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Dépenses Militaires, Gouvernance et Efficience Economique: le cas de l'Afrique sub-Saharienne

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par Thérèse Félicitée AZENG
Université de Yaoundé 2-SOA - DEA 2008
  

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b - Le modèle théorique

L'attention s'est depuis longtemps focalisée sur la recherche des effets négatifs de la corruption sur les économies en développement et en transition. Quasi inexistants il y a dix ans, les outils d'analyse et les approches visant à comprendre le degré et la nature de la corruption sont maintenant élaborés, mis à l'essai et améliorés. De plus en plus, c'est dans un cadre élargi que l'on s'attache à protéger les fonds d'aide au développement, une question qui a toujours été par ailleurs préoccupante (Bailey, 2000).

Il existe plusieurs modèles théoriques de dépenses militaires, tels que ceux développés par Hewitt en 1991, 1992, et 1993, dans lesquels il adopte une approche de type public-choice afin d'analyser la relation entre les dépenses militaires et les dépenses publiques totales, bien que ces modèles n'étudient pas spécifiquement le lien entre corruption et dépenses militaires. C'est notamment ce que tentent de modéliser Gupta et al (2000) en posant comme hypothèse de base que la corruption est corrélée aux dépenses de défense à la fois dans le PIB et dans les dépenses publiques totales. Selon eux, les dépenses publiques (G) sont composées des dépenses militaires (M) et des dépenses non-militaires (N), de sorte que G=M+N. Les dépenses militaires sont financées par les taxes telles que G=T, où T=Y. T représente les taxes, Y le revenu national, et 01. Afin de compléter le modèle, une fonction d'utilité (U) est maximisée. La fonction d'utilité est deux fois continue et différentiée sur la consommation privée (C), et les dépenses publiques (G), avec U>0 et U<0, pour i=C, G. Pour simplifier, ils définissent U(C,M,N)=, où . Finalement, les auteurs supposent l'absence d'investissement privé. Le problème de maximisation de l'utilité devient :

Max U(C, M, N),

S/c Y=C+G

G=M+N

Dans ce modèle de corruption, les conditions de premier ordre donnent :

et . 48(*)

Dans cette équation, pour un niveau donné de taxation (), la part des dépenses militaires (et non-militaires) dans le revenu (et dans les dépenses publiques totales) dépend des paramètres de la fonction d'utilité (et). Si est élevé, par rapport à , alors cela entraîne une augmentation des dépenses militaires par rapport à la consommation privée. A ce niveau, le lien entre la corruption et les dépenses militaires peut-être décrit comme suit :

Supposons que les paramètres de la fonction d'utilité (, et) soient affectés par la corruption (R), tel que la dernière équation devienne :

et . 49(*)

Dans cette équation,

et

et. Dans ce cas, et si.

En d'autres termes, la corruption est associée à des niveaux élevés de dépenses militaires, aussi longtemps que l'utilité maximisée perçoit une augmentation de dépenses militaires comme une opportunité d'utiliser les dépenses publiques pour des bénéfices privés, et donc améliore le niveau d'utilité. Dans le cas contraire, la corruption ne sera aucunement liée à des niveaux élevés de dépenses militaires par rapport au PIB, et aux dépenses publiques totales.

Gupta et al (2000) ont montré que la corruption est associée à des dépenses militaires excessives en part du PIB et par rapport aux dépenses publiques totales. Ils en concluent que les pays qui sont perçus comme étant les plus corrompus sont aussi ceux qui dépensent le plus pour la défense. Delavallade (2006) démontre quant à elle que la corruption joue un rôle significatif dans la détermination de la structure des dépenses publiques par secteur, les études antérieures ayant montré que la corruption réduit l'efficience des dépenses publique, diminue les dépenses d'éducation et de santé par rapport au PIB et accroît les dépenses militaires (Tanzi, 1998; Tanzi et Davoodi, 1997; Shleifer et Vishny, 1993; Gupta et al., 2000; Mauro, 1998; and Gupta et al., 2001). A l'aide de données de 64 pays sur la période 1996-2001, elle montre que la corruption altère la distribution des dépenses publiques entre les secteurs. Elle estime un modèle à équations simultanées grâce aux triples moindres carrées (« three-stage least squares »). La corruption apparaît alors comme déformant la structure des dépenses publiques au profit des secteurs de la défense, l'énergie, la culture, et des services publics, entre autres ; et aux dépends des secteurs sociaux comme l'éducation, la santé, et la protection sociale. Toutefois, lorsqu'on introduit un indice de liberté (freedom index), celui-ci semble capturer l'impact de la corruption sur les dépenses militaires.

Au total, le message d'ensemble du présent chapitre est que la gouvernance a plusieurs dimensions. Dans certains cas, les choix politiques sont essentiels. Bien souvent, des stratégies concrètes, opérationnelles peuvent être mises en oeuvre pour améliorer la gouvernance. Mais, comme on le méconnaît trop fréquemment, ces stratégies exigent des investissements qui ne sont pas toujours à la portée des pays pauvres. Les dépenses publiques sont un instrument clé de développement, particulièrement à travers les dépenses sociales. De ce fait, la lutte contre la corruption doit être un objectif majeur dans les PED, et encore plus dans les pays ayant de niveaux faibles de développement humain. En effet, l'éradication de la corruption dans ces pays leur éviterait de fausser les fondations de leur développement à travers l'éducation et la santé. En outre, les pays corrompus peuvent être incités à réallouer leurs dépenses des secteurs de la défense ; des services publics, de l'énergie vers l'éducation, la santé, la protection sociale ; afin de compenser les distorsions de la corruption (Delavallade, 2006).

Pour améliorer la gouvernance et lutter contre la corruption, une des meilleures stratégies consiste à réformer la transparence. Un gouvernement qui se lance dans la réforme de la transparence sera probablement à même de faire des progrès pour s'intégrer dans l'économie mondiale et attirer des courants d'IDE supplémentaires, car la transparence joue un rôle important dans la prise des décisions des investisseurs. Un ensemble de mesures concrètes peut être défini au sein d'une stratégie de gouvernance plus large. La responsabilité principale dans l'application de ces mesures incombe en fait à quelques parties prenantes principales. L'exécutif certes joue généralement un rôle important, mais d'autres acteurs - par exemple les administrations locales, la société civile, le parlement, le secteur privé et les organismes multilatéraux - pourraient compléter ces efforts et même, dans certains domaines, prendre l'initiative (Kaufmann, 2004).

* 48 De la même manière, et .

* 49 De la même manière, et .

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon