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Bis Repetita Placent : la collection comme mode de construction de la cinéphile

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par Stéphanie POURQUIER
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Master Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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Chapitre III

Un nouveau mode de consommation ?

Il semblerait incomplet d'interroger une pratique culturelle et son mode de consommation sans prendre en compte les dispositifs qui permettent l'application, ou plutôt la mise en place de cette pratique. Nous allons donc nous intéresser aux dispositifs qui permettent la collection, et les modalités d'accès au film.

A- les dispositifs

Parmi les entretiens effectués, aucune jeune femme n'est allée voir le film au cinéma. Cela peut paraître surprenant, en particulier lorsqu'il s'agit d'un film dit « fétiche ». Bien sûr, il nous faut envisager le fait que le film soit sorti en 1987, et que les spectatrices étaient alors beaucoup trop jeunes. Ce vecteur temporel peut, en réalité, nous apparaître comme un indicateur dans la traversée temporelle de l'objet cinématographique.

Nous pouvons imaginer que le phénomène de visionnages récurrents qui nous interpelle n'aurait pas pu avoir lieu sans la mobilisation d'un certain nombre de dispositifs et de facteurs qui ont été permis par l'industrie audiovisuelle.

Est-ce que tu te souviens des circonstances premier visionnage ?

La première fois que je l'ai vu, je devais avoir quoi... 11 ou 12 ans... Je dis ça, parce que je ne me souviens pas très bien, je passais mes vacances chez mes grands-parents... Alors c'était en été... C'était un petit village, où tu vas traîner chez les autres le soir, et chez l'une d'entre eux il y avait ce film... Je passais un peu pour la débile de ne pas l'avoir vu ! Du coup, ils avaient mis la cassette et j'étais genre : « whoah » !! Mais bon,

tu fais mine que ça ne touche pas trop... Car tu en société ! Mais c'est comme ça que je l'ai vu la première fois... Après je me suis rendue compte que tout le monde l'avait vu ! Alors après, je l'ai revu chez d'autres copines et il est passé à un moment à la télé... Puisque je l'ai enregistrée en fait ! La cassette, sélectionnait je ne me l'étais faite moi- même, sur M6 et tout et tout... C'était ma cassette de Dirty dancing !!

Delphine, 24 ans

À travers le témoignage de Delphine sur son premier visionnage, nous pouvons faire deux remarques. La première est l'importance du regard des autres dans la réception de l'objet film. En premier lieu, la jeune fille à regarder ce film pour faire comme les autres, et essaye de masquer son enthousiasme car elle est « en société ». Si d''autres témoignages rejoignent celui-là : beaucoup de jeunes filles ont commencé par regarder ce film pour être comme les autres, celui ci évoque l'importance du regard des autres, obligeant la spectatrice à maintenir une réception de façade (Goffman, 1973)95

La deuxième remarque que nous pouvons faire est le mode de diffusion du film.

Tout d'abord par le biais d'un proche qui possède la cassette vidéo. Le fait d'aller chez autrui pour regarder ce film reprend l'idée de regroupement autour de l'objet et par la même occasion, l'idée d'une socialisation autour de cet objet. De plus, la jeune femme indique qu'à son tour elle a pu enregistrer le film est ainsi posséder sa propre cassette. Étant donné que les jeunes femmes n'avaient pu voir les films au cinéma, le rôle de la vidéo a été considérable dans la diffusion de ce film. À une époque où le DVD, le téléchargement, et Internet n'était pas chose monnaie courante dans les foyers... Les enregistrements vidéo étaient un moyen d'action dans la construction de sa collection cinématographique. Très peu de jeunes filles ont acheté ou se sont faits offrir la cassette vidéo ; la majorité des spectatrices l'avait enregistré. L'importance de la détention commune influe sur l'importance d'un film dans la culture adolescente. Posséder alors la cassette semblait inscrire l'individu dans un système de réception

95 « Quand un acteur adopte un social role établi, ils constatent habituellement que celui-ci implique déjà une façade déterminée. (...) l'acteur se sent toujours contraint à la fois d'accomplir la tâche est de maintenir la façade »

GOFFMAN, Erving, La mise en scène de la vie quotidienne : la présentation de soi, les éditions de minuit, Paris, 1973, 240 p.

collective, et aussi affirmer l'individu de son goût véritable pour cet objet (Bourdieu, 1979).

Est ce que tu te rappelles de la premières fois ou tu a vu le film ?

La première fois c'était avec ma mère ...à la télé...où on est tombées dessus complètement par hasard...et où quand ça s'est terminé j'ai voulu le regarder une deuxième fois...en même temps j'avais treize ans... après quand il est repassé. Quand j 'ai attendu désespérément qu'il repasse je l'ai enregistré pour pouvoir me le repasser trente six fois...

Mélanie, 28 ans

Au reste, nous devons considérer l'importance de la vidéo. Cela sous-entend donc que les foyers des jeunes filles devaient être équipés non seulement en téléviseur mais en magnétoscope enregistreur. De la même manière, à la suite d'un premier visionnage et pour peu que le film n'est pas été enregistré immédiatement, à l'instar de Mélanie, la jeune fille devait attendre une rediffusion.

Et tu ne te souviens pas vraiment la première fois que tu l'as vu ?

Non ! J'ai l'impression qu'il a toujours été là ! Pourquoi ? Bah parce que je sais pas, je, la musique me berce depuis mes vingt ans heu, depuis mes un an heu... Heu les images aussi du film je vois souvent heu... Il passe au moins toujours une fois par an par la télévision...

Marion, 20 ans

Nous pouvons donc imaginer que depuis sa première diffusion, Dirty dancing est devenu au fil du temps un des standards télévisuels, il fait partie des films fréquemment programmés, ce qui, permet à un film d'entrée dans le patrimoine cinématographique populaire. C'est-à-dire d'appartenir à un domaine de références

culturelles cinématographiques sans que pour autant, la salle obscure n'est été fréquentée.

Par la suite, depuis l'apparition du DVD, nous pouvons supposer que les jeunes filles désirant voir ce film ne se heurtent pas aux mêmes types de problèmes.

Avec la création du format numérique, c'est tout un mode de diffusion parallèle qui s'est développée. Il suffit qu'une personne encode96 le film au bon format et le diffuse sur Internet pour alimenter bon nombre de foyers en oeuvre cinématographique. Pour certaines, c'est le moyen sûr pour se procurer le film dans une version particulière. Comme c'est le cas pour les puristes de la version originale. Les plus nostalgiques, préféreront conserver leur cassette, marquée par la détérioration naturelle de la bande et certaines opteront pour un format numérique, facile à partager, facile à transporter et finalement, facile à diffuser. De la position allongée dans son canapé face sa télévision, le mode de consommation a changé. Devant son ordinateur, ou équipés de la télécommande de son lecteur DVD, les progrès techniques permettent une nouvelle appréhension de l'objet cinématographique. La lecture par chapitre que permet le DVD, où les facilités de visionnage d'un film par des logiciels informatiques offrent à chacune la possibilité d'un visionnage personnalisé.

Dans le cas de Dirty Dancing, la large diffusion vidéo fait partie intégrante du mythe comme nous le montre cet extrait d'article de l'encyclopédie numérique Wikipédia:

«The film 's popularity continued to grow after its initial release. It was the #1 video rental of 1988, and also became the first film to sell one million copies on video. When the film was re-released in 1997, ten years after its original release, Swayze received his own star on the Hollywood Walk of Fame, and videos were still selling at the rate of over 40,000 per month. As of 2005, it was selling one million DVDs per year, and as of 2007 it has sold a total of more than 10 million copies.97»

96 Encoder un film consiste en l'enregistrement du film sur ordinateur, ce qui sous entend un changement de format vers un format numérique plus léger. Ce processus nécessite l'utilisation de logiciels d'encodage et d'un ordinateur équipé d'une mémoire tampon suffisamment élevé.

97 Source : www.wikipédia.org.

Traduction : La popularité du film n'a cessé de croitre après son exploitation en salle. C'est le film le plus loué de l'année 1988. Il s'agit du premier film à avoir vendu plus de 1 million de cassettes vidéo. Quand le film est ressorti, 10 ans après, Patrick Swayze a reçu sa propre étoile sur le « Hollywood Walk of Fame », et les vidéos se vendaient à plus de 40 000 exemplaires par mois. En 2005, 1 million d'exemplaire du film sont vendus, et en 2007, on estime à 10 millions le nombre de DVD vendus.

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