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Le marché des télécommunications au Sénégal: analyse économique

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par Djiby Mbodj GAYE
Université Gaston Berger de Saint LOIUS( SENEGAL) - Maitrise 2005
  

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Partie I/ Analyse de la situation actuelle du marché des télécommunications

Le marché actuel des télécommunications au Sénégal est caractérisé par un monopole de la Sonatel. A l'issue de la privatisation, l'Etat a accordé à la Sonatel ses droits relatifs à l'établissement et à l'exploitation des réseaux et la fourniture des services de télécommunication pour une durée de vingt (20) ans, assorti d'une situation de monopole sur les services de base de sept (7) ans. Jusqu'en 1997, le marché des télécommunications fonctionnait avec un régime de monopole avec un seul opérateur. Ce cas de figure se retrouvait d'ailleurs dans beaucoup de pays de la sous région. Mais avec l'option prise pour une politique d'ouverture totale par la signature avec dix huit autres pays d'un engagement à la libéralisation de ce secteur en 1997, le marché sénégalais va revêtir un tout autre visage. C'est ainsi qu'en 1998, le segment de la téléphonie mobile enregistre l'entrée d'un nouvel opérateur (SENTEL)2(*). Le monopole de la Sonatel devrait prendre fin le 19 juillet 2004 sur le plan juridique. Mais dans les faits, ce monopole persiste encore, parce que l'Etat n'a pas entamé dans les détails tout le travail nécessaire au préalable en vue d'apporter des réponses aux questions assez complexes sur les plans technique, juridique et économique.

Chapitre I / La privatisation de la Sonatel et ses conséquences

La privatisation de l'opérateur historique intervient dans le cadre de la politique de privatisation des entreprises publiques amorcée par le Sénégal au milieu des années 90 et préconisée de longue date par les institutions financières internationales. Les objectifs majeurs sont : amélioration de l'efficacité de gestion, recherche des financements et assignation d'un grand rôle au secteur privé. La Sonatel comme tout producteur de biens ou de services élabore des politiques qui ont pour but d'accroître au mieux ses profits. La privatisation de la Sonatel a permis d'enregistrer des avancées considérables tant sur l'accès au téléphone que la création d'emplois3(*) entre autres. Malgré des avancées significatives, plusieurs problèmes liés à l'inefficacité du monopole de la Sonatel persistent.

Section I / La structure du monopole de la Sonatel sur le segment du fixe

Le monopole est caractérisé par sa politique optimale et la discrimination par les prix.

Paragraphe I / La politique optimale du monopole

Il existe une seule entreprise qui produit un seul bien et fixe un prix unique, identique pour tous les consommateurs présents sur le marché. Comme dans toute situation microéconomique du producteur, l'entreprise en situation de monopole cherche à maximiser son profit, la différence entre la recette totale RT et le coût total CT.

Comme l'entreprise en situation de concurrence pure et parfaite, le monopole cherche à maximiser son profit. Mais il existe deux différences fondamentales entre ces entreprises.

· D'une part, l'entreprise en concurrence pure et parfaite ne peut agir sur le prix de vente, fixé sur le marché. Elle doit s'adapter à ce prix et déterminer son volume de production de telle sorte que son coût marginal soit égal au prix de vente. L'entreprise en concurrence pure et parfaite est price taker4(*). Tel n'est pas le cas du monopole qui a la possibilité de fixer le prix de vente de son produit. Le monopole est price maker5(*). Il ne peut cependant pas vendre à n'importe quel prix. S'il vend trop cher, il risque de ne trouver aucun acheteur. Le monopole est contraint par la demande.

· D'autre part, en situation de concurrence pure et parfaite, la demande est satisfaite par une multitude d'entreprises. Au contraire, le monopole est seul sur le marché et doit satisfaire la totalité de la demande. Comme la demande est une fonction décroissante du prix, plus le monopole produit, plus il doit baisser son prix de vente. Le monopole doit donc déterminer le niveau de production qui maximise son profit. C'est ce niveau de production qui va lui permettre de fixer le prix. La demande qui s'adresse à l'entreprise en situation de concurrence pure et parfaite est infinie car celle-ci est sûre de pouvoir vendre, au prix du marché, toute sa production quelle qu'en soit l'importance. La courbe de demande est donc une droite horizontale contrairement à celle du monopole qui est décroissante. Le monopoleur fixe simultanément les prix et les quantités pour « maximiser son profit »

Profit = Recette totale - Coût total. La recette totale représente le chiffre d'affaire de l'entreprise. RT (Q) = P.Q avec P, le prix du produit et Q, la quantité produite. Dans une situation de monopole, le prix est déterminé par la quantité produite et vendue par le monopole.

La recette totale est donc égale à : RT (Q) = P (Q) .Q

Le coût total est une fonction mathématique dépendant de la quantité produite que l'on note CT (Q).

Il fixera les prix et les quantités au point où sa recette marginale (Rm) égale son coût marginal (Cm). Mais la courbe de recette marginale ne s'identifie plus à la droite horizontale des prix comme dans le cas de la concurrence. C'est une courbe décroissante au dessous de la courbe de demande (Recette moyenne). Pourquoi ? Parce qu'en concurrence pure et parfaite, la recette marginale pour une unité supplémentaire du bien est égale au prix du bien. Là, elle est inférieure car en produisant une unité de plus, le monopoleur fait baisser son prix.

http://www.creg.ac-versailles.fr/IMG/jpg/Image1-2.jpg

Par rapport à une situation de concurrence où les entreprises auraient des courbes de coût marginal(Cm) dont la somme se confondrait avec celle du monopoleur, on voit que les consommateurs perdent doublement : avec le monopoleur ils paient un prix supérieur et doivent se contenter d'une quantité inférieure. Le monopole produit moins à un prix plus élevé.
De plus en situation de concurrence pure et parfaite, à long terme, le prix baisse jusqu'au minimum du coût moyen. Si l'entreprise veut à nouveau dégager des profits, elle doit réduire ses coûts. La concurrence pousse les entreprises à mettre en oeuvre des technologies plus performantes. Tel n'est pas le cas du monopole puisque aucune entreprise nouvelle ne peut entrer sur le marché. Enfin, dans une situation de monopole, le surplus total est plus faible qu'en concurrence pure et parfaite et la situation n'est pas optimal pour la société, le surplus du consommateur6(*) est la différence entre le prix auquel le consommateur est prêt à payer le bien et le prix du marché ; le surplus du producteur7(*) est la différence entre le prix du marché et le coût marginal, le prix auquel le producteur est prêt à produire). En situation de monopole le surplus total n'est pas maximum. La hausse du prix de vente réduit le surplus du consommateur. Une partie du surplus est transférée au producteur mais une autre partie est totalement perdue pour la société (ABE). De la même manière une partie du surplus du producteur qui existait en concurrence pure et parfaite est perdue pour la collectivité en situations de monopole (BEC). La perte sociale totale est le triangle AEC

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La situation n'est pas optimale : les consommateurs pourraient consommer plus et moins cher ; les producteurs pourraient produire plus.

Utilisons p(y) pour représenter la fonction de demande inverse du marché8(*) et c(y) pour représenter la fonction de coût. Soit r(y)= p(y).y la fonction de recette du monopoleur. Le problème de maximisation du profit () du monopole revêt dès lors la forme suivante :

Max = r(y) - c(y)

y

Le profit total étant une fonction du niveau de production, est maximum quand la dérivée par rapport au niveau de production s'annule ; soit :

? ? r ? c

---- = 0 et donc ---- = Rm = ---- = Cm

? y ? y ? y

Le profit sera maximal lorsque le supplément de recette provenant de la vente d'une unité supplémentaire est égal au supplément de coût occasionné par la production de cette unité supplémentaire.

La condition d'optimalité correspondant à ce problème est évidente : au niveau de l'output optimal, nous avons l'égalité entre la recette marginale (Rm) et le coût marginal (Cm). Si la recette marginale était inférieure au coût marginal, la Sonatel aurait intérêt à diminuer son output puisque la diminution du coût serait plus importante que la diminution des recettes. Si la recette marginale était supérieure au coût marginal, l'entreprise aurait au contraire intérêt à augmenter son output. Le seul output que l'entreprise n'a pas intérêt à modifier est celui qui correspond à l'égalité de recette marginale et du coût marginal.

Une entreprise en concurrence doit respecter la même condition Rm= Cm, mais pour telle entreprise, la recette marginale est égale au prix et cette condition se ramène à l'égalité entre le prix et le coût marginal.

Dans le cas d'un monopoleur, l'expression de la recette marginale est quelque peu plus compliquée. Si le monopoleur vend davantage d'output et perçoit en contrepartie une recette de py, mais par ailleurs il diminue le prix de y et il perçoit ce prix plus faible pour l'ensemble de la production qu'il vendait. Dès lors, l'effet total sur la recette d'une modification de l'output de y est égal à :

r = py + yp

La variation de la recette divisée par la variation de l'output, c'est-à-dire la recette marginale, est par conséquent égale à :

r / y = p+ (p /y) y

Alternativement nous pouvons considérer que le monopoleur choisit simultanément son output et son prix, en tenant compte évidemment de la contrainte imposée par la courbe de demande. Si le monopoleur désire vendre davantage d'output, il doit diminuer son prix. Mais cette réduction du prix implique un prix plus faible pour toutes les unités qu'il vend et pas uniquement pour les unités supplémentaires, d'où le terme yp.

En concurrence parfaite, une entreprise qui diminuerait son prix en dessous de celui pratiqué par les autres entreprises s'emparerait immédiatement de la totalité du marché au détriment de ses concurrents. Mais dans le cas du monopole, celui-ci détient déjà la totalité du marché ; quand il diminue son prix, il doit prendre en compte l'effet de la diminution du prix sur toutes les unités qu'il vend.

* 2 Depuis 1998, on assiste à une concurrence limitée sur le segment de la téléphonie cellulaire où deux opérateurs (SONATEL et SENTEL) se partagent le marché.

* 3 Le marché des télécommunications a crée 30000 emplois directs avec les télé centres, cybercafé, et autres distributeurs de cartes téléphoniques.

* 4 En situation de concurrence pure et parfaite, le prix est déterminé par le marché (prix du marché).

* 5 Le monopole a la possibilité de fixe son propre prix de vente.

* 6 C'est la surface située en dessus de la courbe de demande.

* 7 C'est la surface située au dessus de la courbe d'offre.

* 8 La fonction de demande inverse exprime le prix en fonction de la quantité, pour chaque niveau de demande de bien 1, elle mesure le prix du bien nécessaire pour que le consommateur choisisse ce niveau de consommation.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway