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La politique américaine de promotion de la démocratie au Cameroun après le 11 septembre 2001

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par Paul Elvic Jerome BATCHOM
Université de YaoundéII / Soa - DEA/Master II 2005
  

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C. Similitudes dans les politiques de Bretton Woods et des USA vis-à-vis du Cameroun.

1- Examen sommaire des pratiques des institutions de Bretton Woods.

A la genèse des relations entre les institutions de Bretton Woods et le Cameroun, se trouve l'inadéquation du système économique de ce dernier avec les objectifs des dites institutions. L'économie camerounaise de l'époque est engluée dans des pesanteurs, des comportements patrimoniaux, la dette et la centralisation étatique. Or les objectifs des IFI sont clairs : Libéralisation, privatisation et austérité. Dès 1986, le Cameroun est donc mis sous ajustement structurel. C'est-à-dire de manière caricaturale que les institutions monétaires internationales se penchent sur le Cameroun afin de l'accompagner sur le chemin de la modernité économique, par l'imposition des conditionnalités. En effet, le Cameroun classé le 13e pays le plus endetté d'Afrique en 1998 avec 9229 Millions de dollars US. de dette ,113 pour cent du PNB soit 702 dollars/habitant, ne pouvait plus rembourser. Cependant il avait besoin de fonds pour booster son économie à la traîne. Il se heurta donc aux incontournables conditionnalités du FMI. La conditionnalité est « le lien impératif que le FMI établit entre l'aide fournie et l'assurance donnée par l'Etat membre demandeur de mener une politique économique résolvant ses problèmes de paiement extérieur» (SEROUSSI, 1994 : 16). La conditionnalité était déjà mal acceptée lorsque les pays riches négociaient avec le Fonds des accords de stabilisation eu égard à son caractère très contraignant. L'obtention de l'aide du FMI était donc conditionnée selon les décisions du conseil d'administration du 29/09/1968 et 02/03/1979, par :

- L'Etablissement d'un programme de stabilisation

- La précision des objectifs à atteindre

- Les clauses d'échelonnement des tirages.

- La prévision des consultations périodiques des missions du FMI. C'est ainsi que plusieurs missions furent conduites au Cameroun notamment par Edouard MACIEJEWSKI le 16 mai 2002 et 19 mars 2003.

Il faut dire que, traditionnellement, la Banque Mondiale est dirigée par un américain pendant que le FMI est confié aux européens. De plus, les Etats-Unis sont les seuls à disposer du droit de veto au FMI. En clair, il se trouve que par l'administration et par les visées, le FMI et la Banque Mondiale défendent les intérêts du monde développé à la tête duquel se trouvent les Etats-Unis. Il n'est dont pas surprenant que, pendant longtemps ces derniers se soient servis des institutions de Bretton Woods comme bras séculiers dans l'application de leur politique économique vis-à-vis de l'Afrique en général et du Cameroun en particulier.

A la deuxième moitié de la décennie 1990, une option nouvelle est ajoutée par la BM et le FMI dans la liste déjà lourde des conditionnalités. En effet, avec l'apparition du programme PPTE en 1996, il apparaît que la bonne gouvernance politique est un catalyseur du développement durable. C'est dire qu'avec un Etat donné, il y a relation très marquée entre l'économie et la politique. L'on semble avoir trouvé la solution à la difficulté d'atteindre les performances économiques escomptées malgré l'imposition des conditionnalités rigoureuses. L'accent doit être porté d'une manière particulière sur le lien fait entre l'aide économique et la nécessité de reformes institutionnelles. C'est précisément sur cet aspect que la similitude des deux politiques est mise en exergue. Le virage vers l'établissement d'un rapport entre l'économique et le politique s'effectue pour les institutions de Bretton Woods en 1997 c'est-à-dire un an après la mise en place des PPTE ;forcement, avec la bénédiction de Washington. L'accession au programme PPTE exigeait entre autre une consultation entre les Etats et la société Civile pour la mise sur pied des programmes stratégiques pour la réduction de la pauvreté. (P.S.R.P). Cela participe de ce que Pierre BIRNBAUM appelle la «dédifférenciation». Elle consiste en l'anéantissement de la cloison qui séparait l'Etat et la société. C'est une condition pour l'efficacité de l'Etat mais, c'est davantage une attitude démocratique qui participe de la décompression autoritaire (BIRNBAUM, 1985 : 983). C'est sur cet aspect particulier qui fait de la démocratie une attitude méta-societale englobant aussi bien l'économie, la politique et la sphère culturelle que s'appuie l'orientation américaine pour le développement durable au Cameroun.

2- L'orientation américaine pour le développement durable au Cameroun.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et le nécessaire réajustement de leur politique africaine, les Etats-Unis sont au Cameroun d'une manière plus importante. La relation bilatérale qui les lie au Cameroun est multi-sectorielle. Sur le plan économique, il s'agit d'assister le Cameroun dans la consolidation de son développement économique. Et, cette consolidation disent-ils passe par l'arrimage de l'économie Camerounaise à l'économie mondiale c'est-à-dire que l'exigence de la libéralisation devient très grande, la privatisation et la recherche de l'efficience des challenges à relever.

Il faut noter avant de se pencher sur l'essence, la quiddité de ces impératifs, que c'est le credo de la mondialisation et des institutions de Bretton Woods qui est une fois de plus chanté.

Le Cameroun des années 2000 est un pays gangrené par la corruption, le patrimonialisme au sens Weberien du terme. C'est à dire un pays dans lequel le pouvoir central est fort et concentré entre les mains de l'exécutif, la distinction entre le bien public et les biens privés n'existe pas. Ces deux éléments sont apparus comme des obstacles de taille au décollage économique. L'ambassadeur Robert Niels MARQUARDT s'adressant à la presse le 19 janvier 2006 disait : « Les actes de corruption sont devenus si communs et si banals que certains observateurs se demandent si le sens du mot « corruption » a une connotation différente au Cameroun. » Ce qui fait un tableau trop sombre pour le Cameroun mais également une pierre d'achoppement sur le chemin du développement.

Tableau 1 : Le Cameroun en chiffres en 1999

Population totale

14 859 000

Densité (habitant/Km2)

31,9

Population urbaine

49,2 %

Espérance de vie

54,3 ans

Taux de croissance

2,9 %

Taux de mortalité infantile

77 %

Taux alphabétisation adulte

59,4%

Taux scolarisation

72 %

PIB par tête

416,1 (millier de F CFA)

PIB en valeur nominale

6008 (milliards F CFA)

Taux de croissance en PIB

5,0%

Importations CAF

812,7 (milliards F CFA)

Exportations FOB

991,3 (milliards FCFA)

Source: afristat. org /cameroon.2000

Les Etats-Unis d'Amérique proposent donc au Cameroun la libéralisation comme solution pour le développement durable. Elle implique plusieurs contraintes même sur le plan politique. Et il faut noter, ici la similitude avec l'option prise par les institutions de Bretton-Woods dès 1997. En fait, dans le rapport de la Banque Mondiale intitulé « Governance and development » publié en 1992, il était dit que la question de la forme particulière du régime politique que comprend aussi la notion de bonne gouvernance se situe clairement hors du mandat de la Banque Mondiale. Mais en 1997 un autre rapport, intitulé « l'Etat dans un monde en développement » vient introduire les reformes institutionnelles parmi les conditionnalités (MAPPA, 2003). Il s'agit dès l'apparition des PPTE en 1996 de dire que le développement économique à partie liée avec la bonne gouvernance politique. Aussi bien les institutions de Bretton Woods que les Etats-Unis veillent donc à l'application rigoureuse au Cameroun de cette option de développement.

La libéralisation suppose dans ce contexte pour les américains, que l'Etat se retire de l'économie pour ne plus en être que le régulateur. D'autre part, l'initiative privée doit être encouragée à travers la promotion des petites entreprises.

Manuel ROSALES, administrateur du Small Business Administration (SBA) pense que le trait commun entre pays riches et pays pauvres est que leurs économies fonctionnent grâce aux petites entreprises. Il poursuit en disant qu'aux USA, les petites entreprises représentent 55% du PIB et sont les plus grands employeurs et créateurs d'emplois. (Manuel ROSALES est interrogé par Charles COREY du « Washington File », dans usinfo.gov visité le 26-10-06). Par ailleurs, le retrait de l'Etat et la promotion des P.M.E favorisent la privatisation. Les produits camerounais doivent être conformes aux normes américaines pour que le commerce entre les deux pays constitue un facteur de développement.

C'est clairement ce qu'Edward LUTTWAK appelle « une stratégie de prospérité collective susceptible de favoriser une libéralisation accrue des échanges commerciaux et une stratégie de bloc commercial qui consisterait à « vendre » l'accès au marché américain par appels d'offres » (NYE, 1992 : 223). Cela participe à élever l'économie camerounaise à un niveau tel qu'elle puisse constituer un partenaire pour les Etats-Unis. Et M. HADLEY haut cadre du Département d'Etat américain déclarait fort à propos le 07 juin 2006 : « le partenariat et non le paternalisme, voilà ce qui définit notre stratégie africaine » (usinfo.state.gov. visité le 26-10-2006).

Cette orientation économique qui consiste à élever une économie particulière au niveau de l'économie américaine est génératrice de développement. Elle a développé notamment la majeure partie de l'Asie orientale grâce aux exportations. C'est un aspect positif de la mondialisation. Cependant elle (la mondialisation) creuse l'écarte entre les pays riches et les pays pauvres.

L'ambition était de démontrer la connivence qui existe entre les Etats-Unis et les institutions de Betton Woods et dire ipso facto que dans la promotion de la démocratie au Cameroun par les Etats-Unis, la BM et le FMI sont des acteurs à leur solde.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry