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Assurer un accès à l'eau et à l'assainissement par la coopération décentralisée, le cas de Villa El Salvador et Rezé

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par Claire Gaillardou
Sciences Po Bordeaux - DESS Coopération Internationale et Développement 2005
  

Disponible en mode multipage

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    Mini-mémoire de
    Master 2

    Mention « Sciences Politique »

    Spécialité « Coopération Internationale et Développement »
    Parcours : Relations Internationales
    2007 - 2008

    Créer un programme de développement de l'accès à l'eau et à l'assainissement grâce à la coopération décentralisée :

    Le cas de Villa El Salvador et Rezé

    Claire GAILLARDOU

    Sous la direction d'Elisabeth HOFMANN

    Responsable du parcours CID Université de Bordeaux (IATU/ Chaire UNESCO), Réseau Genre en Action, CEAN.

     
     

    Fonction du directeur du mémoire

    Sommaire

    AVANT-PROPOS 4

    INTRODUCTION 5

    1ÈRE PARTIE : CONTEXTE DE LA NAISSANCE D'UNE VILLE SPONTANÉE ET MODALITÉS DE JUMELAGE DE DEUX BANLIEUES 7

    1. HISTORIQUE DE LA FONDATION DE VILLA EL SALVADOR DANS LE PÉROU DES 60'S 70'S 7

    1.1. Historique et profil de la croissance : une évolution urbaine et démographique incontrôlable 7

    1.2. Du quartier spontané à la planification, infrastructures et conditions de vie d'un « asentamientos humanos » 8

    1.3. Le cas particulier de Villa El Salvador : une idéologie d'autogestion 10

    2. AGIR ENSEMBLE : MODALITÉS DE COOPÉRATION 13

    2.1. Cadre législatif français et péruvien de la coopération décentralisée 13

    2.1.1. En France 13

    2.1.2. Au Pérou 14

    2.2. La coopération décentralisée française en Amérique Latine 15

    2.3. Modalités de coopération initiale de Rezé et Villa El Salvador 16

    2ÈME PARTIE : NÉCESSITÉ ET STRATÉGIE DU DÉVELOPPEMENT DE L'ACCÈS À L'EAU ET À L'ASSAINISSEMENT COMME AXE DE COOPÉRATION 19

    1. UNE VILLE POSÉE SUR UN DÉSERT : LA PROBLÉMATIQUE DE L'EAU À VILLA EL SALVADOR 19

    1.1. Un site aux conditions géomorphologiques et climatiques significatives de l'aridité 19

    1.2. Croissance démographique et évolution de la demande face au déficit des ressources 20

    1.3. Les « asentamientos humanos » : marqueurs des inégalités 22

    1.4. Enjeu politique : la problématique du manque de concertation intra-sectorielle 22

    2. UNE STRATÉGIE CONCERTÉE D'ACCÈS À L'EAU EN TROIS TEMPS 24

    2.1. Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau au sud 25

    2.2. 2004 : Plus de partenariats pour plus de moyens 27

    2.3. Gestion de projet : Quelle gouvernance de l'eau pour les infrastructures créées ? 27

    CONCLUSION : BILAN DES APPORTS DE LA COOPÉRATION : QUELS GAINS DE RÉCIPROCITÉ POUR LES DEUX COMMUNES ? 29

    BIBLIOGRAPHIE 31

    ANNEXES 33

    Avant-propos
    Ce mini-mémoire de DESS de Coopération Internationale et Développement se veut un travail de réflexion et d'analyse sur la coopération décentralisée et les mécanismes d'accès à l'eau et à l'assainissement, basé sur une recherche bibliographique.

    N'étant pas étayé par un stage professionnel ou de recherche sur le terrain, il apparaît plutôt comme une recherche personnelle visant à restituer les enseignements de ce DESS tout en s'inscrivant dans un parcours professionnel propre à l'étudiant.

    Ainsi, souhaitant me spécialiser sur les thématiques de la gestion de la sécurité alimentaire et particulièrement de l'accès à l'eau potable après un stage de DEA de géographie au Pérou, ce mémoire me permet aujourd'hui de lier des enseignements à la fois issus de la géographie du développement (géologie, systémique, étude des climats, aménagement du territoire, environnement...) et des sciences politiques (gestion des organisations, mécanismes institutionnel de la coopération, méthodologie de gestion de projet de développement...).

    Pour ces raisons, ce travail se veut avant tout une étude d'un cas concret d'une expérience de coopération dans le domaine de l'accès à l'eau, de ses spécificités et de ses enseignements et non une analyse exhaustive des mécanismes actuels de la coopération décentralisée ou de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

    Ce travail a été réalisé avec l'aide du service de la coopération internationale de la ville de Rezé et particulièrement de Fabrice Halgand, assistant des coopérations internationales, que je tiens ici à remercier de son aide précieuse.

    Introduction

    « La France et l'Amérique latine - aux références philosophiques, politiques et culturelles voisines - entretiennent une relation ancienne et privilégiée fondée sur une forte confiance. Elles partagent des valeurs communes et la même vision d'un monde multipolaire. »1(*)

    Derrière cette vision policée des relations entre la France et l'Amérique latine, on ne peut cependant que constater qu'aujourd'hui, dans le domaine de la coopération décentralisée, on compte de plus en plus de contrats initiés entre communes latino-américaines et françaises. Ainsi, selon le dernier recensement établi par Cités Unies2(*) en 2000, on comptait 85 accords de partenariats entre municipalités française et Latino-Américaine3(*).

    La coopération entre l'Amérique latine et l'Union Européenne s'inscrit dans un espace de diversité dont témoigne aujourd'hui l'introduction du concept de coopération décentralisée.

    Cette notion de Coopération Décentralisée (CD) portée par les collectivités locales se veut un outil susceptible de révolutionner les relations de coopération. Dans cette perspective, elle ouvre une voie de concertation et de dialogue avec la population, laquelle est désormais associée à la détermination des priorités pouvant favoriser son développement économique et social.

    Pourtant, cet instrument est encore trop peu méconnu et légitimé rencontre des difficultés à s'imposer dans le milieu de l'aide internationale jusque là monopolisé par les Etats.

    Il apparaît donc aujourd'hui nécessaire, dans le milieu de la coopération internationale et du développement de mener une réflexion étayée sur l'efficacité d'un tel mécanisme au travers d'exemples concrets de développement efficace menés grâce à la CD.

    C'est le cas de Villa El Salvador, municipalité de la périphérie de Lima (Pérou) et Rezé, commune de Nantes Métropole dont la coopération évolutive et novatrice, à l'échelle nationale, constituera ici notre référence.

    Suite à un colloque sur l'eau en Amérique Latine organisé par Cités Unie France en 1986, Jacques Floch de Rezé et Michel Ascueta de Villa El Salvador, les maires de l'époque, ont décidé de proposer à leurs conseils municipaux de mettre en place un protocole de jumelage-coopération qui sera signé en 1991. Parti du constat de la nécessité d'investir les efforts de coopération sur la thématique cruciale de l'accès à l'eau et à l'assainissement, dans une zone désertique marginale, les deux municipalités ont, depuis les premières expériences du jumelage, beaucoup évolués à la fois dans l'institutionnalisation de leur rapports que dans l'efficacité de leur actions.

    Ce sont ces évolutions décisives qui peuvent aujourd'hui faire figure d'exemple dans le milieu encore balbutiant de la coopération décentralisée, que nous avons souhaité analyser dans ce travail. Cette étude du cas concret de la coopération entre Villa El Salvador et Rezé va ainsi nous permettre d'essayer d'approfondir les problématiques suivantes :

    Dans le cadre de la coopération décentralisée, comment peut-on aujourd'hui apporter des réponses durables à la problématique de l'accès à l'eau ? Avec quels outils politiques ? Grâce à quels moyens techniques et financiers ? Et plus largement, la coopération décentralisée constitue t'elle une stratégie politique pertinente de développement ? Enfin, peut-on envisager la coopération décentralisée comme un outil de développement réciproque Nord/Sud mais aussi sud/nord ? Et ainsi, le cas de Rezé et Villa el Salvador ne constitue t'il pas un exemple de réciprocité et de partenariat tant institutionnel que civil dans le partage des compétences actuelles en matières de développement ?

    Nous allons ainsi essayer d'apporter des réponses à ces questions, en étudiant tout d'abord le contexte de la naissance d'une ville spontanée et les modalités de jumelage de deux banlieues, puis la nécessité et la stratégie de l'accès à l'eau et à l'assainissement comme axe de coopération avant d'aborder en guise de conclusion le bilan des apports de la coopération entre Villa El Salvador et Rezé.

    1ère Partie : Contexte de la naissance d'une ville spontanée et modalités de jumelage de deux banlieues

    1. Historique de la fondation de Villa El Salvador dans le Pérou des 60's 70's

    Villa El Salvador est un bidonville satellite de Lima qui, pour le meilleur et pour le pire, lui doit son existence. L'agglomération de Lima est un cas particulier au Pérou. Elle en est la plus grande ville et dépasse de dix fois Arequipa, deuxième ville du pays. Cette hypertrophie est due principalement à une évolution démographique et urbaine spontanée, déséquilibrée et surprenante que les pouvoirs publics n'ont pas pu contrôler. La ville s'est donc développée de manière anarchique sans aucune planification, menaçant la qualité de vie de ses habitants.

    En 1993, Lima comptait 6 221 000 habitants. Aujourd'hui, avec plus de 7 200 000 habitants, soit près d'un tiers de la population nationale (29% de la population totale du Pérou) elle est à la proue des politiques démographiques péruviennes.

    1.1. Historique et profil de la croissance : une évolution urbaine et démographique incontrôlable

    La croissance de la périphérie liméenne s'est faite lentement jusqu'aux années 1940, lorsque la population a atteint 300 000 personnes. Depuis lors, elle s'est accélérée et, aujourd'hui, la population du Lima métropolitain est bien près d'atteindre les 8 millions d'habitants. Selon Olivera (1991), Lima abrite à présent 28 % de la population du Pérou (45 % de la population urbaine)4(*).

    La migration interne est continue, principalement en provenance des Andes. La ville et le mode de vie urbain de la capitale séduisent les populations rurales en situation de paupérisation. En milieu urbain tout parait plus simple (santé, emploi, logement, éducation).

    Or, la tendance est avant tout à la constitution de mégapoles fortement dualisées entre des quartiers à fort pouvoir d'achat et des zones sous-intégrées aux infrastructures publiques urbaines. De toute part des périphéries urbaines dites « spontanées 5(*)» surgissent du désert souvent selon un processus invasif désordonné. Au Pérou, les résultats de ces invasions donnent lieux à des quartiers périphériques pauvres présentant des logements familiaux allant du simple abri fait d' « esteras »6(*), à de minuscules maisons individuelles de briques ou de parpaings, en dur, mais sans « confort moderne » (connexion au réseau d'eau, d'assainissement, d'électricité..). D'abord qualifiés de Barriadas (quartiers) puis de Pueblos Jovenes (quartiers jeunes) ces appellations ont étés abandonnées par soucis de partialité et on les appelle aujourd'hui plus simplement « Asentamientos Humanos » (littéralement : établissements humains).

    Ces villes non officielles dans la ville, installées dans les espaces délaissés (notamment sur les cerros7(*)ceinturant Lima comme ce fut le cas pour Villa El Salvador), parfois en une nuit, s'opposent au centre d'affaires, et les problèmes urbains y sont légions.

    Comme le souligne Florence Tourette : « Promiscuité et grande pauvreté se mêlent à une violence endémique dans des villes géantes qui ont du mal à digérer ce trop plein de tout »8(*). En même temps, les conditions de vie dans ces quartiers spontanés sont supérieures à celles du milieu rural abandonné. On y retrouve une prise d'assaut de chaque zone laissée pour compte par la ville, pour s'installer et y tirer profit. Peu importe s'il s'agit d'un habitat spontané et précaire qui finit par s'inscrire dans la durée.

    Marginalisés et rejetés aux périphéries de la ville, ces habitats sont aussi des marqueurs de ségrégation et des inégalités urbaines à l'échelle de l'agglomération.

    1.2. Du quartier spontané à la planification, infrastructures et conditions de vie d'un « asentamientos humanos »

    Le schéma le plus classique de la création des « asentamientos humanos » est donc celui des invasions massives autour de Lima à la fin des années 40 et au début des années 50. Ces invasions étaient soigneusement préparées, presque planifiées, avec parfois la complicité d'étudiants et d'ingénieurs pour établir la taille des parcelles, l'alignement des rues et l'esquisse sommaire d'un plan masse. Une zone particulière était choisie à l'avance parmi les terrains publics puis l'invasion se produisait durant la nuit puisque le jour les forces de l'ordre s'y seraient opposées. Le lendemain, les autorités ne peuvent que constater le fait accompli, l'éviction ne pouvant se faire que dans un bain de sang.

    Cette croissance urbaine désordonnée et persistante est la raison d'un ensemble de déficiences, et avant tout dans le secteur des services vitaux.

    Le lot commun de toutes les zones d'habitats spontanés est la pauvreté, le manque d'hygiène, un toit fragile, une surpopulation, bref des conditions de vie extrêmement difficiles. 64% de la population de Lima Métropolitaine bénéficie de l'accès à l'eau potable personnel et seulement 60%, de services hygiéniques basiques.

    Néanmoins il semble que l'on peut distinguer deux types de regroupement d'habitats précaires. Le premier que l'on nommera « taudis » est un lieu de décrépitude où les désoeuvrés s'entassent sans une réelle conscience de groupe et sans beaucoup d'espoir. La misère y est d'autant plus grande qu'un laisser-aller règne partout.

    Le deuxième type d'habitat précaire est celui de Villa El Salvador ; habité par une population qui a une conscience de groupe, qui a la volonté de vivre et d'améliorer son quotidien. L'homme du bidonville s'insère dans une certaine dynamique sociale, avec la conscience d'appartenir à une culture, à un mouvement. Il sera par conséquent bien plus facile d'engager des relations de coopération et des projets de développement dans ce cas car la population peut fournir un engagement bien plus important.

    Ce qui différencie beaucoup les quartiers d'habitat spontané de la ville, c'est qu'ils ne sont pas, ou peu, dotés d'équipements et services urbains qui permettent à la ville d'être un lieu confortable. Pas d'égout, pas de raccordement à l'eau, pas d'électricité, pas de voie carrossable, pas de ramassage d'ordures, pas de police, pas d'équipements sanitaires, pas d'équipement éducatif, etc.... Ce sont pourtant des équipements élémentaires.

    Ces carences font du bidonville un lieu inconfortable au quotidien, et le rendent de jour en jour, de plus en plus insalubre. Les barrières qui séparent le bidonville de la ville sont de plusieurs types mais toutes participent à l'isolement des habitants des bidonvilles.

    On trouve tout d'abord des limites physiques telles qu'une autoroute, une voie ferrée, une rivière ou même un mur. Elles sont rendues d'autant plus pénalisantes par le fait qu'il n'existe pas d'infrastructure permettant de les franchir. Il n'y a pas de pont ni de passerelle suffisamment nombreux pour permettre un lien entre bidonville et ville. En fait, réseaux et infrastructures ne desservent pas le bidonville, ce qui isole ce dernier de son environnement.

    Les habitants des bidonvilles, qui doivent se rendre en ville pour le travail, souffrent aussi d'un manque de transports en commun. En effet, les zones d'habitat spontané sont toujours peu ou très mal desservies, éloignant encore plus le bidonville des centres d'activités.

    D'autre part, le bidonville est psychologiquement écarté de la ville dans la mesure où il n'a pas du tout le même langage qu'elle.

    Même s'il se situe contre la ville, il n'est pas construit avec la même logique, le tissu urbain est extrêmement différent, les équipements et le mobilier urbain sont inexistants, il y a peu d'éclairage la nuit, etc. Le bidonville se démarque visuellement9(*), on sait immédiatement lorsqu'on s'y trouve et ses frontières sont très nettes. La société qui y vit ne peut donc que se sentir marginalisée, le bidonville étant à la fois placé "loin" de la ville et stigmatisé.

    Les conséquences urbaines sont très nettes. Le bidonville est devenu un îlot dans la ville et pourtant il semble complètement hors de la ville, il ne peut plus s'accroître, il est comme enkysté dans le tissu urbain.

    Cette zone très défavorisée concentre une grande part des problèmes que connaît l'agglomération de Lima.

    1.3. Le cas particulier de Villa El Salvador : une idéologie d'autogestion

    Pour de nombreux analystes comme Thierry BRUN10(*), l'histoire de Villa el Salvador se confond avec celle d'un professeur d'histoire et de géographie, Miguel Azcueta, qui, il y a trente ans, se lance dans une aventure peu banale avec une quinzaine d'autres enseignants de l'Université Catholique de Lima.

    Miguel a en effet participé à son émergence en plein désert, au sud de Lima. " On a profité que c'était le désert pour planifier une ville différente, avec surtout la participation de tous les habitants de cette ville, explique-t-il. Dans les années 70, après le tremblement de terre, en un mois, ont afflué dans le désert pas moins de 90 000 personnes de toutes les provinces du Pérou "11(*).

    L'organisation du bidonville est vite devenue une nécessité pour attribuer des lots à toutes les familles, planifier l'utilisation des terrains destinés aux écoles, postes, commerces et micro-entreprises. " L'idée principale, c'est que nous voulions que dans les premiers jours de l'histoire de Villa el Salvador, cette ville ne devienne pas une ville mouroir. Nous voulions montrer aussi que valoriser le travail productif des hommes, des femmes et des jeunes était la meilleure manière de sortir de la pauvreté extrême et de commencer à progresser "12(*).

    L'aventure commence en 1971, quand Miguel Azcueta achève ses études à l'Université Catholique de Lima et décide, avec un groupe de professeurs, de rejoindre le bidonville naissant de Villa el Salvador. Leur objectif est de faire de cette ville une expérience pédagogique s'appuyant sur la participation active de la population. Ces bénévoles se lancent donc dans une grande réforme de l'éducation, avec notamment les parents et les étudiants, et débattent du développement d'une ville nouvelle.

    " Moi-même je suis devenu le premier maire de Villa el Salvador et j'ai fondé 25 écoles qui accueillent des milliers d'élèves et étudiants, la population étant très jeune "13(*). Si aujourd'hui quelque 2 500 professeurs dispensent leurs cours aux 100 000 élèves et étudiants du primaire et du secondaire, l'ancien professeur d'histoire et géographie a connu des hauts et des bas. Ainsi, dans les années 90, Miguel Azcueta est la cible de trois attentats du « Sentier lumineux »14(*). " Le dernier était terrible parce qu'il a eu lieu à l'école lorsque j'enseignais en même temps que j'exerçais mon mandat de maire "15(*).

    L'expérience de Villa el Salvador, apprentissage démocratique et populaire, se veut en effet " différente de celle de l'Etat, de l'armée, de Fujimori, du « Sentier lumineux ». Le « Sentier lumineux » ne pouvait pas permettre le développement de Villa el Salvador, alors que la lutte politique dans les années 90 était à Villa el Salvador, contre les militaires, contre le Sentier". Etre élu fait partie de cette expérience "un peu bizarre de Villa el Salvador "16(*), ironise Miguel.

    Dans les années 80 commence une nouvelle étape démocratique au Pérou avec les premières élections municipales. En 1983, Villa el Salvador devient une municipalité du district de Lima. Miguel, un des dirigeants de la communauté jusqu'à la formation du district municipal, se présente aux élections. Elu, il a depuis exercé la fonction de maire durant trois mandats (un maire est aujourd'hui élu pour quatre ans).

    « Nous avons donc continué l'expérience communautaire. C'est une chose très rare en Amérique latine. Généralement, les municipalités dirigent la communauté. A Villa el Salvador, au contraire, c'est la communauté qui a créé la municipalité. On a suivi les expériences d'autogestion avec seulement 120 personnes, employés et ouvriers compris. Tous les objectifs de développement sont organisés avec les groupes sociaux. Si nous voulons un centre industriel, cela sera décidé avec les petits entrepreneurs. S'il y a des travaux des femmes, c'est la fédération des femmes de Villa el Salvador qui dirigent le tout "17(*). Il existe des commissions mixtes et municipales qui associent élus et dirigeants de la communauté. Les commissions mixtes sont des groupes de travail qui fonctionnent avec des budgets propres.

    A Villa el Salvador, on l'a compris, la communauté est autogérée. La gestion participative commence au niveau des " blocs " qui regroupent 24 familles, lesquels sont au nombre de 16 par quartier. La ville est ainsi construite avec plus de 200 blocs parfaitement alignés18(*). " Il existe des organisations au niveau des blocs, des quartiers et au niveau communautaire. Ce que nous avons appris depuis les années 70, c'est que l'on pouvait approuver différents plans de développement avec la participation de tous. Il y a des objectifs de travail pour toute la communauté, des programmes pour le service de l'eau, de l'électricité, les méthodes d'éducation, les marchés coopératifs, etc. Une famille peut intervenir, donner son avis. Chaque quartier à ses services et participe directement à la gestion de ces services mais aussi dans l'approbation des objectifs de développement de l'ensemble de la ville "19(*). Comment cela est-il perçu par le pouvoir ? " Ces dix dernières années, nous avons connu des moments très difficiles, surtout politiques avec le gouvernement central, des militaires, Fujimori ".

    Et des crises économiques profondes pendant lesquelles Villa el Salvador s'est organisée pour aider des milliers de personnes sans travail et sous-alimentés. 700 cantines populaires ont été mises en place, y compris dans les écoles. Quant aux problèmes de chômage, Villa a créé sa propre économie avec 3 000 petites entreprises industrielles, 10 000 commerces, 1 000 entreprises de service. Cela signifie que 70 % de la population adulte travaille à Villa el Salvador. Surtout, " Le niveau de scolarisation est le plus élevé du Pérou ", dit fièrement Miguel20(*).

    Aujourd'hui, Villa el Salvador est une ville urbanisée de 400 000 habitants, avec une zone industrielle de 2 000 micro-entreprises, une zone agricole aménagée en plein désert qui utilise les eaux usées traitées (Cf. deuxième partie) et une zone touristique au bord du Pacifique. Là où il n'y avait que du sable, des objectifs de développement durable ont été fixés. " Nous avons lancé le défi de transformer le désert qui est aussi la propriété de l'Etat. Il s'agit pourtant du cinquième plus grand désert du monde ".

    Mais la ville autogérée à un autre défi à relever. Comme nous venons de le voir précédemment, chaque année, près de 200 000 personnes arrivent à Lima. " C'est une nouvelle ville chaque année. Il y a presque 8 millions d'habitants à Lima pour 25 millions d'habitants au Pérou 21(*)". La dure réalité péruvienne est qu'on naît plus souvent dans la misère, dans de vastes zones insalubres. Les quartiers urbanisés et bien desservis des villes occidentales ne sont que des clichés de cartes postales. Mais Villa el Salvador sort de tous les clichés. Sous le sable du désert, il y a sa démocratie participative.

    En 1973 naît la Communauté urbaine autogérée de Villa El Salvador 22(*)(CUAVES), organisation qui, à travers un système de représentation territoriale et sectorielle, a mobilisé la population autour des grands enjeux de développement de base. Il y avait tout à faire, car tout manquait : l'eau, l'électricité, la collecte des ordures, les moyens de transport, etc. La CUAVES devint l'âme du développement et l'expression de la société civile. On comptait sur la CUAVES pour le droit de parole, la mobilisation collective et la planification urbaine : une véritable expérience d'organisation populaire.

    En juin 1983, un décret fait de Villa El Salvador un district et des élections municipales sont organisées. Le professeur devint le premier maire de Villa El Salvador de 1983 à 1989.

    Durant cette période la tension sociale a monté d'un cran au pays. La violence politique, faite de terrorisme et de répression, a marqué l'histoire péruvienne. Les familles et les jeunes ont été marqués. Villa El Salvador n'y a pas échappé Miguel Acquêta a lui-même été la cible de trois attentats23(*). Pourtant la communauté a toujours su résister.

    L'expérience de Villa El Salvador fait ainsi la démonstration que « la valorisation du travail productif des hommes, des femmes et des jeunes est la meilleure manière de sortir de la pauvreté et de progresser ».24(*)

    2. Agir ensemble : modalités de coopération

    La Municipalité de Rezé et la Municipalité de Villa El Salvador ont signé un acte de jumelage et de coopération en 1990, avec comme principal objectif de réduire le déséquilibre entre pays industrialisés et pays en voie de développement.

    Sur la base de cette relation de jumelage, se sont établis des contacts entre associations de Rezé et de Villa El Salvador. Nous allons à présent voir quel est le cadre institutionnel qui prévaut pour la coopération en France et au Pérou ainsi que le cadre particulier des relations entre les deux pays, puis plus précisément nous aborderons les modalités de coopération propres à Villa El Salvador et Rezé.

    2.1. Cadre législatif français et péruvien de la coopération décentralisée

    2.1.1. En France

    Des premiers jumelages franco-allemands à la loi de 1992 qui légitime enfin la coopération décentralisée, d'une époque de tutelle à une décentralisation qui devient la règle : l'ouverture et l'échange économiques et culturels comme nécessités pour le développement local et régional priment aujourd'hui dans les exigences françaises de la coopération décentralisée.

    La pratique des jumelages, dès les premières années qui ont suivi la Libération, fait des communes les pionnières de la coopération décentralisée.

    Cette phase fondatrice, portée par les communes, est suivie dans les années 70 par l'entrée en jeu des régions à travers la coopération transfrontalière. Acteurs de la construction européenne, les communes, les départements et les établissements publics régionaux développent dès le début des années 70 des relations directes avec les institutions européennes.

    La solidarité avec le Sud sert aussi de moteur à la coopération décentralisée, relayée par la volonté des collectivités locales de situer leur développement dans un contexte européen et international.

    Alors que la loi du 2 mars 198225(*) ne faisait mention, dans son article 65, que de la coopération transfrontalière, la notion d'action extérieure des collectivités territoriales a été reconnue un an plus tard, par la circulaire du Premier ministre du 26 mai 1983 qui créé le délégué pour l'action extérieure des collectivités locales.

    Quant à la coopération décentralisée, elle a obtenu sa consécration législative avec la Loi d'orientation du 6 février 1992 relative à l'administration territoriale de la République qui entoure cette coopération dans la limite des compétences des collectivités locales et dans le respect des engagements internationaux de la France, et créé la Commission nationale de la coopération décentralisée (CNCD).

    La Commission nationale de la coopération décentralisée a été réformée par Décret le 9 mai 2006. Celui-ci a modifié la composition de cette commission présidée par le premier ministre et, en son absence, par la ministre chargée de la coopération. Avec un nombre réduit de membres mais une composition désormais ouverte, l'objectif est de faire de la CNCD l'instrument privilégié du dialogue entre l'État et les collectivités locales dans le sens d'une meilleure coordination et d'une plus grande complémentarité sur le plan international.

    2.1.2. Au Pérou

    L'Agencia Peruana de Cooperaciòn International (APCI) est l'organe principal de la coopération technique internationale, et a la responsabilité de conduire, programmer, organiser et superviser la coopération internationale. L'APCI26(*) agit en fonction de la politique nationale de développement, dans le cadre des dispositions légales qui règlent la coopération technique internationale.

    Elle accomplit ses fonctions en privilégiant l'efficience, la transparence et la concertation entre les acteurs publics et la société civile, tant ressortissants qu'internationaux. Le contrôle, la supervision de la Coopération Internationale et l'utilisation correcte des ressources que reçoivent les ONG de développement domiciliées dans le pays, est à charge du Directeur Exécutif de l'APCI. Il est effectué en accord avec les dispositions légales et conventionnelles qui règlent la coopération internationale et sur la base de l'information à laquelle se réfèrent l'article 14 du Décret Législatif N° 719 et les articles 74 et 75.27(*)

    Les priorités pour la Coopération Internationale non remboursable que reçoit le pays se détachent de la politique nationale de développement. Cette politique est exprimé tant dans des documents nationaux que dans des accords internationaux auxquels le Pérou a adhéré.

    L'analyse de la Politique Nationale de Développement permet de montrer que, bien que les documents ne présentent pas généralement un ordre explicite de priorités, ils partagent une vision commune en ce qui concerne les principales lignes d'intervention pour le développement au Pérou.

    Ainsi, on se rend compte en analysant ces différents documents que le nombre et la portée des objectifs et des politiques identifiés par chaque document diffère significativement. Quelques documents présentent des objectifs extrêmement larges et vagues, qui empêcheraient d'obtenir une concentration efficace de la coopération. D'autres suggèrent de nombreuses politiques considérablement détaillées, qui compliqueraient les principales lignes thématiques desquelles peut s'occuper la coopération.

    À la lumière de ce diagnostic, les objectifs exprimés dans la politique nationale de développement ont été groupés dans quatre axes stratégiques, décomposés dans douze objectifs qui systématisent les secteurs où la Coopération Internationale non remboursable peut compléter les tâches de l'État. Chacun d'eux a été détaillé dans des objectifs spécifiques articulés, en totalisant quatre-vingt-six objectifs spécifiques.

    Un de ces objectifs est d'assurer l'accès universel à l'eau potable, à l'assainissement et aux services et infrastructures basiques, ce qui s'articule parfaitement avec la thématique choisie par Villa El Salvador et Rezé comme nous allons le voir dans le paragraphe 2.3.

    2.2. La coopération décentralisée française en Amérique Latine

    D'après un recensement de la coopération décentralisée française en Amérique Latine, réalisé par Cités Unies en 200028(*), le profil des acteurs français de la coopération décentralisée est plutôt varié. Le recensement avance un total approximatif, et non exhaustif, de 75 collectivités impliquées en Amérique latine. Certaines maintiennent des partenariats avec différents pays et villes en Amérique latine, d'où un total de 85 partenariats.

    La motivation générale, celle qui est à la base même de l'ouverture de ces collectivités à l'étranger est : favoriser les échanges Nord-Sud par une relation plus directe, du « local » au « local ».

    Il s'agit de développer au sein des populations une plus grande conscience de l'importance de l'autre (Comme c'est le cas selon Cités unies pour Champigny-sur- Marne et Rezé).

    Une des motivations le plus évoquée est l'appui au processus de développement et de renforcement de la démocratie en Amérique latine, et souvent dans les pays où la démocratie est encore balbutiante (Nicaragua, Guatemala, Haïti, Pérou).

    Toujours selon l'enquête de Citées Unies, c'est au développement politique des communautés que les collectivités françaises souhaitent et espèrent participer. Dans cette perspective, un des buts fixés est l'essor de la démocratie participative. L'échange de savoir-faire et d'expérience ainsi que le transfert de compétences semblent être des caractéristiques très importantes dans certaines coopérations, comme nous le verrons plus précisément dans le cas de Villa El Salvador et Rezé.

    La création de nouveaux intermédiaires est un processus marquant de ces dernières années. Ainsi, les régions travaillent avec des agences de coopération locales et régionales, créées pour travailler dans la coopération internationale. L'origine des liens établis trouve ses racines dans différents aspects.

    Souvent, il s'agit de liens anciens développés entre deux politiques, comme peut l'illustrer la encore le cas de Rezé et Villa El Salvador.

    Les rencontres ou colloques internationaux sont également des moments privilégiés pour la découverte de nouvelles relations de territoire à territoire, comme le montre l'exemple du colloque Ciudagua à Montevideo en 1988, ou encore en 1990 à Quito.

    La place des associations et des communautés d'habitants n'est pas à négliger. Il existe également des possibilités de partenariat passant par des coopérations déjà existantes, et reprise par d'autres collectivités (c'est le cas pour Rezé relayé par Nantes Métropole).

    Les pays les plus concernés, ainsi que les secteurs sont plutôt variés. Le domaine de l'eau, assainissement et voirie continue à concerner un nombre considérable de partenariats. Ce type de coopération suppose un niveau de technicité élevé, et les projets comportent des aspects matériels, mais aussi organisationnels et de formation. Il est important de remarquer avec le cas de Rezé que même les villes plus petites s'y intéressent désormais. L'environnement fait son apparition à la fin des années 90, les collectivités souhaitent intégrer de plus en plus la notion de développement durable à leurs projets.

    Un terme qui revient assez souvent dans l'enquête de Cités Unies29(*), quelque que soit le secteur, est celui de « démocratie participative ». Il s'agit de trouver les moyens de faire participer la population à tous les domaines susceptibles de favoriser l'essor de la démocratie.

    La difficulté la plus évoquée est celle du financement des partenariats. Les collectivités qui n'arrivent pas à avoir l'aide du MAE30(*) ont d'autant plus de mal à mettre en place leur coopération, ne disposant que de très faibles moyens.

    Par ailleurs, c'est l'instabilité politique qui apparaît comme un handicap important ; cette instabilité engendre la non-régularité des relations, de la communication, le changement trop rapide d'interlocuteurs. Tout cela ne peut être que mauvais pour le renforcement des liens et de la coopération. Par ailleurs, les mandats politiques latino-américains sont bien plus courts (4 ou 5 ans) que les mandats français ; ce renouvellement fréquent des équipes est la conséquence de cette courte durée des mandats.

    En conclusion pour Cités Unies : « Pour trouver des solutions à certains obstacles, il faut déjà les connaître. Ensuite, essayer de réfléchir ensemble, avec les collectivités travaillant sur les mêmes pays ou les mêmes thématiques, ainsi qu'avec les partenaires techniques et financiers ».

    L'enjeu est ainsi de surmonter ensemble les difficultés rencontrées, ce que nous allons constater à présent en étudiant plus précisément les modalités de coopération entre Rezé et Villa El Salvador.

    2.3. Modalités de coopération initiale de Rezé et Villa El Salvador

    Les maires de 1986, l'époque des premiers rapprochements, Jacques Floch de Rezé et Michel Ascueta de Villa El Salvador, ont décidé de proposer à leurs conseils municipaux de signer un protocole de jumelage-coopération en 1991.

    «  Notre relation avec Villa El Salvador est née en 1986. Rezé voulait alors valoriser l'action des villes de banlieue. L'eau fut notre premier chantier » raconte Gilles Retière, maire de Rezé, vice-président de Nantes Métropole en charge de l'urbanisme et de l'habitat31(*).

    « Notre deuxième axe fut l'habitat. Rezé a garanti des emprunts et fourni un apport de compétences en ingénierie pour que les gens de Villa El Salvador érigent leurs maisons. Cette opération fut citée en modèle à l'ONU lors de la conférence sur l'habitat de 1995. Par ailleurs, nous avons formé des animateurs socioculturels avec le concours de l'ARPEJ, association rezéenne. »32(*) Aujourd'hui, la majorité de ces jeunes a des responsabilités municipales, électives ou administratives.

    « Enfin, avec Amstelveen, près d'Amsterdam, et Santa Coloma, près de Barcelone, nous avons travaillé sur un réseau d'eau recyclée pour permettre le verdissement de la ville »33(*).

    « De nombreuses coopérations se tissent avec des villes d'Europe et d'Afrique, mais, il y a aussi énormément à faire avec les Latino- Américains. »

    Il s'avère très important pour Rezé et Villa El Salvador d'institutionnaliser régulièrement leurs relations de jumelage et de coopération. C'est-à-dire, faire en sorte que s'établissent des relations de coopération entre les deux municipalités.

    Cette volonté fut exprimée formellement par Monsieur André MARTI, Conseiller municipal délégué à la coopération à la municipalité de Rezé, ainsi que par Mesdames Carol Narbey et Marie Isabelle YAPO lors d'une entrevue avec le nouveau maire élu récemment, Jaime ZEA, à l'occasion de leur visite à Villa El Salvador en décembre 2002. Cette volonté partagée par Monsieur Jaime ZEA fut ratifié par Monsieur Gilles RETIERE, Maire de Rezé.

    Ainsi, d'après l'acte d'engagement qui en a découlé34(*), il résulte de cette volonté les objectifs suivants pour les prochaines années :

    -réaliser un travail en direction de la jeunesse de Villa El Salvador ;

    -appuyer la promotion des femmes ;

    -assurer un appui technique de la part de Rezé pour le renforcement institutionnel de la Municipalité de Villa El Salvador ;

    -Développer un programme d'échange d'expériences entre les deux municipalités dans les domaines suivants :

    -renforcement de la bonne gouvernance locale,

    -gestion administrative,

    -planification urbaine et habitat,

    -démocratie participative,

    -espaces verts et réseaux d'arrosages

    Dans le domaine de l'eau et l'assainissement, un appui logistique et financier a été apporté pour l'extension d'un réseau d'adduction d'eau potable et d'assainissement dans un quartier de Villa El Salvador. Rezé a financé cette action par un prélèvement opéré sur les factures d'eau des usagers du syndicat d'alimentation en eau de Rezé, Bouguenais, la Montagne, les Sorinières, préfigurant en cela la loi du 9 février 2005 (loi Oudin). 

    De 1989 à 1996, un programme de densification de l'habitat a permis à plusieurs centaines de familles d'agrandir leur habitation en hauteur afin de mieux maîtriser l'espace foncier. La conception, le suivi et le montage financier ont été assurés par la Ville de Rezé, des partenaires institutionnels, des ONG et une banque péruvienne. Ce programme a eu un grand retentissement au Pérou, au point que le gouvernement péruvien le présente comme projet pilote lors de l'assemblée de l'ONU "HABITAT II" en 1995 à Istanbul.

    Dans le domaine de la jeunesse, différents programmes se sont succédés avec les associations locales péruviennes (Casa Alternativa Joven, Arenan y Esteras et Quipus35(*)) en vue du développement d'un centre de communication, de la mise en place d'une bibliothèque, de la formation d'animateurs, de la construction d'un bâtiment avec de jeunes Rezéens, d'un travail avec des associations autour des problématiques de la jeunesse.

    Ces programmes ont conduit à l'échange de compétences et de savoir-faire entre les responsables des associations de Villa El Salvador et l'Arpej (Association rezéenne pour les loisirs de l'enfance et la jeunesse). Depuis 2003, à la demande de la ville de Villa El Salvador, confrontée à une problématique de désoeuvrement et de chômage de sa jeunesse, exacerbée par des facteurs de drogue, de violence, etc...., la Ville de Rezé coopère à l'équipement de cinq " maisons de jeunes " et à la formation des animateurs dans différents quartiers de la ville. L'Arpej assure la formation des animateurs péruviens par l'organisation de stages au Pérou ou à Rezé.

    En 2007, deux projets sont en cours : Villa verde et la 5e maison des jeunes. En ce qui concerne les projets pour l'année 2008, nous ne pourrons ici pas en parler ceux-ci n'ayant pas encore été abordés par le conseil municipal de Rezé36(*). Cependant, le projet Villa Verde est actuellement toujours en cours.

    Après avoir contextualisé la naissance de Villa El Salvador et étudié les relations de coopération entre Rezé et Villa El Salvador, de l'échelle municipale à transnationale, nous allons maintenant aborder dans une seconde partie la stratégie du développement de l'accès à l'eau et à l'assainissement comme axe de coopération.

    2ème partie : Nécessité et stratégie du développement de l'accès à l'eau et à l'assainissement comme axe de coopération

    1. Une ville posée sur un désert : la problématique de l'eau à Villa El Salvador

    Comme nous l'avons vu dans notre première partie, Villa El Salvador est une périphérie urbaine de Lima, capitale du Pérou, située dans le désert côtier brumeux de la façade du Pacifique de l'Amérique du Sud à une latitude de 11°S. Or, avec une superficie de 2 664,67 km², Lima est considérée comme étant la ville la plus étendue sur un désert, avant Le Caire. Dans ces conditions de site et de situation extrêmement prégnantes, tout travail de recherche en développement ayant trait à la question de l'accès à l'eau doit au préalable se baser sur une étude géomorphologique et climatique de la zone afin de mettre en exergue les ressources en présence, les risques et les enjeux d'un développement humain, en particulier pour ce qui se rattache à la ressource vitale qu'est l'eau potable.

    1.1. Un site aux conditions géomorphologiques et climatiques significatives de l'aridité

    -Données climatiques

    Le désert péruano-chilien sur lequel est implanté la ville, est caractérisé par la présence quasi permanente d'une couverture nébuleuse de stratocumulus, formée lorsque les couches inférieures de l'atmosphère se rafraîchissent au contact des eaux froides du Pacifique. La température de l'océan le long de la côte, du Chili au Pérou, subit la puissante influence du courant froid de Humboldt37(*) et de la remontée vers la surface des eaux plus froides des profondeurs. En conséquence de ces phénomènes, le climat de Lima est plus frais que celui de villes sises à la même latitude et à la même altitude dans d'autres parties du monde. Son régime pluviométrique est également l'un des plus faibles du continent (environ 10 mm par an).

    Ces données climatiques sont caractéristiques de l'aridité, définie comme une « situation résultant du manque d'eau par suite de l'insuffisance des précipitations »38(*). En effet, même si la ville est souvent baignée par la brume, qui crée une condensation non négligeable, la notion d'humidité est très différente de celle d'apport en eau dans le cas du désert côtier aride liméen.

    -Etude géologique 

    Les particularités géologiques propres au site entraînent à Villa El Salvador des risques importants d'érosion et de friabilité des falaises ou des pentes, notamment dans les « cerros », nom donné aux reliefs collinaires où se situe la ville. De plus Villa est située dans la zone d'affrontement des plaques tectoniques du pacifique et de l'Amérique du Sud donc en zone sismique forte. Ces facteurs de risques jouent un rôle prépondérant au coeur de la problématique de croissance urbaine de la ville.

    Les études géologiques et géo environnementales sont donc aujourd'hui par leurs particularités, plus que nécessaires à la planification du développement et en particulier de l'accès à l'eau.

    1.2. Croissance démographique et évolution de la demande face au déficit des ressources

    -L'aquifère

    La zone aquifère de Lima couvre 390 km2, y compris les bassins alluviaux inférieurs du Rímac et du Chillón et les dépôts côtiers connexes. Le pompage excessif a fait en sorte que les niveaux de l'eau dans la plupart des puits ont chuté de 1 à 2 m/an. Un certain nombre de puits près de la côte ont dû être condamnés à cause de la salinité élevée ; d'autres, plus loin dans les terres, ont cessé de produire. Afin de compenser la diminution de l'eau disponible, de nouveaux puits ont dû être forés et les taux de pompage ont augmenté dans un certain nombre de puits existants. Entre 1969 et 1985, les niveaux de l'eau souterraine dans la zone côtière ont chuté d'au moins 10 m et jusqu'à 30 ou 40 m dans la plaine élevée près des contreforts39(*).

    Parmi les problèmes opérationnels qu'implique l'exploitation de l'eau de l'aquifère de Lima (Binnie and Partners, 1987), mentionnons que :

    · Les coûts de pompage ont augmenté du fait de la chute des rendements des puits ;

    · Les puits sont taris ou sont en cours de tarissement, même si le forage atteint la roche de fond ;

    · La salinité de l'eau souterraine augmente près de la côte à cause de la chute des niveaux de l'eau, et de l'intrusion d'eaux saumâtres du Pacifique.

    · Les pompes sont trop grandes pour les rendements actuels (ou le sont devenues), ainsi leur coût d'exploitation est plus élevé qu'il serait nécessaire ;

    · Les niveaux dynamiques de l'eau ont chuté en dessous de la limite supérieure des tubages des puits filtrants, ce qui occasionne un encroûtement de ces tubages et réduit ainsi le rendement des puits.

    Le taux de renouvellement de l'aquifère est considérablement inférieur au rythme auquel l'eau est en train d'être prélevée."Nous sommes la seule ville en Amérique du Sud avec tellement peu de réserve, moins d'une année d'approvisionnement. Nous sommes très vulnérables", indique Carlos Silvestri, l'ex-président de la compagnie des eaux de la ville, la SEDAPAL40(*).

    Il ne se produit presque plus de recharge directe, que ce soit du fait de la pluie ou du ruissellement local et ce, à cause du faible régime pluviométrique dans la région de Lima (10 mm/an) et du type de précipitations dont il s'agit (bruine et rosée). Le ruissellement le long des pentes, qui entourent la ville, et l'infiltration dans les contreforts et dans les formations locales en éventail sont extrêmement rares.

    Plusieurs de ces sources de réalimentation sont actuellement menacées par la croissance urbaine. Nombre de fermes et de parcs irrigués dans les environs de la ville ont été déplacés. Si la tendance actuelle se poursuit, la recharge à partir de ces sources pourrait être réduite de moitié au cours des 20 prochaines années. La ville est également en train d'empiéter sur les lits de cours d'eau où a lieu une appréciable proportion de l'infiltration. Par exemple, une nouvelle route est en train d'être construite le long du Rímac, ce qui rendra imperméables plusieurs dizaines d'hectares de la surface de la vallée.

    Actuellement, le solde hydrologique de l'aquifère est négatif ; au moins 1 m3/seconde de plus est prélevé ou est perdu au profit de la mer en raison de l'écoulement souterrain . Le taux d'extraction n'a pas été réduit en dépit de la diminution du volume de recharge. À mesure que les niveaux de l'eau continuent à baisser et que l'intrusion saline se poursuit, les coûts du pompage vont augmenter et de nombreux puits plus anciens deviendront secs ou salins.

    Concernant un aspect positif, un projet est actuellement en cours en vue d'injecter artificiellement de l'eau dans l'aquifère pour rétablir l'équilibre.

    -Sources de surface

    L'eau de surface répond à 55 % des besoins urbains dans la région de Lima. Cependant, le régime des sources de surface est fortement tributaire de l'aspect temporel, les régimes des rivières étant caractérisés par leur irrégularité ; présentant de courtes périodes d'abondances (3 à 5 mois), suivies par des périodes d'étiage de 7 à 9 mois. Sur des périodes plus brèves, les rivières peuvent également accuser des périodes de sécheresse pouvant s'éterniser dans le pire des cas à plus de deux années consécutives. Il faut donc également tenir compte de ces irrégularités de régime dans la gestion des ressources en eau.

    Le risque de contamination, tant de l'eau de surface que souterraine, représente un problème croissant. L'activité humaine dans le bassin moyen et supérieur du Rímac41(*) a des incidences sur la qualité de l'eau. Toutes les eaux usées provenant des collectivités et des villes situées en amont de Lima finissent dans le cours d'eau.

    De plus, les effluents des mines et de l'industrie sont aussi déversés dans la rivière et la pollution du cours d'eau s'amplifie à cause de l'absence de contrôles sur la manière de disposer des déchets. Par conséquent, la concentration des métaux lourds et d'autres substances toxiques constitue déjà un danger potentiel pour l'approvisionnement en eau de la ville. L'aquifère de Lima est également menacé. Les alluvions sont perméables sur toute leur profondeur et des déchets dangereux pourraient s'infiltrer dans les réservoirs souterrains.

    1.3. Les « asentamientos humanos » : marqueurs des inégalités

    « La situation d'accès à l'eau et à l'assainissement dans le pays continue à être une barrière fondamentale à la réduction de la pauvreté et des inégalités, même si les chiffres officiels indiquent une couverture intégrale » (Agence Canadienne pour le Développement International).

    Comme nous l'avons vu dans l'étude de la croissance urbaine liméenne, les « asentamientos humanos » sont des espaces de promiscuité, de grande pauvreté et qui manquent cruellement d'infrastructures pour leur développement. Cependant, nous sommes venus à la conclusion que dans ces espaces le manque d'eau potable et d'assainissement pouvait également être un facteur aggravant des inégalités sociales. En effet, les « asentamientos humanos » ne bénéficient pas des mêmes conditions d'accès à l'eau. Tout d'abord, d'un point de vue financier, l'eau potable est parfois payée jusqu'à 10 fois plus cher dans les périphéries que dans les quartiers à fort pouvoir d'achat du centre comme Miraflores ou Surco. De plus, la qualité de cette eau est bien moindre puisqu'elle est tributaire bien souvent d'un réseau de camions citernes qui ne respecte guère en pratique les contrôles d'hygiène imposés pour le nettoiement des cuves42(*).

    De même, la situation à risque des asentamientos humanos dans des lieux ne bénéficiant pas d'un système de voierie adéquat et parfois même perchés à flanc de cerros, implique un difficile acheminement de la ressource, donc un temps et des efforts précieux nécessaires qui occupent une place importante dans le quotidien des habitants.

    Enfin, la faible qualité de l'eau et le manque de services d'hygiène spécifiques sont responsables de taux de maladies importants, stigmates des pays du sud comme le choléra. A la fois cause et conséquence des inégalités, la recherche en eau est donc un enjeu crucial dans la lutte contre la pauvreté lancée par l'Etat péruvien.

    1.4. Enjeu politique : la problématique du manque de concertation intra-sectorielle

    Durant la décennie 90, le Pérou a appliqué un programme d'ajustement structurel basé sur la croissance macroéconomique et la compensation sociale, orientée vers la stabilité du pays.

    Cependant, malgré certaines améliorations ciblées, les problèmes de la pauvreté, du manque d'emplois et du chômage persistent. Avec la mise en place du nouveau régime, l'agenda du pays aborde entre autre dans ses thèmes d'attentions prioritaires la lutte contre la pauvreté, la décentralisation, la génération d'emplois de qualité et le renforcement des institutions.

    Dans ce cadre, les secteurs de l'accès à l'eau et à l'assainissement peuvent être des clefs de lutte contre la pauvreté et de consolidation du processus de décentralisation, avec la participation des municipalités des districts et des municipalités provinciales dans l'organisation et l'application auto soutenue de ces services.

    Face à la lenteur et à l'ingérence du système politique, d'autres acteurs tentent aujourd'hui d'apporter des solutions au problème de l'eau et de l'assainissement liméen.

    Il s'agit sur le terrain des Organisations Non Gouvernementales, quelles soient nationales ou internationales, ainsi que de l'action de certaines municipalités locales comme Villa El Salvador qui devant l'ingérence étatique décident de prendre les devants de l'action de développement, et enfin, à une échelle encore plus grande, de l'action de comités de quartiers, rassemblant des riverains des quartiers spontanés dans une démarche d'aménagement participatif du territoire.

    Notre travail de recherche nous a très vite permis de comprendre qu'il était difficile de concilier les attentes et les modes d'opération de chacun de ces acteurs. Ces mésententes sont souvent liées du coté des ONG à un refus en bloc de toute action étatique car celle-ci serait assimilée à l'acceptation du gouvernement d'Alan Garcia, toujours responsable dans les esprits de la grave crise économique qui a touché le Pérou à la fin des années 80.

    D'autre part, les municipalités locales et les comités de quartiers à l'origine de projets de développement appartiennent majoritairement à une population de migrants, responsable historiquement des invasions des années 70 et 80, et par la même ne recevant à la base aucune légitimité de la part de la Municipalité liméenne. Dans cette optique, ces groupes ont lancés des projets extrêmement locaux de développement, comme ce fut le cas à Villa El Salvador, dans le cône sud de Lima, qui ont souvent connus de très bons résultats puisque réalisés en concertation et avec l'aide de la population.

    Enfin, il faut relever que toutes les concurrences ne sont pas originaires des oppositions formulées à l'encontre de l'Etat ou de sa politiques. Il existe aussi de manière pernicieuse et sous forme de non-dit, un certain rapport concurrentiel avec les techniques de développement sur le terrain entre les différentes ONG ou au travers des entreprises privées lors des offres de projets, afin de gagner les subventions qui leur seront nécessaires. Ce rapport est évidement légitime dans le cadre d'un effort de rentabilité et de fonctionnalité technique, cependant il est souvent ici faussé à cause de la corruption du système décisionnel péruvien, encore bien trop souvent à la main de quelques puissants et des entreprises dont ils sont actionnaires.

    Un effort de concertation et d'échange des connaissances et des données techniques est aujourd'hui nécessaire à la réalisation des projets de développement sur le terrain.

    La croissance continue de la ville de Lima et le manque de ressources financières pour mettre en oeuvre des mesures de contrôle environnemental contribuent à la dégradation de la qualité de l'eau. La ville est en croissance accélérée et les ressources en eau sont fragiles et restreintes43(*). Si la croissance actuelle se poursuit, Lima aura une population de plus de 10 millions d'habitants d'ici à l'an 2000 et de près de 15 millions d'ici à 2010. Alors, le Rímac et le Chillón, ainsi que l'aquifère, ne seront plus en mesure de répondre aux besoins domestiques, industriels et environnementaux de la région urbaine.

    Il est difficile de trouver d'autres sources d'eau. Les meilleures options sont probablement dans la région montagneuse, surtout au-delà de la ligne de partage des eaux, dans les cours supérieurs des tributaires de l'Amazone. Toutefois, tout projet qui aurait pour but d'acheminer de l'eau sur de telles distances et à partir de lieux aussi inaccessibles sera extrêmement coûteux, de l'ordre de plusieurs centaines de millions de dollars.

    La dette nationale du Pérou est importante et sa côte de crédit est faible dans le système financier international. Le niveau d'investissements requis pour exploiter de nouvelles sources d'eau n'est sans doute pas réalisable dans un avenir prévisible. Par conséquent, la solution immédiate au problème doit comporter une meilleure gestion et la protection des bassins du Rímac et du Chillón ainsi que de l'aquifère de Lima, la réutilisation des eaux usées (du moins aux fins de l'irrigation et de l'industrie) et un effort de rénovation du réseau de distribution pour limiter les pertes d'eau. C'est d'un tel projet d'assainissement qu'il est question avec Villa verde, comme nous allons le détailler plus amplement par la suite.

    La solution définitive consisterait à réévaluer le potentiel environnemental de croissance de la ville de Lima en l'intégrant dans une politique nationale démographique et économique. Le milieu ambiant est fragile et il y a une limite au degré d'urbanisation qui serait supportable. Il y a déjà longtemps que cette limite a été dépassée. La plaine côtière ne peut pas supporter une population de 7 millions d'habitants (encore moins une population de 10 millions comme l'indiquent les projections pour la prochaine décennie) sans subir des effets préjudiciables irréversibles. Cependant, aujourd'hui il est plus raisonnable de se baser sur une trame de projets de développement des infrastructures au niveau local pour faire face à l'urgence sans aggraver les processus actuels de dégradation de la qualité de l'eau.

    2. Une stratégie concertée d'accès à l'eau en trois temps

    Dès le démarrage des relations entre Rezé et Villa El Salvador, plusieurs actions ont été entreprises avec de nombreux partenaires (programme de densification de l'habitat, actions dans le domaine de la jeunesse, de l'eau).

    Dans le domaine de l'eau et de l'assainissement, un appui logistique et financier a été apporté pour l'extension d'un réseau d'adduction d'eau potable et d'assainissement d'un quartier. Rezé a financé cette action sur un prélèvement opéré sur les factures d'eau des usagers du syndicat d'alimentation en eau de Rezé, Bouguenais, la Montagne; Les Sorinières, préfigurant ainsi les modalités de la Loi du 9 février 2006 (Loi Oudin).

    En 2004, à l'initiative de la Ville de Rezé, trois villes européennes se sont réunies à Villa El Salvador pour donner de la cohérence à leurs projets dans le cadre d'une démarche de développement durable. Elles ont pu étudier les modalités d'un projet conjoint portant sur la récupération des eaux "recyclées" et l'installation de canalisations pour irriguer les espaces verts de Villa El Salvador.

    L'objectif du projet soutenu par la commune de Rezé est d'accompagner la municipalité de Villa El Salvador dans le renforcement de la salubrité, l'hygiène et la santé publique, conformément aux recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Concrètement, il s'agit d'arborer les dix avenues principales de la ville, d'utiliser les eaux résiduelles retraitées pour l'arrosage des espaces verts, et de sensibiliser les populations afin de réduire la pollution de l'environnement.

    Ce projet qui a débuté en 2006 se déroule en deux étapes sur trois ans.
    La première étape a été mise en place et s'est traduit par la construction de la station de pompage, l'installation de la conduite et du système d'arrosage ainsi que l'arborisation de l'avenue M. P. Séville.
    Pour la réalisation du projet, la commune de Villa El Salvador, en accord avec ses partenaires, a engagé une entreprise privée spécialisée qui doit, en contrepartie, faire appel à une main d'oeuvre locale non qualifiée.


    Nantes métropole délègue des techniciens de la Direction de l'eau en lien avec des techniciens des espaces verts pour finaliser et expertiser le projet.

    2.1. Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau au sud44(*)

    Dans les communes de l'agglomération nantaise, 0,5 % de la facture d'eau des citoyens est prélevé pour l'aide aux populations du Sud.

    La commune de Rezé possède un savoir-faire en matière de gestion de l'eau puisqu'en France, cette compétence est du ressort des municipalités. La première réalisation du projet de coopération entre Rezé et Villa El Salvador a été l'alimentation en eau potable de plusieurs quartiers de Villa El Salvador. "Pour la financer, nous avons prélevé sur la facture des habitants de Rezé deux centimes de francs par mètre cube d'eau consommée", se souvient Caroline Narbey, responsable de la coopération à Rezé45(*). Cela fut voté au conseil municipal."

    Les usagers du Nord finançant directement l'accès à l'eau des usagers du Sud ? Cette idée novatrice, promue par les ministres de l'Environnement européens dès les années 1980, vise à accroître la coopération européenne dans le domaine de l'eau. Sensibilisées par le programme Solidarité Eau né dans la foulée46(*), plusieurs collectivités locales y trouvent des moyens d'actions de coopération sans susciter l'opposition des usagers, tant les sommes individuelles prélevées sont minimes. Rezé mais aussi Lille ou encore le Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) se mobilisent alors.

    Mais ces opérations se déroulent dans un flou juridique. La loi de 1992 sur la coopération décentralisée autorise les collectivités territoriales à financer des actions de coopération internationale à partir de leur budget général, mais non avec les fonds dits annexes, tels ceux alimentés par la facture d'eau, qui ne peuvent servir qu'à des actions sur le territoire. Pourtant, les collectivités maintiennent leurs coopérations, à l'image du Sedif47(*), organisme pionnier de la coopération décentralisée liée à l'eau qui, flirtant avec l'illégalité, veille à ne pas trop attirer l'attention sur ses projets...

    Ce problème juridique a été résolu en février 2005 avec la loi Oudin48(*), présentée à l'Assemblée nationale par André Santini, président du Sedif. Ce texte autorise les communes, mais aussi les syndicats et les agences de l'eau, à consacrer jusqu'à 1 % de leurs ressources eau et assainissement à des actions de coopération décentralisée. A Nantes Métropole, on s'en réjouit. Créée en 2001, la communauté des 24 communes de l'agglomération nantaise gère désormais les services de l'eau et de l'assainissement et donc, les projets de coopération dans ce domaine.

    Nantes Métropole participe ainsi à la mise en oeuvre des Objectifs du millénaire pour le développement de l'ONU, dont l'un vise à réduire de moitié le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable dans le monde d'ici 2015. "Nous avons voté un budget pour la solidarité liée à l'eau alimenté par un prélèvement de 0,5 % sur la facture d'eau", explique Camille Durand, premier vice-président de Nantes Métropole. Pourquoi pas 1 %, comme l'autorise la loi ? "49(*)Il y a eu débat, certains élus ne voulaient pas augmenter le prix de l'eau." Alors que Nantes Métropole venait d'harmoniser le prix de l'eau de ses 24 communes, alourdissant la facture de certains usagers, une nouvelle augmentation aurait pu être électoralement risquée... Les 0,5 % sont donc prélevés sur les économies générées par des gains de productivité. Résultat ? Un prix de l'eau stable et 300 000 euros dégagés, soit presque la moitié du budget de coopération de Nantes Métropole et le troisième budget de solidarité internationale pour l'eau des communautés de communes françaises, après Paris et le Grand Lyon.

    Un montant néanmoins insignifiant face à l'ampleur des défis: pour que 2 000 ruraux bénéficient d'un système d'adduction d'eau au Sud, il faut débourser 120 000 euros... Mais pour Pierre-Marie Grondin, directeur du programme Solidarité Eau, la coopération décentralisée est tout sauf dérisoire. "La loi Oudin mobilise aujourd'hui 8 millions d'euros. Si elle était mise en oeuvre partout à hauteur de 1 %, on atteindrait environ 100 millions. En comparaison, l'aide bilatérale de l'Etat dans le domaine de l'eau et de l'assainissement n'est "que" de 165 millions d'euros....".

    Sur le terrain, l'action de Nantes Métropole a un impact certain. Au Sénégal, un équipement hydraulique alimente en eau potable 25 000 habitants en zone rurale. La collaboration avec Villa El Salvador, elle, se poursuit avec la création d'espaces verts qui réutilisent des eaux usées pour l'irrigation de milliers d'arbres, contribuant ainsi à la dépollution et à l'amélioration de la santé des habitants50(*).

    2.2. 2004 : Plus de partenariats pour plus de moyens

    En juillet 2004, à l'initiative de Rezé, Amstelveen, près d'Amsterdam, et Santa Coloma, près de Barcelone, se sont réunie avec Rezé à Villa El Salvador pour mener une coopération conjointe. Ces trois villes européennes ont ainsi souhaité donner de la cohérence à leurs projets dans le cadre d'un développement durable en appuyant un programme commun. Elles ont pu étudier les modalités d'un projet conjoint portant sur la récupération des eaux « recyclées » et l'installation de canalisations pour irriguer les futurs espaces verts de Villa El Salvador.

    Le conseil communautaire de Nantes Métropole, dans sa séance du 14 octobre 2005, a décidé de créer un « fonds solidarité eau assainissement », alimenté comme nous venons de le voir sur les ressources des directions de l'eau et de l'assainissement, et dont l'usage est à destination des villes de Nantes Métropole assurant déjà des actions de coopération décentralisée.

    Dans le cadre de la coopération décentralisée avec Villa El Salvador au Pérou, la ville de Rezé et Nantes Métropole ont donc décidé de s'associer pour mutualiser leurs moyens et mettre en oeuvre un programme pluriannuel d'arrosage des espaces verts, intitulé « Villa Verde ».

    Une convention qui définit les conditions d'exécution et les modalités financières dans lesquelles la Direction de l'eau de Nantes Métropole participera au projet "Villa Verde", pour la seconde tranche est soumise à l'approbation du Conseil Municipal.

    La convention précise les participations de Nantes Métropole à hauteur de 50 000 € et de la ville de Rezé, à hauteur de 15 000 € pour la seconde tranche du projet.

    Cette convention a été adoptée à l'unanimité51(*).

    2.3. Gestion de projet : Quelle gouvernance de l'eau pour les infrastructures créées ?

    Mais à côté de ces coopérations réussies, d'autres projets n'évitent pas les écueils. Au Mali, par exemple, un projet, au budget quinze fois supérieur à celui de la commune partenaire, qui se trouve incapable de l'absorber, a échoué52(*). En Guinée, des pompes à eau sont ainsi laissées à l'abandon.

    Pour qu'une coopération se pérennise, il semble donc qu'il faille sortir d'une vision purement technique et matérielle, miser sur le renforcement des capacités locales et la professionnalisation des gestionnaires de l'eau sur place.

    A Nantes Métropole, chaque projet est accompagné de sessions de formation: des techniciens et ingénieurs sont envoyés sur place. Villa El Salvador a ainsi accueilli un technicien des espaces verts de Rezé pour aider ses homologues à maîtriser l'arrosage au goutte à goutte. Des stages sont aussi organisés en France.

    Mais le renforcement des capacités locales va bien au-delà. L'Institut des métiers de la ville, centre de ressources pour le développement urbain créé au Cameroun dans le cadre d'une coopération avec Nantes, par exemple forme élus et techniciens locaux à la maîtrise d'ouvrage et à l'analyse globale d'un projet urbain.

    L'idée est de permettre aux municipalités de penser « planification urbaine » pour mettre en place les capacités de développement.

    "Au Sud, les besoins sont tels que les élus parent souvent au plus pressé, or il faut hiérarchiser les priorités, ne pas se limiter à l'investissement mais penser fonctionnement, entretien et comptes d'exploitation", constate Daniel Prin, chef du service coopération décentralisée de Nantes Métropole53(*). Une révolution des pratiques et des mentalités pour les usagers du Sud, parfois enclins au gaspillage ou rétifs à l'idée de payer un service de l'eau.

    La question de la gouvernance de l'eau est donc au coeur de ces enjeux de coopération cruciale pour la réussite des projets. Le cas de Rezé et Vila El Salvador, fort de ces expériences évolutives parallèlement aux lois de coopération décentralisée (dont l'amélioration va sans cesse vers une plus grande responsabilité des municipalité en matière de développement depuis une dizaine d'années), en est ici donc un exemple fortement positif.

    Au cours de cette seconde partie nous avons ainsi vu comment face au problème majeur de l'accès à l'eau et à l'assainissement, les deux municipalités ont su tirer parti de la coopération décentralisée pour mettre en oeuvre des projets de développement. Il convient à présent de tirer un bilan de cette coopération par une conclusion sur les gains décisionnels et structuraux acquis au cours de 20 ans de partenariat.

    Conclusion : Bilan des apports de la coopération : quels gains de réciprocité pour les deux communes ?

    Au cours de notre recherche pour parvenir à la rédaction de ce mini-mémoire, il a souvent été question par des témoignages ou des articles, d'une réciprocité de coopération entre Villa El Salvador et Rezé. Nous avons donc souhaité en guise de conclusion de cette étude de cas concret, faire le bilan des apports de la coopération entre les deux villes en termes de réciprocité.

    Cependant, au terme de cette étude, il apparaît difficile de parler de réciprocité dans le seul cadre du développement de l'accès à l'eau ou à l'assainissement. En effet, aucune action visant le développement de l'accès à l'eau ou à l'assainissement n'a été à l'ordre du jour pour la seule commune de Rezé ou même pour Nantes Métropole. Les échanges ont existé certes en termes d'apport pour les deux communes mais pas sur la thématique propre que nous avions initialement choisie pour l'élaboration de ce mini-mémoire. Ainsi, en termes de bilan, les rapports de coopération se sont à la fois consolidés et diversifiés entre Rezé et Villa El Salvador. Comme nous l'avons vu, il s'agit d'une coopération technique et financière au départ classique, où cependant la ville de Rezé n'est pas l'acteur principal mais assume un rôle de bailleur de fonds et d'accompagnateur.

    Cette coopération a évolué pour répondre de plus en plus à des préoccupations sociales. Les projets sont le fruit d'une longue concertation et d'une préparation très poussée. Ils émanent d'une demande locale bien précise et sont conçus pour permettre aux acteurs locaux de devenir autonomes.

    Le besoin de suivi, mal soupesé au départ, tout comme une contractualisation formelle des liens, est néanmoins fortement ressenti pour garantir la réussite des projets. La présence d'un coopérant français permet d'assurer un lien plus suivi malgré la distance. Celle-ci est en effet un handicap dans la coopération avec l'Amérique latine car elle engendre un coût important et un problème de communication.

    Comme nous l'avons compris, notamment par les témoignages des autorités de Villa El Salvador, c'est par ailleurs une coopération délicate dans le contexte politique péruvien des années 1980 et 1990, entre la violence du Sentier lumineux et l'autoritarisme d'un gouvernement soucieux de privatiser chaque maillon de l'économie, tolérant mal les initiatives populaires et associatives.

    Le comité VES54(*) de Rezé a été de plus en plus impliqué dans le projet, établissant des liens moins formels, basés sur la confiance et l'amitié, entre les deux populations. Les contacts se font au travers du journal municipal, de fêtes, d'échanges scolaires, et des liens se créent de personne à personne.

    Mais cependant l'international n'est guère au coeur des préoccupations majeures des habitants, même si au travers de ces courts échanges, il y a une plus grande ouverture sur d'autres cultures et d'autres modes de vie. Le dernier projet55(*), par exemple, était plus facilement abordable car les problèmes rencontrés par les jeunes Péruviens sont proches de ceux des jeunes Français (drogue, scolarité, emploi...). Néanmoins en ce qui concerne l'accès à l'eau et à l'assainissement, il est clairement difficile de mettre sur un pied d'égalité deux métropoles du Sud et du Nord et impossible de corréler leurs besoins actuels respectifs.

    Ainsi, ce qu'on reçoit n'est pas de même nature que ce que l'on apporte. Les liens créés entre les deux populations contribuent à nourrir le tissu social de Rezé, et le dynamisme des habitants de Villa El Salvador offre un exemple idéal de mobilisation et de solidarité pouvant inspirer le développement local en France; exemple cependant difficilement reproductible à Rezé, où les services ont une longue existence56(*). Il est intéressant de noter les effets de cette élaboration des services à Villa El Salvador qui, au fur et à mesure qu'ils se mettent en place, peuvent en venir à démobiliser une population qui se replie sur elle-même. D'un autre côté, l'absence de suivi et de professionnalisme techniques rigoureux dans le premier projet en a limité le succès. Cette recherche d'un équilibre de part et d'autre constitue peut-être bien un enjeu commun.

    Le cas extrêmement positif de la coopération décentralisée initiée entre Villa El Salvador et Rezé n'est pas une exception mais pourtant des actions comme celle la sont encore trop peu valorisées.

    Atteindre les objectifs du millénaire sur l'eau, nécessiterait un investissement de 180 milliards de dollars par an. La coopération décentralisée peut-elle changer la donne ? Non, au regard des faibles budgets mobilisés aujourd'hui par les collectivités locales. Oui, pourtant, au regard de leurs compétences techniques et administratives. Fortes de leurs bilans, elles font pression sur les Etats du Nord pour qu'ils mettent la main au portefeuille. Sans grand succès jusqu'à présent. Mais au moins, lors du Forum mondial de l'eau, à Mexico57(*), les villes et gouvernements locaux se sont-ils vu reconnaître par les gouvernements centraux comme des acteurs incontournables.

    De même, la loi Thiollière de 2007, qui conforte et élargit la loi de 1992, a fait de l'action internationale une compétence à part entière des collectivités territoriales et permet une grande liberté d'initiative, y compris dans les cas d'urgence.

    Comme le souligne Miguel Azcueta : « Le développement intégral passe par la solidarité, par le lien entre les différentes sphères de développement58(*) », accepter de confier le développement à des acteurs diversifiés qui font gage comme Rezé de compétences techniques et financières de plus en plus assuré n'est donc aujourd'hui plus un acte anecdotique d'échange culturel mais bien une coopération décentralisée efficiente.

    Plus qu'un espoir, en 2008, l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Koffi Annan, soulignait, auprès d'une délégation d'élus de Cités et Gouvernements locaux unis, que la réussite des OMD dépendrait pour 70 % des collectivités territoriales.

    Bibliographie

    Actes :

    Acte d'Engagement Municipalité de Rezé-Municipalité de Villa El Salvador, signé officiellement à Villa El Salvador le 2 avril 2004 par Gilles RETIERE, Maire de Rezé et vice-président de Nantes Métropole et Jaime ZEA USCA, Maire de Villa El Salvador.

    Convention Nantes Métropoles- Rezé relative à l'arrosage des espaces verts de Villa El Salvador (Pérou) adopté lors du conseil municipal du 11 avril 2008.

    Articles :

    BAIL Raphaële, juin 2007, Nantes métropole : Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau, article tiré du dossier « Du nord au sud, des communes solidaires », Alternatives Internationales numéro 35.

    BOUGUERRA Larbi, 22 avril 2007, Gouvernance de l'eau : l'urgence de changer de regard et de pratiques, article publié sur le site du dph, Paris.

    BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le site de Mediasol.

    FRECHETTE Lucie, 2001, Quand la jeunesse est conviée à venir bâtir la cité, entrevue avec Michel Azcueta, NPS volume 14, numéro 2.

    DE RAVIGNAN Antoine, juin 2007, Du nord au sud, des communes solidaires, Alternatives Internationales numéro 35.

    Ministère des affaires étrangères et européennes, La France et l'Amérique Latine, article publié sur le site du Ministère des affaires étrangères et européennes dans la rubrique France-diplomatie, mis à jour le 14/08/2007.

    PS-Eau, 2006, Partenariat Villa El Salvador-Rezé pour la gestion et la récupération des eaux, communication publiée sur le site du Programme Solidarité Eau (PS-Eau).

    TROUVILLE Béatrice, 12/1998, Jumelage de la ville de Rezé (France) et Villa El Salvador (Pérou), article publié sur le site de DPH, CEDAL FRANCE (Centre d'Etude du Développement en Amérique Latine), Paris.

    Ouvrages :

    Cités-Unies France, octobre 2000, La coopération décentralisée en Amérique latine, Paris, 37 pages.

    FAVREAU Louis, FRECHETTE Lucie (avec la coopération de Manon BOULIANNE et Solange VAN KEMENADE, Mai 2002, Développement local et économie populaire en Amérique Latine : l'expérience de Villa El Salvador, Université du Québec en Outaouais : Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités : série rapport de recherche numéro 1.

    LABORDE, Pierre, 2001 (2ème Edition), Les espaces urbains dans le monde, Pour mieux comprendre en quoi le développement des villes est un des faits les plus marquants du XXème siècle, Paris : Editions Nathan Universités, collection Géographie, 239 pages.

    GEORGES, Pierre, VERGER, Fernand, 2000, Dictionnaire de la géographie, Paris : Presses Universitaires de France, 500 pages.

    SOLON David, 1998, Villa El Salvador : la vile née du désert, Paris : Editions de l'Atelier, collections les Acteurs du Développement, 157 pages.

    TOURETTE, Florence, 2005, Développement social urbain et politique de la ville, Pour comprendre le malaise urbain et pour mieux appréhender la politique de la ville, Paris : Gualino Editeur, 167 pages.

    Sites internet :

    www.pseau.org : Site du Programme Solidarité Eau (PS-Eau), association française qui encourage et facilite la concertation entre les acteurs de la coopération internationale dans le domaine de l'eau.

    www.diplomatie.gouv.fr : Commission nationale de la coopération décentralisée (CNCD); (voir les sites des dispositifs régionaux de la coopération décentralisée: Résacoop, Ircod...).


    www.cites-unies-france.org. : Site internet de Cités Unies France, portail web de la coopération décentralisée et de l'action des collectivités territoriales françaises.


    www.ciedel.org. : Site internet du Centre international d'études pour le développement local (Ciedel).

    www.d-p-h.info : Site internet du DPH : Dialogues, Propositions, Histoires pour une citoyenneté mondiale.

    www.mairie-reze.fr : Site Internet de la Mairie de Rezé.

    Annexes

    Carte 1 : Processus d'expansion de la ville de Lima entre 1981 et 2000 :

    Source : Atlas Environnemental de Lima.

    Photo 1 et 2 : première étape d'invasion au bord de la Panaméricaine Sud, abris d'esteras59(*) et de tôle:

    Source : Claire Gaillardou.

    Photo 3 et 4 : De la cuve du camion-citerne aux bidons personnels de conservation, un manque d'hygiène flagrant.

    Source : Claire Gaillardou.

    Carte 2 : Couverture du service d'eau  selon les chiffres actuels donnés par la SEDAPAL:

    Source : SEDAPAL.

    Photo 5 : Quartier « invasif » de Villa El Salvador :

    Source : ING Villa El Salvador.

    Carte 3 : Plan de Villa El Salvador :

    * 1 D'après le Ministère des affaires étrangères et européennes, « La France et l'Amérique Latine », article publié sur le site du Ministère des affaires étrangères et européennes dans la rubrique France-diplomatie, mis à jour le 14/08/2007.

    * 2 Portail web de la coopération décentralisée.

    * 3 D'après les chiffres publiés par Cités-Unies France, octobre 2000, La coopération décentralisée en Amérique latine, Paris, 37 pages.

    * 4 Cf. Annexe : Carte 1 : Processus d'expansion de la ville de Lima entre 1981 et 2000. 

    * 5 La plupart de ces périphéries ont pu être qualifiées de « spontanées », car elles sont construites sans planification de l'espace, ni aménagements (sans viabilisation, sans infrastructures d'adduction d'eau ou d'électricité, par exemple), parfois en toute illégalité sur des terres périurbaines.

    * 6 Mur de palmes végétales tressées.

    * 7 Collines sablonneuses à forte déclivité et en perpétuelle érosion, rendant l'habitat précaire et insécuritaire.

    * 8 TOURETTE, Florence, 2005, Développement social urbain et politique de la ville, Pour comprendre le malaise urbain et pour mieux appréhender la politique de la ville, Paris : Gualino Editeur, 167 pages.

    * 9 Cf. en annexe les photos 1 et 2 : première étape d'invasion au bord de la Panaméricaine Sud, abris d'esteras et de tôle.

    * 10 BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le site de Mediasol.

    * 11 D'après l'interview tirée de : BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le site de Mediasol.

    * 12 Idem.

    * 13 Idem.

    * 14 Le « Sentier Lumineux », Sendero Luminoso en péruvien, appartient aux groupes terroristes les plus meurtriers du globe. Mouvement essentiellement rural, il s'est acquis un soutien relativement large, en conservant un langage simple et des symboles traditionnels péruviens.

    * 15 D'après l'interview tirée de : BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le site de Mediasol.

    * 16 Idem.

    * 17 Idem.

    * 18 Cf. Carte de Villa el Salvador en annexe.

    * 19 D'après l'interview tirée de : BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le site de Mediasol.

    * 20 D'après l'interview tirée de : BRUN Thierry (Politis), 12/10/2001, Villa El Salvador, autogestion à tous les quartiers, article publié sur le site de Mediasol.

    * 21 Idem.

    * 22 Communauté urbaine autogérée de Villa El Salvador

    * 23 D'après : SOLON David, 1998, Villa El Salvador : la vile née du désert, Paris : Editions de l'Atelier, collections les Acteurs du Développement, 157 pages.

    * 24 D'après : FRECHETTE Lucie, 2001, Quand la jeunesse est conviée à venir bâtir la cité, entrevue avec Michel Azcueta, NPS volume 14, numéro 2.

    * 25 La loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions ouvre la voie à un profond bouleversement de la répartition des pouvoirs au profit des acteurs locaux. Considérée comme la loi fondamentale de la décentralisation, elle consacre essentiellement trois évolutions : la suppression de la tutelle administrative et financière a priori exercée par le préfet, le transfert de l'exécutif départemental et régional au profit d'un élu local, le changement de statut de la région qui devient une collectivité territoriale de plein exercice.

    * 26 Agencia Peruana de Cooperacion International =APCI.

    * 27 Numéral incorporé par l'Article 2 de la Loi N° 28386, publié le 13-11-2004.

    * 28 Cités-Unies France, octobre 2000, La coopération décentralisée en Amérique latine, Paris, 37 pages.

    * 29 D'après Cités-Unies France, octobre 2000, La coopération décentralisée en Amérique latine, Paris, 37 pages.

    * 30 MAE : Ministère des Affaires Etrangères.

    * 31 Interview tirée d'une brochure publiée par Nantes Métropole sur la coopération en Amérique Latine, diffusée dur le site internet de Nantes métropolitaine en 2004.

    * 32 Idem.

    * 33 Comme nous allons le voir dans notre seconde partie (2.3) avec le projet « Villa Verde ».

    * 34 Acte d'Engagement Municipalité de Rezé-Municipalité de Villa El Salvador, signé officiellement à Villa El Salvador le 2 avril 2004 par Gilles RETIERE, Maire de Rezé et vice-président de Nantes Métropole et Jaime ZEA USCA, Maire de Villa El Salvador.

    * 35 Projets mentionnés sur le site de la mairie de Rezé, Cf. Bibliographie.

    * 36 Renseignements pris auprès de Christophe Halgand, assistant à la coopération à la Mairie de Rezé.

    * 37 Courant marin de surface, parcourant l'océan Pacifique. Prenant naissance près de l' Antarctique, il est froid, environ 7 à 8 degrés inférieur à la température moyenne de la mer à la même latitude; il longe les côtes du Chili et du Pérou et, riches en plancton, ses eaux sont très poissonneuses.

    * 38 GEORGES, Pierre, VERGER, Fernand, 2000, Dictionnaire de la géographie, Paris : Presses Universitaires de France, 500 pages.

    * 39 Cf. en annexe : Carte 2 : Couverture du service d'eau  selon les chiffres actuels donnés par la SEDAPAL.

    * 40 SEDAPAL : Servicio de Agua Potable y Alcantarillado de Lima (Service d'Eau Potable et d'Egout de Lima), Compagnie des eaux de la métropole de Lima.

    * 41 Lima utilise la majeure partie de l'eau disponible dans ses deux cours d'eau le Rímac et le Chillón.

    * 42Cf. Annexes : Photo 3 et 4 : De la cuve du camion-citerne aux bidons personnels de conservation, un manque d'hygiène flagrant.

    * 43 Cf. en annexe : Carte 2 : Couverture du service d'eau  selon les chiffres actuels donnés par la SEDAPAL.

    * 44Titre inspiré de l'article de BAIL Raphaële, juin 2007, Nantes métropole : Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau, article tiré du dossier « Du nord au sud, des communes solidaires », Alternatives Internationales numéro 35.

    * 45 D'après une enquête de BAIL Raphaële, juin 2007, Nantes métropole : Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau, article tiré du dossier « Du nord au sud, des communes solidaires », Alternatives Internationales numéro 35.

    * 46 Créé en 1984, le programme Solidarité Eau (PS-Eau) est une association française qui encourage et facilite la concertation entre les acteurs de la coopération internationale dans le domaine de l'eau. www.pseau.org

    * 47 Sedif = Syndicat des Eaux d'Ile de France.

    * 48 La loi Oudin comporte 2 articles modifiant respectivement le code général des collectivités territoriales et celui de l'environnement.

    Cette loi autorise les collectivités locales françaises, les établissements publics intercommunaux et les syndicats des eaux et/ou d'assainissement à mobiliser pour des actions de coopération de nouvelles sources de financement qui peuvent venir compléter les opportunités déjà existantes. Elle autorise également les Agences de l'Eau à mener des actions de coopération internationale.

    * 49 Propos tirés de l'enquête de BAIL Raphaële, juin 2007, Nantes métropole : Quand les usagers du nord financent l'accès à l'eau, article tiré du dossier « Du nord au sud, des communes solidaires », Alternatives Internationales numéro 35.

    * 50 C'est le programme « Villa Verde ».

    * 51 D'après la Convention Nantes Métropoles- Rezé relative à l'arrosage des espaces verts de Villa El Salvador (Pérou) adopté lors du conseil municipal du 11 avril 2008.

    * 52 D'après le PS-Eau, 2006, Partenariat Villa El Salvador-Rezé pour la gestion et la récupération des eaux, communication publiée sur le site du Programme Solidarité Eau (PS-Eau).

    * 53 TROUVILLE Béatrice, 12/1998, Jumelage de la ville de Rezé (France) et Villa El Salvador (Pérou), article publié sur le site de DPH, CEDAL FRANCE (Centre d'Etude du Développement en Amérique Latine), Paris.

    * 54 Le comité VES est le comité propre à la coopération de Rezé avec Villa El Salvador.

    * 55 Cf. première partie, le dernier projet social est celui de la Casa Alternativa Joven.

    * 56 Il serait aujourd'hui intéressant de mesurer les apports de réciprocité en termes d'enjeux sociaux et notamment de transfert de mécanismes de démocratie participative.

    * 57 Le 4ème forum mondial de l'eau, organisé tous les 3 ans par le Conseil mondial de l'eau, réunit l'ensemble des acteurs impliqués dans le domaine de l'eau et de l'assainissement. Il constitue l'occasion unique de partager expériences et réflexions afin d'influencer les politiques de l'eau. Il s'est tenu en 2006 à Mexico.

    * 58 FRECHETTE Lucie, 2001, Quand la jeunesse est conviée à venir bâtir la cité, entrevue avec Michel Azcueta, NPS volume 14, numéro 2.

    * 59 Abris rudimentaires faits de palmes tressées.






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