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Dynamiques transfrontalières et développement local urbain dans un contexte de décentralisation: le cas de la commune de Rosso Sénégal

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par Souleymane Diallo
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - DEA de géographie (Aménagement Environnement et Développement 2006
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS

U.F.R. DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINE
FORMATION DOCTORALE DE GEOGRAPHIE

SUJET : DYNAMIQUES FRONTALIÈRES ET DÉVELOPPEMENT LOCAL URBAIN DANS LE CONTEXTE DE LA DÉCENTRALISATION : LE CAS DE LA COMMUNE DE ROSSO SÉNÉGAL

MEMOIRE DE D.E.A.

«Aménagement, Environnement et Développement »

Option : Espaces et sociétés urbaines

Présenté par : Sous la direction de :

M. Souleymane DIALLO Pr. Cheikh SARR

Chargé d'enseignements

Responsable scientifique:

Pr. Oumar DIOP

Maître de conférences

Année académique 2006

DEDICACES

Je dédie ce travail exclusivement à ma famille :

A mon Père et à ma Mère,

A mes frères : Ibrahima, Dramane et Cheikh dit Papa,

A mes soeurs : Diaw Guèye, Ndèye Bineta, Famane, Guédado et Farmata,

A Souleymane Diallo junior.

REMERCIMENTS

Nous rendons grâce à ALLAH et exprimons nos remerciements les plus sincères à tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont aidé, soutenu, et encouragé, bref, tous ceux qui ont cru en nous dans la réalisation de ce travail.

Nos premiers mots de remerciement s'adressent aux enseignants de la section de Géographie auxquels, nous tenons à rendre un vibrant hommage et, à travers eux, tous les enseignants et éducateurs que nous avons eu la chance et l'honneur de rencontrer durant notre parcours scolaire et universitaire. Au Pr. Cheikh SARR nous manifestons solennellement notre profonde gratitude et témoignons de notre respect et de notre considération.

Nous disons merci aux autorités municipales de Rosso Sénégal à savoir : le Maire, Son premier adjoint, les conseillers municipaux ainsi que les employés de la mairie pour leur sollicitude et leur disponibilité. De même, nous exprimons notre gratitude à l'endroit du directeur de l'Agence Régionale de Développement de Saint-Louis M. Bouna WARR ainsi qu'aux cadres et employés de l'ARD.

Nous profitons de cette occasion pour penser à nos amis, nos amis de toujours, les   « compagnons de fortune et d'infortune » et les compagnons de galère: Demba DIOP, Iba FALL, Waly SARR, Aziz NDIAYE, Imam Djiby, Mbaye BATHILY Amasata NIANG, Abdoulaye DIACK (sama serigne), Amadou DEME Samba Souna FALL, Ibrahima NDIAYE dit Amo, Mamadou DIOUF dit DIOLA, Serigne LAYE, Issa FALL, Madické MBENGUE, Abdoul SY, Amadou FALL, Mbaye FALL etc.

Je remercie les résidents du village J pour leur grande sympathie particulièrement à mes « voiz : Abdou Malick CAMARA, Badou NDIAYE, Cheikh SYLLA, Abdoulaye DRAME, Maître DIAGNE etc. Nous associons les frères étudiants ressortissants de Dagana qu'ils soient à Dakar ou à Saint-Louis.

Je n'oublie surtout pas les camarades de promotion durant toutes ces années d'écoles, de collège, de lycée et de fac. Grand respect aux camarades du DEA « AED ».

A tous ceux et à toutes celles dont les acronymes n'apparaissent pas sur cette page, ils sont nombreux, qu'ils demeurent convaincus, que nous ne les avons point oublié et qu'ils soient assurés de notre profonde gratitude. Merci.

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 3

PROBLEMATIQUE 7

METHODOLOGIE 15

PREMIERE PARTIE : DYNAMISME FRONTALIER ET DEVELOPPEMENT LOCAL 17

CHAPITRE I: LE DYNAMISME DES ESPACES FRONTALIERS 18

CHAPITRE II : ROSSO UNE CITÉ QUI A ÉVOLUÉ AVEC LES ÉCHANGES FRONTALIERS 29

CHAPITRE III : DYNAMIQUES OU DYNAMISME FRONTALIERS ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL URBAIN 35

DEUXIEME PARTIE : ACTEURS FRONTALIERS, RESSOURCES ET DEVELOPPEMENT LOCAL 40

CHAPITRE I : LE DÉVELOPPEMENT LOCAL D'UNE COMMUNE FRONTALIÈRE DANS UN CONTEXTE DE DÉCENTRALISATION 41

CHAPITRE II : RESSOURCES COMMUNALES ; AGENTS FRONTALIERS OU ACTEURS DE DÉVELOPPEMENT LOCAL 50

CHAPITRE III: QUID DE LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 62

CONCLUSION GENERALE 67

BIBLIOGRAPHIE 69

TABLE DES MATIERES 73

INTRODUCTION GENERALE

Rosso Sénégal peut être classée dans la catégorie des petites et moyennes villes d'Afrique noire. Elle fait également partie de celles qui ont vu le jour à la faveur de la dynamique d'urbanisation qui caractérise les pays de l'Afrique au sud du Sahara surtout ceux d'Afrique de l'Ouest. Ces derniers, en effet, sont confrontés à une urbanisation de plus en plus imposante qui se trouve à la confluence des nombreuses mutations qui sont survenues dans l'organisation de l'espace de ces pays. Le Sénégal ne se soustrait pas à cette dynamique globale et fait même figure de tête de pont avec un taux d'urbanisation de plus de 45%. Même si, d'une manière générale, il y a une domination urbaine de l'Ouest du pays, les villes de l'intérieur du pays s'urbanisent aussi. On note partout en Afrique de l'Ouest une évolution des centres et des réseaux urbains qui renferme une double transition: celle morphologique des armatures urbaines nationaux qui s'étoffent et celle fonctionnelle des systèmes urbains qui d'embryonnaires et entretenus deviennent dans le contexte de la crise des économies rentières de véritables réseaux liés à l'économie marchande endogène1(*).

La crise des économies africaines dans les années quatre vingt a été à l'origine de nombreuses mutations qui ont affecté les organisations sociales politiques, économiques et administratives de la sous-région ouest africaine. Parmi ces nombreuses mutations, on peut noter le rôle accordé aux villes de taille petite ou moyenne qui se retrouvent à exercer des fonctions de plus en plus importantes dans leur développement économique et social. En effet, parmi les réformes préconisées pour juguler la crise qui frappe les économies africaines figurent : les politiques d'ajustement structurels qui militent pour une diminution de l'intervention de l'Etat dans certains secteurs de la vie politique, économique et sociale. Ces nouvelles mesures ont conduit à un désengagement de plus en plus accentué de l'Etat mais aussi, plus tard, à une promotion et à une mise en oeuvre des politiques dites de décentralisation. Dans ce nouveau cadrage institutionnel, les petites et les moyennes villes sont devenues le réceptacle de certaines instances des nouvelles collectivités locales auxquelles on reconnaît plus d'autonomie de gestion mais auxquelles il manque des moyens - financiers et des ressources humaines de qualité- pour faire face à leurs nouvelles prérogatives.

C'est dans cette effervescence que Rosso Sénégal sera élevée au rang de commune de plein exercice suite aux deux dernières réformes administratives et territoriales de 1996 et 2002. De multiples critères fondent le choix des autorités à la communalisation. Si pour certains, la promotion de la localité en commune est une récompense pour les bons et loyaux services rendus à la classe dirigeante ; pour d'autres, c'est l'aboutissement de demandes longtemps formulées et qui sont ainsi satisfaites.

Toutefois, la communalisation de Rosso a tout l'air d'une victoire dans une bataille portée par les populations et les autorités locales qui, de plus en plus, se sentaient à l'étroit dans la communauté rurale dont leur village était pourtant le centre. En effet, la volonté de quitter la communauté rurale découle d'un besoin d'autonomie mais aussi de ce qui était perçu comme une incohérence entre l'exigence de l'équilibre de la communauté rurale qui ne permettait pas de faire des arbitrages en faveur du village-centre de Rosso dont le dynamisme, l'importance et le poids des activités économiques facilitaient le financement de la communauté rurale dans laquelle il était le principal pourvoyeur de recettes. La clef de répartition des conseils ruraux ne permettait pas aux représentants de Rosso dans le conseil rural de lutter avec efficacité pour la défense des intérêts de la localité.

La communalisation de Rosso Sénégal, donc son changement de statut de village en ville, est perçue, certes, comme une promotion et une occasion pour la nouvelle collectivité de prendre en charge son développement local et de se doter en infrastructures et équipements pour la conquête de son urbanité. Elle est aussi vue comme un intérêt affiché de l'Etat pour une collectivité périphérique qui joue un rôle majeur de par sa situation et sa position géographique. En effet, la ville de Rosso Sénégal est un point névralgique dans les relations d'échange entre le Sénégal et sa voisine du Nord : la Mauritanie. Elle se singularise par la présence d'une activité frontalière très dynamique qui présage d'une économie locale frontalière forte.

D'un autre point de vu, la commune dispose d'un avantage de position qui semble ici être le principal moteur de la dynamique urbaine, du développement économique et de la croissance démographique. Le poids de la localisation2(*) qui fait de Rosso une ville de transit fait aussi d'elle un lieu privilégié qui bénéficie plus qu'il ne subit les effets de sa proximité avec Rosso Mauritanie. La frontière est un lieu catalyseur d'énergies multiples et surtout générateur de ressources qui sont convoitées, que se disputent ou se partagent plusieurs acteurs aux motivations et objectifs divers. La question qui se pose est alors la suivante : comment la collectivité s'organise-t- elle pour capter et orienter les ressources en direction du développement communal ? La communalisation suffit-elle pour faire émerger un « espace vécu », un territoire auquel se reconnaissent et s'identifient des acteurs locaux porteurs de projets pour le dit territoire en vue de propulser le développement de ce territoire? Ces questions se posent d'autant plus que la décentralisation s'adosse lourdement sur les ressources, les potentialités des territoires, mais aussi le degré d'appropriation des territoires par les populations dont la participation favorise l'atteinte de ses objectifs. Il est alors opportun de se poser la question des ressources locales de Rosso Sénégal et notamment des ressources qui proviennent des activités frontalières essentiellement constituées d'activités d'échange. De même, la coopération, particulièrement la coopération décentralisée, est aussi un levier essentiel qui, bien activé, peut contribuer décisivement dans la résolution des problèmes de développement local.

L'étude des systèmes urbains montrant le rôle fondamental de l'économie régionale dans l'évolution et la structuration économique et sociale des centres urbains, la question se pose alors de savoir quelle est la relation entre les deux cités voisines ? Globalement, il est question des dynamiques frontalières et du développement urbain d'une localité promue dans un contexte de décentralisation.

PROBLEMATIQUE

Le propre d'une agglomération urbaine est d'établir avec son arrière-pays, plus ou moins étendu, des liens multiples qui traduisent une complémentarité démographique et économique. « La ville n'est pas un point isolé au sein d'un milieu atone. Des impulsions lui viennent de l'extérieure proche ou lointain et sous diverses formes... » 3(*). Aussi entretient-elle avec son environnement lointain ou immédiat des relations qui sont essentielles pour sa structuration économique et sociale. Comme le dit GARNIER « la ville noue des relations avec d'autres villes qui lui sont proches ou lointaines, qui entretiennent des relations avec elle »4(*). On note ici un pouvoir d'attraction de la ville (de l'agglomération) qui comme l'affirme VANNETIER, « s'exerce principalement dans deux domaines : humain et économique »5(*). Le dynamisme d'une économie urbaine, l'identification des facteurs qui font sa faiblesse ou sa performance, sont des éléments incontournables pour envisager et définir les voies qui permettent d'assurer des conditions de vie acceptables aux populations.

D'une manière générale, l'économie d'une ville peut être considérée comme étant constituée de quelques complexes d'activités correspondant à quelques fonctions essentielles de la ville. Parmi ces fonctions on distingue: celle de nourrir, de subvenir aux autres besoins essentiels des populations, de produire, de faire circuler l'argent, d'administrer, d'échanger etc. La capacité que peut développer une ville à nouer et à entretenir des relations avec d'autres homologues contribue beaucoup à la construction d'une économie locale dont la bonne tenue reste largement dépendante de la qualité, de l'efficacité et de l'efficience de ces relations. Ces dernières sont vécues à tous les niveaux et secteurs de la vie économique et sociale. Ce sont principalement des relations d'échange qui concernent l'essentiel des domaines d'activités.

Cette réflexion sur les économies locales des villes du Delta intervient dans un contexte où les politiques de décentralisation sont en cours d'expérimentation ou d'exécution dans la plus grande majorité des pays de l'Afrique de l'ouest particulièrement au Sénégal. Les politiques de décentralisation ont comme fondement et se caractérisent par la responsabilisation plus accrue des collectivités de base qui sont devenues des structures autonomes. Cette autonomie recouvrée des établissements humains à caractère urbain est un pas considérable dans la dynamique et le processus de responsabilisation des sociétés à la base mais elle pose néanmoins la problématique du développement des agglomérations urbaines périphériques de dimensions petites et moyennes. Au Sénégal, il est clairement indiqué que: «  pour accomplir les missions de développement qui leurs sont dévolues, les collectivités locales disposent...de ressources propres. »6(*) Cette disposition est très claire dans sa formulation mais elle ne définit que partiellement les ressources des collectivités locales et ne permet pas d'avancer quand il s'agit de définir les potentialités locales. Quand bien même, au Sénégal, la décentralisation est un mode de gouvernement et aussi une sérieuse option adoptée par l'Etat pour asseoir les conditions d'un développement local durable.

Il faut cependant souligner que les réussites espérées de ces politiques de décentralisation restent liées, d'une part, à la capacité de ces structures de base de définir, d'identifier et de mobiliser les ressources locales dont elles disposent et, d'autre part, au dynamisme de tous les acteurs intervenants en leur sein, qu'ils soient publics ou privés, institutionnels ou non institutionnels, formels ou informels.

En effet, la responsabilisation des collectivités locales signifie une diminution des interventions de l'Etat central qui n'est plus, ni le seul, ni le principal acteur du développement. Ce désengagement de l'Etat est plus ressenti par les collectivités dites de dernière génération. Il s'agit des petites et moyennes villes, localités éloignées des centres de décisions comme c'est le cas des villes de la région de Saint- Louis. Nombre de petites villes de la région administrative du Nord du Sénégal ont acquis le statut de centre urbain en dehors du contexte de l'Etat-providence, l'Etat bâtisseur des cités. Elles n'ont donc pas profité des « prodigalités » de celui-ci et, par conséquent, n'ont pas bénéficié des investissements comme ce fût le cas de leurs aînées. Cette situation nouvelle déteint les modes de fonctionnement de ces organismes dont l'éloignement et la marginalité sont à l'origine de nouveaux comportements tant du point de vu social, politique, qu'économique. Les villes du Delta du Sénégal semblent dans ce cas. Leurs structures économiques et leur mode de fonctionnement font l'objet de multiples réflexions et d'études surtout avec les nombreuses difficultés qui freinent le décollage franc du secteur de l'agriculture qui pendant longtemps - durant la colonisation et pendant les premières décennies d'indépendance est restée une priorité et une des options phares dans la quête de développement avec des fonds énormes qui ont été investis notamment dans l'aménagement de la vallée avec les résultats que l' on voit - fût considéré comme la locomotive qui devrait tirer la région vers le développement économique et social.

Avec une structure démographique fortement caractérisée par une augmentation de la population d'une manière générale d' une part et, d' autre part, un accroissement exponentiel de la proportion des jeunes dans cette population globale, ajoutées à cela les crises économiques et financières qui ont poussé l'Etat du Sénégal à s'engager dans la voie de l'ajustement structurel avec ses corollaires, il est évident que les secteurs de l'économie primaire se trouvent asphyxiés et ne sont plus, tout à fait, capables d'absorber tous les flux et les demandes en offrant du travail et des occupations générateurs de revenus etc. Pourtant, dans les villes du Delta, les économies locales fonctionnent tant bien que mal. Mieux, elles recouvrent de nouvelles prérogatives et de nouvelles missions dont la réussite dépend, en grande partie, de leurs possibilités et capacités économiques. C'est pourquoi, il est nécessaire de les examiner pour mieux les appréhender.

Pour comprendre l'économie des villes de la région nord du Sénégal, il faut les repositionner dans leur situation de cités « à la marge» : très éloignées des centres de décisions, très loin de la capitale politique et administrative du pays. Saint-Louis qui est le chef-lieu de région n'est pas doté d'une assez puissante capacité d'attraction sur elles. Du coup, elles ne lui sont pas directement dépendantes. Ces villes sont aussi marquées par leur proximité avec les localités du Sud mauritanien avec lesquelles elles développent et entretiennent des relations plus ou moins intenses. S'il est admis que, pour tout établissement humain « l'espace voisin, les organismes analogues peuvent être des domaines d'interférence potentiels privilégiés»,7(*) il est alors indéniable qu'il existe des interférences entre les villes mauritaniennes et celles de la région de Saint-Louis. Ces dernières revêtiraient même un caractère spécifique et primordial. Dans ce contexte territorial précis, la proximité joue un rôle très important. La présence d'une frontière qui se remarque par son extrême porosité que les deux Etats ont du mal à contrôler et à surveiller, « ne supprime pas les solidarités de fait ... » entre les deux territoires qui, du reste, font partie du même bassin frontalier : -le bassin frontalier Sénégalo-mauritanien avec les divers types de complémentarités socio-économico-culturelles qui les caractérisent.

Dans l'armature urbaine de la vallée, on note l'existence de villes bordières, anciennes escales qui ont prospéré avec la colonisation et qui s'égrènent le long du fleuve Sénégal. Ce dernier représente la limite septentrionale du territoire national et n'en constitue pas moins la frontière avec la Mauritanie. Ces localités bordières sont les lieux de dynamismes locaux. L'existence d'une frontière ne semble point être un obstacle encore moins un frein qui les empêche de se tourner les unes vers les autres. D'ailleurs, le fleuve n'a jamais été vécu par les peuples de la vallée comme un obstacle encore moins comme une frontière8(*). Cette ouverture a favorisé l'existence de relations plus ou moins intenses dans divers domaines variés : matériels et immatériels. On peut noter des échanges de services, de biens, de ressources naturelles, de populations etc. On les observe également dans les domaines socioculturels et commerciaux.

Les échanges commerciaux sont, sans conteste, les plus prépondérants. Ils concernent essentiellement les produits et marchandises, les denrées de première nécessité, des matériels divers: appareils électroniques et électroménagers. Aucun doute ne persiste en ce qui concerne l'importance et la diversité des échanges effectués entre ces deux Etats. Cette activité fournit des dividendes considérables (ressources assez importantes) aussi bien pour les Etats que pour les collectivités locales directement concernées, grâce aux taxes prélevées sur les biens et les personnes et sur la valeur ajoutée. Aujourd'hui, ils occupent une partie non négligeable de la population locale ainsi que des personnes venues d'autres localités plus ou moins lointaines qui animent ainsi les activités à la frontière.

Les échanges sont relativement dynamiques et se font au niveau des deux Etats qu'on peut qualifier d'officiels, de formels dont les volumes sont susceptibles d'une évaluation car passant par les voies officielles. Cependant, la majorité des échanges se fait en dehors des règles préétablies donc en toute illégalité. Ce fait rend difficile et ardue toute perspective d'un diagnostic ou d'une évaluation. En effet, il est pratiquement impossible de dresser des statistiques fiables qui puissent rendre compte de manière fidèle et scientifique l'information sur les quantités et la qualité, mêmes approximatives, des échanges effectués.

La frontière qui se confond ici avec le fleuve est le modèle type de frontière poreuse. Les villes et la multitude des villages qui la jalonnent, jouxtent d'autres villages sur la rive droite. On assiste alors à une démultiplication des points de transit avec comme conséquence première la dispersion des flux frontaliers. La seconde est la perte du monopole du trafic des marchandises et des personnes pour la ville de Rosso Sénégal malgré son poids important dans le dispositif global des échanges frontaliers. Une bonne partie de ces derniers se déroule au niveau des villages frontaliers qui sont ainsi des relais puissants dans la distribution des marchandises dans les localités de la région. Ce rôle de relais des villages et hameaux logeant le fleuve est rendu possible par l'existence presque dans chacun de ces points de passage d'une flotte piroguière et des populations riveraines qui, naturellement, maîtrisant la zone mieux que les agents de la douane, participent au trafic rendant ainsi difficile toute action de surveillance.

Cela pose, bien entendu, la problématique des réseaux d'échange, de leurs acteurs, de leurs composantes, de leur organisation et de leur animation. Il serait intéressant d'étudier la configuration de ces réseaux mais aussi et surtout leur opérationnalité dans le contexte géographique et socioculturel de notre cadre d'étude : Rosso Sénégal.

Les échanges transfrontaliers attirent dans la ville de Rosso un nombre important d'acteurs et d'activités qui constituent l'épine dorsale de l'économie locale. Celle-ci englobe l'ensemble des activités et des transactions dont les gens dépendent pour leur vie quotidienne. Une bonne partie de population de la ville de Rosso Sénégal trouve sa raison d'être et ses activités de subsistance dans le niveau de base de l'économie. Cette dernière a, en effet, fait ses preuves en ce qui concerne ses capacités de création d'emplois, de génération de ressources, d'accès aux biens etc. Si on reconsidère aujourd'hui la situation économique de cette cité frontalière, on voit qu'elle est aussi sensible à l'environnement macro économique et politique.

Rosso fait partie des dernières communes instituées au Sénégal. C'est, à tout point de vue, une ville de transit, une cité carrefour, un couloir d'échange, une étape, un passage presque obligé. Elle coïncide aussi à une limite de deux zones de monnaies différentes ce qui en fait un vivier d'opportunités économiques importantes dans le cadre des lois économiques évidentes. Sa communalisation récente, outre le fait de lui conférer un nouveau statut et de nouvelles responsabilités politiques, vient poser la difficile question du développement urbain. Ce dernier passerait non seulement par sa capacité de mobilisation des ressources mais aussi par les compétences des acteurs locaux à transformer les potentialités locales en ressources au service du développement local. Pour la ville de Rosso Sénégal, il est possible de voir les secteurs qui sont les constituants traditionnels des économies des villes de la vallée à savoir : l'agriculture, l'élevage et la pêche qui apparaissent parfois comme leurs seuls avantages comparatifs. Seulement, pour ce qui est du cas précis de Rosso Sénégal, en plus de ces secteurs traditionnels, s'ajoute un autre qu'il est difficile de ranger mais qui est un fait économique, géographique et politique assez important : le secteur des échanges frontaliers. Il est à même de devenir une mine de potentialités qui peut s'avérer une source de ressources dont la mobilisation et la bonne utilisation est susceptible d'impulser l'épanouissement économique et social de la collectivité. Ce dernier dépendra davantage des investissements que consentira la commune mais aussi des efforts que les acteurs économiques et institutionnels aussi bien nationaux que locaux accepteront de fournir. Elle sera condition, également, de la prise de conscience des acteurs en présence que l'effet frontière, au lieu d'être toujours lu comme une entrave, doit faire l'objet d'analyses plus approfondies pour servir à l'épanouissement de la localité.

Par ailleurs, l'avenir économique et socio-démographique de la ville apparaît indissociable au fleuve (la frontière), à la «mouvance sénégalo-mauritanienne »9(*) et surtout à la dynamique sous-régionale. Donc, il se pose la question de savoir quel est le rôle que jouent les dynamiques transfrontalières dans la gestion de la ville, dans la promotion économique et sociale et dans ses objectifs de développement ? La frontière est-elle pour Rosso Sénégal un catalyseur d'énergies suffisamment puissantes et efficaces pour procurer à la nouvelle collectivité les ressources de son épanouissement ? Ou bien, au contraire, les activités transfrontalières constituent-elles des handicaps au détriment de certains secteurs de l'économie urbaine du fait de l'absence d'une complémentarité entre les économies des deux pays voisins ? Quelle place doit être accordée aux activités frontalières dans le processus de diagnostic, d'identification et d'exploitation des ressources qui sont le socle sur lequel repose toute la problématique du développement local des collectivités territoriales et, par conséquent, de Rosso Sénégal ?

V HYPOTHÈSES DE RECHERCHE :

1. Les échanges transfrontaliers, catalyseurs de nombreuses activités impliquant une mosaïque d'acteurs intervenants, participent à la structuration de l'économie locale de Rosso Sénégal.

2. Les échanges frontaliers constituent le principal levier du développement local de la commune : grâce aux ressources générées par la frontière, au degré d'appropriation du territoire et à l'identification à celle-ci des les populations ; au niveau de conception et de participation au projet de développement local. (Cette participation au développement local se lit dans la capacité de gestion et de mobilisation des ressources par les acteurs en charge du développement économique et social et, enfin, par les compétences de négociation et de synergie avec les autres collectivités nationales et /ou mauritaniennes qui lui sont proches et avec lesquels elle partage le même cadre géographique.)

V OBJECTIF DE L'ÉTUDE :

Ce travail a pour objectif principal de comprendre le fonctionnement des activités économiques dans les villes situées en zone transfrontalière en les positionnant dans le contexte plus global de l'autonomisation des structures urbaines. La compréhension des économies locales des villes bordières sera un point important dans la réflexion sur le mode fonctionnement des collectivités locales, particulièrement celles qui sont soumises aux influences de collectivités extérieures au territoire national. Dans le cadre de cette étude il sera question d'analyser la frontière, l'espace transfrontaliers, les dynamiques qui s'y déroulent, les logiques des acteurs en présence, les rapports de la commune avec ses voisins. Dans un contexte idéologique et institutionnel marqué par l'émergence et la promotion des communautés de base, il est question de voir comment l'effet frontière peut influer dans la gestion et l'affirmation des instances de base. Ainsi, il sera question, pour nous :

1. d'analyser le rapport de la ville à la frontière et au système des échanges transfrontaliers ;

2. d'identifier les différents secteurs de l'économie et les influences du dynamisme frontalier sur ces derniers ;

3. d'évoquer les activités induites par les échanges transfrontaliers et le niveau de leur contribution dans le développement communal 

4. d'examiner dans quelles mesures l'espace frontalier peut -il devenir un espace pertinent pour l'émergence et le déroulement d'un projet de développement local.

METHODOLOGIE

Ce travail s'inscrit dans le cadre de la réflexion sur le développement local d'une commune transfrontalière : la commune de Rosso Sénégal. Il s'agit pour nous d'étudier le rapport entre les dynamiques transfrontalières et le développement de la jeune commune dans ce nouveau contexte marqué par une plus grande responsabilisation des collectivités à la base. Partant de l'hypothèse que les échanges frontaliers constituent une source de revenus considérables qui peut permettre à Rosso Sénégal de disposer des moyens nécessaires à son développement local, cette étude essaie de répondre à un ensemble de questions essentielles. Pour ce faire l'étude d'un certain nombre de concepts et de notions qui seront très usités et dont la compréhension est une nécessité si on veut saisir toute la problématique du développement local en zone frontalière.

Parmi ces concepts et notions que nous avons voulu rendre plus claires, figure, entre autres, la frontière ; cette notion complexe, qui revêt plusieurs sens mais qui fait l'objet d'une étude conceptuelle très poussée à travers des ouvrages généraux tels que les dictionnaires thématiques, les ouvrages spécialisés, les articles scientifiques etc. Ainsi, des auteurs comme : DURRUAU M. (1995-1996), RENARD J P. (2002), PIERMAY J L. (2002) insistent sur la dimension politique des frontières comme symbole de la souveraineté des Etats, NOON H. (2001) jette un regard sur l'ambivalence et la multitude des fonctions que peuvent remplir les frontières, BRUNET R. (2001), WACKERMANN G. (2000), font état du dynamisme des frontières. La plupart des auteurs mettent en avant des définitions de la notion de frontière, font des descriptions de la frontière ou bien simplement un inventaire des activités et des réalités frontalières. Par ailleurs, les frontières sont aussi génératrices d'espaces différenciés. Les espaces frontaliers qui ont fait l'objet de différentions de la part des géographes comme STARY B. (1997), IGUE O. J (1999), BENNAFLA K. (1999) qui ont fait des typologies des espaces frontaliers qu'il est utile pour nous de comprendre afin d'envisager dans quel catégorie placer la ville de Rosso Sénégal sinon la spécifier à son tour. Des auteurs se sont aussi investis dans l'analyse des échanges en zones frontalières. Pour mieux comprendre les échanges frontaliers, les flux, les acteurs frontaliers, leurs stratégies, leurs motivations, et les déterminants économiques sociaux, politiques et culturels qui les sous-tendent nous nous sommes référés aux travaux de GREGOIRE E. (1992), CHENEAU-LOQUAY A, LOMBARD J., NINOT O. (2000) ; BRUNET R, FERRAS R., THERY H. (2005). Les concepts relatifs à la décentralisation et au développement local ont aussi fait l'objet d'une analyse assez détaillé rendu possible par la nombreuse littérature qui est consacrée aux deux concepts. Des concepts très en vogue et qui sont au coeur de la problématique du développement dans les pays du sud. Des concepts qui occupent aussi une place centrale dans la problématique qui nous mobilise.

En effet, l'étude de la relation dynamique frontalière et développement local à travers la perspective de recherche que nous adoptons et qui est fonction de notre hypothèse de travail, nous oblige à une étude détaillée des concepts de développement local, de décentralisation. Les travaux de BRUNET B. (1996) ; MENGIN J. (1989), PIVETEAU A. (2005) ainsi que les documents du CLUB DU SAHEL nous ont été d'un grand secours.

L'essentiel des ouvrages consultés est disponible au niveau de la bibliothèque centrale de l'UGB mais aussi au niveau des centres de documentation des sections de géographie et de sociologie de l'UFR des Lettres et sciences humaines. Il y a en aussi qui ont été consultés à la bibliothèque de l'université de Dakar. Nous avons aussi beaucoup fait recours à l'Internet. En effet, la plus part des documents de l'OCDE et du CLUB DU SAHEL sont directement accessibles sur les sites de ces organisations.

Le souci permanant de vérifier notre hypothèse nous conduit à explorer d'autres voies méthodologiques, particulièrement des outils de collectes tels que les guides d'entretien. En effet nous nous sommes rapprochés des autorités de la municipalité de Rosso Sénégal pour discuter et recueillir leurs avis mais aussi accéder à certaines informations qu'elles détiennent. De la même manière nous avons approché des acteurs économiques locaux et surtout des acteurs frontaliers tels que les commerçants les agents de change informels mais aussi de simples voyageurs. Les multiples séjours que nous avons effectués sur les lieux nous ont permis de faire certaine observation et de nous faire une plus juste opinion des réalités frontières et surtout de les comparer avec certaines descriptions des auteurs. En définitive, le croisement des données documentaires avec les données collectées sur le terrain et le fruit de notre observation nous ont permis de mieux comprendre la frontière, ses réalités et ses dynamiques. Elle nous a surtout permis de jauger les relations qui puissent subsister entre développement des échanges frontaliers et le développement local dans le contexte institutionnel de la décentralisation.

PREMIERE PARTIE :

DYNAMISME FRONTALIER ET DEVELOPPEMENT LOCAL

CHAPITRE I: LE DYNAMISME DES ESPACES FRONTALIERS

Dans ce travail nous nous proposons de faire une étude plus approfondie des échanges transfrontaliers entre la ville de Rosso Sénégal, une petite commune nouvellement instituée, située dans le Delta du fleuve Sénégal quasiment à la frontière avec la République Islamique de Mauritanie. Seulement, à la vue des termes constitutifs de la charpente qui supporte le thème général d'étude, il est facile de constater que nous avons un ensemble de termes, de concepts qui, par leur complexité, leurs polysémies mais surtout du fait de leurs charges souvent très connotés, nécessite clarification et nous oblige à l'exercice de leur définition. Cet exercice nous paraît fondamental car il nous permet de mieux comprendre les mots clés du sujet, de mieux apprécier les réalités dont ils rendent compte mais aussi de mieux les appréhender pour analyser la problématique de la contribution des échanges transfrontaliers dans le développement local de la ville de Rosso Sénégal.

Aussi allons-nous d'abord nous lancer dans une tentative de définition de la notion de frontière d'abords, même s'il s'avère d'emblé un exercice délicat par la complexité et la pluralité des approches qu'en ont les auteurs. Des approches qui partent du géographique au politique en passant par l'économique, l'historique et même à la socio anthropologie. Il sera aussi bien venu d'observer les espaces transfrontaliers à travers leurs diverses caractéristiques, leurs comportements, et de tenter une typification ou une typologie des frontières et des espaces frontaliers. Cette démarche va s'appuyer sur les appréciations d'auteurs qui se sont intéressés aux problématiques des frontières et des espaces frontaliers ou transfrontaliers.

Ensuite, nous essaieront de comprendre d'avantage les échanges transfrontaliers au travers leurs dimension historique mais aussi économique et sociale. Nous tenterons de comprendre quels sont les mécanismes et les leviers de ces échanges frontaliers et quels sont leurs impacts dans la formation et la structuration des espaces qu'il concerne directement ? Dans ce sou thème nous étudierons les capacités des échanges frontaliers à se muer en de véritables facteurs ou vecteurs de développement surtout du développement local de la commune de Rosso Sénégal.

Par ailleurs, précisément dans une seconde partie, nous essaierons de faire un certain nombre de mises au point conceptuelles autours de la thématique du développement local et de la décentralisation. Voici deux vocables « développement local » et « décentralisation » qui sont très usités et très récurrents dans la recherche en sciences sociales et humaines de ces dernières décennies. Il sera pour nous question de les mettre en situation aux fins de les mettre en relation avec les dynamiques frontalières et ainsi étudier les relations qui en découlent et qui peuvent constituer un champ pertinent dans la réflexion pour l'émancipation sociale, économique et culturelle de la ville.

Cette démarche, nous semble appropriée. En effet, cette réflexion sur les échanges transfrontaliers au niveau de la commune de Rosso Sénégal ne nous serait pas utile si nous ne nous étions pas intéressés au contexte politique et le niveau de développement économique des les petites et moyennes villes ouest africaines et particulièrement sénégalaises. C'est pour participer à la réflexion, sur le développement d'une nouvelle commune périphérique et frontalière qui a travers un inventaire de certains aspects liés surtout à ses conditions de localisation géographique marquée par sa proximité avec la République islamique Mauritanie. C'est, autrement, à travers une certaine perception négative des échanges transfrontaliers dans certains documents de planification où les échanges transfrontaliers ne nous semblent point être une dimension prise en compte et traitée à leur juste mesure que nous nous sommes intéressés à cette problématique. Ainsi, convaincus que les échanges transfrontaliers ne peuvent pas toujours être perçus comme étant uniquement constitué d'activités illicites, illégales et informelles comme la fraude ou la contrebande, nous essayerons dans cette réflexion de voir les éléments susceptibles d'être des avantages comparatifs.

I. Essai de définition d'une notion très complexe et chargée : la frontière.

A- La frontière : quelles définitions ?

Dans le dictionnaire Larousse la  frontière  « c'est une limite entre deux Etats ». Assez souvent, la frontière est entendue comme une limite : « ce qui permet de circonscrire un ensemble spatial donné, une région, une construction sociale et politique. ». Si on considère la frontière comme une limite c'est parce qu'elle recouvre et revêt les mêmes caractéristiques que celle-ci. Elle apparaîtra alors comme « la périphérie d'un ensemble cohérant, construit à partir d'un centre, d'un pouvoir, de l'appropriation identitaire d'un espace.» 10(*) La frontière est la limite de l'exercice de la souveraineté d'un Etat11(*), d'une société reconnue et soudée autours de son histoire, de sa langue et de ses institutions sociales, politiques, administratives et religieuses. En cela, la frontière est un legs patrimonial, un héritage de l'histoire d'un groupe chargé de symboles, d'affectivité, de représentations et d'imaginaires. Pour PIERMAY. J. L. « la frontière ne peut être prise que comme une construction sociale, révélatrice d'une certaine réalité sociale. Cette dimension sociale de la frontière comme construction sociale en fait une construction vivante évoluant dans le temps.» 12(*)

Par ailleurs, la frontière est considérée comme une discontinuité. La notion de discontinuité relève du vocabulaire et du discours de l'analyse spatiale. Elle constitue une structure élémentaire de l'organisation des systèmes spatiaux. En tant que discontinuité, la frontière peut être une rupture brusque et brutale entre deux territoires construits et, comme suggéré par RENARD J.P. « une ligne de crête qui rassemble les différences et induit de ce fait divers effets sur l'organisation de l'espace proche »13(*).

