Studio Ijambo
Le lancement
Le Studio Ijambo, fondé en mars 1995 par Search For
Common Ground (SFCG), naît en réponse à deux
problèmes majeurs qui se posent à l'époque dans le paysage
médiatique burundais : l'éclosion de médias de la haine
d'une part et l'absence de source crédible d'information pour les
contrer d'autre part. Le studio n'est en réalité qu'un des
éléments du projet de SFCG au Burundi, dont la mission est de
promouvoir le dialogue afin de renforcer les capacités des
différentes composantes de la population burundaise à
gérer leurs conflits de façon collaborative.
SFCG envoie sa première délégation au
Burundi à la fin de l'année 1994, en réponse à
l'appel lancé par le rapporteur spécial des Nations Unies pour
les droits de l'homme, Paulo Sergio Pinheiro, qui craint une
répétition du génocide rwandais chez son faux jumeau, le
Burundi : « Sur
la question d'un génocide éventuel au
Burundi, il ne sied guère de se demander quand il aura lieu, en gardant
les yeux rivés sur le Rwanda >>1. Et d'appeler
à l'action. Ainsi, au printemps 1995, SFCG ouvre un bureau à
Bujumbura.
Les défis initiaux
Décrivant le climat sociopolitique du Burundi à
l'époque où SFCG mettait sur pied le Studio Ijambo, le rapporteur
spécial des Nations Unies pour les droits de l'homme, Paulo Sergio
Pinheiro utilisait ces mots : « Le Burundi est un beau pays dont la
population ne demande qu 'à vivre et à prospérer au milieu
de ses troupeaux et de ses champs de coton, de café ou de thé,
à pêcher ou à développer son commerce et son
industrie et, peut-être, à redécouvrir entre Burundais ces
quelques vertus et valeurs partagées qui ont permis à leurs
ancêtres de vivre ensemble, Hutu et Tutsi mêlés, des
siècles durant. >> Pourtant, ajoute-t-il, << les
Burundais vivent actuellement dans une atmosphère de haine, de
méfiance et d'exclusion. Ils se recroquevillent au fond de leur
coquille>>.2 Attitude compréhensible
quand on sait que la crise de 1972 avait fait entre
100.000 et 200.000 morts et que celle de 1993 causerait
300.000 décès et pousserait des milliers de familles à
l'exil.
Le but de SFCG est de contrer la culture de haine et de
suspicion, de promouvoir les comportements et d'exacerber chez chacun des
Burundais la part d'eux qui aspire à la paix sans oser l'avouer, alors
que le pays est alors en proie à un génocide au
compte-goutte. C'est dans cette atmosphère que le studio Ijambo va
être confronté à l'un de ses plus grands défis: la
loyauté ethnique. Il fallait aider les journalistes locaux à
réconcilier des attitudes opposées : d'une part les comportements
prônés par la culture journalistique moderne, qui font loi dans
les locaux du Studio Ijambo ; d'autre part le rattachement à son
identité ethnique vu le climat de guerre et qui fait loi dans tout le
reste du pays... Ce challenge culturel est certainement l'un des plus
importants puisqu'à elle seule la loyauté ethnique nie les
principes journalistiques modernes d'indépendance et
d'objectivité. Bryan Rich, fondateur et premier directeur du SI,
explique qu'à l'époque, << le principe rigide de
loyauté familiale et d'identification ethnique et régionale
signifie que les journalistes burundais doivent affronter une pression
énorme pour arriver ne fût-ce qu 'au degré le plus basique
d 'objectivité >> 3.
1 Nations Unies, Premier rapport sur la situation des droits
de l'homme au Burundi présenté par le Rapporteur spécial,
M. Paulo Sérgio Pinheiro, le 27 février 1996. E/CN.4/1
996/16.
