transformateurs : Type 1, 2 et 3.

29%

14%

57%

Type 1
Type 2
Type 3

Figure 13 : Répartition des transformateurs

Le tableau 8 ci-dessous associe chaque type de transformateurs à sa principale caractéristique.

Tableau 8. Types de transformateurs

Typologie des
transformateurs

Abréviation

Description

1

Transformateurs Type 1

TT.1

La torréfaction : transformation du café marchand ou coque en café torréfié

2

Transformateurs Type 2

TT.2

La mouture : transformation du café torréfié en café moulu

3

Transformateurs Type 3

TT.3

Torréfaction et Mouture

La figure 13 et le tableau 8 ci-dessus illustrent que le maillon de transformation est dominé par les torréfacteurs, TT.1. Pour parfaire la transformation, ils sont complétés par les mouleurs. D'autres agents assument les deux opérations.

Considérant leurs rythmes de travail, nous distinguons les petits des grands transformateurs. Les grands transformateurs sont installés au centre de la ville, à proximité des dépôts des GT.1 et GT.2 où ils bénéficient d'externalités positives. Ces transformateurs sont très peu nombreux et ont un rythme intense de travail. A l'opposé, les petits transformateurs sont dispersés dans tous les quartiers de la ville et travaillent par occasion. Ce sont à majorité des revendeurs et grossistes, possédant le matériel de torréfaction à leurs domiciles.

Figure 14 : Etapes de transformation du café : Opération, moyens, produits et perte

29

- Résultat sur le processus de transformation du café dans la zone d'étude

Le système de transformation comprend le décorticage, la torréfaction et la mouture. Il est à préciser que juste après la récolte les baies rouges sont séchées au soleil pendant 2 à 3 semaines et deviennent des cafés coques ou cafés en bains prêts à être décortiqués. Dans les zones rurales, ces cafés sont ensuite pilés pour leur débarrasser de l'écorce externe appelée parche ou coque. Cette opération est le décorticage et permet d'obtenir les cafés marchands. Dans la ville de Kisangani, le décorticage est réalisé par des moulins mécaniques. S'ensuit alors la torréfaction, réalisée manuellement avec le torréfacteur (vulgairement appelé bambone). Le temps de torréfaction dépend de la qualité recherchée. Nombreux arrêtent la torréfaction quand le café atteint la couleur chocolat et qu'une fumée bleue sort du torréfacteur, entre 45 à 60 minutes. Les grains sont ensuite dégagés du torréfacteur pour le refroidissement suivi de la mouture dans des moulins électriques. Ces derniers sont les mêmes moulins utilisés pour la mouture de maïs et soja, mais dont les tamis sont adaptés au diamètre des grains de café.

D'une étape à une autre, le café perd de poids. La figure 14 ci-dessous reprend le processus de transformation du café et les pertes liées à chaque opération.

Café Rouge (250kg)

Séchage au soleil, perte de 55%

Café Coq ou Parche (112,5 kg)

Décorticage au mortier, pilon ou moulin électrique, perte de 40 %

Torréfaction au torréfacteur, perte de

20,5 %

Parche, 45kg

Café Marchand (67,5kg)

Café Torréfié (53,6 kg)

Mouture au moulin électrique, perte 0%

Café Moulu, (53,6kg)

30

3.1.1.4.ONAPAC et SNCC

Anciennement appelé ONC (Office Nationale de Café), l'ONAPAC (Office National de Produits Agricole du Congo) a pour mission de vulgariser et d'encadrer les agriculteurs dans 21 produits agricoles, y compris le café. De par la mission lui confiée, l'ONAPAC serait un moteur du développent agricole dans la zone d'étude et en RDC en général. Dans les faits, l'ONAPAC affiche des faibles capacités à tous les niveaux. Cette structure qui devrait accompagner les acteurs est devenue un frein majeur à cause des taxes qu'elle prélève.

De son côté, la SNCC (Société Nationale de Chemin de fer du Congo) est un acteur de transport. Il permet l'évacuation de café issu de Ubundu vers la ville de Kisangani. Les conditions de voyage sont précaires et risquées.

3.1.2. Délimitation des contours de la filière.

Le tableau 9 ci-dessous présente les contours de la filière café dans la zone sous examen. Tableau 9 : Délimitation des contours de la filière

Activité Acteurs Fonctions Principales Produit

Principal

Lieu

d'activité

Café marchand et coque

Café coque, marchand ou moulu

Café marchand, coque ou moulu

Bafwasende et Ubundu

Centre de Kisangani

Centre de Kisangani

Production Producteurs de

Bafwasende et Ubundu

Transformation Torréfacteurs

et mouleurs

Production

Transformation du café rouge en café moulu

Grossistes Commerce : Acheter le

café marchand et/ou coque auprès des producteurs

Commercialisation

 

Revendeurs Commerce : Acheter le

café moulu auprès des grossistes ;

Café moulu Centre de

Kisangani

Consommation Consommateurs Consommation Café moulu La Tshopo

Le tableau 9 ci-dessus fait ressortir les différents maillons de la filière sous examen, les acteurs, les fonctions et les produits y afférents. Les zones des productions sont les territoires de Bafwasende et Ubundu. La zone de transformation et de distribution est le centre de Kisangani. La consommation est généralisée dans toute la province de la Tshopo.

31

3.1.3. Graphe de la filière café

La figure 15 ci-dessous illustre les flux de la filière café depuis les lieux de production (Ubundu ou Bafwasende) jusqu'au lieu de distribution du café moulu (Kisangani). Les lettres P, C et T sont les différents maillons de la filière et les acteurs y afférents. Dans les maillons C, les lettres R et G sont respectivement les revendeurs et les grossistes. Les abrégés T.1,2, 3 et 4 sont liés à la typologie des acteurs.

Figure 15 : Description de la filière café en territoires de Bafwasende et Ubundu et dans la ville de Kisangani.

32

3.1.4. Formation des prix et stratégie des acteurs a. Formation des prix

Il est connu que dans une économie de marchés, ce sont les dynamismes de l'offre et de la demande qui déterminent le prix aux consommateurs. Et pour un marché approvisionné par diverses sources, le prix est proportionnel aux variations à la hausse ou à la baisse de l'offre du grand producteur. Les informations récoltées auprès des acteurs et les statistiques de l'ONAPAC et de la SNCC nous ont permis de ranger par ordre décroissant les grands producteurs du café consommé à Kisangani. Il s'agit de la province de l'Equateur, les territoires d'Opala, de Basoko, Kindu et Bandundu. Dans le marché de Kisangani, les cafés des territoires de Bafwasende et Ubundu sont très faiblement représentés.

La faible représentation, le besoin immédiat de liquidité et le manque d'organisation ravissent à tous les acteurs de la filière café Bafwasende et Ubundu le pouvoir de formation des prix. Ils sont price takers. Sur les marchés locaux de Ubundu et de Bafwasende, le café transformé localement est en compétition avec le café transformé à Kisangani. Cette coexistence ne permet pas aux acteurs locaux d'être price makers aux lieux de productions. Dans le tableau 10 ci-dessous, sont mentionnées les variations de Prix de Vente (PV) de café en Francs Congolais (FC) dans la Province de la Tshopo, ville de Kisangani.

Tableau 10. Variation annuelle des prix de café

Période PV d'un kg du

producteur au grossiste

PV d'un Kg du grossiste au revendeur

PV d'un gobelet de café au consommateur

Coque Marchand Coque Marchand Moulu Moulu

Novembre-

Avril 1700 2500 2200 3000 3500 1500

Mai - Juillet Août-Octobre

2200 3000 2700 3500 4000 1800

3200 4000 3700 4500 5500 2500

Le tableau 10 ci-dessus montre que la crise et l'abondance de café correspondent respectivement aux périodes d'Août-Octobre et Novembre- Avril. La période de fortes récoltes, appelée campagne par les acteurs, commence en Novembre et s'étend jusqu'en Mars. La période Mai-Juillet est alimentée par les stocks emmagasinés par les acteurs producteurs et commerçants. La carence commence à la fin Juillet avec un pic au mois d'Août et Septembre puis l'amélioration de la tendance s'amorce en Octobre.

33

b. Stratégie des acteurs

Les acteurs de la filière café montent diverses stratégies pour acquérir des meilleurs prix et/ou anticiper les risques liés aux chutes des cours.

1. La diversification du portefeuille

Sur l'ensemble d'acteurs interrogés, 73,4% pratiquent une autre activité régénératrice des revenus au côté du café. Dans le maillon de la production, les acteurs associent le café au palmier à huile. Dans le maillon de la commercialisation, seulement 30% d'acteurs commercialisent uniquement le café. Ce dernier est souvent accompagné du sucre, du sel, du soja ou d'autres nombreux produits. C'est ce que les revendeurs appellent la complémentarité des produits dans le commerce. Dans le maillon transformation, l'équipement utilisé permet aux acteurs de se convertir, sans efforts, en transformateurs de soja ou de maïs.

2. Le stockage de café à l'attente des périodes de crise

La période d'offre excédentaire s'étend de Novembre en Avril et nombreux commerçants profitent pour accumuler des réserves à revendre dans la crise d'Août-Octobre. Malheureusement ; la pression de la demande, le besoin immédiat de liquidité, la défaillance des systèmes de conservation font que rares tiennent jusqu'aux mois prévus.

3. Les achats groupés

C'est la stratégie des grossistes auprès des producteurs obligeant ces derniers à une remise.

4. La chimie, ...très bonne mauvaise stratégie

Les acteurs chimistes sont ceux qui trompent la vigilance des consommateurs. En effet, c'est à l'insu des consommateurs que deux types de cafés moulus coexistent sur le marché : le café sec et non sec. Le café sec (le bon café) est issu du café marchand, torréfié et moulu. Le café non sec (le mauvais café) est issu de ce que les acteurs appellent la chimie. Plus souvent, c'est le café coque qui est torréfié et grillé. Pourtant 100% d'acteurs affirment être au courant des méfaits des parches sur la santé des consommateurs et qu'il est strictement interdit de torréfier ou moudre le café coque. Un autre cas de chimie c'est le mélange du café coque et d'autres corps, cas du maïs, soja et/ou noyaux de l'avocat, très bien grillés, torréfiés et moulus.

Le service public au travers de l'ONAPAC dit être au courant de cette mafia et ne se limite qu'à la sensibilisation des méfaits de la parche. La répression est difficile à cause de certains acteurs qui traitent le café à leurs domiciles. L'OCC qui devrait mobiliser son service de police pour traquer ces cas, ne se limite qu'à prélever les taxes.

34

3.1.5. Coordination des acteurs et cadre réglementaire.

a. Coordination des acteurs

De façon verticale ou horizontale, il n'y a pas de coordination proprement-dite entre les acteurs de la filière café dans les zones sous-examen. Les données de terrain ont révélé certains rassemblements ou mini organisations qui ne fonctionnent que pour des besoins sociaux et non pour la structuration de la filière. Ces regroupements sont battus sur les relations d'appartenance, d'ancienneté et/ou de confiance. Il en résulte que chaque acteur connait ses potentiels et réels offreurs et/ou acheteurs. Cependant, tout acteur reste à la quête de l'offreur qui propose le plus bas prix.

Tous les acteurs se connaissent, si pas de noms, alors de visages. Les données récoltées ont révélé une forme de solidarité auprès des commerçants et transformateurs. En effet, chaque rangée de vente ou chaque atelier de transformation a un représentant, et en cas d'événements malheureux (deuils), la rangée ou l'atelier se cotise pour une visite de consolation au concerné. Les commerçants grossistes donnent des avances aux producteurs pour des travaux pour le transport de la production et les commerçants revendeurs achètent à crédits auprès des grossistes et remboursent après la vente.

b. Cadre réglementaire et politique

L'OCC, ONAPAC et DGRPT sont les organes qui font payer des taxes, des droits et/ou des redevances.

L'ONAPAC dont les fonctions se résument en vulgarisation de meilleures pratiques agricoles et encadrement des acteurs (dans tous les maillons) est amorphe sur le terrain. De même pour l'OCC. Toutes ces institutions sont rigoureuses dans le prélèvement des taxes, que 80% de commerçants considèrent comme un frein majeur à leur autonomisation. Par exemple, l'ONAPAC prélève par an 65 $ par commerçant grossiste et 10$ par revendeur.

A ces institutions, ajoutons la SNCC qui est un suppléant dans le transport. Cette institution permet aux producteurs de dégager par voie ferrée leurs productions jusqu'en milieu urbain. Les trains utilisés datent de l'époque coloniale et la voie ferrée est en détérioration très avancée. Les risques sont énormes.

35

3.2.Analyse financière de la filière

Cette section a procédé à une analyse de la viabilité financière des acteurs impliqués dans la filière café robusta dans deux territoires de la Tshopo à savoir Bafwasende et Ubundu y compris la ville de Kisangani. Les comptes Production Exploitation (CPE) ont été présentés puis consolidés pour dégager la valeur ajoutée créée le long de la filière.

3.2.1. Analyse de la viabilité financière de la filière sur les acteurs

Les outils standards d'analyse financière dégagés par les CPE (en annexe) ont démontré que la filière est rentable pour tous les acteurs. Le test de rentabilité a montré que 1$ investi produit 2,5$ aux producteurs, 0,71$ aux mouleurs, 0,58 $ aux torréfacteurs et 0,2 $ aux grossistes.

3.2.2. La consolidation des CPE

L'ensemble de CPE a été agrégé pour constituer le compte consolidé de la filière. Ce dernier a dégagé la valeur ajoutée créée le long de la filière. Les valeurs ajoutées moyennes et l'ensemble des acteurs pour chaque maillon ont été considérés dans cette consolidation. Le tableau 11 ci-dessous présente le compte consolidé de la filière café dans la zone d'étude

Tableau 11 : Compte Consolidé de la filière café

Eléments

Moyenne par
acteur

Nombre d'acteurs
identifiés

Valeur Monétaire

CI Producteur

393000

10

3930000

CI Grossiste

225000000

8

1800000000

CI Revendeur

9728000

40

389120000

CI Torréfacteur

5310000

7

37170000

CI Mouleur

12060000

3

36180000

CI totales estimées

 
 

2266400000

R Producteurs

1400000

10

14000000

R Grossistes

270000000

8

2160000000

R Revendeurs

12600000

40

504000000

R Torréfacteurs

9000000

7

63000000

R Mouleurs

22500000

3

67500000

R totales estimées

315500000

 

2808500000

VA Producteur

1007000

10

10070000

VA Grossiste

45000000

8

360000000

VA Revendeur

2872000

40

114880000

VA Torréfacteur

3690000

7

25830000

VA Mouleur

10440000

3

31320000

VA Ajoutée Estimée

 
 

542100000

Le tableau 11 ci-dessus illustre les consommations intermédiaires et les recettes pour chaque maillon de la filière. Les différences entre ces deux grandeurs fondamentales ont permis de

36

déterminer les VA respectives. Plus de valeurs sont créées par le maillon commercialisation, notamment les commerçants grossistes et les revendeurs. Ensuite le maillon transformation, respectivement les mouleurs et les torréfacteurs. Au bas de l'échelle, les producteurs.

La figure 16 ci-dessous illustre la répartition de la VA entre les acteurs de la filière.

Revendeur

21%

Torréfacteur

5%

Mouleur

6%

Producteur

2%

Grossiste

66%

Figure 16 : Répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs

La figure 16 ci-dessus vient compléter les résultats présentés dans le tableau 11. Il montre que 66% de la richesse créée est l'oeuvre des commerçants grossistes. Les autres acteurs de la filière se répartissent 34% respectivement 21, 6, 5 et 2 % pour les revendeurs, les mouleurs, les torréfacteurs et enfin les producteurs. Les gros investissements des grossistes expliquent cette grande création de richesse. Le nombre élevé des revendeurs par rapport aux autres acteurs explique la valeur élevée de la richesse créée. L'arriération des producteurs et de leurs techniques expliquent leur faible contribution à la création des valeurs dans la filière.

37

3.3.Présentation de la matrice AFOM

Le tableau 12 ci -dessous présente le diagnostic interne et externe de la filière café dans la zone sous examen.

Tableau 12 : Présentation de la matrice AFOM

 
 

LES POSITIFS

LES NEGATIFS

 
 
 
 

LES ATOUTS

LES FAIBLESSES

DIAGNOSTIC INTERNE

1.

Conditions agroécologiques favorables à la culture de café robusta ;

1. Abandon des anciennes plantations, faible production,

vieillissement des producteurs et défectuosité des

2.

3.

Demande locale et extérieure en croissance, disponibilité des terres et de la main d'oeuvre; Position stratégique de Bafwasende à la

routes ;

2. Pénurie électrique, tracasseries administratives,
inexistence des microcrédits, microfinances et des

 

Nationale n°04, la présence de la SNCC dans

financements ;

 

Ubundu, de l'ONAPAC et des anciennes

3. Faible marketing pour le produit, manque des

 

plantations nécessitant des faibles coûts de

coordinations entre les acteurs de la filière et la vente

 

relance et sans déforestation ;

du café mélangés aux impuretés ;

4.

Possibilités de l'association culturale et de l'agroforesterie ;

4. Existence des acteurs aux double ou triple fonctions,

c'est le cas des grossistes - revendeurs, des

5.

Le caractère pérenne du café et sa facilité de

revendeurs-transformateurs et des grossistes-

 

conservation. La pérennité est un élément de

transformateurs-revendeurs ;

 

sédentarisation des agriculteurs et assure des

5. Très faible capacité technique des producteurs, de

 

retours financiers réguliers. La facilité de

l'ONAPAC, de la SNCC et de tous les autres acteurs

 

stockage est un des éléments régulateurs de

de la chaine. Inexistence des dépôts stabilisateurs ou

 

l'offre et de la demande.

des usines modernes de transformation du café et de son conditionnement.

 
 

LES OPPORTUNITES

LES MENACES

DIAGNOSTIC EXTERNE

1.

Situation sécuritaire stable et mise au point de

1. Fluctuations des cours internationaux, instabilité de la

 

variétés résistantes à la tracheomychose ;

monnaie nationale, développement des bioagresseurs

2.

La majoration du budget national, la bonne

et faible capacité de gestion des risques ;

 

volonté du pouvoir et des investisseurs privés

2. Très faible allocation du budget national au secteur

 

à relancer la culture du café ;

agricole, faible capacité de l'INERA et ONAPAC

 

Reprise de la conscience des agriculteurs, L'ouverture au marché extérieur où il y a une

dans la production des semences et dans le formation et encadrement des paysans ;

 
 

grande demande croissante du café, surtout le café Bio ;

3. Défectuosité de la route Ubundu-Kisangani,

tracasseries administratives et multiplicité des taxes

4.

La résistance du café robusta aux effets du

non réglementaires ;

 

changement climatique et la recherche des

4. Guerre commerciale basée sur la qualité des produits

 

puits de dioxyde de carbone ;

sur le marché mondial ;

5.

Possibilité d'accompagnement par l'INERA

5. Réticence de la population aux activités caféières et

 

Yangambi et ONAPAC dans la ville de

son accoutumance au café importé.