Quelle que soit la posture de l'analyste, pour donner une définition à la notion de frontière, l'intégration des dimensions territoriales, politiques, historiques, identitaires, économiques, systémiques et spatiales sont à considérer avec une grande attention.

B- La dimension historique d'un concept actuel.

Dans les pays de l'Afrique au Sud du Sahara, les frontières, telles qu'elles se présentent, sont en grande partie, une part intégrante de l'héritage laissé par la colonisation. En effet, dans leur majorité, les Etats africains sont logés dans des territoires qui sont le fruit du découpage administratif colonial. Pour rappel, la première balkanisation de l'Afrique est survenue lors de la conférence de Berlin de 1885 et fût l'oeuvre de puissances impériales dont le souci majeur était la préservation des intérêts et l'élargissement des territoires de leurs empires. Ceci fait dire à IGUE. J.O. que les frontières ont été érigées par les puissances métropolitaines occidentales non pas «pour permettre le développement des pays africains mais uniquement dans le souci de créer des espaces dont la signification ne dépasse pas celle d'un cadre de prélèvement colonial. »14(*) Abondant dans le même sens, nombre de thèses établissent des liens étroits entre la situation de continent sous développé qu'occupe l'Afrique et son morcellement ou, pire, son émiettement en de multiples Etats « ou bien trop petits, ou bien trop grands »15(*)qui conservent une caractéristique commune : la lancinante question posée par leur viabilisation et à laquelle ont a du mal à trouver une solution.

A la survenue des indépendances, ce morcellement spatial et politique a été un facteur primordial de la différenciation de l'espace et de la création des jeunes Etats nations. « L'Etat étant synonyme de frontières », les lendemains des indépendances ont fini par ''sacraliser'' les frontières légués par les régimes coloniaux malgré les veux pieux, les déclarations d'intention, et le combat acharné de quelques grandes figures de l'histoire pour l'unité et l'union africaine ».16(*) Pour le cas de l'Afrique au Sud du Sahara, il faut noter que les frontières sont au centre de la genèse des Etats17(*). A considérer seulement le cas du Sénégal, on constate que c'est un pays dont la superficie atteint à peine 200.000 km² mais referme toutes les formes de frontières répertoriées à l'échelle de la planète : - « frontières naturelles (cours d'eau comme les fleuves), - frontières artificielles (allant à travers champs), - frontières maritimes. »18(*)

C- La frontière : une conception systémique et spatiale.

La frontière revêt un aspect multidimensionnel qui lui permet de jouer plusieurs rôles. Cette démultiplication des fonctions et des rôles de la frontière vient du fait qu'elle est un puissant catalyseur d'énergies. Pour RATTI. R., la notion de frontière revoie à

« un concept duel à la fois, doté de fonctions de séparation entre : des systèmes politiques et institutionnels différents, autour des aspects légaux de contrôle et de pouvoir, mais aussi un rôle de contact et d'intermédiation, entre sociétés et collectivités différentes telles qu' on les observait dans les régions transfrontalières et doté d' effets selon que la barrière économique, le rôle de filtre, plus ou moins perméable ou de celui de zones de contact voire d'intégration économique, se replient ou ouvrent les horizons et les relations.»19(*)

Au travers cette définition, apparaît une certaine ambivalence des frontières que RENARD analyse d'un point de vu fonctionnel. Pour lui, les frontières sont à la fois «couture et coupure», « des lieux d'interdiction, de séparation, de contrôle, de défense en même temps qu'elles invitent à la transgression et aux échanges. »20(*) . Les frontières sont aussi des «ruptures stables ce qui ne les empêche pas, comme d'autres ruptures, d'être le lieu de dynamismes particuliers »21(*). En effet, la frontière a la capacité de faire émerger des pôles d'attraction qui exercent un effet magnétique sur les hommes et sur leurs activités.

D- La frontière : un fait géographique qui structure l'espace.

Les frontières peuvent être perçues comme des faits géographiques majeurs. « Leurs localisations posent souvent des problèmes et entraînent des phénomènes humains important. »22(*) En science géographique, l'organisation de l'espace se lit et se déchiffre en termes de pôles, de noeuds, d'axes, de barrières, de synapses, d'aires différentiés, de réseaux etc. Derrières ces notions, les principes de la hiérarchie, structure de polarisation, de connectivité et de continuité sont recherchées.23(*) La lecture des frontières comme faits géographiques montre qu'elles peuvent avoir des effets contrastés sur l'organisation et la structuration de l'espace selon la manière dont elles sont appréhendées par les sociétés humaines et les pouvoirs politiques. Et, en tant que reflets de l'Etat d' esprit, de la cohésion des projets de société circonscrits, les frontières ont des effets induits contrastées et différenciés sur l' organisation de l'espace allant de la rupture (absence de connections), la perturbation (aire de polarisation urbaine tronquée), du disfonctionnement ( l'espace frontalier sous équipé), à la création (accumulation de populations et d' entreprises, nouveaux maillages territoriaux), en passant par la dissymétrie (fonctionnelle, densité de population etc.).

Cet impact sur l'organisation de l'espace se lit également dans la dimension économique des frontières. En effet, la frontière est une notion qui peut renvoyer à une réalité purement économique. Pour WACKERMANN G., elle a toujours servis et sert encore de base au protectionnisme car « c'est au nom des frontières que les Etats se protègent en tentant d'éliminer ou de réduire au silence intérieur et extérieur »24(*). La caractéristique économique des frontières se révèle en même temps à travers la manière dont elles incitent les acteurs économiques et sociaux des différents pays qui la juxtaposent à mettre à profit les législations observées au niveau des différents pays et des situations contrastés.

II. La problématique des espaces arrimés aux frontières : les espaces frontaliers

Les frontières sont des faits géographiques majeurs. Leur érection en un lieu entraîne une série de changements dans la perception et les relations à l'espace des sociétés ou groupes humains directement concernés. Le tracé d'une frontière influence de façon positive ou négative, légère ou accentuée l'organisation de l'espace ou des espaces qui lui sont contiguës. Ainsi, autours des lignes ou zones frontalières naissent et se développent des espaces caractéristiques de la dynamique des frontières.

L'émergence des espaces frontaliers ou transfrontaliers a suscité de nombreuses analyses qui ont cherché à mettre en exergue les mécanismes qui les régissent, leurs modes de fonctionnement, ainsi que leurs fonctionnalités. Pour IGUE. J.O. qui s'adonne à un effort de typification des espaces frontaliers, en Afrique de l'Ouest, il y'a plusieurs sortes d'espaces transfrontaliers :

-les espaces à faible dynamisme : ils sont constitués des franges septentrionales arides saharo-sahariennes ;

-les espaces dits alternatifs : Ils sont actifs mais sans grands équipements et supports d'échange comme c'est le cas des villes frontalières, les marchés périphériques dynamiques, les magasins de stockages, les marchés parallèles de change, l'intensité de la vie de relations. Dans ces espaces dits alternatifs, les échanges transfrontaliers ne jouent pas véritablement dans la structuration de l'espace du fait que ces frontières sont des simples couloires de passage et de trafic ;

-les périphéries nationales : Elles se singularisent par leur structuration par une série de petites agglomérations, villes frontalières, espaces d'échanges et de marché autours desquels s'organise une véritable vie des relations. Ce sont des régions frontalières dynamiques Elles existent là où il y' a des possibilités de distribution fortes entres pays voisins..., là où existe une grande solidarité de la population victime de la partition qu'a occasionné la mise sur pied de la frontières25(*).

Cette typologie de J.O.IGUE accorde une importance particulière au dynamisme des activités dans les franges frontalières. Cette manière de voire semble recouper la différenciation de STARY B. pour qui ces « espaces périphériques nationaux, sont des espaces économiques qui s'articulent sur plusieurs Etats-nation. Ils s'appuient et sont régies par plusieurs éléments tels que les flux de produits passant d'un Etat à un autre en fonction et au gré des opportunités. Leur complexité explique sans doute le foisonnement d'expressions qui sont mis en reliefs par les spécialistes pour les désigner ou même les spécifier par rapport au reste du territoire des Etats »26(*).

D'aucuns parlent de  régions informelles en prenant le développement de certaines activités d'échange, d'artisanat, de petites activités de commerce qui s'y déroulent. D'autres les désignent comme des  espaces d'échange réel  compte tenu du déroulement d'une vie des relations très active, qui souvent ne s'embarrasse pas des mesures de contrôle et des règlementations qui peuvent subsister de part et d'autre des frontières. Cette conception met à jour la « caducité » des frontières face au dynamisme dont peuvent se prévaloir ces espaces transfrontaliers.

Les espaces frontaliers ou transfrontaliers se différentient, en plus du dynamisme dont ils peuvent faire montre, par leur extériorité par rapport au reste des territoires nationaux. Dans ce contexte de la mondialisation et de globalisation des flux, les espaces transfrontaliers sont le lieu d'émergence de processus locaux et localisés d'intégration économique et social par le bas. Ceux-ci se manifestent de plus en plus par le phénomène de mouvement migratoire des capitaux, des marchandises, des biens qui s'y déroulent de même que les mouvements productifs, les mouvements commerciaux spontanés qui sont l'oeuvre de communautés liés par une solidarité plus ou moins commerciale, religieuse, ethnique, etc. Ce bouillonnement constaté peut être interprété comme un effort d'articulation des territoires à travers les échanges économique et sociaux.

Dans la nombreuse littérature consacrée au phénomène, plusieurs concepts émergent pour décrire l' « activisme » notoire dans ces lieux périphériques. Aussi voit-on des auteurs, en voulant parlers des zones frontalier user de certaines expressions comme:

-Triangles de développement qui renvoie au tropisme économique mettant en avant l'importance des de la combinaison de facteurs de production dans l'espace ;

-Zone de solidarité qui fait allusion à l'homogénéité relative des systèmes socio culturelles partagés par des populations « éloignées » ;

-De pays frontière qui met en exergue des systèmes de valeurs mais aussi la similitude des systèmes de production dans les espaces frontaliers (la frontière n'étant pas toujours une limite entre deux zone éco géographique, on note de part et d'autre les mêmes conditions physiques, climatiques, les mêmes potentialités naturelles, les même types de ressources, d'où une complémentarité géographique évidente). Les pays frontière sont souvent aussi des bassins de peuplement par des populations ayant les mêmes référents socio culturels.

Dans la réflexion sur le devenir des économies locales en Afrique Subsaharienne, les zones transfrontalières sont de plus en plus vues comme des échelles possibles de développement. Même si, d'une manière générale, l'organisation de l'espace tient très peu compte du continuum spatial et des relations qui existent entre le Sénégal et la Mauritanie, deux pays limitrophes qui partagent un espace géographique où vivent des populations liées par des rapports socioculturels intenses

III. L'analyse des échanges transfrontaliers

Aux fins de mieux comprendre les frontières et les activités qui s'y déroulent surtout des échanges qui s'y passent entre pays, entre communautés et sociétés humaines différentes, il sera bien venu de tenter d'analyser les échanges frontaliers.

A- Echange : un mot générique à analyser

Dans une définition simple, échanger veut dire « opération qui consiste à donner et à recevoir, vendre ou acheter »27(*). Pour la géographie, l'échange est un ensemble de transactions entre lieux et on parle plutôt des échanges entendant par là un ensemble d'activités de commerce et de transport.

Dans un sens large, là où l'on parle d'échanges, on évoque souvent le commerce. C'est à dire la transmission d'un produit ou d'une possession moyennant une contrepartie. Si la contrepartie est en nature, l'opération est appelée troc : échange direct de bien ou de service sans passer par la monnaie. Si elle se fait avec une contrepartie monétaire, comme c'est le cas la plus part du temps, l'opération commerciale, la vente d'un produit s'effectue moyennant le versement d'une somme d'argent correspondant à la valeur d'échange du produit28(*).

L'échange ou plutôt les échanges sont au coeur de la vie des sociétés et sont le ciment des relations sociales entre individus et ente groupes semblables sous la forme du don qui entretient des relations, le contact entre sociétés primitives29(*). Les échanges mettent en relation et font intervenir des partenaires qui ne sont pas d'égale importance. Ces partenaires peuvent être des individus simples, des pays, des groupes industriels, des sociétés commerciales etc.

B- Les échanges transfrontaliers : une somme d'activités complexes

Si l'on s'en tient à leur signification géographiques, les échanges transfrontaliers peuvent être définis comme l'ensemble des transactions de quelque nature qu'elles soient, de l'ensemble des activités de commerce et de transport qui existent entre lieux qui son séparés par une frontière quelle que soit sa nature ou sa forme.

Ils peuvent faire l'objet d'une analyse plus approfondie qui permet de mieux les appréhender, d'avantage en percevoir la portée et les implications aussi bien sociaux, économiques, culturelles, géographique etc. Les échanges transfrontaliers comme l'indique l'attribut « transfrontaliers », se déroulent au niveau des frontières politiques des Etats qui peuvent être entendues comme « des réalités intangibles » en même temps qu'elles sont « perméables et poreuses à ces flux qui peuvent être encouragés ou non par les administrations »30(*) en charge du contrôle, de la surveillance et de la gestion de ces espaces. Ils sont complexes et recouvrent plusieurs aspects parmi lesquels :

-L'économique : Les échanges transfrontaliers conditionnent une part importante des activités économiques qui se déroulent dans les localités qu'elle concernent directement et même au-delà. Pour les Etats et les collectivités locales, ils sont une source de recettes même si la plus part du temps « ils repose sur la fraude » et les activités de contrebande.31(*)

-Le politique : Exercé dans le majeur parti des cas dans l'illégalité, les échanges transfrontaliers sont parfois considérés comme une transgression ou une agression pour les Etats qui les ressentent comme une violation de leur souveraineté. En fonction de la contrepartie qu'en tirent les Etats ils sont plus ou moins réticents à leur installation et à leur développement. Les activités d'échange qui se déroulent dans les franges des Etats-nation démontrent éloquemment la difficulté dans laquelle se situent les Etats à réussir un encadrement performent de leurs jeunes territoires. Dans un contexte africain ou il est dit que les Etats on précédés les nations et où la pérennité de l'Etat est souvent remis en question à partir de ces espaces périphériques, le déroulement des échanges transfrontaliers en dehors des cadres institutionnels négociés entres Etats peut se révéler un élément qui sape le fondement des entités souveraines.

-L'humain : Dans les pays de l'Afrique au sud du Sahara, le tracé des frontières s'est fait selon des logiques qui sont venues perturber l'organisation sociale et l'occupation spatiale et les marques territoriales des sociétés autochtones. Il est venu séparer des entités homogènes ou unis des entités qui n'on jamais vécu dans les même ensembles territoriaux. Cette situation explique que souvent des populations qui sont sensé appartenir à deux pays frontaliers différents continuent de vivre en étroite symbiose de par leurs cultures, leurs langues, leurs cadres de pensée, leurs valeurs sociales et religieuses qui demeurent identiques.32(*) Les liens familiaux et les multiples relations sociales constituent la base sociale du commerce transfrontalier.

 Les échanges frontaliers, qu'ils soient formalisés ou non, apparaissent comme une des composantes des échanges globaux entre Etats. Ce qui les distingues les uns des autres, ce sont les différentes échelles géographiques auxquels ils se développent, en fonction des types d'acteurs et d'organisations qui les supportes, des réseaux de communication qu'ils empruntent, des points de l'espace par lesquels ils passent, des fluctuations des politiques étatiques qui les concernent (politiques tarifaires, ouverture ou fermeture de la frontière, conflits, insertion dans une zone monétaire). Selon telle ou telle configuration, cet échange en reste au trafic local, comme c'est souvent le cas entre populations voisines séparées par une frontière ou alors change d'échelle, se développent entre villes marchés importants, remonte ou descend d'une capitale, d'un port, d'un aéroport. Selon cette hypothèse, la notion de marges en développement mérite d'être examinée dans une perspective d'analyse des territoires étatiques que les échanges frontaliers, à quelques échelles que ce soit, contribuent ou non à développer. Il en va de même pour les infrastructures de communication qui renforcent les liaisons interétatiques ou bien relient seulement des espaces proches, parfois transfrontaliers, selon un processus de différentiation spatiale exacerbé.33(*)

CHAPITRE II : ROSSO UNE CITÉ QUI A ÉVOLUÉ AVEC LES ÉCHANGES FRONTALIERS

I. Un développement démographique et spatial fulgurant

Il est admis que Rosso Sénégal a d'abord été un petit village incertain dans la basse vallée du fleuve Sénégal qui n'a connu son envol que grâce à la dynamique résultante et impulsée par la décision en 1973 du gouvernement mauritanien de passer de la zone franc vers la création de sa propre monnaie : l'Ouguiya34(*). Cette création d'une monnaie nationale a favorisé de fait la naissance d'un différentiel économique qui est plus entretenu par la batterie des politiques commerciales d'essence libérale déroulées par le gouvernement mauritanien et qui engendre des disparités économiques dont l'une des conséquences est l'émergence d'opportunités commerciales intéressantes pour les populations et les opérateurs de la vallée et des autres régions du pays qui ne se privent pas pour les exploiter.

Bien d'autres facteurs ont aussi contribué à faire de Rosso Sénégal un lieu privilégié dans le dispositif global des échanges qui se déroulent entre le Sénégal et la Mauritanie, sa voisine du nord. Parmi ces facteurs, il est important de souligner le déclin du trafic fluvial. Il s'est estompé avec la construction de la route du Djièri et le développement de l'utilisation de moyens de communications et de transports modernes comme le camion, la voiture etc. Ces mutations constatées dans l'organisation des moyens de communication et de transport ont conduit des changements importants dans l'organisation des échanges entre le Sénégal et la Mauritanie.

Par ces nombreuses transformations, la ville de Rosso Sénégal, loin de subir le sort des différentes villes escales de la vallée qui ont vu leur aire d'influence diminuer comme une peau de chagrin, est devenue une plaque tournante grâce à la circulation du bac qui oblige tous les véhicules de passer inéluctablement. Par la force des choses la ville est aujourd'hui un passage obligé, une porte d'entrée vers la Mauritanie, vers le désert et l'Afrique du Nord. Cette nouvelle responsabilité dans les relations d'échanges entre les deux pays a eu un impact dans l'accroissement de la population et l'organisation spatiale et institutionnelle de la cité.

A- L'évolution ethno-démographique

Du point de vu de sa population, la ville de Rosso Sénégal verra son poids démographique augmenter de façon exponentielle. Celle-ci estimée à 4825 habitants en 1988 passera à 9328 habitants en 200235(*) doublant presque en moins de quinze ans. Cette forte croissance de la population constatée découle certes, du croit naturel mais elle est aussi la conséquence de l'apport allogène des autres localités de la vallée et de la sous région. Par ailleurs, la population de la commune se distingue par sa diversité mais aussi par la très forte représentativité des jeunes âgés de moins 35ans. Le tableau et le graphique qui vont suivre donnent un aperçu sur les données démographiques et sur la composition ethnique de la population.

Tableau 1: Données démographiques sur la ville de Rosso Sénégal

Situation des ménages de la ville de Rosso en 2002

Nombre de ménages

1051

Nombre de concessions

753

Effectif des Hommes

4737

Effectif des Femmes

4591

Effectif total la population

9328

Nombre de personnes par ménage

9

Taux de masculinité

103,2%

Source : Service régional de la prévision et des statistiques / RGPH 2002

La ville se distingue également par la présence d'une multitude d'ethnies. La composition ethnique de la ville reflète celle du Delta en général36(*). On peut remarquer une dominance des Wolofs 73% suivies des Haalpoulars 21%. Les Maures et les Soninkés viennent loin derrière avec respectivement 04 et 2,2 % comme le montre le graphique de la page suivante.

La répartition ethno démographique de la population de Rosso Sénégal

Source : Plan d'investissement communal de Rosso Sénégal (2004)

L'augmentation du poids démographique n'a pas manqué de se traduire sur le développement spatial de la cité. La ville s'est agrandie et de nouveaux quartiers se sont constitués.

B- Le développement spatial de la ville

La position éminente de la ville a très tôt suscité l'intérêt des autorités centrales. Celui-ci est matérialisé par un souci affiché de régulariser l'occupation du sol avec la réalisation des premiers plans de lotissement de la ville en 1966. Le plan de lotissement a servis de base à la dynamique d'occupation du sol. Cependant, elle n'a pas empêché à la ville de se confronter aujourd'hui à des occupations irrégulières et à un développement anarchique de l'espace urbain. Ces derniers mis ensemble avec les contraintes physiques du site posent de nombreux problèmes tels que l'assainissement et l'hygiène publique.

Le développement spatial peut se lire dans la naissance de nouveaux quartiers. Les quartiers issus du lotissement de 196637(*) sont rejoints par d'autres et même le hameau de Rosso Peul a fini par être happé par la ville et est devenu un quartier à part entière dans celle-ci. Actuellement, l'une des multiples difficultés auxquelles fait face la commune est celle de son extension. La commune se situe dans un territoire exigu et les possibilités d'extensions sont quasiment inexistantes alors que dans le même temps les demandes s'accroissent du fait de l'augmentation de la population.

II. L'accès aux réseaux et infrastructures

La ville de Rosso alors qu'elle n'était qu'un village a été dotée, chose rare, d'électricité, d'eau courante et du téléphone. La présence de l'Etat se fait plus sentir dans la construction de quelques infrastructures dans le but d'asseoir le minimum de conditions nécessaires au trafic frontalier. C'est dans cette perspective que se comprend, la construction de quais de débarquement, mais aussi des postes de la douane et de la police frontalière, du bureau local des postes et télécommunications. Au regard de ces interventions de l'Etat il est facile de constater, que le développement n'a jamais été pris comme une priorité. Au contraire, on aperçoit nettement une volonté d'encadrement dans l'unique but de marquer sa présence et participer au prélèvement de la rente frontalière.

A- L'accès à l'eau, à l'électricité et au téléphone

L'accès à ces réseaux d'eau et d'électricité est sans doute une expression de la volonté de l'Etat qui en plus de son rôle d'acteur de développement et du développement des agglomérations, veut ainsi s'acquitter de ses prérogatives de gestion, de contrôle et de sauvegarde de sa souveraineté. Cependant, il faut noter que malgré cette présence qui peut être lue comme une volonté manifeste de l'Etat d'encadrer cet espace frontalier aux aspects un peu particuliers, n'était pas à proprement parler une orientation qui vise le développement de la localité mais participe plutôt d'une volonté de l'Etat de tirer profit de la rente de situation. Cette préoccupation de prélèvement se mesure sur la nature et la qualité des services déconcentrés. Les rares représentations de l'administration centrale sont constituées des postes de la douane, de la police frontalière et du bureau des postes et télécommunications.

B- Les infrastructures sanitaires et les équipements sociaux de base

En ce qui concerne l'accès aux différents équipements sociaux et infrastructures de base, Rosso Sénégal n'est pas bien desservis. Pour une population qui avoisine les 10000 habitants, la ville ne dispose que d'un dispensaire et d'un poste de santé. C'est derniers sont frappés de vétusté et d'exiguïté mais aussi surtout du manque de personnel qualifié. Ceci pose un réel problème de santé publique pour les populations locales directement concernées mais aussi pour le pays. En effet, Rosso est un point de transit et de passage où circulent des milliers de personnes à l'année. Cette absence des structures sanitaires valables augmente les risques de développement et de propagations de certaines maladies tels que les infections sexuellement transmissibles, les épidémies comme le choléra etc.

La commune souffre des contraintes de son site. Celui-ci qui présente des propriétés physiques très peu favorables. La commune est sise dans une des nombreuses cuvettes de décantation du Delta. La plupart des artères de la ville et des ruelles sont pratiquement impraticables pendant la saison des pluies. La commune ne dispose pas encore d'un réseau d'assainissement viable. La voirie communale se résume à la seule bretelle qui relie le quai de débarquement à la route nationale N°2. Elle est vétuste et presque impraticable malgré sa très grande fréquentation et constitue, de plus en plus, une menace pour la sécurité des personnes et de leurs biens.

Ce déficit infrastructurel se fait en plus sentir dans le nombre et la qualité des équipements marchands. La commune dispose d'un seul marché central constitué d'un hangar central qui plie sous le poids des années et d'un ensemble de cantines de fortune dont le nombre est estimé à 400. La plus part de ces cantines sont construites par les commerçants avec leurs propres moyens avec des matériaux de fortune. La commune ne dispose pas encore de cantines qui lui sont propres comme on en voit dans les marchés urbains des autres communes. Il faut remarquer que la mairie est la propriétaire, dans plusieurs cas, du domaine sur lequel sont construites ses cantines.

Pour une ville de passage, on ne note la présence d'aucun hôtel ou auberge : la ville n'offre aucun lit. Aussi les passagers qui ont les moyens vont passer la nuit à Richard Toll, Rosso Mauritanie ou même Saint-Louis qui pourtant est distante de plus de 150Km.

Dans le domaine de l'éducation, la commune comptabilise une école primaire, un collège d'enseignement moyen fonctionnel et d'un jardin d'enfant. Dans le cadre de ses nombreuses initiatives de développement infrastructurel, la commune, avec l'aide de l'Etat et de ses partenaires au développement notamment par le canal de la coopération décentralisée, vient de terminer la construction d'une nouvelle gare routière qui n'a pas encore pris service. De nombreux projets sont aussi en cours pour renforcer la commune dans le domaine des équipements et infrastructures.

III. Rosso Sénégal a aussi vu son statut institutionnel évoluer rapidement.

Rosso Sénégal, alors village, représentait un poids économique très important qui faisait d'elle le principal bailleur de la communauté rurale dont elle assura la présidence jusqu' à sa communalisation à la suite de la dernière réforme administrative et territoriale de 2002. Celle-ci peut être appréciée de diverses manières. Mais la plus importante est sans doute celle qui la voit comme une consécration administrative qui peut se justifier par le dynamisme des échanges frontaliers. Le poids consistant que ceux-ci donnent à l'économie locale fait dote de Rosso d'une grande capacité de mobilisation de ressources mais aussi exerce un attrait polarisant sur la vingtaine de villages de la communauté rurale dont elle était le chef lieu.

En ce qui concerne cette dimension polarisante de la localité il faut, tout de même, la relativiser et l'atténuer. En fait, il est difficile de dire laquelle des deux localités frontalières (Rosso Sénégal et Rosso Mauritanie), exerce son magnétisme sur les autres collectivités qui partage le même bassin. Il ne serait pas superflu d'ausculter ce rapport. En effet, de fait, sans aucune garantis émanant d'une étude scientifique valable et validé, il est possible de percevoir de la différance fondamentale, tant du point de vu morphologique que de la dynamique économique. Les deux villes, même si elles sont à proximité l'une à l'autre, affichent des disparités démographiques, économiques, morphologiques et spatiales réelles.

Il faut noter en sus que, entre Rosso Sénégal et de Rosso Mauritanie, il y' a pas de relations symétriques possibles. Elles n'ont ni le même poids économique, ni la même puissance démographique, ni les mêmes responsabilités politiques. Rosso Mauritanie est une des plus grandes et des plus importantes villes du Sud de la Mauritanie. Elle est de son état le chef lieu de sa région : le Trazza. Cette différence des statuts entre les deux localités au sein leurs armatures urbaines respectives est un facteur qui rend plus étroit les relations de dépendance qui lient l'une à l'autre.

CHAPITRE III : DYNAMIQUES OU DYNAMISME FRONTALIERS ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL URBAIN

I. Les dynamiques frontalières en question ?

A- Que comprendre par dynamiques frontalières ?

La dynamique signifie « un changement résultant d'un jeu de forces: ce jeux de forces lui-même ».38(*) La plus part du temps, on lui accole un adjectif épithète pour la spécifier et la déterminer. On parle ainsi de dynamique locale, dynamique démographique, dynamique économique, dynamique transfrontalière..., en évoquant toujours l'idée d'un changement induit par le déroulement d'un processus particulier. Dés que l'on parle d'effets dynamiques, il est fait allusion à l'impact sur l'évolution à plus ou moins long terme d'u phénomène.

La dynamique transfrontalière ou frontalière renvoie aux activités, aux flux, et aux changements qui sont observés au niveau de certains espaces aux caractéristiques et aux situations géographiques assez particuliers : les zones frontalières. Les transformations qui sont observables dans ces zones peuvent être assimilées aux dynamiques des territoires. Celles-ci rendent compte des changements des organisations territoriales et des forces qui les provoquent. Même si le mot « territoire » ne semble pas approprié dans ce cas de figure car l'espace en question n'étant pas une seule entité définie et circonscrite, à la possession d'un seul Etat mais de plusieurs Etats : les espaces frontaliers étant la somme de plusieurs portions de territoires souverains.

Cependant, si l'on veut bien considérer les logiques auxquelles ils répondent, des logiques qui font que ces espaces sont l'objet d'une certaine appropriation et d'une représentation (ce qui les rend représentatives aussi bien du point de vu social, économique que culturelle) pour les populations et les acteurs qui les animent en y déroulant une somme d'activités complexes. Ces « territoires » ont des significations particulières. Les espaces frontaliers sont des territoires « virtuels » dont l'effectivité et la fonctionnalité sont plus que jamais établies. Leur dynamisme se lit dans les changements de la localisation d'activités, d'équipements, de populations globales, de catégories socio-professionnelles etc. C'est aussi une manifestation de leur appropriation par les populations qui les vivent au quotidien, qui y exercent des activités, y produisent des richesses, y créent et y animent des mouvements et des flux les mettant, de fait, en relation avec d'autres localités plus ou moins lointaines. Ce sont des espaces où s'expriment des formes « d'intégration par le bas » les populations concernées se souciant peu des limites des Etats-nation.

B- Dynamiques frontalières ou dynamiques d'intégration

Les projets d'intégration ont été initiés en Afrique depuis les premières années des indépendances. Pour ce qui est du cas de l'Afrique occidentale, cette volonté d'intégration s'est surtout exprimée du haut et même fait l'objet de constructions institutionnelles. On peut noter la présence de nombreuses organisations à dimension régionale ou sous-régionale (CEDEAO, UEMOA, OMVS etc.) dont le but est de réaliser le projet d'intégration. Seulement, les résultats attendus tardent, dans biens des cas, à se matérialiser sauf dans quelques rares exceptions : l'OMVS. Cependant, une attention sur les dynamiques des espaces périphériques révèle que, ce que les Etats n'ont pas réussi à réaliser est entrain de prendre forme d'une autre manière, moins institutionnalisée certes, mais portée par les populations. Ces « nouveaux processus non fondés sur des politiques gouvernementales » sont à l'origine du « développement des dynamiques impulsées par des réseaux exploitant les disparités frontalières en tant que ressources »39(*). De toute évidence, les acteurs qui sont, parfois, les plus déterminants ne sont pas les acteurs locaux. Ils ne sont pas d'ailleurs les seuls à tirer profit des avantages que génèrent les espaces frontaliers. Cette réalité pose une situation assez contrastée dans ces localités au dynamisme indéniable mais dont le niveau de développement en infrastructures, en équipements reste faible et dont la viabilité du cadre de vie laissent à désirer pour permettre de constituer de véritables leviers du développement local.

Les dynamiques locales transfrontalières doivent donc être considérées avec prudence et plus de subtilité. Elles ne sont pas toujours synonymes de bien être et de profit pour les collectivités qui sont directement concernées. Bien souvent,  ce sont des phénomènes qui donnent naissance à des plaques tournantes commerciales qui, cependant, « ne bénéficient que très peu aux populations locales »40(*)

II. Quelle approche du développement local en zone frontalière ?

Toute approche du développement local en zone transfrontalière doit essentiellement s'appuyer sur la dimension territoriale et économique de celle-ci. La ville de Rosso a toujours été un centre de décision et de commandement territorial pour son hinterland. D'abord chef lieu de communauté rurale, polarisant plus d'une vingtaine de villages environnants, elle est devenue commune à la faveur du processus de décentration en cours au Sénégal. Donc c'est une collectivité territoriale nouvelle qui est dans une phase de recherche des conditions et des ressources indispensables à son essor et à son expansion sur un territoire particulier puisque très ouvert aux influences exogènes et situé dans un contexte tout aussi particulier. Si nous nous installons dans la même logique que SENE M. et que l'on tient pour pertinente

« la relation dynamique décentralisation/ développement local, le problème est celui des rapports entre niveau de volonté et d'impulsion des politiques nationales et locales qui s'expriment fortement et des niveaux de réalisation d'initiatives locales qui se fondent sur es projets locaux et font appels à des acteurs et réseaux locaux. »41(*)

Cette réflexion pose la question de l'espace de pertinence d'un développement local, la nature de cet espace, ses aptitudes, ses particularités, son statut institutionnelle, son rang dans la hiérarchisation administrative et territoriale. Toutes ces interrogations mène à une nouvelles question non moins importante : celle de la nature et du poids des responsabilités de la collectivité locale dans le développement local? Celle-ci, également incite à se demander quelle est la place de chacun des acteurs intervenants dans l'imagination, l'élaboration et la mise en oeuvre du projet de développement local ?

La ville de Rosso Sénégal est presque une émanation des politiques de décentralisation qui ont cours au Sénégal. Cette communalisation pose le problème de l'emprise spatiale de la municipalité et met en exergue la dimension territoriale de celle-ci qui se situe au coeur d'une zone frontalière dynamique pour plusieurs raisons. Si tant est que le développement de cette nouvelle structure urbaine doit être l'oeuvre des élus et de tous les acteurs économiques, sociaux et culturels originaires de la localité ou qui se l'on approprié, il est claire que la présence et l'intervention de l'Etat dans cette zone, les pratiques des acteurs intervenants allochtones qui ne sont pas les moins importants, sont autant de facteurs à intégrer et à analyser dans toute réflexion qui porte sur le développement de cette commune frontalière.

Dans un autre ordre d'idées, la place accordée aux « ressources endogènes » ou « ressources locales » dans toute politique de développement locale, voudrait pour Rosso Sénégal, que soit prise en compte la contribution de la rentre frontalière dans les ressources que doit mobiliser la commune dans la perspective d'une meilleure réussite des objectifs de développement. Ces objectifs sont, au même titre, inscrits au sein des objectifs nationaux que locaux de développement. Donc, dans un contexte territorial frontalier, la problématique de l'identification à l'espace, de la mobilisation et de la gestion des ressources est cruciale. L'un des enjeux majeurs dans le nouveau contexte de la décentralisation est de faire des collectivités locales de véritables espaces capables de faire émerger des acteurs économiques compétents, un contenu socioculturel dynamique, et de pouvoir bénéficier d'une reconnaissance collective qui participe au renforcement des bases productives des économies locale : des bases diversifiées et complémentaires42(*).

La compréhension du système de fonctionnement des espaces frontaliers est une chose nécessaire pour savoir s'il est possible de les intégrer comme des échelles pertinentes à même d'endosser un projet de développement à la base et d'impulser une politique de développement local. Il faut dire que, ce sont des zones structurées par des réalités et des activités complexes, des territoires difficilement limités et dont la gestion rencontre des écueils mais des lieux qui renferment une masse importante de potentialités, de ressources et d'opportunités de développement.

Dans ce contexte précis, une analyse de la frontière, de l'espace qui se constitue autours d'elle et des activités qui s'y déroulent telles que les échanges commerciaux paraît, plus que jamais, nécessaire. De même, la situation des régions périphériques étant complexe, il est bien de poser le regard sur les différents acteurs qui interviennent dans ces espaces, de comprendre leurs logiques d'intervention notamment les logiques prélèvement et d'étudier leurs rapports à l'espace et au territoire. C'est en mettant en articulation ces différents aspects qu'il sera possible de les mettre en perspective par rapport à l'objectif principal de développement local endogène.

DEUXIEME PARTIE :

ACTEURS FRONTALIERS, RESSOURCES ET DEVELOPPEMENT LOCAL

CHAPITRE I : LE DÉVELOPPEMENT LOCAL D'UNE COMMUNE FRONTALIÈRE DANS UN CONTEXTE DE DÉCENTRALISATION

I. La relation développement local /décentralisation.

Le développement local et la décentralisation sont deux notions souvent mises ensemble du fait de la relation « dynamique » qui les lie. Quelle est la signification de chacun des deux termes et quelle est la relation entre les deux ?

A- Le développement local : Origine du concept

Le développement local est un concept qui est apparu, premièrement, dans les pays occidentaux. Il est considéré comme faisant partie des nouveaux paradigmes, cadres d'analyses et d'interventions pour venir à la rescousse des économies européennes en proie à des difficultés. Le développement local s'exerce sur un espace déjà constitué ou à constituer donc sur un territoire réduit. Le concept est né en France dans les années 1950 à partir d'une prise de conscience que les politiques d'aménagement du territoire mises en oeuvre pour corriger les grands déséquilibres géographiques et socio-économiques ne pouvaient s'appuyer que sur une mobilisation des volontés locales. On parlait alors de « développement endogène » pour reprendre l'expression de FRIEDMAN et STÖHN43(*). A travers une approche volontariste axée sur un territoire restreint, ils concevaient le développement local comme une démarche partant du bas d'où l'appellation développement par le bas, privilégiant les ressources endogènes ou locales. De même, on parle de développement communautaire tout en insistant et en mettant en exergue les initiatives populaires.

D'autres auteurs situent l'émergence du concept et le dateraient dans les années 1970. Mais, il faut retenir que, l'idée de développement local est apparue en réaction aux modèles d'analyse traditionnels (modèle de la base économique, pôle de développement...), et aux politiques régionales axées sur les subventions pour l'implantation d'entreprises. Dés lors, il a fallu imaginer des moyens qui permettraient de miser sur les entreprises locales et sur l'esprit d'entreprise, ainsi que sur les capacités d'innovation du milieu afin de créer ou de renforcer les avantages comparatifs d'une localité, d'en assurer le développement44(*). Le développement local apparaît ainsi comme « un modèle alternatif » de développement qui est décliné dans la littérature sous le vocable de « développement endogène », de « développement par le bas » ou encore de « développement communautaire ».45(*)

Le mot « local » accolé à celui de « développement » est lourd de signification. Le « local » repose sur la notion de territoire ouvrant ainsi la voie à la discussion sur les échelles de pertinence d'un territoire. Le niveau local correspond, le plus souvent,à une zone d'économie locale formée par une ou des villes et leurs hinterlands ruraux46(*). Cette discutions est alimentée par la dimension du mot territoire et de la représentation que les sociétés humaines en ont. Le territoire peut être :

«le résultat  d'un découpage administratif, parfois arbitraire, sans correspondance avec la géographie humaine ; - il peut coïncider avec l'espace vécu, - ou tout simplement être le champ d'action autours d'un ensemble d'acteurs de du développement. Quand au mot développement, il est souvent perçu comme un processus de transformation qui accompagne la croissance dans une évolution à long terme47(*) ».

Vu sous l'angle du « local », le développement signifie la durée qui doit marquer toute action de développement et l'espace c'est à dire le territoire local concerné par cette démarche48(*).

B- « Développement local » : tentative de définition d'un concept très usité et très complexe

Dans les cahiers du CONGAD, le développement local est définit comme : « la participation des différents acteurs à la libération des initiatives, en particulier celles locales et communautaires. »49(*) Cette approche n'est pas éloignée de celle de BONNAL pour qui le développement local est

« une démarche globale de mise en mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et matérielles d'un territoire donné en relation négociée avec les centres de décision des ensembles économiques, sociaux et culturels dans lesquels il s'incère. »50(*)

Si ces deux définitions semblent accorder plus d'importance à la mise en synergie des acteurs et des actions sur le territoire, d'autres insistent sur la finalité du développement local à savoir permettre un épanouissement des populations locales. Ainsi, pour NDAO par développement local, il faut entendre :

« amélioration globale des conditions de vie des populations urbaines, par des actions de développement associant organisations de la société civil, et acteurs institutionnels. On comprend alors que le terme local ne veuille pas dire autarcie ou autosuffisance, mais rend compte d'une approche par le bas basée sur des espaces locaux connectés à des ensembles larges. Pour qu'il soit local, le développement doit, si non prise en charge par les populations, du moins soutenu par les populations locales »51(*).

Cette définition met en exergue la dimension, à la fois endogène et exogène, du développement local. Une préoccupation partagée par MENGIN qui donne une définition du développement local qu'elle voit comme « une intervention structurée, à visée globale et continue, dans un processus de changement des sociétés en proie à la déstructuration et à des restructurations. »52(*) Et c'est bien là une des caractéristiques des espaces frontaliers : des zones qui sont de plus en plus perçues comme des échelles possibles de développement53(*).

Sous un autre prisme, le développement local peut tous simplement être imaginé comme un projet qui, dans les principes, vise la création de synergies entre « les potentiels du territoire » (ressources agricoles, industrielles, touristiques, culturelles, écologiques), « les ressources humaines » (dynamisme et qualification, esprit d'entreprise et richesse culturelle des populations locales), et son insertion dans les orientations de l'aménagement du territoire» (infrastructures de communication, grandes orientations économiques, programmes spécifiques pour certaines parties du territoire comme les zones rurales). Le développement local consiste dans ce cas à élaborer et à mettre en oeuvre des stratégies concertées pour le développement intégré des territoires considéré comme une voie privilégiée pour accéder au développement. Cette conception du développement à travers la promotion du développement local est aussi partagée par les pays en voie de développement où son implantation a été facilitée par les organisations internationales, les institutions financières, les organisations non gouvernementales à travers les nombreux projets et programmes de développement même si, le projet de développement peut être un projet politique mis en oeuvre et porté par les structures publiques des pays du Sud. Pour le cas du Sénégal, le développement local est apparu presque en même temps que dans les pays occidentaux.

C- La notion développement local au Sénégal

Tout au début de sa mise en pratique, le développement local a surtout été orienté vers le monde rural. Ce fut le cas au Sénégal où le concept s'est développé et vulgarisé à partir des années 1970 notamment avec l'institution des communautés rurales en collectivité de base a partir desquelles le développement devait être impulsé.

Le concept a connu, cependant, une évolution significative de son champ d'application. Avec la réforme administrative et territoriale de 1996 qui consacre la régionalisation et la vague des communalisations qui s'en est suivie. On est dans le contexte de la mise en oeuvre des politiques de décentralisation dont l'un des fait majeurs est le transfère plusieurs domaines de compétences aux nouvelles collectivités de base. Désormais le développement incombe, en grande partie, les institutions de base et par conséquent les institutions communales et, par conséquent, les milieux urbains.

La recherche d'un développement à partir du « local » prôné par les pouvoirs publics, implique, en plus de l'Etat qui est le principal agent de développement, de nouveaux acteurs tels que les élus, les organisations socioprofessionnelles, les associations, les administrations déconcentrées ... Le rôle de ces nouveaux acteurs consiste à élaborer, à mettre en oeuvre et à faire fonctionner des mécanismes, des initiatives et des projets de développement local afin de stimuler des synergies entre : - les potentiels du territoire local (ressources agricoles, ressources écologiques, ressources culturelles), -les ressources humaines locales (dynamiques et qualification esprit d'entreprise des populations locales), -l'insertion de la localité dans les orientations de l'aménagement du territoire (infrastructure de communication, grandes orientations économiques, développement spatial.)

La notion de développement local a fait sont entrée dans les pays en voie de développement il y' a quelques décennies et s'est incrusté dans le langage et le vocabulaire des politiques de développement. Aujourd'hui il est presque partout admis comme objectif premier à atteindre. La somme des développements locaux se matérialisant par le développement tout cour. Dans cette perspective, il apparaît de façon claire que le local recouvre une nouvelle dimension. Il est de plus en plus considéré comme le réceptacle des nouvelles stratégies de développement adossées sur les politiques et les processus de décentralisation.

II. La problématique de la décentralisation

Selon PIVETEAU, « la décentralisation correspond à un transfère de compétences du gouvernement central ou de ses agences à des gouvernements locaux. »54(*) Cependant, c'est un processus très complexe qui rend compte de plusieurs réalités. En effet, avec la décentralisation, on assiste à la création de nouvelles collectivités territoriales dotées de compétences renforcées et qui prennent en charge la gestion de certains biens publics et la perception de recettes fiscales.

Cette analyse sur le développement des espaces frontaliers intervient dans un contexte institutionnel fortement marqué par la décentralisation. Rosso qui est l'objet de cette réflexion, fait partie des communes dites de dernière génération. Son avènement peut être inscrit dans ce processus en cours au Sénégal bien avant les indépendances mais dont les moments forts sont certainement 1972 et 1996. Pour bien nous situer dans le contexte, un petit aperçu de la décentralisation au Sénégal est nécessaire.

A- Les premiers pas vers la décentralisation

Même s'il est possible de leur trouver des formes pendant la période coloniale, ce qui fait que le Sénégal est vu comme un pays ancré dans les politiques de décentralisation, il est aussi bien de réduire l'échelle historique pour retenir que l'année 1972 à été le véritable signal fournis par le Sénégal indépendant pour monter sur la rampe de la décentralisation territoriales et administrative. Après les cycles de l'assistance technique sous la férules de la France, ex pays colonisateur, de la première décennie ayant suivie les indépendances (1960-1970), les années dites d'encadrement du développement (1970-1980), puis les années d' ajustement structurelles qui ont sans doute le plus marqué la marche des Etats en voie de développement (1980-1995) qui se sont manifesté par un échec évidents55(*), le Sénégal s' est engagé dans la décentralisation qui est une nouvelle stratégie accordant une place prioritaire aux populations à la bases dans la définitions des voies et moyens et dans la mise en oeuvre de l' objectif de développement.

Déjà, un pas important a été franchi en d 1972 avec une réforme importante de la loi sur le foncier qui confia la gestion des territoires à des élus locaux pour qu'ils en assurent la gestion notamment avec la création des communautés rurales. Cette décentralisation timide, bien qu'étant une avancée significative dans le processus de responsabilisation des populations locales, n'est qu'une prémisse car les élus locaux étaient encore sous la tutelle du représentant de l'Etat : le sous préfets. L'important jalon posé en 1972 sera renforcé en 1996 avec le vote de loi sur la décentralisation et sur le transfère des compétences va accorder plus de prérogatives, de nouvelles compétences et une plus grande autonomie aux collectivités territoriales.

B- La responsabilisation réelle des collectivités avec les réformes de 1996

Le processus de décentralisation réamorcé et réaffirmée en 1996 a principalement pour objectif « de donner aux collectivités locales (régions communes, et communautés rurales) les capacités pour leurs développement économique et social, notamment en renforçant leur autonomie vis avis du pouvoir central »56(*). La loi 96-07 portant transfère des compétences consacre, si l'on peut dire, le désengagement de l'Etat dans la gestion des collectivités. Cette loi démontre la volonté de l'Etat de partager ou de se délester de certaines de ses responsabilités avec les entités nouvellement instituées. On voit ici ce que RAUFAST appelle « un système de responsabilités partagées où les sphères de compétences doivent correspondre aux solidarités de proximité  et être susceptible de satisfaire la demande social des populations »57(*). Pour STREN cité par JAGLIN et DUBRESSON « la décentralisation est d'abord un moyen de trouver de nouvelles ressources financières et une échelle plus efficace d'applicabilité des projets »58(*), des politiques de développement local.

Au Sénégal, dans le code des collectivités locales, il est écrit que pour accomplir les missions de développement qui leurs sont dévolues, les collectivités locales disposent des concours financiers en provenance de l'Etat, des opportunités de la coopération décentralisée en plus des ressources propres59(*). Ces nouvelles dispositions prises dans le cadre de la décentralisation imposent ou donnent l'opportunité aux organismes du bas - c'est selon le cas- de trouver les moyens propres pour leur survie et parvenir à assurer à leurs populations les conditions minimales d'épanouissement économique et social. Pour parvenir à ces objectifs, la mobilisation des ressources locales est inscrite au premier plan. Chaque collectivité doit se fonder sur ses propres potentialités et sur ces avantages comparatifs pour s'assurer un développement local. Ceci d'autant plus que, le transfère des compétences administratives doit concomitamment s'accompagner, en principe, de l'allocation des ressources correspondantes, c'est-à-dire, des ressources financières. Cependant, on remarque que, l'essentielle des collectivités locales se trouvent dans une impécuniosité chronique qui fait qu'elles ont beaucoup de mal à assurer leur fonctionnement administratif et à fortiori, à réaliser des investissements dans d'autres domaines tels que les infrastructures et les équipements sociaux de base donc à s'acquitter convenablement de leurs missions.

C- Décentralisation, développement local et les ressources locales

Le développement local peut être entendu comme un processus visant à mobiliser les énergies de tous les acteurs locaux en vu de la promotion économique, social et culturelle d'un territoire. L'objectif, en s'appuyant sur la participation des acteurs, est l'amélioration des conditions de vie des habitants. La décentralisation devrait, dans ce cas, s'accompagner d'un développement économique local visant à améliorer les conditions de vie des populations locales.

Dans ce nouveau contexte où les ressources locales sont de plus en plus sollicitées, il est aisé d'imaginer que la commune de Rosso Sénégal, au même titre que toutes les autres collectivités locales, se tourne et veuille s'appuyer sur ce qu'elle identifie et considère comme ses potentialités et ses ressources. Les activités qui se déroulent à la frontière qui est un lieu où s'offrent « des possibilités d'accumulation et de régulation sociale devenues essentielles dans le contexte du déclin des conditions de vie des populations... »60(*). Ainsi que le commerce, l'agriculture, l'élevage et la pêche sont les principaux secteurs générateurs de revenus pour la commune.

Il ne fait plus de doue que les politiques de décentralisation sont très importantes pour les organismes urbains nouvellement promues :-des localités qui ont vu leur statut évoluer grâce à elles. En effet, on assiste pendant ces dernières années à une réhabilitation des centres urbains. Longtemps décrites comme des organismes budgétivores, dont la gestion pose plus de problèmes, les villes sont aujourd'hui appréhendées comme de catalyseurs énergies multiples et aussi comme des lieux où l'on observe de nouvelles mutations, de nouvelles évolutions et des nouvelles dynamiques socio économiques. Certains considèrent même qu'elles sont porteuses de croissance économique du fait de la multiplication des petites activités génératrices de revenus et des capacités de polarisation de l'espace environnant.61(*) Cette nouvelle considération pour les centres urbains se matérialise au Sénégal par la vague des communalisations qui ont accompagné et suivi la mise en oeuvre de la décentralisation.

Les réformes de 1996 sont des moments forts dans l'émergence de nouveaux acteurs du développement local. Des acteurs institutionnels ont vu leurs compétences et leurs prérogatives se renforcer en même temps que des acteurs non institutionnels qui s'affirment, de plus en plus, et deviennent des éléments incontournables dans le processus de la décentralisation. Cette démultiplication des acteurs de la décentralisation est aussi le lit à un ensemble de contraintes et de contradictions qu'il est intéressant d'analyser surtout dans le contexte des espaces frontaliers où les enjeux sont autant importants pour les uns que pour les autres.

CHAPITRE II : RESSOURCES COMMUNALES ; AGENTS FRONTALIERS OU ACTEURS DE DÉVELOPPEMENT LOCAL

I. Les ressources locales de la commune de Rosso

La décentralisation a conféré aux collectivités territoriales nouvellement instituées une autonomie financière. Elles disposent de budget et de ressources propres. Les sources de revenus des collectivités sont clairement définies dans les dispositions légales et règlementaires qui les régissent.

A- Les ressources fiscales et non fiscales.

Les ressources des collectivités locales sont constituées de ressources endogènes et des ressources exogènes :

- les ressources endogènes  sont constituées d' abord des recettes fiscales (impôts du minimum, les taxes représentatives du minimum fiscal, ola contribution des patentes, les impôts fonciers, la contribution des licences), les centimes additionnels, les taxes directs et indirects (taxes d'enlèvement des ordures ménagères, les taxes sur l'électricité. Ensuite des recettes non fiscales telles que : les produits du domaine public communal, les produits du domaine privé communal, des revenus divers. Enfin des il y a les ristournes de l'Etat62(*) .

- les ressources exogènes des communes sont les ressources provenant directement de l'Etat sous forme de Fond de dotation à la décentralisation (FDD) et les fonds d'équipement des collectivités locales (FECL) et les ressources provenant des partenariats au développement.

On constate que, du point de vu législatif et règlementaire, il n'y a pas d'ambiguïté grande sur les sources de revenu des collectivités territoriales. Mais, la commune de Rosso Sénégal, au même titre que toutes ses homologues, ressent les contres coup des difficultés que rencontrent l'Etat à s'acquitter de ses obligations vis-à-vis de la commune en octroyant les fonds de dotation à temps et fait face en même temps à des écueils plus importantes comme le recouvrement correct des différents taxes et de la mise sur pied d'une base de donné fiscale : seul moyen de répertorier les imposables dans le périmètre communale. Ceci n'est pas une exclusivité de la commune. Seulement, il est important de noter que les potentialités dont regorge la ville en en matière fiscale exploitées de façon optimale par les autorités communales. Une analyse plus approfondie devrait nous permettre de répertorier les facteurs explicatifs de cette incapacité dans le recouvrement de la fiscalité locale.

B- Les difficultés liées au recouvrement des ressources fiscales

Dans les dispositions légales et règlementaires comprises dans les nouveaux textes de la décentralisation, il est admis et institué que les ressources locales doivent être mobilisées au profit des politiques et programmes de développement local. Cependant, l'Etat sénégalais, malgré la volonté exprimée dans les textes loi, est toujours le principal collecteur des ressources surtout de la fiscalité locale. Pour la commune Rosso Sénégal, plusieurs activités sont répertoriées dans des secteurs tels que le commerce, les transports, la navigation fluviale, et la multitude d'activités du secteur informel.

II. Des secteurs d'activité dynamiques mais pour quelle contribution ?

A- Un sous secteur commercial peu productif

Le secteur du commerce est un des poumons forts de l'économie locale de Rosso Sénégal. Dans la dernière étude réalisée par l'ARD Saint-Louis dans le cadre de l'élaboration du plan d'investissement communal, le seul secteur du commerce emploie plus de 22 % de la population active de Rosso Sénégal. C'est un secteur très dynamique qui mobilise toutes les couches de la population particulièrement les femmes et le jeunes.