2 Nations Unies, op.cit.
3 RICH B., One David, two Goliaths: the struggle for
independent media in Burundi, Nieman Report, Winter 1997, p. 63,
cité dans: USAID, Greater horn of Africa peacebuilding project:
media intervention in peacebuilding in Burundi - The Studio Ijambo experience,
September 2000, p. 9.
Il faut toutefois noter que pour s'engager dans un projet
comme le SI, les journalistes burundais devaient avoir une vision moins
restrictive de l'ethnicité. Ceux qui travaillent pour cette `radio pour
la paix' sont justement ceux-là même qui osent dire non à
la dualisation de la société sur des critères ethniques.
<< Les gens ne peuvent pas s 'entretuer parce qu 'ils sont clairs ou
foncés, parce qu 'ils sont grands ou petits. On ne peut pas
décimer un peuple pour des choses avec lesquelles il est né
»1, explique Marie-Louise Sibazuri. Mais si chacun est
convaincu au sein du SI de l'absurdité de cette guerre, le
problème des pressions extérieures - familiales, politiques -
n'en reste pas moins présent. Lena Slachmuijlder, ancienne directrice du
studio, cite notamment la vulnérabilité des journalistes aux
pressions comme l'un des risques encouru par le studio2 . La
solution généralement adoptée était unique à
l'époque : pour chaque sujet couvert, le Studio Ijambo envoyait sur le
terrain une équipe mixte - un Hutu et un Tutsi.
Cette pratique sert également à affronter
l'autre grand défi du SI : éviter à tout prix d'être
perçu comme partisan de l'une ou l'autre ethnie. Ci-dessous, un extrait
d'un guide pratique3 pour tous ceux qui désireraient se
lancer dans le journalisme de paix :
Gagner la confiance de la population affectée est un
pas essentiel dans la programmation humanitaire et post conflictuelle. Afin d'y
parvenir, l'information présentée doit être
crédible. La crédibilité signifie plus que la simple
justesse des faits. Cela signifie que la source d'information soit crue et que
la représentation de l'information soit faite de manière à
inspirer la confiance des auditeurs.
En août 1995 le studio de production signe un contrat
de partenariat avec Radio Burundi et la collaboration débute. La
règle à accepter pour travailler en collaboration avec le Studio
Ijambo : n'effectuer aucune coupure ni montage. Il faut accepter
l'émission telle quelle ou la refuser entièrement. <<
Il fallait donner chaque émission 24 heures avant la diffusion. 24
heures c 'est énorme pour de la radio. Alors, quand on n 'envoyait pas
la cassette avant la deadline, ils en profitaient parfois pour rompre leur part
du contrat : ils faisaient des coupures », explique Francis Rolt,
directeur du studio entre 1998 et 2000. << D 'autres fois, ils
refusaient l 'entièreté d'une émission, sans raison
apparente. Puis, la semaine d'après ils changeaient d'avis et
diffusaient finalement l'émission mise en cause »
4. Malgré ces quelques
désagréments du début, la collaboration avec la radio
nationale est perçue par les fondateurs du Studio Ijambo comme un pas
primordial : non seulement elle représente l'unique voie pour faire
entendre ses productions, mais cette relation permet de procurer au studio la
légitimité nécessaire aux yeux des décideurs
burundais. La dépendance du Studio Ijambo par rapport à la RTNB
prend fin quand le studio signe
1 Interview du 10 décembre 2004.
2 SLACHMUIJLDER L., Media as a tool for dialogue and
reconciliation, 2003, p. 4.
3 HIEBER, L., op. cit., p. 77.
4 Interview du 22 octobre 2004.
un partenariat avec la Radio Agatashya, basée en RDC.
Deux avantages à cette nouvelle collaboration : le Studio Ijambo atteint
une portée régionale qu'elle n'a pas avec la RTNB ; ensuite
lorsque la radio nationale refuse de censurer certaines émissions,
celles-ci trouvent néanmoins échos sur une autre
fréquence1. A la fin des années nonante, les
perspectives du studio s'élargiront d'autant plus grâce à
l'apparition puis la prolifération des radios privées.
Un semblant de `charte
déontologique'
En mettant sur pied le Studio Ijambo, Bryan Rich avait
conscience de l'opportunité historique que représentait cette
expérience. C'était l'occasion pour lui de montrer l'influence
positive de réconciliation que peuvent exercer les médias. Ainsi,
avec son équipe embryonnaire de cinq journalistes hutus et tutsis, il a
défini la mission du Studio Ijambo ainsi que certains objectifs de
bases. Parmi ceux-ci :
- << Positionner le studio comme une voix
indépendante et neutre, qui couvre chaque côté du conflit
>>. En plus de créer une source crédible d'informations,
l'équipe a essayé dès les premiers instants de faire du
centre de production un forum où chacune des parties puisse discuter des
questions qui les divisent.
- << Créer une audience large, de personnes
ordinaires, aussi bien bourreaux que victimes des violences >>. Rich
explique : << Dès le début, l 'équipe a
décidé de laisser les personnes raconter leur propre histoire,
plutôt que de nous-mêmes interpréter l 'information.
Ainsi,
c 'est via les comptes-rendus du peuple que nous
définissions le conflit et ses conséquences sur la vie de tous
les jours et ce sont de ces expériences vécues qu
'émergeraient des solutions >>.
- << Créer, renforcer et encourager la confiance
et la crédibilité des journalistes locaux >>. Pour cela, il
était nécessaire de mettre sur pied une équipe
composée de Hutus et de Tutsis travaillant ensemble, respectant les
règles de base du journalisme et partageant une expérience
commune.
Le studio Ijambo aujourd'hui
Au début de l'année 2006, une trentaine de
journalistes travaillent au Studio Ijambo2. Dix ans d'existence lui
ont permis de se forger une solide réputation et de consolider ses
partenariats.
1 La guerre civile en RDC força la station à
fermer ses portes. Radio Agatashya avait été créée
en 1994 par l'ONG suisse Fondation Hirondelle dans les camps de
réfugiés rwandais en RDC.
2 En janvier 2006, SFCG avait développé trois
autres départements opérationnels ou projets, regroupés
dans les mêmes bâtiments que le studio Ijambo et la radio
Isanganiro. Le Centre de Paix pour les Femmes (CPPF), fondé en
1996, cible les associations féminines ainsi que les femmes leaders et
travaille directement à la base des communautés. Parmi ses
activités, l'on retrouve également une partie médiatique,
puisqu'il produit un magazine radio (Mukenyezi
Les productions du studio sont diffusées à
travers sept radios : la RTNB, Bonesha FM, Renaissance, Insanganiro, RPA,
Maendeleo (RDC) et Kwizera (Tanzanie). En retour, SFCG apporte à ces
structures un appui en formation, en matériel et/ou
financier1.
Comme nous le verrons ultérieurement, les magazines
produits ont évolué en même temps que les besoins de la
population burundaise. Début 2006, une réorientation
stratégique a eu lieu, qui a permis de définir de nouvelles
priorités et de nouvelles productions soient en adéquation avec
l'actualité. Les trois axes selon lesquels sont orientées les
nouvelles émissions sont le dialogue, la réconciliation et la
bonne gouvernance.
- dialogue : promotion du dialogue entre les
belligérants, afin d'aboutir à une compréhension mutuelle
et construire des solutions à partir de cet échange. Les
émissions produites dans cet axe sont financées par USAID, DFID
et SIDA.
Programmes : les magazines d'actualité
Express et Amasanganziro.
- Réconciliation : Il s'agit
avant tout de traiter des problèmes des déplacés, des
réfugiés et des démobilisés, afin de
préparer les esprits à la cohabitation pacifique avec les anciens
combattants ou ceux qui avaient fui. Dans cet axe entre aussi le traitement de
la problématique de la terre. Tout comme pour l'axe << dialogue
>>, les productions axées sur la réconciliation sont
financées par USAID, DFID et SIDA.
Programmes : Dusangire ikivi n 'ikiyago
(intégration des démobilisés), Ramutswa iwanyu
(aborde le retour des rapatriés) et Icibare cacu (traite
des conflits fonciers).
- Bonne gouvernance : aborde les sujets tels
la gestion de la chose publique, l'état de droit, les questions de
genre, la corruption et les malversations économiques. Le gouvernement
belge finance le projet << femme et gouvernance >>.
Programmes : Kumugaragaro sur la bonne
gouvernance et Buri irya n 'ino (femme et gouvernance).
Sept émissions donc, voilà la production
actuelle du studio Ijambo. Chacune d'elle est réalisée par une
équipe de deux ou trois journalistes, ce qui constitue un luxe en
comparaison avec les autres médias. Pour exemple, les magazines produit
par la RPA sont à charge d'un seul journaliste, qui doit
généralement, en plus de son émission hebdomadaire,
assurer des reportages
Nturambirwe, << Femme, ne te décourage
pas >>) sur les initiatives que prennent les femmes en faveur de la paix.
Un projet jeunesse, appelé le Carrefour des Jeunes pour la Paix,
mène des activités similaires à celles
organisées par le CPPF, adaptées à la jeunesse et
accompagnées entres autres par des rencontres sportives et des concerts
musicaux. Enfin, le dernier projet a été lancé en 2003. Il
s'agit de << Victims of torture >>, pour lequel SFCG a
principalement un rôle de coordination, puisqu'il est
implémenté au travers trois organisations partenaires.
1 À titre d'exemple, la radio Bonesha recevait 7.500$
par mois pour diffuser les émissions du studio Ijambo. Aujourd'hui, les
financements de SFCG ont diminué, et l'ONG ne paie << plus
>> que 1 .500$ mensuellement pour la location des ondes de Bonesha
mensuellement. Source : Entretien avec Corneille Nibaruta, directeur de RSF
Bonesha FM, 13 janvier 2006.
d'actualité pour les journaux quotidiens. Mais il n'y a
pas lieu non plus de comparer les budgets d'une radio burundo-burundaise avec
ceux du Studio Ijambo, structure extra territoriale.
Studio Tubane
Le Studio Tubane naît en en 1996 à Bruxelles
à l'initiative de la diaspora burundaise. Le nom de l'association
(tubane signifie << cohabitation >>) illustre la ligne directrice :
Il s'agit de produire des émissions promouvant la cohabitation pacifique
des Burundais. A l'époque, celles-ci sont diffusées sur les ondes
de la radio Umwizero. En 2000, le studio est transféré à
Bujumbura : l'asbl belge devient une association de droit burundais, tout en
gardant des collaborateurs à Bruxelles, chargés de
réaliser des programmes avec la diaspora.
Aujourd'hui, le Studio Tubane s'intéresse
spécifiquement au sort des réfugiés, essayant de
créer des conditions favorables à leur rapatriement, ainsi
qu'à la sensibilisation à la lutte contre le VIH/SIDA. Il s'agit
d'une toute petite structure, employant seulement 3 journalistes, mais ceux-ci
sont dynamiques : ils croient à leur lutte pour la promotion de la paix,
de la justice, de la démocratie et sont persuadés de l'impact
positif qu'ont leurs six émissions hebdomadaires sur les auditeurs.
Parmi celles-ci, l'on compte un programme de théâtre
radiophonique, une émission d'éducation des femmes pour leur auto
développement, une production de sensibilisation à la lutte
contre le VIH/SIDA, deux émissions d'actualités ainsi que
l'émission Sangwaiwanyu (Bienvenue chez vous) qui traite de
tous les thèmes touchant de près ou de loin au rapatriement.
Créées au format de 30 minutes, ces productions - toutes en
kirundi - sont diffusées sur les ondes de la RTNB et de la RPA,
moyennant une rémunération de la part du Studio Tubane
Le Studio Tubane se situe à la frontière entre
le journalisme de paix et le journalisme de développement : en effet,
les émissions de développement de la femme ou de lutte contre le
SIDA entrent dans la catégorie << développement >>,
alors que Sanwaiwanyu représente l'exemple type d'une
production << proactive >>, oeuvrant dans le but de la
réconciliation, en visant une réintégration pacifique des
rapatriés dans leurs communautés d'origine. Le Studio Tubane est
financé principalement par l'ONG hollandaise ICCO.
Public information office de l'Onub
L'Onub, la mission des Nations Unies au Burundi, se composait
jusqu'il y a peu, d'un studio de production radio, d'un studio TV et d'une
unité de presse écrite. Aujourd'hui, les unités radio et
TV ont fusionné, formant désormais une seule unité
radio-TV.
La mission de l'Onub débute en juin 2004. Isabelle Abric,
la directrice du service d'information parle alors de créer une radio de
l'Onub, à l'image de la radio Okapi en RDC. Elle
désire, dans une première phase, monter un
studio de production radio, pour ensuite diffuser ses émissions sur les
ondes d'une << radio Onub >>. L'Onub se met en quête de
journalistes et de techniciens compétents : nombreux sont ceux qui
postulent, n'hésitant pas à quitter leur emploi dans une radio
locale. Il faut savoir en effet que les journalistes à l'Onub sont
payés entre 600 et 800 $ par mois, salaire impressionnant quand l'on
sait qu'un professeur burundais du secondaire touche généralement
dix fois moins. L'Onub trouve donc aisément du personnel ; le CNC lui
attribue des fréquences, ainsi que des autorisations d'émettre.
En octobre de la même année, l'unité radio produit sa
première émission, qu'elle diffuse sur les ondes de radios
locales partenaires. Il s'agit d'une heure1 d'information
généraliste, sur l'actualité du Burundi, mais aussi sur
l'actualité onusienne. En décembre, l'émission
hebdomadaire devient quotidienne. Mais l'expansion s'arrête là. Il
n'y aura pas de << radio Onub >>, vu les avis négatifs
recueillis au sein de la société civile et du monde des
médias à l'idée de la création d'une nouvelle
radio.
Jusqu'à peu après les élections de 2005,
le studio traite surtout d'information politique, puisque la politique est
l'actualité de l'année. La ligne éditoriale change
cependant avec la nomination de Wilton Fonsesca au poste de chef du Public
Information Office. Désormais, le studio essaie de prendre des couleurs
plus onusiennes, refusant de se frotter aux sujets politiques : les
bulletins quotidiens traitent de l'actualité de l'ONU, des ONG et de la
société civile. L'information locale est traitée dans la
mesure où il s'agit de grande actualité non politique.
En avril 2005, la section vidéo voit le jour. Elle
travaille en partenariat avec la RTNB, la télévision publique sur
laquelle elle diffuse gratuitement un magazine hebdomadaire de 13 minutes.
Mélange d'information d'actualité et de sujets intemporels, le
magazine est réfléchi afin de ne pas entrer en concurrence avec
la RTNB. << Ici, on essaie de couvrir l'information que la
télévision publique ne peut pas ou n 'a pas l 'occasion de
couvrir. Il s 'agit de ne pas faire double emploi », explique Gilles
Sereni, directeur de la section vidéo. Depuis le 16 janvier, les
unités de télévision et de radio ne forment plus qu'une
seule section. Une façon de renforcer les capacités du personnel,
puisque désormais les employés auront l'occasion d'apprendre de
nouvelles techniques. Enfin, une dernière unité de presse
écrite travaille à la production d'Onub-info, un
bulletin d'information hebdomadaire et Onub-magazine, un
bimestriel.
Studio Transworld Radio (TWR)
TWR, ONG américaine confessionnelle, lance son premier
studio de production radio en 1954 au Maroc. Le but de l'organisation
chrétienne ? Répandre la parole divine à travers le monde.
Studio de production confessionnel, il diffuse ses émissions
principalement sur les ondes des deux radios publiques, avec des
émissions appliquant les textes religieux au contexte politique et
social
1 Il s'agit en réalité d'une Y2 heure
d'actualité en kirundi et Y2 heure de la même matière
traitée en français.
du moment. Les partenaires de TWR sont les radios Ivyizigiro,
et la radio nationale. Elle leur fournit, en plus des émissions
religieuses, des magazines sur la santé, le développement et sur
la lutte contre le SIDA, touj ours en rapport avec la religion. TWR est
présent au Burundi depuis le 31 décembre 1992.
Integrated Regional Information Network (IRIN)
IRIN radio Burundi existe depuis la fin 1999. Travaillant
d'abord depuis Nairobi avec l'aide de correspondants au Burundi, IRIN a
récemment ouvert un petit bureau à Bujumbura, à partir
duquel le responsable du projet officie désormais. Il s'agit d'un studio
de production travaillant en collaboration avec les radios locales. IRIN radio
Burundi n'est en réalité qu'une des sections d'un réseau
plus large, implanté dans de nombreux pays en crise. Le projet IRIN, qui
émane du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations
Unies (OCHA), avait été lancé en 1995 en réaction
au génocide rwandais. Il s'agissait au départ de bulletins
d'informations sur papier destinées aux agences humanitaires, afin de
leur faciliter la tâche dans leurs actions pour secourir les victimes.
Aujourd'hui, on retrouve des sections filles d'IRIN dans diverses
régions, comme l'Afghanistan ou les pays de l'ex-Yougoslavie, avec un
projet qui a grandi, passant de la presse écrite à une section
radio et élargissant son public aux populations locales.
IRIN Radio Burundi n'est pas très prolifique en
matière de productions radiophoniques : elle ne produit qu'une
émission de 15 minutes deux fois par mois sur des thèmes touchant
aux problèmes humanitaires ainsi qu'un feuilleton sur les
réfugiés burundais en Tanzanie (Tuyage Twongere). Les
acteurs de ce feuilleton très populaire sont de véritables
réfugiés burundais vivant dans des camps de l'ouest de la
Tanzanie. L'émission est diffusé par la Radio Kwizera, une
station tanzanienne qui dessert ces mêmes camps, ainsi que par les radios
partenaires burundaises : la RPA, Radio Burundi, Radio Culture et Radio
Renaissance. IRIN travaille également avec Bonesha, mais celle-ci ne
diffuse que le magazine d'actualité. Le partenariat entre IRIN et les
radios locales est non chiffré : la contrepartie que doit apporter IRIN
au prêt des ondes des radios se fait par le renforcement des
capacités de ces stations partenaires, via du don de matériel ou
des formations. Ces formations ont débuté en juin 2005 à
l'initiative de Laurent Martin Harimenshi, le responsable national d'IRIN
radio. Il explique que l'idée lui est venue d'un constat : la
médiocrité du niveau technique des journalistes burundais. «
Je me suis rendu compte que la formation était une priorité
absolue. Excepté chez Isanganiro, aucun journaliste burundais n 'est
capable de faire du montage numérique à piste multiple
». Et la formation entre pleinement dans les conventions de
partenariats, qui parlent de renforcement des
capacités des radios. « D 'oil la mise sur pied des formations
techniques »1.
Emanation de l'ONU, la section radio travaille pourtant
indépendamment du système des Nations Unies et les articles
qu'elle produit ne reflètent pas nécessairement leurs positions.
Cependant, les salaires des deux producteurs correspondent aux barèmes
de l'organisation internationale. Les cinq correspondants, eux, sont
payés à la pige.
1 Entretien du 07 février 2006.