 

Kisangani.

 

38

3.4.Formulation des actions stratégiques 3.4.1. Couplage de la matrice AFOM

Le tableau 13 ci-dessous confronte les diagnostics internes et externe de la matrice AFOM Tableau 13 : Couplage de base de la matrice AFOM

 

LES CHANCES

LES DEFITS

Comment exploiter les atouts pour saisir les

Comment combler les faiblesses en profitant des

opportunités ?

opportunités ?

 
 
 

1. Structuration dans des coopératives et renforcement

des partenariats d'appui avec les structures
compétentes (IFA et INERA Yangambi, ONAPAC, SNCC et des partenaires de la RDC) ;

2. Intensification de l'agriculture sur l'unité de terre ;

3. Revitalisation des anciennes plantations ;

4. Mobilisation des jeunes à intégrer la filière ;

5. Se faire de l'auto marketing pour se positionner en une bonne affaire à la fois pour le secteur privé que le secteur public : informer des avantages d'investir dans le café et ses effets d'entrainements.

1. Investissement dans le capital humain : former et
renforcer les compétences des producteurs et des transformateurs sur leurs tâches respectives ;

2. Aménagement de la route Ubundu-Kisangani et appui
technique à la SNCC, ONAPAC, IFA et INERA Yangambi ;

3. Amélioration des rendements et de la qualité de la
récolte ;

- Installation et restauration des plantations de
café avec des semences à hauts rendements et résistantes ;

- Adoption des innovations culturales et
d'équipements récents ;

- Accès aux financements, aux microcrédits
ou microfinances

4. Amélioration des processus de traitement,
retraitement de torréfaction et de mouture ;

- Adoption des innovations et d'équipements
récents ;

- Réduire la dépendance vis-à-vis de la SNEL

5. Amélioration des circuits de commercialisation ;

- Inciter à la consommation locale du café

- Ouverture au marché extérieur ;

6. Attirer l'attention des investisseurs et se positionner
en axes majeur pour le développement et réduction de la pauvreté ;

Dans le strict respect des principes écologiques

 
 

LES CONFLITS

Comment utiliser les atouts pour combattre les
menaces ?

LES DANGERS

Comment protéger les faiblesses des menaces ?

 

1. Structuration et mise en place d'un système d'autofinancement ;

2. Mobilisation de la demande locale ;

3. Mobilisation pour la production du café bio, très compétitif ;

4. Diffusion des effets économiques, sociaux et
environnementaux du café et la nécessité de la relance ;

5. Appui à la SNCC comme voie alternative aux Routes ;

1. Maintien de la filière à l'état non structuré ;

2. Promotion du chacun pour soi et méfiance vis-à-vis
des institutions publiques ;

3. Maintien des pratiques et les outils rudimentaires ;

4. Promotion de l'autarcie (limitation à l'ouverture
extérieure et réfraction des innovations) ;

Limitation de l'auto-marketing.

39

3.4.2. Formulation des axes stratégiques

Les axes stratégiques pour la relance de la filière café sont repris dans le tableau 14 ci-dessous

Tableau 14 : Axes stratégiques pour la relance de la filière café

Gouvernance et Cadre
politique

1.

2.

3.

Reconnaissance du potentiel du café dans la résolution des défis sociaux, économiques et environnementaux ;

Appuis techniques aux institutions publiques, acteurs directs ou indirects, de la filière café : ONAPAC, SNCC, IFA et INERA Yangambi :

- Production et diffusion des semences améliorées, productives et adaptées ;

- Vulgarisation des techniques efficientes ;

- Instaurer un système de control minutieux auprès des commerçants pour limiter la

fraude (vente des cafés impurs sur le marché de Kisangani) ; Amélioration du climat des affaires et mobilisation des investisseurs privés :

 

- Résoudre les défis liés à l'électricité et au réseau routier Kisangani-Ubundu ;

 

- Limiter le prélèvement fiscal à un minimum acceptable ;

 

- Favoriser l'accès aux financements, microcrédits et microfinances ;

 

- Faciliter l'accès au foncier

Commercialisation et Consommation

1.

Organisation des commerçants pour faire face à la volatilité des prix ;

 

Promotion de la consommation du café local. Ceci se fera par marketing, information sur le café et amélioration de la visibilité et attractivité du produit.

 

Certification et labellisation du café produit localement pour plus de crédit au niveau local et international ;

 

Mise en place de la technique commerciale : Pour chaque prix, une quantité. Cette quantité doit demeurer le café pur, non mélangé.

 

Instaurer des points de vente dans les zones reculées ;

 

Transformation

1.

Investissement dans la ressource humaine et dans l'équipement ;

 

- Utilisation des équipements récents permettant des transformations et conditionnement

conformes aux normes internationales. Ceci pourra améliorer la qualité du café transformé et sa compétitivité sur le marché locale et international ;

 

Rajeunissement des acteurs,

 

Création de nouveaux produits dérivés du café ;

 

- Valorisation des déchets de chaque étape

 

- Stratification des qualités en raison de la stratification des revenus des acheteurs,

Promouvoir une transformation bio

Production

5.

Investissement dans la ressource humaine et dans l'équipement

 

- Formation des producteurs de café aux bonnes pratiques agricoles (taille, sarclage,

récolte sélective, amélioration du séchage et du stockage) ;

 

Structuration des producteurs par création des associations, des coopératives.

 

- Renforcement de la coordination entre les producteurs ;

 

- Revitalisation des anciennes plantations dans un système agroforestier ;

 

- Installation des champs collectifs en plus des champs individuels ;

 

- Création des points de collecte, entreposage et de vente des cafés en price makers ;

 

- Accompagnement par les services publics : ONAPAC, SNCC, IFA, INERA/Ybi ;

 

- Mettre en place un système d'autofinancement

 

Promouvoir l'agriculture bio

 

40

CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS

4.1. Analyse fonctionnelle de la filière a. La filière café robusta est abandonnée

Dans la Tshopo, notamment dans les territoires de Bafwasende et Ubundu, y compris la ville de Kisangani, nos résultats ont révélé l'absence d'organisation de la filière café de l'amont en aval et l'inexistence d'appui privé ou public. Les vestiges des plantations sont encore visibles et la nature y reprend progressivement ses droits, soit elles sont reconverties en champs des produits vivriers. Des villages jusqu'à la grande ville de Kisangani, ce sont des techniques rudimentaires qui sont d'application. Ces techniques réduisent la qualité du café vendu aux et ramènent à nulle sa compétitivité à l'échelle nationale, régionale ou internationale.

Les tentatives d'organisation de la filière par la création de l'Association des Vendeurs de Café de la Tshopo ont été entreprises, malheureusement dissoutes sans atteindre le but. Ainsi, les acteurs vivent dans de petits groupes battus sur les relations d'appartenance, d'ancienneté et/ou de confiance. Mais dans la globalité, tout acteur vit dans le chacun pour soi. Ces éléments confirment notre première hypothèse qui postulait que la filière café est dans un état d'abandon. Les productions sont faibles, les techniques utilisées sont rudimentaires, les acteurs ne sont pas organisés et ne bénéficient d'aucun soutien public ou privé.

Ces résultats corroborent avec ceux trouvés dans la Province du Kongo Centrale (Manfroy, 2021). En effet, cette étudiante de Gembloux avait abordé la chaine de valeur café autour de la réserve de Biosphère de la Luki dans les perspectives de la relance ; elle constata qu'il n'existe quasiment aucune coordination entre les acteurs, que ce soit de façon verticale ou horizontale, tout acteur se débrouille comme il peut.

Les résultats du Ministère de l'agriculture (2011), élucident que la désorganisation de la filière café est un cas généralisé sur le territoire national. C'était à la suite des diagnostics participatifs de la filière café dans toutes les provinces productrices que cette triste réalité fut dégagée. Cette désorganisation, est-elle spécifique à la filière café ou généralisée aux cultures pérennes ? Les résultats de De Roover (2022) et Ibadan (2021) donnent des précisions.

De Roover (2022) avait, grâce à la méthode Value Chain Analysis for development, abordé la chaine de valeur hévéa, dans la Province de Sankuru, en vue de la relance. Les conclusions sont les mêmes, la filière est délaissée, les productions sont faibles et les acteurs vivent l'autarcie.

41

L'étude de Ibandan (2021) conclut le débat. Ce chercheur a analysé la place des cultures pérennes dans l'agriculture. Cas spécifique du Kwango, généralisé pour la RDC. Les mêmes observations refont surface ; une désorganisation des filières des cultures pérennes accompagnées d'une perte de bien-être : les cultures pérennes, qui faisaient la fortune des villageois, des enseignants et des fonctionnaires, ne représentent plus grand-chose. Les plantations qui permettaient d'assurer une bonne éducation à la progéniture et à la relève de l'économie sont actuellement enherbées.

b. Les causes intrinsèques et extrinsèques de l'arriération de la caféiculture

L'état actuel de la filière café est la résultante de diverses causes. Certaines d'ordre interne et d'autres d'ordre généralisé. Nombreux auteurs, cas de Lebailly et al., (2014) corroborent que la désorganisation du secteur agricole, et par conséquent des filières des cultures pérennes, a commencé avec la politique de Zaïrianisation de 1973. En effet, le départ des colons et d'autres investisseurs poids lourds a réduit les débouchés de ces cultures. La mise en place du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) vers les années 1983, l'effondrement des cours mondiaux vers 1996, la guerre de délibération de1996-2001 ont rendu agonisantes les chaines de valeurs agricoles en RDC (O.I.C, 2004 ; Rubabura et al.,2009 ; ITC,2011)

Dans la Tshopo, ces éléments ont précipité le départ de grandes entreprises du café de l'époque. Les principales entreprises qui ont fermé les portes sont : Borremans, NAHV, Doraes J. à Kisangani, Marques M. à Ubundu, anciennement appelé Ponthierville, Smet & frères à Bafwasende, Monteiro and Lookens à Malili, (Anon, 1943). Finalement, l'épidémie de la tracheomychose a forcé les agriculteurs à abandonner ou à reconvertir leurs champs de café en autres cultures (Ministère de l'agriculture, 2011).

A Kisangani, La transformation du café est une activité qui procure des retours financiers significatifs, mais n'attire les jeunes à cause des conditions qu'elle exige. Passez une journée manipulant le feu, inhalant des quantités de fumées et déployant assez d'énergie physique, ça semble être trop dispendieux que l'argent que procure cette activité, disait un torréfacteur. Pour rester performant, faut manger de la nourriture à soupe, mais tôt au tard, nous sommes victimes des maladies de coeur, ajoutait ledit torréfacteur.

Les commerçants, sont les plus rusés de la filière. L'application de la chimie comme technique de maximisation des profits constitue un danger énorme qui rend hypothétique l'avenir de cette filière. Tromper la vigilance du consommateur, en lui vendant des impuretés sous prétexte du

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café, c'est gagner à l'immédiat mais perdre dans le court, moyen et long terme. Précipiter la perte de confiance des consommateurs, c'est précipiter la chute de la filière.

Dans les territoires de Ubundu et de Bafwasende, un autre frein à la production de café est d'ordre anthropologique. De par leur culture, les populations de ces deux territoires sont habituées à l'argent facile issu de la pêche et de l'exploitation minière. A cet aspect, s'ajoute la pro pauvreté, mentale et matérielle, de ces populations rurales. Il en résulte que demander à un rural de ces deux territoires d'investir aujourd'hui pour récolter après 5 ans, c'est comme trop demander. La préférence pour le présent a atteint son paroxysme de sorte que l'adage « Manger, buvez car demain nous mourrons » est devenu célèbre leitmotiv pour toutes les tranches d'âges.

c. La filière nécessite une relance urgente et stratégique

Au regard du potentiel agroécologique du pays, la nécessité d'un développement vivable, viable et équitable, plusieurs auteurs réclament avec insistance la relance urgente de la filière café (Dubé, 2012 ; Lebailly et al.,2014 ; Ibandan, 2021 ; Manfroy,2021). Le gouvernement a aussi marqué son implication par l'élaboration d'un plan stratégique de relance depuis 2011. La mise en oeuvre reste hypothétique comme bien des projets du gouvernement congolais.

Les investisseurs privés devraient s'impliquer et les acteurs se structurer. Dans les territoires de Bafwasende et Ubundu, des incitants économiques sont visibles, mais les incitants organisationnels et institutionnels sont absents. La relance doit relever ces défis sans oublier d'intégrer les questions culturelles comme évoquées ci-haut. Les avantages de la culture de café devraient être clairement démontrés, tout d'abord aux leaders d'opinion de ces zones.

4.2. Analyse financière de la filière

a. L'impact financier de la filière est positif sur tous les agents de la filière

L'élaboration des CPE des acteurs de la filière café a montré la viabilité financière de la filière sur tous les acteurs. Ces retours financiers contribuent à l'amélioration des conditions socio-économiques. L'élaboration du compte consolidé de la filière a dégagé une valeur ajoutée annuelle de 271 050 $, distribuée entre producteurs, torréfacteurs, mouleurs, grossistes et revendeurs. Les commerçants dégagent 87% (notamment 66% par les grossistes et 21% par les revendeurs) de cette valeur ajoutée, suivie des transformateurs, 11 % (5% pour les transformateurs et 6% pour les mouleurs) et finalement les producteurs, 2%. Ces éléments confirment notre deuxième hypothèse qui postulait que l'impact financier de la filière est positif sur les parties prenantes.

43

Manfroy (2021) est arrivé aux résultats qu'on peut comparer aux nôtres. Elle a aussi démontré que la filière café est rentable pour tous les acteurs de la filière. La valeur ajoutée totale dégagée par la filière de 156 721, 65 $. Cette valeur ajoutée est repartie entre producteur (30%), commerçants (34%), les transformateurs (33%) et le 3% restant est à l'Etat.

A Ubundu et Bafwasende, les faibles productivités et faibles investissements des producteurs expliquent cette faible valeur ajoutée. L'autre explication est la vente des produits au bord des champs à des faibles prix. La grande valeur ajoutée des grossistes s'explique par leurs faibles prix d'achats auprès des producteurs et d'une marge brute de 1000 FC par Kilo à la vente. Ensuite, les grossistes de Kisangani ont plusieurs sources d'approvisionnement et ont monté plusieurs stratégies pour maximiser les bénéfices (achats groupés, stockage des produits en attente de la période de crise, la chimie, ...).

A ce niveau, la légère différence avec les résultats de Manfroy (2021) s'explique. Dans sa zone d'étude, le Kongo central, la production locale suffit pour alimenter la consommation intérieure, avec un surplus exporté.

b. Et si nous comparons sa rentabilité à celle des autres filières ?

Le tableau 15 ci-dessous confronte nos résultats de la rentabilité financière de la filière café à ceux de la Fondation Konrad Adenauer (2017) sur les filières pêche et Riz dans la province de la Tshopo. Nous présentons les valeurs du RNE suivies en parenthèses de celles des tests de rentabilité exprimées en pourcentage. La surface moyenne d'un exploitant de riz est de 1 ha et pour le café 0,5 ha. Le RNE des producteurs de café ci-dessous est d'une récolte l'année alors que celui des producteurs de riz est de deux fois. Les RNE des pêcheurs et pour les autres acteurs de café et riz sont mensuels. Les valeurs de transformateurs sont les moyennes de mouleurs et torréfacteurs.

Tableau 15 : Comparaison des RNE des acteurs filières café, Riz et Pêche

Acteurs

Résultat Net d'exploitation en FC

 
 

RIZ

CAFE

Pêche

Producteur

166 000(124)

1007000(354)

199291 (132)

Transformateur

858500 FC (258)

1077458,33(164,8)

-

Grossiste

1610000 (126)

3721872,67 (120)

682000 (174)

Détaillant dans le marché de

376300 (121)

227773,14 (128)

603200 (122)

Kisangani

 
 
 

44

Les charges requises pour chaque activité, la vitesse d'écoulement des produits, le temps nécessaire à la réalisation de l'activité et les possibilités de conservation sont des éléments clés pour nuancer les rentabilités de ces filières.

Comparant les tests de rentabilité à la hauteur de bénéfice, nous remarquons que le commerce de café est rentable, mais exige des grands investissements. Une grande vitesse d'écoulement produit d'effet cumulé sur le bénéfice mais nécessite des investissements ou réinvestissements importants. Par contre, une faible vitesse d'écoulement, peut procurer des retours d'investissements importants si le bénéfice unitaire est significatif. La pêche est aussi heurtée au défi de la conservation surtout dans un milieu comme Kisangani où l'électricité est un réel défi. Cette incertitude explique la réticence des grossistes de cette filière face à des forts investissements. Pour les filières considérées, c'est le maillon de transformation qui est apparemment le plus rémunérateur. Pour un investissement de 1$, un rizier gagne 1,58 et un torréfacteur 0,63. Ceci s'explique principalement par la réduction de temps de l'activité, des consommations intermédiaires. Et à ce niveau, il y a aussi beaucoup d'externalités non externalisées (bruit sonore pour le riz, pollution et bruit sonore pour le café).

4.3. L'analyse par matrice AFOM

Il y a de bonnes perspectives de développement de la filière café robusta dans la zone d'étude

L'environnent n'est pas un ensemble de silos fermés, mais une toile tissée où tout est lié. L'interconnexion des activités économiques explique la nécessité de confronter notre matrice AFOM à celles des autres.

Dans le plan stratégique de relance de la filière café (Ministère de l'agriculture, 2011), une matrice AFOM y est présentée, mais celle-ci présente un caractère national. De sa part, Manfroy (2021) a présenté une matrice dans les conditions de la Province de Kongo-Central, notamment dans et autour de la réserve de la Luki.

Pour notre filière, la somme atouts-opportunités absorbe celle de faiblesses-menaces. En effet les vastes superficies de Bafwasente et de Ubundu, situées dans la zone intertropicale, (Omasombo et al., 2017) confèrent à ces deux territoires des avantages comparatifs pour accroitre la production du café. Ce sont ces éléments qui donnent l'avantage au Brésil, le premier producteur mondial du café (Basic, 2018). Les opportunités laissent entrevoir une lumière au bout du tunnel, et rassurent tous les acteurs de cette filière. L'accroissement de la demande et éventuellement des prix (Tegera et al., 2014) l'engagement du secteur public et privé dans la relance ne cessent de nourrir d'espoir. Les menaces et les faiblesses, étant d'ores

45

et déjà identifiées, deviennent surmontables si des mesures de capitalisation des atouts et opportunités sont mises en oeuvre. Ces éléments confirment notre troisième hypothèse qui postulait qu'il y a de bonnes perspectives de développement de la filière café dans les territoires sous examen.

4.4. Formulation des axes stratégiques

Les actions qui s'exigent sont d'ordres technico-organisationnels et institutionnels en
concert avec les ODD

Les actions stratégiques formulées à l'issu du couplage de la matrice AFOM restent valides pour nombreuses filières agricoles. Lebailly et al., (2014) ; Ibandan (2021) adhèrent au couplage de notre matrice AFOM qui définit trois principaux défis à relever pour une relance durable). Relever ces défis c'est mener des actions sur le plan technique par investissement dans les outils récents et dans le capital humain, c'est structurer les acteurs de la filière et appuyer les institutions publiques dans l'exercice de leurs fonctions. De toutes les actions à mener, la dimension anthropologique reste un facteur prégnant pour la réussite de la relance. Il faudrait semer et entretenir dans l'homme de Bafwasende et Ubundu le goût de l'agriculture. Ces éléments confirment partiellement notre quatrième hypothèse qui postulait que les actions stratégiques pour relancer et assurer la durabilité de la filière café sont d'ordres technico-financiers, organisationnels et institutionnels en concert avec les ODD. En effet, l'aspect anthropologique n'était pas postulé.

La mise en application devrait être intelligente pour ne pas aboutir aux résultats décevants. Les responsabilités sont partagées entre parties prenantes

Les éléments évoqués dans ce chapitre prouvent que dans les territoires de Bafwasende et Ubundu il y a des incitants économiques mais non organisationnels. L'hypothèse générale de l'étude est confirmée.

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CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS

L'objectif assigné a été de contribuer à la stratégie de relance de la filière café dans la province de la Tshopo, au travers les territoires de Bafwasende et de Ubundu. L'état actuel de la filière a été étudié par analyses fonctionnelle et financière. La matrice AFOM a été dressée et couplée. Finalement des axes stratégiques ont été formulés en concert avec les ODD.

L'analyse fonctionnelle nous a permis de dresser les contours de cette filière. En effet, cette filière comprend trois acteurs directs (producteurs, les commerçants et les torréfacteurs) et deux acteurs indirects (ONAPAC et SNCC). Les consommateurs n'ont pas été concernés par l'étude. Le diagnostic technique a montré l'arriération de la filière café à travers l'utilisation des équipements traditionnels à très faible performance. Tous ces acteurs de la filière sont de price takers et ceci s'explique par leurs faibles productivités. Entre eux, ils développent diverses stratégies pour acquérir des meilleurs prix et anticiper les risques liés aux variations des cours. La diversification du portefeuille, les achats groupés, le stockage de café à l'attente des meilleurs prix et la chimie, sont les principales stratégies. Cette dernière, qualifiée de chimie par les acteurs, consiste à tromper la vigilance des consommateurs à leurs vendant des cafés mélangés aux impuretés. C'est la mauvaise bonne stratégie.

L'analyse financière a consisté à évaluer la viabilité financière de la filière. Les comptes production-exploitation ont montré que la filière est rentable pour tous les acteurs. Le compte consolidé a évalué à 271 050$ la valeur ajoutée totale annuelle avec une inégale répartition entre les acteurs. A lui seul, le maillon des commerçants représente 87% de cette valeur.

Les bonnes conditions éco-climatiques et édaphiques associées à l'amélioration du marché du café sont les principaux atouts -opportunités. Par contre le grand défi culturel exprimé par la réticence de la population aux activités caféières, la grande compétitivité sur le marché international et le mauvais climat local des affaires sont les faiblesses-menaces. Pour la relance efficace et efficiente de la filière, des actions stratégiques ont été formulées pour l'ensemble des acteurs de la filière. Celles-ci montrent que l'investissement dans les ressources humaines et matérielles via les institutions privées ou publiques, est la clé.

Ces résultats montrent un réel potentiel de croissance de la filière café dans ces régions. La relance de la filière café peut contribuer à l'amélioration des indicateurs socio-économiques de ces zones et la sédentarisation des communautés. Des grands efforts sont à fournir pour maximiser les atouts et capitaliser les opportunités.

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D'autres informations sont nécessaires pour arriver à une relance qui atteint ses objectifs sociaux, économiques et environnementaux. Nous suggérons donc aux futurs chercheurs d'aborder ces quatre investigations :

1. La détermination des pôles d'approvisionnement du café dans la ville de Kisangani ;

2. L'évaluation de la consommation du café local dans la ville de Kisangani ;

3. L'analyse qualitative de café vendu dans la ville de Kisangani et les conditions d'intégration du marché local aux marchés nationaux, régionaux et Internationaux ;

4. L'analyse prédictive des effets induits de la relance de la filière café sur l'environnement et le mode vie des communautés locales.

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Tegera,A., Sematumba,O.,&Kabirigi, J.P. (2014). La caféiculture et son incidence sur la transformation des conflits, cas de localité de Ntamugenga, Kibirizi, Minova en RDC et Boneza au Rwanda. Pole Institute, Goma. RDC

Tulet, J.C. (2007). La conquête du monde tropical par la caféiculture

UNICEF.(2021). Pauvreté et privations de l'enfant en République Démocratique du Congo. Province de la Tshopo

UNIL. (2018). Guide de réalisation d'un développement stratégique... ou comment réaliser une analyse SWOT puis passer à un plan de développement. Direction cellule qualité Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech, Bruxelle.

Witgens, J.N. (2004). Coffee: Growing, Processing, Substainable Production, 2ème Edition, Ed. WileyCVH, Weinheim. Allemagne

1

ANNEXES

2

ANNEXE 01. LES CPE ANNUELS DES ACTEURS

a. CPE d'un producteur de Café dans les territoires de Bafwasende et Ubundu sur

un demi-hectare

Désignation

Quantité

PU

Annuité

d'amortisssemnt

Total

1. Les charges

 
 
 

395199,99

a. Les consommations intermédiaires

 
 
 

393000

Entretien

 
 
 

20000

Récolte

8,5 Sacs

10000

 

85000

Décorticage

8,5 Sacs

20000

 

170000

Transport

5 sacs

20000

 

100000

Emballage

8 sacs

2000

 

16000

Fil

 
 
 

2000

b. Autres Charges

 
 
 

0

Frais Financiers

 
 
 

0

Taxes et Impôts

 
 
 

0

Rémunération du personnel

 
 
 

0

c. Les amortissements

 
 
 

2199,99

 

Machette

1

8000

533,33

533,33

Houe

1

15000

1000

1000

Panier de récolte

1

6000

666,66

666,66

2. Les recettes

 
 
 

1400000

a. Vente de la Production

5sacs

280000

 

1400000

b. Subventions d'exploitation

 
 
 

0

 

Valeur Ajoutée

 
 
 

1007000

Résultat Brut d'exploitation

 
 
 

1007000

Résultat Net d'exploitation

 
 
 

1004800,01

Test de Rentabilité

 
 
 

3,542510211

b. CPE d'un transformateur torréfacteur au marché central de Kisangani

Désignation

Quantité

PU

Annuité

d'amortissement

Total

1. Les charges

 
 
 

5691000

a. Les consommations intermédiaires

 
 
 

5310000

Le bois de chauffe

 
 
 

5250000

Prix d'achat

187,5 bottes

20000

 

3750000

Frais de chargement et transport

187,5 bottes

8000

 

1500000

Transport

 
 
 

60000

b. Autres charges

 
 
 

370500

Frais Financiers

 
 
 

0

Taxes et Impôts

 
 
 

60000

Rémunération du personnel

1

1

 

300000

c. Les amortissements

 
 
 

10500

 

Torréfacteur et son montage

1

120000

8000

8000

Bâche

1

15000

2500

2500

2. Les recettes

 
 
 

9000000

a. Frais de torréfaction

45000

200

 

9000000

b. Subventions d'exploitation

 
 
 

0

 

Valeur Ajoutée

 
 
 

3690000

Résultat Brut d'exploitation

 
 
 

3319500

Résultat Net d'exploitation

 
 
 

3309000

Test de Rentabilité

 
 
 

1,581444386

3

c. CPE d'un transformateur mouleur au marché central de Kisangani

Désignation

Quantité

PU

Annuité

d'amortissement

Total

1. Les charges

 
 
 

13116666,65

a. Les consommations intermédiaires

 
 
 

12060000

Courant électrique/carburant

 
 
 

12000000

Transport

 
 
 

60000

b.Autres charges

 
 
 

830000

Frais Financiers

 
 
 

0

Taxes et Impôts

 
 
 

50000

Rémunération du personnel

1

1

 

720000

c. Les amortissements

 
 
 

226666,65

Moulin électrique

 
 
 

159999,99

Montage de base

1

40000

26666,66

26666,66

Dynamos

1

2000000

133333,33

133333,33

Moteur

1

1000000

66666,66

66666,66

2. Les recettes

 
 
 

22500000

Frais de mouture

90000

250

 

22500000

Subvention d'exploitation

 
 
 

0

Valeur Ajoutée

 
 
 

10440000

Résultat Brut d'exploitation

 
 
 

9610000

Résultat Net d'exploitation

 
 
 

9383333,35

Test de Rentabilité

 
 
 

1,715374843

d. CPE d'un commerçant grossiste au marché central de Kisangani

Désignation

Quantité

PU

Annuité

d'amortissement

Total

1. Les charges

 
 
 

225337533,3

a. Les consommations intermédiaires

 
 
 

225000000

Achat de café

60000

3500

 

210000000

Manutention

 
 
 

12000000

Sachets/ Sacs d'emballage

90000

-

 

3000000

Transport

 
 
 

6000

b. Autres charges

 
 
 

304000

Frais Financiers

 
 
 

0

Taxes et Impôts

 
 
 

304000

Rémunération du personnel

 
 
 

0

c. Les amortissements

 
 
 

33533,33

 

Gobelets

2

1000

200

200

Balance électronique

1

500000

33333,33

33333,33

2. Les recettes

 
 
 

270000000

a. Vente

60000

4500

 

270000000

Valeur Ajoutée

 
 
 

45000000

Résultat Brut d'exploitation

 
 
 

44696000

Résultat Net d'exploitation

 
 
 

44662466,67

Test de Rentabilité

 
 
 

1,2%

4

e. CPE d'un commerçant revendeur dans le marché central de Kisangani

Désignation

Quantité

PU

Annuité

d'amortissement

Total

1. Les charges

 
 
 

9866722,21

a. Les consommations intermédiaires

 
 
 

9728000

Achat de café

2100

4500

 

9450000

Manutention

 
 
 

150000

Sachets d'emballage

63000

-

 

63000

Transport

 
 
 

65000

b.Autres charges

 
 
 

133000

Frais Financiers

 
 
 

0

Taxes et Impôts

 
 
 

133000

Rémunération du personnel

 
 
 

0

c. Les amortissements

 
 
 

5722,21

Bassin

1

10000

1111,11

1111,11

Gobelets

2

1000

166,66

166,66

Parapluie

1

40000

4444,44

4444,44

2. Les recettes

 
 
 

12600000

a. Vente

2100

6000

 

12600000

b. Subventions d'exploitation

 
 
 

0

Valeur Ajoutée

 
 
 

2872000

Résultat Brut d'exploitation

 
 
 

2739000

Résultat Net d'exploitation

 
 
 

2733277,79

Test de Rentabilité

 
 
 

1,28%

ANNEXE 02 : LE CALCUL DES AMORTISSEMENTS

Désignation

Valeur

d'acquisition

Durée de

vie/ans

Réelles sources d'usure

Valeur

considérée/an

 
 
 
 
 

Machette

8000

3

5

533,333333

Houe

15000

3

5

1000

Panier de récolte

6000

3

3

666,666667

Balance

500000

5

3

33333,3333

Bassin

10000

3

3

1111,11111

Parapluie

40000

3

3

4444,44444

Gobelets

1000

2

3

166,666667

Torréfacteur

120000

5

3

8000

Bâche

15000

2

3

2500

Dynamos

2000000

5

3

133333,333

Montage moulin

400000

5

3

26666,6667

Groupe

1000000

5

3

66666,6667

5

ANNEXE 03 : LE CALCUL DE TAXES ANNUELLES LIEES A L'ACTIVITE DE

CAFE

a. Les commerçants grossistes

Désignation

Montant (FC)

Patente commerciale

34000

ONAPAC

130000

Droits gouvernementaux

40000

Service d'Industrie Poids et Mesure

100000

La majorité des grossistes interrogés n'ont que le café dans leurs dépôts. Et en résulte que c'est l'activité de café qui supporte toutes les charges taxes (304 000 FC)

b. Les commerçants revendeurs

Désignation

Montant (FC)

 

Taxes d'étalage

300000 FC

ONAPAC

20000

Patente commerciale

34000

Taxes parcellaire annuelle

5000 FC

 

Hormis la taxe prélevée par ONAPAC, les autres taxes ne sont pas directement liées au café mais à l'ensemble de produits vendus, en moyenne 3. Nous aurons (5000 +34000+300000) /3 + 20000 FC pour déterminer la charge taxe d'un revendeur de café.

c. Les transformateurs

Désignation

Montant (FC)

 
 

Taxe de pollution

180000 FC

L'activité du torréfacteur ne concerne pas uniquement le café. Postulant qu'il manipule trois produits, la taxe liée à son activité de café est de 60000 FC.






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme