Le droit à la justice au cameroun (à l'origine de l'accélération de la modernisation du code pénal camerounais)( Télécharger le fichier original )par Amadou Mbeyap Kutnjem Chaire Unesco des Droits de la personne et de la démocratie,Université d'ABOMEY-CALAVI - DEA Droits de la personne et de la démocratie 2005 |
2- La dépendance vis à vis du pouvoir social.Par « pouvoir social », nous entendons le pouvoir d'argent et les pressions liées aux relations sociales diverses. En effet, la corruption qui sévit au Cameroun n'épargne aucun corps. Mal payés, les juges camerounais ne manquent jamais de monnayer leurs services171(*).Selon M. Alioune BADARA FALL, la faible rémunération et le manque de moyens matériels qui en découle les place dans une situation trop précaire pour qu'ils puissent jouir d'une certaine aisance172(*). Il se demande si on peut concevoir qu'un juge vienne partager le même autobus avec un prévenu qu'il vient de condamner173(*). Assurément non. Toutefois, la situation du juge camerounais ne l'abaisse pas encore jusqu'à ce niveau. Cependant le fait qu'il possède son propre véhicule ne le met pas à l'abri des pressions autres que celles de l'argent. L'environnement socioculturel est très prégnant pour le magistrat camerounais. Pour Mme DJUIDJE, le juge judiciaire « est prisonnier des contraintes liées aux notions de solidarité et de famille élargie que l'on rencontre dans la majorité des sociétés africaines »174(*). De l'avis du Professeur KAMTO, l'indépendance du juge est davantage menacée « par des pressions intempestives, des affinités tribales et des comportements irresponsables de certains citoyens »175(*). C'est ainsi qu'on note la séduction faite par les femmes en instance de divorce et venues au tribunal à cet effet176(*). Ces différents maux affectent la crédibilité du juge et de l'institution judiciaire. Même si le système juridique lutte contre ce phénomène177(*), source de partialité le principe de l'inamovibilité du magistrat, absent de la constitution, est sans effet. * 171 ETEKI OTABELA Marie Louise, op. cit. ; p 516. * 172 BADARA FALL Alioune, op cit. , p.15. * 173 BADARA FALL Alioune , ibid., p .15. * 174.DJUIDJE B op cit. , p 48. * 175 DJUIDJE B., ibid. , p 46. * 176 YONABA Salif, indépendance de la justice et droits de l'homme le cas du Burkina Faso, édition PIOOM LEIDEN, 1997 cité par Alioune BADARA FALL, pp 2-34. * 177 Article 52 du décret de 1995 portant statut de la magistrature. |
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