Université Marien N'gouabi de
Brazzaville FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES FORMATION
DOCTORALE ESPACES LINGUISTIQUES LITTERAIRES ET
CULTURELS (E.L.LI.C.) OPTION : Identités Culturelles Africaines
(I.C.A.)
LES MOYENS DE COMMUNICATION
TRADITIONNELS EN ZONE RURALE
DANS L'ESPACE CULTUREL KOONGO :
CAS DU DEPARTEMENT DU POOL
Mémoire en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes
Approfondies (D.E.A.) Présenté et soutenu publiquement le
23/02/2005 par Jean-Claude MOUSSOKI Composition du Jury
:
Président : Mukala Kadima NZUJI,
Professeur Examinateur : André-Patient BOKIBA,
Professeur Rapporteur et Directeur de recherche: François
LUMWAMU, Professeur
Année universitaire : 2 003-2004
Le peu que je sache, je veux néanmoins le faire
connaître afin qu 'un autre, meilleur que je suis découvre la
vérité et que l 'oeuvre qu 'il poursuit sanctionne mon erreur. Je
m 'en réjouirai un jour avoir été malgré tout,
cause que cette vérité
se fasse jour.
Karl Popper , Des sources de la connaissance et de
l'ignorance, Paris, Ed. Unesco, Payot et Rivages, 1998, p.5., Coll. Petite
bibliothèque ; n° 241.
DEDICACE
A la mémoire collective de mes parents: Alphonse
MOUANDA,
Joseph MOUANDA,
Benjamin M'PONGUI, Jules MOUANDA, Nestor DINZEBI et Francine
KIBINDA
A
Adolphine KIDILOU , ma mère pour son amour infaillible
Claude-Dominique-Raïs MOUSSOKI, Merveille-Maureen
MOUSSOKISITA et Daniel-Exaucé MOUSSOKI-MOUANDA, mes enfants Mes
frères, soeurs, neveux et nièces.
REMERCIEMENTS
Si nous avons pu mener à terme cette étude sur
« Les moyens de communication traditionnels, bizonzolo,
dans l'espace culturel koongo: cas du département du Pool
», c'est pour une large part grâce au Professeur
François LUMWAMU qui a su comprendre, orienter et préciser les
objectifs de notre ambition.
Notre gratitude va à l'endroit du Professeur
Ludovic-Robert MIYOUNA-N'TETANI pour ses sages conseils et sa
disponibilité à codiriger cette étude.
Nous tenons aussi à remercier les parents, amis et
connaissances qui nous ont apporté toutes sortes d'aides : MM Georges
N'TABA, Léopold PINDY-MAMONSONO, Jean-Ferdinand TOUMBOULA, Paul
BALEMBOGATA, Pascal MOUHOUELO, Auguste OKESSI et ArmandGénil
MAVOUNIA-NDOKO, Mesdames Marie-Paule KABORE, SylviePatricia-Tylline
BAZONGUELA-MALONGA, Sylvie-Carine SOUNGA et Madeleine YILA-BOUMPOUTOU, sans
l'aide matérielle et financière et le soutien moral desquels nous
n'aurions, certainement, pas pu réaliser ce travail.
Aux enseignants du département des sciences et
techniques de la communication (stc), et à tous ceux dont les noms n'ont
pu être consignés sur cette page, toute notre reconnaissance.
INTRODUCTION JUSTIFIANT L'INTERET DU SUJET 1.1.
Présentation du sujet
La communication est au coeur de toute sociabilité.
Tout au long de son histoire, l'homme cherche à communiquer ses
sentiments, ses idées, ses émotions, ses messages. Il
élabore, ainsi, à partir des codes gestuels, une série de
moyens non verbaux de transmission de messages : tambours, cornes, sifflets,
hochets, cloches, dessins et autres formes de symboles graphiques donnant
naissance au pictogramme, puis à l'idéogramme. C'est le
développement du langage qui explique la position
prééminente de l'homme dans le monde animal et donne à la
communication humaine son étendue et sa précision. Ce langage
est, selon Montesquieu:
Cet élément constitutif de la
personnalité culturelle et partant de l 'identité culturelle
(...). Il est l 'unique dénominateur commun, le trait d
'identité
1
culturelle par excellence.
Dans toute société, le processus de
communication repose sur le langage qui sert de lien entre les hommes et
B.Voyenne le définit en ces termes:
Vivre en société, c 'est communiquer. Un
groupe peut, à la rigueur, se passer d 'échanger des biens
matériels. Mais s 'il n 'échange pas de renseignements, des
idées, des émotions, c 'est le lien social lui-même qui
disparaît : il n 'y a
1 Monstesquieu cité par C.A.Diop, Civilisation ou
barbarie : anthropologie sans complaisance, Paris, Présence
africaine, 1981, p.275.
plus rien de commun entre les membres de ce groupe et, par
conséquent, plus
2
de communauté (...). Elle conditionne son existence,
sa survie et son action.
Dans cette optique, la nécessité de communiquer
est manifeste chez les populations de l'espace culturel koongo, en
général et, singulièrement, chez les Koongo, Laadi,
Suundi, Haangala du département du Pool.
Mais que sous-tendent les concepts information et communication
?
L'Information : Terme polysémique, il dérive du
latin informare, qui veut dire informer, communiquer ; c'est
transmettre un message, une nouvelle, communiquer un savoir. Elle signifie tout
élément ou système qui peut être transmis par un
signal ou une combinaison de signaux. L'information est la communication de
connaissances ; c'est aussi la connaissance communiquée. Elle
représente donc un accroissement des connaissances ou une
réduction de l'incertitude pour celui à qui elle est
communiquée.
La liste des définitions du concept « information
» est loin d'être close. L'information est la matière sur
laquelle travaillent beaucoup de corps des métiers : journalistes,
informaticiens, documentalistes, politiciens etc.
Par contre, le terme communication, du latin communicare,
veut dire communiquer ; c'est aussi établir une relation avec
quelque chose, une
2 B. Voyenne, La Presse dans la société
contemporaine, Paris, A.Colin, 1962, p.11., Coll.U; série
société politique.
relation dynamique qui intervient dans le fonctionnement,
l'échange de signes, de messages entre un émetteur et un
récepteur. D'après le dictionnaire Larousse, communiquer signifie
faire connaître quelque chose, faire passer une information d'une
personne à une autre, être en relation avec, l'ensemble des
processus d'échanges signifiants entre le sujet émetteur et le
sujet récepteur des messages (verbaux ou non verbaux, gestuels etc...).
Ainsi, la communication est inséparable de l'information comme l'atteste
cette définition :
Informer, c 'est communiquer. Elle est à la fois un
moyen d 'informer et de réduire l 'incertitude. Toute communication a un
contenu cognitif, plus ou moins important, qui est l 'information. Cela
implique qu 'il n 'y a pas
d 'information sans communication. La communication est un
processus dont
l 'information est le contenu; l 'une ne peut être
comprise sans l 'autre, l 'étude
de l 'une et de l 'autre ne fait qu 'un3.
Mais, à côté de bien d'autres
définitions proposées, ici et là, la communication,
écrit Y.R. Baticle:
Est la mise en commun d'idées, des informations ou
des connaissances entre deux ou plusieurs personnes, entre deux ou plusieurs
groupes humains »4.
3 Larousse cité par E. Sutter, Marketing des
systèmes d'information documentaires, Paris, éd. ESF, 1994,
p.35., Coll. S.J.
4 Y-R. Baticle, Message, média, communication : de
Lescaux à l'ordinateur, Paris, Ed. Magnard, 1973, p. 25., Coll.
Information-Communication.
Toute fois l'information peut exister indépendamment du
processus de communication d'autant plus que le «message c'est le
médium » affirment les sociologues de la communication. Elle peut
s'exercer d'un individu à un autre, d'un individu à un groupe et
d'un groupe d'individus à un autre. Mais, il s'avère difficile
voire impossible de donner une définition qui recouvrirait, d'un seul
tenant, tous les domaines de la communication.
Cependant, Massa Makan Diabaté propose une
définition sur laquelle nous sommes appuyés pour démontrer
le caractère social de la communication. Elle est, écrit-il:
Le vaste champ des échanges, des faits, d 'opinions
entre les êtres humains. Ainsi, la communication va de l 'individu au
groupe et réciproquement, et comprendrait toutes les acquisitions de l
'homme. Sa fonction est de transmettre ce qui appartient au groupe depuis l
'éducation et la culture
jusqu 'aux outils qui permettent de s 'adapter dans et par
le groupe (...)5.
1.2.- Intérêt du sujet.
Le choix de ce thème a été guidé
par la diversité culturelle qu'offre l'espace culturel koongo qui
comprend les départements de la Bouenza, de la Lékoumou, du Niari
et du Pool, cadre de notre étude, d'une part, et d'autre part, par les
spécificités linguistiques des langues à classes de la
5 Massa Makan Diakité, « La corrélation entre
communication moderne et traditionnelle », La Fonction culturelle de
l'information en Afrique, Dakar, NEA, 1985, p.17.
zone H koongo6 des groupes bantu du Congo, que nous
aimerions mettre à la disposition de la postérité. Par
ailleurs, la planche présentée en 1692 par Girolamo
Morella7 et l'étude de Joseph Goga-Messakop8 ont
davantage retenu notre attention.
Ainsi, l'homme qui a éprouvé le besoin de
communiquer ou de télécommuniquer avec ses semblables, mais aussi
avec les forces surnaturelles, a cherché à s'affranchir de la
distance le séparant de l'interlocuteur. Il était
nécessaire de réduire les distances tout en préservant la
confidentialité de l'information. Pour ce faire, il a fabriqué
d'innombrables moyens de communication, bizonzolo, préludes aux
télécommunications modernes.
L'espace culturel koongo, singulièrement la zone rurale
du Pool, est l'un des plus anciens foyers de l'espace culturel
négro-africain qui il renferme une panoplie d'objets de communication.
Intimement liés aux rites et aux manifestations populaires, ces moyens
sont sources de plaisir, de divertissement, de transmission de connaissances,
de conservation des valeurs culturelles, voire d'échange (communication)
des informations. Ces systèmes de communication traditionnels
s'intègrent dans un grand ensemble qui est le savoir traditionnel. Ce
savoir génère des formes
6 D'après les travaux de Daniel Barreteau et Yvonne
Bastin, la zone H koongo comprend les sous ensembles Beembe 11, Yoombe 12, Vili
12A, Kuunyi 13, Suundi 13B, Nianga 13C, Koongo 16, Laadi 16F, Suundi 16A,
Hangala16, Kaamba 17B, Doondo 17A, cités par D. N'Goie-N'Galla, Le
retour des ethnies : quel Etat pour l'Afrique ?, Paris, Ed. Bajag-Meri,
2003, p.35.
7 La planche présentée par G.Morella
peut-être considérée comme l'ancêtre des moyens de
communication traditionnels en usage au royaume kongo citée par H.
Moniot, Les civilisations de l'Afrique, Paris, Casterman, 1987, p.49.,
Coll. Histoire de l'Homme.
8 J.Goga-Messakop, La communication dans les
sociétés traditionnelles : cas des Bakouélé,
Travail d'Etudes et de Recherches, option Journalisme, Brazzaville,
Université Marien-N'gouabi, 1990, 64 p.
d'expression que les générations s'approprient
au fur et à mesure. Il s'agit, bel et bien, des pratiques sociales
valorisées et valorisantes, liées au territoire spécifique
(département du Pool), à une culture spécifique (culture
koongo), et cela apparaît déterminant dans la connaissance de
l'autre en tant qu'individu, mais aussi en tant qu'élément d'une
communauté. Une communauté où l'essentiel de la
communication repose sur l' oralité.
Pour se parler à distance, les hommes n'étaient
pas à court d'idées. Aussi, avaient-ils inventé les
tambours, les cornes, les sifflets, les cloches et les autres moyens tels que
les vecteurs artificiels : les signes (bidimbu) et les marques (masuku) pour
palier leurs insuffisances.
Suffit-il de disposer d'un émetteur et d'un
récepteur pour que la communication s'établisse ou s'instaure
?
L'effet de communication ne peut se comprendre que dans une
optique de confiance et de réciprocité. C'est au cours des
relations dites «primaires » 9 qu'une personne (émetteur)
entre en contact avec une autre personne (récepteur) ou,
éventuellement, avec un petit nombre d'entre elles, par
l'intermédiaire d'un lien physique et au moyen d'un système
symbolique (langage), dont ils possèdent l'un et l'autre la clef. Ce
langage a, ainsi, pour première condition l'existence des
sociétés dont il est l'instrument indispensable et constamment
employé. La communication est immédiate et, si le processus
fonctionne normalement, réciproque. En
9 B.Voyenne, op.cité, p.14.
effet, le retour sur la source ou réponse (que les
théoriciens de la communication appellent feed-back) est
lui-même immédiat, puisque le système peut, dans l'instant,
s'inverser, l'émetteur devenant récepteur et vice-versa de telle
sorte qu'il s'établit un échange continu et sans
intermédiaire : un dialogue ou une conversation.
Ainsi, la recherche sur les moyens de communication
traditionnels dans l'espace culturel koongo s'est traduite dans le paradigme de
Lasswell selon
lequel << On peut décrire une action de
communication en répondant aux questions suivantes :
qui dit quoi, à qui, par quel canal, avec quel effet ?
»10
Dans le département du Pool, après que les
marins portugais aient observé au XVè siècle,
ce que l'on peut considérer comme << le plus vieil instrument de
musique : la sanza11 », on a cherché à
perfectionner les moyens de communication. De nombreux dispositifs ont
été mis en oeuvre soit pour accroître la rapidité de
transmission des messages, soit pour diminuer leur nombre à l'aide de
moyens rudimentaires sonores ou visuels (tambours, cornes, sifflets, cloches,
etc), et surtout d'améliorer la fidélité.
Aussi, limiterons-nous notre enquête à la
typologie analytique, aux contextes d'utilisation et aux fonctions de ces
moyens de communication ; aux éléments et caractéristiques
de la communication traditionnelle en zone rurale dans l'espace culturel
koongo, à la corrélation entre les moyens
10 ibid., p.14.
11 La sanza : le nom sous lequel cet instrument est plus connu ;
il vient d'une langue de Malawi (sansi)
écrit A. Pandi, La place et le rôle du palmier
dans la civilisation de l'ancien royaume kongo du XVè au
XIXè siècle,
Mém. de DES d'Histoire, Brazzaville, Université
Marien-N'gouabi, 1984, p.58.
de communication traditionnels et modernes dans le paysage
rural d'aujourd'hui et à leur impact sur les acteurs et les espaces
sociaux dans lesquels s'élaborent ces communications.
2.-PROBLEMATIQUE ET INTERET DE LA
PROBLEMATIQUE
2.1. Problématique
La problématique des moyens de communication
traditionnels dans l'espace culturel koongo : cas du département du
Pool, c'est-à-dire la relation entre la communication appuyée et
rythmée par les instruments et les acteurs sociaux, est complexe. Les
connaissances se transmettent oralement, d'une personne à une autre et
d'une génération à une autre.
Aussi, le processus de communication basé, ici, sur
l'oralité prime t-il sur les galaxies <<Gutenberg ,>12
et << Marconi ,>13 dont l'avènement s'est fait
peu avant l'accession à la souveraineté internationale de la
République du Congo. Cette période consacre t-elle la
plénitude et l'utilisation optimale des moyens de communication
traditionnels en zone rurale.
La communication est, en fin de compte, un mécanisme
permettant aux relations entre les personnes d'exister et de se
développer. Elle recouvre
12 Gutenberg (Johnnes de Gensfleich dit): est celui à
qui la tradition attribue l'invention, à partir de 1438, de
l'imprimerie, Dictionnaire des biographies t.2, Paris, PUF, 1958,
p.658.
13 Marconi : Célèbre technicien italien a
été le premier à réaliser des liaisons par radio
sur de grandes distances et à démontrer ainsi
l'intérêt de ce moyen de communication, Dictionnaire des
biographies t.1, Paris, PUF, 1958, p.968.
différents types (unilatéral ou avec retour),
différents niveaux (à deux, en groupe ou dans la
société), différentes profondeurs (discussions,
échanges, dialogues). Il s'agit donc de participer à une
multitude d'échanges quotidiens au sein d'une même
communauté culturelle. Elle inclut les symboles de l'esprit (oral,
visuel, audio, sonore ...) avec les moyens nécessaires pour les
transmettre dans l'espace et dans le temps et selon les circonstances
déterminées.
Par conséquent, notre raisonnement s'est construit
autour de la question centrale suivante : A l'heure de la
mondialisation14 des grands ensembles, les contextes voire les
occasions d'utilisation des moyens de communication, demeurent-ils constants ?
D'autres questions ont, également, été récurrentes,
comme celles de savoir quels sont les moyens de communication ou instruments de
musique qui appuient et rythment la communication en zone rurale dans l'espace
culturel koongo? Comment s'effectue cette communication? Quelles influences ces
moyens exercentils sur les acteurs et les espaces sociaux de la communication ?
Quels instruments remplissent la fonction de communication? Quels types de
contenus ces moyens de communication traditionnels véhiculent-ils?
Quelle est leur place dans le nouvel espace culturel d'aujourd'hui ?
2.2. Intérêt de la
problématique
14 Y.Brunsvick et A.Danzin, Naissance d'une civilisation : le
choc de la mondialisation, Paris, Ed. Unesco, 1998, Coll. Défis,
p.15.
Les moyens de communication traditionnels dans l'espace
culturel koongo, singulièrement dans le département du Pool,
n'ont jamais fait l'objet d'une quelconque étude. Or, les
télécommunications actuelles sont le prolongement des moyens de
communication traditionnels. On a souvent tendance à oublier que
l'Afrique, en général, et le Pool, en particulier, ont un riche
patrimoine médiatique. Les systèmes de communication
traditionnels ont touj ours existé pour dialoguer, informer,
éduquer, résoudre les conflits sociaux. C'est ce qu'explique
Emmanuel Ngwainbi quand il écrit:
Les populations rurales qui constituent la majorité
de la population du continent, utilisent des moyens traditionnels de diffusion
de l 'information : un crieur marche dans le village durant la nuit, faisant
sonner son gong pour appeler les habitants à se joindre aux
activités du village, un tambour communique la mort, une invasion
imminente, ou une épidémie qui se répand. Et les paroles
de chansons chantées en public sont là pour apaiser et encourager
les travailleurs. Sans aucun doute, les systèmes de
communication
traditionnels sont riches en idées et en
compétences15.
C'est autant dire que dans la zone rurale les percussions sont
des outils de communication qui interviennent dans tous les
événements importants (deuil, funérailles, mariage,
activités productives...). Elles prennent parfois la place de la parole
du fait de la virtuosité des acteurs sociaux de la communication.
15 E. Ngwainbi cité par Akin Fatoyinbo « Les
médias en Afrique », Lettre d'information, vol.11,
n°2, [
http://www.adeanet.org./newsletter/vol11N°2,fr_6.html],
(27/07/2004), p.3.
Mais, notre ambition, pour l'heure, est d'étudier la
manière dont s'effectue cette communication qui suppose une série
:
Des relations entre les hommes qui sont de trois sortes ou
si on préfère se déroulent sur trois plans. A deux dans un
lit, à 10 autour d 'une table, à 100 dans une salle de
réunion ou à 1.000 sur une place publique, c 'est pareil : il y a
les choses qu 'ils vendent, qu 'ils cherchent à avoir; il y a qui
décide qui peut
vouloir quoi ; et il y a les signes, les messages qu 'ils
envoient (...)16 , écrit
Robert Georges.
Les situations de communication mettent en présence un
émetteur et un récepteur qui s'échangent des informations
au moyen d'un canal et, la communication n'est possible que lorsqu'il y a
réaction (retroaction ou feed-back) du récepteur qui
devient à son tour émetteur. Pour cette raison, il est opportun
de mener la présente étude afin d'apporter des
éléments de réponse aux questions ci-après: Comment
s'effectue la communication en zone rurale ? Quel est son impact sur les
acteurs et les espaces sociaux ? Quelles sont les évolutions
présentes de ces moyens à l'ère du téléphone
portable et des stations de radios numériques ? Ces moyens (les
tambours, les cornes, les sifflets, les symboliques etc.) n'ont-ils pas
engendré ceux que nous connaissons aujourd'hui ?
2.3.-Choix du corpus
16 R.Georges,
Hétérogénéité culturelle et
communication : visages nouveaux de l'aliénation, Paris, Anthropos,
1978, p.275.
Pour cette recherche, nous nous sommes basés sur une
importante collecte de vingt trois (23) moyens de communication traditionnels.
Il s'est agi d'un inventaire de divers instruments qui rythment et appuient la
communication dans l'espace culturel koongo. N'avons-nous pas été
en présence de la « préhistoire des
télécommunications ? »17
Les populations du département du Pool ont touj ours
communiqué, soit directement, soit indirectement à l'aide des
instruments que sont les tambours, les cloches et les cornes qui se sont,
cumulativement, révélés être d'excellents moyens de
communication et instruments de musique18.
Avant d'aborder cette étude, précisions que ces
instruments constituent un mode privilégié de communication dans
ce département. Ils jouent des rôles similaires allant de la
musique à la communication : berceurs, musique de divertissement, chants
de guerres, musique religieuse, transmission des messages.
Sur la base des études qualitatives (entretiens semi
directifs) et quantitatives (un échantillon de 200 Kongo), nous avons,
d'une part, répertorié, quatre (04) membranophones (tambours...),
sept (07) idiophones ou instruments à lames (sanza), quatre (04)
aérophones ou instruments à vent et à air (sifflets,
cornes) et un (01) cordophone ou instrument à cordes (nsambi) et d'autre
part, sept (07) autres moyens de
17 P.Kersale, « Préhistoire des
télécommunications », [
http://www.abm.fr/abm/récit//récitkersal.html],
(24/04/2004), 5 p.
18 F.Bebey, Musique de l'Afrique : expressions, Paris,
Ed. Horizons de France, 1969, p.14.
communication traditionnels (vecteurs artificiels) relevant
des symbolismes animaliers, végétaux et minéraux.
On ne prétend pas faire l'exhaustivité des
moyens de communication traditionnels utilisés dans le Pool, mais
d'inventorier, d'abord, ceux utilisés pour la communication et la
transmission des messages chez les populations de langue koongo, et de
dégager, ensuite, les contextes d'utilisation et les fonctions que
remplissent ces moyens de communication.
Ce qui nous permettra de jauger les éléments et
les caractéristiques de la communication dans les autres
départements de l'espace culturel koongo : Bouenza, Lékoumou et
Niari, la corrélation entre les moyens de communication traditionnels et
modernes et l'impact de ces moyens sur les acteurs et les espaces sociaux :
fêtes ou malaki, , et d'analyser, en dernier ressort,.
3.- METHODOLOGIE D'ENQUETE ET D'ANALYSE
Dans une communication à l'occasion du
cinquantième anniversaire de la commission française pour
l'Unesco, Yves Quéré déclarait :
Dans le jardin d 'Eden, Yahvé ordonne à Adam
de nommer tous les oiseaux du ciel et toutes les bêtes de la Terre ce qui
désigne en Adam, symboliquement ou poétiquement, comme vous
voudrez, le premier homme de science. En effet, nommer est l 'acte
élémentaire par lequel nous inaugurons ce grand dialogue avec la
nature que nous appelons maintenant la science, car notre façon de
mettre l 'ordre dans l 'apparent chaos qui nous entoure. Nommer la terre
et
parler avec elle dans sa propre langue qui est, selon le
mot de Galilée la géométrie, c 'est instaurer cette
science-dialogue, ou cette science discours que nous appelons maintenant
science fondamentale. Dans le même temps, Yahvé ordonne à
Adam de dominer la Terre, désignant là symboliquement ou
poétiquement, Adam comme le premier ingénieur. Nous voyons ici
apparaître le second volet de la science, cette science appliquée.
Et nous voici donc installés dès les premières pages de la
Genèse, ces deux pôles entre lesquels tout homme de science
évolue et, peu ou prou, oscille19.
Pour mener, cette étude nous avons
réalisé qu'il n'existe pas, dans le domaine des sciences
sociales, de méthode qui fasse l'unanimité. C'est dans ce
contexte que W.I. Thomas avait formulé un théorème
essentiel selon lequel:
Quand les hommes considèrent certaines situations
comme réelles, elles sont réelles dans leurs conséquences.
Les hommes réagissent non seulement aux caractères objectifs
d'une situation, mais aussi et parfois surtout, à la signification qu
'ils donnent à cette situation. Et cette signification, une fois
donnée, détermine le comportement qui en résulte avec ses
conséquences20.
A cet effet, pour analyser les moyens de communication
traditionnels, la recherche a été menée sur la base d'une
méthode qui nous a permis de catégoriser les différents
moyens de communication et de comprendre les interactions de ces moyens sur les
acteurs, d'une part, et les espaces sociaux de la communication traditionnelle,
d'autre part.
19 Y.Quéré, « La responsabilité des
nouvelles technologies de l'information et de la communication »
cité par Y. Brunsvick et A. Danzin, Naissance d'une civilisation :
le choc de la mondialisation, Paris, Ed. Unesco, 1998, pp.25-26.
20 W.I.Thomas cité par Robert King Merton,
Eléments de méthode sociologique, Paris, Plon, 1953,
p.167, Coll. Recherche en sciences humaines
C'est la méthode inductive21. Disons avec
P.Watzlawick que:
Un phénomène demeure incompréhensible
tant que le champ de l 'observation n 'est pas suffisamment large pour qu 'y
soit inclus le contexte dans lequel ledit phénomène se produit.
Ne pas pouvoir saisir la complexité des relations entre un fait et le
cadre dans lequel il s 'insère, entre un organisme et son milieu, fait
que
l 'observateur bute sur quelque chose de
''mystérieux'' et se trouve conduit à attribuer à l 'objet
de son étude des propriétés que peut-être il ne
possède pas22.
Faute de sources écrites, pouvions-nous mener à
terme cette étude ?
L 'ethnologue, dit Claude Levi-Strauss, s
'intéresse surtout à ce qui n 'est
pas écrit, non pas parce que les peuples qu 'il
étudie sont incapables d 'écrire, que parce que ce à quoi
il s 'intéresse est différent de tout ce que les hommes songent
habituellement à fixer sur la pierre ou sur le
papier23.
Cette pensée de Claude Levis-Strauss
révèle le type de démarche que nous avons adoptée.
Une démarche axée sur des interviews orales et sur des entretiens
et questionnaires oraux que nous esquissions avant de nous rendre sur le
terrain. Mais, de quelles particularités disposent ces moyens de
communication ? En parlant de ces moyens ou des systèmes de
communication traditionnels, le sociologue de la communication André
Akoun souligne que:
21 L'induction est une généralisation,
opération par laquelle on étend à une classe d'objets ce
que l'on a observé sur un individu ou quelques cas particuliers. La
philosophie classique distingue l'induction rigoureuse, dite
aristotélicienne, qui reconnaît certaines caractéristiques
aux phénomènes observés (en principes la totalité
des cas), les généralise ou les résume dans une loi, M.
Grawith, Méthode des sciences sociales, 9è éd.,
Paris, Dalloz, 1993, p.15., Coll. Précis Dalloz.
22 P.Watzlawick cité par L.Quéré, Des
miroirs équivoques : aux origines de la communication, Paris,
Aubier Montaigne, 1982, p.15.
23 C.Lévi-Strauss, Anthropologie structurelle,
Paris, Plon, 1958, p.33. cité par A.Tine, « Tradition orale
comme modèle de communication », Annales de la Faculté
des Lettres et des Sciences Humaines de Dakar, n°14, 1984, p.175.
Tout système de communication, pour être
compris, doit être référé à la symbolique
sociale dans laquelle il se déploie. Ainsi, le système actuel des
moyens de communication traditionnels exige, pour être compris, qu 'il
soit
rapporté aux structures (...)24.
La méthode inductive que nous avons utilisée
nous a permis de comprendre les particularités et les
spécificités des moyens de communication utilisés dans le
département du Pool.
L'étude sur les moyens de communication traditionnels,
bizonzolo, que nous nous sommes proposée de mener exige que
celle-ci repose sur un certain nombre d'axes de travail à savoir :
1.- Typologie analytique, contextes d'utilisation et
fonctions des moyens de communication traditionnels en zone rurale dans
l'espace culturel koongo : cas du département du Pool.
2.- Eléments et caractéristiques de la
communication traditionnelle en zone rurale.
3.-Interaction ou corrélation entre les moyens
traditionnels et modernes de la communication.
4.- Impact des moyens de communication traditionnels sur les
acteurs et les espaces sociaux de la communication : fêtes,
période de communication participative.
24A.Akoun cité par P.Ansart, « Les utopies
de la communication », Cahiers internationaux de sociologie,
janvier-juin 2002, vol.CXII, p.43.
4.-PRINCIPAUX AXES DE TRAVAIL ET REDACTION D'UN
AXE
Les vingt trois (23) instruments de musique ou moyens de
communication traditionnels recensés ont beaucoup de fonctions et de
significations. Ils interviennent au cours de diverses circonstances de la vie
communautaire. Certains d'entre eux servent à la musique et d'autres,
à la communication. Il y a un lien étroit entre les instruments
et l'art y compris la communication. L'auteur Bertil Soderber, remarquant ce
lien, écrit :
J'explorerai la nature de cette association (...). La
musique elle-même était et est pensée pour permettre la
communication avec les morts, induisant souvent la possession d 'esprit
entraînant l 'esprit à descendre. La présence de l 'esprit
est identifiée quand tout le monde est emporté (...). Le seul
instrument qui, autant que je puisse dire, n 'a aucune connotation rituelle
celui qui soit dit, le piano de puces25.
La musique fait étroitement partie de la vie des Kongo
et intervient dans leurs manifestations populaires et rituelles. Dans ce
département, c'est le musicien lui-même qui fabrique son
instrument ; il le personnalise. Aussi, les Kongo ont-ils fabriqué des
instruments de musique à base des éléments d'origine
animale (cornes, os, coquillages...) et végétale (la sanza)
à partir du palmier26. N'ont-ils pas fabriqué les
moyens de communication traditionnels? Pour André Pandi, l'auteur
Cavazzi, en 1637, serait le plus précis en ce qui concerne la typologie
des instruments
25 B. Soderberg, Les instruments de musique du Bas-Congo
et dans les régions avoisinantes, 1958, cité par Wyatt Mac
Gaffey (2000), « Notes d'ethnographie sur les instruments musicaux de
kongo : arts africains », [
http://www.findarticles.com/cf_dls/m0438/....],
(24/04/2004), p .1.
26 A. Pandi, op., cit. p.57.
de musique au koongo. Il les regroupa en quatre grandes
familles : les membranophones, les idiophones, les aérophones et les
cordophones. Cette typologie s'apparente à celle présentée
par M. Auguste Miabéto27.
En nous inspirant de la typologie de Cavazzi que nous
voudrions analytique, les moyens de communication traditionnels sont
inséparables de la musique et de la danse. Ceux-ci animent les
activités essentielles de l'homme. De la naissance à la mort,
toute la vie de l'africain, en général et, en particulier, de
celle des habitants du Pool, est animée par la musique, le chant et la
danse. On peut dire, selon l'expression familière, que :
Les trois éléments lui collent à la
peau (...). Soustraire le chant des activités de société,
c 'est freiner et même arrêter l 'élan vital qui
régénère continuellement les hommes28.
La musique, d'une part, et la danse, de l'autre, adressent le
même message au représentant du monde extra-humain qu'il s'agit de
toucher et que le langage ordinaire ne pourrait atteindre. Le message est
identique. Pour l'exprimer, la musique et la danse utilisent chacune un langage
qui lui est propre. Le rythme est le domaine privilégié, commun
aux deux modes d'expression, au sein duquel leur rencontre est possible. Le
même type de musique peut donc jouer deux rôles identiques par
rapport aux génies : les chasser ou les évoquer29. Ne
peut-on pas assimiler cette pensée à celle de Stanley qui, en
parlant des fonctions de la danse, de la musique et du chant,
27 A.Miabéto (65 ans), Entretiens sur la typologie des
instruments de musique et moyens de communication traditionnels au Congo,
Brazzaville, 2/04/2004. (sources orales n°1).
28 O.Kaboré, Les Oiseaux s'ébattent : chansons
enfantines au Burkina-Faso, Paris, L'harmattan, 1993, p.99.
29 M.I.Pareira De Queiro, « L'Amérique Latine :
unité ou diversité », Le musique dans la vie t.1 :
l'Afrique, ses prolongements, ses voisins, Paris, Office de
Coopération Radiophonique, 1967, p.51.
écrit : <<la nuit, toute l'Afrique danse
>30. Il convient de relever que dans l'espace culturel
koongo:
On accorde une place de choix à la danse, au chant
et à la musique réunis par intrication pour rythmer la vie
quotidienne en s 'imbriquant dans l 'ensemble des actes sociaux multiformes.
Les grandes occasions d 'extériorisation festive
permettent de forger «le moi » collectif comme
le montre Marcel Mauss31.
Dans ces conditions, les instruments de musique sont
susceptibles de remplir plus d'une fonction surtout lorsqu'ils sont <<
habités >32, chargés et associés
aux fétiches. La musique est censée faire descendre ou rendre
présente la force spirituelle. Les fétiches ont pour rôle
de permettre au musicien de réaliser des exploits inédits.
Ainsi, quels sont, en tout état de cause, les moyens ou
instruments de musique qui jouent le rôle de communication dans l'espace
culturel koongo et particulièrement département du Pool ?
Quelles sont les contextes ou les occasions d'utilisation et
les fonctions de ces moyens de communication ?
I.-TYPOLOGIE ANALYTIQUE, CONTEXTES D'UTILISATION ET
FONCTIONS DES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS
30 Stanley cité par S.Bemba, « Variations sur
l'éducation sentimentale de deux peuples ou la naissance du discours
amoureux dans la vie quotidienne chanté au Congo-Zaïre »,
Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris,
L'harmattan, 1988, p.41.
31 M.Mauss cité par Sylvain Bemba ibid., p.42.
32 R. Bouesso-Samba (37 ans), Entretiens sur les fonctions
des instruments de musique et de communication dans le
département du Pool, village Mababa, 5/06/2004 (sources orales
n°3).
L'essentiel des moyens de communication ou instruments de
musique recensés sont regroupés en quatre familles (les
membranophones, les idiophones, les aérophones et les cordophones). A
celles-ci, nous avons ajouté une cinquième, basée sur les
symbolismes << spécifiques > à l'espace culturel koongo
et sur les organes biologiques des acteurs Kongo.
A°).-TYPOLOGIE ANALYTIQUE DES MOYENS DE
COMMUNICATION TRADITIONNELS
1.- Les membranophones ou tambours ou lithophones
Dans son célèbre roman intitulé <<
Batouala > René Maran, écrivait :
Parmi tous les modes ancestraux de la communication, le
tam-tam est celui
qui préfigure le mieux la presse, parce que les
messages qu 'il transmet se propagent directement dans plusieurs directions. Il
informe sur tous les événements, petits ou grands, dans la
communauté, exprime ses joies et ses peines, rompt la monotonie de la
vie quotidienne 33.
Les membranophones ou tambours sont probablement les outils de
télécommunication les plus célèbres dans le Pool,
mais moins connus quant à la contextualité de leur langage et aux
fonctions de communication qu'ils remplissent. Nous avons remarqué qu'il
existe deux types de tambours : les tambours à membranes et les tambours
à fentes ou tambours de bois. Ils sont, soit portatifs, soit fixes. Et,
en fonction de la puissance sonore de ces membranophones, nous les classons en
cinq catégories: le
33 R. Maran, Batouala, 1921, cité par B .
Voyenne, ibid., p.38.
grand tambour (nguri ngoma), le tambour mâle, le tambour
femelle et les deux petits tambours (bala ba ngoma). Ce département
dispose d'une variété de tambours aux formes et dimensions
variables. Il existe plusieurs types de tambours qui sont fabriqués,
pour la plupart, à base du ricinodendron africanum, chlorophora
exelsa34 ou mungo ngoma troué:
1.1.- Le tambour à membranes, ngoma35:
Le tambour, ngoma, est fabriqué à
partir d'un tronc d'arbre évidé. Il a l'une des deux
extrémités qui est recouverte d'une peau tendue qui sert à
la communication, à la transmission des messages et, l'autre, de
support. Il peut-être sculpté ou non. Cet instrument est
joué pour
diverses raisons : annoncer un événement heureux
ou malheureux (naissances, mariages, décès, arrivée d'une
autorité politique, administrative ou militaire, etc). Ces tambours sont
des instruments sacrés et leur fabrication doit se conclure par une
bénédiction36 pour en assurer la qualité
sonore. Dans les localités de Kimbédi, M. Jacques Mouhouelo notre
informateur, nous avait confié ce que:
34 Ricinodendron africanum ou chlorophora exelsa de la famille
des Euphorbiacée= Mungo ngoma : arbre qui sert à la fabrication
des tambours à membrane ou à fentes, A.Mouandza, Civilisation
traditionnelle des Minkéngé de Mouyondzi : essai
d'ethno-histoire, Mémoire de Maîtrise d'Histoire,
Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1975, p.181.
35Le ngoma kongo est l'équivalent du
baandi suundi
36J.Mouhouelo (71 ans), Entretiens sur les moyens
de communication traditionnels dans le département du Pool, village
Kimbédi, 9/05/2004. (sources orales n°2).
Le fabricant, après avoir invo qué l 'esprit
protecteur de la forêt, arrose le sol de vin de palme, nsamba, ainsi que
les membranes des tambours. Il trace sur ceuxci des signes avec un cierge
allumé et récite les paroles de bénédiction
suivantes :
1./Marie/ngoma /nge /wedi
/muti /wamunene /ku /sangi /.
/Marie/ngoma /toi /être
/arbre /de grand/dans /forêt
/.
2. /M'lemvo /nitakuloma /bu
/nakutabudi /.
/Pardon/moi/toi/demander/quand
/moi /couper /toi /.
3. l ka l nasidibo l nabuzitu l
buansoni l.
lMais lmoi lfaire lcela
lavec lrespect ltout l.
4. lNakuneti lku lnzo /ya
/meno /ku /nakuwubudi /
/Moi /toi /amener /maison
/pour/moi /où /toi /trouer
/toi /.
5. l Na lbunkete lmpe l
na l luzabu l bia lnabeki l.
lAvec lhabileté l et l
expérience l moi lacquérir l.
6. l Mu l sala l nge l ngoma
l.
lPour l faire ltoi l goma
l.
7. lNge l nita llomba lwa wakisa
l kiwono l kia m 'bote l.
/Toi/moi/demander/toi /parler
/avec /voix /de bien /.
8. /Mu /ntagu /zansoni
/zibasika /tukabuawubu /.
/Soleil ltout lbattre ltoi
lmaintenant l.
Nous avons opté pour une traduction littéraire:
1. Marie-ngoma, tu étais un grand arbre dans la
forêt.
2. Je te demande pardon de t 'avoir coupé.
3. Mais je l 'ai fait avec respect.
4. Je t 'ai apporté près de ma case où
je t 'ai troué.
5. Avec l 'habileté et l 'expérience que j 'ai
acquises.
6. Pour faire de toi un tambour.
7. Je te demande de résonner d 'un bon son.
8. Chaque fois que l 'on te battra à partir de
maintenant.
La fabrication et le creusage des tambours sont des
opérations minutieuses et ingénieuses. Certains tambours,
légers, sont transportables sous les bras (tambours d'aisselles)
grâce aux lanières que le joueur utilise pour les porter. Ils ont
les deux faces recouvertes d'une peau d'antilope, de chèvre, ou de
mouton. D'autres membranophones, longs et plus lourds, n'ont par contre, qu'une
face couverte. Celle qui ne l'est pas sert de support.
Ainsi, pour mieux communiquer ou émettre les messages,
le batteur est tenu de se placer soit sur une colline, soit sur un plateau afin
de leur donner plus d'effet.
Dans le folklore koongo, on assemble souvent plus d'un tambour
de sorte que le gros tam-tam (nguri-ngoma) soit accompagné de quatre
tambours (mâle et femmelle) et de deux petits tambours (bala ba ngoma).
Faute de spécialistes, cet instrument, comme bien d'autres, est en train
de disparaître. Aujourd'hui, il est fabriqué à l'aide des
tonnelets métalliques, de forme cylindrique, auxquels on applique, sur
l'une des faces, une peau d'animal.
1.2. Le tambour sur pieds ou tambour sur cadre, petenge:
C'est un tambour de forme rectangulaire qui repose sur deux
pieds. Pourvu d'une peau de chèvre, de mouton ou d'antilope, le
petenge, se joue à l'aide des mains. Il est mis à
contribution au cours de diverses
manifestations pour accompagner les chansons
récréatives, les chansons solennelles (sacrées ou
profanes) et les chansons idéologiques37.
1.3. Le tambour à friction, nkwiti
ou mukuiti38
A la différence des deux premiers tambours (le ngoma et
le petenge), le nkwiti ou mukuiti est un tambour à
friction. Il comprend un cylindre dont l'une des faces est recouverte d'une
peau tendue et clouée. A l'intérieur, on
dissimule une tige de bois ou une chaire de bambou. Elle est solidement
attachée au ventre de la membrane. Sur cette tige, on imprime des
mouvements. En vibrant, elle émet des sons. Le musicien avant de prendre
la tige, mouille d'abord sa main avec de l'eau, l'une des deux mains presse
plus ou moins fort la peau du tambour, pendant l'exécution pour en
modifier la tension et produire ainsi les sons désirés. Cet
instrument est davantage utilisé lors des danses et des
cérémonies religieuses.
Avant de jouer ces membranophones (le ngoma, le mukwiti, et le
petenge), dans le but d'émettre de meilleurs sons, il est judicieux de
les réchauffer, soit aux rayons solaires, soit au feu. Aussi, le
petenge, fut-il le
37 A.Bogniaho, « A la découverte de la chanson
populaire au Bénin », Itinéraires et contacts des
cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, pp.84-88
38 Le mukwiti ou nkwiti Lari, Kongo et Suundi du Pool est
l'équivalent au kingulu ngulu chez les Suundi des départements de
la Bouenza et du Niari.
premier instrument de musique à avoir été
introduit dans la musique religieuse39.
1.4. Le tambour à fentes, mukonzi40 :
Il a la particularité d'être à la fois un
membranophone à fentes et un idiophone par percussion ou tambour de
bois. Il s'agit d'un tambour à fentes, une variété de
balafon, fabriqué à base d'un tronc d'arbre évidé
avec l'herminette, lukwetu. On pratique une fente sur presque toute la
longueur et sur quelques centimètres de large. Les parois ou
lèvres sont d'épaisseurs variables.
Le mukonzi est un idiophone par percussion qui,
tenant compte de son poids et de sa taille, est soit sur élevé,
soit fixe ou cloué au sol : le munkunku41. Il est
frappé à l'aide des verges ou baguettes de bois, mikomoto,
par un ou plusieurs batteurs, bisiki. Certains modèles de
tambours à membranes sont en revanche portatifs, c'est le cas du
lokolé plus présent en République
démocratique du Congo, mais que les évangélistes du Pool
utilisent lors des messes. C'est ainsi qu'en 1910, le
39 J. Mouhouélo, op.cit. (sources orales n°2).
40 Le mukonzi chez les Kongo est l'équivalent du
nkonkô chez les Suundi de Boko-Songho et du kul chez les
Bakouélé dans le département de la Sangha
41 Bileko-Mayoukou (né vers 1937), Entretiens sur les
bizonzolo dans le département du Pool avant et après
l'indépendance du Congo, Village Matsoula, district de
Mbanza-Ndounga, 21/06/2004. (sources orales n°6).
missionnaire suédois le Révérend Pasteur
Hamar42, arrivé au canton de Madzia (village Manga), avait
souhaité voir cet instrument véhiculer des messages de joie du
genre:
1. /Tuende / no /ku
/nzambi /. /Aller /nous /chez
/Dieu /.
Ce qui, littéralement, veut dire: Allons à la
rencontre de Dieu. C'est une invite faite à l'endroit des fidèles
pour se rendre à l'église et rencontrer l'Etre suprême, le
Nzambi a mpûngu, plutôt que de continuer à véhiculer
et à répandre des messages de tristesse tel que:
1. /Nzambi /bongele /nzambi
/bongele /nzambi /bongele /.
/Dieu/prendre /Dieu/prendre
/Dieu/prendre /.
Ce message veut dire qu'une autorité, un homme, une
femme ou un enfant de la communauté est mort (e).
Il y a trente ans encore, au même titre que les cloches
et le ngongi, le mukonzi était utilisé les
dimanches pour demander aux fidèles d'aller à l'église. On
le jouait deux fois avec des rythmiques que seuls les initiés
étaient capables de décrypter : le premier coup signifiait que
l'heure du culte était proche, et le second, annonçait le
début du culte. Aujourd'hui, les magnétophones et
mégaphones l'ont, partiellement, supplanté. Il est l'instrument
qui ne puisse émettre que deux sons, difficilement trois : la fente d'en
haut, l'aigu ; et celle d'en bas, le grave et, sert à la communication
ou à la transmission des messages sur de longues distances.
42 Le Révérend Pasteur Hamar, cité par
Bileko-Mayoukou (sources orales n°6).
Mais, la fabrication des membranophones, dans le
département du Pool, ne serait-elle pas liée à tout un
« symbolisme cosmique »43 fondé sur l'opposition
des deux sexes ?
La symbolique des tambours à fentes nous confiait, M.
Jacques Mouhouelo, s'apparente dans tous les cas à celle décrite
par Francis Bebey lorsqu'il écrit:
Le tambour peut-être l 'équivalent de l
'homme (d 'un homme supérieur, en fait, puisqu 'il est lui, capable de
parler haut et loin, pour envoyer des messages), il reçoit de la part de
la femme un respect similaire à celui que la femme porte
à
l 'homme lui-même. Et, de même que celle-ci n
'irait pas à battre son homme en public, même si elle peut le
faire dans l 'intimité, de même elle évitera de battre un
tambour sur la place du village. Il faut du reste signaler que l
'évolution des églises chrétiennes d 'Afrique Noire, l
'«Africanisation » de la messe catholique, ou de la chorale chez les
protestants font assister à des spectacles tels que celui de la femme
jouant un tambour dans les églises. Ce qui ne laisse pas de choquer
certains africains qui tolèrent difficilement l 'introduction au sein
de
l 'église de ces instruments
considérés pendant des générations comme
indigènes dans les lieux saints.44
2.- Les idiophones
Cette famille rassemble les instruments ou les moyens qui ne
sont ni à corde (s), ni à membrane (s), ni à vent. Ils
sont faits de matières rigides (végétales, animales ou
minérales : bois, métal, pierre, corne,...) par opposition aux
matières dites simples et élastiques que représentent
les
43 J.Goga-Messakop, op., cit. p.35.
44 F.Bebey, op., cit., p. 27.
cordes, les membranes et l'air. Les idiophones45
sont des instruments qui produisent des sons par eux-mêmes : les «
self sounders ». Lors de l'utilisation, la matière de l'objet vibre
et produit des sons qui lui sont propres. Les idiophones que nous avons
recensés se présentent sous deux formes: en métal et en
bois. Ils sont regroupés en idiophones par percussion, en idiophones par
secouement, en idiophones par raclement et en idiophones par pincement.
2.1.- Les idiophones par percussion
Ces idiophones impliquent l'usage de deux
éléments : l'un frappant et l'autre frappé, en
général, immobiles ou fixes qui se déclinent selon les cas
en entrechocs, pilonnements, etc. Une ou deux baguettes de bois servent
à frapper en cadence sur les côtés ou sur les abords de
l'instrument. Dans cette catégorie, le ngongi et le
mukonzi, sont des idiophones par percussion qui remplissent la
fonction de communication:
2.1.1.- La cloche, ngongi46 :
Cet idiophone, aux variantes et multiples applications selon
les dialectes Téké, Bakouélé et kongo, est une
cloche unique ou double qui, en frappant dessus, produit deux gammes :
l'aiguë et la grave. Il est susceptible de véhiculer, au loin, des
messages codifiés ou non.
45 Idiophone : du latin Idio, qui veut dire soi et,
phone, signifie son.
46 Le ngongi des Kongo est l'équivalent du bâ chez
les Téké, du bouog chez les Bakouélé et du minkula,
dzila, tchingonga, tchingonge, tchindi en d'autres dialectes kongo.
2.1.2.- Le tambour à fentes, mukonzi
Ce membranophone à fentes est, aussi, un idiophone par
percussion. Généralement il est placé dans un lieu public,
le plus souvent au
mbongi47, sa portée peut atteindre
plusieurs milliers de kilomètres même dans les conditions
acoustiques les plus défavorables. Le tambour à fentes,
mukonzi, est soit portatif, soit fixe ou sur élevé. Il
est l'instrument de télécommunication le plus puissant. Car, il
était, écrit Dominique Remondino, « le moyen de
téléphone rupestre le plus puissant (...) »48.
2.2.- Les idiophones par secouement
Les idiophones par secouement sont composés d'un
certain nombre de parties rassemblées de telle sorte que secouées
les unes contre les autres, elles produisent des sons. Dans cette
catégorie trois idiophones ont été recensés.
2.2.1.- Les castagnettes, bisasa :
Les Castagnettes, bisasa au pluriel et kisasa
au singulier, sont fabriquées à base des fruits mais aussi
des boîtes de conserve qui sont
47 Mbongi kongo est une << case située souvent au
centre des villages qui sert de lieu de rencontres des villageois pour partager
des repas et pour raconter des contes et des légendes de la brousse. Il
est aussi le lieu où siège le tribunal traditionnel, et le hangar
qui accueille les étrangers de passage au village >>, R.Nkounkou,
<< Qu'est ce que le mbongi ?>>, Liaison, n°13,
juil.1951, pp.21-22.
48 D.Remondino, << Sifflets tschokwe instruments de
message, objets de prestige >>, Art Tribal, n°02, AvrilJuin
2003, p.100.
trouées à l'aide des pointes. A l'intérieur,
on place des graines ou de petits cailloux, de sorte à produire des
échos par l'effet de secouement. 2.2.2.-Les maracasses,
nsakala
A la différence des bisasa, le nsakala
est un instrument d'origine végétale. C'est une gousse
d'espèce végétale : Oncoba spinosa49
(famille des Flocourtiacée), nsakala. Une fois à
maturité, on le fait sécher puis on l'évide. Il a la forme
d'une boule et on place à l'intérieur des graines ou des petits
cailloux. Le procédé d'utilisation ne diffère pas de celui
des bisasa.
2.2.3.- Le hochet, dibu
Il s'agit d'une gousse ou d'un bois sculpté, rempli des
graines qui est utilisé au cours de diverses occasions. Cet instrument
est indispensable pour la concentration (domaine religieux) et pour la chasse.
Le dibu, attaché aux reins d'un chien de chasse permet de
communiquer avec le chasseur. En fonction de la cadence des échos
émis par la gousse, le chasseur est informé de l'endroit
où se trouve l'animal. Le bruit du hochet, dibu, apeure le
gibier qui devient une proie facile pour des chasseurs embusqués,
habiles à l'arc ou au fusil de chasse, (finkila).
Chargé50, il peut ainsi servir à la communication avec
le monde extrahumain. Nous avons
49 Oncoba spinosa = munsakala : arbre produisant les gousses
de nsakala.
50 Dibu chargé : veut dire hochet dans lequel on
implante des fétiches ou des gris-gris d'après A.Fouani (67 ans)
du village Bissindza-Linzolo, A.Sangou (55 ans) du village Yangi-Kinkala,
Mankou-Kibembe (62 ans) du village Kolo-Mouyondzi, Entretiens sur les
fonctions des moyens de communication traditionnels au Congo, Brazzaville,
19/06/2004. (Sources orales n°4).
découvert que son usage est manifeste,
spécialement, dans les sociétés secrètes, les
sorciers.
2.3.- Les idiophones par raclement
Ils comprennent une série d'instruments selon le
principe du raclement. Ce sont des instruments que les occidentaux
désignent par grattoires51. Les idiophones par raclement sont
faits à base de corps massif de bambou, de palmier, d'os, de carapace,
de coquillage, de calebasse ou de métal. Sur les côtés, on
fait des encoches52 transversales. C'est le cas de :
2.3.1. Mukwaka
Sur un morceau de bambou ou de palmier, on fait des encoches
sur lesquelles on fait passer, par intervalles réguliers et
saccadés, un pétiole afin de produire un meilleur écho. Il
est plus un instrument de musique qui, accessoirement, sert à la
communication.
2.4.- Les idiophones par pincement
Dans sa facture la plus courante, l'instrument est une
boîte parallélépipède en bois de dimensions
variables avec ou sans caisse de résonance. Dans cette catégorie
d'idiophones par pincement le département du Pool renferme : le kisansi
et la sanza.
51 R.Bouesso-Samba, (sources orales n°3).
52 Les encoches : sont des petites entailles formant un
arrêt sur une flèche ou un pétiole.
2.4.1.- Le kisansi
Des lamelles de métal de longueur et
d'épaisseurs variables, pour constituer les fréquences
souhaitées, sont posées côte à côte et
maintenues en contact étroit avec la caisse de résonance. Des
grelots de métal entourent parfois les lamelles, donnant ainsi un son
grésillant
lorsqu'on en joue. Le joueur (solitaire dans la majeure partie
du temps) pince les lamelles, et l'instrument offre deux gammes: une gamme
diatonique et une gamme pentatonique.
La gamme diatonique du kisansi kongo dispose de sept
(07) sons ; réglé à la gamme do, il
donne: do, ré, mi, fa, so, la, si. Les mêmes
notes peuvent être produites par la gamme supérieure dite octave.
Par ailleurs, la gamme pentatonique offre cinq sons: do, re, mi, sol,
la. Cet instrument pourvu de cinq lames en acier ou en chaire de
bambou, sert plus à la musique car il permet au joueur (en mouvement ou
immobile) de s'égayer.
2.4.2. La sanza53
53 La nomenclature de la sanza dans les dialects kongo est riche.
Elle est désignée sous le nom de diti, biti, nsansi, sanzi,
isanzi, geliti, nzanga, nzangwa, mbodila, dimba, nsambi, lusinga, kokolo,
njembo, kinditi.
Comme le kisansi, la sanza peut-être
en métal ou en chair de bambou. Il est un instrument diatonique
lorsqu'on ajoute la note sensible si. On obtient, par la
suite, la gamme: do, ré, mi, sol, la, si. A la
différence du kisansi, la sansa ne comporte pas de
caisse de résonance. Ce piano à pouces, n'est pas, à la
différence des tambours à membranes: «
Un instrument magique, mystique, le médium entre les
vivants et les
morts, la pirogue de concentration du guérisseur
(...)54, écrit
Mampouya Mam'si .
La sanza est un instrument, à la fois, de poésie
et de chant qui accompagne le marcheur solitaire, grâce à sa
taille non encombrante, à parcourir des kilomètres sans
éprouver la moindre lassitude.
En somme les idiophones recensés dans le
département du Pool servent à transmettre des messages sur de
petites distances.
3.- Les aérophones ou instruments à vent et
à air
Est désigné sous le nom d'aérophone, tout
instrument fonctionnant avec de l'air, non pas parce qu'on souffle comme c'est
le cas la plupart du temps, mais parce que la matière sonore vibrante
c'est l'air. A la différence des membranophones, les aérophones
sont à l'image des idiophones des
54 Mampuya Mam'si, J'apprends seul la sansa,
Brazzaville, Ed. Bakoub, 1991, p.6.
instruments qui servent à transmettre des messages sur
de petites distances. Dans le Pool, on utilise une gamme variée
d'aérophones parmi lesquels : les trompes traversières en ivoire
ou cornes (mpûngi), les sifflets (nsiba, kiluelue) et le fusil de chasse
(finkila) ou (buta).
3.1.- La trompe traversière en ivoire,
mpûngi55:
Hier, ce cor, de défense d'éléphant, et
aujourd'hui, d'antilope ou encore de certains mammifères, est
utilisé comme moyen de communication pour les petites distances. Quand
on le sonne, c'est signe que la paix, que la tranquillité publique sont
perturbées et que l'on convoque un rassemblement, une conférence
en vue de les
rétablir. Le mpûngi a aussi la vertu
d'accorder le droit d'asile, voire la naturalisation aux hommes et aux femmes
non originaires de la région. Il suffit, au demandeur d'asile, de :
Toucher, conformément à la
réglementation, le mpûngi appartenant à la famille de la
personne sous la garde de laquelle il veut désormais vivre pour devenir
membre presque à part entière.56
Le mpûngi comporte un orifice vers
l'extérieur effilé dans ce trou, on souffle fort pour
dégager un son à la base béante de l'instrument.
55 Mpûngi dérive du verbe koongo vûnga,
hunga, ghûnga, wunga qui veut dire souffler. Mais il signifie aussi
paître, garder, surveiller les animaux ; il est l'emblème qui
symbolise la Paix, la Liberté, écrit Batsikama Ba Mampuya ma
Ndawla Raphael, L'Ancien royaume du Congo et les Bakongo : Ndona
Béatrice et voici les jagas : séquences d'histoires populaires,
Paris, L'harmattan, 1999, p.233.
56 ibid., p.234.
3.2.- Les sifflets:
D'après M. Bileko-Mayoukou :
Il a existé dans le département du Pool des
individus capables de transmettre de longs messages assez précis
à l 'aide des sifflets, principalement de nuit,
d 'une rivière à une autre, d 'un grand fleuve
à un autre, en imitant le chant
d'oiseaux nocturnes (...).57
Ainsi, le sifflet, par rapport au tambour à fentes,
joue une fonction modeste de communication. Dans le même ordre
d'idées, Dominique Remondino écrit :
Le moyen de téléphone rupestre le plus puissant
est le tambour à fentes, avant le sifflet, la trompe et même le
langage crié.58
Mais, en parlant du sifflet, Marie-Louise Bastin le
caractérise en ces termes:
Il sert à appeler les gens. A les rappeler de la
brousse pour qu 'ils reviennent
au village, pour demander de l 'aide aux compagnons lors
de la chasse (...). Mais les sifflets sont aussi utilisés en temps de
guerre, pour marcher au combat en faisant le plus de bruit possible pour
intimider l 'ennemi.59
Il y a, dans le département du Pool, divers types de
sifflets : en corne d'animaux, en noix évidées, en pointes de
crabes ou en cornes de vache. Ceux-ci sont utilisés pour transmettre des
messages et véhiculer des signaux codés connus de la
communication linguistique, préalablement,
57 Bileko-Mayoukou, op. cit. (sources orales n°6).
58 D. Remondino, « Sifflets tschokwe instruments de message,
objets de prestige », Art Tribal, n°02, AvrilJuin 2003,
p.100.
59 M.L.Bastin cité par D. Remondino, ibid, p .100.
définis au sein d'un groupe d'individus. Ils constituent
un véritable langage calqué sur le langage articulé. Deux
types de sifflements ont été recensés:
3.2.1.- Le kiluelue
C'est un sifflement émis par la bouche. Il l'est,
directement, par le jeu d'un positionnement dento-lingual ou par l'utilisation
des doigts. Cette forme de sifflement a généralement une richesse
communicative restreinte, à signaler une présence, héler
ou initier une action selon un code commun préétabli par le
groupe.
3.2.2.- Le nsiba
Il est un sifflement utilisant les objets sonores, c'est un
véritable langage. Dans le Pool, des sifflets à base
d'Hyperrhenia60, nianga, à base des flûtes
à embouchures terminales possédant plusieurs trous ont
été utilisé pour transmettre les messages. Aujourd'hui, on
peut considérer ces sifflets comme une sorte d'attribution de classes
sociales en voie de raréfaction, puis de disparition avec le
déclin des cours de chefferies traditionnelles dès la fin du
XIXè siècle et de l'urbanisation des campagnes.
Aussi, la situation des moyens de communication dans l'espace
culturel koongo nécessite t-elle une adaptation à la nouvelle
donne, en dépit du fait, écrit Marshall Mc Luhan :
Qu'aucun média n'a jamais remplacé un autre, mais
il les a beaucoup changé61
60 Hyperrhenia= Paille ou nianga
61 Marshall Mc Luhan cité par G. Cheneviève, «
Tribune de Genève : sommet mondial de la société de
l'information », [
http://www.tdg.ch/acceuil/imprimer_envoyer/index.php?
Page...], (14/07/2004), p.1.
Dans cette optique, M. Bileko-Mayoukou nous tenait une confidence
que lui avait faite, en 1948, Tata62 Nkunku, son
maître à pensée :
1. IMbo I lumona I ngitukulu
I mu I bizonzolo I biawubi I.
IVous I voir I surprise I cause
I moyens de parler I ceux-ci I.
2./ Mu / madizi/ babakala / nabakento / kabavutua / tanga
ko63/ IDans/ veillées / les hommes/ et/
les femmes/ ne pas chanter/ encore/ 3./ Ni I bima I biawubi
Ibibayingasa I.
IChoses ceux-ci Ieux Iremplacer I.
Traduction littéraire:
1. Avec ces moyens de communications, attendez-vous à
des surprises
2. Lors des veillées, les hommes et les femmes ne
chanteront plus 3. Ils seront remplacés par ces moyens de communication
ci.
3.3.- Le fusil de chasse, finkila
Le fusil de chasse, est un symbole de richesse et d'opulence
pour tout homme qui en détient. Il aurait été introduit
dans le Pool par les missionnaires et colonisateurs portugais vers les
années 1492.
Le fusil de chasse sert non seulement à chasser le
gibier, mais aussi à transmettre ou à répandre les
messages sur de moyennes distances. Le port du fusil est réservé
aux hommes qui y mettent la poudre de chasse, mfula, les barrettes de
fer, de cuivre, de zinc, nkumbula, afin de produire un ou des
grondement (s), kingundu, synonyme d'alerte.
62 Tâta ou Tâ=Terme caractérisant le respect
dû à une personne âgée et qui signifie Père,
Papa, cité par Bileko-Mayoukou, opt., (sources orales n°6).
63 Ka...ako= Est une morphène qui marque la
négation.
Aujourd'hui, pour annoncer un événement heureux
ou malheureux, cet instrument est encore utilisé. On tire des coups de
feu, nzongo. Cette succession de coups de feu ou de sons hauts et bas,
que les récepteurs parviennent à traduire, à
décrypter, à décoder, constituent les formes
stéréotypées de communication connues du groupe.
4.- Les cordophones
Tout instrument dont le son est produit par la mise en
vibration d'une ou de plusieurs cordes, appartient, à cette
catégorie. Il y a:
4.1.- Le nsambi
Cette guitare traditionnelle kongo comprend une caisse de
résonance ouverte qui amplifie la sonorité de la corde
pincée. Le nsambi est comme le kisansi : soit
monocorde, soit pluricorde. Des fils ou des cordes de longueur et
d'épaisseur variables, pour constituer les fréquences
souhaitées, sont
posées côte à côte et maintenues en
contact étroit avec la caisse de résonance. Le joueur (solitaire,
dans la majeur partie du temps) appuie sur les cordes et l'instrument offre
deux gammes ou deux sons : diatonique et pentatonique. Cet instrument est
pourvu de cinq lames en acier ou en
chaire de bambou. Le nsambi sert plus à la
musique qu'à la communication.
En définitive, les membranophones, idiophones,
aérophones et cordophones sont, cumulativement, d'excellents instruments
de musique et moyens de communication. Ainsi, un nombre important d'entre eux
ont joué les fonctions de communication, de transmission des messages
sur de petites, moyennes et longues distances que la voix humaine ne peut
atteindre. Ils sont apparus comme le prolongement de la technologie de
l'homme.
5.- Les autres moyens de communication
traditionnels
Les prolongements de la technologie de l'homme, les moyens de
communication traditionnels, les Kongo, les Suundi, les
Haangala et les Laadi ont, pour communiquer, plusieurs formes
non-verbales et symboliques. Nous avons réalisé qu'il existe des
vecteurs artificiels et humains sur lesquels s'appuie cette communication
à savoir:
5.1.- Les vecteurs artificiels de la communication
5.1.1.- Les signes, bidimbu
L'univers des signes n'échappe pas à la
réalité de communication dans l'espace culturel koongo. Les
habitants emploient un nombre important des signes. Ils parlent non seulement
avec des mots, mais avec
des objets de la nature : c'est le langage silencieux ou les
signes non verbaux de la communication. Parmi ces signes, il y a :
5.1.2.- kibila, bibila
Il s'agit tout d'abord des « symbolismes
»64, des objets, d'origine minérale, animale
et végétale, qui sont rassemblés puis placés sur
les branches, sur les troncs d'arbres fruitiers ou sur les abords des
plantations. Il faut noter qu'il existe, souvent, deux cas de figure :
- D'une part ces éléments, noués au moyen
d'un fil de couleur rouge ou d'un fil d'une toute autre couleur, font l'objet
de deux interprétations :
- Placés aux coins des champs : ils servent à
protéger les cultures contre les animaux dévastateurs des
cultures comme les antilopes ou autres herbivores ;
- Fixés ou accrochés sur les branches ou sur
les troncs d'arbres fruitiers, ils signifient que ces arbres sont
frappés d'interdit. Toute personne qui désire toucher ou cueillir
les fruits doit avoir reçu l'autorisation ou le mandat du
propriétaire au risque de contracter des maladies incurables ou
d'être frappé d'anathème.
- Par ailleurs, quand ces mêmes éléments
sont noués à l'aide d'un fil ou d'un ruban noir, l'explication la
plus plausible est celle qui consiste à dire que le territoire ou
l'espace, ainsi délimité, est lui aussi frappé
64 C.Faïk-Nzuji, La puissance du sacré :
l'homme, la nature et l'art en Afrique Noire, Paris, Maisonneuve Larose,
1993, p.99., Coll. Voyages intérieurs.
d'interdit. C'est généralement des cas de genre
qui surgissent ou qui interviennent à la mort d'un chez de famille
(m'fumu kanda). A cette occasion, toutes les activités
économiques (cueillette, pêche et chasse) sont prohibées
jusqu'au retrait de deuil. Cette interdiction peut s'étendre
jusqu'à deux (02) ans.
5.1.3.- Les noeuds, makolo
La symbolique des noeuds, makolo, diffère en
fonction de la nature, de l'espace et du contexte de leur utilisation. Ils sont
à l'image des marques, de puissants moyens et canaux de transmission de
messages en zone rurale. La spécificité de communiquer à
l'aide des noeuds est qu'il faille tenir compte du nombre, de la nature, de la
forme pour comprendre et connaître la portée de message. Les
noeuds interviennent et sont utilisés dans le processus de datation,
dans l'inscription spatio-temporelle, sorte de calendrier, des
évènements importants de la vie communautaire koongo.
5.1.4.- Les marques sur les troncs d'arbre, masuku
Elles aident toute personne qui s'aventure, pour la
première fois dans une forêt, à mieux s'orienter. Ainsi,
l'infortuné «explorateur» peut soit repérer les gros
arbres, soit faire des marques, masuku, sur les troncs d'arbre, soit
placer des branches de Caloncoba welwitschii, ntela, ou de
Hymenocardia acida, gête, le long de la piste qu'il emprunte.
Ces branches peuvent être placées aux carrefours afin d'orienter
le destinataire
auquel le message s'adresse. Dans le cas de la circulation
routière, ces branches sont d'une importance telle qu'elles signalent un
véhicule en détresse. Afin de mieux décoder ou
décrypter le message, le destinataire reçoit au préalable,
des instructions sur la forme des marques.
En somme, les signes et les marques sont de puissants moyens
de communication en zone rurale. Ils confèrent à l'objet auquel
ils s'appliquent le signe d'appartenance ou de propriété, les
limites de l'exercice du droit de propriété et même la
signalisation dans le cadre de la communication routière, permettent
d'inscrire, dans le temps et dans l'espace, les moments les importants de la
vie des Kongo. De ce fait, ne remplissent-ils pas les mêmes fonctions que
le carbone 14 (C14) utilisé dans le processus de datation des
faits historiques, culturels voire anthropologiques ?
5.1.5.- Le roseau, diadia
Utilisé lors des parties de chasse au clair de lune,
le nkonda, tout chasseur emporte avec soi un bout de roseau qu'il
cassera à deux reprises dès que l'animal s'avancera dans sa
direction. Ce geste suppose deux interprétations :
- La première interprétation se
révèle double : D'une part, elle veut dire que le chasseur alerte
son compère de la direction prise par l'animal et, d'autre part, se
signaler. En tout état de cause, les chasseurs se passent des
consignes qu'ils sont tenus de respecter pour éviter
toutes déconvenues comme les homicides involontaires.
- La deuxième explication tient au fait que l'animal,
en cassant ce roseau, ne doute de rien. Il s'expose, ainsi, à l'adresse
des chasseurs.
Mais, il convient de signaler qu'en tant que moyen de
communication, le roseau, diadia, a fait ses prouesses dans la majeure
partie des villages du Pool, singulièrement, auprès des adeptes
des idées mystico religieuses de André Grenard Matsoua. Ceux-ci
l'utilisèrent comme moyen de communication nocturne : c'est le «
bukonzo bwa
lami »65.
5.1.6.- Les palmes, mandala
Si la place et le rôle du palmier ont été
largement évoqués par A. Pandi dans son étude66
, il convient, à présent, de relever l'intérêt des
palmes dans l'espace culturel koongo. L'utilisation des palmes à des
fins de communication revêt trois significations :
- A l'entrée d'un village, rencontrer des palmes
signifie que celui-ci est frappé d'un deuil. Un être humain (un
homme, une femme ou tout autre membre de la communauté) est mort.
65 Bukonzo bwa lami : Moyen de communication diurne
utilisé par les populations des villages Kubola et Kibosi de 1945
à 1960, cité par R.Niakounou (59 ans), Entretiens sur les
fonctions des moyens de communication traditionnels dans le département
du Pool, 19/06/2004, Brazzaville (sources orales n°5).
66 A. Pandi, La place et le rôle du palmier dans la
civilisation de l'ancien royaume koongo : du XVè au
XXè siècle, Mémoire de DES d'histoire,
Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1984, 142 p.
- Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, ces
palmes associées aux fleurs renseignent qu'il y a une
cérémonie de réjouissance (retrait de deuil,
fête).
- La célébration de la venue dans la famille des
jumeaux se fait à l'aide des palmes qu'on place à l'entrée
principale de la case.
5.2.- Les vecteurs humains
5.2.1.- La communication gestuelle
Le langage gestuel est utilisé dans le
département du Pool au cours des conversations de proximité. La
signification assignée à cette communication non-verbale comme l'
apparence physique, les mouvements, les attitudes, l'intensité de la
voix, les gestes, le maquillage du visage, les mimiques, l'expression
émotionnelle, forme le contexte dans lequel le message prend un sens. Si
un individu peut s'arrêter de parler, il ne peut s'empêcher de
communiquer par le langage du corps. Ainsi, les battements de mains (nsaki),
les applaudissements (milolo), les mouvements des yeux, de la bouche qui sont
en corrélation avec nos façons de penser, fonctionnent comme des
indicateurs précédant l'expression verbale. Qu'on parle ou qu'on
se taise, tout comportement, toute attitude a une valeur de message. On peut
pas ne pas communiquer et ce que nous émettons au niveau verbal et non
verbal exerce une influence sur les interlocuteurs.
5.2.2.- Le sifflet, ntsiba, kiluelue
C'est le sifflement émis par la bouche. Il est le plus
répandu dans l'espace culturel koongo car il est directement émis
par le jeu d'un positionnement dento-lingual ou par l'utilisation des
doigts.
Au regard de cette typologie analytique que nous venons
d'esquisser, il a existé et existe une panoplie de moyens ou
instruments, utilisés par les populations de l'espace culturel koongo,
qui jouent plus les fonctions de musique que de communication. Enfin de compte,
quels sont les contextes d'utilisation et les fonctions des moyens de
communication traditionnels ? Quels sont ceux qui remplissent les fonctions de
communication?
Fig.1.-Typologie des moyens de communication ou
instruments de musique du Pool
Typologie analytique
|
Français - Kongo
|
Membranophones, tambours ou lithophones :
|
Tambour à membranes- ngoma
Tambour sur pieds- petenge Tambour à friction - mkwiti
Tambour à fentes - mukonzi
|
Idiophones :
|
Idiophones à percussion
|
Cloche - ngongi
|
Idiophones par secouement
|
Castagnette - kitsatsa Maracasse - nsakala Hochet - dibu
|
Idiophones par raclement
|
mukwaka
|
Idiophones par pincement
|
Piano à pouces - sanza, Guitare koongo - nsambi,
|
Aérophones ou instruments à vent et
à air :
|
Trompe traversière en ivoire ou en corne - mpûngi
|
Sifflet - Kiluelue, nsiba
|
Fusil de chasse -Finkila
|
Cordophone
|
Nsambi-nsambi
|
Autres moyens :
|
Vecteurs artificiels
|
Signes- bidimbu (bibila, kibila)
Marques - masuku
Noeuds - makolo
Roseau - diadia
Palmes - mandala
|
Vecteurs humains
|
Voix-zû
Battements des mains - nsaki
Appaludissements - milolo Sifflets - kiluelue
|
B°).- CONTEXTES D'UTILISATION DES MOYENS DE
COMMUNICATION TRADITIONNELS
On a souvent souligné, dans la littérature
ethnologique et ethnomusicologique, qu'en Afrique :
L 'emploi de chaque instrument de musique est
généralement déterminé par la
société. Les occasions dans lesquelles un instrument est
utilisé, aussi bien que les catégories des musiciens qui en
jouent, sont fixées avec précision. Tel instrument est
utilisé pour telle circonstance et non pas pour telle autre, et ne
peut-être joué que par tel musicien qui remplit les conditions
nécessaires et non pas un autre.67
De ce point de vue, que peut-on dire des contextes d'utilisation
des moyens de communication dans l'espace culturel koongo ?
67 H.Zemp, « Comment devient-on musicien : quatre exemples
de l'ouest Africain » La musique dans la vie t.1 : l'Afrique,
ses prolongements, ses voisins, Paris, Office de Coopération
Radiophonique, 1967, p.79.
En parlant des instruments de musique dans la
société Kongo, le sociologue français Georges Balandier
écrit :
Les chefs de guerre stimulent l 'ardeur des soldats et
transmettent leurs ordres à l 'aide des signaux sonores. Ce code
requiert l 'emploi de trois sortes
d 'instruments, d 'émetteurs : le tambour (ngoma),
taillé dans le tronc d 'un ricinodendron africanun, à peau unique
battue au moyen des petits maillets
d 'ivoire, la cloche sans battants nommée
ngongé, frappée à l 'aide des verges de bois; enfin la
trompe en ivoire (mpûngi) qui, d 'après Pigafetta, donne une
musique martiale, pleine d'harmonie, allègre.68
L'ensemble des moyens de communication traditionnels est
utilisé au cours de circonstances et des contextes les plus diverses de
la vie individuelle ou collective.
Ainsi, les circonstances qui nécessitent l'utilisation
des moyens de communication sont multiples. Il s'agit des occasions comme:
1. -Louanges et exaltations
Suite à une naissance, à une réussite
à un diplôme69 ou à une toute autre prouesse,
les membres de la famille manifestent leur joie en battant ou en faisant battre
le tambour d'exaltation et de louange. Les paroles sont simples et montrent la
grandeur de l'Etre suprême (nzambi a m'pungu). La preuve du contexte
d'utilisation de ce moyen est, sans nul doute,
68 G. Balandier, La Vie quotidienne au royaume de kongo :
du XVIè au XVIIIè siècle,
Paris, Hachette, 1965, p.118.
69 Le succès au Certificat d'Etudes Indigènes,
par exemple considéré, jusqu'en 1950, comme étant le
diplôme le plus élevé de l'enseignement colonial,
conférait au lauréat une ascension, une réussite sociale
et un respect parmi les autres membres de la famille. Il représentait
une fierté pour la communauté toute entière et servait
d'émule voire de référence aux benjamins.
l'introduction de tambour à friction (nkuiti) dans la
célébration des messes chez les protestants et les
catholiques.
2.- Joies, rencontres, adieux
Les mêmes moyens de communication sont utilisés
pour inviter les membres d'une même famille, habitant dans des lieux
éloignés les uns des autres, à participer aux
cérémonies de réjouissance marquant un
événement heureux (mariage, naissance,...). Après une
rencontre, les familles rassemblées, qui désirent rentrer chez
elles, se servent d'un de ces moyens de communication. De même, les gens
qui habitent le même village arrivent en groupe lors des manifestations
religieuses, nkutakanu, ou s'ils veulent aussi rentrer en groupe, on
convoque tout le monde au rassemblement de départ en jouant soit le
tambour à fentes soit la cloche ou la corne.
3.- Réunions, visites officielles
Chez les Haangala, avant tout départ à
une partie de chasse (mbingu), des chasseurs, le rassemblement est
précédé par un ou des sons de cornes. Les visites
officielles ne sont pas non plus à négliger. L'histoire
sociopolitique du royaume koongo révèle que cette entité
socioculturelle fut l'une des plus mouvementée de la République
du Congo. En effet, de nombreux habitants de certains villages qui n'ont jamais
payé l'impôt : c'est la célèbre et fraîche
histoire des « trois francs », (m'falanga tatu), des
habitants qui n'ont jamais été recensé:
cas des Matsouanistes70 ou des hommes valides hostiles à se
faire enrôler dans les travaux de construction du chemin fer
Congo-Océan (C.F.C.O.).
De ce fait, par relais de ces moyens de communication, ils
suivaient, de près, le mouvement des recenseurs ou des percepteurs, et
sachant ainsi à peu près le jour oü ceux arriveraient, ils
prenaient la fuite et se cachaient dans la brousse jusqu'à ce que les
envoyés de l'Etat, découragés, retournent en ville.
L'arrivée d'un étranger (nzenza) était
annoncée de loin. L'étranger qu'on savait pacifique était
attendu avec honneur et allégresse ; tandis que le <<
méchant » trouvait le village vide, désert, abandonné
par ses habitants. Aussi, quand un chef de clan ou de village décide
t-il, pour une raison ou une autre, d'aller rendre visite à un
collègue, chef de clan voisin, ce dernier est averti par le visiteur en
usant un des moyens de communication cidessus mentionné.
4.- Révoltes, revendications et affirmation
identitaire
En Afrique noire, les évènements politiques et
militaires à travers le monde (la Deuxième guerre Mondiale, la
défaite de l'armée française en Indochine à Dien
Bien Phu en 1954, la conférence de Bandoeng en avril 1955, etc.)
constituent les occasions propices à la prise de conscience des peuples
opprimés sur << l'infaillibilité » de l'occupant
colonial. Aussi, vont-
70 Matsouanistes : Adeptes et fidèles aux croyances de
A.G. Matsoua.
ils vouloir, de l'oppresseur, plus de liberté et
d'autonomie qu'autre fois. Ainsi, les moyens de communications traditionnels
sont utilisés pour préparer, coordonner et organiser les
résistances. C'est au moyen de la corne, du tambour à fentes ou
de la cloche que les manifestants sont invités au rassemblement. Sans
ces instruments, certainement que les mouvements de résistance de
Tchimpa-Vita, de André G. Matsoua ou de Mabiala Ma Nganga, dans le Pool,
n'auraient pas connu de succès éclatants.
5.- Secours à une personne
égarée
Dès qu'une absence anormale est constatée dans
un des villages de l'espace koongo ou dans le département du Pool, qu'il
s'agisse d'une femme, partit au champ, d'un enfant ou de n'importe quel membre
de la communauté, les appels sont lancés pour une double raison :
d'une part tout le monde doit savoir qu'il y a disparition et qu'on est
invité à participer aux recherches ; d'autre part, si la personne
recherchée est tout simplement égarée dans la brousse.
Elle peut s'orienter en suivant les sons émis par les moyens de
communication traditionnels utilisés.
6.- Appels à la bravoure
Lorsqu'un village est attaqué ou assiégé
par une autre tribu, une épidémie ou une pandémie le
décime, le chef du village (mfumu gâta) invite à la
vigilance ses guerriers, invite les habitants à la bravoure face au
fléau. Il peut aussi inviter les habitants à apporter leur
secours à tout
infortuné terrassé par une maladie ou qui voit
sa maison ravagée par un incendie. Etant donné que la
localité de Kingoyi au Bas-Zaïre a été, est et
demeure, dans l'espace koongo, le centre de soins de santé primaires de
référence, les malades se faisaient transporter en tipoyes. Ce
voyage était précédé par des sons de gong ou des
roulements de tambours à fentes qui servaient à inviter les
hommes à apporter leur force physique au malade.
7.- Décès, veillées
funèbres
Les tambours à membrane, les cloches sont les
principaux moyens de communication utilisés pour annoncer les
évènements malheureux : la mort. Lors des veillées
funèbres ou des funérailles, ces outils servent à animer
les soirées de deuil et à accompagner le mort au
cimetière.
Les contextes ou les circonstances d'utilisation des moyens de
communication traditionnels sont multiples et variées. Elles
dépendent de l'espace, du temps, de la nature ou du type de message
à transmette, d'une part et, de la virtuosité ou des aptitudes
des émetteurs << consacrés > à répandre
les messages, d'autre part.
Aussi, la communauté koongo disposerait-elle
des acteurs << investis > et << dotés > de certains
pouvoirs qui leur confèrent un rôle hors de commun dans la
transmission et la mise en commun des messages ?
Détiendraient-ils la << magie > de ces moyens
de communication traditionnels ? Connaîtraient-ils les rythmiques et les
circonstances
d'utilisation ? Mais au regard de ces contextes ou circonstances,
quelles fonctions ces moyens de communication remplissent-ils ?
C°).-FONCTIONS DES MOYENS DE COMMUNICATION
TRAIDTIONNELS EN ZONE RURALE DANS L'ESPACE CULTUREL KOONGO
1.-Fonctions politiques, administratives et
militaires
Dans la majeure partie des villages du département du
Pool, l'arrivée d'une autorité politique, administrative ou
militaire (chef de canton, chef de terre, chef de la gendarmerie) s'effectue au
moyen d'un tambour à fentes, mukondzi, d'une cloche,
ngongi, ou d'une corne traversière, mpûngi. Ils
sont les principaux moyens de communication usités pour répandre
et amplifier, plus que la voix humaine, les messages. Ainsi, en quelques
heures, les populations convoquées se retrouvent à la place
publique : au mbongi, où ils prennent connaissance du mobile du
rassemblement.
2.- Fonctions juridiques
La justice est rendue sous l'arbre à palabres, la case
communautaire que les Kongo désignent sous le nom de << mbongi
>. Le procès s'y déroule, généralement, les
jours de repos : le dimanche71.
Mais en tenant compte de la gravité ou de l'urgence du
différend, la justice peut, exceptionnellement, être rendue les
jours ordinaires. L'assistance est y conviée au moyen du tambour
à fentes, mukondzi, que l'on joue à intervalles
réguliers. Ainsi, ce tambour représente << le
téléphone chez les indigènes de l'Afrique centrale >,
dont:
Le code de transmission (...) comporte des sentences
conventionnelles. Ces sentences prennent souvent la forme d 'un proverbe,
expression de l 'esprit et de
l 'expérience populaire72,
écrit Verbreken.
Les appels font l'objet d'une rythmique particulière
que seuls les initiés sont capables de décrypter. Au moment du
jugement, le chef du village ou le président du tribunal traditionnel,
disposant d'un signe distinctif, se fait assister de conseillers : il est muni
soit d'un balai qu'il agite lors des débats, soit d'un gong.
3.- Fonctions socioculturelles
En Afrique, comme dans l'espace culturel koongo, on ne saurait
dissocier l'homme de son instrument de musique. Cet instrument lui permet de
manifester sa joie. Suite à une naissance ou à une
réussite
71 Le dimanche en dialectes kongo veut dire lumingu ou mpika
et ontsara ou nkwue mbali en téké.
72 Verbreken A, « Le tambour téléphone chez
les indigènes de l'Afrique centrale », Congo, fasc.1,
1920, pp.253-284. cité par V.Görög, Littérature
orale d'Afrique Noire : bibliographie analytique, Paris, Maisonneuve
Larose, 1981, p.321.
considérée comme bienfait pour la
communauté, les membres manifestent en jouant au tam-tam. Il est
davantage utilisé lors des soirées récréatives: le
jeu koongo, est un exemple typique de la contextualité de ces
instruments de musique ou de ces moyens de communication. Tout au long de ce
jeu, les roulements de tambours se font entendre, et les habitants des villages
avoisinants, peuvent venir se mêler à la fête. Le sage,
voire le griot, ne peut s'empêcher d'utiliser les battements des mains
lors qu'il raconte ses histoires à son auditoire. Par intermèdes,
ces battements ne seraient-ils pas à la littérature orale ce que
la ponctuation est à la littérature écrite ?
Qu'il s'agisse des moments de rencontres ou des moments de
séparations, ces instruments rythment les conversations. La berceuse, la
mère, de son côté, tout en chantant, calme les pleurs de
son enfant.
4.- Fonctions mystiques et religieuses
Lors des séances de divination, certains instruments de
musique ou de communication sont utilisés. C'est le cas du hochet,
dibu, des castagnettes qui, une fois chargés, aident le
magicien à faire ses incantations, à invoquer les esprits. Dans
certains villages du Pool, le passage des esprits ou des génies est
signalé par un initié qui demande aux néophytes de ne pas
s'aventurer, la nuit, hors de leurs cases. Le passage de ces êtres
étranges à souvent lieu pendant la nuit. Deux signaux sont,
alors, émis : l'un avant le passage, et l'autre, après.
Ainsi, tout récalcitrant qui ne respecterait cette
disposition court le risque d'être emporté par ceux-ci voire d'en
mourir. Après leur passage, les non-initiés peuvent contempler
les empreintes laissées sur le sol. Le bruit qu'ils émettent,
à leur passage, rappelle celui produit par les hochets, les clochettes
ou les castagnettes. Par ailleurs, on peut retarder la tombée d'une
pluie ou faire qu'elle ne tombe pas du tout en implantant dans le sol une corne
chargée des fétiches et prononcer des paroles consacrées
au rite.
5.- Les autres fonctions
5.1.- Fonctions de renseignement, de documentation et de
musée
Les moyens de communications jouent le rôle de
renseignement, de musée et de documentation dans l'espace culturel
koongo. En effet, un certain nombre d'instruments de musique ou de
moyens de communication : les peaux d'animaux, les cornes, les fusils de
chasse, servent de preuve. Recyclés, ces objets symbolisent les
trophées de chasse qui sont présents sur les murs des maisons.
Ils rappellent non seulement d'innombrables souvenirs aux chasseurs, mais
surtout renseignent l'individu, le curieux sur la réputation, la
notoriété de ces derniers. Enfin de compte, ils peuvent aussi
servir d'appui aux communications d'ordre ou de protée anthropologique
et sociologique.
5.2.- Fonctions de transmission de l'information
Alerter, mettre à la disposition des diverses
populations des nouvelles et des informations est l'une des fonctions de ces
moyens traditionnels de communication. Quand il s'agit d'informer les habitants
des villages environnants sur les cas de décès, de naissance, sur
de longues, moyennes et courtes distances, ces moyens sont utilisés.
Pour ce faire, le tambour à fentes (mukondzi), est
l'instrument par excellence servant à la transmission des messages sur
de longues distances. Certains habitants s'en sont servis pour alerter les
populations, se trouvant dans la brousse, de l'arrivée du percepteur
d'impôts ou du recruteur de l'armée coloniale pour y demeurer
jusqu'au retour du trouble fête ou du casse-pieds en ville. N'a t-il pas
l'objet d'interdiction d'usage dans certaines localités ?
Par ce moyen les Kongo du Pool, à l'image des
Luba-Shaba, avaient certainement réussi à dérouter les
Français arrivés au Congo parce qu'ils ne comprenaient pas le
langage tambouriné et, lorsqu'ils comprirent enfin le rôle du
tambour, ils en interdirent l'utilisation. Parlant de ce moyen de communication
chez les Luba-Shaba, Charles Mahauden, écrit :
Avant l 'indépendance, l 'emploi de cet instrument
avait été défendu par ce qu 'il permettait aux habitants
d'être avertis de l 'arrivée de l 'un ou l 'autre
indésirable et de prendre la fuite en brousse, avec armes et bagages
jusqu 'à ce
5.- CONCLUSION
Au terme de cette étude, il sied de relever
l'extrême diversité et variété des outils qui ont
permis la mise en commun des messages entre les populations dans le
département du Pool. Il s'agit des outils qui sont, à la fois,
des vecteurs artificiels et humains, sans lesquels le processus de
communication ne saurait avoir droit de cité.
Nous avons recensé plus d'une vingtaine de moyens de
communication. En suivant la classification de Cavazzi, nous les avons
regroupés en quatre grandes familles (membranophones, idiophones,
aérophones et cordophones). A ces familles, nous avons ajouté une
cinquième : basée sur une symbolique spécifique à
l'espace culturel koongo. Ces moyens ont, au départ, servi à la
musique, ensuite, à la communication sur de longues, courtes et moyennes
distances. C'est un ensemble de moyens de communication et de
télécommunication d'essence animale, minérale ou
végétale qui ont permis de transmettre les messages d'un
émetteur vers un autre, d'un groupe d'individus à un autre par le
jeu d'une complicité sans faille, voire inébranlable.
Ainsi, lors des soirées récréatives,
l'usage de ces moyens de communication est loin de participer à
l'éclosion des groupes et ensembles traditionnels, des groupes
folkloriques. Ceux-ci reculent devant la percée fulgurante de ces
instruments «importés», d'Europe et d'ailleurs. Cependant,
engouement des Kongo pour les nouveaux moyens de communication ne se
justifie t-il pas par le fait que les techniques actuelles
réduisent les moyens de communication traditionnels
à un niveau de communicabilité relativement plus modeste et par
la modification de la structure mentale des acteurs sociaux de la communication
?
Ainsi, les magnétophones, les électrophones, les
mégaphones, les radiocassettes, permettant de mieux amplifier la voie
humaine, sont à l'origine, à la fois, du recul et de la
disparition de la fonction vitale des moyens de communication traditionnels.
Mais, depuis le début des années 1970, la fonction vitale de
véhicule des messages, des nouvelles entre les communautés, par
ce moyen, est en butte aux assauts de l'urbanisation du milieu rural, d'une
part, et d'autre part, à l'avènement et à l'utilisation
des moyens modernes. En zone rurale, la fonction sociale de la radiodiffusion,
ce « tam-tam d'Afrique » est sans commune mesure. Les ruraux se
séparent rarement d'elle surtout au moment d'écouter les
communiqués nécrologiques ou les communiqués divers
diffusés sur les antennes de la radiodiffusion nationale congolaise.
Par ailleurs, la disparition des acteurs sociaux et avec eux
les moyens typiques de communication comme les tambours à fentes
conduisent au déclin de ces valeurs culturelles. De nos jours, ils ne
sont plus fabriqués au moyen des troncs d'arbre, mais plutôt
à l'aide des tonnelets. La paresse, le rejet des moyens de communication
traditionnels et la facilité ont fini par gagner les fabricants des
tambours à telle enseigne que sur les vingt (22) spécialistes que
comptait, en 1970, la localité de Kimbédi, il n'en reste plus que
deux (02). Ceux-ci s'adonnent encore à
coeur joie à cette activité. Le tambour en bois,
mukonzi, des années 1960, est aujourd'hui miniaturisé
(lokolé) et portatif. Il est fabriqué à base des quartiers
de bambou de Chine que les évangélistes utilisent et manipulent
avec aisance lors des différentes messes.
Tous ces facteurs constituent de sérieux obstacles
à la survie des moyens de communication traditionnels dans l'espace
culturel koongo. Mais, si de 1959 à 1970, Victor Malanda74
qui oeuvrait à « libérer les esprits apeurés par le
kindokisme et à assainir les moeurs de la société
congolaise» et se proclamant protecteur efficace de ses compatriotes
contre les sorciers, fort de cet expérience, ne peut-on pas envisager de
sauver ces moyens de communication en perte de vitesse par la mise en place,
à court, moyen ou long terme, d'un Centre de Recherches pour la
Conservation et la Restauration des Moyens de Communication Traditionnels
(C.R.C.R.M.C.T.)?
Ne peut-on pas, dans le même ordre d'idées,
procéder à la domestication de ces espèces animales,
végétales et aquatiques qui constituent, sans aucun doute, les
matières premières de nos moyens de communication traditionnels
?
Ne pouvons-nous pas, non plus, sauver la fonction musicale que
remplissent, encore, ces instruments ? Le théâtre, expression de
la vie quotidienne, peut-il récupérer à son compte ces
moyens pour éviter qu'ils
74 V. Malanda : Est plus connu sous le nom de Croix-Koma, Martial
Sinda, Le messianisme congolais et ses incidences politiques, Paris,
Payot, 1972, p.361., Coll. Bibliothèque.
ne soient rangés dans le musée de l'histoire
anthropologique et socioculturelle ?
A des fins de recherches, les Occidentaux avaient
procédé à la synthétisation des sons émis
par les instruments de musique et de moyens de communication en voie de
disparition, ce cas d'espèce ne peut servir de source d'inspiration?
Mais, tenant compte du fait que l'espace culturel koongo ne se
limite pas au seul département du Pool, quelle analyse peut-on faire des
moyens de communication traditionnels dans les départements de la
Bouenza, de la Lékoumou et du Niari ?
En définitive, la fonction de communication d'antan des
moyens de communication traditionnels (mukonzi, ngongi, mpûngi...)
est-elle aujourd'hui devenue plus que modeste. Les technologies actuelles des
moyens de communication traditionnelles, dans une société en
pleine mutation, n'expliquent -elles pas le rejet ?
6. BIBLIOGRAPHIE ANaLYTIQUE 6.1. -SOURCES
ORALES
n° 1 .- MIABETO Auguste (65 ans), Entretiens sur la
typologie des instruments de musique et des moyens de communication
traditionnels au Congo, 2/04/2004 , Brazzaville.
n°2.- MOUHOUELO Jacques (71 ans), Entretiens sur les
moyens de communications traditionnels dans le département du Pool,
9/05/2004, village Kimbédi.
n°3.- BOUESSO-SAMBA Romain (37 ans), Entretiens sur
les fonctions des instruments de musique et des moyens de communication
traditionnels dans le département du Pool, 5/06/2004, Village
Mababa.
n°4. - FOUANI Antoine (67 ans) du village
Bissinza-Linzolo, NSANGOU Albert-Sédard (55 ans) du village
Yangi-Kinkala et MANKOU KIBAMBA (62 ans) du village Kolo-Mouyondzi,
Entretiens sur les fonctions des moyens de communication traditionnels au
Congo, 19/06/2004, Brazzaville.
n°5.- NIAKOUNOU Raymond (57 ans), Entretiens sur les
fonctions des moyens de communication traditionnels dans le département
du Pool., 19/06/2004, Brazzaville.
n°6.- BILEKO-MAYOUKOU (né vers 1937), Les
bizonzolo dans le département du Pool avant et après
l'indépendance du Congo, 2 1/06/2004, Village Matsoula, district de
Mbanza-Ndounga.
6.2. -PERIODIQUES
1.- ANSART Pierre, << Les utopies de la
communication >, Cahiers internationaux de sociologie, Vol. CXII,
janvier- juin 2004, p.17-43.
Comment caractériser les utopies de la communication ?
Pour répondre à cette question, l'auteur se propose de retracer
les thèmes fondamentaux des utopies d'autrefois, de Platon à
Fournier et de les confronter aux thèmes contemporains. La mise en
relief de l'étendue des fausses similitudes est, pour notre
étude, la portée scientifique de cet article.
2.- BEMBA Sylvain, << Variations sur
l'éducation sentimentale de deux peuples ou la naissance du discours
amoureux dans la vie quotidienne chantée au Congo-Zaïre >,
Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris,
L'harmattan, 1988, pp.39-58.
Dans cet article l'auteur décortique quelques chansons
des musiciens de Brazzaville et de Kinshasa. Le thème principal de ces
chansons est celui de la femme. Et, son intérêt est qu'il nous a
révélé la fonction et la place qu'occupent la chanson, la
danse et la musique dans les sociétés d'Afrique Noire avant,
pendant et après les indépendances.
3.- BOGNIAHO Ascension, << A la
découverte de la chanson populaire du Bénin >,
Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris,
L'harmattan, 1988, pp.81-88.
L'auteur analyse la place qu'occupe la chanson dans la vie
quotidienne des Béninois. L'intérêt de cet article est
qu'il présente l'apport de ces instruments musique dans le processus de
communication en Afrique de l'ouest, susceptibles d'être appliqués
aux contextes du Pool.
4.- CHENEVIEVE Guillaume, << Tribune de
Genève : sommet mondial de la société de
l'information>,
[http ://
www.tdg.ch/accueil/imprimer-envoyer/index.php
? PageID=6239&print=0&art... ], (14/05/2004), 3 p.
Ce sommet est un cadre idéal de réflexion pour
les responsables des radios, de télévisions (publiques et
privées) sur leur rôle dans la société de
l'information, sur l'impact des nouvelles technologies et sur les
activités de diffuseur. L'intérêt de cet article est qu'il
nous a permis de comprendre que face à la montée en puissance des
nouveaux médias, survivent, les moyens traditionnels.
5.- FAÏK-NZUJI Clémentine,
<<La voix du cyòndo le soir à travers la savane :
le langage tambouriné chez les Luba>, Recherche, Pédagogie
et Culture, n°29-30, vol.5, mai-août 1977, pp.19-25.
L'auteur présente le cyòndo comme instrument de
communication utilisé chez les Luba-Shaba de la République
démocratique du Congo (ex Zaïre). Définissant le cadre
géographique, elle décrit les fonctions que remplit cet
instrument. Cet article nous a permis de comprendre les circonstances et les
contextes d'utilisation de ce moyen de communication traditionnelle chez les
Luba-Shaba.
6.- FATOYINBO Akin, << Les médias
en Afrique », Lettre d'Information, vol.11, n°2, [
http://www.adeanet.org/news/vol1
1N02/fr-6html], (27/07/2004), 7 p.
L'auteur décrit les changements intervenus dans le
paysage médiatique Africain. Ils sont marqués par l'essor de la
radiodiffusion qui est en passe de supplanter les médias traditionnels.
L'intérêt de cet article est qu'il s'inscrit dans le droit fil des
types, contextes et des fonctions de moyens de communication en usage dans
l'espace culturel koongo.
7.-KERSALE Patrick, <<
Préhistoire des télécommunications », [http ://www.
abm/récit/récitkersal.html], (24/04/2004), 5 p.
Dans cet article, Patrice Kersale passe en revue les diverses
formes de transmission des messages imaginés, en Afrique centrale, par
l'homme. L'évolution des techniques de communication est l'aspect qui a
le plus retenu notre attention.
8.- MCGAFFEY Wyatt (2002), << Notes
d'ethnographie sur les instruments musicaux du kongo : arts africains »,
[http ://
www.findearticles
.com/cf-dls/m043 8/... .], (24/04/2004), 9 p.
Le texte de base sur les instruments musicaux des kongo est
la thèse de Bertil Soderberg (1956). Le présent essai
complète les sources avec les notes tirées des textes originaux
en kikongo dans lesquels l'auteur décrit ces instruments. Mais,
l'originalité de cet article est qu'il fait état des moyens de
communication ou instruments de musique utilisés avec les
fétiches par les Kongo.
9.- NKOUNKOU Raymond, <<Qu'est ce que le
mbongi ?», Liaison, n°13, juillet 1951, pp.21-22 .
Dans cet article, l'auteur propose une définition du
concept mbongi. L'intérêt de cet article réside
dans la place qu'occupe cette entité culturelle dans le processus de
transmission et de conservation des valeurs culturelles en République du
Congo, en général, et dans l'espace Koongo, en particulier.
10.- REMONDINO Dominique, <<Sifflets
tschokwe instruments de message, objets de prestiges », Art Tribal,
n°02, avril-mai-juin 2003, pp.100-1 12.
L'auteur présente les différents sifflets en
usage dans l'espace culturel koongo. Pour notre étude, les fonctions et
les contextes d'utilisation de ces instruments ont été d'un
apport indéniable.
11.- TINE Alioun, « Tradition orale
comme modèle de communication », Annales de la Faculté
des Lettres et des Sciences Humaines de Dakar , n°1, 1984, pp
173-190.
L'objet de la présente étude est d'attirer
l'attention sur un aspect fondamental de la tradition orale. Il s'agit de
l'oralité comme modèle d'interaction sociale. Etant un domaine
encore peu exploré, l'ambition se limite à un travail de
balisage, par conséquent, de traçage des grands axes d'un
programme de recherche. Cet article nous a permis de comprendre
l'intérêt des sources orales dans le cadre d'un travail de
recherche.
6.3.- Monographies et ouvrages de
référence
1.- BALANDIER Georges, La vie quotidienne
au royaume kongo : du XVè au XVIIIè
siècle, Paris, Hachette, 1965, 286 p.
Balandier décrit le type d'organisation sociopolitique,
administratif et culturel des peuples du royaume kongo. Ce livre nous a
édifié sur la portée socioculturelle des moyens de
communication traditionnels, d'autre fois, du royaume kongo.
2.- BATICLE Y-R, Message, média,
communication de Lescaux à l'ordinateur, Paris, Ed. Magnard, 1973,
220 p., Coll Information- Communication.
Ce livre traite des balbutiements de l'ordinateur dans le
processus du traitement et de diffusion de l'information. Pour notre
étude, la définition du concept communication a été
l'aspect captivant.
3.- BATSIKAMA Bâ MAMPUYA ma NDÂWLA,
Raphael, L 'Ancien royaume du kongo et les Bakongo : Ndona
Béatrice et voici les jagas : séquences d'histoire populaire,
Paris, L'harmattan, 1999, 320 p.
Dans les cultures africaines, assurer la continuité des
générations, renouer les liens entre les vivants et les morts,
est une tradition vivace, notamment chez les Bakongo. Une vulgarisation des
épisodes marquants de l'histoire, réalisé par cet auteur
conserve la spécificité de l'oralité kikongo avec les
dictons et proverbes. Cette oeuvre est d'un intérêt capital pour
la fonction juridique du mpûngi chez les Kongo.
4.- BEBEY Francis, Musique de l 'Afrique
: expressions, Paris, éd. Horizons de France, 1969, 207 p.
L'auteur décortique tous les langages musicaux,
principales formes d'expression de la vie quotidienne des peuples africains.
Cet ouvrage a été d'un grand apport pour notre étude, il
nous a renseigné sur les principaux
instruments de musique ainsi que sur le contexte d'utilisation en
Afrique Noire.
5.- BRUNSVICK Yves et André DANZIN,
Naissance d'une civilisation : le choc de la mondialisation,
Paris, Ed. Unesco, 1998, 111 p., Coll. Défis.
La mondialisation est révélatrice d'un
phénomène profond que les auteurs qualifient de naissance d'une
civilisation. Celle-ci n'est plus réduite à sa dimension
financière et commerciale. Elle apparaît comme le fruit d'un
changement de la vision du monde, d'une modification des cultures et des moeurs
: c'est l'humanité entière qui est à la recherche de
nouveaux équilibres. L'étude aborde les aspects de l'information
à l'heure de la mondialisation des grands ensembles.
6.- Dictionnaires des bibliographies t.1 et 2, Paris,
Puf, 1958, 1.563 p.
Ces ouvrages de référence présentent les
informations sur les auteurs et les personnages qui y sont consignés.
Ils nous ont permis d'avoir des indications biographiques et bibliographiques
sur Gutenberg et Marconi.
7.- DIOP Cheick Anta, Civilisation ou
barbarie sans complaisance, Paris, Présence africaine, 1981, 526
p.
Cette oeuvre réhabilite l'identité africaine depuis
l'âge paléolithique en passant par la naissance des Etats.
L'auteur met en évidence l'apport de
la culture nègre dans le processus de civilisation de
l'humanité, et en particulier, dans les sciences et en philosophie.
Cette étude pluridisciplinaire, une synthèse des connaissances
actuelles, nous a permis de cerner la place du facteur linguistique dans la
formation de l'individu.
8.- FAÏK-NZUJI Clémentine,
La puissance du sacré : l 'homme, la nature et l'art en
Afrique Noire, Paris, Maisonneuve Larose, 1993, 179 p., Coll. Voyages
intérieurs.
L'intérêt de cet ouvrage est qu'il couvre les
rites et les coutumes d'une cinquantaine de peuples d'Afrique noire. Il
s'attache à recenser et à détailler les principaux
supports des symboles : l'homme dans son corps et dans ses gestes, y compris
les signes les plus spectaculaires. Ceux-ci constituent une forme d'expression
des identités culturelles africaines.
9.- GEORGES Robert,
Hétérogénéité et communication
: visages nouveaux de l'aliénation, Paris, Anthropos, 1978, 382
p.
Traitant de l'anthropologie culturelle, sous l'angle de la
communication, l'intérêt de cet ouvrage est que l'étude
porte sur les niveaux de relations de communication qu'entretiennent les
êtres humains.
10.- GOGA-MESSAKOP Joseph, La communication
dans les sociétés traditionnelles : cas des
Bakouélé, Travail d'Etudes et de Recherches en
sciences de l'information et de la communication, option
Journalisme, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1990, 64 p.
Les principales formes de transmission des messages chez les
Bakouélé du département de la Sangha sont abordées
dans ce mémoire. Son intérêt se résume à la
symbolique liée à la fabrication des tambours.
11.- GÖRÖG Véronika,
Littérature orale d'Afrique Noire : bibliographie
analytique, Paris, Maisonneuve et Larose, 1981, 394 p.
Le présent catalogue fait l'état des lieux de
la production littéraire en Afrique Noire. Ce texte nous a permis de
comprendre la portée culturelle des messages tambourinés chez les
indigènes d'Afrique centrale.
12.- GRAWITH Madeleine, Méthodes des
sciences sociales, 9è éd., Paris, Dalloz, 1993, 870 p.,
Coll. Précis Dalloz.
L'auteur aborde les diverses sciences sociales, les
problèmes qu'elles soulèvent, les diverses méthodes
proposées pour l'étude des faits sociaux, ainsi que les
instruments techniques dont disposent les chercheurs. Pour notre étude,
cet ouvrage nous a renseignés sur le sens de la méthode inductive
que nous avons utilisée.
13.- KABORE Oger, Les oiseaux s
'ébattent : chansons enfan tines du Burkina-faso, Paris,
L'harmattan, 1993, 247 p.
L'auteur est fasciné par les enfants. Il prend appui
sur un abondant corpus de chansons enfantines et démontre leurs
qualités insoupçonnées ; dévoile l'image vivante de
la parole ancestrale, le tout fondé sur une conception
métaphysique de la parole ancestrale éminemment riche
d'enseignements. Ce texte nous a aidé à comprendre
l'intérêt que revêtent la musique, la danse et le chant chez
l'enfant africain.
14.- MAMPUYA MAM'SI, J'apprends seul la
sansa, Brazzaville, Ed. Bakoub, 1991, 27 p.
L'intérêt de cet opuscule est que l'auteur met
à la disposition de l'apprenant de la sansa les éléments
susceptibles de l'aider à jouer cet instrument musical sans aucune
aide.
15.- MASSA MAKAN DIABATE, «
Corrélation entre communication moderne et traditionnelle »,
La Fonction culturelle de l 'information en Afrique, Dakar, NEA, 1985,
223 p.
Les travaux de ce colloque portent sur les liens entre la
culture et la communication, sur la dimension culturelle du nouvel ordre
mondial de l'information en Afrique, d'une part, et d'autre part, sur le
contenu culturel de l'information en Afrique et sur la fonction d'animation
culturelle qu'exercent les médias sur la formation de la conscience
collective des peuples africains. Cet article aborde clairement l'interaction
entre la communication moderne et la communication traditionnelle en
Afrique.
16.- MERTON Robert King, Eléments de
méthode sociologique, Paris, Plon, 1953,
248 p., Coll. Recherches en sciences humaines ; n°1.
Ce volume s'organise autour de deux axes : le premier traite
de l'influence réciproque que la théorie et la recherche
empirique exercent l'une sur l'autre et, le second aborde les questions de
besoins de codification tant dans la théorie que dans les
procédures d'analyse. L'intérêt qu'il revêt est qu'il
nous a permis de comprendre la portée des méthodes (inductive et
déductive) utilisées en sciences sociales.
17.- MONIOT Henri, Les Civilisations de
l'Afrique, Paris, Casterman, 1987, 77 p., Coll. L'Histoire de l'Homme.
L'Afrique des premiers hommes a déployé au cours
des millénaires une infinité de cultures et de civilisations.
Certaines ont laissé des ruines sur les pierres, des masques de bois,
des chefs-d'oeuvre de métal. D'autres ont survécu dans les
récits de griots, des danses des initiés, les chants de travail
et de guerre. L'originalité de cette étude est qu'elle comporte
une photographie, une planche, qui sert de preuve sur l'existence, depuis 1692,
des instruments de musique servant de communication au royaume kongo.
18.- MOUANDA Albert, Civilisation
traditionnelle des Minkéngé du district de Mouyondzi : essai d
'ethno-histoire, Mémoire de maîtrise d'histoire, Brazzaville,
Université Marien-N'gouabi, 1975, 231 p.
L'auteur analyse les particularités du point de vue
politique, économique, administratif et socioculturel du sous-ensemble
Minkenge du groupe Beembe 11 du district de Mouyondzi. Cette étude nous
a aidé à connaître le nom scientifique de l'arbre qui sert
à la fabrication des tambours : le ricinodendron africanum ou
chlorophora exelsa.
19.- La musique dans la vie : l 'Afrique, ses prolongements,
ses voisins, tome 1, Paris, Office de coopération radiophonique,
1967, 297 p.
Ce volume s'articule autour de douze communications qui
traitent de la diversité et de la richesse restées si longtemps
ignorées de la musique africaine. Ses liens étroits avec
l'ensemble de l'activité sociale en font un domaine
privilégié pour s'interroger sur l'avenir de l'art musical, sur
les profonds et multiples bouleversements qu'il connaît de nos jours et,
sur les fonctions qu'il sera amené à remplir dans le monde qui
est en train de naître. Cet ouvrage nous a permis de comprendre les
fonctions thérapeutiques que peut jouer la musique.
20.- N'GOÏE-N'GALLA Dominique, Le
retour des ethnies : quel Etat pour l'Afrique?, Paris, Ed. Bajag-Meri,
2003, 143 p.
L'auteur analyse la place qu'occupent, aujourd'hui, les
ethnies dans l'édification des Etats démocratiques en Afrique.
Elle passe par la participation des toutes les ethnies à
l'élaboration des décisions de l'Etat. L'intérêt de
ce livre est qu'il nous a aidé à comprendre la classification
des
langues à classes dans la zone H koongo des linguistes
Daniel Barreteau et Yvonne Bastin.
21.- PANDI André, La place et le
rôle du palmier dans la civilisation de l 'ancien royaume koongo : du
XVè au XIXè siècle,
Mémoire de DES d'Histoire, Brazzaville, Université
Marien-N'gouabi, 1984, 142 p.
L'auteur étudie la symbolique végétale
(le palmier) sur lequel s'articule toute la civilisation koongo.
L'intérêt de cet ouvrage est qu'il nous renseigne sur la
période de la découverte par les marins portugais du plus vieil
instrument de musique au koongo : la sansa.
22.- QUERE Louis, Des miroirs
équivoques : aux origines de la communication, Paris,
Aubier-Montaigne, 1982, 224 p., Coll. Recher-che.
L'auteur analyse les fondements de la communication en
société. Il nous a permis de comprendre la difficulté
qu'éprouve le chercheur pour nommer un fait social.
23.- SINDA Martial, Le messianisme
congolais et ses incidences politiques, Paris, Payot, 1972, 385 p., Coll.
Bibliothèque.
L'auteur traite de l'évolution du mouvement
politico-messianique de Simon Kimbangou à Victor Malanda en passant par
André-Grenard Matsoua. L'intérêt de ce texte est qu'il a
suscité le désir de s'ériger,
comme Victor Malanda, en son temps, en protecteur des moyens de
communications traditionnels en perte de vitesse dans l'espace koongo.
24.- SUTTER Eric et Jean-Michel SALAUN,
Stratégie marketing des systèmes d 'information
documentaires: bibliothèques et centres de documentation, Paris,
Ed. ESF, 1994, 221 p., Coll. SJ
Cet ouvrage détaille la démarche indispensable
au développement des sciences de l'information, suivant une approche
marketing. Il nous a permis de cerner les définitions assez
complètes des concepts Information et Communication.
25.- VOYENNE Bernard, La Presse dans la
société contemporaine, Paris, A. Colin, 1962, 327 p., Coll.
U ; série société politique.
B. Voyenne passe en revue la fonction sociale de la presse au
sein des entreprises de presse, de l'interaction entre elle et le public, puis
traite des notions de liberté et de responsabilité de cette
même presse dans le monde d'aujourd'hui. L'importance de cet ouvrage est
qu'il a servi de comprendre la place qu'occupe, dans la société,
tout processus de communication.
7. ANNEXES
fig.2- instruments de musique en usage au kongo en
1692
Sources : MONIOT Henri, Les civilisations de
l 'Afrique, Paris, Casterman, 1987, p.49.
L'intérêt de cette planche est qu'elle comporte
deux des trois instruments, encore, en usage dans le département du Pool
: la corne et le nsambi. Le balafon, le marimba ou
le mbira n'assure plus la fonction sociale d'autre fois.
fig.3 Tambour à friction (nkuiti,
mukuiti)
Sources : BEBEY Francis, Musique de l
'Afrique : expressions, Paris, Horizon de France, 1969, p.1 19.
fig.4 Idiophone par percussion ou membranophone en
bois
Sources : F. Bebey, op. cit., p112.
Fig.5. Idiophone par percussion, ngongi
Fig.6. Iidiophone par pincement, kisansi
Fig.7. Mpûngi, Corne (aérophone ou
instrument à vent)
Sources : F.Bebey, op. cit., p.87.
fig.8. Tambours à membranes en
tonnelets
8.- LEXIQUE
L'intérêt de ce lexique est d'aider le lecteur
à cerner la typonymie des moyens de communication et des instruments de
musique en usage dans l'espace culturel koongo du Pool. Les mots de ce lexique
se prononcent de la manière suivante: le u en
ou, le w en u, parfois le
d en r ou le r en d
et le z en g .
Acquérir : ku bakaa Coloncoba welwitschii: ntéla
Apporter: ku nata Corne : mpûngi
Arbre: muti, n'ti Coup de feu : nzongo
Baguettes de bois: mikomoto Couper : ku tabula
voire : verges Demander : lomba, yula
Battements de mains : nsaki Dieu :Nzambi mpûngu
Barrettes de fer : nkumbula Ensorceler: ku loka
Case : nzô Etonnement :ngitukulu
Castagnettes : nsakala Etonner :ku yituku
Chlorophora exelsa : voire Etranger : nzenza
Ricinodendron africanum : Fête : Malaki
mungo ngoma Franc : m'falanga
Chasse: mbingu Grondement : kingundu
Chasse au clair de lune. Nkonda Hangar : Mbongi
Chef de famille : m'fumu kanda, Herminette : Lukwetu
Chanter: tânga Hochet : dibu
Chef de village : m'fumu gâta Hymenocardia acida
:mugéte
Hyperrhenia diplandra : paille, Mais: kaa
Marque : masuku
Moi : meno
Moyens de communication : bizonzolo
Oncoba spinosa: munsakala Paître : hûnga,wanga,
vûnga Palme : di ndala
Palmier : Di ba
Pardon :mu lemvo, m'lêmvô Pardonner :ku lemvokila
Parler : zônza
Poudre de chasse : mfula
Prendre : ku bônga
Remplacer: ku yingasa Ricinodendron africanum voire
Chlorophora exelsa : mungo ngoma
Roseau : diadia
Sifflet : nsiba
Son : Zuû
Sorcier : ndoki
Sorcelerie : kindoki
Tambour à membranes : ngoma Tambour à fentes :
mukonzi Tambour à friction : mkwiti Tambour sur pieds : petenge
Téléphone : lami
Toi : nge
Trois : tatu
Trois francs : m'falanga tatu Veillée : dizi
Verges: mikomoto, voire Baguettes de bois
9.- BIBLIOGRAPHIE PROSPECTIVE
Cette bibliographie prospective constitue un ensemble
d'ouvrages et des textes qui seront lus en fonction des centres
d'intérêt de cette étude. En dépit de notre esprit
de recherche, elle ne contient, malheureusement, pas toutes les
références nécessaires.
1.- BALLE Francis, Média et
sociétés, 5èd., Paris, Monchrestien, 1990, 689 p.
Coll. Donnat politique.
2.- CHEVRIER Jacques, L 'arbre à
palabres : essai sur les contes et récits traditionnels d'Afrique,
Paris, Hatier, 1986, 335 p.
3.- DOUTRELOUX Albert, L 'ombre des
fétiches : société et culture yombe, Paris,
Nauwelaerts, 1967, 288 p., Coll. Publication de l'université de
Louvanium de Léopoldville ; n°6
4.- DRAME Adama et Arlette SENN-BORLOZ,
Juliya : être griot et musicien aujourd'hui, Paris,
L'harmattan, 1992, 326 p.
5.- KAN AMADOU K, Roman africain et
traditions, Dakar, NEA, 1982, 519 p.
6.- KWABENA-NKETTA J.H., The music of
Africa, Norton and Company, 1974, 278 p.
7.- LABURTHE-TOLRA Philippe et Jean Pierre WARNIER,
Ethnologie, anthropologie, Paris, Puf, 1993, 412 p. Coll.
Cycle premier.
8.- LAMAN Karl Edward, The kongo,
(4 volumes):
Vol. I: viii, 163 pages, Vol. II: 172 pages, Vol. III: vii, 258
pages, Vol. IV: vii, 198 pages
9.- LAZAR Judith, Sociologie de la
communication de masse, Paris, A.Colin, 1991, 240 p., Coll.U ;
série sociologie.
10.-MAC GAFFEY, Art and healing of the
Bakongo, commented by themselves : minkisi from the Laman , Publisher:
Stockholm : Bloomington, 1991.
11.- MAIGRE Eric, Sociologie de la
communication et des médias, Paris, A. Colin, 2003, 288 p.,
Coll.U.
12.- MC LUHAN Marshall, Pour comprendre les
média : le prolongement de la technologie de l'homme, Paris, Seuil,
1968, 320 p.
13.- OBENGA Théophile, «
Instruments de musique au royaume du Kongo (XVIe-XVIIIe siècle) »,
Cahiers con golais d'anthropologie et d'histoire, tome 4, Brazzaville,
1981, pp. 39-56.
14.- PIGAFETTA Filippo et Duartes LOPEZ,
Description du royaume Congo et des contrées
environnantes, Paris, Nauwelaerts, 1965, 253 p.
15.- SILBERMANN Alphonse, Communication de
masse : éléments de sociologie empirique, Paris, Hachette,
1981, 125 p. Coll. Université.
16.- VANOYE Francis, Expression -
communication, Paris, A. Colin, 1973, 241 p. Coll. U.
17.- WATZLAWICK Paul, Jannet HELMICK BEAVIN et Don D.
JACKSON, Une logique de la communication, Paris, Seuil, 1979,
280 p.
TABLE DES MATIERES
Dédicace 3
Remerciements 4
1. Introduction justifiant l'intérêt du sujet 5
1.1. Présentation du sujet 5
1.2. Intérêt du sujet 8
2. Problématique et intérêt de la
problématique 12
2.1. Problématique 12
2.2. Intérêt de la problématique 13
2.3. Choix du corpus 15
3. Méthodologie d'enquête et d'analyse 17
4. Principaux axes de recherche et rédaction d'un axe
20
I. Typologie analytique des moyens de communication traditionnels
en zone rurale dans l'espace culturel koongo :
cas du département du Pool 23
A°) Typologie analytique des moyens de communication
traditionnels 24
1. Les membranophone, tambours ou lithophones 24
1.1. Le tambour à membranes, ngoma 25
1.2. Le tambour sur pieds, tambour sur cadre , petenge
27
1.3. Le tambour à friction, mukwiti 28
1.4. Le tambour à fentes, le mukonzi 29
2. Les idiophones 31
2.1. Les idiophones par percussion 32
2.1.1. La cloche, ngongi 32
2.1.2. Le tambour à fentes, mukonzi 33
2.2. Les idiophones par secouement 33
2.2.1. Les castagnettes, bisasa 33
2.2.2. Les maracasses, nsakala 34
2.2.3. Le hochet,dibu 34
2.3. Les idiophones par raclement 35
2.3.1. Le mukwaka 35
2.4. Les idiophones par pincement 35
2.4.1. Le kisansi 36
2.4.2. La sanza 37
3. Les aérophones ou instruments à vent et
à air 37
3.1. La trompe traversière en ivoire, le mpûngi
38
3.2. Les sifflets: 39
3.2.1. Le kuluelue 40
3.2.2. Le nsiba 40
3.3. Le fusil de chasse, finkila 41
4. Les cordophones 42
4.1. Le nsambi 42
5. Les autres moyens de communication traditionnels 43
5.1. Les vecteurs artificiels de la communication 43
5.1.1. Les signes, bidimbu 43
5.1.2. Kibila, bibila 44
5.1.3. Les noeuds, makolo 45
5.1.4. Les marques, masuku 45
5.1.5. Le roseau, diadia 46
5.1.6. Les palmes, mandala 47
5.2. Les vecteurs humains 48
5.2.1. La communication gestuelle 48
5.2.2. Le sifflet, kiluelue 49
B°)- Contextes d'utilisation des moyens de communication
traditionnels 50
1. Louanges et exaltations 51
2. Joies, rencontres, adieux 52
3. Réunions, visites officielles 53
4. Révoltes, revendications et affirmation identitaire
54
5. Secours à une personne égarée 54
6. Appels à la bravoure 55
7. Décès, veillées funèbres 55
C°)- Fonctions des moyens de communication traditionnels
56
1. Fonctions politiques, administratives et militaires 56
2. Fonctions juridiques 57
3. Fonctions socioculturelles 58
4. Fonctions mystiques et religieuses 58
5. Les autres fonctions 59 5.1. Les fonctions de
renseignement, de documentation et
de musée 59
5.2. Les fonctions de transmission de l'information 60
5. Conclusion 62
6. Bibliographie analytique 66
6.1. Les sources orales 66
6.2. Les périodiques 67
6.3. Les monographies et ouvrages de référence
71
7. Annexes 81
8. Lexique 85
9. Bibliographie prospective 88
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