Cependant, ce dynamisme commercial ne se reflète pas sur le niveau de performance des infrastructures marchandes. Le marché central de la ville se remarque par l'exiguïté de son site d'emplacement mais aussi par ses baraquements, ses étales de fortunes, ses abris provisoires et surtout par son impraticabilité en période de saison des pluies. Il est frappé par un déficit d'aménagement. La municipalité ne possède pas encore de cantines comme c'est le cas dans pratiquement toutes les autres communes. Les commerçants qui le désirent et qui en ont les moyens, de fortune (taules, zigs, et matériaux de récupération). En le faisant, ils empiètent sur le domaine public, consciemment ou inconsciemment. Cette ignorance leurs réticence à s'acquitter du payement des taxes et redevances à la municipalité.

B- La gestion des flux : une mine de ressources mais pour qui ?

La gestion des flux en zone frontalière revient à la municipalité et aux forces de police. Le premier intervient principalement dans le prélèvement des taxes sur les personnes et sur les biens et les seconds ont pour mission la sécurisation et la sauvegarde de la zone frontalière et du territoire d une manière générale.

Au regard des éléments constitutifs du budget de la commune, on s'aperçoit que pour le seul poste budgétaire qui concerne les autorisations de circulation entre les eux rive s était estimé à plus de 25 millions de franc CFA. Un chiffre qui pourrait être doublé de l'avis du premier adjoint au maire selon qui, « si les services de la police jouaient le jeu et collaboraient de façon plus franche avec la municipalité, le recettes sur les autorisations de circulation seraient encore plus conséquentes. Mais actuellement, des pertes énormes sont constatées à ce niveau du fait du manque de moyens humains de la municipalité ».

Les mêmes difficultés sont parallèlement notées pour le recouvrement des recettes sur le droit de stationnement des véhicules. Les camions et autres véhicules de transport de personnes et de marchandises doivent payer des taxes à la commune de Rosso. Dans le plan d'investissement de 2005 le seul secteur des transports, contribue à hauteur de 12 ,5% du produit local brut (PLB)63(*) et occupe plus de 3,5% de la population active. C'est, par conséquent, un des secteurs clés de l'économie locale. Par contre, sa part dans les recettes budgétaires de la commune est jugée très faible par es autorités eu égard à son poids économique.

Le transport piroguier qui, pourtant, représente un maillon important du système des échanges, est une activité qui ne profite qu'à ses pratiquants et peu à la municipalité. Il est primordial dans le transport entre les deux rives au même titre que le bac. Son avantage est qu'il se déroule en dehors des heures de traversé définies par les autorités des deux pays. Les piroguiers facilitent le transport des produits de contrebandes. Pour Rosso Sénégal, ils sont très sollicités pour l'acheminement des produits tels que le riz, les produits maraîchers de Rosso Sénégal vers Rosso Mauritanie. Ils sont très actifs dans le franchissement des produits et des marchandises de contrebande. Le transport piroguier occupe, essentiellement, des jeunes qui prennent ainsi une part active dans les échanges frontaliers. Tantôt ils sont sollicités par des personnes extérieures, tantôt ils travaillent pour leur propre compte. Cette activité de contrebande est faite sous le nez des représentants de la loi qui ferment les yeux moyennant des commissions.

C- Le bac,  indispensables pour les échanges frontaliers mais aucun profit pour la commune de Rosso Sénégal

Le bac est sans doute le moyen de transport le plus important dans tout le dispositif des échanges frontaliers. Il est le maillon le plus de la chaîne des activités d'échange entre les deux pays et donne aux deux villes frontalières leurs poids économique et démographique en même temps qu'ils accroît la dimension polarisante de ces dernières. Le rôle que les deux villes jouent, respectivement, dans leurs arrière-pays respectifs dépend, au moins pour partie, des activités frontalières. Avec le développement du trafic routiers, et les difficultés de la Mauritanie de construire un port capable de recevoir les bateaux de grandes dimensions64(*), une partie exportations de la mauritaniennes passe par le port autonome de Dakar.

Le bac est de ce fait un relais important et indispensable, du moins, jusqu' à la construction du pont de Rosso dont le projet est en discussion avancé entre les deux Etats. Il permet la traversée des véhicules de toutes dimensions, du bétail en même temps que des personnes. Les activités du bac drainent des ressources financières considérables65(*). Cependant, même si il reste une propriété de la Mauritanie, le bac ne profite aucunement à la commune de Rosso Sénégal. Cette situation peut paraître paradoxale si l'on sait que la commune de Rosso Mauritanie reçoit de la Société des Bacs, qui a la charge de l'exploitation, une contrepartie financière importante selon les autorités municipales de Rosso Sénégal.

Cette situation est ambiguë à plusieurs titres. Dans le cadre de la loi sur le domaine national, le domaine fluvial utilisé par le bac fait partie du domine public naturel de l'Etat. La gestion de ce domaine ne fait pas partie des compétences de la commune. C'est somme toute une question de plus dans les contradictions qui entourent la décentralisation au Sénégal.

III. Les différents acteurs frontaliers et leurs modes d'intervention.

A- Identification des acteurs frontaliers

Dans dictionnaire critique les mots de la géographie : un acteur signifie :

« celui qui agit, qui peut aussi être considéré comme le conducteur, le meneur. Dans un espace géographique, on peu avoir une multitude d'acteurs dont les principaux sont : l'individu, le groupe, l'entreprise, la collectivité, et l'Etat. Les deux derniers sont par définition et par fonction, un pouvoir sur le territoire, dont ils gèrent une maille et ses éventuelles subdivisions. Les autres peuvent avoir sur l'espace des actions bien plus efficace encore. Pris ensemble ils constituent ce que l'on appelle le système des acteurs où se tissent des complicités et se dévoilent des antagonismes. Les acteurs agissent sur l'espace selon leurs moyens et leurs stratégies qui dépendent en partie au moins de leurs représentations, y compris, de leurs représentations de l'espace même. Il s'en suit des inégalités substantielles dans leurs effets sur l'espace et des décalages par rapport aux ambitions réelles des acteurs ou aux qualités des lieux et des territoires»66(*).

L'espace frontalier peut être perçu comme un espace géographique et les agents qui y interviennent comme des acteurs agissant en fonction de leurs logiques individuels ou collectives. Les stratégies des acteurs vont-elles toujours dans le sens d'un développement local ? Quel sont les agents frontaliers qui peuvent être considérés comme de véritables acteurs de développement local?

Les espaces frontaliers se singularisent par diversité et la pluralité des acteurs en présences, qui y interviennent en fonction de leurs motivations et de leurs objectifs. Chacun tente de titrer le maximum de sa position dans les transactions.67(*) Cependant, dans une perspective de développement local, il est légitime de se poser la question de savoir si tous les acteurs frontaliers sont des agents de développement local. Pour en avoir le coeur net, il est bien de revenir sur les notions d'agents de développement et d'acteurs de développement local. Qu'entend-t-on par acteur ? Que signifie acteur de développement local. Les éclairages qui seront emmenés seront pour nous un point de départ pour pouvoir identifier quel sont, parmi la multitude des intervenants ceux qui viennent profiter des revenus et de la rente frontalière, et ceux qui sont porteur d'ambitions et d'un projet de développement destiné à l'espace frontalier. Comment se structurent les actions et les interventions des différents protagonistes.

Les acteurs intervenant dans l'espace frontalier de Rosso Sénégal peuvent être divisés en deux grandes parties : les acteurs institutionnels (l'Etat, la collectivité locale ou la municipalité et ses autorités, les organisations non gouvernementales) et les acteurs non institutionnels (les commerçants, les transporteurs, les agents de changes informels, les différentes activités de services, les agents économiques).

1. La place de l'Etat et de ses agents déconcentrés

Rosso est un lieu stratégique dont le contrôle et la gestion n'a jamais cessée d'être une préoccupation des autorités administratives centrales du Sénégal. Cette attention portée à la localité ne date pas d'aujourd'hui et est antérieure à la décision qui lui attribut le statut de chef lieu de communauté rurale dans un premier temps et de commune plaine exercice aujourd'hui. Cet argument est conforté par la présence de certains services déconcentrés comme la police, la douane, les postes et télécommunications pour ne citer que ceux là. Il faut remarquer que ces services jouent un rôle qui cadre parfaitement avec les fonctions de lieux de transite et de passage de la cité frontalière. « Cette présence des services déconcentrés peut être lue comme une volonté manifeste de l'Etat du Sénégal de participer gestion de ce secteur frontalier dont le dynamisme est sans équivoque »68(*). Elle est aussi, pour l'Etat central, un moyen d'en tirer le maximum de ressources et de prendre sa part de la rente frontalière. Conscients des enjeux, les Etats adoptent « des attitudes variables qu'on soit dans l'un ou l'autre. Ils sont partagés entre une volonté plus ou moins coercitive et effective de contrôle des flux et un soucis d'ouverture commercial indispensable et encouragé par la conjoncture économique ».69(*)

Partout en Afrique, l'indigence financière des Etats se traduit par une place considérable accordée aux recettes douanières dans les ressources nécessaires à la constitution des budgets nationaux.

Dans le contexte de la décentralisation, les ressources des localités frontalières proviennent en grande partie de la rente de situation dans la quelle les taxes sur les personnes et les biens conséquente. Dans le cas de la commune Rosso Sénégal, ces recettes sont prélevées par la douane dont le rôle est la protection de l'économie nationale et de renflouement des caisses  de l'Etat. C'est là une caractéristique de presque tous les pays en voie de développement. « On note une forte prépondérance des droits de douane et de la fiscalité indirecte telle que les taxes et sur la valeur ajoutée (TVA) par rapport à la fiscalité basé sur l'activité économique intérieure et le patrimoine »70(*). Les recettes douanières sont, dans la plus part des Etats, des recettes d'Etat. Ceci rend difficile toute tentative de dialogue entre autorités locales et autorités centrales sur les mécanismes d'un possible partage.

Pour le premier adjoint au maire de Rosso, c'est une revendication qui mérite d'être porté au sommet car, si l'on considère les revenus qui sont collectés par les douaniers au niveau du poste de Rosso, (entre cinq et dix millions de francs Cfa par semaine) il faut envisager des mécanismes qui permettent à la commune bénéficier d'une partie de ces recettes. Pour le moment il faut retenir que la douane est un des plus grands exploitants de l'espace frontalier et sa contribution au budget communal est nulle. Pour l'argument selon lequel, l'Etat verserait le fond de dotation et celui d'investissement, les autorités répondent que c'est une disposition concernant toutes les collectivités locales car expressément décliné dans la loi sur la décentralisation. La spécificité de la ville frontalière de Rosso Sénégal et l'importance de la rente qui va à l'Etat central doivent être reconsidérées au bénéfice de la collectivité locale.

2. Le rôle de la municipalité

Dans les compétences générales qui leurs sont dévolues, «les collectivités locales ont pour mission la programmation et la mise en oeuvre des actions de développement économiques, éducatives, sociales et culturelles d'intérêt régional, communale ou rurale ». La loi portant transfère des compétences leur attribue un rôle prééminent en matière de développement local. Il n'est pas faux de dire que la municipalité de Rosso est, ou tout au moins, doit être le premier acteur de développement. Mieux, les dispositions législatives de la décentralisation, dotent les collectivités locales de l'autonomie financière. Elles disposent désormais d'un budget et des ressources propres. La commune a la charge de l'établissement de son assiette et le recouvrement des recettes non fiscales.

3. Les agents de change, les commerçants, les transporteurs et autres acteurs informels

Les activités transfrontalières sont constituées, dans une large proportion, d'activités commerciales et d'échanges diverses. La ville se remarque, néanmoins, par la modestie du secteur du commerce. Ce dernier est composé de deux grandes familles de commerçants. Il y a, d' une part, les commerçants résidents et établis dans la ville et d' autre part des baanas-baanas venus d'autres localités et qui ne font que transiter par la ville généralement.

· Le secteur du commerce local est dominé par les vendeurs de demi-gros et par une foule de détaillants tenant boutiques sur la place du marché ou dans les quartiers périphériques. Cette situation du commerce à Rosso Sénégal peut sembler paradoxale pour une localité de sa nature. Elle s'explique, pourtant, par la rude concurrence du marché de Rosso Mauritanie qui de loin est le plus structuré, le plus équipé et qui, en définitive, est la principale destination des commerçants et des consommateurs. Cependant, une certaine spécialisation des commerçants de Rosso Sénégal qui évoluent dans la vente des certains produits rares leur permettant de faire des opérations bénéfiques est à signaler.

· A côté des commerçants il y'a les transporteurs qui sont incontournables dans le dispositif des échanges71(*). Les transporteurs sont composés de piroguiers qui assurent une partie du transport fluvial des personnes et des marchandises, des chauffeurs et des transporteurs routiers qui assurent la jonction entre Rosso et les autres localités du pays. Il faut noter que le seul secteur des transports pèse plus de 123% du PLB et occupe 3,5% de la population active locale.

· Les agents de change sont un maillon fort dans le dispositif global des échanges frontaliers. Ils évoluent dans le commerce de l'argent : une activité apparemment lucrative. Mais leur caractère illégal annihile toute volonté de se structurer et de formaliser le secteur qui échappe, quasiment, au contrôle du fisc et de la taxation municipale. Malgré le dynamisme incontestable dont il se prévaut, c'est un secteur qui ne profite qu'aux agents qui s'y activent.

4. Les organisations communautaires de base

A Rosso, il faut souligner la présence et l'importance des organisations communautaires de base. Celles-ci constituent une frange non négligeable des acteurs du développement local. Les organisations des producteurs, les groupements d'intérêts économiques (GIE) et les groupements de femmes sont omniprésent et prennent une part active dans les échanges frontaliers. Dans la commune, de nombreux GIE s'activent dans des activités de commerce ou dans l'artisanat. Il faut dire que l'absence de relations formelles entre les deux communes n'affecte en rien les échanges entre le deux localités. La plus part du temps, Rosso Mauritanie constitue un débouché naturel à la production agricole et artisanale locale.

B- L'impact sur l'économie et la production locale

Le secteur de l'agriculture est très important dans la structuration économique de Rosso Sénégal. Cette ville, au même titre que ses homologues du Delta produit du riz et des produits maraîchers comme la tomates, les oignons, les légumes etc. La ville de Rosso Sénégal est un point de transit de la quasi-totalité de la production de riz de la zone. Elle dispose d'une micro industrie de transformation du riz que les revendeurs et revendeuses commercialisent, parfois clandestinement, en rive droite. La commercialisation du riz en Mauritanie par les voies officielles, est rendue difficile par les mesures fiscalo-douanières qu'applique ce pays dans la protection de sa filière rizicole locale. La Mauritanie, bloque toute les importations de riz pour permettre l'écoulement de sa production locale sur son marché national. Cette mesure permet au riz sénégalais d'être compétitif sur le marché mauritanien et favorise la production agricole locale de Rosso Sénégal.

La proximité d'une ville de la taille de Rosso Mauritanie, qui est un important marché, un débouché naturel pour la production agricole locale permet aux commerçants locaux de se spécialiser dans la vente de produits moins chers et qui génèrent des bénéfices. Avec une économie qui se libéralise de plus en plus, il existe des types de produits plus accessibles soit qu'on est au Sénégal ou en Mauritanie. Il s'agit, généralement des produits agricoles, des matériaux de construction, des produits pétroliers etc. Dans le tableau ci dessous il y' a un inventaire de l'essentiel des produits d'origine sénégalaise commercialisé en Mauritanie.

Tableau 3 : Les produits sénégalais s'exportant en Mauritanie

TYPES DE PRODUITS

COMPOSANTES

Produits agricoles 

-Riz (paddy ou décortiquée),

-Patate douce,

-Tomates fraîches,

-Produits fruitiers (Mangues)

-Aliments de bétail (« ripasse », « rakal »)

Matériaux de construction 

-Ciment,

-Fer, -Bois d'oeuvre,

Produits énergétiques 

-Gaz butane,

Matières plastique

-Chaises,

-Ustensiles de maisons,

-Divers récipients en plastique

Sources : données de l'enquête 2005

Le différentiel économique «engendré par la présence de politiques nationales différentes qui sont à l'origine de la présence de deux monnaies »72(*) est un des facteurs essentiels qui explique le dynamisme des échanges frontaliers entre le Sénégal et la Mauritanie. Dans la mesure où l'essentiel du commerce transfrontalier se déploie dans des circuits informels, le mouvement des échanges est fonction de la répartition inégale des zones de monnaie convertible comme la zone CFA qui attire les produits venant des autres pays à monnaie inconvertibles comme c'est le cas de la Mauritanie.

En conséquence, pour nombre de produits, des prix incitatifs sont pratiqués en rive gauche. Ceci influence beaucoup le sens de la fréquentation entre les deux marchés. Les marchands et les clients étant orientés par la possibilité d'accès à des prix avantageux, par la quête de produits rares. Les commerçants sont quant à eux intéressés par les produits générateurs de valeur marchande et de bénéfices élevés. Le tableau suivant nous montre les produits qui sont généralement achetés par les commerçants et les consommateurs sénégalaises.

Tableau 4: Les produits provenant de la Mauritanie.

TYPES DE PRODUITS

COMPOSANTES

Produits alimentaires

- Farine,

- canettes (jus, sirops, boissons gazeuses)

- Lait en poudre, lait concentré,

- Huile de cuisine,

- Tomates concentré,

- Thé, sucre cristallisé,

- Viande (poulet de chaire etc.)

Ustensiles de maison

- Ustensiles de cuisine,

- Verroteries de maison,

- Matériel de décoration d'intérieur

Produits cosmétiques

- Crèmes et laits de beauté,

- Tubes de dépigmentation

- Parfums, savons, détergents

Matériels électroniques

- Téléviseurs,

- Magnétophones,

- lecteurs CD, DVD et VCD,

- Téléphones portables et

- Autres gadgets électroniques.

Matériels mécaniques

- Voitures, pièces détachées, etc.

Produits pétroliers

- Essence, gasoil, etc.

Atres types de produits

- Tissus (wax, khartoum, basin, etc.)

- Matelas mousse, moquettes tapis de prière, - Tapis de décoration, coussins,

- Produits artisanaux en cuire).

- Produits pharmaceutiques (médicaments.)

Source : données de l'enquête 2005

CHAPITRE III: QUID DE LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE

I. Une notion intégrée par les autorités locales

Les communes de Rosso Sénégal et de Rosso Mauritanie partagent le même bassin frontalier et sont sous l'influence des mêmes phénomènes géographiques, physiques, socio culturelles ainsi qu'aux mêmes composantes ethniques et socioculturelles. La discontinuité spatiale que présume le fleuve ne semble pas effective. Il conviendrait même de dire que la frontière, de par sa nature, jouerait ici le rôle de trait d'union qui ne fait que renforcer les relations « informelles » entre les deux collectivités. Il en résulte, naturellement, des processus particuliers qui rappellent qu'on est en présence d'un espace bouillonnant d'activités dont la gestion est, de toute évidence, est inscrite au chapitre des préoccupations des deux pays. Cette exigence géographique et géopolitique nécessiterait plus de coopération et une plus grande concertation entre voisins du fait des multiples enjeux qui sont en présence.

Pour la commune de Rosso Sénégal, la coopération décentralisée avec les collectivités du Nord est en notoire et est a preuve évidente de la capacité et de la volonté des autorités communales de développer et d'animer des relations de partenariat avec d'autres homologues. Néanmoins, l'inexistence de coopération avec la commue de Rosso Mauritanie apparaît commune une anomalie et une aberration que seule ne saurait expliquer la jeunesse de Rosso Sénégal qui, néanmoins, a capitalisé une solide expérience dans le domaine de la coopération décentralisée.

La commune de Rosso Mauritanie est la plus ancienne des deux, ses poids économiques et démographiques sont les plus importants. Elle est économiquement plu puissante et est une pièce maîtresse dans l'ossature urbaine mauritanienne. Elle est chef lieu de sa région, polarise une partie importante des localités du Sud du pays de même qu'une partie des villes de la région de Saint-Louis : Dagana, Richard Toll. Du fait de son dynamisme économique, surtout commercial, elle exerce une grande attraction sur les populations des villes et villages environnants aussi bien du Sénégal que de la Mauritanie. Cet état de fait qui obéit à des lois économiques primaires et ne favorise pas la commune de Rosso Sénégal qui risque d'être un wagon de la locomotive.

Cette absence de relations formalisées par le biais de la coopération ou des conventions pose naturellement des problèmes dans la gestion des rapports en même temps elle met à nue plusieurs difficultés dans l'organisation et le contrôle des flux transfrontaliers et par ricochet entrave la collecte des revenus diminuant, de façon significative, la part de la commune dans la rente de situation.

Il est évident que la gestion des bassins frontaliers se pose dans un contexte de responsabilisation plus accrue des instances locales mais cela ne veut pas dire qu'elle doit uniquement être laissée à ces dernières. Il faut aussi souligner que, bien que relevant de la souveraineté nationale, donc de la compétence de l'Etat, la gestion des espaces périphériques doit impliquer aussi bien les acteurs locaux les premiers concernés que des autorités centrales.

La gestion des espaces frontaliers doit faire l'objet d'une réflexion et d'une concertation élargie pour une meilleure prise en compte des spécificités locales sous peine de les voir se muer en de sérieux contraintes qui peuvent ralentir le processus de développement local. Il est vrai que certaines questions relèvent de l'Etat mais à la faveur de la décentralisation qui consacre une gestion autonome des territoires, l'implication des acteurs locaux dans la négociation de certains points de la coopération entre Etats frontaliers s'impose surtout dans le cas précis des communes frontalières.

II. Absence de coopération frontalière de proximité : une contrainte à la mobilisation des ressources

Beaucoup de facteurs entravent et diminuent la capacité de prélèvement des ressources frontalières à la commune de Rosso Sénégal. Une bonne partie de ces difficultés est à lier plus ou moins directement «au manque total de collaboration entre les services déconcentrés de l'Etat et la municipalité mais aussi entre la municipalité de Rosso Sénégal et sa voisine »73(*). Pour le maire adjoint, on note souvent

« des conflits liés à la confusion des rôles entre acteurs du fait de l'inexistence d'un cadre règlementaire qui servirait de cadre de référence pour tous : le caractère général des documents de lois et des règlements nationaux ne favorise pas les institutions municipales qui face au faible niveau de formation des élus, les difficultés d' interprétation de certaines dispositions, l'incapacité de développer un plaidoyer pertinent liée au manque de ressources humaines de qualités,  font que les ressources frontalières ne participent encore comme il devrait en être dans le développement local»74(*).

Cette remarque du maire adjoint est illustrative des contraintes auxquelles est confrontée la collectivité communale. Celles-ci constituent des freins non négligeables qui empêchent à Rosso de tirer plus de profit de la rente frontalière.

III. Une coopération décentralisée plus orientée vers le Nord que vers le Sud

Dans le dispositif institutionnel de la décentralisation, des mécanismes sont définis pour financer le développement local. Parmi celles-ci figure la coopération décentralisée. Elle est un des multiples leviers sur lesquels peuvent s'appuyer les collectivités de base pour réaliser les objectifs onéreux de leur développement.

Faisant partie des dernières communes instituées au Sénégal, Rosso a acquis en si peu de temps, une solide expérience dans le domaine de la coopération décentralisée. Les relations entretenues avec quelques collectivités, ONG et association du Nord ont été à l'origine de nombreuses réalisations et plusieurs actions de développement. Celles-ci concernent principalement les secteurs sociaux et éducatifs. Les partenaires les plus en vue dans la commune sont : le Partenariat Lille - Saint-Louis et sa région, le Département du Rhône en France, le GREF (Groupement des enseignants retraités de France.), l'ONG Sénégal Contact, le département de Saint-Laurent en France etc.

Dans le secteur de l'éducation, la coopération a permis aux enseignants de la commune de bénéficier de formation dans les techniques de l'information et de la communication ; les écoles primaires se sont vues doter de salles de classes et divers matériels didactiques. Grâce au GREF, la commune s'est dotée d'un cyberespace pour les jeunes et les partenaires de Saint-Laurent ont équipé la bibliothèque communale.

Pour le secteur économique et de l'équipement, un important projet va bientôt démarrer d'après le premier adjoint au maire. Elle est engagée par l'ONG Sénégal Contact et concerne la construction au quartier de Rosso Peul d'un marché de 400 cantines et d'une maison des jeunes.

IV. Beaucoup de partenaires extérieurs mais peu d'impact sur le développement local

La décentralisation a permis un renouveau des collectivités de base et

«a permis aux élites locales de renforcer leurs positions d'intermédiaires entre la localité et les réseaux internationaux. La mobilisation des ressources locales étant indispensable dans la négociation avec l'internationale, il est clairement apparu que les logiques de la globalité loin de s'opposer se renforcent mutuellement ».

Aussi la décentralisation a-t-elle permis aux nouvelles autorités locales de développer des relations de coopération avec des collectivités du Nord qui interviennent dans plusieurs domaines et secteurs d'activités. Cette coopération avec les villes et associations du Nord n'est pas incompatible avec une coopération avec des villes du Sud. Seulement, au regard de la liste des différents partenaires de la commune, il est noté, avec une netteté déconcertante, l'absence totale de relations avec les villes du Sud mauritanien.

Par ailleurs, quel que soit le niveau de la politique de coopération décentralisée, qui comparée à d'autres localités est très dynamique, il faut souligner l'absence de projets communs visant le développement du bassin frontaliers. Les différents projets sont axés sur les secteurs de l'éducation, de la santé et très peu sur l'économie frontalière. Ce qui montre marginalisation de la dimension frontalière dans l'élaboration des différentes politiques de développement que déroule la commune. Pourtant, il existe partout au monde des villes frontalières qui ont fini de comprendre la nécessité et l'opportunité d'une gestion concertée de leurs espaces partagés. Les autorités communales, qu'elles soient de Rosso Sénégal ou de Rosso Mauritanie auraient un grand intérêt à développer une politique de coopération transfrontalière et à discuter d'avantage sur les modes et les conditions de gestion de ces espaces. Comme le dit le président Alpha Oumar Konaré75(*) dans la défense de son idée de pays frontière il est impossible de réussir une quelconque politique de développement sans l'instauration d'une concertation et d'un dialogue permanent entres les différents acteurs en charge de la conception et de la mise en oeuvre des politiques de développement de part et d'autre.

CONCLUSION GENERALE

La ville de Rosso Sénégal est érigée en commune dans le contexte de la décentralisation administrative et territoriale. Comme ses homologues de même génération, elle est confrontée au difficile problème de son développement. Aussi le développement à la base est au coeur des stratégies des acteurs qui ont la charge de la gestion des structures décentralisées. La décentralisation est un processus qui donne aux collectivités locales plus d'autonomie dans la gestion des affaires locales et accroît de façon significative les responsabilités des institutions et instances de base nouvellement créées. Elle est aussi le lieu de mise en oeuvre des politiques de développement local. Celles-ci s'appuient largement sur les ressources et les potentialités locales.

La ville de Rosso Sénégal est une localité périphérique. Sa position géographique fait d'elle un lieu de passage privilégié, presque obligatoire dans les flux entre les deux voisins. Elle la destine aussi à une vie des relations très denses la mettant en rapport aussi bien avec les collectivités sénégalaises mais peut être plus avec les collectivités Mauritaniennes. La commune fait donc face et est tributaire des réalités géographiques et géopolitiques qui découlent de sa position et qui ont forcément des impacts sur sa structuration sociale, politique et économique.

L'ensemble de ces facteurs fait que toutes les politiques de développement en direction de la commune de Rosso Sénégal, doivent être pensées en intégrant, au plus haut degré, la dimension frontalière. En effet au regard de l'analyse qui vient d'être faite, il est claire que la commune de Rosso Sénégal dépend, dans une large mesure, des externalités positives de sa proximité avec Rosso Mauritanie.

En effet, la différence notée dans les législations des deux pays dans les domaines économiques, la différence de monnaie qui fait d Rosso une frontière de zone monétaire bref l'effet frontière rendent possible et entretiennent des économies locales complémentaires de part et d'autre du fleuve. L'économie urbaine de Rosso Sénégal est essentiellement orientée sur les relations économiques entre le Sénégal et la Mauritanie.

Sur un autre plan, la municipalité qui, en principe, est le principal acteur de développement, à travers l'analyse des constituants essentiels de son budget et surtout des secteurs de la vie économique qui contribue le plus à la constitution de celui-ci, montre la très grande contribution des secteurs et des activités qui sont directement dépendant de la frontière et surtout des activités qui sont déroulées en son sein. La plus parfaite illustration de ce fait est que est que la quasi-totalité des activités qui contribuent au Produit local Brut est dépendante plus ou moins directement de la dynamique frontalière.

Il faut, cependant, remarquer, que la commune attire plusieurs acteurs qui viennent profiter des opportunités qu'offre la frontière. Ces acteur sont diverses et déroulent des stratégies tout aussi diverses qui prennent peu compte des intérêts de la collectivité. Entre la commune qui est le principal acteur du développement, l'Etat qui à travers ses services déconcentrés maintient plus que jamais une dynamique et une logique de prélèvement, de profit et les autres acteurs économiques qui semblent dérouler des logiques individuelles d'exploitation de la rente frontalière, il est très tôt de penser qu'il existe un projet de développement local à Rosso Sénégal. La capacité et le potentiel économique de la commue à travers les échanges frontaliers est incontestable. Mais, la diversité des acteurs aux intérêts divergents, la faiblesse des capacités de la municipalité à organiser le système ainsi que les acteurs frontaliers autours d'un projet de territoire, la léthargie observée dans la coopération et la concertation avec les homologues mauritaniennes ne favorisent pas le développement local de Rosso Sénégal.

Regardant le cas de la ville de Rosso Sénégal, il n'est pas exagéré de dire que la dynamique frontalière n'a pas encore permis le développement à la base. Aussi, une multitude de questions se posent concernant la viabilité réelle des collectivités périphériques, également, la gestion des espaces frontaliers notamment les structures urbaines secondaires dans le contexte actuel de la décentralisation. Pour la commune de Rosso Sénégal, il est opportun d'étudier les échanges frontaliers et leur rôle dans la constitution et l'évolution économique et spatiale en partant de l'hypothèse selon laquelle, ils participent à la structuration géographique et économique des espaces frontaliers. Une structuration qu'il serait bien de comprendre pour maîtriser les économies régionales frontalières mais aussi anticiper sur les dynamiques économiques et spatiales.

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39. MINISTERE DE L'INTERIEUR, 1996 : Textes de lois de la décentralisation

40. NDAO S., 2003-2004 : Décentralisation et développement local : Participation populaire au développement local urbain, le cas du conseil de quartier de Diamagueune, Mémoire de maîtrise section de sociologie, Université Gaston Berger de Saint-Louis, 149 p.

41. NOON H., 2001 : « Régions et nations » in Les concepts de la géographie humaine, Paris, Armand Colin, VUEF, 333p.

42. PIERMAY J. L., 2002 : « Des confins aux villes frontières : l'innovation à la marge »  communication sur la table ronde sur « Les confins : du handicap à l'innovation » tenue en janvier 2002 dans le cadre des rencontres scientifiques franco- sud africaine de l'innovation territoriale.

43. POLEZE M. ET SHEARMURE R., 2005 : Economie urbaine et régionale, introduction à la géographie économique, Paris, Economica, 376p.

44. POURTIER R., 2001:L'Afrique Noire, Paris, Hachette, coll. Carré géographique, 256 p.

45. RAUFAST A., 2004 : Diawbé : un marché international à la recherche du développement local, Essai de recherche DEA Institut d' Etudes Politiques, Pessac, 26 p. (document en ligne)

46. RENARD J. P., 2002 : « La frontière, limite géopolitique majeure mais aussi aire de transition » in Limites et discontinuités, col. Dossier des images économiques du monde (dirigé par André GAMBLIN), SEDES/ PUF, France, pp. 40-66.

47. SARR C., 1997 : Relance des économies locales en Afrique occidentale : le cas du département de Dagana ; le peuplement, l'occupation de l'espace et l'aménagement du territoire du Delta, CLUB DU SAHEL, 90 p.

48. SECK S. M., 1991 : « Les cultivateurs transfrontaliers de Diome face à la question foncière » in La vallée du fleuve Sénégal : évaluation et perspectives d'une décennie d'aménagement, Paris, Karthala, pp. 297-315.

49. SENE M., 2003 : « Décentralisation et Développement local, exigence d'une synergie pour un développement durable » in Développement local et Développement durable (Abdoulaye NIANG sous la Direction), Coopération inter universitaire Turin-Sahel, pp. 391- 401.

50. SINJOUN L., 2002 : Les relations internationales africaines : entre Etats en crise et flux transnationaux, Dakar, CODESRIA, 95 p.

51. STARY B., 1998 : « Rentes et ressources frontalières : le cas des échanges Ghana- Côte d'ivoire » in Régionalisation, mondialisation et fragmentation en Afrique Subsaharienne (sous la direction de Daniel C. BACH), Paris, Karthala, 319 p.

52. STRYKER J. D. ET AL, 1996 : « Une stratégie pour les échanges et la croissance en Afrique de l'Ouest : analyse sectorielle et plan d'action » in Intégration et coopération régionale en Afrique de l'Ouest, Paris, Karthala-CRDI, pp.223-250.

53. VANNETIER P., 1991 : Les villes d'Afrique tropicales, Masson 2ème édition, Paris 334p.

54. WACKERMANN G, 2000 : Géographie humaine, Paris, Ellipse Marketing SA, 352p.

55. WARR B. ET AL, 2001: Les économies frontalières du Delta, Club du sahel/OCDE,

56. WARR B. ET AL. 1998 : Relance des économies locales du Delta, Club du sahel/OCDE.

57. YAPI-DIAHOU A., 2003 : La recherche urbaine à l'épreuve des milieux marginalisés dans la ville : Réflexion sur les défis méthodologiques en sciences humaines, EDUCI, (collection Recherche et Méthodologie), 123p.

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE 2

INTRODUCTION GENERALE 6

PROBLEMATIQUE 10

METHODOLOGIE 18

PREMIERE PARTIE : DYNAMISME FRONTALIER ET DEVELOPPEMENT LOCAL 20

CHAPITRE I: LE DYNAMISME DES ESPACES FRONTALIERS 21

IEssai de définition d'une notion très complexe et chargée : la frontière. 23

A- La frontière : quelles définitions ? 23

B- La dimension historique d'un concept actuel. 24

C- La frontière : une conception systémique et spatiale. 25

D- La frontière : un fait géographique qui structure l'espace. 25

II.La problématique des espaces arrimés aux frontières : les espaces frontaliers 26

III.L'analyse des échanges transfrontaliers 29

A- Echange : un mot générique à analyser 29

B- Les échanges transfrontaliers : une somme d'activités complexes 29

CHAPITRE II : ROSSO UNE CITÉ QUI A ÉVOLUÉ AVEC LES ÉCHANGES FRONTALIERS 32

I.Un développement démographique et spatial fulgurant 32

A- L'évolution ethno-démographique 33

B- Le développement spatial de la ville 34

II.L'accès aux réseaux et infrastructures 35

A- L'accès à l'eau, à l'électricité et au téléphone 35

B- Les infrastructures sanitaires et les équipements sociaux de base 35

III.Rosso Sénégal a aussi vu son statut institutionnel évoluer rapidement. 37

CHAPITRE III : DYNAMIQUES OU DYNAMISME FRONTALIERS ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL URBAIN 38

I.Les dynamiques frontalières en question ? 38

A- Que comprendre par dynamiques frontalières ? 38

B- Dynamiques frontalières ou dynamiques d'intégration 39

II.Quelle approche du développement local en zone frontalière ? 40

DEUXIEME PARTIE : ACTEURS FRONTALIERS, RESSOURCES ET DEVELOPPEMENT LOCAL 43

CHAPITRE I : LE DÉVELOPPEMENT LOCAL D'UNE COMMUNE FRONTALIÈRE DANS UN CONTEXTE DE DÉCENTRALISATION 44

La relation développement local /décentralisation. 44

A- Le développement local : Origine du concept 44

B- « Développement local » : tentative de définition d'un concept très usité et très complexe 46

C- La notion développement local au Sénégal 47

II.La problématique de la décentralisation 48

A- Les premiers pas vers la décentralisation 49

B- La responsabilisation réelle des collectivités avec les réformes de 1996 49

C- Décentralisation, développement local et les ressources locales 51

CHAPITRE II : RESSOURCES COMMUNALES ; AGENTS FRONTALIERS OU ACTEURS DE DÉVELOPPEMENT LOCAL 53

I.Les ressources locales de la commune de Rosso 53

A- Les ressources fiscales et non fiscales. 53

B- Les difficultés liées au recouvrement des ressources fiscales 55

II.Des secteurs d'activité dynamiques mais pour quelle contribution ? 55

A- Un sous secteur commercial peu productif 55

B- La gestion des flux : une mine de ressources mais pour qui ? 56

C- Le bac,  indispensables pour les échanges frontaliers mais aucun profit pour la commune de Rosso Sénégal 57

III.Les différents acteurs frontaliers et leurs modes d'intervention. 58

A- Identification des acteurs frontaliers 58

1. La place de l'Etat et de ses agents déconcentrés 59

2. Le rôle de la municipalité 60

3. Les agents de change, les commerçants, les transporteurs et autres acteurs informels 61

4. Les organisations communautaires de base 62

B- L'impact sur l'économie et la production locale 62

CHAPITRE III: QUID DE LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 65

I.Une notion intégrée par les autorités locales 65

II.Absence de coopération frontalière de proximité : une contrainte à la mobilisation des ressources 66

III.Une coopération décentralisée plus orientée vers le Nord que vers le Sud 67

IV. Beaucoup de partenaires extérieurs mais peu d'impact sur le développement local..................................................................................................................... 68

CONCLUSION GENERALE 70

BIBLIOGRAPHIE 72

TABLE DES MATIERES 76

* 1 Frédéric GIRAUT, 1997, « quel bilan entre la petite ville et son environnement ? » in Les petites et moyennes villes d'Afrique Noire, Paris Karthala, pp17-37.

* 2Frédéric GIRAUT., 1999, « Les racines et les réseaux : les petites villes dans la transition territoriale ouest africaine » in Villes et campagnes dans les pays du Sud, Paris, Karthala, pp. 207-238.

* 3 Pierre VANNETIER, 1991,  Les villes d'Afrique tropicales, Masson 2ème édition, Paris 334pages.

* 4 Jacqueline Beaujeu GARNIER (1997) « géographie urbaine »,4ème édition Paris, 349 p.

* 5 Pierre VANNETIER, 1991, op. Cit.

* 6 Code des collectivités locales du Sénégal. Ce document sert de cadre légal et règlementaire de la décentralisation au Sénégal

* 7 Jacqueline Beaujeu GARNIER, 1980, Géographie urbaine, 1ere édition 

* 8 Voire Boubacar BARRY, (1999), « Histoire et perception des frontières en Afrique du XIXème siècle au XXème : les problèmes de l'intégration Africaine » in Des frontières en Afrique du XIIème au XXème siècle. UNESCO/CISH. www.unesco.org

* 9 Bouna Warr et ali. Relance des économies locales du Delta. Club du sahel/OCDE, 1998

* 10 Jean Pierre RENARD, (2002), « La frontière, limite géopolitique majeure mais aussi aire de transition » in Limites et discontinuités, col. Dossier des images économiques du monde (dirigé par André GAMBLIN), SEDES/ PUF, France, pp. 40-66

* 11 Max DURRUAU, (1995-1996), géographie humaine, paris, Armand Colin /Masson. 468p.

* 12 Jean - Luc PIERMAY (2002), « des confins aux villes frontières : l'innovation à la marge » communication sur la table ronde sur « les confins du handicap à l'innovation » tenue en janvier 2002 dans le cadre des rencontres scientifique franco- sud africaine de l'innovation territoriale.

* 13 Jean Pierre RENARD, (2002), op.cit.

* 14 JOHN. O. IGUE cité par Karine BENNAFLA, (1999), « La fin des territoires nationaux ? Etat et commerce transfrontalier en Afrique Centrale », Politique africaine N° 73

* 15 Roland POURTIER (2001), L'Afrique Noire, col. Point carré,

* 16 Souleymane DIALLO, (2004-2005), « Dynamiques transfrontalières et développement local urbain : Les échanges transfrontaliers entre les la ville de Rosso Sénégal et la Mauritanie : Organisation et impacts ». Mémoire de maîtrise, UGB, section de Géographie, 112 pages.

* 17 Pape Demba FALL, (2004), Etats nations et migrations en Afrique de l'Ouest : le défi de la mondialisation, UNESCO, 22pages (document en ligne)

* 18 Pape Demba FALL, (2004), op. Cit.

* 19 Henri NOON, (2001), idem.

* 20 Jean Pierre RENARD, (2002), op. Cit

* 21 Roger BRUNET, (2001), Le déchiffrement du monde : théories et pratiques de la géographie, Paris, Blin.

* 22 Max DURRUAU, (1995,1996) « Géographie Humaine », Armand COLIN/Masson, col. U Géographie, Paris, 468 p.

* 23 Jean Pierre RENARD, (2002), op. Cit.

* 24 Gabriel WACKERMANN, (2000), Géographie humaine, Paris, Ellipse Marketing SA, 352p.

* 25 L'auteur fait allusion au partage de l'Afrique part les puissances impériales.

* 26 Bruno STARY, (1997), « De la rente agricole à la rente frontalière : Niablé une petite ville ivoirienne à la frontière du Ghana» in Les petites et moyennes villes d' Afrique Noire , Paris, Karthala , pp. 61-85.

* 27Roger BRUNET, R FERRAS, H THERY, (2005), Op Cit.

* 28 BRAND D. et DURASSET M., (1999), Dictionnaire thématique d'histoire et de Géographie, Paris, Dalloz, 444p.

* 29 BRAND D. et DURASSET M., (1999), Op Cit.

* 30 Emmanuel GREGOIRE, (1992), «  Quelques aspects des échanges entre le Niger et le Nigeria » in Les terrains du développement : approche disciplinaire des économies du Sud, ORSTOM, pp 153- 160.

* 31 Emmanuel GREGOIRE, (1992), op. Ci t.

* 32 Emmanuel GREGOIRE, (1992), op.cit.

* 33 Annie CHENEAU-LOQUAY, Jérôme LOMBARD, Olivier NINOT, (2000), Réseaux de communication et territoire frontaliers en Afrique : les limites d'une intégration par le « bas » in Les Cahiers de ²l'association tiers-monde, N°15-

* 34 Depuis 1973 la Mauritanie bat sa propre monnaie l'Ugya (UM). C'est une monnaie in convertible contrairement au F CFA.

* 35 Recensement général de la population en 1988 et en 2002 (RGPH). Données recueillies au prés du service régional de la prévision et de la statistique de Saint-Louis.

* 36 Cheikh SARR, 1997, Le peuplement, l'occupation de l'espace et l'aménagement du territoire du Delta, CLUB DU SAHEL/OCDE, 90pages.

* 37 Le premier plan de lotissement de Rosso Sénégal date de 1966.

* 38 Roger BRUNET, R. FERRAS, H THERY (2005) Les mots de la géographie: dictionnaire critique, Reclus- la documentation française, Paris 518pages (page 171)

* 39 Aurore RAUFAST, (2004), Diawbé : un marché international à la recherche du développement local, Essai de recherche DEA Institut d' Etudes Politiques, Pessac, 26 pages (document en ligne)

* 40 Aurore RAUFAST, (2004), op. Cit.

* 41 Mamadou SENE, (2003), op. Cit.

* 42 CLUB DU SAHEL/AFRIQUE DE L'OUEST (CSAO), (septembre 2005), Développement local et décentralisation : Eléments d'analyse et de réflexion à partir de certains travaux du CSAO, www. Oecd.org. document en ligne

* 43 Katalyn KOLOSY, (1996-2001) : « Le développement local : réflexion pour une définition théorique du concept, Horizon local. http://w.w.w. globenet.org/horizon-local/. (Document en ligne)

* 44 Marie POLEZE et Richard SHEARMURE, (2005), Economie urbaine et régionale, introduction à la géographie économique, Economica, Paris, 376 pages. (Page 183)

* 45 Marie POLEZE et Richard SHEARMURE, (2005), op. Cit. 184

* 46CLUB DU SAHEL ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST, (septembre 2005), Décentralisation et développement local : Eléments d'analyse et de réflexions à partir de certains travaux du CSAO (Club du Sahel et Afrique de l'Ouest) (document en ligne)

* 47 Bernard BRUNET, 1997-1999, Le développement local, définition/ Le développement local un concept mais aussi une pratique, http:/www. globenet. org.horizon.local/.

* 48 Mamadou SENE, (2003), « Décentralisation et Développement local, exigence d'une synergie pour un développement durable » in développement local et Développement durable (Abdoulaye NIANG sous la Direction, Coopération inter universitaire Turin-Sahel, pp. 391- 401

* 49 Les cahiers du CONGAD

* 50 Jean BONNAL cité par Samba NDAO (2003-2004) NB mémoire si dessous cité

* 51 Samba NDAO, (2003-2004) «  Décentralisation et développement local : Participation populaire au développement local urbain, le cas du conseil de quartier de Diamagueune Mémoire de maîtrise section de sociologie, Université Gaston Berger de Saint-Louis, 149 pages

* 52Jacqueline MENGIN, (1989), Guide du développement local, Paris Harmattan

* 53 CLUB DU SAHEL/AFRIQUE DE L'OUEST (CSAO) (septembre 2005), Développement local et décentralisation : Eléments d'analyse et de réflexion à partir de certains travaux du CSAO, www.ocde.org. (Document en ligne).

* 54 Alain PIVETEAU, 2005, Décentralisation et développement local : Analyse d'un rapport ambiguë partir du cas Sénégalais, Texte paru avec de léger différance dans la revue Tiers monde.

* 55 Bouna WARR et Als in «  les économies frontalières du Delta

* 56 Aurore RAUFAST, (2004), op. Cit.

* 57 J. Steffensen, S. Trollegaard, P. A. Ndir, A. W. Ba, (1999) cités par RAFAST A., (2004) op. Cit. Page 5.

* 58 Sylvie JAGLIN et Alain DUBRESSON, (1993), pouvoirs et cités d'Afrique noire : Décentralisation en question, Karthala, Paris, 308 pages.

* 59 Article 17 du code des collectivités locales (CCL)

* 60 D.C.BACH, (1998) cité par RAFAST A. op. Cit.

* 61 Laurent Bossard et François-Paul Yatta, (2001), Evaluation et prospective de l'économie locale, ECOLOC / OCDE « La ville pôle de l'économie locale étudiée, quoique placée au coeur de l'évolution de celle-ci, ne peut pas être abordée comme un système clos, au stade où en sont les économies de la région. Elle vit de ses relations avec une zone d'influence (son hinterland). Il est indispensable d'appréhender la ville, non seulement du point de vue de ses activités propres et de ses transformations internes, physiques ou sociales, mais aussi (et surtout) en tant que pôle d'organisation de son hinterland, de canalisation des flux de personnes, de produits et d'argent, comme génératrice d'économies d'échelle (ou de déséconomies) tant internes qu'externes, et créatrice d'avantages comparatifs nouveaux (ou défense d'avantages existants) pour l'économie locale, dans la compétition avec d'autres villes et leurs hinterlands respectifs. C'est de cette réalité évolutive complexe que l'étude de l'économie locale doit rendre compte. »

* 62 . LES RESSOURCES DES COMMUNES

LES RECETTES FISCALES

1). Les impôts locaux

* l'impôt du minimum fiscal (IMF) perçu au profit des collectivités locales (4è catégorie) dû par toute personne résidant au Sénégal et âgé d'au moins 14 ans (exceptés les élèves) ; le taux de cet impôt est fixé par le code général des impôts en fonction de la patente à laquelle est assujetti le redevable ;

* la taxe représentative de l'IMF qui vise les salaires, indemnités et pensions des contribuables du secteur public comme du secteur privé. Les personnes imposables, qui font l'objet de prélèvements par voie de retenues à la source, sont réparties en cinq catégories selon leurs traitements et salaires annuels.

* la contribution des patentes due par toute personne exerçant habituellement une profession non salariée. Pour le calcul de la patente de droit commun, le Code Général des Impôts a classé les professions suivant leur nature. Pour chaque classe, il existe un droit fixe et un droit professionnel assis sur la valeur locative.

* les impôts fonciers :

- la contribution foncière des propriétés bâties assise sur le revenu net de la propriété (15%) ;

- La contribution foncière des propriétés non bâties qui sont des terrains immatriculés sur lesquels sont édifiées des constructions non adhérentes au sol (5% du prix du marché) ;

- La surtaxe foncière sur les terrains non bâtis ou insuffisamment bâtis dans les communes de la région de Dakar et des communes chefs lieux de région. Cet impôt dont le taux varie suivant la collectivité vise à lutter contre la spéculation foncière.

* la contribution des licences à la charge des exploitants de commerces d'alcools

Pour assurer la trésorerie des communes, l'Etat leur consent au début de chacun des deux premiers trimestres de l'année une avance égale à 25% des recouvrements effectués au cours de la dernière gestion au titre des impôts locaux précités.

2). Les centimes additionnels

Les conseils municipaux peuvent appliquer sur l'IMF et sur sa taxe représentative, sur la patente ainsi que sur les droits de licence des prélèvements complémentaires appelés centimes additionnels. Leurs montants sont déterminés chaque année par délibérations des conseils municipaux, à défaut, comme c'est généralement le cas, les taux en vigueur l'année précédente sont reconduits.

3). Les taxes directes et indirectes

Elles sont fixées par délibérations des conseils municipaux, même si leurs modalités d'assiette et de perception comme leurs taux maxima sont déterminés par la loi.

Exemples : - taxe directe : taxe d'enlèvement des ordures ménagères,

- taxes indirectes : taxe sur l'électricité consommée, taxe sur l'eau

La taxe d'enlèvement des ordures ménagères est d'un taux de 6% pour les communes de la capitale et de 5% pour les autres communes. Elle vise les propriétés assujetties à la contribution foncière des propriétés bâties, y compris les usines dans toutes les communes où fonctionne un service d'enlèvement des ordures ménagères.

Les taxes sur l'eau et sur l'électricité, dont le taux est de 2%, sont acquittées chaque bimestre auprès des deux sociétés concessionnaires de ces services par les contribuables au moment du règlement de leurs factures.

LES RECETTES NON FISCALES

Ce sont des recettes que les collectivités locales maîtrisent et gèrent avec une relative autonomie.

1). Les produits du domaine public communal

L'utilisation privative de ce domaine permet à la commune de percevoir à l'encontre du bénéficiaire une redevance dont le taux est fixé par délibération du conseil municipal.

Exemples : produits des permis de stationnement et de location de la voie publique, des droits de place perçus dans les marchés, des droits de voirie, des droits de fourrière municipale, des concessions du domaine public.

2). Les produits du domaine privé communal

Ils sont issus de la location des biens communaux ou de leur cession, puisqu'une commune peut disposer d'un domaine privé sur lequel elle peut engager des actes comme tout propriétaire.

Exemples : produits de la location de bâtiments ou terrains communaux, de souks, loges et cantines

3). Des revenus divers

Il s'agit entre autres des produits des services communaux, de la quote-part sur le produit des amendes prononcées par les tribunaux correctionnels ou de simple police pour les contraventions commises sur le territoire des communes (60%), des produits des expéditions des actes administratifs et des actes d'état civil.

LES RISTOURNES DE L'ETAT

Les ristournes que l'Etat accorde aux communes sont constituées par leurs quotes-parts sur les produits de la taxe sur la plus-value immobilière (50%) et de la taxe annuelle sur les véhicules ou vignettes (50%). Le critère démographique est utilisé pour la répartition de ces ristournes.

* 63 Le PLB (Produit Local Brut) est l'ensemble des richesses produites au cours d'une année dans une localité : ville, commune, communauté rurale etc.

* 64 Catherine BELVAUDE, 1998, La Mauritanie, Paris, paris Karthala, 205p. (Les côtes mauritaniennes sont peu profondes ce qui rend difficile la construction d'un port capable de recevoir les bateaux à tirant d'eau profond. C'est pourquoi, une bonne partie des marchandises de la Mauritanie passe par le port autonome de Dakar puis est acheminé par route via le poste de Rosso Sénégal.

* 65 Nous ne disposons pas de statistiques pour évaluer les ressources que génère le transport du bac. Cependant, d'après le premier adjoint au maire de Rosso Sénégal, les retombées financières de cette activité sont très importantes. Ce qui est concevable si l'on considère la dynamique des flux frontaliers à Rosso Sénégal.

* 66 Roger BRUNET, R. FERRAS, H. THERY., (2005), op Cit p17

* 67 Bruno STARY, (1998), «Rentes et ressources frontalières : le cas des échanges Ghana- Côte d'ivoire » in Régionalisation, mondialisation et fragmentation en Afrique Subsaharienne (sous la direction de Daniel C. BACH), Karthala, Paris, 319 pages.

* 68 Souleymane DIALLO, (2004-2005), op.cit. p70.

* 69 Karine BENNAFLA, (1999), op. Cit.

* 70 Club du sahel Afrique de l'ouest / OCDE, (sept 2005), Décentralisation et développement local : Eléments d'analyse et de réflexion à partir de certains travaux du CSAO. www. oecd.og/sahel. 20 pages. (Document en ligne)

* 71 Omar KANE 2000-2001, Etude d'un système de transport fluvial en zone frontalière : Stratégie des acteurs et impact socio-économique (l'exemple des piroguiers de Rosso), Mémoire de maîtrise de Sociologie, UGB/SL, 130p.

* 72 Kate MEAGHER, 1996, « Le commerce parallèle en Afrique de l'ouest : intégration informelle ou subvention économique » in Intégration et coopération en Afrique de l'Ouest, Paris Karthala, pp197-222.

* 73 Propos de M Diop, premier adjoint au maire de la commune de Rosso Sénégal avec lequel nous avons eu un entretien sur l'état de la coopération entre les deux commune mais aussi des questions relatives à la gestion de la commune, de ses ressources, des contraintes et des perspectives développement local.

* 74 Propos de m. Diop, maire adjoint de Rosso.

* 75 Le président Alpha Oumar Konaré fit partie des concepteurs de l'expression pays frontière. Le Mali est un pays limitrophes avec sept Etats. C'est pourquoi la dynamique frontalière y est un objet de recherche très avancé et très actuel.






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