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La communication politique dans les élections au Sénégal: l'exemple du PS(Parti Socialiste) et de l'AFP(Alliance des Forces de Progrès) en l'an 2000

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par Hamad Jean Stanislas Ndiaye
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Senegal) - Maitrise de Sciences Politiques 2004
  

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A Le PS, pour un « changement dans la continuité ».

De par les discours de tous les étatsmajors politiques en présence lors de ce scrutin, le changement sera apparu comme la seule constante, le PS allant même jusqu'à s'en réclamer « dans la continuité ». Cette attitude devait répondre au souci de reconquérir un peuple avide de changement et de nouveau souffle.

Ainsi au second tour, la politique du candidat DIOUF qui est en tête avec 41% des suffrages contre 31 % pour Abdoulaye WADE, va radicalement changer de stratégie pour épouser les contours du sopi réclamé par les citoyens sénégalais. En effet, avec les départs de KA et de NIASSE, cette irruption des forces de révolte sur la scène politique et sociale aura pris au dépourvu le pouvoir qui, désespéramment, tenta de s'approprier le mouvement du changement.

Le candidat Abdou DIOUF va prendre la mesure du péril et n'hésitera pas à se lancer dans les

37 O'BRIEN D C., Le sens de l'Etat au Sénégal in Le Sénégal contemporain,(sous la direction de) Momar

Coumba DIOP, Editions Karthala, Collection Hommes et Sociétés, Paris, 2002, p.504

38 CROZIER M., L'acteur et le système, Paris, Seuil, 1977

promesses les plus spectaculaires : tout ce qui était refusé est désormais accordé sans condition

-sinon celle d'un nouveau mandat , pour annihiler le mouvement de défiance et de rejet; le candidat socialiste acceptera même le principe d'un faceàface avec WADE dans le cadre d'un débat contradictoire39.

La campagne pour le deuxième tour va être davantage axée sur la proximité parce qu'il fallait pour DIOUF « être beaucoup plus proche des citoyens ». Il aura vite remarqué que lors des grands meetings, « on n'a pas le temps vraiment de conduire le dialogue avec les populations » et laisse entendre que le problème c'est qu' « il faut avoir une grande capacité d'écoute, il faut écouter les populations, les citoyens, et il faut écouter les jeunes ».

Les "verts" l'avaient si bien compris qu'ils essayèrent de rectifier leur tir au second tour en

faisant mener à leur candidat une campagne de proximité. Le président sortant, pour la première fois, accepta de descendre dans "l'espace public" en initiant des dialogues directs avec les jeunes, les personnes âgées, les paysans, etc., qui se relayèrent pour lui poser des questions sur sa gestion et ses ambitions pour le Sénégal s'il passait le cap du 19 mars. C'était cette quête effrénée, obsessionnelle, parfois pathétique des suffrages qui le poussa à accepter, pour la première fois, d'être l'invité, pendant près de deux heures, d'une émission populaire en wolof de la radio privée Sud FM.

Il souhaite au cours de cette campagne du 2e tour, vraiment privilégier l'écoute, puisqu'il reconnaît avoir « décrypté le message ». Il mise aussi sur le fait que « l'écoute permettra de savoir dans les détails, encore davantage, sur les changements qui sont souhaités par toutes

les populations et en particulier par la frange jeune ».

Il s'agit de ne pas être des marchands d'illusions, ne pas promettre la lune, mais de dire ce qui

est possible. Pour lui, « il faut aller à l'idéal, en partant du réel », selon la belle formule de Jean Jaurès et il invite ses concitoyens à s'accorder car étant « prêt à faire ce que veut le peuple », dont il se veut être l'esclave.

Pour le candidat socialiste dont le parti sort quelque peu groggy du premier tour, les « gens ne

se sont pas donnés la peine de lire le pacte de croissance et de solidarité » qu'il leur proposait.

« En tenant compte du message fort » reçu, « en faisant une campagne de proximité, en explicitant mieux ce programme » il se dit convaincu de pouvoir combler le gap et de s'assurer

la victoire au second tour.

39 Quotidien Le Matin 7 mars 2000

C'est juste qu' « il y a eu une absence de dialogue au niveau approprié ».

Le PS sort donc groggy du premier tour. Ce que DIOUF reconnaît puisque « un deuxième tour de scrutin n'a jamais eu lieu au Sénégal et il n'était pas facile de s'y adapter ».Il lui reste cependant à sonner la remobilisation car les arguments ne manquent pas ; rassembler les dernières forces et « comme un seul homme », aller « tendre la main à ceux qui n'avaient pas voté » pour le PS mais qui restent tout de même « des citoyens libres de voter pour le candidat

de leur choix au deuxième tour, nonobstant les consignes des candidats du premier tour ». Le

devoir du PS se devait donc d'être une tentative pour leur expliquer son projet pour le Sénégal

et les amener à voter socialiste. Dès lors, pour le leader socialiste, le ballottage et l'inédit second tour ne pouvaient certainement pas constituer un échec pour son parti car, pour

lui « l'échec ne se mesure pas à cela ».

Et même si « Les réussites (...) politiques sont indéniables...Maintenant, il s'agit d'opérer les changements » ; les socialistes étant « maintenant mûrs pour les changements majeurs réclamés par le peuple sénégalais ».

Le changement passera aussi irrémédiablement, en cas de réélection du président sortant, par

un changement « Non seulement au niveau des structures, des politiques, mais aussi au niveau des hommes. C'est clair et net ». DIOUF s'érigera donc en « l'homme de ces changements »,

lui pour qui, « peu de gens connaissent ce peuple mieux » que lui « pour l'avoir tant de fois servi et tant de fois écouté dans ses épreuves les plus difficiles ».

Il propose dès lors au peuple de conquérir ensemble « un avenir de progrès pour tous, donc de paix ! » Mais aussi pour DIOUF « il faut aller vers les jeunes, les écouter d'abord et leur parler ensuite. Parce que si on ne les écoute pas, ils auront le sentiment qu'on les ignore. Il faut les écouter et leur parler », afin de comprendre leurs préoccupations en leur proposant des solutions.

Au sortir du premier tour, DIOUF tire l'enseignement en ces termes : « je m'engage pour des changements rapides et profonds (...) Le peuple sénégalais a adressé à tous les candidats, en particulier à moi qui ai en charge les destinées du pays et qui suis arrivé en tête au premier tour du scrutin, un message très fort pour le changement. Donc, je n'avais pas tort, pendant la campagne électorale, de dire que je voulais changer le Sénégal avec les Sénégalais. J'ai compris ce message. J'ai compris surtout que le peuple sénégalais aspirait au changement, à

un changement profond et accéléré. Je suis venu lui dire que je suis prêt à aller dans le sens qu'il a indiqué. Je m'engage, si je suis élu, à agir dans le sens de ce changement accéléré et profond. Je m'engage à réaliser ce changement dans tous les domaines de la vie nationale : dans le domaine politique, économique, social, culturel. Je m'engage surtout à réaliser les aspirations des jeunes à un pl ein emploi décent et rémunérateur ».

Il s'engage aussi à lutter avec encore plus de vigueur contre la pauvreté pour la réduire de façon drastique et à terme, la supprimer définitivement du pays ; à lutter contre l'insécurité dans tous les domaines qu'il s'agisse de santé, d'environnement, d'éducation, bref dans tous

les domaines de la vie nationale. Notons que le président Abdou Diouf fera la même

déclaration en wolof pour une plus large diffusion de son message.

En effet, il va au deuxième tour « avec la volonté de gagner » aux côtés de son parti et de ses alliés en préservant d `abord les acquis, pour ensuite conserver ce qu'ils avaient obtenu au 1er tour. Mais DIOUF veut « aussi élargir » et il sait que s'il veut gagner il lui faut avoir des suffrages supplémentaires par rapport au premier tour. Ce qui peut être atteint « par un travail méthodique et sérieux et (...) un vrai travail de proximité pour amener les abstentionnistes à voter au second tour ».

Après avoir entendu le peuple sénégalais pendant la campagne électorale, après avoir décrypté

le message du peuple sénégalais à l'occasion du premier tour, il se dit comprendre « que le peuple voulait des changements plus profonds et plus rapides ». Diouf et son parti se lancent alors dans une politique de charme en direction de l'électorat urbain, notamment de Dakar et Pikine, qui leur avait largement tourné le dos le 27 février.

Face à un tel climat d'incertitude et à la rapidité avec laquelle la plupart des chefs de parti ont discuté avec et rejoint le camp de l'alternance incarné par WADE son concurrent immédiat et adversaire au second tour, le tour du 19 mars sera encore plus crucial que ne l'aura été le premier tour pour le PS.

En ce sens, le camp socialiste reconnaît que rien ne sera facile et sonne le rassemblement de cette grande famille. Les dissidences conduites par Djibo KA et Moustapha NIASSE avaient

été fatales au PS et c'est la raison pour laquelle, dès la publication des résultats du premier

tour du scrutin, plusieurs tentatives ont été faites auprès de ces derniers pour reconstruire l'unité autour de DIOUF.

Ce que fera savoir Khalifa SALL chargé des élections du PS et pour qui « le parti reste ouvert

à tous »40 ; le candidat socialiste entre les deux tours adressera une invite personnelle au leader de l'URD pour amener à ses côtés « les changements que veut le pays »41 .

Djibo KA rejoindra DIOUF mais ce retournement de veste eut des effets assez limités en raison de la rébellion immédiate des segments de son parti, issus de la gauche sénégalaise, qui firent scission et se constituèrent en URD/FAL.

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