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Auxiliaires médicaux et médecins africiains au Togo sous domination coloniale: 1884-1960

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par Zinse Emmanuel MAWUNOU
Université de Lomé - Maitrise 2006
  

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2 - L'attentisme et les solutions anglo-françaises au problème médical.

Après la guerre, c'est-à-dire à partir de 1918, le problème du personnel s'est accentué parce qu'il y avait un climat des méfiance qui régnait vis-à-vis de la colonie allemande : le TOGO.

2-1- L'attentisme anglo-français

Pendant la guerre et durant toute la période d'occupation, la gestion du Togo avait connu un caractère ambigu. Au fait, cette ambiguïté résulte de l'incertitude du sort de la colonie laissée par les Allemands.

Beaucoup de problèmes avaient favorisé ce climat de méfiance. Entre autre, nous pouvons mentionner les rivalités politiques et idéologiques anglo-françaises sur la côte des esclaves et surtout du statut réel du Togo qui n'était pas encore déterminé.

C'est pour ces raisons que Anglais et Français hésitaient à investir et à prendre la relève des Allemands une fois que ces derniers étaient vaincus parce que ni les uns ni les autres ne voulaient pas prendre le risque d'investir au Togo pour enfin se voir évincer de ce territoire. En effet, dans l'idée des Alliés (les Anglais précisément) plusieurs options étaient possibles sur le sort du Togo11(*).

D'abord le Togo pourrait être restitué à l'Allemagne (hypothèses très peu probable) ; ensuite le Togo pourrait être partagé entre la Grande Bretagne et la France ; aussi, le Togo sera cédé en entier soit à la Grande Bretagne soit à la France et enfin le Togo et le Dahomey seront tous les deux cédés à la Grande Bretagne en échange d'autres territoires attribués à la France.

Cette formule purement anglaise était différente de celle formulée par les Français. Pour ceux-ci, Gabriel Augoulvant en donna le ton dans une lettre adressée au ministre des Colonies dans laquelle il prônait l'initiative de proposer un remembrement « définitif » de l'Afrique Occidentale après la guerre12(*), qui supprimerait de nombreuses enclaves sur la côte en absorbant la Gambie, la Guinée portugaise, le Libéria. Le Togo sous occupation peut ainsi être sacrifié sans grand remords.

Revenu à son poste, Clozel ouvre le dossier le 15 mars 1917 et veut de sa part la totalité de l'Afrique Occidentale sans toutefois préciser ce qui serait offert à la Grande Bretagne en contrepartie. Son succession Joast van Vollenhoven trouve qu'il faut avant tout mettre en valeur les territoires mais le Togo ne doit pas être rendu à l'Allemagne.13(*)

Comme on le constate, les solutions possibles étaient fort diverses et ne favorisaient pas une réelle prise en charge du personnel médical autochtone laissé par les Allemands.

2-2- Le problème de personnel médical créé par la guerre.

Au sujet des prestations sanitaires et du personnel médical autochtone, il est difficile, voire impossible, de dire avec précision quel était la situation sanitaire et comment le personnel médical fut géré pendant la guerre et durant l'occupation (Assima-Kpatcha 2004 : 49).

Mais d'après notre documentation et pour les raisons évoquées plus haut, il est presque certain que la guerre et la défaite des Allemands désorganisèrent totalement le système médical et aucune oeuvre significative n'y fut entreprise avant le début des années 1920.

Tout d'abord, le personnel médical autochtone « formé » par les Allemands était en nombre très réduit. Ce nombre était alors à la merci des aléas de la guerre car les médecins et les autres membres du personnel médical étaient mobilisés pour la guerre qui ne s'était achevée qu'en 1918.

Cette mobilisation et aussi le temps qu'avait pris la guerre n'avaient pas permis aux occupants de continuer d'encadrer et même de former des auxiliaires médicaux autochtones.

Ainsi donc, toutes les énergies et l'attention des Européens étaient canalisées vers la guerre. Soigner les autochtones d'un territoire occupée n'était pas une priorité, en plus le sort du Togo était incertain. Il y eut donc un certain attentisme (Assima-Kpatcha 2004 :49).

Ce climat n'avait pu qu'aggraver la catégorie socioprofessionnelle des auxiliaires médicaux.

Toutefois, durant la période d'occupation, le service de santé fut confié aux médecins du corps expéditionnaire (Alonou 1994 : 29). Ces médecins militaires, en nombre très réduit, assurèrent de leur mieux un service élémentaire durant toute cette période (Cornevin 1987 : 274).

Tel a été le problème sanitaire posé par la guerre. C'est alors que chacun de son côté, Anglais et Français en avaient trouvé une formule

2-3- Les solutions anglo-françaises au problème

En 1919 eut lieu le traité de Versailles qui clarifiait le sort du Togo. D'après ce traité, l'Allemagne perdait définitivement le Togo qui passa désormais aux vainqueurs. C'est ainsi que le Togo subit diverses tractations sur ses frontières pour donner ce que nous connaissons aujourd'hui.

Alors la Grande Bretagne et la France se sont partagés le Togo ; la première reçut la partie occidentale et la seconde la partie orientale. Cela permit à chacune d'organiser sa portion de sorte à rayer dans la mesure du possible le déficit né de la guerre. C'est ainsi que des mesures furent prises par la France pour organiser la santé publique (Assima-Kpatcha 2004 : 49). C'était dans ce but que les médecins militaires arrivèrent au Togo ; mais en nombre réduit. Ils étaient probablement aidés par les autochtones recrutés dès les débuts de l'administration civile en 1919. Ces autochtones seraient d'anciens membres du personnel médical de la période allemande mais surtout des Dahoméens.

Sur le personnel médical de la période allemande nous tenons à préciser un fait. En réalité, beaucoup d'entre eux, jugés trop proches des Allemands c'est-à-dire ceux qui étaient germanophiles étaient évincés de la profession par les Français car considérés par ces derniers comme dangereux à leur administration. Les autres qui avaient pu être recrutés par les Français avaient été reconvertis au français (Assima-Kpatcha 2004 : 45).

Sur le personnel du Dahomey, l'administration française eut à importer des médecins et des sages-femmes auxiliaires qui encadrèrent les infirmiers et agents sanitaires formés par les Allemands (Tolgou 1998 : 35). Ce personnel était importé du Dahomey (l'actuelle République du Bénin) parce que cette colonie était aussi administrée par la France ; et ce faisant, la France peut amoindrir ses dépenses coloniales.

D'une manière générale, disons que la première guerre mondiale avait laissé des effets de grande ampleur sur le Togo allemand et donc sur le personnel de santé formé par ces Allemands. Elle avait donc étouffé les activités médicales à cause de l'expulsion des Allemands. Par ailleurs, les nouveaux occupants administraient avec une main molle puisque chacun de son côté jouait sur le sort du Togo. Ce n'est qu'à partir de 1919 que le sort du Togo a été clarifié confiant donc une partie du Togo allemand à la France qui, depuis cette année, en était devenue officiellement la nouvelle tutrice. Ainsi, à partir des années 1920 la France mis en oeuvre de nouvelles structures notamment dans le domaine de la santé pour faciliter l'émergence d'un véritable personnel médical autochtone au Togo.

* 11 Ces options (hypothèses) étaient élaborées par Clifford le 30 Octobre 1914 à la demande du Colonial Office, au cas où la guerre en Europe aboutirait à la victoire des Alliés.

* 12 La lettre en question était datée du 7 Octobre 1916. En effet Gabriel Angoulvant assurait à cette époque l'intérim de Clozel au gouvernement général de l'AOF.

* 13 Concernant les différentes positions anglaise et française sur le Togo, se référer à : Gayibor 1997 : 105-108 et Gayibor 2005 :156-159.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille