UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
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FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET
POLITIQUE
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DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE
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FACULTY OF LAW AND POLITICAL SCIENCE
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DEPARTMENT OF POLITICAL SCIENCE
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LA POLITIQUE AMERICAINE DE PROMOTION DE LA DEMOCRATIE
AU CAMEROUN APRES LE 11 SEPTEMBRE 2001
Mémoire présenté comme
condition partielle en vue de l'obtention du Masters II en science
politique
Par :
Paul Elvic Jérôme BATCHOM
Titulaire d'une maîtrise en science
politique
Supervisors:
Pr Paul NTUNGWE NDUE
Associate Professor
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Dr John W. FORJE
Senior Lecturer
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Année académique 2005-2006
DEDICACE
A
Sophie Irène et Alfred
Olivier,
Judith, Ulrich, Ariane et Lyne,
Dennis et Anne-brice,
Landry, Linda, Adrien, Emma,
...Vous tous nos vrais amis, vous dont
l'amitié nous a aidés à survivre aux affres de la
quotidienneté.
REMERCIEMENTS
Notre gratitude profonde va à l'endroit de:
- Nos directeurs Pr. NDUE Paul et Dr FORJE John pour leur
disponibilité et leur écoute.
- M. et mme BAYIHA qui nous ont fait goûter aux
délices de la famille.
- Tous les enseignants de science politique qui nous ont
autorisé à nous jucher sur leurs épaules.
- Sophie Irène DIBONGUE BEDJEDI.
- Nos condisciples de cette promotion de Masters II,
particulièrement Serge Christian ALIMA, Paul NUEMBISSI KOM, NGO LIBOCK
M. Michou, RABIATOU OUSMANOU, Gaetan OMGBA, MPACKO EKELLE G., BOKALLY E.
Sédar...
BAYIHA Dennis qui nous a encouragé à continuer
le combat malgré l'adversité.
- M. ATANGANA MBARGA Armand Bienvenu à qui nous sommes
tellement redevables qu'il n'existe rien que nous puissions faire pour lui
signifier notre estime.
- Mme Flore FERNANDES .
- BANASSOUBECK Marie Angèle.
- Mme KONO Maguy.
- M. MVONDO ESSOLA Sylvestre.
- AKEDE METOUGE Eric.
- Ngo BATCHOM Nicaise.
- HOPP NWAHA Emmanuel.
- Tous ceux qui ont été pour nous un secours
dans la détresse ...Ad majorem DEI gloriam.
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1 : Le Cameroun en chiffres en
1999
16
Tableau 2 : Etat des échanges US
/Cameroun en millions de dollars U.S
23
Tableau 3 : Evolution illustrative de
l'investissement US. au Cameroun
23
Tableau 4 : Exportations
américaines (1994-1996) en millions de dollars US.
29
Tableau 5: Importations américaines
(1994-1996) en millions de dollars U.S
29
Tableau 6 :Exportations U.S vers le
Cameroun et ses voisins 2003-2005 en milliards de dollars. US
30
Tableau 7 : Importations US du Cameroun et de
ses voisins 2003-2005 en millions de dollars US.
31
Tableau 8 : Principaux produits
camerounais exportés vers les USA (2001-2002) .
32
Tableau 9 : Production
pétrolière du Cameroun et ses voisins depuis 2001 (en millions de
tonnes).
62
Tableau 10 : Production et exportation du
Cameroun et ses voisins en barils/jours
63
Tableau 11 : destinations prioritaires du
pétrole camerounais et ses voisins
63
Tableau 12 : Réserves
pétrolières du Cameroun et de ses voisins en 2005 en milliards de
tonnes).
64
Tableau 13 : Importations US d'Afrique
noire en 2004.
65
Tableau 14 : Données
générales des pays de la CEMAC en 2002.
75
Tableau 15 : PIB CEMAC en 2003 en millions
de dollars US.
76
Tableau 16 : Taux de croissance du PIB au
Cameroun (1995-2003)
76
LISTE DES ANNEXES
- Discours de son excellence Robert NIELS MARQUARDT devant la
commission des affaires étrangères du Sénat
Américain le 15 juin 2004
- Discours de Jendayi E. FRAZER lors de l'inauguration de la
nouvelle ambassade américaine à Yaoundé le 16
février 2006
- Propos de NIELS MARQUARDT lors de la conférence de
presse du 16 janvier 2006
SIGLES ET
ABREVIATIONS
ANIF : Agence Nationale d'Investigation
Financière
ADDEC : Association pour la
Défense des Droits des Etudiants du Cameroun
AGOA : African Growth Opportunity Act
ACDP : Advisory Committee for Democracy
Promotion
AEI : American Enterprise Institute
AOPIG : African Oil Policy Initiative Group
CCA : Corporate Council for Africa
CEA : Commission Economique pour l'Afrique
CFR : Council for Foreign Relations
CIA : Central Intelligence Agency
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale
CNS : Conseil National pour la
Sécurité
CRTV: Cameroon Radio and Television
CRAT: Center for Rehabilitation and Torture
Abolition
DHRF: Democracy and Human Rights Funds
DSRP : Document Stratégique de
Réduction de la Pauvreté
CONAC : Commission Nationale
Anticorruption
EXIMBANK : Export- Import Bank
FAMM : Fondation pour l'Assistance
Maladie et Maternité
FEICOM : Fond spécial
d'Equipement Inter Communal
FMI : Fonds Monétaire
International
IMET : International Military
Educationnal Training
IRI : International Republican Institute
IFI : Institutions Financières
Internationales
FRPC : Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et de la Croissance
MEDN : Mouvement d'Emancipation du Delta
du Niger
MCC : Millenium Challenge Corporation.
MINATD : Ministère de l'Administration
Territoriale et la Décentralisation.
NDI : National Democratic Institute
NED : National Endowment for Democracy.
NEC : New Embassy Compound
NIC : National Intelligence Council
NRM : National Resistance Movement
OIG : Organisation Inter Gouvernementale
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
OPIC : Overseas Private Investment
Corporation
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
PCA : Président du Conseil
d'Administration
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
PNUD : Programme des Nations Unis pour le
Développement
SBA : Small Business Administration
SIC : Société
Immobilière du Cameroun
URSS : Union des
Républiques Socialistes Soviétiques
USA : United State of America
USTDA : United Stated Trade and Development
Agency
WCS : Wild life Conservation Society
WWF : World Wild Life Fund.
INTRODUCTION GENERALE
A. Considérations sur l'objet
1.
Présentation du sujet.
Dès la fin de la guerre froide symbolisée par la
chute du mur de Berlin en 1989 et la balkanisation de l'URSS en 1990 - 1991,
les Etats-Unis ont décidé d'étendre leur influence en
Afrique noire ; retirant ainsi aux anciennes puissances coloniales le
permis de sous-traitance stratégique. L'Afrique dont les
afro-pessimistes disaient qu'elle est source de désordre, facteur de
nuisance et n'ayant aucun intérêt stratégique trouva
grâce aux yeux des Etats-Unis qui entreprirent d'y établir leur
civilisation. Dès le début de la décennie 1990, les
discours des officiels américains avaient comme leitmotiv la
démocratie et le développement de l'Afrique. Le 25 avril 1990 M.
Herman COHEN alors secrétaire d'Etat adjoint chargé des affaires
africaines déclarait : «Reformes politiques et
économiques sont étroitement liées à la croissance
et au développement en Afrique » (Afrique
Etats-Unis N°9 du 15 juin 1990). Le 27 octobre 1991, Nancy
KASSEBAUM ; sénatrice à Washington considérait que
l'Administration américaine devrait coopérer avec les Africains
pour créer les conditions propices à l'épanouissement de
la démocratie. Le 10 octobre 1996, le Secrétaire d'Etat M.
WARREN CHRISTOPHER prononçait à ADDIS-ABEBA un discours lors du
sommet de l'O.U.A. Il disait en substance que la démocratie est la seule
condition pour le développement durable en Afrique. Parallèlement
aux discours officiels, la promotion de la démocratie se faisait sur le
terrain au travers des relais du NED (New Endowment for Democracy). Les
Etats-Unis s'impliquèrent dans la transition démocratique en
Afrique de l'Est, dans la révolution Sud-africaine qui permit la
libération de Nelson MANDELA ainsi que son accession au pourvoir. Ils
agirent également dans les événements qui ont
entraîné la chute de MOBUTU (DIAMOND, 1997). Au Cameroun
notamment, Frances COOK s'investit beaucoup dans la promotion de la
démocratie en s'intéressant aux élections
présidentielles d'octobre 1992 ; ce qui lui valut la convocation le
19 octobre 1992 au ministère des relations extérieures (Marc
YARED « Frances Cook, ambassadeur tout-terrain » in
Jeune Afrique N° 1660 - 1661 du 29 octobre et au
11 novembre 1992. P. 8).
Dès son accession à la magistrature
suprême en 2000, le président G.W. BUSH adopta la politique
africaine de son prédécesseur (BAGAYOKO-PENONE, 2004). Cependant,
compte tenu des priorités de la Maison Blanche qui étaient
d'ordre énergétique, le Golfe arabo - persique a fait
légèrement ombrage à l'Afrique. En effet, l'Administration
U.S qui faisait face à une crise énergétique,
préconisa l'exploitation massive des réserves extérieures
et la conservation. Or, les intérêts pétroliers
américains à cette époque étaient très
importants dans le Golfe persique (BONIFACE, 2002).
Le 16 mai 2001, le président BUSH annonce son intention
de réunir au mois d'octobre de la même année aux USA les
chefs d'Etats de trente cinq (35) pays africains. A ce moment précis, la
politique africaine de George BUSH vise à s'appuyer sur des Etats
pivots (anchor-states) dans chaque sous région et s'articuler autour de
trois points : lutte contre le SIDA, résolution des conflits et
démocratisation du continent. (Sylvie Deroche « les 3 piliers
africains de G.W. BUSH » in Jeune Afrique
l'Intelligent N° 2106 du 22 au 28 mai 2001. PP. 12-13). La
démocratisation s'inscrit alors dans la politique africaine des
Etats-Unis dans le but d'exporter la civilisation américaine. Comme le
disait Robert STRAUSZ-HUPE: « Given their passion for democracy,
Americans are not comfortable when they are forced to contemplate a U.S foreign
policy that does not seem to advance democracy (STRAUSZ-HUPE 1995: 126). Dans
cette optique donc, la promotion de la démocratie comme objectif de
politique étrangère américaine s'explique par le souci de
cohérence entre l'opinion interne et la politique
étrangère.
Mais, surviennent les attentats du 11 septembre 2001 qui
imposent un réaménagement de la stratégie
américaine dans le monde. La sécurité nationale passe
désormais devant toutes les priorités et elle exige la lutte
contre le terrorisme et la recherche de sources pétrolifères
alternatives.
La promotion de la démocratie s'inscrit dès lors
dans une double logique à savoir : projeter la culture
américaine et préserver la sécurité nationale des
Etats-Unis. Pour l'Afrique en général et le Cameroun en
particulier, la démocratie devient un argument important dans la
préservation de l'intérêt national américain.
D'où le thème : « la politique
américaine de promotion de la démocratie au Cameroun après
le 11 septembre 2001 ».
2. Définition
des concepts.
Parler de promotion de la démocratie exige un instant
que l'on précise qu'il s'agit en réalité d'assistance
à la consolidation démocratique. En effet, la démocratie
n'est pas une apparition spontanée mais bien plus, le résultat
d'un processus appelé démocratisation ; cette
dernière commence avec l'ouverture du régime autoritaire qui
laisse apparaître quelques fissures. L'on parle alors de
libéralisation. Ainsi, comme le font remarquer PRZEWORSKI, ALVAREZ,
CHEIBUB et LIMONGI, contrairement à une idée répandue aux
Etats-Unis dans les années 1950, « the route to
démocracy is not a circuitous one » (PRZEWORSKI et alii,
1996 : 1). Le Cameroun a donc franchi la première étape au
cours de la décennie 1990 lors de la quatrième vague de
démocratisation portée par le vent d'Est. Il s'agit d'admettre
que la libéralisation n'est qu'une ouverture et que la consolidation
démocratique ne vient que par la suite (BRATTON et HYDEN, 1992.
HUNTINGTON, 1991 : 7). Cependant, la consolidation n'allant pas de soi
puisque l'on peut assister au retour vers l'autoritarisme comme le dit Philippe
SCHMITTER (retour vers l'identique), les Etats-Unis assistent le Cameroun dans
la consolidation des institutions et des habitudes démocratiques. En
fait de promotion de la démocratie, il s'agit donc d'assistance à
la consolidation démocratique.
Faire une étude portant sur la démocratie exige
que l'on s'entende sur le sens à accorder au mot. Les auteurs tels que
Joseph SCHUMPETER et Robert DAHL ont retenu de la démocratie une
définition simpliste et minimaliste. Dans leur acception de la
démocratie ils mettent en relief les mécanismes participatifs
réduits au vote. Samuel P. HUNTINGTON semble y souscrire lorsqu'il
dit : « Si l'élément fondateur de la
démocratie réside dans l'élection des dirigeants par le
peuple, alors le moment décisif du processus de démocratisation
est celui où un gouvernement choisi selon des critères autres que
démocratiques se trouve remplacé par un nouveau gouvernement
adopté au cours d'élections libres, ouvertes et
honnêtes » (HUNTINGTON, 1991 : 7). L'on ne saurait
cependant s'arrêter à cette définition qui fait de la
démocratie une « electoral democracy » pour
reprendre Hans-Jurgen PUHLE. En effet, ce dernier
stigmatise «l'electoral democracy ». Cette dernière
d'après lui a le mérite d'intégrer en plus du vote, les
principes tels que le « Checks and balances », l'Etat de
droit, la garantie des libertés civiles et politiques. L'on aboutit
à ce qu'il appelle « democratic rechsstaat» (Etat de
droit démocratique) (PUHLE, 2005 : 7). La définition qui
semble la plus complète est pourtant celle que donnent DIAMOND (Larry),
LIPSET (Martin seymour) et LINZ (juan j.). En effet, ces auteurs pensent que la
démocratie est un système de gouvernement qui satisfait à
trois conditions essentielles : La compétition pour la
conquête du pouvoir, un degré très large de participation
politique et un niveau suffisant en matière de libertés civiles
et politiques. (DIAMOND, LINZ et LIPSET, 1993).
3. Revue de
la littérature
Cette revue s'articule autour de deux mouvements. D'abord la
littérature sur la promotion de la démocratie.
Larry DIAMOND a consacré un article à la
promotion de la démocratie dans les années 1990(DIAMOND, op.
cit.). Il présentait l'activisme américain sur la scène
internationale pour étendre son mode de pensée politique. Ce,
dans une logique d'expansion de la civilisation américaine. L'Afrique y
est évoquée, mais dans un autre contexte international. Cet
article est représentatif de ce qui traite de la promotion de la
démocratie dans la décennie 1990. Joél D. BARKAN quant
à lui s'interroge sur la capacité des démocraties
établies à répandre la démocratie dans le monde
(BARKAN, 1997). Luc SINDJOUN traitant de la loyauté démocratique
démontre qu'à partir de la trilogie proposée par Albert
HIRSCHMANN devant la promotion de la démocratie par une puissance
à savoir : la loyauté, la défection et la
protestation, l'on peut envisager une quatrième posture : la
simulation (SINDJOUN, 2001). Robert PINKNEY s'intéresse quant à
lui à la consolidation démocratique en Afrique de l'Est en se
penchant sur les pressions et contraintes extérieures propre à la
décennie 1990 qui imposent la consolidation démocratique
(PINKNEY, 1999). Paul NDUE s'intéressait à l'ouverture de
l'Afrique au pluralisme : ce, toujours dans le contexte des années
1990. (NDUE, 1994).
Un deuxième mouvement s'est penché sur la
démocratie comme élément important dans la politique
étrangère des Etats-Unis. Joseph NYE Jr. se penche sur
l'extension du leadership américain par le « Soft
power ». Il relève le rôle de la démocratie dans
la politique étrangère en tant qu'elle est une projection de la
puissance (NYE, 1992). Jean Daniel ABA dans une thèse de doctorat
présentée à la Sorbonne en 2000-2001, a traité de
la démocratie comme une modalité d'élaboration de la
politique africaine des Etats-Unis. Dans la même logique, s'inscrit
l'ouvrage de l'ex-ambassadeur du Gabon aux Etats-Unis. Paul BUNDUKU-LATHA qui
examine la politique africaine de l'Administration CLINTON. Dans cette
dernière, la démocratie occupe une place
prépondérante (BUNDUKU-LATHA, 1999). Robert STRAUSZ-HUPE observe
que la démocratie dans la politique étrangère
relève de la nécessité de cohérence entre l'opinion
nationale et la politique extérieure américaine (STRAUSZ-HUPE,
op.cit.).
Ces ouvrages sont représentatifs de deux types de
littératures qui se limitent à présenter la
démocratie dans la politique étrangère américaine
comme une exigence de projection de puissance. Appliquée en Afrique dans
la décennie 1990, elle vise en plus à aider le continent à
connaître la paix et le développement.
Pour notre part, nous envisageons d'étudier la
démocratie dans la politique africaine des Etats-Unis en
général et celle appliquée au Cameroun en particulier au
lendemain des attentats du 11 septembre 2001, comme une exigence de la
mondialisation de la pensée politique américaine d'abord, et
comme une exigence de l'intérêt national américain.
B. Considérations théoriques
1 - La
problématique
La problématique dit Madeleine
GRAWITZ « répond à un besoin de cohérence
logique, met en oeuvre un ensemble de problèmes qui orientent la
recherche et un corps de concepts qui, directement ou indirectement,
débouchent sur des hypothèses rendant compte d'un contenu riche
de conflits. » (GRAWITZ, 1993 :4). Le 11 septembre 2001 a
révélé aux yeux du monde que la sécurité
nationale dans un monde de plus en plus globalisé ne relève plus
seulement de la capacité d'un Etat à garantir sa
souveraineté ; tant il est vrai que la souveraineté est de
tout temps et aujourd'hui plus encore une illusion, une fiction (BADIE,
1999 ; KRASNER, 2001). L'ordre intérieur dépend donc
désormais de la maîtrise des facteurs de puissance qui se trouvent
au-delà des frontières nationales. La «guerre
préventive » engagée contre le terrorisme par le
président G.W. BUSH au lendemain du 11 septembre 2001 suppose que par
l'usage du « hard power » et du « soft
power »(NYE, Op. cit.), les Etats-Unis devront s'assurer le
contrôle des pivots stratégiques du globe. Cependant, les
Etats-Unis, dans leur entreprise de promotion de la démocratie au
Cameroun, font prévaloir que l'absence de démocratie dans ce pays
est à l'origine du retard accusé dans le développement
économique. Etudier la politique américaine de promotion de la
démocratie au Cameroun après le 11 septembre 2001 c'est donc
s'interroger sur les fondements de cette politique, c'est s'interroger sur le
rôle que le Cameroun peut jouer dans la Nouvelle Stratégie de
Sécurité Nationale américaine. C'est enfin se demander si
le choix du cadre stato-national camerounais est fortuit.
2 - Hypothèses de
la recherche
Vouloir ressortir le lien existant entre la promotion de la
démocratie au Cameroun par les USA après le 11 septembre 2001 et
l'intérêt national américain c'est penser que la politique
africaine des Etats-Unis a été modifiée après les
attentats du 11 septembre 2001. C'est également penser que le choix du
Cameroun se fonde sur une conjugaison de facteurs exogènes et
endogènes. Cependant, la promotion de la démocratie est d'abord
une expansion de la civilisation américaine qui se justifie par la
mondialisation. Il s'agit de dire que cette entreprise de projection de la
culture américaine a pris une coloration stratégique au lendemain
des attentats du 11 septembre 2001. Le Cameroun deviendrait ainsi un
théâtre d'opération où se jouent des
intérêts vitaux relevant de la sécurité nationale
américaine, mais où la tactique employée est la promotion
de la démocratie. Ainsi, dans une première partie, la promotion
de la démocratie au Cameroun par les Etats-Unis sera lue comme une
exigence de la mondialisation économique et politique. Ensuite, elle
sera perçue comme une entreprise stratégique au regard des
intérêts américains à l'intérieur et autour
du Cameroun.
3 - Propos
théorique sur l'objectif de la recherche
Le postulat du réalisme fait de l'Etat l'acteur
prioritaire sinon, l'unique acteur des relations internationales. En cela, il
s'appuie sur les thèses souverainistes. Jean BODIN dans les six
livres de la République (1576) définissait la
souveraineté comme la capacité à contraindre et à
commander sans être ni contraint, ni commandé. La
souveraineté bodinienne est donc une « puissance
perpétuelle » et elle appartient à la
République. L'Etat a la souveraineté sur une double dimension .A
l'intérieur, il a les pleins pouvoirs sur les populations. WEBER le
présentera comme le détenteur du monopole de la violence
légitime (WEBER, 1971). A l'extérieur, l'Etat est garant des
mouvements à ses frontières et parce que souverain, il ne
reçoit d'ordre d'aucun autre Etat. Et, inversement, il
n'interfère pas dans les affaires internes des autres.
S'appuyant sur ces traditions bodinienne et hobbesienne, les
contemporains à l'instar de Hans MORGENTHAU (1955), Henry KISSINGER,
Carl Von CLAUSEWITZ... ont décrit la scène internationale comme
un théâtre de quête de puissance. Bien entendu, les confits
mondiaux, les conflits de la guerre froide et la logique des blocs ont
donné raison à la théorie réaliste. Cependant, la
chute du mur de Berlin en 1989 et la balkanisation de l'U.R.S.S conduiront
à l'émergence de nouveaux acteurs (ONG, OIG, individus...) sur
l'échiquier des relations internationales. L'objet
« scène internationale » étant entré
en mutation, le paradigme présentait toutes les raisons de se muter
à son tour. D'aucuns parleront de Neo-Réalisme (WALTZ, 1979),
d'inter dépendance complexe (NYE, KEOHANE). Désormais, l'Etat
n'est plus le seul acteur des relations internationales ; son statut
d'acteur se trouve même très concurrencé par d'autres. Et
la souveraineté sur laquelle s'appuyaient les théoriciens du
réalisme entre en crise à son tour avec la naissance à
l'interface de l'externe et de l'interne de plusieurs espaces (APPADURAÏ,
1997). La notion de territoire perd de sa pertinence (BADIE, 1995).
Le reproche que nous faisons à certains critiques du
réalisme tels que M. SINDJOUN (2001) et BADIE (1999) est d'avoir
focalisé l'attention uniquement sur la souveraineté des Etats. En
effet, ces deux auteurs pensent que la souveraineté est entrée en
crise (BADIE) ou s'est transformée (SINDJOUN) ; et que ce faisant,
le réalisme n'est plus très pertinent. C'est
précisément occulter l'essence même du réalisme.
Thomas HOBBES a préconisé dans le Léviathan
l'assujettissement des libertés individuelles au Léviathan en
échange de la sécurité. Cependant, l'absence d'une telle
figure à l'échelle mondiale a laissé libre cours à
l'anarchie. Autrement dit, l'état de nature s'est transposé
à l'échelle mondiale. Dans cette anarchie qui a toujours
caractérisé la scène internationale, comme le pense
également Stephen D. KRASNER, la souveraineté a toujours
été une hypocrisie juridique. (KRASNER, 2001).
L'élément permanent et transversal dans la scène mondiale
est la recherche des intérêts par les Etats. Cela veut dire que de
tout temps, la souveraineté a été un prétexte et
une construction fictive relevant de l'hypocrisie des Etats car c'est
précisément après le traité de Westphalie en 1648
sanctionnant la fin de la guerre de Trente ans que la conflictualité et
les interférences dans les affaires internes des Etats ont
été le plus marquées.
Dans cette ère nouvelle, l'irruption de nouveaux
acteurs dans le jeu des relations internationales n'épuise pas non plus
la théorie réaliste mais au contraire, la dope d'une
intensité nouvelle et plus grande. Allons-nous donc parler comme Kenneth
WALTZ du néo réalisme ? La politique américaine de
promotion de la démocratie au Cameroun après le 11 septembre 2001
s'inscrit pensons-nous dans une mouvance réaliste : le
réalisme démocratique.
Pris isolement, ce concept peut ne pas avoir une portée
heuristique. Peut être même qu'il serait jugé comme relevant
d'une imagination fébrile. Cependant, il faut le relier à notre
thématique pour comprendre cette formulation dans un contexte de
globalisation où la démocratie est présentée comme
la panacée. Il nous semble plutôt que le paradigme du
réalisme démocratique nous révèle à quel
point elle est un placebo. Elle relève de ce que Joseph NYE appelle le
« pouvoir en douceur » c'est à dire la
capacité d'une nation à influencer les autres par son
idéologie, son système de valeur, sa culture (NYE, op.cit.).
Depuis les années 1990, les Etats-Unis s'emploient
à la démocratisation de l'Afrique et ceci pour voler au secours
d'un continent qui se meurt. Au-delà du « politiquement
correct », il peut apparaître que l'ère de la
sous-traitance stratégique étant révolue, les USA veulent
désormais étendre leur influence sur l'Afrique. Septembre 2001
marque une date importante dans cette politique car avec les attentats des
tours jumelles et du Pentagone, des exigences sécuritaires et
énergétiques poussent le pays de l'oncle SAM à intensifier
sa présence en Afrique. Nous passons de l'ère de la simple
« diplomatie Mère Térésa » (ABA,
2001/2002, P. 622) à une diplomatie de « real
politik ». En effet, le golfe de Guinée est à plus d'un
titre intéressant pour les américains par son pétrole, sa
situation stratégique dans la lutte contre la propagation du terrorisme
et les autres menaces transnationales. La promotion de la démocratie au
Cameroun s'inscrit dans une politique africaine qui vise des objectifs
multiples mais dont la finalité est l'intérêt national des
Etats-Unis sur les plans énergétiques et sécuritaires. Par
ailleurs, il s'agit d'une imposition de l'idéologie qui participe de la
projection de la puissance américaine. Il apparaît donc que dans
un contexte de fin des souverainetés, le réalisme s'est
métamorphosé. Le réalisme démocratique tend
à démontrer que la grille réaliste que nous convoquons ici
garde toute sa pertinence.
L'Etat a perdu le monopole du jeu des relations
internationales parce qu'il est concurrencé par d'autres acteurs. Le
trait caractéristique de la concurrence est de faciliter la naissance
des stratagèmes pour l'amélioration des compétences. Si
l'on convient avec Diane ETHIER que les constitutions nationales et le droit
international reconnaissent l'Etat comme seul acteur de la politique
étrangère (ETHIER, 2003 : 126), il faut noter que l'Etat fait de
plus en plus des autres acteurs ses bras séculiers. Les institutions
financières internationales font souvent la politique
étrangère des grandes puissances ; tout comme l'O.N.U. Dans
le cadre de notre analyse, nous accordons aussi une place importante à
ce que Larry DIAMOND(p.314) appelle « Quasi
Governmental organizations » . Il s'agit des
organisations puissantes telles que le NED (New Endowment for
Democracy) et des pendants des « german
stiftung » que sont le NDI (National Democratic
Institute) et l'IRI (International Republican Institute).
Celles-ci, agissent en connexion avec d'autres ONG de promotion de la
démocratie. La Fondation Carter s'inscrit dans la même dynamique.
La population camerounaise (« allié silencieux »),
sera mise à contribution pour l'enracinement de la
démocratie ; tous ces acteurs a priori non
étatiques font finalement la politique de l'Etat américain dans
sa quête de puissance et d'intérêts. Cela nous a conduit
à préférer l'usage du réalisme au
néo-réalisme.
La crise de la souveraineté n'a pas conduit à la
crise du réalisme. Cependant, elle a conduit à une mutation
(SINDJOUN, 2001), à sa transformation en une forme spécieuse,
captieuse, vicieuse car étant comme une nappe d'algues qui cache un lac
paisible mais profond. C'est précisément ainsi que se
présente le réalisme démocratique des Etats-Unis au
Cameroun. Une politique inoffensive qui vient soulager le peuple camerounais du
« règne de l'autocratie ». Le choix du
réalisme dans cette étude reste motivé par la
nécessité de la lucidité dans les relations
internationales. Georges WASHINGTON ne disait-il pas qu'aucun Etat ne doit
être cru au-delà de ses intérêts ?
Le réalisme n'est donc pas obsolète, il reste
tapi dans un fourré appelé
« démocratie ». Rien n'interdit au Cameroun l'usage
de ce même réalisme pour maximiser les gains dans cette
coopération ; comme l'on fait nombre d'Etats en Afrique de l'Ouest.
PARTIE I :
CONSOLIDATION DEMOCRATIQUE AU CAMEROUN ET LOGIQUES DE L'AMERICANISATION DU
MONDE
La promotion de la démocratie au Cameroun par les
Etats-Unis d'Amérique relève d'abord d'une logique d'extension de
l'"American Way of Life". Ainsi, l'assistance à la consolidation
démocratique est une volonté d'étendre au monde entier une
vision de la politique. L'américain ordinaire ne comprend pas que des
peuples vivent encore d'une manière autre que démocratique. Cette
attitude qui relève de l'ethnocentrisme est déterminante dans
l'adoption de la politique étrangère du gouvernement
américain. En effet, l'exportation de la culture américaine ne
relève pas de la seule volonté du politique. Elle émane du
peuple et dans la logique du rapport inévitable entre les politiques
intérieure et extérieure, le gouvernement s'aligne
derrière la volonté du peuple ; Tant il est vrai
que «... dans une démocratie les choix appartiennent au
peuple » (NYE ,1992 : 235). Et, Robert STRAUSZ-HUPE d'ajouter:
« Given their passion for democracy, americans are not comfortable
when they are forced to contemplate a U.S foreign policy that does not seem to
advance democracy»(STRAUSZ-HUPE, 1995: 126).
Au Cameroun, la promotion de la démocratie qui est un
régime des libertés ne se cantonne pas sur la politique.
L'idée est prévalente selon laquelle il n'y a de
développement économique durable qu'en rapport avec la
démocratie ; ou encore, la démocratie ne s'enracine que dans
une économie stable, développée. Il y a donc une
interdépendance entre les sphères politique et économique
dans une démocratie. A la question « What makes Democracies
Endure? » PRZEWORSKI, ALVAREZ, CHEIBUB et LIMONGI répondent en
citant des conditions nécessaires pour qu'un pays quelconque
considéré cette année, puisse devenir une
démocratie l'année prochaine. Entre autres conditions, ils
relèvent la performance économique et l'affluence. (PRZEWORSKI et
alii, 1996). Toutefois, si l'on s'aligne derrière cette pensée,
il demeure que l'économie se développe aussi facilement dans un
environnement démocratique ; Même si plusieurs dictatures se
sont justifiées par la nécessité d'un développement
économique ; Certains y parvenant comme la Chine des années
1980, Cuba et l'URSS des années fortes du communisme.
Il s'agit donc d'aborder l'extension de la civilisation
américaine au Cameroun à travers la promotion de la
démocratie sur deux plans : la promotion de l'économie
libérale et la promotion des reformes institutionnelles et
comportementales.
CHAPITRE I :
LOGIQUE DE LA MONDIALISATION ECONOMIQUE AU CAMEROUN OU L'AMERICANISATION DE
L'ECONOMIE CAMEROUNAISE.
La mondialisation qui est en vigueur n'a pas
épargné le Cameroun. Elle est inévitable et comme le
remarquait pertinemment Albertine TCHIBILONDI NGOYI, la mondialisation est un
horizon pour l'existence humaine (TCHIBILONDI, 2001). Elle divise les
spécialistes quant à sa définition. Joseph STIGLITZ ( prix
Nobel d'Economie 2001) la définit comme :
« l'intégration sans cesse plus étroite des pays et des
peuples du monde qu'ont réalisé d'une part la baisse continue des
coûts du transport et des communications et d'autre part la
réduction des barrières douanières et
commerciales » (STIGLITZ, 2003 : 20). Cette définition
peut retenir l'attention car, elle dit non seulement ce qu'est la
mondialisation, mais elle présente aussi les facteurs qui contribuent
à la rendre effective. La mondialisation paraît donc comme
l'extension à l'échelle mondiale d'une culture, d'une
civilisation. L'épicentre de la mondialisation se situerait en occident
et précisément aux Etats-Unis. En effet,après la chute du
mur de Berlin et la victoire du capitalisme sur le communisme, les Etats-Unis
ont eu le vent en poupe sur l'échiquier mondial. Il ne restait plus
qu'à étendre leur influence sur la planète entière.
La mondialisation suppose l'uniformisation, c'est-à-dire
l'intégration des systèmes périphériques dans le
courant prédominant à savoir le capitalisme et la
démocratie occidentale. L'intégration est « la
création voulue et concertée d'un espace économique et
social commun dans lequel prévalent les mêmes normes» (MAPPA,
2003 : Introduction).
La mondialisation est donc en définitive semblable
à cette pieuvre qui étend ses tentacules pour couvrir toute la
planète. Elle est une entreprise savamment conçue qui, si elle
est menée à son terme, présentera le monde comme un grand
village selon la conception de Marshall MCLUHAN qui fait apparaître
dès 1964 la notion de « village mondial ». Parce que
le Cameroun n'est pas extérieur à ce monde, parce qu'il est dans
le système périphérique, il nécessite donc aussi
que les mécanismes de son intégration dans l'économie
monde soient enclenchés. A l'observation de ces mécanismes,il
apparaît qu'hier comme aujourd'hui avec les institutions de Bretton
-woods et les Etats-Unis d'Amérique, C'est le même modus
operandi pour un même opus operatus .Autrement
dit, l'observation des pratiques des institutions monétaires
internationales que sont le FMI et la Banque Mondiale au Cameroun laisse
transparaître une ressemblance avec la politique américaine en
matière économique au Cameroun. Il s'agit donc par le
« consensus de Washington » (section I) et l'assistance
économique américaine au Cameroun (Section II) de montrer que
l'impératif économique dans la promotion de la démocratie
au Cameroun par les USA relève d'abord d'une volonté de
mondialisation économique.
SECTION I : Le
« Consensus de Washington » ou les institutions de Bretton
Woods au service des Etats-Unis d'Amérique.
Au sortir de la seconde guerre mondiale l'économie
mondiale est affaiblie excepté un îlot. En effet,les Etats-Unis
qui ont tiré profit de la vente d'armes et matériels de guerre,
qui n'ont pas été affectés par une guerre ayant lieu sur
le théâtre européen prennent le contrôle de
l'économie mondiale. La Banque Mondiale et le FMI voient le jour en
juillet 1944 à Bretton-Woods près de Washington. Pour la Banque
Mondiale, le but premier est d'aider à la reconstruction du monde. Le
FMI quant à lui reçoit la tâche plus difficile d'assurer la
stabilité économique tout comme l'ONU assure la stabilité
politique. Il devient donc le gendarme économique du monde.
Pour comprendre la collusion entre les institutions de Bretton
Woods et la politique américaine au Cameroun en matière
économique, il faut remonter aux années 1980. En effet, au
début de cette décennie, Margaret TCHATCHER alors Premier
Ministre d'Angleterre et le président américain Ronald REAGAN
introduisent une nouvelle idéologie libérale dont le FMI et la
Banque mondiale se font les missionnaires avec la complicité du
trésor américain. C'est le « Consensus de
Washington » (STIGLITZ, 2003).Il repose sur trois piliers qui
sont : l'austérité, la privatisation et la
libéralisation. A l'observation de la politique américaine au
Cameroun après le 11 septembre 2001, force est de constater qu'elle
obéit à ce même schéma et s'avère un peu plus
incisive ; donnant l'impression de la recherche d'une
efficacité hic et nunc .
C. Similitudes dans les politiques de
Bretton Woods et des USA vis-à-vis du Cameroun.
1- Examen sommaire des
pratiques des institutions de Bretton Woods.
A la genèse des relations entre les institutions de
Bretton Woods et le Cameroun, se trouve l'inadéquation du système
économique de ce dernier avec les objectifs des dites institutions.
L'économie camerounaise de l'époque est engluée dans des
pesanteurs, des comportements patrimoniaux, la dette et la centralisation
étatique. Or les objectifs des IFI sont clairs :
Libéralisation, privatisation et austérité. Dès
1986, le Cameroun est donc mis sous ajustement structurel. C'est-à-dire
de manière caricaturale que les institutions monétaires
internationales se penchent sur le Cameroun afin de l'accompagner sur le chemin
de la modernité économique, par l'imposition des
conditionnalités. En effet, le Cameroun classé le 13e
pays le plus endetté d'Afrique en 1998 avec 9229 Millions de dollars US.
de dette ,113 pour cent du PNB soit 702 dollars/habitant, ne pouvait plus
rembourser. Cependant il avait besoin de fonds pour booster son économie
à la traîne. Il se heurta donc aux incontournables
conditionnalités du FMI. La conditionnalité est « le
lien impératif que le FMI établit entre l'aide fournie et
l'assurance donnée par l'Etat membre demandeur de mener une politique
économique résolvant ses problèmes de paiement
extérieur» (SEROUSSI, 1994 : 16). La conditionnalité
était déjà mal acceptée lorsque les pays riches
négociaient avec le Fonds des accords de stabilisation eu égard
à son caractère très contraignant. L'obtention de l'aide
du FMI était donc conditionnée selon les décisions du
conseil d'administration du 29/09/1968 et 02/03/1979, par :
- L'Etablissement d'un programme de stabilisation
- La précision des objectifs à atteindre
- Les clauses d'échelonnement des tirages.
- La prévision des consultations périodiques des
missions du FMI. C'est ainsi que plusieurs missions furent conduites au
Cameroun notamment par Edouard MACIEJEWSKI le 16 mai 2002 et 19 mars 2003.
Il faut dire que, traditionnellement, la Banque Mondiale est
dirigée par un américain pendant que le FMI est confié aux
européens. De plus, les Etats-Unis sont les seuls à disposer du
droit de veto au FMI. En clair, il se trouve que par l'administration et par
les visées, le FMI et la Banque Mondiale défendent les
intérêts du monde développé à la tête
duquel se trouvent les Etats-Unis. Il n'est dont pas surprenant que, pendant
longtemps ces derniers se soient servis des institutions de Bretton Woods comme
bras séculiers dans l'application de leur politique économique
vis-à-vis de l'Afrique en général et du Cameroun en
particulier.
A la deuxième moitié de la décennie 1990,
une option nouvelle est ajoutée par la BM et le FMI dans la liste
déjà lourde des conditionnalités. En effet, avec
l'apparition du programme PPTE en 1996, il apparaît que la bonne
gouvernance politique est un catalyseur du développement durable. C'est
dire qu'avec un Etat donné, il y a relation très marquée
entre l'économie et la politique. L'on semble avoir trouvé la
solution à la difficulté d'atteindre les performances
économiques escomptées malgré l'imposition des
conditionnalités rigoureuses. L'accent doit être porté
d'une manière particulière sur le lien fait entre l'aide
économique et la nécessité de reformes institutionnelles.
C'est précisément sur cet aspect que la similitude des deux
politiques est mise en exergue. Le virage vers l'établissement d'un
rapport entre l'économique et le politique s'effectue pour les
institutions de Bretton Woods en 1997 c'est-à-dire un an après
la mise en place des PPTE ;forcement, avec la bénédiction de
Washington. L'accession au programme PPTE exigeait entre autre une consultation
entre les Etats et la société Civile pour la mise sur pied des
programmes stratégiques pour la réduction de la pauvreté.
(P.S.R.P). Cela participe de ce que Pierre BIRNBAUM appelle la
«dédifférenciation». Elle consiste en
l'anéantissement de la cloison qui séparait l'Etat et la
société. C'est une condition pour l'efficacité de l'Etat
mais, c'est davantage une attitude démocratique qui participe de la
décompression autoritaire (BIRNBAUM, 1985 : 983). C'est sur cet
aspect particulier qui fait de la démocratie une attitude
méta-societale englobant aussi bien l'économie, la politique et
la sphère culturelle que s'appuie l'orientation américaine pour
le développement durable au Cameroun.
2- L'orientation
américaine pour le développement durable au Cameroun.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et le
nécessaire réajustement de leur politique africaine, les
Etats-Unis sont au Cameroun d'une manière plus importante. La relation
bilatérale qui les lie au Cameroun est multi-sectorielle. Sur le plan
économique, il s'agit d'assister le Cameroun dans la consolidation de
son développement économique. Et, cette consolidation disent-ils
passe par l'arrimage de l'économie Camerounaise à
l'économie mondiale c'est-à-dire que l'exigence de la
libéralisation devient très grande, la privatisation et la
recherche de l'efficience des challenges à relever.
Il faut noter avant de se pencher sur l'essence, la
quiddité de ces impératifs, que c'est le credo de la
mondialisation et des institutions de Bretton Woods qui est une fois de plus
chanté.
Le Cameroun des années 2000 est un pays gangrené
par la corruption, le patrimonialisme au sens Weberien du terme. C'est à
dire un pays dans lequel le pouvoir central est fort et concentré entre
les mains de l'exécutif, la distinction entre le bien public et les
biens privés n'existe pas. Ces deux éléments sont apparus
comme des obstacles de taille au décollage économique.
L'ambassadeur Robert Niels MARQUARDT s'adressant à la presse le 19
janvier 2006 disait : « Les actes de corruption sont devenus si
communs et si banals que certains observateurs se demandent si le sens du mot
« corruption » a une connotation différente au
Cameroun. » Ce qui fait un tableau trop sombre pour le Cameroun mais
également une pierre d'achoppement sur le chemin du
développement.
Tableau 1 : Le
Cameroun en chiffres en 1999
Population totale
|
14 859 000
|
Densité (habitant/Km2)
|
31,9
|
Population urbaine
|
49,2 %
|
Espérance de vie
|
54,3 ans
|
Taux de croissance
|
2,9 %
|
Taux de mortalité infantile
|
77 %
|
Taux alphabétisation adulte
|
59,4%
|
Taux scolarisation
|
72 %
|
PIB par tête
|
416,1 (millier de F CFA)
|
PIB en valeur nominale
|
6008 (milliards F CFA)
|
Taux de croissance en PIB
|
5,0%
|
Importations CAF
|
812,7 (milliards F CFA)
|
Exportations FOB
|
991,3 (milliards FCFA)
|
Source: afristat. org /cameroon.2000
Les Etats-Unis d'Amérique proposent donc au Cameroun la
libéralisation comme solution pour le développement durable.
Elle implique plusieurs contraintes même sur le plan politique. Et il
faut noter, ici la similitude avec l'option prise par les institutions de
Bretton-Woods dès 1997. En fait, dans le rapport de la Banque Mondiale
intitulé « Governance and development »
publié en 1992, il était dit que la question de la forme
particulière du régime politique que comprend aussi la notion de
bonne gouvernance se situe clairement hors du mandat de la Banque Mondiale.
Mais en 1997 un autre rapport, intitulé « l'Etat dans un
monde en développement » vient introduire les reformes
institutionnelles parmi les conditionnalités (MAPPA, 2003). Il s'agit
dès l'apparition des PPTE en 1996 de dire que le développement
économique à partie liée avec la bonne gouvernance
politique. Aussi bien les institutions de Bretton Woods que les Etats-Unis
veillent donc à l'application rigoureuse au Cameroun de cette option de
développement.
La libéralisation suppose dans ce contexte pour les
américains, que l'Etat se retire de l'économie pour ne plus en
être que le régulateur. D'autre part, l'initiative privée
doit être encouragée à travers la promotion des petites
entreprises.
Manuel ROSALES, administrateur du Small Business
Administration (SBA) pense que le trait commun entre pays riches et pays
pauvres est que leurs économies fonctionnent grâce aux petites
entreprises. Il poursuit en disant qu'aux USA, les petites entreprises
représentent 55% du PIB et sont les plus grands employeurs et
créateurs d'emplois. (Manuel ROSALES est interrogé par Charles
COREY du « Washington File », dans usinfo.gov visité
le 26-10-06). Par ailleurs, le retrait de l'Etat et la promotion des P.M.E
favorisent la privatisation. Les produits camerounais doivent être
conformes aux normes américaines pour que le commerce entre les deux
pays constitue un facteur de développement.
C'est clairement ce qu'Edward LUTTWAK appelle « une
stratégie de prospérité collective susceptible de
favoriser une libéralisation accrue des échanges commerciaux et
une stratégie de bloc commercial qui
consisterait à « vendre » l'accès
au marché américain par appels d'offres » (NYE,
1992 : 223). Cela participe à élever l'économie
camerounaise à un niveau tel qu'elle puisse constituer un partenaire
pour les Etats-Unis. Et M. HADLEY haut cadre du Département d'Etat
américain déclarait fort à propos le 07 juin 2006 :
« le partenariat et non le paternalisme, voilà ce qui
définit notre stratégie africaine » (usinfo.state.gov.
visité le 26-10-2006).
Cette orientation économique qui consiste à
élever une économie particulière au niveau de
l'économie américaine est génératrice de
développement. Elle a développé notamment la majeure
partie de l'Asie orientale grâce aux exportations. C'est un aspect
positif de la mondialisation. Cependant elle (la mondialisation) creuse
l'écarte entre les pays riches et les pays pauvres.
L'ambition était de démontrer la connivence qui
existe entre les Etats-Unis et les institutions de Betton Woods et dire
ipso facto que dans la promotion de la démocratie au Cameroun
par les Etats-Unis, la BM et le FMI sont des acteurs à leur solde.
D. Propos sur l'application conjointe des
politiques américaine et "Brettonwoodienne" au Cameroun à l'aune
des P.P.T.E.
Dès lors que la congruence des intérêts
américains et Brettonwoodiens a été relevée, il
s'agit par le cas particulier du programme des PPTE de faire un examen de la
promotion de l'économie libérale au Cameroun. Il faut ne pas
perdre de vue que le postulat de l'instrumentalisation des institutions de
Bretton Woods par Washington a été posé ci-dessus.
L'examen dont il sera question ici n'aura pas la rigueur d'un économiste
puisqu'il s'agit surtout de dire que les PPTE illustrent mieux
l'instrumentalisation des IFI par Washington au Cameroun dans la Promotion
démocratique.
En 1996 au Sommet du G8 à Lyon, le programme PPTE est
lancé. Il constitue le dernier-né des programmes lancés
par les bailleurs de fonds pour permettre aux pays endettés de pouvoir
rembourser à leurs créanciers. Pour y être admis, il faut
être un pays pauvre très endetté ; c'est à dire
avoir une dette insoutenable et des populations qui vivent en dessous du seuil
de pauvreté (1dollar/jour). Il faut par ailleurs avoir signé un
accord avec le FMI au titre de FRPC (Facilité pour la réduction
de la pauvreté et de la croissance)et produire un DSRP (Document
stratégique pour la réduction de la pauvreté).
Dans la production du DSRP, il y a la nécessité de
consultation et constitution d'une société civile. Il s'agit de
rassembler les « forces vives » de la Nation pour
élaborer, une stratégie de réduction de la
pauvreté. Les exigences de bonne gouvernance sont une nouveauté
dans ce programme.
A l'origine de l'initiative PPTE, ce sont les institutions de
Bretton Woods qui par des missions régulières, viennent
vérifier l'application des conditionnalités au rang des quelles
la bonne gouvernance. Pendant que le Sénégal, le Mozambique, le
Bénin et l'Ouganda n'ont mis que trois ans pour parcourir l'ensemble de
la procédure, le Cameroun en a mis six. Et c'est là
l'intérêt, le point d'achèvement est atteint par le
Cameroun le 28 avril 2006 après les réunions des 26 et 27 avril
2006 à Washington. Ce, après une grande agitation diplomatique
entre autre de R. NIELS MARQUARDT, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun. Il
faut rappeler qu'en 2005 le Cameroun n'a pas atteint ce point du fait d'un
dérapage budgétaire de 150 milliards. Il apparaissait donc aux
yeux des observateurs que le Cameroun peut produire des richesses, et donc peut
rembourser à ses créanciers mais doit pour cela adopter une
rigueur budgétaire ; D'où la nécessaire
démocratisation de la gestion des ressources du pays.
Au rang des points qui ont donné satisfaction aux
institutions de Bretton Woods, il y a :
- L'amélioration de la gestion budgétaire
- La limitation des dépenses publiques
- La transparence observée dans le fonctionnement du
budget.
- L'avancée de la gouvernance.
- La lutte contre la corruption ... il s'agit notamment de
pratiques qui sont propre à la démocratie. Elles relèvent
toutes ou presque de ce que Guillermo O'DONNELL appelle
«horizontal » et « vertical
accountabilities » (O'DONNELL, 1994). La démocratie
suppose la participation élevée du peuple à la gestion des
affaires de l'Etat. C'est-à-dire que le peuple qui mandate les
représentants doit être informé de tout ce qui concerne les
affaires de la République tant il est vrai que la
« res-publica » est la chose
publique ; « la chose du peuple ». PRZEWORSKI
pense que le mandat suppose que les citoyens disent aux gouvernants ce qu'ils
doivent faire alors que l' « accountability » suppose
que les citoyens jugent si le gouvernement a fait ce qu'il devrait faire
(PRZEWORSKI et alii, 1999 : 16). La difficulté dans la gestion
au Cameroun provient de ce que l'Etat était coupé en
deux ; d'une part une minorité de gens qui décident dans
l'unilatéralisme et de l'autre le peuple, la cohue de la misère
qui n'était nullement au courant du fonctionnement des institutions. Ce
d'autant plus que les medias étaient aussi affiliés à l'un
ou l'autre camp. Ainsi, il y a les médias du gouvernement et les
médias d'opposition. Le Cameroun présentait donc les traits de
l'Etat originel Mastropaolien ; C'est-à-dire l'Etat tel que
pensé à ses origines par Alfio MASTROPAOLO (1986).Il s'agit d'un
Etat qui émerge suite à la concentration du pouvoir de
décision par la caste des détenteurs des capitaux.Ces derniers se
distinguant,constituent l'Etat et le reste du peuple formant ipso
facto la société.
Depuis son arrivée au Cameroun en 2004 et
précisément dans le but poursuivi par le Cameroun en 2006
à savoir celui d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative
PPTE, l'ambassadeur américain R. NIELS MARQUARDT, défendant la
position de Washington s'est beaucoup impliqué dans le combat pour la
bonne gouvernance. En cela, il rejoignait les institutions de Bretton Woods. Il
est vrai que les buts déclarés étaient différents.
Pour les institutions de Bretton Woods,il s'agissait d'amener le Cameroun par
une rigueur budgétaire à démontrer sa capacité
à créer des richesses. Et, pour Washington, il s'agit d'avoir un
partenaire commercial fiable, dans lequel les investissements sont en
sécurité ; un partenaire dans lequel le risque pays est peu
élevé.
Même si les buts déclarés divergent, dans
la pratique, aussi bien Washington que Bretton Woods insistent sur la
nécessaire démocratisation de la gestion des ressources publiques
pour le développement durable.
La démocratisation de la gestion des ressources
publiques suppose que les dépenses sont effectuées de
manière transparente et consensuelle. L'opacité observée
ces dernières années a conduit à
« l'enrichissement scandaleux » de certains Camerounais. Le
montant total de la dette du pays est inférieur aux avoirs à
l'étranger de quelques individus (avoirs estimés à 8 000
milliards de FCFA). La démocratie suppose aussi l'établissement
des normes et règles stables et connues qui rythment les
investissements. Il faut qu'un investisseur étranger qui arrive au
Cameroun ait l'assurance que le droit protège son investissement par
des règles justes et précises.
Avec l'atteinte du point d'achèvement en avril 2006,
c'est la victoire non pas seulement de la rigueur budgétaire mais,
surtout de la démocratie qui en s'implantant davantage, a changé
les règles du jeu.
En définitive, il paraît que l'examen de la
politique américaine au Cameroun en matière économique
conduit inévitablement à l'exploration des pratiques et exigences
que les institutions de Bretton Woods utilisent depuis 1986, ces exigences et
pratiques ont connu une évolution depuis 1996 avec la naissance de
l'initiative PPTE qui a crée la conditionnalité politique. Une
fois que cela a été dit, il convient de relever que c'est
à titre global, le cadre qui délimite les relations du Cameroun
avec le IFI et Washington. L'attention doit cependant être portée
sur le rapport précis et explicite que les Etats-Unis établissent
entre l'assistance économique au Cameroun et la consolidation
démocratique.
SECTION II :
L'assistance économique américaine et la promotion de la
démocratie au Cameroun.
Depuis la décennie 1990, l'Administration
américaine conditionne son assistance économique par la
nécessité de reformes institutionnelles. La politique africaine
disait Warren Christopher en Afrique du Sud le 12 octobre 1996
« consiste à promouvoir la démocratie, à
éviter les conflits, à stimuler la prospérité et
l'intégration économique et à soutenir le
développement durable » (extrait cité par Charles COREY
dans la revue Afrique/Etats-Unis N°05 d'octobre 1996).
Mme Susan RICE quant à elle relevait qu'il faut accélérer
l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale. Cet
objectif implique l'engagement simultané de notamment « la
promotion des reformes économiques ... le soutien à la
démocratie, l'encouragement du respect des Droits de
l'Homme... ». Lors de ce discours prononcé le 11 septembre
1997 devant la commission sénatoriale des relations extérieures,
Susan RICE désignée par Bill CLINTON pour être
secrétaire d'Etat adjointe chargée des affaires africaines
faisait déjà un rapport entre la démocratie et le
développement économique. L'idée de la
conditionnalité politique faisait donc son chemin dans la politique
africaine des Etats-Unis. C'est dire que 2001 ne constitue pas l'année
zéro de la promotion démocratique au Cameroun ; c'est aussi
dire que l'assistance économique des USA vis-à-vis du Cameroun
relève d'abord du souci des américains de voir l'Afrique se
développer. Il s'agit d'un élan
d' « humanisme ». L'objectif c'est donc de
démontrer que la promotion de la démocratie par les Etats-Unis au
Cameroun conditionne le décollage économique par une
consolidation démocratique.
E. L'allégorie du Banquier ou la
nécessaire construction d'un cadre institutionnel garant des
investissements.
Pouvez-vous donner tout le temps de l'argent à
quelqu'un qui n'a pas les moyens de le sécuriser contre les
voleurs ? La Banque peut-elle vous donner de l'argent sans avoir la
garantie que vous pouvez rembourser ? Lors d'une visite à section
économique et politique de l'US Embassy à Yaoundé, ces
deux interrogations nous ont été adressées. En effet, pour
justifier la rigueur avec laquelle les américains traitent le Cameroun,
M. J.P.Y nous a rappelé que c'est une vaine entreprise que de mettre de
l'argent dans un pays si chaque fois il finit dans les comptes de particuliers.
L'argent peut être de l'aide, des investissements, l'appui à des
projets. Les Etats-Unis soucieux de faire du Cameroun un partenaire commercial
ont besoin des garanties de stabilité politique et
économique ; d'un cadre institutionnel propice aux investissements.
L'on se trouve dans l'ère diplomatique caractérisée par
le « Trade Not Aid » lancée
par Bill CLINTON en 2000.Ce slogan sonne le glas des aides dans le cadre des
relations entre les Etats-Unis et l'Afrique. L'inefficacité de l'aide a
été prouvée ; celle-ci est nourrie par l'absence des
cadres institutionnels qui permettent le respect rigoureux de la chose publique
et la primauté de l'intérêt national. Le constat de ces
pratiques patrimoniales au Cameroun a poussé l'US Aid à fermer
ses locaux de Yaoundé en 1994. Cette institution contestait en plus la
légitimité du gouvernement issu des élections du 11
octobre 1992.Dans la même époque, Warren Christopher,
secrétaire d'Etat américain suspendait la vente d'appareils et
véhicules militaires au Cameroun. Il disait « les USA ne
peuvent plus perdre leur temps et leur argent à soutenir des pays qui ne
veulent pas se développer » .Tant il est vrai que pour les
Etats-Unis, le développement passe par la consolidation
démocratique. Il s'en suivra donc la fermeture du service commercial de
l'US Embassy.
Rendus dans les années 2000, les leçons du
passé exigent une révision de la position américaine.
Désormais, l'Amérique devient partenaire du développement
et non son instigateur par les aides. Dans « Bush
donnant-donnant » article publié dans
Libération n° du 05 mars 2002,
Barthélemy GOURMONT développe l'idée selon laquelle c'est
nocif pour les pays sous-développés de recevoir l'aide car
dit-il, ces derniers ne se responsabilisent pas s'ils ont la possibilité
de recevoir de l'aide sans aggraver leur endettement. Au-delà du
sous-entendu de l'auteur qui pense que l'endettement responsabilise les pays
sous-développés, il convient de rappeler qu'il vaut mieux aider
à la construction d'un coffre-fort pour sécuriser l'argent que
d'en donner tout le temps, sachant qu'il disparaîtra. La politique de
Washington est précise sur ce point. Paul O'NEILL, secrétaire au
trésor déclarait devant la commission au développement le
21 avril 2002 : « les pays justement gouvernés, qui
investissent dans leur peuple et encouragent la liberté
économique recevront plus d'assistance de Washington ».A
l'ère de l'intensification des échanges commerciaux entre les
deux pays, Washington tient à l'établissement d'un cadre
institutionnel qui sécurise ses investissements, et promeut l'initiative
privée.
Tableau 2 : Etat
des échanges US /Cameroun en millions de dollars U.S
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Importations du Cameroun
|
214.0
|
308.2
|
157.6
|
217.0
|
Exportations vers le Cameroun
|
90.7
|
99.6
|
117.1
|
318.0
|
source : U.S department of commerce Bureau of
census.2006
Tableau 3 : Evolution
illustrative de l'investissement US. au Cameroun
|
FY 1998
|
FY 2005
|
FY 2006
|
FY 2007
|
IMET
|
125
|
236
|
248
|
295
|
Peace corps
|
2,809
|
2,827
|
3,00
|
3,043
|
Total
|
2,934
|
3,063
|
3,275
|
3,338
|
. Source : Africa Policy report (en milliers de
dollars US).2006.
Alors qu'avant 2000 les échanges entre les deux pays
reposaient sur le pétrole essentiellement (soit 95 %), le reste
constitué des pièces de rechange pour les Boeing et
l'informatique, aujourd'hui les chiffres de l'échange entre les deux
pays se sont envolés. En réalité, d'après la
section économique et politique de l'US Embassy, avant 2000 les
exportations et importations tournaient sensiblement autour de 50 millions de
dollars US et le pétrole constituait la denrée première
des échanges. Alors qu'on parle désormais en termes de centaines
de millions de dollars US. Cela peut signifier qu'il y a eu évolution
dans la construction d'un cadre institutionnel propice. L'on comprendrait alors
le sens de l'appel lancé en mai 2006 par M. NIELS MARQUARDT à ses
compatriotes entrepreneurs leur signifiant que le Cameroun est désormais
un pays propice aux investissements. Dans Mutations n°
1650 du mercredi 10 mai 2006, il dit : « l'avis
partagé est que certains changements dans les structures et les
institutions politiques vont booster le Cameroun en terme d'investissements non
seulement par les étrangers mais aussi par les camerounais
eux-mêmes ».
En fin juin 2005 déjà, s'est tenu à
Baltimore un forum afro-américain où était présent
son Excellence R. NIELS MARQUARDT pour convaincre les investisseurs
américains des opportunités d'affaire qu'offre le Cameroun
(Cameroun Tribune N° 8383/4582 du lundi 04
juillet 2005).
C'est qu'en effet, faisant suite aux appels pressant de
l'Administration américaine par la voix de son ambassadeur, le
gouvernement de la République a entrepris un vaste chantier de reformes
institutionnelles. Une loi du 21 avril 2003 crée la chambre de comptes
qui vise à l'application de l'article 66 de la constitution du 18
janvier 1996. L'arrestation le 21 février 2006 des directeurs
généraux du FEICOM, de la SIC et du Crédit Foncier, la
mise à la disposition de la justice du Ministre des Mines, de l'Eau et
de l'Energie le 24 février 2006 sont quelques actions d'éclat qui
s'inscrivant dans la logique de l'opération
« épervier » participent de la lutte contre la
corruption et le détournement des deniers publics ; deux maux qui
plombent le décollage économique . L'observatoire de lutte
contre la corruption est crée en janvier 2000 et remplacé par la
CONAC le 11 mars 2006. Dans le même sillage l'Agence Nationale
d'Investigation Financière voit le jour. Tout cela est
déclenché près d'une semaine seulement après
l'inauguration de la New Embassy Compound (NEC) qui a eu lieu le 06
février 2006. Inauguration au cours de laquelle, Mme JENDAYI FRAZER la
sous secrétaire d'Etat représentant la secrétaire d'Etat
disait : « nous allons coopérer avec votre gouvernement dans
la lutte contre la corruption ».
Le Premier ministre M. INONI Ephraim a donné aux
américains l'assurance que la reforme judiciaire, un code
d'investissement et des taxes attractifs seront réalisés pour
faciliter les affaires avec le Cameroun (Cameroun
Tribune N° 8397/4596 du vendredi 22 juillet 2005) il
dit : « ... Our determination to create a trade investment
agency to facilitate the establishment of business structures was applaud by
the American business community. » Le Cameroon est l'un des 136 pays,
où les investissements sont protégés.
Tout se passe comme si les Etats-Unis se sont impliqués
profondément dans la construction du cadre institutionnel qui manquait
au Cameroun pour son développement économique. La loyauté
du Cameroun vis à vis de la politique américaine lui a
rapporté des fruits.
L'ambassadeur américain NIELS MARQUARDT qui s'est
déclaré l'allié du Président de la
République dans la lutte contre la corruption, est devenu l'avocat du
Cameroun auprès des institutions de Bretton Woods et des investisseurs
américains. Il s'agit peut-être là, du signe que la
consolidation démocratique dans ce qu'elle a d'économique est en
bonne voie. D'ailleurs l'Ambassadeur NIELS MARQUARDT l'a signifié
à ses compatriotes à Douala le 9 mai 2006. Il disait:
« the positive decision by the world Bank and IMF two weeks ago on
Cameroon reaching the HIPC completion point are obvious strong indicators that
the country is moving in the right direction ... Recent decisions to implement
article 66 of the constitution indicate that sea change's under way
here ».Dans la promotion de l'économie libérale comme
substrat de la démocratie au Cameroun, les Etats-Unis utilisent
plusieurs instruments en plus des institutions de Bretton Woods.
F. Les instruments de
l'assistance économique au service des USA au Cameroun.
Il faut dire d'emblée que ces instruments ne sont pas
exclusivement utilisés pour le Cameroun mais, pour toute l'Afrique
subsaharienne. De plus, il a déjà été largement
question ci-dessus de la collusion entre les intérêts de Bretton
Woods et ceux de Washington. Aussi, il sera question dans cet espace d'autres
instruments, mais à propos d'instruments, il s'agit
précisément des cadres de l'assistance. Ces cadres
aménagés par le USA pour rendre cohérente leur assistance
vis-à-vis de l'Afrique ; du Cameroun.
Pour les Etats-Unis d'Amérique, la cohérence
dans la politique africaine a une nécessité. En matière
économique, tous les acteurs impliqués s'inscrivent dans la
lignée tracée par l'Administration. Ainsi, lorsque la
Maison-Blanche décide en décembre 2004 du retrait de la
Côte-d'Ivoire du programme de l'AGOA, tous les investisseurs
américains mettent une croix sur le pays. Il y a en
réalité une incessante inter-connection entre les milieux
d'affaire et l'Administration aux Etats-Unis. Même si le secteur
privé est indépendant, il demeure vrai que ses activités
obéissent à la politique gouvernementale et s'en font même
les véhicules
L'instrument le plus anciennement utilisé est
constitué par les investisseurs du secteur privé et les ONG. Les
investisseurs américains ont des moyens colossaux et des lobbies
puissants au congrès. Le Corporate Council on Africa (CCA) est un cadre
aménagé pour développer les relations d'affaire avec
l'Afrique. Créé en 1993, le CCA encourage les PME
américaines quant aux opportunités d'affaire qu'offre l'Afrique
noire. En 1999, 86 entreprises américaines étaient inscrites au
CCA ; ce nombre en 2005 s'est élevé à 200. Et, la
logique est claire : « on ne peut pas vendre si nos partenaires
africains ne peuvent pas acheter. Il nous faut donc participer au
développement du continent » déclarait Stephen HAYES
président du CCA à ZYAD LIMAM dans Jeune Afrique
l'intelligent N° 2319 du 19 au 25 juin 2005.
Les investisseurs privés encadrés par la
politique étrangère, sont donc des porte- fanions de l'assistance
américaine pour le développement du Cameroun.
Les ONG sont un autre instrument ; le plus efficace
même peut-on penser. En fait, celles-ci sont des sources d'informations
de première main et constituent le moyen le plus sûr pour
atteindre les populations. Elles s'intéressent à tous les
secteurs de la vie. Des droits de l'homme avec « Human Rights
Watch » fondé en 1978 aux affaires sociales avec FAMM Cameroun
en passant par l'environnement avec CARPE. De retour des USA le 31 juillet
2006 ; le Ministre de l'environnement et des forêts M. EGBE ACHUO
HILLMAN annonçait que les Etats-Unis vont financer à travers
l'ONG CARPE établie en RDC la protection de l'environnement au
Cameroun en recrutant notamment 600 éco-gardes. Et dans ce domaine,
World Wild-life Fund et Wildlife Conservation Society (WCS ET WWF) font figure
de géants.
FAMM Cameroun
Fondation pour l'assistance maladie et maternité
(FAMM), est une ONG qui s'inscrit dans la droite ligne de la coopération
USA-Cameroun. Fondée en février 2002 par Brigett AMBELLA Jeffrey
une américaine d'origine camerounaise, elle vise à assurer la
sécurité sociale au Cameroun en s'intéressant aux couches
défavorisées. Elle s'appuie sur la convention 102 de l'OIT dont
le Cameroun est signataire. Travaillant en partenariat avec l'ambassade US
à Yaoundé, elle a une clinique à Douala, une à
Bamenda et quatre agences à Yaoundé. Elle travaille avec des
hôpitaux publics et privés, en collaboration avec le Ministre des
affaires sociales. Les fonds viennent majoritairement des USA et des
institutions financières internationales.
En plus de ces structures un peu plus globales, l'on peut
citer des cadres gouvernementaux tels qu'EXIMBANK, le compte du
Millénaire, l'overseas private investment corporation
et les Fonds spéciaux de l'Ambassade qui en plus de l'AGOA sont des
programmes strictement gouvernementaux d'aide et assistance économique
au Cameroun.
Le Millenium Challenge Account est crée en 2004 par le
président BUSH pour récompenser les pays en développement
qui encouragent la liberté dans le domaine économique et qui
investissent dans le social. Il est doté d'un budget de 1,5 milliards de
dollars US. Le Cameroun y est admissible.
L'export-import Bank (EXIMBANK) finance les opérations
de commerce extérieur avec les Etats-Unis. Avec 71 ans d'existence, elle
est l'outil indispensable de l'AGOA pour l'Afrique, elle garantit 85 % des
contrats signés entre les USA et l'Afrique Subsaharienne.
En août 2003, elle signe une convention avec Afriland
First Bank. Par cette convention, les entreprises camerounaises peuvent obtenir
des financements pour développer leurs activités avec le
marché américain. EXIMBANK débloque les crédits et
Afriland s'occupe du suivi. EXIMBANK a par ailleurs participé pour 200
millions de dollars au financement du pipeline à Kribi.
Il faut également citer l'Overseas Private
Investisment Corporation (OPIC) fondé en 1971, elle
supporte la politique étrangère des USA dans 150 pays. Sa mission
est de mobiliser et de faciliter la participation du capital US et de son
ingénierie pour le développement social et économique des
pays moins développés, et des pays en transition des
économies précaires aux économies de marché. Dans
la même logique l'on peut citer l'USTDA (United State Trade and
Development Agency).
L'ambassadeur joue un rôle très important dans la
promotion de l'économie libérale au Cameroun. En effet,de Frances
COOK (1989-1993) à NIELS MARQUARDT (depuis juillet 2004) en passant par
HARRIET W . ISOM ( 1992-1996) et Georges MCDADE STAPLES (2001-2004), les
ambassadeurs américains au Cameroun sont les têtes de proue de
l'application de la politique US. Ils disposent pour cela de fonds
spéciaux qui leur permettent de voler au secours de couches
défavorisées et des minorités.La section économique
de l'Ambassade soutient et encadre les PME Camerounaises. C'est ainsi que cette
dernière va conduire en novembre 2006 une délégation
d'entrepreneurs camerounais à Chicago pour assister à un forum
sur l'emballage et l'agro-industrie. Ces entrepreneurs vont certainement nouer
des contacts avec leurs homologues américains et pour certains avoir des
financements pour leurs entreprises.
L'instrument le plus utilisé cependant dans ces
dernières années est l'AGOA (Africain Growth and Opportunity
Act). Les 26 et 27 juin 1994, se tenait à Washington une
conférence sur l'Afrique. Lors de cette conférence, le
président CLINTON affirmait la volonté des USA de
« maintenir leur aide à l'Afrique et de
l'accroître ». Les canaux par lesquels devraient être
véhiculée cette aide étaient jusque-là des dons et
l'administration américaine ayant fait le constat de l'échec des
différents plans de Bretton Woods et des partenaires bilatéraux
de l'Afrique, étudiait le moyen le plus efficace.
La conclusion fût le « Trade not
Aid » mais dans quel cadre ? la formule fut trouvée et
matérialisée le 18 mai 2000 par la promulgation par Bill CLINTON
de la loi sur la croissance et les possibilités économiques en
Afrique (African Growth and Opportunity Act.). Il s'agit pour l'administration
américaine d'intensifier les échanges commerciaux avec l'Afrique
Subsaharienne.
Tableaux illustrant les échanges commerciaux
américains avec le Cameroun et Ses voisins avant
l'AGOA.
Tableau 4 :
Exportations américaines (1994-1996) en millions de dollars
US.
|
1994
|
1995
|
1996
|
Cameroun
|
53,6
|
45,7
|
70,6
|
Centrafrique
|
2,5
|
6,1
|
3,8
|
Congo Brazzaville
|
38,0
|
54,7
|
62,4
|
Gabon
|
40,2
|
54,3
|
56,1
|
Guinée Equatoriale
|
1,9
|
5,3
|
16,8
|
Nigeria
|
509,1
|
602,2
|
816,2
|
Tchad
|
7,5
|
10,8
|
3,4
|
Source: the corporate council on Africa.1998.
Tableau 5:
Importations américaines (1994-1996) en millions de dollars
U.S
|
1994
|
1995
|
1996
|
Cameroun
|
55.2
|
47.7
|
64.5
|
Centrafrique
|
2
|
4
|
3
|
Congo Brazzaville
|
403.0
|
207.0
|
397.4
|
Gabon
|
1,154.6
|
1,449.4
|
1,949.1
|
Nigeria
|
4,429.8
|
4,774.7
|
5,949.1
|
Tchad
|
108
|
3.2
|
7.1
|
Source: The corporate council on Africa.1998
Le 11 octobre 1995, Susan RICE devant le Washington
International Council présentait l'Afrique comme un marché
alléchant en parlant de « the significant potential of
Africa as export market ». La même année, les
exportations américaines en terme de biens et services en direction de
l'Afrique sont chiffrées à 5,4 milliards de dollars. Le 05
février 1996, l'Administration CLINTON soumet au congrès un
important rapport sur le développement de la politique commerciale avec
les pays africains (BUNDUKU-LATHA, 1999 : 80-81). D'après l'African
policy report, en 1996 la part des USA au marché africain était
7,7% alors que l'Union Européenne avait 40 %. La loi promulguée
en 2000 est donc une réponse à la question de savoir comment
faire pour accroître la part américaine dans le marché
africain.
L'AGOA est donc un programme de coopération
économique entre les Etats-Unis et l'Afrique subsaharienne qui permet
l'entrée en franchise de douanes des produits de 37 pays africains dont
le Cameroun. Il permet la diversification des produits objets d'échange
entre l'Afrique et les Etats-Unis. Ainsi, le pétrole cesse d'être
la seule denrée importée d'Afrique. En 2004, les Etats-Unis
d'après les institutions de Bretton Woods constituent déjà
le premier exportateur vers le Cameroun avec 39%, 25% pour l'Italie et 15 %
pour la France. Dans le cadre de l'AGOA toujours, EXIMBANK prévoit 30
milliards de FCFA par an pour les importations Camerounaises mais, la section
économique et politique de l'US Embassy à Yaoundé
déplore que seulement un dixième soit utilisé par le
Cameroun.
Néanmoins, l'AGOA a démultiplié les
chiffres des échanges commerciaux entre les Etas-Unis et l'Afrique comme
l'illustrent les chiffres des exportations et des importations entre les USA et
quelques pays voisins du Cameroun ; ce dernier inclus.
Tableau
6 :Exportations U.S vers le Cameroun et ses voisins 2003-2005 en milliards
de dollars. US
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
90,7
|
99,6
|
117,1
|
Centrafrique
|
7,4
|
30,0
|
14,7
|
Congo
|
78,6
|
65,7
|
103,8
|
Gabon
|
63,0
|
93,0
|
98,0
|
Guinée Equatoriale
|
335,7
|
215,4
|
249,1
|
Tchad
|
64,4
|
41,4
|
53,8
|
Nigeria
|
1,019.0
|
1,554.3
|
1,615.0
|
Sao Tomé et principe
|
1,4
|
3,7
|
10,2
|
Source: US department of Commerce, Bureau of
Census.2006.
Tableau 7 :
Importations US du Cameroun et de ses voisins 2003-2005 en millions de dollars
US.
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
214,0
|
308,2
|
157.6
|
R.C.A
|
2.0
|
8.8
|
5.7
|
Tchad
|
22.5
|
756.2
|
1.494.6
|
Congo
|
432.8
|
857.5
|
1.624.8
|
Guinée Equatoriale
|
903.5
|
11703
|
15618
|
Gabon
|
19695
|
24667
|
28156
|
Nigeria
|
10,393.6
|
16,243.5
|
24,188.3
|
Sao Tomé et principe
|
0.1
|
0.1
|
0.2
|
Source: US department of commerce, Bureau of
census.2006.
De façon claire, il apparaît qu'à partir
de l'AGOA les exportations et les importations américaines vis à
vis de l'Afrique se sont envolées.
Le Cameroun est éligible à l'AGOA depuis le 02
octobre 2000. Le cadre juridique qui encadre les activités camerounaises
au sein de l'AGOA est fait d'un décret N° 2001/874/PM du
1er octobre 2001 portant création, organisation et
fonctionnement du comité technique national de suivi de la loi
américaine sur la croissance et les opportunités
économiques en Afrique. En plus, il y a l'arrêté
ministériel N° 93/MINDIC/CAB du 31 décembre 2001 donnant
composition du « comité technique constitué d'un
président, d'un secrétaire général et de 12 membres
représentant diverses administrations publiques. Enfin il y a
l'arrêté conjoint N° 00024/MINDIC/MINFIB du 18 janvier 2002
portant institution des dispositions réglementaires relatives au
contrôle des exportations en matière de textile dans le cadre de
l'AGOA.
En collaboration avec l'ambassadeur George M. STAPLES le
gouvernement camerounais qui a ainsi posé les jalons de cette
coopération économique avec les USA, a oeuvré pour la
croissance des exportations en direction des Etats-Unis. Ainsi, en 2002 une
trentaine de produits camerounais sont exportés aux USA même si
moins d'une dizaine sont significatifs comme l'illustre le tableau
ci-dessus.
Tableau 8 :
Principaux produits camerounais exportés vers les USA (2001-2002) .
Produits
|
2001
|
|
2002
|
Valeur
|
Quantité
(en tonnes)
|
Valeur
|
Quantité
(en tonnes)
|
Huiles brutes de pétrole
|
122 543
|
10 952
|
491 228
|
55 758 333
|
Carburants et lubrifiants
|
101 209
|
8 988
|
96 902
|
9 528 589
|
Pâte de cacao
|
1 134
|
990
|
6 084
|
8 322 820
|
Bois sciés
|
7 855
|
2 676
|
7 024
|
2 485 072
|
Latex de caoutchouc
|
1 895
|
877
|
106
|
34 200
|
Café arabica
|
588
|
687
|
450
|
535 500
|
Feuilles de placage
|
667
|
145
|
|
|
Traverses en bois
|
620
|
473
|
40
|
7 123
|
Productions art statutaire
|
39
|
23
|
74
|
3 370
|
Total exportations aux USA
|
238 743
|
26 352
|
610 088
|
86 492
|
Source : direction des douanes.2003.
CHAPITRE II :
Logiques politiques de la mondialisation au Cameroun : The one best
way of thinking politics.
La promotion de la démocratie au Cameroun n'est pas une
entreprise exclusivement américaine. En tant que phénomène
global, elle comporte des aspects socio-culturels qui seront minorés
dans cette analyse. Promouvoir la démocratie au Cameroun ou mieux
assister le Cameroun dans sa consolidation démocratique est d'abord une
entreprise qui relève de la mondialisation de la pensée politique
occidentale. Elle allie le développement économique et la
démocratie ; autrement dit, elle part du postulat que la
démocratie en tant que régime politique est le cadre idéal
pour le développement économique. Ainsi, les rigueurs des
institutions de Bretton Woods n'ont pu générer du changement que
dès lors qu'elles ont intégré les reformes
institutionnelles au rang des conditionnalités. Nulle intention de notre
part de dire que seul le régime démocratique peut se
développer économiquement. Nous partons de l'affinité
élective que s'il y a démocratie, il peut y avoir
développement. Cependant, les Etats-Unis pensent que la
démocratie est la condition Sine qua non pour le
développement. C'est pourquoi, l'Administration américaine
portée par la volonté d'aider l'Afrique à se
développer, a fait de la promotion de la démocratie un objectif
important de la politique étrangère. George W. BUSH quant
à lui, a fait de la promotion de la démocratie et des Droits de
l'Homme le premier objectif de sa politique étrangère. Mais,
à l'intérieur même de l'Afrique des voix s'élevaient
pour expliquer l'absence de développement économique par la
tyrannie et l'arbitraire. En 1989, la Commission Economique pour l'Afrique
(CEA) des Nations Unis adressait une critique à la Banque Mondiale en
disant : « une structure de rechange pour l'Afrique doit
s'enraciner dans la démocratisation du processus de prise de
décision au niveau local et national, et, à celui des citoyens
afin de générer un consensus nécessaire et le soutien de
la population » (HYDEN et BRATTON, 1992 : 85). Après
avoir donc présenté l'assistance économique comme un des
aspects de la mondialisation qui est aussi politique, il faut dire que notre
démarche est fondée sur la conviction avec les Américains
que la démocratie et le développement économique ont
partie liée. Il convient dès lors de se pencher sur l'assistance
américaine auprès du Cameroun pour consolider les trois aspects
de la démocratie (Section I) et, faire un voyage au coeur de ce chantier
pour se permettre une évaluation précoce (Section II).
SECTION I :
Assistance à la consolidation de la compétition,de la
participation et du respect des droits.
La consolidation démocratique est un processus qui
transforme les habitudes et les structures. En réalité, puisque
pour le cas spécifique du Cameroun, il y a volonté de passer de
la simple décompression autoritaire à l'institutionnalisation de
la démocratie, il s'agit pour les Etats-Unis d'aider le Cameroun
à faire chose et corps les règles du jeu démocratique. Il
faut cesser de considérer l'autre comme un ennemi dans un pays qui a une
mosaïque de peuples, cultures et coutumes. Parce que le politique produit
des effets unitaires et d'ordre, comment penser la stabilité,
l'unité, l'ordre, au Cameroun et partant, faire décoller
l'économie du pays alors que tout divise les Camerounais ? L'une de
réponses a été l'autoritarisme pendant l'Etat camerounais
de la première et deuxième génération. A cette
époque, celui qui ne pensait pas comme le voulait le pouvoir central
était un "Ennemi" au sens Schmittien du terme et était
stigmatisé (SCHMITT,1992). Aujourd'hui, le peuple et les bailleurs de
fonds multilatéraux et bilatéraux aspirent à autre chose
pour le Cameroun. La consolidation démocratique vise donc à
renforcer le statut de "l'Autre" en tant qu'adversaire, statut acquis avec la
libéralisation. Les Etats-Unis assistent le Cameroun de diverses
façons, pour que la démocratie soit faite chose et corps.
A) Pour
l'institutionnalisation des pratiques démocratiques.
La compétition, la participation et le respect des
libertés civiles et politiques sont les trois traits
caractéristiques de la démocratie que nous retenons
d'après DIAMOND, LINZ et LIPSET. Donner corps à la
démocratie c'est renforcer ou bien mettre sur pied les structures qui
garantissent l'Etat de droit démocratique. Y a-t-il un rapport entre les
reformes institutionnelles entreprises au Cameroun après 2001 et la
politique américaine de promotion de la démocratie dans le
monde ? Manifestement la réponse est affirmative.
La compétition pour la conquête du pouvoir au
Cameroun a souvent été un moment important. En octobre 1992 il y
eut une élection présidentielle fortement contestée par
Frances COOK alors ambassadeur des USA au Cameroun. A la suite du
refroidissement des relations avec le Cameroun, plusieurs programmes U.S.
furent fermés à Yaoundé et Douala. La pression
américaine au travers des institutions de Bretton Woods et dans le cadre
bilatéral a permis une évolution en matière
électorale. Dès les années 1990 par ailleurs, les USA
oeuvrent auprès des partis d'opposition pour leur apprendre l'art de la
contestation non-violente. 1997 marque une rupture d'avec l'habitus
électoral qui consistait à fabriquer par décret le cadre
normatif des élections quelques semaines avant l'élection. Adrian
KARATNYCKY stigmatisait l'élection présidentielle d'octobre 1992
du fait de l'opacité des règles du jeu (KARATNYCKY, 2002 :
143). La stabilité et la régularité du cadre normatif qui
régit la compétition pour la conquête du pouvoir sont
importantes pour que les règles du jeu ne soient ignorées de
personne. La manipulation des votes que les observateurs ont souvent
reprochée au Cameroun est le signe que les candidats ne sont pas
capables d'accepter le verdict des urnes dont Philippe BRAUD dit qu'elles sont
le juge suprême. Alors même que la démocratie est
d'après PRZEWORSKI ; « a system in which parties lose
elections » (1996 : 10). C'est dire qu'en plus de la
stabilité du cadre normatif, il faut que les candidats soient "fair
play" (ELIAS & DUNNING ; 1994). A l'observation des élections
du 30 juin 2002 et de 2004, il apparaît comme une maturation .L'absence
de tripatouillage des textes électoraux qu'Alain Didier OLINGA (2003)
impute à l'incertitude du calendrier électoral est un signe
révélateur de cette maturité. L'on pourrait imputer cette
maturation à la présence américaine qui s'intensifie
après 2001. Ce, d'autant plus que le Freedom House a qualifié de
démocratiques les élections de 2004. M. Donald YAMAMOTO confiait
à Christine A. TERRADA du "Washington
File" en novembre 2005 que le Cameroun est devenu un
pays où l'attitude est essentiellement positive, il y a eu d'assez
bonnes élections en 2004 et les autres pays du continent devraient s'en
inspirer.
Un travail intense de coopération technique est
à la base de cette amélioration de l'image du Cameroun. Parmi les
partenaires du Cameroun dans cette action il y a les Etats-Unis.
Les Américains se sont donnés comme objectifs
dans la promotion de la démocratie au Cameroun de participer à la
mise sur pied d'un processus électoral transparent. Ainsi, l'ambassade
U.S. à Yaoundé travaille en partenariat avec le gouvernement
camerounais pour la création d'une ONEL réellement
indépendante, pour la reforme du processus électoral,
l'inscription des votants, l'informatisation du fichier électoral,
l'établissement du nouveau code électoral. En vue des municipales
et législatives de 2007 et la présidentielle de 2011, l'ambassade
américaine travaille avec la Présidence de la République
et le gouvernement pour des élections libres et transparentes. La
même ambassade supervise un groupe constitué du Canada, du Japon
de l'Union Européenne et du PNUD pour la coordination et le soutien aux
élections futures au Cameroun.
Le gouvernement a en cette année révolutionnaire
2006, mis en place des structures qui participent de la consolidation
démocratique. Le 11 mars 2006, le président de la
République créait par décret la Commission Nationale
Anti-Corruption (CONAC) pour constituer le cadre institutionnel de la lutte
contre la corruption. La CONAC remplaçait ainsi l'Observatoire de lutte
contre la corruption mis sur pied en janvier 2000. Dans la foulée,
l'Agence Nationale d'Investigation Financière (ANIF) a vu le jour.
Le 6 avril 2006, fût adoptée et promulguée
la loi sur la déclaration des biens et des avoirs. En effet, le projet
de loi N° 787 portant sur la déclaration des biens et avoirs a
été déposé par le Vice Premier Ministre, ministre
de la Justice le 16 mars 2006 et visait à l'application de l'article 66
de la constitution du 18 janvier 1996. Votée par 50
députés sur 180 seulement, cette loi constitue un cadre de taille
pour la lutte contre la Kleptomanie
Par ailleurs, le 27 juillet 2005 fût promulguée
la loi N° 2005/007 portant sur le nouveau code de procédure
pénale. Ce document qui a 747 articles, a pour vocation de limiter les
abus de pouvoir pour que nul ne soit au-dessus de la loi ; encore moins
les forces de police. La chambre des comptes de la Cour Suprême voit le
jour par la loi du 21 avril 2003 fixant les attributions, l'organisation et le
fonctionnement de cette instance. Dès le 19 décembre 2000, la loi
N° 2000-15 relative au financement public des partis politiques et des
campagnes électorales fut adoptée par l'Assemblée et
promulguée par le Président de la République. Il s'agit de
quelques structures mises sur pied dans l'objectif de consolider le cadre
démocratique. Nulle intention de dire que ces actions d'éclat
sont à l'actif des Etats-unis. Cependant, elles s'inscrivent dans leur
logique de consolidation de la démocratie au Cameroun. Heureuse
coïncidence ? Toujours est-il que le 19 janvier 2006, R. Niels
MARQUARDT disait devant la presse : « J'ai de bonnes
raisons de croire que l'article 66 sera mis en application en 2006 »
et trois mois plus tard, cela fut fait. Au cours du même discours, il
stigmatisait le degré de corruption atteint au Cameroun et deux mois
plus tard la CONAC était mise sur pied. Et, bien plus, après ces
déclarations près d'un mois après, des hauts cadres de la
République ont été appréhendés comme cela
sera démontré dans la partie soulignant les efforts faits pour
que la démocratie soit faite corps.
Nous pensons que les initiatives entreprises au Cameroun dans
le cadre de la consolidation démocratique s'inscrivent dans le souci
américain de voir s'établir au Cameroun un régime
entièrement démocratique. Le 21 juillet 2005, le Premier Ministre
revenait d'une visite de 15 jours des Etats-Unis, « visite
effectuée sous haute instruction du chef de l'Etat pour présenter
aux autorités américaines ce qui est fait au Cameroun en
matière de bonne gouvernance, de respect des Droits de l'Homme, de
démocratie et de redressement de l'économie nationale »
(Cameroon Tribune N° 8397/4596 du vendredi 22
juillet 2005). Et, le professeur Dieudonné OYONO coordonnateur du
programme national de gouvernance avoue de retour de ce voyage que :
« cette visite nous a permis notamment de nous rendre compte à
quel point les problèmes de gouvernance occupent une place centrale dans
les relations entres les USA et les pays africains. Ces questions ont
été au centre de tous les entretiens aussi bien au
Département d'Etat, qu'au M.C.C. et au Freedom House »
(C.T.n° 8397/4596 du 22-07-2005). Tout se passe comme si
ce voyage était l'occasion pour le chef du gouvernement et sa suite de
recevoir la feuille de route pour la consolidation démocratique au
Cameroun.
Les médias, acteurs majeurs dans la
« Vertical accountability » sont également
sensibilisés et formés pour encadrer le processus
électoral. En vue des élections d'octobre 2004, une
délégation de six (06) journalistes camerounais a
séjourné aux USA du 1er au 12 mars 2004. Ils ont participé
à un programme du Bureau des visiteurs internationaux portant sur
l'élection présidentielle. Le principe est d'après les USA
que, pour assurer la transparence des élections le public doit disposer
des informations. C'est ainsi que Thierry NZOUETOM NGOGANG (Mutations), FUL
PETER (CRTV), Félix ZOGO (MINCOM), Didier parfait BAPIDI (Radio Reine),
georgewill MBAH FOMBE (Cameroon Tribune) et Mary AYOMPE (Magic FM) ont
été à l'école américaine de la couverture
médiatique des élections. Un programme de bourses appelé
KNIGHT FELLOW permet aux journalistes camerounais de se perfectionner aux
Etats-unis. Ainsi, les médias camerounais sont acteurs dans la promotion
américaine de la démocratie au Cameroun.
La participation est aussi consolidée et faite corps
à travers la formation et le soutien accordés à la
société civile. Dans une démocratie, il n'y a plus
différenciation entre l'Etat et la société. La
société civile devient un contre pouvoir car comme le pense
MONTESQUIEU, seul le pouvoir peut arrêter le pouvoir. L'art de la
revendication et de la protestation au travers de la société
civile nécessite un cadre réglementaire et une éducation.
Ainsi, l'ambassade américaine à travers sa section politique
prête secours aux organisations de défense des droits des couches
défavorisées et des minorités. La population camerounaise
est mise à contribution dans la promotion de la démocratie au
Cameroun. Dans le cadre de la création d'un environnement propice
à la contestation et à l'adversité, les syndicats de
travailleurs, les associations d'étudiants bénéficient de
l'aide financière et de l'expertise des Etats-unis. Le 26 octobre 2006,
l'Association pour la Défense des Droits des Etudiants du Cameroun
(ADDEC) a reçu 8.361.500F CFA de l'ambassadeur des Etats-unis. Cette
somme représente le financement perçu dans le cadre de
l'éligibilité d'un projet de « formation des leaders
estudiantins au plaidoyer et au lobbying » C'est l'occasion de dire
que l'ambassade US a un Fonds de Démocratie et des Droits de l'Homme
(DHRF) qui finance exclusivement les projets en faveur de la promotion de la
démocratie et des Droits de l'Homme. Programme destiné à
aider à la création des structures propre à la
démocratie, le DHRF a financé en 2005 des projets à
hauteur de 80.000 dollars, et la même somme en 2006.
La démocratie étant un régime qui repose
sur des structures, il faut en même temps construire celles qui manquent
et renforcer celles existantes. Le parlement est le « Vox
populi » car l'adaptation dans le contexte du XXIe
siècle de la démocratie directe est impossible eu égard
à la taille des Etats et au nombre croissant des populations. Aussi,
nulle démocratie ne peut se dispenser d'un parlement qui est la figure
même du peuple intégré dans la gestion des affaires de la
cité. En plus de ce premier niveau de participation que promeuvent les
Etats-unis à travers leur ambassade à Yaoundé, il y a
l'assistance à la formation d'une société civile mais,
plus, la population toute entière est appelée à
s'intéresser aux affaires de la cité. Ainsi, les Etats-unis
espèrent porter le message de la démocratie jusqu'au niveau du
village. Il s'agit de dissiper la fracture entre le village et la ville car la
division de la société en deux niveaux plombe les efforts de
démocratisation. Il s'agit d'intégrer les minorités et les
couches défavorisées dans la vie étatique. Puisque
très souvent la priorité des villageois et des citoyens
défavorisés est la recherche des moyens de subsistance
plutôt que de s'intéresser à la politique,
l'Amérique leur offre à travers le programme « Self
Help » des ressources pour améliorer leurs conditions de vie.
Les Etats-unis ont ainsi dépensé en 2006, 109.000 dollars pour 16
projets communautaires ; 58% pour la construction des salles de classe
pour des communautés rurales défavorisées, 29% pour des
installations d'eau et de santé. En 2005, 104.000 dollars ont
été déboursés par l'ambassade soit 56%
destinés à la construction des écoles, 30% pour des
installations d'eau et de santé, 14% pour les infrastructures. Cette
lutte pour l'amélioration des conditions de vie des couches
défavorisées participe du souci d'allier différence,
multiculturalisme et démocratie. Comme Charles TAYLOR (1994), il s'agit
de penser que la société démocratique doit traiter tous
ses membres comme des égaux. C'est pourquoi l'Ambassade des Etats-unis
à Yaoundé s'active à institutionnaliser en collaboration
avec le gouvernement de la République le soutien aux Droits de l'Homme
en privilégiant les droits des minorités et des couches les plus
vulnérables. Il s'agit dans la perspective d'une théorie
libérale des droits des minorités (KYMLICKA, 2001), de financer
des structures telles que le Center for Rehabilitation and Abolition of Torture
(CRAT). Plusieurs visites ont été ainsi rendues au cardinal
Christian TUMI à l'IMAM de la mosquée centrale de Yaoundé
pour faciliter la liberté religieuse et l'encourager. Le Cameroun a 38
religions enregistrées au MINATD avec 20% de musulmans, 40% de
chrétiens et 40% de traditionalistes et athées. En 2004,
l'Ambassade américaine a octroyé une bourse et des
équipements à l'association des étudiants musulmans du
Cameroun. Il est déjà une tradition à toutes les
fêtes de Ramadan que de voir l'ambassadeur offrir un dîner IFTAAR.
Par ailleurs, en 2004 des conférences ont été
organisées sur les thèmes « Islam and religions
toleration », « contemporany Islam in Africa »,
« Understanding Islam ».
Ayant fait le constat que 90% des élèves sont
battus à l'école et 97% par leurs parents, l'Ambassadeur
américaine a supervisé la création en 2005 d'un projet
pour l'éducation des parents et enseignants au respect des droits des
enfants. Les droits de la femme ne sont pas en reste. En effet, dès
2005, le dîner IFTAAR offert par l'ambassade américaine avait
autant de femmes que d'hommes pour promouvoir l' égalité au sein
d'une religion dans laquelle la femme est reléguée au second
rang. Un séminaire à la même année portant sur
« women as political and economic leaders » a
été organisé pour relever le rôle de la femme dans
une société démocratique.
Il s'agit de penser avec ces éléments
essentiellement illustratifs que l'Amérique assiste le Cameroun dans sa
consolidation démocratique en l'aidant à construire le cadre de
la pratique. Il faut rappeler le danger d'un thème de recherche comme
celui-ci, car il est mouvant et l'actualité est son substrat. Il peut y
avoir des éléments en faveur ou contre cette supposition au cours
des années qui viennent. Au demeurant, la démocratie s'appuie sur
les structures mais est vécue et lue à travers les hommes qui
font le système.
B) Pour que la
démocratie soit faite corps.
La démocratie consolidée suppose le changement
des règles du jeu. De l'ennemi à l'adversaire, il y a changement
de statut et donc d'attitude envers l'autre. Sous le régime de
l'inimitié l'autre était à la merci de l'arbitraire tandis
qu'avec la démocratie, en plus du cadre institutionnel qui change, les
attitudes aussi sont appelées à être modifiées.
Alors apparaît ce que Norbert Elias a appelé la
« sportization » c'est-à-dire l'irruption des
règles du sport dans la sphère politique (ELIAS et DUNNING,
1994). En effet tout comme le sport, la politique a des règles, des
enjeux et des normes. L'établissement des règles et normes par
l'institutionnalisation a une incidence sur les habitudes. Le strict respect
des normes établies donne lieu à l'Etat de droit qui est le
reflet de la bonne marche des institutions démocratiques. Comme le
disait Blandine BARRET-KRIEGEL : « Seule la
démocratie peut vraiment établir l'Etat de droit »
(1994 :30).C'est dire qu'il y a une interrelation ou confusion entre les
deux notions. La doctrine de l'Etat de droit ou
« Rechsstaat » est une construction de la science juridique
allemande. Ses principaux fondateurs à savoir VON MOHL, STAHL et GNEIST
disent : « Un Etat de droit est un Etat qui dans ses rapports
avec ses sujets et en ce qui concerne la garantie de leur statut individuel
doit se soumettre à un régime de droit ce qui signifie que
l'autorité administrative ne peut user vis-à-vis de ses
administrés que des moyens autorisés par l'ordre juridique et
notamment loin qu'il puisse agir contra legem ,
l'administrateur est tenu d'agir secundum legem
(BARRET-KRIEGEL,op.cit. : 32). Il convient d'ajouter que l'Etat de droit
suppose aussi que le peuple puisse sanctionner les autorités qui ont des
comportements déviants et, que nul ne soit au dessus de la loi.
Les Etats-Unis d'Amérique assistent le Cameroun dans
l'inculcation et l'intégration des habitudes démocratiques.
Ainsi, nombre de signes et de faits démontrent que le strict respect des
nouvelles règles du jeu démocratique est attendu de tous les
citoyens ; du bas comme du haut.
Après la vague géante qui a balayé le
paysage politique au Cameroun au lendemain des déclarations de son
Excellence Robert NIELS MARQUARDT faisant écho à l'Administration
américaine qui veut que la démocratie soit « the
only game in town » au Cameroun, le chef de l'Etat a instruit
personnellement l'arrestation le 21 février 2006 de MM .E.G ONDO. NDONG
directeur général du FEICOM, Gilles R. BELINGA (DG de la SIC) et
Joseph EDOU du crédit foncier du Cameroun. Le 24 février, M.SIYAM
SIWE ministre des Mines de l'Eau et de l'Energie est mis à la
disposition de la justice. Il leur est reproché d'avoir confondu les
biens de l'Etat avec leurs biens privés. Dans la même logique, MM.
Edouard ETONDE EKOTTO et André BOOTO A NGON vont voir leur
immunité parlementaire levée en octobre 2006 pour répondre
de leurs passages en tant que PCA du port autonome de Douala et du
crédit foncier du Cameroun. Dans toutes les démocraties du monde,
les responsables sont des gestionnaires et non des propriétaires. Ce qui
a comme conséquence le fait que l'Assemblée Nationale
représentant du peuple doit démettre de leurs fonctions les
gestionnaires indélicats car comme le disait Adam PRZEWORSKI :
« In democracy, people invest government with the power to rule
because they can remove them » (1999 : 13). Et ce dernier citant
Philippe SCHMITTER dit: « modern political democracy is a system
of governance in which rulers are held accountable for their actions in the
public realm by citizens» (PRZEWORSKI, op; cit).
Le président Paul BIYA dans son discours du vendredi 12
mai 2006 tenant lieu de félicitations aux camerounais pour l'atteinte du
point d'achèvement, martelait qu'il oeuvrera pour la stricte
observation des règles de l'intérêt général
et la lutte contre la corruption. Ce propos venait confirmer des efforts
déployés pour inculquer la pratique des règles
démocratiques au peuple camerounais. Car, dans cette logique des
élus indélicats avaient vu leurs mandats suspendus. Les maires de
Yaoundé VI, de Dibang et d'Eyumdjock ont été suspendus
pour trois (03) mois, les deux premiers étant purement et simplement
révoqués par décret présidentiel. Le mardi 23 mai
2006, M. Dieudonné ZANG MBA OBELE, maire de Mbalmayo est mis aux
arrêts pour la gestion patrimoniale de sa commune.
Puisque nul n'est au-dessus de la loi, le FON DOH de
Balikumbat qui a ordonné le meurtre de John KOHNTEM maire de WABANE
s'est vu perdre son immunité parlementaire et sera condamné en
avril 2006. Le maire d'Ebebda s'est vu poursuivre en justice comme un citoyen
ordinaire, ayant perdu son immunité.
Les Etats-Unis travaillent avec l'armée et la police
pour réduire les abus sur les citoyens. Ils encouragent les forces de
l'ordre camerounaises à l'assimilation du nouveau code de
procédure pénale. Certains éléments sont
allés en stage aux USA pour apprendre le rôle des forces de
police et de défense dans une société
démocratique.
En avril 2006 les USA ont conduit 2 semaines de travail autour
de 10 maires, 6 ministres et 5 membres de l'Assemblée Nationale pour les
mettre à l'école des pratiques de la démocratie. Le
Président de l'Assemblée Nationale a saisi l'occasion le
1er juin 2006 de l'ouverture des travaux de la deuxième
session de l'année législative 2006 pour faire un vibrant
plaidoyer en faveur du respect des valeurs démocratiques.
La nomination le lundi 17 juillet 2006 de trois femmes
à la fonction de sous-préfet participe de l'"Empowerment" de la
femme. Il s'est agit notamment de Mme ZINGA MBASSI née Catherine OMGBA
sous-préfet de MENGANG, Mme MBARGA OWONO née Claudine MBO MEYE
sous-préfet de MFOU.
Pour l'effectivité de cette consolidation
démocratique dans la coopération, les USA ont activé
plusieurs leviers pour rendre possible l'entreprise consistant à
bâtir un cadre institutionnel démocratique et des comportements de
même nature au Cameroun. De plus, l'examen de cette entreprise quoique
précoce pour une politique pensée dans le long terme laisse
transparaître en même temps que des fruits mais aussi des
résistances.
SECTION II : Voyage
au coeur du chantier de la consolidation démocratique au Cameroun
En essayant de faire autre chose qu'une
« politologie de la carte postale » (SINDJOUN, 2002 :
7) au Cameroun aujourd'hui ; l'on se rend compte que la démocratie
de manière réflexive est le thème qui captive beaucoup
d'attention et de réflexion. Cette étude qui porte sur la
consolidation démocratique à partir des facteurs externes est
consciente de ce que la mondialisation a causé l'enchevêtrement
des systèmes politiques. Toutefois, au-delà de cette ère
« d'un monde sans souveraineté » que BADIE (1999)
pense sempiternel et que d'aucuns estiment l'avènement avec la
mondialisation, nous sommes convaincus de ce que pour le chantier que
constitue le Cameroun, malgré la coopération à l'allure
d'oripeau que mettent en avant les USA, ce sont eux qui mènent la danse.
Ce faisant, ils utilisent divers instruments et stratégies ;
cependant, la diversité des instruments ne signifie pas la concurrence
vis-à-vis du gouvernement central car, tous les acteurs
sollicités dans la politique américaine sont dans les Etats et
agissent pour un Etat quel qu'il soit. BREWSTER DENNY citant DEAN ACHISON un
ancien secrétaire d'Etat américain dit : « La
politique étrangère est l'ensemble de la politique nationale
considérée à partir des exigences imposées par le
vaste monde qui s'étend au-delà de nos frontières. Ce
n'est pas une juridiction, c'est un point de vue, un système de valeurs,
le plus important peut-être aujourd'hui pour la survie d'une
nation » (BREWSTER DENNY, 1985 : introduction). Eu égard
à l'importance de la politique étrangère US pour la vie
nationale, il y a nécessité d'éviter des
télescopages c'est pourquoi le Conseil National de
sécurité (CNS) est crée en 1947 pour permettre la
coordination de l'ensemble des actions extérieures et intérieures
des USA. Ainsi, la diversité des acteurs sollicités par la Maison
- Blanche afin de promouvoir la consolidation démocratique au Cameroun
ne doit pas distraire de ce que le néo-réalisme est en fait le
réalisme classique badigeonné.
Par ailleurs, l'entreprise de promotion de la
démocratie au Cameroun par les Etats-Unis est dynamique. Tout entreprise
dynamique est sujette au changement et le changement est la ruine de tout
paradigme, l'érosion de toute certitude. Aussi, cette étude
sera-t-elle un examen à mi-parcours d'une entreprise en cours et,
certaines conclusions quant à l'évaluation pourraient
s'avérer erronées au fil du temps.
A) Les instruments de
l'assistance américaine à la consolidation démocratique au
Cameroun
Il est à relever que compte tenu de l'inévitable
imbrication des sphères économique et politique dans la promotion
de la démocratie, il y aura usage de certains instruments dans les deux
sphères. De plus, le mot "instrument" est utilisé à
dessein pour signifier que ces acteurs dont il est question sont par
volonté ou par destination au service d'un Etat ; il peut s'agir du
Cameroun ou comme très souvent des Etats-Unis.
Au sommet de la pyramide se trouve le Département
d'Etat qui pense et diffuse la stratégie pour la promotion de la
démocratie ; ce, en collaboration avec des conseils et des ONG que
Larry DIAMOND appelle « Quasi governmental organizations »
(DIAMOND, 1997 : 314). Il s'agit notamment du New Endowment for Democracy
(NED) et des fondations rattachées aux deux partis principaux des USA
à savoir le National Democratic Institute (NDI) et l'International
Republican Institute (IRI). Il faut souligner aussi la naissance le lundi 6
novembre 2006 à WASHINGTON du ADVISORY COMMITTEE for DEMOCRACY PROMOTION
(ACDP) sous la houlette de la Secrétaire d'Etat Mme Condolezza RICE. Il
s'agit d'un "think thank" en matière de démocratie
constitué de grands professeurs d'universités, des
représentants du NED, de l'IRI et du Freedom House ; avec la
position prépondérante du sous-secrétaire d'Etat pour la
démocratie et les affaires globales (Paula J. DOBRIANSKI) et le
directeur de la planification politique (Stephen D. KRASNER).
Sur le terrain d'application, des ONG de promotion de la
démocratie et des Droits de l'Homme servent de relais pour être en
même temps des sources perspicaces d'information pour le gouvernement
américain. Il y a notamment au Cameroun le CRAT, FAMM et d'autres ONG
qui se font les chantres de la politique américaine.
Les médias constituent les médiateurs entre les
gouvernants et les gouvernés : ils sont donc associés
à cette entreprise par leur formation à la couverture des
challenges, à la responsabilité et au professionnalisme dans
l'information de la société.
Les institutions de Bretton Woods reviennent car elles
conditionnent de plus en plus l'obtention de leurs financements par la reforme
structurelle instaurant la démocratie et le respect des droits. Le PPTE
constitue une illustration de la nouvelle orientation de la politique bretton
woodienne en faveur de la bonne gouvernance et des Droits de l'Homme.
Les Eglises ont aussi une place importante dans ce chantier.
En effet, la solidarité chrétienne transatlantique nourrie
à la main du « Dieu unique » qui a crée
l'homme pour être heureux, forme les populations à la connaissance
de leurs droits et les incite à les revendiquer en même temps,
ouvre leur yeux sur les abus et suscite la révolte intérieure. De
plus, par la profusion des religions, c'est la liberté de religion et de
conscience qui a le vent en poupe avec l'épanouissement des "nouvelles
religiosités"
La population camerounaise est mise à contribution car
il faut qu'il y ait "dédifférenciation" entre la
société et l'Etat comme le souhaite Pierre BIRNBAUM qui
s'interroge même sur la « fin de l'Etat » (BIRNBAUM,
1985). En s'interrogeant si la démocratie s'inscrit dans une logique de
guerre contre l'Etat, BIRNBAUM constate que nulle démocratie ne peut se
construire sans que la société ne soit associée à
l'Etat pour gérer les affaires de la Cité. Les Etats -Unis en
oeuvrant pour casser la barrière entre l'Etat et la
société au Cameroun, emmènent la population à
devenir agent et acteur de la démocratisation. La population devient
ainsi un acteur de la "rupture instauratrice" De certalien pour que les
facteurs internes s'associent aux facteurs externes non pas en terme de
mobilisations collectives, mais dans une perspective de la révolution
pacifique bayartienne.
L'AGOA une de fois plus est un acteur de la promotion de la
démocratie. En effet, dans le titre I de la Section 104 du texte
fondateur de l'AGOA, il est écrit : « Le président
est autorisé à désigner un pays de l'Afrique subsaharienne
comme éligible s'il constate que le dit pays est déterminé
à :
- Etablir ou à faire des efforts pour
établir.... un gouvernement légal, le pluralisme politique et
les droits pour un procès équitable, des règles de
droit... un système pour combattre la corruption ... ». Le
Cameroun est devenu éligible de ce programme le 02 octobre 2000 parce
que l'Administration américaine a constaté des efforts faits dans
ce sens. Il s'agit d'une épée de Damoclès qui pend
constamment sur la tête du Cameroun car,le sabotage de ces efforts exclut
le Cameroun de ce programme comme ce fût le cas pour la Côte
d'Ivoire en décembre 2004.
L'Ambassade américaine à Yaoundé joue
toutefois le rôle principal puisqu'elle est le prolongement du
Département d'Etat américain au Cameroun, elle supervise,
finance, forme, informe les différents agents et acteurs pour la
réussite de la politique américaine.
Les instruments ci-dessus évoqués ont
été survolés rapidement car ils ont déjà
été évoqués plus amplement pour la plupart dans le
chapitre premier, ceci, du fait de l'impossible séparation des
sphères économique et politique dans l'étude de la
promotion démocratique.
B) Evaluation à
mi-parcours d'un chantier en cours
Evaluer le chantier de la consolidation démocratique au
Cameroun selon qu'elle est promue par les Etats-Unis, c'est se pencher sur les
fruits de ce que M. SINDJOUN appelle la « loyauté
démocratique » ensuite, regarder de près les entraves,
réticences et révoltes qui sont autant de stratagèmes que
développent ceux qui ont du mal à intégrer les nouvelles
règles du jeu.
1 - Les fruits de la
"loyauté démocratique"
L'expression "loyauté démocratique" est
empruntée à M. Luc SINDJOUN qui, en observant la
démocratisation inspirée par des facteurs externes, remarque
qu'en tant qu'apport de la mondialisation, la démocratie peut susciter
en plus de la loyauté, la protestation et la défection
hirschmanniennes, la simulation. (SINDJOUN, 2001). Cependant, notre propos ne
scrute pas l'intention du gouvernement Camerounais, il constate tout de
même que l'attitude ressemble plus à la loyauté qu'à
autre chose jusque-là. Cette loyauté est
génératrice de rentes de moult natures : reconnaissance
internationale, accentuation de l'aide, démultiplication des
investissements ...
Lundi 13 Juin 2005, le président G.W. BUSH qui recevait
la visite des présidents TANDJA (NIGER), KUFOUR (GHANA), POHAMBA
(NAMIBIE), MOGAE (BOTWANA) et GUEBULA (MOZAMBIQUE) leur a communiqué les
conditions à remplir pour être dans les bonnes grâces de
WASHINGTON. Tout président africain qui veut être coopté
par des USA doit être : un « ami des
Etats-Unis », « un vrai patriote », et il doit
être un « démocrate ». Le Cameroun qui se
comporte donc comme l'un des « meilleurs
élèves » de Washington récolte
déjà les fruits de sa loyauté. Le 20 mars 2003, le
président BIYA est accueilli à grand pompe par son homologue G.W.
BUSH et, au cours de ce séjour américain du chef de l'Etat, la
guerre est déclarée à l'IRAK. Ce fut un honneur quand on
sait que le Cameroun, alors membre non permanent du conseil de
sécurité de l'ONU pendant les débats sur la guerre en
IRAK était très embarrassé quant à la position
entre une France "apôtre de la paix"et les faucons de Washington. Cette
réponse silencieuse renforça "l'appeal" des américains
pour le Cameroun.
M. Donald YAMAMOTO, sous-secrétaire d'Etat
chargé des affaires africaines se confiait à Christine A. TERRADA
du "Washington file" le 04 novembre 2005. Il disait du Cameroun :
« pays relativement stable, son gouvernement fonctionne bien, d'assez
bonnes élections s'y sont tenues et l'attitude y est essentiellement
positive. Les USA félicitent le Cameroun pour ses améliorations
remarquables dont les autres pays du continent pourraient
s'inspirer » (usinfo.gov, visité le 28 octobre 2006). Par
ailleurs l'admission du Cameroun à l'AGOA et au M.C.C (millenium
challenge corporation) démontre que le Cameroun fait preuve de
loyauté démocratique, laquelle est récompensée par
l'ouverture du pays aux capitaux américains.
L'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE
en avril 2006 est un autre fruit de la loyauté démocratique. En
effet, la décision est consécutive à une réunion
des conseils d'administrations du FMI et de la banque mondiale or, les USA sont
les seuls à disposer du droit de veto au FMI et, le directeur de la
banque mondiale depuis le 1er juin 2005 n'est autre que Paul
WOLFOWITZ, ancien numéro deux du pentagone et un proche du
président BUSH. L'on pourrait penser que le soutien américain
était nécessaire pour que tombe la décision d'atteinte du
point d'achèvement. Ce d'autant plus que le Cameroun devait atteindre le
dit point en juin plutôt qu'en avril.
La New Embassy Compound (N.E.C.) située à
l'Avenue ROSA PARKS est un autre signe que le Cameroun est en grâce
devant les USA. En effet, une immense et majestueuse ambassade
américaine est installée sur le sol camerounais. Cette ambassade
de 54 millions de dollars U.S a l'architecture de celle de BAGDAD, et a
nécessité deux ans pour sa construction. Il faut dire que c'est
la plus importante ambassade des USA en Afrique noire. Elle est un
élément important dans l'application de ce que Mme CONDOLEZZA
RICE appelle « transformative diplomacy » et qui s'appuie
sur une importante représentation diplomatique. A l'occasion de
l'inauguration de la NEC par Dr Jendayi E. FRAZER, un accord a
été signé avec le gouvernement camerounais pour
l'ouverture d'une ligne aérienne directe reliant Yaoundé à
Washington. Dans la même lignée des fruits, le United State Trade
and Development Agency ( USTDA) a signé un accord avec SHO Tractafric (
SHO Cameroun) le 22 mars 2006 pour accroître les infrastructures de
commerce entre les USA, le Cameroun et les pays voisins. Plusieurs
éléments tenant lieu de fruits de la loyauté
démocratique peuvent être évoqués. Ils vont de
l'accroissement des échanges aux déclarations favorables des
officiels américains vis-à-vis du Cameroun, en passant par les
appels de M. Robert NIELS MARQUARDT lancés à ses compatriotes
pour investir au Cameroun. Le fait est que le Cameroun a accepté
d'adhérer au projet américain de consolidation de la
démocratie et, les Etats-Unis le lui rendent bien. Cependant, la
démocratie en tant que changement des règles du jeu politique
n'est pas un système qui fait consensus. Le champ politique, cet espace
dans le macrocosme social, est un champ dont l'autonomie repose sur le fait que
c'est un domaine réservé aux professionnels c'est aussi comme le
définit pierre BOURDIEU, un champ de forces et de luttes visant à
transformer les rapports de force (BOURDIEU, 2000 : 14). C'est ainsi que
la consolidation de la démocratie, parce qu'elle modifie les enjeux et
les règles du jeu, rencontre des obstacles.
2 - Cerbères et
écluses : obstacles vers l'Etat de droit
démocratique
Comme ces chiens à trois têtes qui gardaient la
porte des enfers dans la mythologie, il y a des gens qui constituent des
gardiens, des gardes-chiourmes à la porte de la démocratie. Ils
n'hésitent pas à user de leur dangerosité pour
préserver leurs intérêts que la démocratie dessert.
Par ailleurs, il y a des écluses qu'il faut d'abord lever pour que soit
effective la démocratie. Ainsi par les cerbères nous examinerons
les obstacles par une lecture individualisante tandis que par les
écluses seront analysés les obstacles structurels et
meta-sociaux.
La consolidation démocratique au Cameroun se faisant
par la reforme selon la typologie de Samuel P. HUNTINGTON (1991), le
régime demeure en place. Autrement dit, ce sont les mêmes acteurs
qui ont tiré tous les avantages du règne de l'état de
police et du régime semi autoritaire qui sont appelés à
changer leurs habitudes. Cela pose le problème tout d'abord de la
résistance culturelle or, il faut envisager le changement de "l'habitus
autoritaire". Il est intéressant par exemple d'entendre les forces de
police s'exprimer à propos du nouveau code de procédure
pénale. Elles estiment que le "pouvoir" leur a été
ôté. Il s'agit de la résistance culturelle justifiée
par la forte imprégnation des règles autoritaires.
D'autre part, les hommes politiques enrichis par l'ancien
régime craignent de perdre les avantages que procurait le
système antérieur. Au coeur de la démocratie se trouve ce
que BAYLEY appelle les "trophées politiques" qu'il s'agit de perdre ou
de conserver. La loi sur la déclaration des biens et avoirs a connu une
fortune relativement triste. En effet, elle a été adoptée
par 50 députés sur les 180 que comptent l'Assemblée
Nationale mieux, il n'y avait que 50 députés présents le
jour du vote de cette loi. Ces élus du peuple qui en même temps
par le pantouflage se trouvent être des hommes d'affaires, des
opérateurs économiques, en plus de craindre pour leur sort
propre, ont reflété par ce boycotte, la crainte de lobbies qui
les soutiennent dans l'hémicycle car, il s'agit en réalité
de la crainte que le droit ne s'intéresse aux revenus douteux des hauts
cadres du régime.
Parce que la démocratie représente la fin de
l'unilatéralisme et de l'opacité dans la gestion des affaires de
l'Etat, elle représente aussi la perte du pouvoir car, il est
désormais dispersé. La perte du pouvoir est aussi la perte des
rentes du pouvoir. Il s'agit de penser avec Adam PRZEWORSKI que l'on
résiste à la démocratie parce qu'on ne sait pas ce qu'on
deviendra après. Avec la démocratie, l'épicentre du
pouvoir se déplace des hautes sphères vers la rue. Le corollaire
est l'exigence de "l'accountability"qui embarrasse des acteurs politiques qui
n'ont jamais connu autre chose que la capocratie traditionaliste
transposée au sommet de l'Etat.
La démocratie inspire donc aux acteurs politiques des
stratagèmes de survie. Ainsi l'on voit
des effets « Sister Act » jaillir. Il s'agit
d'après M. SINDJOUN de cette attitude qui consiste pour un homme
politique soucieux de son devenir politique de porter le masque de
démocrate ; selon la tradition des rôles joués et que
schématise ERWIN GAUFMANN. C'est dans cette rubrique que pourrait se
situer l'attitude de M. CAVAYE YEGUIE DJIBRIL, président de
l'Assemblée Nationale Camerounaise qui, le 1er juin 2006
à l'occasion de l'ouverture de la deuxième session de
l'année législative 2006, faisait un vibrant plaidoyer en faveur
du respect des valeurs démocratiques.
DEUXIEME PARTIE :
PROMOTION DE LA DEMOCRATIE AU CAMEROUN ET EXIGENCES SECURITAIRES
AMERICAINES APRES LE 11 SEPTEMBRE 2001
« Le progrès de la liberté
est un élément fondamental de la politique
étrangère des Etats-Unis depuis la création de ce pays
étant donné le caractère du peuple américain, il en
sera toujours ainsi. Mais en plus d'un altruisme sincère, notre
promotion de la liberté peut avoir un autre objectif en tant
qu'élément de la stratégie géopolitique des
Etats-Unis » (Henry HYDE ; Président de la commission des
affaires étrangères à la chambre des représentants
en 2002)
Joseph S. NYE Jr. écrivait de manière
prophétique en 1992 : « le terrorisme, le SIDA, le trafic
de drogues, le réchauffement de la planète et d'autres
problèmes s'imposeront et nécessiteront que les USA participent
en tant que leader à leur résolution » (NYE,
1992 : 214). L'une des solutions qu'il préconisait
déjà était le « pouvoir en douceur »
(soft power). NYE théorisait que la démocratie, mode de
pensée politique qui vise le bien-être de l'individu, peut servir
des intérêts aussi élevés que la
sécurité nationale et la survie de la planète. Le 11
septembre 2001 a permis de tirer les leçons de l'échec d'une
politique étrangère et de ressusciter une théorie vieille
de neuf ans pour assurer la pérennité du leadership
américain. Il s'agit de la naissance d'une ère nouvelle au cours
de laquelle la démocratie se met au service des intérêts
géopolitiques.
La géopolitique est la doctrine qui établit un
rapport entre la politique intérieure d'un Etat, ses
préoccupations et l'espace extérieur. Elle s'interroge sur les
relations entre l'espace géographique et la politique. Terme
forgé en 1899 par Rudolf KJELLEN un suédois, la
géopolitique a pour essence d'étudier les relations qui existent
entre la politique internationale de puissance et les caractéristiques
correspondantes de la géographie. Yves LACOSTE dit : «
la géopolitique prend en compte l'ensemble des préoccupations des
acteurs en présence sur la scène internationale ... elle
s'intéresse aux objectifs de coopération ou de détente
autant qu'à l'usage de la force et au jeu de la ruse »
(LACOSTE, 1993 : 6).
Les objectifs géopolitiques poursuivis par les
Américains au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001
font appel à la démocratie comme instrument dans la ruse
internationale des acteurs. Eu égard à la position
géographique de ces objectifs et des enjeux de la sous région du
Golfe de Guinée, le Cameroun se trouve être, au coeur de la
stratégie et des intérêts américains de
manière plus importante depuis septembre 2001. Cadre territorial
présentant plusieurs atouts mais à parfaire néanmoins, le
Cameroun est présenté pour servir d'épicentre à
l'activité américaine dans le Golfe de Guinée. C'est
l'explication que nous donnons à ce propos du Dr Jendayi FRAZER du 16
février 2006, inaugurant l'ambassade américaine de l'Avenue Rosa
PARKS : « This embassy is a concrete demonstration of the
United States commitment to Africa and Cameroon. As many have noted, an embassy
like this one in Yaoundé shows that we are indeed here to
stay ».Pour parfaire ce cadre stato-national, la démocratie
s'est avérée être un instrument de perfectionnement et
d'installation. Tant il est vrai que l'argent n'aime pas le bruit. Quels sont
donc les éléments qui ont motivé le choix du Cameroun dans
la sous région ? Quel rapport existe-t-il entre la
démocratie au Cameroun et les intérêts américains
à l'intérieur et autour du Cameroun ?
CHAPITRE III : LA
POLITIQUE AMERICAINE DE PROMOTION DE LA DEMOCRATIE AU CAMEROUN :
ENJEUX GEOPOLITIQUES.
La démocratie est un régime des libertés.
Elle libère l'homme du joug de l'autoritarisme, en lui rendant la pleine
jouissance de ses droits. Thème souvent étudié en
politique intérieure, la démocratie s'est transposée sur
la scène internationale en tant que régime politique à
promouvoir. Toutefois, les promoteurs de la démocratie sur la
scène mondiale ont souvent mis en avant la défense des Droits de
l'Homme. Après les attentats du 11 septembre 2001
perpétrés par Al Qaeda sur le sol américain, le constat a
été fait de la nécessité de s'occuper davantage des
peuples pauvres. L'idée est que l'extrême pauvreté fait de
certains pays de terreaux du terrorisme. Eu égard au lien indissociable
que nous avons relevé dans la première partie entre la
démocratie et le développement économique, la promotion de
la démocratie viserait alors le développement des peuples.
Autrement dit, la solution préconisée par l'Administration
américaine pour sortir de l'extrême pauvreté les peuples
qui ipso facto représentent une menace pour elle, est la
démocratie. C'est l'une des fonctions que peut remplir la
démocratie dans un Etat, en plus de pouvoir être effectivement
source d'épanouissement pour les individus. Mais, la démocratie
peut aussi être la meilleure garantie des intérêts
occidentaux dans un pays quelconque. C'est cela l'hypothèse qui rythme
notre analyse. Dire donc que la démocratie telle qu'elle est promue par
les Etats-Unis au Cameroun sert aussi les intérêts
américains, c'est penser qu'au-delà des intérêts
relativement faibles des américains au Cameroun, la démocratie
camerounaise servira aussi les intérêts américains dans les
Etats voisins et pourquoi pas dans toute la sous région. Il s'agit donc
de s'intéresser aux motifs qui font que la démocratie devienne un
argument solide pour la défense des intérêts US, en partant
dans une perspective comparative de l'expérience américaine au
Golfe Arabo-persique.
SECTION I : Du Golfe
Arabo-persique au Golfe de Guinée.
L'intérêt des Etats-Unis pour le
Golfe de Guinée est sans cesse croissant. Il ne date pas uniquement de
l'après 11 septembre 2001 et ce n'est pas le Golfe de Guinée tout
entier qui est intéressant mais, les Etats du Golfe en ce qu'ils ont
avec le Cameroun une proximité stratégique pour les USA.
Si nous avons martelé sans cesse dans la
première partie que la promotion de la démocratie par les USA au
Cameroun ne date pas de 2001, nous disons en revanche que le 11 septembre 2001
a changé les objectifs poursuivis par la promotion de la civilisation
américaine, aujourd'hui elle est un instrument de sauvegarde et de
poursuite des intérêts nationaux américains. C'est ce
virage qui fait la quintessence de cette étude. Une lecture
stratégique de la promotion de la démocratie au Cameroun par les
Etats-Unis impose l'examen des causes. Les causes se trouvent dans les
évènements du 11 septembre 2001.
A) Les leçons du 11
septembre 2001.
Il faut dire d'emblée que ce n'est pas le triste
événement du 11 septembre 2001 qui captive l'attention mais
au-delà du cynisme largement déploré par le monde entier,
il s'agit de voir ce que ce jour a changé car en réalité,
nul ne peut comprendre la politique américaine au Cameroun depuis cette
triste année sans aller chercher les éléments qui ont
rendu incertaine la présence américaine dans le Golfe
Arabo-persique. Tout porte effectivement à croire que la présence
américaine dans cette région est devenue indésirable.
1- Les Etats-Unis dans le
Golfe persique : Les signes de la rupture.
En juillet 2002, les experts du pentagone dans un rapport
rendu à M. Donald RUMSFELD qualifiaient RYAD de « noyau du
mal », le premier moteur, le principal opposant des USA au
Moyen-Orient ». En fait, les experts des agences gouvernementales et
des cellules antiterroristes s'étant penchés sur l'Arabie
Saoudite ont fait des découvertes froissantes pour un allié de
toujours. Des 19 pirates de l'air qui ont attaqué des Etats-Unis le 11
septembre, 15 étaient saoudiens. Le Council for Foreign Relations (CFR)
soutient que la dynastie Fahd finance le terrorisme. Et trois princes de la
famille Wahhabite sont accusés de soutenir Al QAEDA.. Il s'agit entre
autres éléments des signes de l'essoufflement d'une longue
amitié entre les USA et l'Arabie Saoudite.
En 1945, Franklin Delano ROOSEVELT alors président des
Etats-Unis d'Amérique, a signé avec le roi IBN SEOUD une alliance
à bord du QUINCY. En effet, alors qu'il revenait de la conférence
de YALTA, le président ROOSEVELT rencontra le souverain Saoudien au
large des côtes Egyptiennes, à bord du croiseur QUINCY. Avec lui,
il signa une alliance qui assurait au Royaume Saoudien le Parapluie
américain car les USA considérait désormais ce pays comme
d'un « intérêt vital » pour eux et
s'engageaient ainsi à assurer sa stabilité. Il faut dire que cet
intérêt vital que signalaient déjà les USA
était lié au pétrole abondant sous le sol saoudien ;
Riyad s'engageait d'ailleurs par cette alliance à assurer les
approvisionnements en pétrole des Etats-Unis. A cette époque, la
recherche des alliés énergétiques et stratégiques
primait sur la promotion de la démocratie. C'est ainsi que les USA
fermèrent les yeux pendant longtemps sur la réalité
sociale de cet allié. Il a fallu attendre le constat de l'implication de
la dynastie FAHD dans les attentats du 11 septembre pour signifier à
l'Arabie Saoudite que la lapidation et l'assujettissement de la femme sont des
pratiques contraires aux Droits de l'Homme. L'alliance entre les deux pays
montre donc les signes de son essoufflement de manière plus probante
lorsqu'au moment d'attaquer l'IRAK de Saddam HUSSEIN en 2003, l'Arabie Saoudite
refuse que les USA utilisent ses bases militaires pour l'invasion
iraquienne.
Il faut relever que l'une des erreurs commises pendant
longtemps par les USA dans le Golfe persique est d'avoir fait le pari de leur
pérennité dans la région sur la bonne entente qu'ils
auraient avec les leaders. Politique paradoxale pour un Etat défenseur
de la démocratie que de ne pas prendre en considération les
aspirations du peuple. En effet, comme le dit SHERLE SCHWERNINGER de la New
America Fondation : « L'essence même de la politique
américaine au cours des trois dernières décennies a
été contraire à la démocratie et à
l'autodétermination du monde arabe »(ACHCAR 2005 : 35).
C'est qu'en effet, l'Administration américaine s'est appuyée sur
des tyrans pour assurer son approvisionnement en pétrole moyen oriental.
Qu'il s'agisse de l'Arabie Saoudite, de l'IRAK des années 1980, de
l'Egypte de HOSNI MOUBARAK ou de la Jordanie de ABDALLAH, ce sont des
régimes où les Droits de l'Homme sont bafoués de
manière flagrante. C'est peut être parce qu'il l'a compris que le
Président Bush, à la veille de l'invasion de l'IRAK,
déclarait devant l'American Entreprise Institute (AEI) le 26
février 2003 qu'il avait l'intention de répandre les
« valeurs démocratiques » au Moyen-orient.
L'objectif d'un tel virage dans la politique moyen orientale de
l'Administration américaine serait alors de combler la facture entre les
souverains et leurs peuples et partant, exorciser les pauvres arabes des
intentions terroristes. Cette ingérence démocratique ne
plaît pas à ces souverains qui sont coulés dans le moule de
l'autoritarisme au nom d'un Islam mal contextualisé. Ceci pourrait
justifier que certains souverains du monde arabe soient des soutiens solides du
terrorisme dans le but de bouter hors de la « Terre
sainte » de l'Islam les américains.
De toute façon, quelle que soit la cause, les
Etats-Unis ne sont plus les bienvenus dans le Golfe persique. Le bourbier
Irakien le prouve à suffisance, les attentats de Hamman et de Ryad sur
les intérêts américains en 2005 et 2006 s'ajoutent
à la liste très longue des signes de la fin d'une
époque.
En même temps, le Golfe de Guinée émerge
comme pivot énergétique intéressant, une zone
d' « intérêt vital » de substitution.
Il faut dire avant de se pencher sur l'importance du Golfe de
Guinée dans la recherche des pivots énergétiques
alternatifs que les experts américains sont rendus à
l'évidence que continuer de compter sur le seul Moyen-Orient pour les
besoins pétroliers des USA c'est aller vers une crise
énergétique. Interrogé par KEN SILVERSTEN en avril 2006.
M. JIM MUSSELMANN Directeur de TRITON disait: « What makes
Equatorial Guinea specially important today is political turmoil in the Persian
Gulf and other regions from which the US imports petroleum... there is plenty
of instability in the world and the more diverse supplies of oil we have, the
better off things are ». En effet, le sabotage des installations
pétrolières, les attaques terroristes contre les
intérêts américains, la nécessité d'une
présence militaire massive et efficace pour sauvegarder les
intérêts américains au Moyen-orient avec comme corrolaire
d'énormes budgets militaires, voilà autant
d'éléments qui favorisent la croissance de l'intérêt
US pour le Golfe de Guinée.
Pour les Etats-Unis, investis dans la recherche des pivots
énergétiques alternatifs, nourris par le désir de garder
leur leadership sur le monde par le contrôle des pivots
stratégiques, le Golfe de Guinée est devenu d'un
« intérêt vital » .Dès janvier 2002,
the African Oil Policy Initiative Group (AOPIG) a crée une commission du
Golfe de Guinée. Cette décision faisait suite aux appels des
autorités américaines qui comme WALTER KANSTEINER reconnaissent
l'intérêt vital du Golfe de Guinée pour les USA. Il ne
s'agit pas pour nous de revenir sur l'importance de cette sous-region sous le
seul angle de ses ressources minérales. Comme on le verra plus loin,
elle correspond aux objectifs que l'Administration américaine s'est
fixés après septembre 2001 pour l'Afrique noire.
L'émergence du Golfe de Guinée comme pivot
important dans la géostratégie des USA ne se justifie pas
seulement par son importance prouvée en tant que réserve
pétrolifère. Pour le comprendre et surtout voir comment il
devient vital pour les USA il faut savoir quels sont les objectifs que
l'Administration américaine s'est fixés pour l'Afrique noire
après septembre 2001.
2- Les objectifs de la
politique africaine des Etats-Unis après le 11 septembre.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont modifié aussi
bien la politique intérieure que celle étrangère des
Etats-Unis. La naissance des nouvelles exigences entraînait la recherche
des solutions et l'usage des alliés anciens et nouveaux pour assurer la
sécurité nationale U.S. «Se faire battre est pardonnable
mais se faire surprendre est inexcusable » avait coutume de dire
Napoléon. Les USA se sont laissés surprendre en 2001. Pour
éviter que se répète cette expérience douloureuse,
le président George Walker BUSH s'est fixé trois (o3)
objectifs : Guerre préventive contre les puissances hostiles
fabricant des armes de destruction massive, acquisition de nouvelles
réserves de pétrole destinées à répondre
à la hausse de la demande intérieure américaine pour les
25 prochaines années, lutte contre le terrorisme international
(HARBULOT, 2003 : 70).
Ces objectifs que l'Administration américaine affiche,
ont des adaptations selon les sous régions ; la matrice demeurant
la quête de l'intérêt national, la lutte contre les menaces
transnationales et promotion de la démocratie. Même si nous
pensons qu'il n'y a pas de différence entre ces trois objectifs puisque
la promotion de la démocratie sert les autres objectifs.
Qu'il nous soit permis de relever la ruse qui consiste
à définir une politique étrangère pour la poursuite
des intérêts américains, politique répondant
à l'exigence de l'heure mais de la nuancer quand il s'agit de son
orientation africaine afin qu'elle paraisse comme une panacée face aux
problèmes africains. Les trois objectifs déclarés du
président BUSH plantent le cadre de ce que sera désormais la
priorité américaine dans ses relations avec les autres Etats.
Pourtant, l'observation des objectifs de la politique africaine laisse penser
que le réalisme des Etats a cédé la place à
l'humanisme. Cela est d'autant plus spécieux que sur la scène
internationale, tous les Etats sont constamment en quête de leurs
intérêts. Et les intérêts américains dans la
sous-region du Golfe de Guinée dont fait partie le Cameroun sont
très importants. C'est pourquoi, nous avons l'impression que la
promotion de la démocratie au Cameroun en tant qu'objectif de la
politique africaine U.S est au service des intérêts
américains. Il convient auparavant, de se pencher sur la nature de ces
intérêts.
B) Les
intérêts américains à l'intérieur et autour
du Cameroun.
Devant la commission sénatoriale en charge des affaires
étrangères, son Excellence M. Robert NIELS MARQUARDT soulignait
le 15 juin 2004 l'importance des intérêts U.S. dans la sous-region
du Golfe de Guinée en général et tout
particulièrement au Cameroun et en Guinée Equatoriale. Il disait
de ces deux pays: « We have important interest in these two
countries, to protect and to advance. These include but are not limited to:
promoting democracy, respect for Human Rights and the rule of law; ensuring our
energy security, fighting the war on terror, protecting American citizens and
their property and investment, advancing American trade and investment interest
...»(usinfostate.gov visité le 14-09-06) . L'on serait tenté
de penser que ces intérêts sont exclusifs au Cameroun et à
la Guinée Equatoriale dont il est désormais l'ambassadeur
après avoir été confirmé suite à ces
« hearings ». Mais, lorsque l'on analyse le propos de la
sous-secrétaire Jendayi E. FRAZER, l'on réalise que le Cameroun
est en fait un « anchor state » (Etat-pivot). En effet,
lors de l'inauguration de l'US Embassy à Yaoundé le 16
février 2006, elle disait: « in addition to Our visible
commitment to having a presence in Africa, we are evaluating how and where,
deploy US diplomats: Cameroon is a central
destination ». Dans la recherche du lien qui existerait
entre les intérêts américains au Cameroun et dans les Etats
voisins et la promotion de la démocratie au Cameroun, il convient tout
d'abord de faire une présentation desdits intérêts.
Cependant, les intérêts US dans cet espace sont tellement grands,
nombreux et croissants que nous ne pouvons pas avoir l'illusion de
l'exhaustivité. Ainsi, qu'il ne nous soit pas tenu rigueur pour ne pas
avoir mentionné un intérêt, tant il est vrai que plus il y
en aura, mieux cela justifiera la promotion de la démocratie au Cameroun
pour les sécuriser.
1-
Prépondérance des intérêts
pétroliers.
M. Mathias OWONA NGUINI (2005 :8) citant Lorenzo BELLAMY,
Directeur de chevron Texaco en Angola, rapportait que le pétrole
constitue le « moteur premier » des intérêts
américains dans le Golfe de Guinée. Il faut comprendre que dans
la recherche de pivots pétroliers alternatifs, l'Afrique constitue un
espace très alléchant. L'Afrique détient 30% des
réserves minérales du monde, elle produit 3,8 millions de barils
de pétrole par jour ce qui en 4 ans devrait passer à 6,6 millions
par jour (BONIFACE, 2004 : 385) .Ces réserves énormes de
l'Afrique noire se concentrent pour la grande majorité dans des Etats
situés tout autour du Cameroun. Le Golfe de Guinée,
sous-région dans laquelle le Cameroun occupe une place centrale et
importante est devenu un eldorado pétrolier. En 2000, le Golfe
produisait 48 % du Pétrole africain et en 2003 ce chiffre est
monté à 54 % soit 3,8 millions de barils par jour et une
estimation de 7 millions de barils par jour en 2008 (LESTRANGE et alii ;
2005) .Cependant, notre intérêt va particulièrement vers
les pays du Golfe de Guinée qui ont des frontières communes avec
le Cameroun.
Le Nigeria est le premier Producteur du Continent avec 98
millions de tonnes en 2002 soit 3% de la production mondiale. En 2004, les
Etats-Unis tirent 6,3 % de leur brut du Nigeria plus qu'en IRAK où les
même USA tirent 4,9 %. Onzième producteur mondial en avril 2005,
le Nigeria fournissait 9 % des importations US en 2003 (KOUNOU, 2006 :
40-42). Sur les deux dernières décennies dit Michael WATTS, le
Nigéria a fourni 11 % du pétrole aux Etats-Unis. (WATTS,
2004 :127)
La Guinée Equatoriale, le « Kuwait of
Africa » Comme la qualifient les stratèges américains
à l'instar de Ken SILVERSTEIN est un producteur prometteur.
« Les Etats-Unis y ont trouvé 500 millions de barils pouvant
aller jusqu'à un milliard et voir plus » assure M. JIM
MUSSELMANN, Directeur de Triton Energy à SILVERSTEIN. Troisième
producteur africain après le Nigeria et l'Angola avec 500 000 barils par
jour, la Guinée Equatoriale vend 2/3 de son pétrole aux USA
(SILVERSTEIN, 2006).
Le Gabon et le Congo Brazzaville sont également des
producteurs intéressants de pétrole avec respectivement 302.000
de barils par jour et 280.000 de barils par jour (KOUNOU, op. cit. :
44-45).
Le Tchad est le plus récent producteur. En effet,
à la faveur du pipe-line qui le relié à la côte
atlantique via le Cameroun, le Tchad est producteur et exportateur de
pétrole depuis le 15 juillet 2003. Le pipe-line tchadien évacue
225 000 barils par jour soit la totalité de la production
journalière (BONIFACE, 2004 : 390, KOUNOU, op. cit. 46-47).
Le Cameroun qui était caractérisé par
l'opacité dans la gestion des revenus pétroliers pendant des
décennies, est également producteur de pétrole. Il est
même le neuvième producteur subsaharien. En 2003 il a produit 36
millions de barils et 32,9 millions en 2004 (KOUNOU, op. cit. 48)
Tableau 9 :
Production pétrolière du Cameroun et ses voisins depuis 2001 (en
millions de tonnes).
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005(millions de barils/jour)
|
Cameroun
|
10
|
3,7
|
35,6
|
32,9
|
0,08
|
Nigeria
|
107,8
|
98,6
|
104,4
|
116
|
1,6
|
Congo
|
20
|
11,8
|
11,2
|
11,3
|
0,26
|
Tchad
|
/
|
/
|
10
|
10
|
0,22
|
Gabon
|
50
|
30
|
26
|
22
|
0,26
|
Guinée Equatoriale
|
25
|
11,5
|
13,5
|
17,4
|
0,42
|
Source: KOUNOU Michel, 2006.
Tableau 10 :
Production et exportation du Cameroun et ses voisins en
barils/jours
Etat
|
Production
|
Exportation par jour par barils
|
Cameroun
|
84.820
|
69.080
|
Tchad
|
225.000
|
225.000
|
Congo
|
280.000
|
275. 000
|
Gabon
|
302.000
|
283.000
|
Guinée Equatoriale
|
350.000
|
180.000
|
Nigeria
|
2240.000
|
1.900.00
|
Source: US Energy Information Department.2006.
Toutefois, au-delà des chiffres et des pourcentages,
l'ambition est de démontrer que cette production
pétrolière qui se concentre autour du Cameroun est un
marché important pour les Etats-Unis. D'après le National
Intelligence Council, 15% du pétrole américain vient de l'Afrique
de l'Ouest (Nigeria, Angola, Congo Brazzaville, Gabon, Cameroun, Guinée
Equatoriale). De tous ces Etats, seul l'Angola n'est pas directement lié
au Cameroun par des frontières terrestres. Ce pourcentage de 15% est
presque le même que celui que représente la production Saoudienne
d'après les experts du N.I.C. cette exportation doit passer de 20 % dans
5 ans à 25 % en 2015.
Tableau 11 :
destinations prioritaires du pétrole camerounais et ses
voisins
Etats producteurs
|
Etats clients
|
Nigeria
|
USA, GB, France ...
|
Guinée Equatoriale
|
USA, Malaisie, GB,
|
Gabon
|
France, USA,
|
Congo Brazzaville
|
USA, France, GB
|
Tchad
|
USA, GB
|
Cameroun
|
USA, GB, France
|
Source : KOUNOU Michel, 2006 : 55
D'après le tableau ci-dessus, seul le Gabon exporte
son pétrole en priorité vers la France mais les USA sont son
deuxième client. De manière précise donc il apparaît
que le pétrole des Etats du Golfe de Guinée et Plus
précisément du Cameroun et de ses voisins représente un
intérêt névralgique pour les Etats-Unis. Ce d'autant plus
que les réserves y sont importantes et permettront d'atteindre les 25 %
de ravitaillement en pétrole qu'escomptent les Etats-Unis en provenance
de l'Afrique.
Tableau 12 :
Réserves pétrolières du Cameroun et de ses voisins en 2005
en milliards de tonnes).
Cameroun
|
0,4
|
Nigeria
|
35.2
|
Tchad
|
1.0
|
Congo
|
1.5
|
Gabon
|
2.5
|
Guinée Equatoriale
|
0.5
|
Source : KOUNOU Michel, 2006 : 55
L'intérêt américain pour le pétrole
en provenance de ce coin de l'Afrique est démultiplié par un
certain nombre d'avantages. En effet, le pétrole de cette zone est en
majorité off-Shore et s'exploite donc à l'abri des crises
intérieures des Etats. De plus , cette région est située
à mi-chemin entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient ; cela
réduit le coût du transport et la distance. C'est par ailleurs un
pétrole de très bonne qualité qui convient aux raffineries
américaines. Mais, les intérêts américains ne se
résument pas au seul pétrole, il y a aussi d'autres
intérêts qui sont d'ordre stratégiques, sécuritaires
et commerciaux. D'autre part, il convient de préciser que les
intérêts énergétiques américains ne sont pas
uniquement pétroliers. Nous avons volontairement minoré les
autres sources d'énergie car l'ambition est de montrer tout simplement
que les intérêts US sont importants au Cameroun et alentour de
celui-ci au point qu'il mérite pour leur préservation que le
Cameroun soit démocratique. Autrement dit, tout autre
intérêt que nous aurons minoré ne fera que renforcer cette
hypothèse.
2- Survol des autres
intérêts américains à l'intérieur et autour
du Cameroun.
Les intérêts américains autres que les
intérêts pétroliers peuvent être de plusieurs
natures. Toutefois dans la logique visant à démontrer que la
politique américaine de promotion de la démocratie vise aussi la
préservation et la maximisation des intérêts
américains, nous allons examiner les intérêts
stratégico-militaires. Ceci est fondé sur l'examen des
intérêts commerciaux opéré dans le cadre de l'AGOA
évoqué dans la première partie. Autrement dit, nous ne
reviendrons pas profondément sur les intérêts commerciaux
pour y avoir largement fait allusion en évoquant l'AGOA. Par ailleurs,
le pétrole rentre aussi dans les rapports commerciaux avec les USA.
Toutefois, il convient d'observer certains chiffres qui peuvent donner un
aperçu de l'intérêt commercial, en terme des
échanges et des investissements.
En 2004, les Etats-Unis ont importé d'Afrique noire
à hauteur de 35,9 milliards de dollars repartis comme suit :
Tableau 13 :
Importations US d'Afrique noire en 2004.
|
|
|
Produits importés d'Afrique en 2004
|
Afrique du sud
|
16,6 %
|
|
Pétrole
|
72 %
|
Angola
|
12,6 %
|
|
Diamants
|
2,5 %
|
Gabon
|
6,9 %
|
|
Fer
|
1,5 %
|
Guinée Equatorial
|
3,3 %
|
|
Platine
|
5 %
|
Tchad
|
2,1 %
|
|
Textiles
|
5 %
|
Nigeria
|
45,3 %
|
|
Cacao
|
1 %
|
|
|
|
Véhicules
|
1 %
|
|
|
|
Autres
|
12 %
|
Source : JAI N° 2319 du 19.25 juin 2005.
Il se trouve donc au vue des chiffres qui
précèdent que les USA ont importé des pays riverains du
Cameroun 59,4 % en 2004. En 2003 ils ont investi 11,5 milliards de dollars en
Afrique soit 48 % dans le Golfe de Guinée.
L'importance stratégico-sécuritaire du Cameroun
est nourrie par la pensée que « qui tient le Golf de
Guinée tient l'Afrique » car qui tient le Cameroun tient le
Golfe de Guinée. Le Cameroun est plus que jamais important dans la lutte
contre le terrorisme. En tant que « menace transnationale »
le terrorisme est combattu désormais là où il germe. C'est
pourquoi la mainmise américaine dans la région est
nécessaire pour contrôler l'évolution du terrorisme
sahélien vers le sud et juguler sa progression. Le Cameroun sera ainsi
une base arrière au Sud du Sahel dans le cadre de l'opération
« PANSAHEL ». D'autre part le Nigeria qui est une menace de
par son environnement favorable au terrorisme et au trafic des drogues doit
être surveillé de près. Le 30 avril 2001, un rapport du
Département d'Etat américain sur le terrorisme dans le monde
donnait l'alarme sur les activités terroristes au Nigeria. Il y
apparaît un élément important le 20 avril 2006. En effet,
à cette date une première voiture piégée explosait
à PORT HARCOURT faisant deux morts et six blessés devant une
caserne militaire. Cet attentat revendiqué par le Mouvement
d'Emancipation du Delta du Niger (MEDN) révélait l'usage des
méthodes terroristes du Moyen-Orient contre les étrangers
occidentaux. Ceci fait grandir l'intérêt stratégique du
Cameroun pour les Etats-Unis car, le Nigeria abrite d'énormes
intérêts américains.
De plus, la construction du pipe-line reliant DOBA à
Kribi à rendu le Cameroun plus important stratégiquement. Le
Tchad ainsi ouvert à la mer est voisin du Soudan et du Niger qui sont de
plus en plus importants de par leurs ressources. La possibilité de
relier le Cameroun à d'autres alliés américains tels que
le Niger, la RCA, le Soudan et la Libye est de plus en plus
évoquée (AWOUMOU, 2005). Le Cameroun deviendrait si l'extension
du pipe-line ainsi envisagée est faite, le point de chute du
pétrole américain en provenance de plusieurs pays.
L'intérêt stratégique du Cameroun dans la politique
énergétique des USA serait ainsi décuplé. Il faut
préciser que depuis les crises en RCA consécutives au
renversement de Ange Félix PATASSE, les Etats-Unis exercent leurs
activités diplomatiques dans ce pays depuis le Cameroun ; Par
ailleurs, l'ambassadeur US à Yaoundé est également
l'ambassadeur US en Guinée Equatoriale avec résidence à
Yaoundé.
Le Cameroun par élection naturelle se trouve donc au
centre des intérêts multiples pour les USA. Le « soft
power » démocratique s'avère être la
première stratégie pour préserver les biens et
ressortissants américains. Mais si le climat socio-politique vient
à se détériorer, le « hard power »
militaire devra intervenir. Les visites de hauts cadres militaires au Cameroun
depuis septembre 2001 laissent penser qu'il y a un intérêt
sécuritaire US au Cameroun. En janvier 2002 se tint au Washington's TONY
UNIVERSITY CLUB une réunion sur le pétrole africain et la
sécurité. Au cours de ladite réunion, le Lieutenant
colonel KAREN KWIATKOWSKI de l'US Air Force attaché au
Sécretariat à la défense disait : « The US
need to step up military training for African oil producer so that those
countries can secure their property, their investment and our investment
(thenation.com) ».Paul WITBEY du Washington Institute for Advanced
Strategic and Political Studies proposait devant le congrès en 2001 que
compte tenu de l'intérêt vital de l'Afrique de l'Ouest pour le
USA, il fallait créer une « South Atlantic Military
Command » pour permettre à l'US Navy et aux forces
armées de défendre les intérêts US et alliés
en Afrique.
De toute évidence, le Cameroun joue un rôle
important dans les enjeux sécuritaires US en Afrique. Le samedi 21
févier 2004, le P.M Peter MAFANY MUSONGUE a reçu en audience le
général James L. JONES, commandant des forces alliées en
Europe et commandant des forces américaines en Europe. Il était
en tournée dans certains pays africains à la recherche de
« nouvelle solidarités en vue de protéger la
démocratie, la paix et la liberté »
(Cameroun Tribune n° 8039/4328 du lundi 23
février 2004). Lors de cette visite qu'il a qualifié de
« visite de courtoisie », il était accompagné
d'une demi-douzaine de militaires et de son Excellence George MCDADE STAPLES
ambassadeur US au Cameroun. La même année, le Président de
la République a reçu en audience le Général
Carlton FULFORD JR, Directeur du centre d'études stratégiques de
l'Afrique basé à Washington D.C.
Dans la même lignée, le PM Chief INONI Ephrem a
reçu en audience le 19 mars 2006 M. JAMES HINOF. Ce dernier est le
n° 2 de la commission des forces armées du SENAT. Il était
au Cameroun pour la deuxième fois en quelques mois car en octobre 2005
il y était déjà. Ses visites s'inscrivent dans le cadre du
projet de création d'une brigade en Afrique centrale dont le
siège reste à déterminer. Mais d'après un
général des forces armées Camerounaises, le Cameroun
devrait abriter une base militaire américaine. S'agit-il de cette
brigade ? Ces visites des hauts cadres militaires parmi tant d'autres
depuis 2001 au Cameroun illustrent l'intérêt du Cameroun dans la
stratégie sécuritaire des USA en Afrique. Faut-il rappeler
l'importance stratégique du Golfe de Guinée qui comme la corne de
l'Afrique est un point d'entrée important en Afrique.
En minorant les logiques de rivalité entre les pays
étrangers pour la conquête des ressources du Golfe de
Guinée, il apparaît que le Cameroun est au coeur des
intérêts commerciaux, énergétiques et
sécuritaires des USA dans le Golfe de Guinée. Eu égard
à ces intérêts multiples et importants, il convient de se
pencher sur la démocratie en ce qu'elle peut servir ces divers
intérêts.
SECTION II : Du
réalisme démocratique ou la démocratie locale au service
des intérêts étrangers : élection du cadre
stato-natinal.
Le Cameroun comme théâtre de déploiement
prioritaire de la promotion démocratique n'exclut pas que les pays
voisins soient aussi dans le collimateur de l'Administration américaine.
Pourquoi le Nigeria qui abrite beaucoup d'intérêts
américains et qui était pressenti avant le 11 septembre 2001 pour
être un « anchor- state » ne reçoit-il pas
autant d'attention démocratique ? Qu'est-ce qui fait du Cameroun un
partenaire de rêve de la politique américaine dans le Golfe de
Guinée ? Nous allons examiner certains éléments qui
permettent de penser que le choix du cadre stato-national Camerounais est en
soi stratégique.
A) Les facteurs
exogènes du choix du Cameroun.
Au Moyen-Orient, l'Arabie Saoudite sert de base
stratégique pour les Etats-Unis depuis 1945 avec le traité du
QUINCY. De cette base ils ont pu déployer leur suprématie dans la
région en écartant des puissances rivales, en ayant la mainmise
sur les ressources, en ayant le contrôle sur un point géopolitique
important. A l'heure où le Golfe de Guinée prend une importance
multiforme dans la géopolitique des hydrocarbures et de par son
importance dans l'échiquier géostratégique, chercher
à y implanter sa suprématie exige une présence importante
et permanente. L'on se serait attendu à voir le Nigeria ou un autre pays
du Golfe constituer la base américaine dans la sous-region. Mais au
regard de faits et à en croire les déclarations officielles,
c'est le Cameroun qui sera l' « Arabie Saoudite » du
Golfe de Guinée de même que la Guinée Equatoriale
représente pour les experts américains le «
Koweït de l'Afrique ». Le Nigeria serait-il alors
l'IRAK ?
1 - La question
nigériane.
« Nation à polarisations
variables » (Nicolas, 1987) le Nigeria qui abrite plusieurs
intérêts U.S et qui présente l'avantage linguistique de
l'anglais le rapprochant davantage des Etats-Unis a malheureusement plusieurs
facteurs internes qui le discréditent face aux Etats-Unis. Les plus
importants sont ceux qui menacent la stabilité interne de façon
permanente et ceux qui constituent une menace pour les intérêts
étrangers.
a) Les multiples lignes de
fractures internes.
Le Nigeria est une fédération de 30 Etats avec
en 2005,123 millions d'habitants ; ce sont plus de 250 groupes ethniques
tels que 32 % Haoussa/peul, 21,3 % Yoruba, 13 % Ibo, 5,6 % Ibiobio etc ... 50 %
musulmans, 40 % chrétiens, 10 % cultes ancestraux. (BALANCIE et alii,
2005 : 145). C'est un pays qui a pourtant une société civile
plus dynamique que le Cameroun, avec une élite bien formée et
disposant de grandes ressources énergétiques. Mais, un pays qui
constitue une menace pour lui-même. Les menaces de fracture sont aussi
bien ethniques, confessionnelles, régionales que politiques.
Depuis 1960 ; le Nigeria a connu 6 constitutions, 6
découpages administratifs, une alternance de régimes civils et
militaires. Le Nigeria représente un « paradis de coups
d'Etat » en Afrique avec au moins une demi-douzaine depuis
l'indépendance. L'armée est omniprésente et
omnipotente.
Les menaces régionales se sont
concrétisées dans l'histoire par des révoltes sanglantes
mettant le pays au bord de l'explosion. Si l'étendue territoriale peut
être un facteur du développement, au Nigeria elle
représente une menace du fait de l'inégale répartition des
ressources pétrolières et des rentes émanant de
l'exploitation des richesses du pays. Les Etats du Delta du Niger qui abritent
la majorité de la production pétrolière sont les plus
pauvres du pays. Ils constituent ipso facto une alliance sud-sud des
Etats producteurs de pétrole contre les principaux groupes ethniques du
Nigeria. En réalité le pays est dirigé par les
« Big-three » (haoussa -Peuls du Nord, les Yoruba du
Sud-Ouest et les IBO du Sud-Est). Entre 1960 et 1964 il y eut la révolte
des TIV du Middle Belt, en 1966 l'insurrection des IJAW du Delta du Niger et de
mars 1967 à janvier 1970 la sécession sanglante du BIAFRA qui fit
plus d'un million de victimes. Les tensions régionales ont conduit par
ailleurs à la pendaison en novembre 1995 de Ken SARO WIWA et de neuf
autres dirigeants OGONI. (WATTS 1998 : 125)
Le Nigeria abrite un prosélytisme panislamique
animé par des groupes radicaux financés par les pays du Golfe
Arabo-persique. Ceux-ci conscients de ce que les intérêts US sont
croissants au Nigeria, ont entrepris de susciter de l'antiaméricanisme
local. D'autre part, une vague de «nouvelle
évangélisation » monte dans le pays (BALANCIE et alii,
1996 : 309). Ces deux extrémismes de foi entraînent des
flambées régulières de violence ; Ce qui
perpétue un climat de tensions religieuses et ethniques. Entre 2001 et
2006 ; l'on a vu des assassinats confessionnels au Nigeria en même
temps que des actes de vandalisme au nom d'un « dieu »
polymorphe.
b) Le Nigeria : abri
des menaces transnationales.
En plus du taux élevé de prévalence du
VIH/SIDA, soit environ 18 % de la population d'après ONUSIDA, les
menaces transnationales qui retiendront notre attention sont : Le
terrorisme et le trafic de drogues.
L'économie nigériane est criminalisée
à cause du trafic de drogue. Les militaires et dignitaires du
régime sont englués dans le trafic de drogue ce qui fait dire
à BALANCIE (2005 : 165) que le Nigeria est une «
Narcrocratie ». Il existerait au Nigeria plusieurs cartels puissants
en connexion avec les Latino-américains. Le Nigeria serait une plaque
tournante vers l'Europe et l'Asie, des drogues en provenance de
l'Amérique latine.
Un rapport du Département d'Etat US sur le terrorisme
dans le monde, daté du 30 avril 2001 tirait l'alarme sur le
développement du terrorisme au Nigeria. Un an avant le 11 septembre
2001, le même Département d'Etat dans son encyclopédie
annuelle du « Terrorisme global » identifiait le Delta du
Niger comme l'un des terreaux les plus fertiles du terrorisme. La CIA a
corroboré cette thèse en parlant du Delta du Niger comme d'une
enclave terroriste dans la « pétroviolence » (WATTS,
1998 : 125) .En effet, dans la revendication des rentes
pétrolières, des mouvements de revendication ont surgi. Le plus
fameux est le Mouvement d'Emancipation du Delta du Niger (MEDN). Il
procède par des Kidnappings de travailleurs occidentaux. D'avril
à juillet 2000, 300 personnes ont été enlevées soit
54 ressortissants étrangers. Le 31 juillet 2000 des jeunes armés
ont attaqué des forages dans la région du Delta du Niger et ont
pris en otage 165 personnes dont 7 américains et 5 britanniques. Ceux-ci
seront relâchés sains et saufs de 05 août 2000(ABA,
2001 : 622). L'année 2006 à été
particulièrement très agitée dans le Delta pour les
Compagnies pétrolières. 20 avril ; explosion d'une voiture
piégée à port Harcourt, 25 avril EXXON-MOBIL évacue
son personnel non essentiel du Delta du Niger, 29 avril seconde voiture
piégée à WARI, 11mai trois ressortissants européens
pris en otage, début août une dizaine d'occidentaux pris en otage,
le 7 octobre une autre prise d'otage, et le 13 novembre vol des bateaux de
certaines compagnies. La même année, la production
nigériane a baissé d'un quart ceci étant la
conséquence de la montée des actes de terrorisme dans le Delta du
Niger.
2 - Cartes postales des
autres Etats riverains du cameroun.
Le Tchad avec une superficie de 1 .284. 000 km2 et
environ 10 millions d'habitants a le malheur de ne pas avoir accès
à la mer. Avec le pipe-line qui le relie au Cameroun, il constitue
désormais pour les Américains un continuum du Cameroun. Lors de
la cérémonie d'inauguration du pipe-line à Kribi en
juillet 2003, le Président BIYA disait : « Ce qui
est bien pour le Tchad est bon pour le Cameroun et vice-versa». En
effet, le Tchad est lié au Cameroun par des liens
historico-sociologiques et par «une complémentarité
géographique et économique gérée par un cadre
institutionnel multiforme » (NTUDA EBODE, 2005 : 34). Etablir
une base au Tchad, c'est se priver de l'ouverture sur la mer or le Cameroun de
par son rapport avec le Tchad lui procure cette ouverture. Il s'agit pour nous
de penser que par les liens naturels et de diverses autres natures entre les
deux pays, il est inutile pour les Américains de s'établir au
Tchad alors que les intérêts US dans ce pays seront bien
préservés depuis le Cameroun. D'autre part l'instabilité
politique du Tchad et les velléités sécessionnistes
nourries par l'appétit aiguisé par les gains du pétrole
font craindre des problèmes. En effet, après la crise qui a
opposé en 2005 le gouvernement tchadien et la Banque Mondiale au sujet
de la gestion des revenus pétroliers, crise qui a refroidi les relations
entre Washington et N'Djamena, il s'en est suivi une instabilité
politique. Le 20 mars 2006, de violents combats ont éclaté entre
l'armée régulière et les rebelles du SCUD. Ce,
après que quelque mois plutôt M. Idriss DEBY ITNO ait
modifié la constitution pour être candidat à sa propre
succession. En plus de cette instabilité qui plane au-dessus du pays
comme une épée de DAMOCLES, il se trouve que le Tchad est un pays
pauvre, sous alphabétisé et très désertique. Avec
un PIB de 7 % dans la CEMAC en 2002 et 53,6 % de la population
alphabétisée, le Tchad a 0,9 % de sa population seulement
diplômée du supérieur d'après l'UNESCO. Même
si le pipe-line va booster l'économie tchadienne en y injectant entre
2003 et 2008 80 millions de dollars par an, le Tchad demeure un pays pauvre,
très pauvre où il s'avérerait plus difficile pour les
Américains d'implanter une démocratie développée
économiquement.
La République centrafricaine souffre
précisément des mêmes maux que le Tchad, en plus
d'être un pays sans pétrole jusque-là, la RCA est
lié au Cameroun par la mer. Avec ses 622 984 km2 , elle
est un pays politiquement instable et qui a une certaine tradition de coups
d'Etat tout comme le Tchad d'ailleurs. Le plus récent trouble politique
date de début novembre 2006 avec l'attaque des rebelles depuis l'Est.
Cette attaque a conduit des avions français à intervenir le 31
novembre 2006 en tirant sur les positions des rebelles. Ceux-ci exigent
l'organisation d'une conférence nationale souveraine. Elle a une dette
extérieure élevée et un PIB de 4% dans la CEMAC en 2002.
53,9 % de la population est alphabétisée,
De la population alphabétisée, seulement 1,9%
est diplômée du supérieur. D'après la Banque
Mondiale, le PIB de la RCA en 2003 était de 1.198 millions de dollars
U.S. Sa survie dépend à près de 40% du Cameroun
d'où elle importe beaucoup de produits et celui-ci est son passage
obligé vers la mer.
Le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Congo qui sont
les voisins méridionaux du Cameroun, même s'ils ont l'accès
à la mer, ont un certain nombre de handicaps qui les condamnent à
ne pas être la base sous-régionale. Ces trois pays sont un peu en
périphérie par rapport aux intérêts
américains du nord de la région. De toute évidence,
certains facteurs militent en defaveur de l'élection de ces pays pour
constituer le centre névralgique des Etas-Unis dans le Golfe de
Guinée. Si le Cameroun est pressenti pour abriter une brigade
américaine en Afrique centrale, si le Cameroun est une
« destination centrale » des diplomates américains,
il faudrait examiner les éléments intérieurs au Cameroun
qui ont plaidé en sa faveur.
B) Le Cameroun un
partenaire de choix dans la préservation des intérêts
américains dans le Golfe de Guinée.
De passage au Cameroun en février 2006, la
sous-secrétaire JENDAYI E. FRAZER déclarait à la presse:
« We See the Cameroon's leadership in this sub-region to make sure
that Cameroon continues to be the source of stability for central Africa as a
whole ». Elle ajoutait que le Cameroun fait beaucoup pour la
démocratisation c'est un pays sur le sentier du progrès. L'on se
souvient des propos de M. DONALD YAMAMOTO, en novembre 2005 sur le
Cameroun ; lorsqu'il disait en substance que le Cameroun est en bonne voie
et devait inspirer les pays voisins. C'est donc dire qu'en plus des facteurs
exogènes qui en même temps qu'ils disqualifient les pays voisins
remettent le Cameroun en grâce, il y a des facteurs endogènes. Des
facteurs qui à l'intérieur même du Cameroun constituent des
avantages.
1- La position
stratégique du Cameroun.
Cette position que beaucoup de pays de l'hinterland envient au
Cameroun, fait de lui la porte d'entrée idéale pour l'Afrique
Centrale. Avec le pipe-line qui le lie au Tchad, c'est désormais
envisageable de penser à une connexion des intérêts
américains en Lybie et au Niger avec le Cameroun. Mais en soi, le
pipe-line DOBA-KRIBI fait augmenter l'importance de la position
stratégique du Cameroun. Il constitue le projet pétrolier le plus
ambitieux d'Afrique subsaharienne depuis 20 ans (LESTRANGE et alii, 2005). Il
a coûté 2,2 milliards de dollars US. Le pétrole du gisement
de DOBA qui est drainé vers l'atlantique par le pipe-line est
exploité par EXXONMOBIL (40%), CHEVRON TEXACO (25%) et PETRONAS (35%)
soit 65 % d'intérêts américains. C'est un investissement
encore qui nécessite protection et le Cameroun constitue une bonne base
arrière pour cela.
Le Cameroun présente un autre atout stratégique.
En effet, il partage ses frontières avec six Etats ; ce qui permet
à partir de Yaoundé, de contrôler les activités, les
ressortissants et les intérêts américains dans ces
différents pays. Lorsque l'on sait que l'ambassadeur des USA au Cameroun
est aussi l'ambassadeur des USA en Guinée Equatoriale et que les
activités diplomatiques américaines en RCA sont
supervisées depuis Yaoundé, l'on comprend davantage que le
partage de ses frontières avec tous ces pays constitue un atout de
taille. L'ouverture à la mer est un autre avantage qui est à
prendre en considération.
Le Cameroun présente en plus l'avantage d'être un
pays stable dans une Afrique Centrale tourmentée. Cela est bien pour les
affaires et pour la sécurité des intérêts US.
2- Le Cameroun dans la
CEMAC.
Devant la Commission des affaires étrangères du
sénat américain, son Excellence NIELS MARQUARDT disait le 15 juin
2004 : « Cameroon has been relatively stable. It
boasts a large, well-educated population, reasonably developed infrastructures
on which both it and its neighbours depend, ample natural resources, a strong
agricultural base, and considerable environmental treasure». Cette phrase
résume la pensée américaine pour le Cameroun. Pour
expliquer ce statut privilégié qui a favorisé le choix du
Cameroun, il faut examiner sa place dans la CEMAC.
Avec 475. 442 km2, le Cameroun est une
mosaïque ethnique, linguistique, il est tout simplement une
« Afrique en miniature ». C'est un géant agricole
qui emploie près de 60 % de la population dans l'agriculture. Le
Cameroun a d'énormes potentiels qui encouragent et promettent des
lendemains qui chantent. Cette importance a été
déterminante dans son choix. Du 27 janvier au 9 février 2006, une
mission du FMI de passage au Cameroun conclut : « les
perspectives économiques du Cameroun restent encourageantes ».
Pierre DUQUESNE porte-parole de la mission disait : « nous
rentrons convaincus que le Cameroun a un potentiel économique
énorme qui ne demande qu'à être bien exploité. Nous
avons vu la qualité des hommes et des femmes dans divers domaines. Ce
pays peut faire mieux ». 81% de la population camerounaise est
alphabétisée avec 5 % qui est diplômée de
l'enseignement supérieur. Au sein de la CEMAC donc, le Cameroun est un
géant. Sa première marque de puissance est la population. Il a
environ 49 % de la population CEMAC pour environ 16 % de la superficie de la
même communauté. Son économie est la plus
diversifiée. Le PIB agricole du Cameroun en 2002 représente 63 %
du PIB agricole CEMAC. De même son PIB industriel hors pétrole
représente 71 % du PIB industriel CEMAC à la même
année. En 1993 le Cameroun exportait à hauteur de 26.527 millions
de F CFA vers les autres pays CEMAC soit 91, 89 pour cent pour l'ensemble des
échanges de la zone qui se chiffraient à 28.867 millions de FCFA.
(NKOA, 2005 : 22)
Tableau 14 :
Données générales des pays de la CEMAC en
2002.
|
Cameroun
|
Congo
|
Gabon
|
G. Equato.
|
RCA
|
Tchad
|
Population (millions)
|
15,5
|
3,2
|
1,3
|
0,469
|
3,8
|
7,9
|
En % de la population CEMAC
|
48,18 %
|
9,94%
|
4,04 %
|
1,45%
|
11,81%
|
24,55 %
|
Superficie (km2)
|
475.442
|
342.000
|
267.700
|
280.050
|
623.000
|
1,3 millions
|
% superficie, total CEMAC
|
15,66 %
|
11,26%
|
8,81%
|
0,62 %
|
20,51 %
|
42, 81 %
|
PIB (milliards de F CFA
|
7363,6
|
2225,2
|
3353,3
|
1523,9
|
709,3
|
1205,8
|
En % du PIB CEMAC
|
44,95 %
|
13,58 %
|
20,47 %
|
9,3 %
|
4,32 %
|
4,36 %
|
PIB agricole (milliards F CFA)
|
2011,9
|
132,2
|
229,7
|
64,8
|
364
|
404,5
|
En % PIB agricole CEMAC
|
62,7 %
|
4,12 %
|
7,16 %
|
2,02 %
|
11, 34%
|
12,61 %
|
PIB industriel hors pétrole (milliards F CFA)
|
1019,3
|
105,1
|
250
|
2,1
|
39,4
|
66,2
|
En pourcentage du PIB industriel de la CEMAC
|
71,17 %
|
7,33 %
|
13,96 %
|
0,14 %
|
2,75 %
|
4,62 %
|
Source : NKOA F.C, 2005 :22
Même en ne cédant pas a un quelconque
chauvinisme, il apparaît que dans la CEMAC le Cameroun est un mastodonte.
Si le Nigeria est disqualifié à cause des facteurs qui lui sont
internes, dans cette sous région le Cameroun fait figure de favori.
Car, il a en plus l'avantage d'un bilinguisme développé, des
communautés religieuses qui vivent en bonne intelligence et des ethnies
qui sont plus intéressées par leur développement que par
les clivages destructeurs de l'Etat. D'autre part, le système politique
camerounais est relativement stable et la démocratisation est bien
avancée. En dépit des tumultes politiques du début de la
décennie 1990, le paysage politique se caractérise par son calme
et déjà, pointe à l'horizon l'ère de la rigueur.
En somme, après les événements du 11
septembre 2001 et les leçons qui en découlent le Golfe de
Guinée a pris une importance particulière dans la
résolution des problèmes auxquels fait face l'Administration
américaine .Désormais, la nécessité d'avoir une
base d'action sous-régionale a entraîné l'examen des pays
potentiellement éligibles. Les faits et les déclarations semblent
indiquer que le Cameroun va constituer cette base sous-régionale. Cela
nous a amené à rechercher les éléments qui plaident
en faveur de cette élection. Il faut dire que le choix du cadre
stato-national est motivé par la nécessité de
réaction et d'intervention rapide en cas de besoin, mais surtout par la
volonté d'avoir un allié fiable dans la sous-region et ne pas
répéter l'erreur de la politique Saoudienne de USA. Il faudrait
dès lors se pencher sur le lien entre la démocratie camerounaise
et les intérêts sous-régionaux des USA en même temps,
il faudrait s'interroger sur la stratégie américaine au regard
des exemples du passé.
Tableau 15 : PIB
CEMAC en 2003 en millions de dollars US.
Cameroun
|
12.491
|
Gabon
|
6057
|
Congo
|
3564
|
RCA
|
1198
|
Tchad
|
2608
|
Guinée Equatoriale
|
2.915
|
Source: Institut national de la statistique.2004.
Tableau 16 : Taux
de croissance du PIB au Cameroun (1995-2003)
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
3,2%
|
5%
|
5,1%
|
5%
|
4,5%
|
4,2%
|
5,2%
|
4,1%
|
4,4%
|
Source : Institut national de la
statistique.2004.
CHAPITRE IV :
DEMOCRATIE AU CAMEROUN ET SECURITE NATIONALE DES ETATS-UNIS ; EXAMEN
THEORIQUE ET CRITIQUE.
La sécurité nationale des USA est devenue
l'objectif prioritaire de la politique étrangère et
intérieure de l'Administration américaine après les
attentats terroristes du 11 septembre 2001. Elle se traduit sous forme de
différents modules : la sécurité
énergétique, la sécurité du territoire
américain et la sécurité des biens et ressortissants
américains à l'étranger. Nous sommes ainsi passés
de l'intérêt national à la sécurité nationale
car pensons-nous, depuis septembre 2001, les deux concepts sont
interchangeables aux Etats-Unis. Pour ces modules qui relèvent donc de
l'intérêt national U.S, il y a des instruments utilisés
pour leur protection. Nous partons de l'hypothèse que l'opposition
entre réalisme et idéalisme n'est plus pertinente car, la
démocratie qui est une valeur idéaliste, est utilisée au
Cameroun pour la poursuite des intérêts supérieurs de
l'Etat. Au cours de la conférence WRISTON 2002 présentée
au MANHATTAN INSTITUTE de New York le 1er octobre 2002, Mme
CONDOLEZZA RICE alors conseillère du président BUSH en
matière de sécurité nationale disait :
« Pour simplifier à l'excès, disons que les
réalistes minimisent l'importance des valeurs et de la structure interne
des Etats et mettent au contraire l'accent sur l'équilibre des pouvoirs.
Les idéalistes accordent la primauté aux valeurs comme la
liberté, la démocratie, les Droits de l'Homme... en tant que
responsable politique, je peux vous assurer que ces catégories masquent
la réalité. En réalité, pouvoir et valeur sont
complètement indissociables ». C'est dire que les valeurs
idéalistes ont souvent servi les objectifs réalistes. Ce fut
d'ailleurs le cas avec l'URSS. L'usage des valeurs démocratiques comme
arme pour la lutte contre le communisme poursuivait les objectifs
géopolitiques. Autrement dit, la politique américaine au Cameroun
depuis septembre 2001 s'inscrit dans une longue tradition de la manipulation de
la soif de liberté des peuples pour l'atteinte des objectifs
géopolitiques américains.
SECTION I :
Réalisme démocratique : les valeurs démocratiques au
service de la sécurité nationale américaine.
«La démocratie libérale en tant que
régime sociopolitique appelle-t-elle ou au contraire condamne-t-elle le
développement de l'ingérence ? » s'interroge
Philippe BRAUD (2000 : 14). C'est qu'en réalité celui qui
s'ingère se croit porteur de la vérité mais,
l'ingérence démocratique ne peut pas uniquement se justifier par
l'exportation de la vérité. La fin justifiant les moyens, la
démocratie est devenue un instrument efficace pour la poursuite des
intérêts. Depuis le 11 septembre 2001, « la
revendication de la suprématie sur les autres puissances a fait place
à un discours plus propagandiste sur la défense de la
liberté et la démocratie » (HARBULOT, 2003 : 70).
C'est qu'en fait, les nouvelles exigences sécuritaires qui sont
nées des événements de septembre 2001 attirent
l'attention de l'Administration américaine sur les
« alliés silencieux » qu'elle a longtemps
négligés et qui sont devenus une menace pour elle. La
démocratie comme instrument de politique étrangère vise
donc à atteindre directement les peuples du monde passant par-dessus les
gouvernants. Cette stratégie va préserver les
intérêts énergétiques, commerciaux et
sécuritaires des Etats-Unis dans le monde entier.
A) Primat des
intérêts sur les valeurs démocratiques : analyse
à l'aune du commerce du pétrole.
Nous avons choisi de nous appuyer sur le cas spécifique
du pétrole pour illustrer le rôle que la démocratie aura
à jouer dans la sécurité énergétique des
Etats-Unis au Cameroun .Le choix du pétrole comme élément
d'illustration du primat des intérêts sur les valeurs est
motivé par son importance multiple. En effet, le pétrole est un
élément dans les intérêts sécuritaires, les
intérêts commerciaux et les intérêts
stratégiques. Et par son truchement, l'on peut examiner la
prépondérance des intérêts U.S dans les rapports
avec les autres peuples.
Le constat de l'échec des stratégies
passées en matière énergétique, échec dans
l'impact réel des ressources énergétiques des peuples et
l'opacité dans la gestion des ressources énergétiques font
qu'il y a désormais de la part des Etats-Unis nécessité de
créer un minimum de consensus dans la gestion des fonds provenant des
ressources énergétiques. Parmi les ressources
énergétiques qu'exploitent les USA en Afrique, le pétrole
est un cas typique de la matière première qui fait obstacle
à la démocratie. ll convient donc de se pencher sur les pratiques
qui ont toujours eu cours dans les pays exportateurs de pétrole.
Après cela, examiner la solution préconisée dans la
nouvelle stratégie américaine de sécurité
nationale.
Selon Michael ROSS, le pétrole « rend plus
difficile la démocratie » du fait de trois mécanismes.
En fait, la où il y a le pétrole pense Ross il y a un effet
rentier c'est-à-dire une faible imposition et le clientélisme qui
étouffent les revendications démocratiques. Il y a
également un effet répressif car l'Etat contrôle
directement les revenus pour financer des dépenses militaires excessives
et des appareils de sécurité importants. Troisièmement, il
y a l'effet modernisant c'est-à-dire le passage à des emplois
industriels et de services qui rendent les gens moins revendicatifs en faveur
de la démocratie. (ROSS, 2001 : 126). Cette perception de ROSS
rejoint le constat des observations des marchés pétroliers en
Afrique. En même temps que les pays exportateurs de pétrole en
Afrique battent les records de pauvreté, ils brillent par leur aversion
pour la démocratie. L'un et l'autre sont cependant liés car la
concentration des pouvoirs et des ressources, l'absence de contre pouvoir et la
prééminence de la recherche de rentes rendent impossible la bonne
gestion des revenus du pétrole. Autrement dit, l'absence des
responsabilités horizontales et verticales et la prévalence de la
« démocratie délégative » (O'DONNELL,
1994) font le fossé entre les gouvernants et les gouvernés. La
particularité des pays producteurs de pétrole est la
concentration des pouvoirs politiques et économiques. L'exportation
pétrolière génère des capitaux très
importants qui aiguisent les appétits. Mais, même si les revenus
du pétrole peuvent sortir de la pauvreté plusieurs Etats, il n'en
est rien du fait de l'absence de la transparence dans la gestion et
l'utilisation des rentes pétrolières pour assurer la
pérennité des régimes sans légitimité.
Ainsi, la démocratie se révèle être le seul moteur
de la croissance pour des Etats qui ont des ressources mais qui semblent ne pas
trouver la solution pour leur développement économique. Si
« la démocratisation crée un contexte plus favorable
à une bonne gestion des affaires publiques et à un
développement économique durable » (OULD ABDALLAH,
2000 : 117), son absence favorise au contraire les habitudes et pratiques
patrimonialistes. Au Cameroun, jusque très récemment les budgets
de l'Etat étaient faits sans prendre en compte les revenus du
pétrole. La gestion des rentes pétrolifères était
caractérisée par une opacité qui laissait trahir la
traduction d'une chasse gardée. Dans une démocratie,
l'attribution des brevets d'exploration, de prospection et d'exploitation
relève des attributions du Parlement en tant que représentation
du peuple. Cependant, pendant longtemps (si ce n'en est plus le cas), les pays
africains producteurs de pétrole ont développé des
pratiques consistant à gérer le pétrole comme la
« chose du prince ». Cela a plusieurs corollaires et le
plus grave est la mise en marge des populations qui ne savent rien de la
gestion du pétrole. Et, le fait marquant est que quelques fois
même les populations dont les terres abritent ce pétrole ne sont
nullement associées à la gestion du pétrole. Le cas le
plus frappant est celui du delta du Niger. Avec 70 000 km2, le delta
du Niger produit deux millions de barils par jour soit 98 % de la valeur des
exportations nigérianes, 80 pour cent des revenus de l'Etat et 90% des
réserves en devises. Cependant, cette région est l'une des plus
pauvres du monde. Devant cette injustice, les peuples du delta se sont
organisés pour revendiquer un accès conséquent au
pétrole et à ses revenus.
L'on ne saurait cependant déplorer la gestion opaque et
anti-démocratique du pétrole africain sans tenir compte de ce que
très souvent, elle est encouragée par les grandes puissances et
les institutions financières internationales.
« Une compagnie pétrolière aura tout
intérêt à négocier dans le plus grand secret et sans
transparence avec un gouvernement ou à payer des primes occultes, dont
il est impossible de retrouver des traces » (GARY et alii,
2000 : 20). En occident ont qualifierait cela de corruption et des
gouvernements seraient conduits à la démission pour de telles
pratiques Mais, en Afrique, pour des intérêts supérieurs
des Etats importateurs, leurs gouvernements permettent que des régimes
autoritaires élaborent des lois sur mesure pour manipuler les structures
légales en leur faveur quand il en existe. « Les gouvernements
des pays importateurs, poursuivant des politiques d'intérêts
économiques et de sécurité nationale ont forgé de
puissantes alliances avec des régimes autoritaires pour la seule raison
qu'ils contrôlent d'importants gisements pétroliers et ce
malgré leur triste palmarès en matière de violation des
droits de l'homme » (GARY et alii, op.cit.). Autrement dit, la
politique énergétique des grandes puissances se faisait au
détriment de la démocratisation ; la fracture entre les
gouvernants et les gouvernés était facilitée par le
soutien inconditionnel des grandes puissances aux régimes autoritaires.
La notion de stabilité est devenue en soi polysémique. En
occident, un Etat stable c'est celui où les élections sont
régulières, il y a alternance et le consensus est
recherché pour la gestion des affaires publiques. Pendant qu'en Afrique
un Etat stable est celui où le prince reste longtemps au pouvoir et fait
les affaires des grandes puissances.
La conséquence logique de la collusion entre les
intérêts des puissances importatrices de pétrole et les
régimes autoritaires est le mécontentement de la masse. Pendant
que les Etats importateurs pour permettre l'épanouissement de leurs
peuples viennent chercher les ressources nécessaires en Afrique, ils
encouragent les régimes en place à penser à leurs
intérêts privés. Le scandale de Elf-aquitaine et les
confessions de Loïc-le-Floch PRIGENT ont mis à nu les pratiques des
dignitaires en Afrique au sujet du pétrole. Lorsqu'il y a d'une part une
caste nantie et de l'autre la masse des pauvres alors que le pays à des
ressources pétrolières, la rue commence à grogner. L'on
aboutit aux actes de violence, aux actes terroristes, à
l'animosité vis-à-vis des étrangers. Il s'agit d'un climat
qui est défavorable aux affaires. L'argent n'aime pas le bruit des
bottes. Il faut peut-être ajouter que les puissances occidentales avaient
fondé la longévité de leur mainmise sur le pétrole
africain sur la main de fer des dirigeants qui devaient tenir en respect le
peuple. Mais la soif de liberté et de vérité est une
pathologie qui se répand très vite. La politique paradoxale des
Etats-Unis notamment en matière pétrolière a connu son
essoufflement avec le 11 septembre 2001.L'Administration américaine a
opéré un virage dans sa stratégie de
sécurité Nationale. Thomas CAROTHERS du CARNEGIE Endowment for
International Peace critiquait le « dédoublement de la
personnalité du président BUSH et de son équipe. BUSH le
réaliste cultive activement des relations chaleureuses avec des tyrans
amis dans plusieurs parties du globe, tandis que BUSH le néo-reaganien
prononce des appels retentissants pour une nouvelle et vigoureuse campagne pour
la démocratie au Moyen-Orient » (ACHCAR, 2004-2005 : 36).
Il semblerait plutôt que ce dédoublement de la personnalité
soit un virage difficile à opérer, passant du réalisme pur
à un réalisme entaché d'idéalisme.
B) La démocratie
dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale.
La Nouvelle Stratégie américaine de la
sécurité nationale part du constat de l'anti-américanisme
exacerbé qui porte les peuples à menacer les
intérêts américains dans le monde. Même si les
américains ont beaucoup investi dans la recherche du
développement d'autres pays, il apparaît que cela a
été insuffisant ou pas du tout efficace. Comme par le
passé, il est question d'atteindre les objectifs américains de
politique étrangère qui sont d'abord la sécurité
nationale. Cependant, puisqu'il est illusoire d'espérer y arriver
seuls, les USA doivent pouvoir compter sur leurs alliés mais les vrais
alliés cette fois. Dans la logique de la " diplomatie transformatrice"
de Mme RICE, il faut transformer le monde pour le rendre plus sûr mais
cela évidemment est une entreprise qui nécessite la
coopération. Hier l'Administration américaine a
coopéré avec les gouvernants en minorant le rôle des
gouvernés, aujourd'hui elle tend la main aux peuples du monde entier
pour atteindre ses objectifs.
Henry HYDE s'interrogeant sur les raisons qui ont conduit
à la croissance de l'image caricaturale et destructrice des Etats-Unis y
répond en disant : « Il apparaît de plus en plus
clairement qu'une grande partie du problème vient de
l'inefficacité et souvent de la vétusté de nos
méthodes » (HYDE 2002 :25). Il naît donc la
nécessité d'utiliser un peu d'idéalisme dans la
poursuite de la sécurité nationale américaine. Il poursuit
en disant : « Mon raisonnement est le suivant : En nous
concentrant sur nos relations avec les gouvernants étrangers et les
organisations internationales, nous en sommes venus à négliger un
groupe de puissants alliés : les autres peuples du
monde » (HYDE, op.cit : 26). Ces peuples qu'il qualifie
d' « alliés silencieux » défendront
mieux les intérêts U.S. Il faut tout simplement oeuvrer à
se faire connaître par eux, les intégrer dans le plan du
développement du monde. Ce, d'autant plus que le terrorisme est
l'expression d'une impuissance. Celle d'un peuple au banc de la
société et qui n'a plus d'espoir. Porter l'espoir à ces
peuples par la liberté, la justice, le développement
économique est un objectif de la nouvelle stratégie
américaine de sécurité nationale. Mais, « la
propagation de ces principes à l'étranger bénéficie
non seulement aux populations d'autres pays, mais renforce également la
sécurité nationale des Etats-Unis en réduisant les risques
de conflits entre les nations » (LIEBER et LIEBER, 2002 :
39).
La dégénérescence du climat
sociopolitique en tant que conséquence de la revendication de justice et
de liberté, menace les intérêts américains au
Cameroun et chez les voisins. D'autre part, si le Cameroun est pressenti pour
servir de base d'où partira l'activité de promotion de la
démocratie dans la sous-region il doit déjà ne pas
souffrir des pratiques anti-démocratiques. Citant ED ROYCE, James
FISHER-THOMPSON dit : « En Afrique, les promesses et les
débouchés côtoient la guerre, la maladie et le grand
dénuement. Cet état de chose porte atteinte à la fois
à une valeur fondamentale des Etats-Unis : sauvegarder la
dignité humaine, et à leur priorité
stratégique : combattre le terrorisme international »
(FISHER-THOMPSON, 2002 : 30).
La promotion de la démocratie au Cameroun par les
Etats-Unis vise avant toute chose le peuple. Il s'agit de rendre le peuple
épanoui étant donné qu'elle favorise le libre
marché et les investissements étrangers. En cela, les objectifs
de sécurité nationale des Etats-Unis seront atteints puisque la
frustration qui a conduit aux évènements du 11septembre 2001 est
née au sein des peuples. Ceux-ci, en même temps qu'ils subissent
l'injustice en supportant le Joug de l'autoritarisme, voyaient leurs dirigeants
être bien traités par les Etats-Unis.
Désormais, un peu d'humanisme devient nécessaire
pour l'atteinte des objectifs qui jadis étaient poursuivis par la seule
« realpolitik ». Comme le disait Mme Condolezza RICE,
« le seul moyen de garantir la sécurité est donc de
véritablement faire face à la fois aux terroristes et aux
despotes » (2002 :6)
SECTION II : Examen
critique de la Nouvelle Stratégie de Sécurité nationale
américaine
L'ingérence démocratique devient une variable
impérative de la nouvelle stratégie de sécurité
nationale. En passant presque outre les gouvernants, il se trouve que les
règles de la coopération internationale sont en mutation.
Même si HUGO de GROOTE (GROTIUS) pensait déjà que le
commerce est un facteur de pacification et de réglementation des
relations internationales, il faut dire que les Etats au plus haut niveau
étaient les acteurs privilégiés selon qu'ils
régulaient les activités commerciales. Diane ETHIER nous rappelle
que selon les constitutions internes et le droit international public, la
politique étrangère a comme principaux décideurs les
détenteurs du pouvoir central (ETHIER, 2003 :127). Ainsi, la
nouvelle stratégie de sécurité américaine dans son
volet promotion de la démocratie pose un certain nombre de
problèmes dont deux retiendrons notre attention.
A) Promotion de la
démocratie au Cameroun et érosion de la
souveraineté.
Au mois d'octobre 2006, après moult atermoiements,
l'immunité parlementaire fut retirée à MM. EDOUARD ETONDE
EKOTTO et ANDRE BOOTO A NGON. La présence dans l'hémicycle de
NGOA EKELLE en ce jour particulier de son excellence Robert NIELS MARQUARDT
n'est pas passée inaperçue. Cette présence silencieuse a
joué un rôle capital. Devant les écluses posées par
les gouvernants et la nécessité pour les Etats-Unis d'atteindre
leurs « alliés silencieux » que sont les
populations, il y aura forcément des incursions américaines dans
le champ de la souveraineté camerounaise. Le contrat social hobbesien a
été étendu à l'échelle supranationale mais,
il repose sur la décision unilatérale d'un Etat qui craignant
pour sa sécurité, a défini les variables du contrat. Si
Thomas Hobbes, n'a pas envisagé le contrat social à
l'échelle internationale c'était parce que cela suppose la perte
de la souveraineté des Etats qui est leur fondement au profit d'une
autorité supranationale pense ETHIER (op.cit. :27).
L'autorité supranationale, ce sont les USA pour l'heure et la
souveraineté est devenue au sens de KRASNER une fiction juridique
(KRASNER, op.cit). L'Etat se fonde sur la maîtrise d'un gouvernement sur
sa population. L'une des fonctions régaliennes de l'Etat est la
protection du peuple. Un Etat est d'autant plus stable qu'il a le
contrôle sur ses populations. Pourtant, la diplomatie transformatrice,
tirant les conclusions qui s'imposent eu égard aux leçons du
passé, vise en priorité les populations, nonobstant les
convictions de l'Etat. Ainsi, en accordant une bourse à l'ADDEC que
l'Etat combat, les Etats-Unis d'Amérique passent outre la
souveraineté de L'Etat. Les exemples de ces violations de
souveraineté sont légion. IL s'agit de toute évidence de
contester les pratiques locales mais en ménageant les gouvernants qui
sont aussi des alliés importants dans la poursuite des objectifs
américains. C'est ce qui fait dire à Philippe BRAUD que :
« Là où la référence démocratique
fait l'objet d'un consensus à peu près unanime, il est habile en
effet d'en faire un argument de combat pour embarrasser un rival,
légitimer un programme de réforme, contester les méthodes
du gouvernement en place » (BRAUD, 1997 :8).
Il convient certainement de revenir sur les
éléments fondamentaux de la souveraineté. Au
seizième siècle, Jehan BODIN présentait la
souveraineté comme la capacité de contraindre et commander sans
être ni contraint ni commandé. Si l'Etat est souverain, il
commande la population et n'est soumis à aucune contrainte
extérieure. Dans ce cas de figure, la nouvelle stratégie
américaine de sécurité nationale est une ingérence
qui érode la souveraineté. Cependant, il faut se poser la
question suivante : Qui est titulaire de la souveraineté ?
La constitution américaine commence par « we
the people of United States of America, in order to form a more perfect union
...» et la première section de l'article I renforce la conviction
que le peuple est titulaire de la souveraineté. La consolidation
démocratique au Cameroun a comme objectif de rendre au peuple sa
souveraineté. Si le peuple reprend donc la « puissance
perpétuelle », il apparaît que l'Etat deviendra une
entité indifférenciée dans laquelle les gouvernants
exercent "pro populi". Cet idéal
démocratique qui libère le peuple constitue un défi pour
les Etats-Unis qui ont fait de leur sécurité nationale l'objectif
premier de la politique étrangère depuis septembre 2001.
L'incursion démocratique américaine au Cameroun
vient favoriser la mise en application de la « théorie
libérale du droit des minorités » (KYMLICKA, 2001)
mais, elle pose aussi le problème de la souveraineté. Cet Etat
qui est encore entre un « noyau dur et une case vide »
(SINDJOUN, 2002) a besoin de se fortifier avant de pouvoir gérer une
forte souveraineté du peuple. Loin de nous aligner derrière les
thèses du renforcement de l'Etat qui ont justifié l'autoritarisme
de l'Etat camerounais de première et seconde génération,
nous pensons que la démocratie américaine a plus de 225
années d'existence mais elle demeure imparfaite. Comme quoi la
démocratie est un apprentissage long. Or, les objectifs de la politique
américaine visent des résultats "hic et
nunc" ce qui entraîne un activisme dans la promotion
démocratique à un rythme effréné.
Le problème que pose la promotion démocratique
au Cameroun quant à la souveraineté est qu'elle érode
davantage la souveraineté dont on sait déjà qu'elle est
fictive désormais avec la mondialisation. Mais c'est un Janus biface. En
même temps que l'ingérence démocratique américaine
renforce la conviction que la souveraineté des Etats est une fiction
juridique, elle met en relief la souveraineté du peuple.
« Rien ne doit être décidé sans la consultation
et l'accord du peuple. Tel est le postulat de la démocratie »
rappelle Philippe MOREAU - DEFARGES (2000 : 81). Il est un devoir, celui
de le rappeler aux Etats qui tendent à le négliger. D'où
l'importance de l'ingérence démocratique.
Il ne faut pas minorer l'opinion des « alliés
silencieux ». Ces derniers, conscients de plus en plus de
l'interdépendance ou mieux, de la prépondérance des
grandes puissances sur la scène internationale, offrent leur
loyauté à celui qui a vis-à-vis d'eux une approche
humaniste. Ainsi la démocratie dans la nouvelle stratégie
américaine de sécurité nationale, de par la
souveraineté qu'elle vise à rendre au peuple camerounais,
embarrasse d'autres puissances rivales qui ont fondé leur
coopération avec le Cameroun sur les rapports Etat-Etat. Et les
chaumières diront la bienveillance de l'Amérique, maudissant au
passage quelque puissance qui pendant plus d'un demi-siècle n'a pas
considéré le peuple mais a contribué à le
paupériser chaque jour un peu plus. La promotion de la démocratie
devient alors une stratégie d'écartement des rivaux dans un
Cameroun de plus en plus convoité par les puissances affirmées
et montantes.
Par ailleurs, la promotion de la démocratie
présenterait d'après certains le risque de fragiliser davantage
un Etat en construction. Sophia MAPPA affirme : « Dans les pays
du Sud l'enjeu n'est pas la modernisation forcée de l'Etat mais sa
survie et sa mutation en fonction des stratégies locales »
(MAPPA, 2004 : 36). Cette conception a une part de vérité
mais, la consolidation démocratique vise à éliminer des
pratiques qui empêchent l'individu de s'épanouir. Que la
modernisation de l'Etat se fonde donc sur la démocratie et ce sera un
gain car le consensus permettra de mieux bâtir l'Etat Camerounais de
demain.
B) Un ethnocentrisme aux
conséquences sous régionales
La promotion de la démocratie s'appuie sur la
pensée que celui qui promeut a le devoir d'enseigner aux autres les
règles du jeu démocratique. Il s'agit d'apporter aux
sociétés autres la civilisation occidentale. Au-delà de la
promotion démocratique, c'est de la transposition d'un idéal type
étatique qu'il est question. Un Etat qui, s'il est parfaitement
greffé, renforcera le leadership camerounais dans la CEMAC. Par
ailleurs, en plus l'érosion de la souveraineté qui en
découle, la promotion de la démocratie au Cameroun est nourrie
à la source de l'illusion universaliste.
1 - De la
nécessité de dépasser l'illusion universaliste de la
démocratie
L'exportation du modèle démocratique
américain au Cameroun relève d'abord de l'ethnocentrisme. En
même temps, elle est un imbroglio qui ne s'explique pas si l'on
s'interroge avec Achille MBEMBE (2003 : 1) " is the notion of biopower
sufficient to account for the contemporary ways in which the political under
the guise of war, of resistance, or the fight against terror, makes murder of
the enemy, its primary and absolute objective?». En effet, la
démocratie s'appuie sur l'individu. Et, comme il a été
signalé ci-dessus, l'incursion démocratique américaine au
Cameroun a érodé la souveraineté étatique pour en
faire celle des individus ; la souveraineté populaire.
L'état qui met ainsi l'individu sur un piédestal, a vu le jour en
occident à la suite des révolutions violentes ou pacifiques. La
démocratie apparaît donc comme une "égologie" promue par
les Etats-Unis au Cameroun. Ainsi, l'individu acquiert des droits nouveaux
à la faveur de la démocratie. "Au travers de cette
"égologie" généralisée, transparaît la
tendance des individus à s'assurer des droits nouveaux et à
conquérir des libertés concrètes pour vivre selon leurs
désirs sans dépendre de modèles uniformes et
stéréotypés imposant des rôles sociaux". (LAURENT,
1993 : 115). Cette phrase de Alain LAURENT révèle une
énième difficulté liée à la promotion
démocratique. En occident, l'individu est désormais
déifié. Va-t-on transposer au Cameroun cette
réalité de façon abrupte ? En paraphrasant Jean LECA
(1991 :161), l'on peut se demander si un ordre socio-politique
fondé sur son acceptation par les individus et continuellement
jugé par eux est-il vraiment possible au Cameroun aujourd'hui ? Nul
désir de notre part de dire que le Cameroun doit aller à son
rythme vers la démocratie, mais la prise en compte des
réalités socio-historiques du pays est une condition sine qua
non pour la réussite de cette entreprise. Peut-être faut-il
examiner un autre problème que pose la démocratie : le
dilemme de la théorie démocratique. Comment être citoyen et
individu dans un état démocratique ? La citoyenneté
suppose l'assujettissement à l'Etat, aux normes et valeurs de l'Etat.
N'est-ce pas précisément empiéter sur le terrain de la
liberté de l'individu que de le soumettre au Léviathan ?
C'est pourtant à cette situation que l'on doit aboutir dans une
démocratie. Une situation dans laquelle le souci premier du Leviathan
est d'assurer le bien-être des individus sauf en cas de menace pesant sur
la sécurité de l'Etat.
D'autre part, la promotion de la démocratie au Cameroun
par les Etats-Unis déplace le centre de symétrie de la
politique. Hier, le peuple n'était intéressant que pour son
soutien et de manière marginale pour des redistributions. La politique
est désormais perceptible dans ce que BOURMAUD citant Dénis
MARTIN appelle "objets politiques non identifiés". En effet,
l'intégration des acteurs du "bas" dans la politique au travers de la
démocratie, entraîne que le peuple fera irruption sur la
scène politique avec ses "modes populaires d'action politique" (BOURMAUD
1997 :52-57). L'apport de ces originalités bat en brèche
l'illusion universaliste du modèle démocratique. En même
temps, ces apports qui relèvent de la
"vernacularisation" chère à APPADURAI, laissent aussi
transparaître des résistances légitimes d'un système
qui a fait date. L'option qui nous semble intéressante ici est non pas
les résistances inévitables à la consolidation
démocratique américaine, mais la nécessaire prise en
compte du cadre stato-national dans ce qu'il a d'original. En
réalité, il est inévitable que de cette promotion
démocratique découle une forme créole de démocratie
qui obéirait à la révolution pacifique bayartienne. De
même que l'Etat au Cameroun selon BAYART (1985) a intégré
les données du passé en les transformant, s'inscrivant ainsi dans
le temps long, il faut dire avec Serge CORDELLIER (2000 : 188) que les
démocraties française et américaine sont issues des
révolutions. Au Cameroun, il faut espérer que la
révolution pacifique sera la matrice qui génère le
système politique à coloration démocratique qui ne saura
cependant minorer les spécificités locales.
2 - Vers une possible
réactivation des querelles de leadership au sein de la CEMAC
La promotion de la démocratie au Cameroun par les
Etats-Unis d'Amérique depuis septembre 2001, répondant aussi
à un souci géopolitique, ne peut qu'avoir des vues sur les pays
riverains du Cameroun. Cependant, de même qu'une épouse
chérie par l'époux polygame dans une concession suscite la
jalousie de ses co-épouses, il faut craindre que l'attention
américaine vis-à-vis du Cameroun réactive les querelles de
leadership dans la sous-région. En effet, s'il existe une alliance de
longue date entre le Cameroun et le Tchad, celle-ci renforcée par le
pipeline, l'on ne peut penser que le Cameroun vit avec ses voisins
méridionaux une ataraxie. Au-delà de l'accalmie que M. NTUDA
EBODE (2006 :41) pense relever entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale depuis la victoire du premier dans le litige qui l'opposait au
Nigeria à propos de Bakassi, des indices laissent penser que les
querelles peuvent resurgir. Il est vrai que la crise actuelle entre la
Guinée Equatoriale et le Gabon à propos de Mbagnie divise deux
alliés du passé (NTUDA EBODE, 2004), mais devant la crainte de
voir le Cameroun remonter en puissance dans la sous-région, des
alliances circonstancielles peuvent se former. Au coeur de ces alliances se
trouverait la Guinée Equatoriale.
L'évolution exponentielle de la production
pétrolière équato-guinéenne qui va de 5,9 millions
de tonnes en 2000 à 17,7 millions de tonnes en 2004 lui a donné
des rêves d'hégémonie. Cela fait penser à Martial
TCHENZETTE (2006) que la Guinée Equatoriale veut redéfinir la
donne géopolitique en Afrique centrale en s'appuyant sur son
pétrole. Il faut rappeler que cette dernière est
3ème productrice de pétrole en Afrique noire
derrière le Nigeria et l'Angola. Elle est cependant la première
productrice dans la CEMAC devant le Gabon et le Congo et elle est
propriétaire de près de 50 % des dépôts de la BEAC
avec une croissance de 9,2 % en 2005 (TCHENZETTE op. cit.). Ces chiffres
révélateurs d'une bonne santé de l'économie
équato-guinéenne ont entraîné le Président
OBIANG NGUEMA à adopter une posture plus imposante dans la CEMAC ;
en réclamant notamment la redistribution des cartes dans les instances
de la structure. Ainsi, la Guinée Equatoriale s'est vue confier la
présidence d'un comité stratégique chargé de
conduire la réforme de la CEMAC avant mars 2008.
Toutefois, l'on ne saurait négliger les facteurs qui
militent contre une hégémonie équato-guinéenne dans
la CEMAC. En réalité, au-delà des éléments
déjà évoqués qui montrent le poids dont pèse
le Cameroun dans cette organisation sous-régionale, les indicateurs
intrinsèques à la Guinée Equatoriale montrent son
handicap. Avec seulement 546 700 habitants environ dans une superficie de
28 000 km², ce pays dépend à 90 % du pétrole
pour ses recettes budgétaires alors que le Cameroun n'est
pétro-dépendant qu'à hauteur de 39 % (WOMO ELLA,
2006 : 9). Cela révèle que l'économie
équato-guinéenne n'est pas diversifiée et s'appuie sur une
denrée périssable. D'autre part, "la confiscation des rentes
pétrolières par l'élite dirigeante en Guinée
Equatoriale est source de tensions internes et sous-régionales" WOMO
ELLA, op. cit. : 7).
Par cet exemple de la Guinée Equatoriale, nous avons
voulu démontrer que la promotion de la démocratie au Cameroun
peut réactiver les velléités d'hégémonie
dans la CEMAC surtout venant de la part des autres Etats qui à l'instar
de la Guinée Equatoriale, abritent beaucoup d'intérêts
américains.
CONCLUSION GENERALE
La politique américaine de promotion de la
démocratie au Cameroun après le 11 septembre 2001 est un chantier
énorme qui s'appuie sur la quête tous azimuts de la
sécurité nationale américaine. Dire cela, c'est ne pas
minorer l'aspect mondialisateur de la promotion de la démocratie car, il
se trouve que la promotion démocratique est une politique qui fait date.
Par ailleurs, il est de la nature des puissants d'étendre leur
domination. La marque de la domination c'est l'imposition de sa manière
de vivre, de sa culture. Ainsi, nous avons entrepris d'aborder cette
étude en deux mouvements. Dans le premier, nous avons
appréhendé la promotion américaine de la démocratie
au Cameroun depuis septembre 2001 comme une conséquence de la
mondialisation. En deux chapitres, nous avons tablé sur deux aspects de
la mondialisation à savoir l'aspect économique et l'aspect
politique. Nous avons observé que ces deux aspects s'entremêlent
dans l'entreprise de la mondialisation et sont ipso
facto indissociables. Nous avons donc démontré que
par le "Consensus de Washington" les intérêts américains et
ceux des institutions de Bretton Woods sont en collusion et exigent que les
reformes institutionnelles préparent le développement
économique.
Dans un deuxième mouvement, nous avons
présenté la promotion de la démocratie au Cameroun comme
une entreprise réaliste qui vise à protéger les
intérêts américains en préservant ainsi la
sécurité nationale U.S. Ce faisant, nous avons d'abord
présenté les intérêts ou enjeux américains
au Cameroun et alentour ; enjeux qui exigent que le Cameroun de par un
certain nombre de facteurs exogènes et endogènes, base pressentie
des Etats-Unis dans l'Afrique Centrale, soit un cadre démocratique.
Ensuite, nous avons présenté la promotion de la démocratie
dans la Nouvelle Stratégie américaine de Sécurité
nationale. Dans celle-ci, la population est présentée comme un
acteur majeur qui mérite en priorité l'attention des Etats-Unis.
Cette nouvelle diplomatie publique, a aussi comme conséquence une
mutation dans la théorie.
En politique internationale, les théories se sont
souvent opposées en raison des objectifs poursuivis et des
modus operandi. Le réalisme s'est souvent vu
opposé à l'idéalisme à cause du caractère
belliciste de l'un et du caractère colombiste de l'autre. Dans cette
étude, nous avons utilisé la théorie réaliste alors
même que les acteurs en présence auraient incité
à penser au néo-réalisme. Mais, dans cette étude
nous avons écarté l'usage du « Cocktail
méthodologique » même si l'évocation de
l'idéalisme peut porter à y penser. L'illusion viendrait de ce
que dans la nouvelle politique américaine de sécurité
nationale, il y a un mariage des oppositions. Le réalisme et
l'idéalisme se mettent ensemble pour les intérêts
supérieurs des USA. Peut être vaut-il mieux de dire : le
réalisme se sert de l'idéalisme et de tous les acteurs possible
pour assurer la sécurité nationale des USA.
Au demeurant, l'examen de la politique américaine au
Cameroun en matière de promotion démocratique soulève
quelques inquiétudes. Les exemples moyen-oriental et ougandais de cette
politique ont démontré que tout compte fait les
intérêts surpassent les valeurs. De cette triste
réalité,doit naître une méfiance et envisager une
coopération qui défende autant les intérêts U.S. que
ceux du Cameroun, cela exige que les camerounais du "haut" comme du "bas"
soient informés de ce que sur la scène internationale, seuls
priment les intérêts. Même quand les valeurs sont
présentées comme les motivations dans la politique
internationale, il faut être prudent, ne pas prendre pour explication ce
qui mérite explication.
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SOMMAIRE
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES TABLEAUX
iii
LISTE DES ANNEXES
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
v
A) Considérations sur
l'objet
1
1 - Présentation du sujet.
1
2 - Définition des
concepts.
3
3 - Revue de la littérature
4
B) Considérations
théoriques
5
1 - La problématique
5
2 - Hypothèses de la
recherche
6
3 - Propos théorique sur
l'objectif de la recherche
6
PARTIE I : CONSOLIDATION
DEMOCRATIQUE AU CAMEROUN ET LOGIQUES DE L'AMERICANISATION DU MONDE
11
CHAPITRE I : LOGIQUE DE LA
MONDIALISATION ECONOMIQUE AU CAMEROUN OU L'AMERICANISATION DE L'ECONOMIE
CAMEROUNAISE.
12
SECTION I : Le
« Consensus de Washington » ou les institutions de Bretton
Woods au service des Etats-Unis d'Amérique.
13
A) Similitudes dans les politiques
de Bretton Woods et des USA vis-à-vis du Cameroun.
14
1- Examen sommaire des pratiques
des institutions de Bretton Woods.
14
2- L'orientation américaine
pour le développement durable au Cameroun.
15
B) Propos sur l'application
conjointe des politiques américaine et "Brettonwoodienne" au Cameroun
à l'aune des P.P.T.E.
18
SECTION II : L'assistance
économique américaine et la promotion de la démocratie au
Cameroun.
21
A) L'allégorie du Banquier
ou la nécessaire construction d'un cadre institutionnel garant des
investissements.
22
Les instruments de l'assistance
économique au service des USA au Cameroun.
25
CHAPITRE II : Logiques
politiques de la mondialisation au Cameroun : The one best way of thinking
politics.
33
SECTION I : Assistance
à la consolidation de la compétition,de la participation et du
respect des droits.
34
A) Pour l'institutionnalisation
des pratiques démocratiques.
34
B) Pour que la démocratie
soit faite corps.
40
SECTION II : Voyage au coeur
du chantier de la consolidation démocratique au Cameroun
43
A) Les instruments de l'assistance
américaine à la consolidation démocratique au Cameroun
44
B) Evaluation à mi-parcours
d'un chantier en cours
46
1 - Les fruits de la
"loyauté démocratique"
46
2 - Cerbères et
écluses : obstacles vers l'Etat de droit démocratique
48
DEUXIEME PARTIE : PROMOTION
DE LA DEMOCRATIE AU CAMEROUN ET EXIGENCES SECURITAIRES AMERICAINES APRES LE 11
SEPTEMBRE 2001
53
CHAPITRE III : LA POLITIQUE
AMERICAINE DE PROMOTION DE LA DEMOCRATIE AU CAMEROUN : ENJEUX
GEOPOLITIQUES.
55
SECTION I : Du Golfe
Arabo-persique au Golfe de Guinée.
55
A) Les leçons du 11
septembre 2001.
56
1- Les Etats-Unis dans le Golfe
persique : Les signes de la rupture.
56
2- Les objectifs de la politique
africaine des Etats-Unis après le 11 septembre.
59
B) Les intérêts
américains à l'intérieur et autour du Cameroun.
60
1- Prépondérance des
intérêts pétroliers.
61
2- Survol des autres
intérêts américains à l'intérieur et autour
du Cameroun.
64
SECTION II : Du
réalisme démocratique ou la démocratie locale au service
des intérêts étrangers : élection du cadre
stato-natinal.
68
A) Les facteurs exogènes du
choix du Cameroun.
68
1 - La question nigériane.
68
a) Les multiples lignes de
fractures internes.
69
b) Le Nigeria : abri des
menaces transnationales.
70
2 - Cartes postales des autres
Etats riverains du cameroun.
71
B) Le Cameroun un partenaire de
choix dans la préservation des intérêts américains
dans le Golfe de Guinée.
72
1- La position stratégique
du Cameroun.
73
2- Le Cameroun dans la CEMAC.
74
CHAPITRE IV : DEMOCRATIE AU
CAMEROUN ET SECURITE NATIONALE DES ETATS-UNIS ; EXAMEN THEORIQUE ET
CRITIQUE.
77
SECTION I : Réalisme
démocratique : les valeurs démocratiques au service de la
sécurité nationale américaine.
77
A) Primat des
intérêts sur les valeurs démocratiques : analyse
à l'aune du commerce du pétrole.
78
B) La démocratie dans la
nouvelle stratégie de sécurité nationale.
81
SECTION II : Examen critique
de la Nouvelle Stratégie de Sécurité nationale
américaine
83
A) Promotion de la
démocratie au Cameroun et érosion de la souveraineté.
83
B) Un ethnocentrisme aux
conséquences sous régionales
86
1 - De la nécessité
de dépasser l'illusion universaliste de la démocratie
87
2 - Vers une possible
réactivation des querelles de leadership au sein de la CEMAC
88
CONCLUSION GENERALE
90
|