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Auxiliaires médicaux et médecins africiains au Togo sous domination coloniale: 1884-1960

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par Zinse Emmanuel MAWUNOU
Université de Lomé - Maitrise 2006
  

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TROISIEME PARTIE

LE RENFORCEMENT ET LA CONSOLIDAION

DU CORPS DES AUXILIAIRES MEDICAUX ET DES MEDECINS AFRICAINS AU TEMPS DES FRANÇAIS : 1922 - 1960

A partir de 1922 et jusqu'en 1960 plusieurs événements intervinrent dans l'histoire du Togo ; événements qui, d'une manière ou d'une autre, avaient défini l'évolution des agents de santé que sont les auxiliaires médicaux et les médecins africains.

En effet, après la Conférence de Versailles en 1919 la partie orientale du Togo a été confiée à la France mais à partir de 1922 le Togo passa sous le mandat de la SDN administré par la France et à partir de 1946 il passa sous la tutelle de l'ONU toujours administré par la France pour accéder à l'indépendance en 1960.

Mais toujours est-il qu'entre 1922 et 1960 les agents de santé avaient bien évolué. Alors, comment s'est renforcée puis consolidée cette catégorie socio-professionnelle des auxiliaires médicaux et des médecins africains au temps de la colonisation française pendant la période de 1922-1960 ?

Cette question principale de cette partie mérite d'être abordée en deux grands domaines. D'abord, nous verrons quelle a été l'évolution de ce corps entre 1922 et 1946 c'est-à-dire sous le régime de mandat puis entre 1946-1960 sous le régime de tutelle.

CHAPITRE CINQUIEME : Les auxiliaires médicaux et les médecins

africains au temps du mandat : 1922-1946

A partir de l'année 1922, les agents de santé autochtones avaient connu une évolution considérable. Au corps d'auxiliaires médicaux qui existait auparavant venait s'ajouter un autre beaucoup plus compétent, celui des médecins africains. Comment les auxiliaires médicaux et les médecins africains étaient recrutés puis formés ?

Ce personnel médical autochtone avait sans doute, accompli plusieurs activités et avec eux il y eut beaucoup d'innovations. Quelles étaient ces activités et les innovations intervenues dans le domaine médical ? Mais avant de répondre à cette interrogation, voyons d'abord quelles étaient les conditions de recrutement des auxiliaires médicaux.

1- Les auxiliaires médicaux et les médecins africains : conditions de

recrutement et formations

Encore appelés « personnel indigène, » le recrutement et la formation des auxiliaires médicaux et des médecins africains ont beaucoup évolué. Qu'en était-il des auxiliaires médicaux ?

1-1- Les auxiliaires médicaux : conditions de recrutement et formation professionnelle.

Cette catégorie d'agent de santé existait depuis l'époque allemande mais

les conditions de recrutement avaient assez varié.

1-1-1- Les conditions de recrutement

Avant 1945, le personnel infirmier était recruté sur le tas et sur ordre du Commissaire de la République, ce qui veut en d'autres termes signifier que c'est le système de recrutement allemand qui se poursuivait jusqu'à cette date à partir de laquelle les conditions ont évolué. Ce n'étaient plus les élèves intelligents, les élèves ayant une écriture lisible, les boys et autres qui étaient recrutés mais le choix se porta sur les élèves ayant un niveau élevé.

Ainsi, pour être admis à effectuer les études préparant au diplôme d'aptitude, les candidats devaient être âgé de 17 ans au moins et 24 ans au plus et remplir les conditions suivantes :

- être de nationalité française (citoyen, sujet ou administré) ;

- formuler une demande d'admission sur papier timbré, adressée au

Commissaire de la République, accompagnée des pièces suivantes :

· un extrait d'acte de naissance ou toute autre pièce en tenant lieu ;

· Une copie du Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires (CEPE) ou d'un diplôme équivalent.

C'était là la première étape qu'on peut qualifier de présélection. Si la

demande est agrée, le postulant aura à compléter son dossier par :

- un extrait du casier judiciaire ;

- un certificat médical constatant que le candidat est apte au service de

l'assistance médicale indigène. Les trois dernières pièces devaient dater de moins de trois mois.

Le candidat devait alors mentionner sur sa demande d'admission le lieu choisi pour subir les épreuves du concours, ainsi que l'adresse à laquelle la convocation devait lui être envoyée.

Le concours était ouvert dans chaque chef-lieu du cercle à la date et à l'heure fixée par le commissaire de la République et sous la direction de l'administrateur commandant le cercle.

Les épreuves du concours étaient du niveau du certificat d'étude et comportaient une composition française d'une durée de 2 heures et deux problèmes arithmétiques d'une durée de 2 heures. Chaque épreuve terminée, elles étaient adressées sous plis cachetés à la Direction de la Santé Publique et corrigées par une commission (Marguerat1992 :122). Le nombre d'élèves à recruter était fixé annuellement par le Commissaire de la République.

A l'issue de ce concours, certains candidats étaient retenus pour être formés.

1-1-2- La formation professionnelle

La formation professionnelle pendant cette période était appréciable. Déjà en 1932 une école de garde sanitaire a été créée à Lomé. En 1938, une autre école de microspistes et d'infirmiers spécialistes de la trypanosomiase ont été créées à Bafilo et à Alédjo15(*) (Alonou 1994 : 37 ; Gayibor 2004 : 583).

Comme nous l'avions dit un peu plus haut, le recrutement du personnel jusqu'à cette date se faisait sur le tas et leur formation, outre celle que recevait le personnel dans les écoles énumérées plus haut il y avait également la formation sur le tas héritée de l'époque allemande.

C'était finalement le décret N° 274/P portant création de l'école des infirmiers et signé le 29 Mai 1945 par le Gouverneur Noutary qui sonna le glas du début d'une formation d'importance au Togo. Cette école avait pour but de préparer à leurs fonctions les infirmiers et infirmières et était rattachée à la formation sanitaire de Lomé et fonctionnait sous la direction du médecin-chef de cette formation assisté d'un médecin résident (Tolgou 1998 : 38).

La durée de la formation, de 6 mois au début fut portée à 1 an puis à deux à la création de l'école et était calquée sur un programme de formation bien défini (Marguérat 1992 :122).

Le programme de formation comportait un stage pratique qui s'effectuait par roulement dans les différents services hospitaliers, ainsi qu'à la pharmacie, au laboratoire de bactériologie et au service d'hygiène.

L'enseignement théorique était assuré l'après-midi et les cours étaient professés par les médecins, les pharmaciens, médecins africains en service à Lomé. Les matières enseignées au début de la création étaient basées sur la morale professionnelle, le rôle de l'infirmier, la technique des soins d'usage courant à donner aux malades, le mobilier et matériel médicochirurgical, la stérilisation et la désinfection, des notions élémentaires de pharmacie  et de laboratoire (Tolgou 1998 : 39 ; Marguerat 1992 : 122).

A la fin de la formation, les élèves subissaient un examen de sortie qui comportait des épreuves écrites, orales et pratiques. Les élèves qui réunissaient à cet examen de sortie étaient nommés infirmiers stagiaires et affectés, à ce titre, dans les différentes formations hospitalières du territoire où ils étaient soumis à un stage d'un an avant qu'il soit statué, d'après leur aptitude et leur manière de servir, sur leur titularisation. Titularisés, ils faisaient partie du cadre local des infirmiers du Togo (Tolgou 1998 : 40 ; Marguérat 1992 : 122). Tels étaient le recrutement et la formation des auxiliaires médicaux. Qu'en était-il des médecins ?

1-2- Les médecins africains : conditions de recrutement et formation professionnelle

Il nous est important de rappeler ici que auxiliaires médicaux et médecins

africains étaient tous des agents de santé ayant servi sous la direction des médecins européens. Pourtant, tous n'avaient pas le même niveau d'instruction, ne recevaient pas la même formation et aussi n'étaient pas formés ensemble. Les premiers (auxiliaires médicaux) étaient formés au Togo alors que les seconds (médecins africains) l'étaient hors du Togo. Leur formation ne leur permettant pas d'accéder au diplôme d'Etat, ils étaient valables seulement pour l'Afrique d'où leur nom : médecins africains (Tolgou 1998 : 35). Quelles étaient alors les conditions de recrutement de ces médecins africains à cette époque et quelle était la qualité de la formation qu'ils recevaient, telles sont les principales questions de cette sous-partie.

1-2-1- Les conditions de recrutement

Les conditions d'admission aux études des médecins africains étaient diverses. Ils pouvaient y parvenir après un processus ou être directement recrutés sur concours.

Sur le processus après lequel on pouvait avoir accès à ces études, voici les propos tenus par le Docteur MIKEM qui fut l'un des médecins togolais ayant suivi ce processus :16(*) « C'est après l'obtention du CEPE que j'ai été admis, sur concours, au cours complémentaire, le « Petit-Dakar » de Lomé. Par la suite, certains services du Togo ayant été transférés au Bénin (le Dahomey d'alors) ; en 1935, le cours complémentaire et même la Direction de la Santé ont été aussi transférés là-bas. Nous avons été donc formés à l'école Victor Ballot de Porto-Novo, de là, nous avons passé un concours qui nous a permis d'être admis d'abord à l'école normale supérieure de Sébicotane, puis, par la suite, grâce à un autre concours, nous avons été admis à l'école de médecine de Dakar. » (Marguerat et Péléi 1992 : 157).

Cette interview du Docteur MICKEM nous révèle les étapes à suivre, à partir du CEPE, pour atteindre l'école de médecine de Dakar. Cette étape, relativement longue serait celle en vogue au début de la colonisation française et probablement jusqu'aux années 1930.

Par contre, d'autres Togolais étaient aussi recrutés directement pour la formation de Dakar. Les médecins et les pharmaciens y étaient admis avec le baccalauréat tandisque les sages-femmes et les infirmiers pouvaient y entrer avec le BEPC (Alonou 1994 : 37), tous sur un concours qui se faisait dans toute l'Afrique Occidentale Française (AOF) le même jour (Marguerat et Péléi 1992 : 161). Les épreuves du concours étaient du niveau exigé pour le concours dans chaque catégorie et pouvaient avoir accès à ce concours tous les Africains ressortissants des pays de l'AOF. Les candidats reçus à la suite du concours doivent alors rejoindre le Sénégal pour être formés.

1-2-2- La formation professionnelle

La formation du personnel qui comprenait donc les médecins africains, les sages-femmes, les vaccinateurs, les infirmiers, les vaccinateurs pour ne citer que ceux-la se faisait à Dakar (qui était à l'époque la capitale de l'AOF) au Sénégal mais aussi au Cameroun (où l'on formait les infirmiers du service de lutte contre la trypanosomiase) et plus tard en France (comme nous le verrons plus loin).

Mais puisque c'est à Dakar que la plupart des Togolais de cette époque étaient formés, nous privilégierons cette ville par rapport aux autres pays.

Le programme de formation de l'Ecole de Dakar (école crée en 1919) était basé sur tout ce qui se rapportait à la médecine préventive et à l'hygiène (Alonou 1994 : 37).

Selon la spécialisé choisie, les futurs agents de santé n'étaient pas formés dans une même école à Dakar puisque la ville de Dakar était en ces moments dotée de :

- un hôpital principal recevant les Européens et certaines catégories d'Africains. L'établissement comprenait une maternité et tous les services de spécialité ;

- Un hôpital central avec Services de spécialités réservé à l'Assistance Médicale Indigène ;

- Une maternité uniquement réservée aux Africains ;

- Une polyclinique dite Polyclinique Roume, organisme de consultations externes ;

- Un institut pasteur, organisme de recherches scientifiques ;

- Une Ecole Africaine de Médecine et de Pharmacie avec des promotions moyennes de 20 élèves et

- Un Ecole de Sages-femmes africaines17(*)

C'étaient dans ces différentes écoles et établissements qu'étaient formés les médecins africains, les sages-femmes, les infirmiers et autres.

La durée de formation était de 4 ans pour les médecins et de 3 ans pour les

pharmaciens et les sages-femmes (Alonou 1994 : 37) ; Marguerat et Péléi 1992 : 162). A la fin de cette formation, un examen de sortie était organisé à la suite duquel les diplômes leur étaient donnés. A la sortie, ils revenaient au Togo pour commencer leur profession.

De toute évidence, ces médecins africains étaient mieux formés que les auxiliaires médicaux et par conséquent, avaient une connaissance plus approfondie que les auxiliaires ; mais tous formaient le personnel médical autochtone.

* 15 Rapport annuel à la SDN, 1932, 1944.

* 16 Interview réalisée par MARGUERAT et PELEI avec le Docteur Pierre Dosseh Nicoué MIKEM, l'un des doyens des médecins togolais.

* 17 Agence de distribution de presse : Guid'AOF : Afrique Occidentale Française cercle par cercle 1949, 1949 p.23

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand