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La politique américaine de promotion de la démocratie au Cameroun après le 11 septembre 2001

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par Paul Elvic Jerome BATCHOM
Université de YaoundéII / Soa - DEA/Master II 2005
  

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E. L'allégorie du Banquier ou la nécessaire construction d'un cadre institutionnel garant des investissements.

Pouvez-vous donner tout le temps de l'argent à quelqu'un qui n'a pas les moyens de le sécuriser contre les voleurs ? La Banque peut-elle vous donner de l'argent sans avoir la garantie que vous pouvez rembourser ? Lors d'une visite à section économique et politique de l'US Embassy à Yaoundé, ces deux interrogations nous ont été adressées. En effet, pour justifier la rigueur avec laquelle les américains traitent le Cameroun, M. J.P.Y nous a rappelé que c'est une vaine entreprise que de mettre de l'argent dans un pays si chaque fois il finit dans les comptes de particuliers. L'argent peut être de l'aide, des investissements, l'appui à des projets. Les Etats-Unis soucieux de faire du Cameroun un partenaire commercial ont besoin des garanties de stabilité politique et économique ; d'un cadre institutionnel propice aux investissements. L'on se trouve dans l'ère diplomatique caractérisée par le «  Trade Not Aid » lancée par Bill CLINTON en 2000.Ce slogan sonne le glas des aides dans le cadre des relations entre les Etats-Unis et l'Afrique. L'inefficacité de l'aide a été prouvée ; celle-ci est nourrie par l'absence des cadres institutionnels qui permettent le respect rigoureux de la chose publique et la primauté de l'intérêt national. Le constat de ces pratiques patrimoniales au Cameroun a poussé l'US Aid à fermer ses locaux de Yaoundé en 1994. Cette institution contestait en plus la légitimité du gouvernement issu des élections du 11 octobre 1992.Dans la même époque, Warren Christopher, secrétaire d'Etat américain suspendait la vente d'appareils et véhicules militaires au Cameroun. Il disait « les USA ne peuvent plus perdre leur temps et leur argent à soutenir des pays qui ne veulent pas se développer » .Tant il est vrai que pour les Etats-Unis, le développement passe par la consolidation démocratique. Il s'en suivra donc la fermeture du service commercial de l'US Embassy.

Rendus dans les années 2000, les leçons du passé exigent une révision de la position américaine. Désormais, l'Amérique devient partenaire du développement et non son instigateur par les aides. Dans « Bush donnant-donnant » article publié dans Libération n° du 05 mars 2002, Barthélemy GOURMONT développe l'idée selon laquelle c'est nocif pour les pays sous-développés de recevoir l'aide car dit-il, ces derniers ne se responsabilisent pas s'ils ont la possibilité de recevoir de l'aide sans aggraver leur endettement. Au-delà du sous-entendu de l'auteur qui pense que l'endettement responsabilise les pays sous-développés, il convient de rappeler qu'il vaut mieux aider à la construction d'un coffre-fort pour sécuriser l'argent que d'en donner tout le temps, sachant qu'il disparaîtra. La politique de Washington est précise sur ce point. Paul O'NEILL, secrétaire au trésor déclarait devant la commission au développement le 21 avril 2002 : « les pays justement gouvernés, qui investissent dans leur peuple et encouragent la liberté économique recevront plus d'assistance de Washington ».A l'ère de l'intensification des échanges commerciaux entre les deux pays, Washington tient à l'établissement d'un cadre institutionnel qui sécurise ses investissements, et promeut l'initiative privée.

Tableau 2 : Etat des échanges US /Cameroun en millions de dollars U.S

 

2003

2004

2005

2006

Importations du Cameroun

214.0

308.2

157.6

217.0

Exportations vers le Cameroun

90.7

99.6

117.1

318.0

source : U.S department of commerce Bureau of census.2006

Tableau 3 : Evolution illustrative de l'investissement US. au Cameroun

 

FY 1998

FY 2005

FY 2006

FY 2007

IMET

125

236

248

295

Peace corps

2,809

2,827

3,00

3,043

Total

2,934

3,063

3,275

3,338

. Source : Africa Policy report (en milliers de dollars US).2006.

Alors qu'avant 2000 les échanges entre les deux pays reposaient sur le pétrole essentiellement (soit 95 %), le reste constitué des pièces de rechange pour les Boeing et l'informatique, aujourd'hui les chiffres de l'échange entre les deux pays se sont envolés. En réalité, d'après la section économique et politique de l'US Embassy, avant 2000 les exportations et importations tournaient sensiblement autour de 50 millions de dollars US et le pétrole constituait la denrée première des échanges. Alors qu'on parle désormais en termes de centaines de millions de dollars US. Cela peut signifier qu'il y a eu évolution dans la construction d'un cadre institutionnel propice. L'on comprendrait alors le sens de l'appel lancé en mai 2006 par M. NIELS MARQUARDT à ses compatriotes entrepreneurs leur signifiant que le Cameroun est désormais un pays propice aux investissements. Dans Mutations n° 1650 du mercredi 10 mai 2006, il dit : «  l'avis partagé est que certains changements dans les structures et les institutions politiques vont booster le Cameroun en terme d'investissements non seulement par les étrangers mais aussi par les camerounais eux-mêmes ».

En fin juin 2005 déjà, s'est tenu à Baltimore un forum afro-américain où était présent son Excellence R. NIELS MARQUARDT pour convaincre les investisseurs américains des opportunités d'affaire qu'offre le Cameroun (Cameroun Tribune N° 8383/4582 du lundi 04 juillet 2005).

C'est qu'en effet, faisant suite aux appels pressant de l'Administration américaine par la voix de son ambassadeur, le gouvernement de la République a entrepris un vaste chantier de reformes institutionnelles. Une loi du 21 avril 2003 crée la chambre de comptes qui vise à l'application de l'article 66 de la constitution du 18 janvier 1996. L'arrestation le 21 février 2006 des directeurs généraux du FEICOM, de la SIC et du Crédit Foncier, la mise à la disposition de la justice du Ministre des Mines, de l'Eau et de l'Energie le 24 février 2006 sont quelques actions d'éclat qui s'inscrivant dans la logique de l'opération « épervier » participent de la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics ; deux maux qui plombent le décollage économique . L'observatoire de lutte contre la corruption est crée en janvier 2000 et remplacé par la CONAC le 11 mars 2006. Dans le même sillage l'Agence Nationale d'Investigation Financière voit le jour. Tout cela est déclenché près d'une semaine seulement après l'inauguration de la New Embassy Compound (NEC) qui a eu lieu le 06 février 2006. Inauguration au cours de laquelle, Mme JENDAYI FRAZER la sous secrétaire d'Etat représentant la secrétaire d'Etat disait : « nous allons coopérer avec votre gouvernement dans la lutte contre la corruption ».

Le Premier ministre M. INONI Ephraim a donné aux américains l'assurance que la reforme judiciaire, un code d'investissement et des taxes attractifs seront réalisés pour faciliter les affaires avec le Cameroun (Cameroun Tribune N° 8397/4596 du vendredi 22 juillet 2005) il dit : « ... Our determination to create a trade investment agency to facilitate the establishment of business structures was applaud by the American business community. » Le Cameroon est l'un des 136 pays, où les investissements sont protégés.

Tout se passe comme si les Etats-Unis se sont impliqués profondément dans la construction du cadre institutionnel qui manquait au Cameroun pour son développement économique. La loyauté du Cameroun vis à vis de la politique américaine lui a rapporté des fruits.

L'ambassadeur américain NIELS MARQUARDT qui s'est déclaré l'allié du Président de la République dans la lutte contre la corruption, est devenu l'avocat du Cameroun auprès des institutions de Bretton Woods et des investisseurs américains. Il s'agit peut-être là, du signe que la consolidation démocratique dans ce qu'elle a d'économique est en bonne voie. D'ailleurs l'Ambassadeur NIELS MARQUARDT l'a signifié à ses compatriotes à Douala le 9 mai 2006. Il disait: « the positive decision by the world Bank and IMF two weeks ago on Cameroon reaching the HIPC completion point are obvious strong indicators that the country is moving in the right direction ... Recent decisions to implement article 66 of the constitution indicate that sea change's under way here ».Dans la promotion de l'économie libérale comme substrat de la démocratie au Cameroun, les Etats-Unis utilisent plusieurs instruments en plus des institutions de Bretton Woods.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault