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Communication via les médias à  base de réseaux

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par Marie-Josèphe Couturas
Université Paris 1 Sorbonne - DEA Sciences Politiques 2000
  

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7.4 Le fantasme de la mort de l'homme :

La nouvelle religiosité est, stricto sensu, une hérésie de l'humanisme. Son succès intervient sur un fond de crise, crise des valeurs et du lien social, problèmes récurrents posés par la permanence d'une violence destructrice.

Le nouveau culte se présente le plus souvent comme une alternative de civilisation, face à des vieilles valeurs humanistes qui auraient fait faillite, et les difficultés réelles d'une société mondiale en pleine mutation servent ainsi de toile de fond au succès des nouvelles croyances.

Un succès sur fond de crise des valeurs :

L'homme n'est plus la pièce maîtresse de cette nouvelle religiosité sans centre et sans Dieu, la conscience individuelle est susceptible d'être "collectivisée" et transférée aux machines, la noosphère du cyberespace se substitue à l'organisation sociale politique des sociétés telles que nous les connaissons.

Philippe Breton affirme que ce sont trois valeurs essentielles du monde moderne qui sont visées :

- l'héritage monothéiste juif de la loi, importante pour régler les rapports humains ;

- l'importance conférée depuis la révolution démocratique athénienne à la parole, placée au centre de la société des hommes ;

- la représentation de l'homme comme individu libre intérieurement.

Ces trois valeurs ont fait convergence : l'individu est destinataire de la loi et c'est lui seul qui se tient responsable devant elle. Elle le dépasse et en même temps c'est lui qui la fabrique, par le jeu de la parole collective et de l'assemblée des individus libres. L'individu n'existe qu'à travers sa parole, doublement issue de sa mémoire intérieure et de la rencontre avec la parole de l'autre.

Cette société de la loi, de la parole et de l'individu a été construite en rupture avec l'ancienne société "holiste", et nourrit l'"humanisme". Tout le XX ème siècle aurait été une longue hésitation dans la croyance aux vertus de l'humanisme.

Le nouveau culte semble se nourrir d'une opposition à ce triptyque fondateur de notre modernité. Son succès paraît directement proportionnel à la crise de confiance.

Les effets concrets de l'attaque contre l'humanisme :

Les effets d'un discours anti-humaniste se font sentir au présent et deux représentations fondamentales sont en train de vaciller : celle de l'être- ensemble comme relevant de la vie en société et celle de l'être humain comme doté d'une singularité indépassable.

La socialité au sens de la mutualité, disparaît au profit de l'interactivité. Dans le nouveau mode de société proposé, l'autre doit être là quand je le veux, sous une forme que je contrôle et dans la partie de mon territoire que je lui assigne. L'expérience est remplacée par la virtualité. Les relations sont très réactionnelles, rapides, peu engageantes.

"L'utilisation d'Internet diminue le cercle de relations sociales proches et lointaines, augmente la solitude, diminue légèrement la quantité de support social et augmente les sentiments dépressifs." Des solitaires d'un genre nouveau apparaissent partout, qui n'entretiennent plus qu'un rapport informationnel et instrumentalisé au monde qui les entoure.

Le changement technique parait alors être devenu le seul moteur de l'évolution.

La psychologue américaine Sherry Turkle montre en outre que depuis quelques années, on assiste à un affaiblissement de la métaphore de l'intériorité pour penser l'individu et à son remplacement par la métaphore du programme.

Le souhait de détacher la conscience du corps et en même temps de la fondre ou de la transférer dans une transcendance collective fragilise la délicate construction de l'individu moderne.

Le nouveau culte est-il immoral ? :

Si l'on prend le parti de l'homme, il faut craindre que la réponse à cette question soit entièrement positive, et le débat ne devrait pas laisser indifférents tous ceux qui sont attachés aux valeurs humanistes.

Car une des questions importantes que soulève en définitive le "nouveau monde", est celle de la mort de l'homme. En poussant les recherches dans la direction d'un transfert de la conscience de l'homme vers des robots plus intelligents ou des réseaux dotés de vie, on prend peut-être le risque de faire disparaître son espèce en tant que telle, parce qu'elle serait devenue inadaptée au regard de l'évolution.

Le Progrès, une fois encore, aurait bien pour nous tous un caractère aigre-doux...

1.4.2.4 De la science fiction à la science cognitive* :

Reprenons ici un passage d'après L. Sfez, dans Critique de la communication afin d'en souligner le contenu : "Encore de nos jours bien des scientifiques comme bien des humains plus ordinaires comptent sur plutôt qu'espèrent en une progression irréversible de l'élémentaire au complexe, comme si elle allait de pair avec notre évolution. L'ordinateur "intelligent" nous fait rêver sur notre identité. Les métaphores de l'intelligence, de l'activité neuronale, de la société ou de la démocratie jouent un rôle très puissant de mobilisation technologique. Allant au-delà, la machine est faite comme nous et nous sommes nous-mêmes faits de mécanismes machiniques. Nous rêvons déjà d'êtres bioniques, surpuissants à la fois humains et machines, machines et humains indifféremment.

Nous construisons Dieu à partir des qualités humaines et nous lui attribuons un pouvoir sur nous. Paradoxe de Feuerbach ou rappel du Golem, les risques sont grands que l'humain soit bientôt dépassé pour le pire et moins probablement pour le meilleur par ces créatures qu'il contribue à engendrer."

En attendant l'avenir est aux agents* intelligents dans et par les réseaux. Ils peuvent être comparés par exemple aux cellules sanguines qui circulent dans les vaisseaux, mais la métaphore n'est pas assez puissante pour rendre compte de leurs caractéristiques.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld