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Bis Repetita Placent : la collection comme mode de construction de la cinéphile

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par Stéphanie POURQUIER
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Master Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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Partie III : de la pratique de sortie
à la cinéphilie domestique

« (...) consommé en salle ou à la télévision, le cinéma se situe à l'interface des pratiques culturelles de sortie et des pratiques domestiques 103».

Avec plus de 170 millions d'entrées au cinéma par an104 , la sortie au cinéma demeure une pratique de sortie incontournable en France. Dès lors, il ne s'agit pas de remettre en cause le cinéma comme pratique de sortie mais d'introduire une étude réflexive et exploratoire sur la cinéphilie domestique d'une quinzaine de personnes. Nous utiliserons pour cela les entretiens effectués, au cours desquels les spectatrices ont accepté de répondre un certain nombre de questions sur leurs pratiques liées au cinéma, de leur fréquentation des salles obscures à l'acte d'achat d'un film en passant par leur consommation télévisuelle.

L'étude de ces pratiques s'inscrit dans notre problématique dans la mesure où on peut considérer que le film fétiche de salon tel que nous l'avons décrit peut apparaître comme un bon indicateur de l'importance des pratiques domestiques. Alors : opportunités techniques ou cinéphilie parallèle ? Nous nous interrogerons d'abord sur la circulation de l'oeuvre entre la salle de cinéma et l'espace privé, avant de nous pencher sur la place du cinéma dans le quotidien, et enfin d'ouvrir notre réflexion sur la notion de « cinéphilie parallèle ».

103 COULANGEON, Philippe, Sociologie des pratiques culturelles, La Découverte, Paris, 2005, p. 97

104 CARDONA Janine, LACROIX Chantal, Chiffres clés 2007- Statistiques de la Culture, Département des Etudes, de la Prospective et des Statistiques, La documentation française, Paris, 2007, 224 p.

Chapitre I

De la salle obscure à la DVDthèque

Dans ce chapitre, nous étudierons la circulation des oeuvres cinématographiques ainsi que la circulation des publics « autour » des oeuvres. L'objet-film n'a pas pour seule destination la projection à être projeté dans une salle de cinéma avant d'officier sur les étagères d'un vidéoclub et de finir par être diffusé sur une chaîne de télévision. Il s'agira pour nous d'étudier, la consommation et le « mode de partage105 » des films mais également la mobilité actuelle des films du fait de nouvelles alternatives de circulation et de consommation comme le téléchargement.

A- La consommation

Avec 118.522 milliers de DVD produits en 2005 (contre 3310 milliers de VHS), le commerce du DVD se porte bien106. Il est même devenu, en quelques années, le support par excellence des oeuvres. En effet, en 2004, « 70 % du dépôt légal s'est fait sur DVD ». En 2005, 6,5 millions de lecteurs DVD ont été vendus et on estime aujourd'hui le parc de lecteurs de salon à 19 millions d'appareils, lecteur DVD et magnétoscopes confondus. Le DVD, en quelques années, est devenu un produit de consommation courante.

Les jeunes femmes qui composent notre étude affirment également utiliser et acheter ce support. À la question « achetez-vous des DVD ? » voici quelques réponses :

105 à la fois comme mode de diffusion est comme mode de consommation

106 CARDONA Janine, LACROIX Chantal, Chiffres clés 2007- Statistiques de la Culture, Département des Etudes, de la Prospective et des Statistiques, La documentation française, Paris, 2007, 224 p.

« Seulement de DVD que je suis sûr de revoir après... » Juliette, 24 ans

« Non... On a d'autres moyens de... Je ne sais pas si je peux le dire... » Virginie, 22 ans

« Bah j'ai pas trop de sous... » Marion, 20 ans

« Oui, j'achète les DVD de films qui m'ont beaucoup beaucoup plus ! Quand j'ai envie de les garder, et de les avoir en « beau » ! Mais je n'en achète pas énormément, je crois que je dois en acheter trois par an ! Au total, je dois peut-être en avoir une trentaine, une quarantaine... » Delphine, 24 ans

« Très peu... Car j'utilise surtout des DivX... » Emilie, 26 ans

Les réponses que les spectatrices nous ont donné semble révélatrices des possibilités offertes aux spectateurs. Cependant, nous devons considérés deux choses :

- - Tout d'abord, les spectatrices considèrent l'objet DVD qu'elles achètent comme un objet qu'elles vont conserver ; elles doivent donc savoir, à l'avance, si c'est un film qu'elles vont regarder à nouveau, qu'elles vont partager en groupe, voire prêter. Nous envisagerons donc la possession de l'objet-film comme première marque d'attachement.

- - Deuxièmement, la dimension budgétaire est importante. En effet, les jeunes femmes que nous avons interrogées ont entre 20 et 35 ans107, si elles ne suivent plus d'études, c'est parce qu'elles viennent de s'installer dans la vie active. La culture et a fortiori les loisirs ne sont donc pas leurs premiers pôles de dépenses. Le fait qu'elles doivent payer pour un objet alors qu'elles ont la « possibilité » de se le procurer « gratuitement » pousse celles-ci à se tourner vers d'autres alternatives, dont le téléchargement.

107Les jeunes femmes interrogées ont en moyenne 25, 5 ans.

À l'instar des statistiques nationales, dans les entretiens, nous remarquons que la sortie au cinéma reste une pratique de sortie courante. Si la majorité des personnes rencontrées estime aller au cinéma entre une et trois fois par mois, les plus jeunes ont une fréquentation plus assidue des salles obscures :

Est-ce que tu vas souvent au cinéma ?

« Non, non... Pas du tout... J'en ai pas envie... Ça m'ennuie... J'ai été une très grande fan de cinéma, j'allais voir... Quand j'avais 15 ans... J'allais voir quatre films par semaine... C'est énorme... Et puis un jour, plouf, plus rien... Je ne supporte plus les salles de cinéma... Je ne supporte pas de faire la queue, en attendant de ciné ! Je ne supporte pas... Soit j'y vais, et j'arrive à la dernière minute... Et j 'ai une place, et je regarde mon film et on ne m'emmerde pas... Mais je préfère me louer un DVD, comme ça... Je l'arrête quand je veux, je discute, je vais me faire un thé... Ce qui m'ennuie, au cinéma, c'est qu'on ne puisse pas partager pendant le film nos émotions ! Tu vois, si tu y vas avec quelqu'un, un petit copain mettons... Tu vois, c'est difficile, il y a des choses qui sont difficiles à communiquer... Et tu ne peux pas parler... Parce que ça gêne tout le monde, tu ne veux pas te lever... Tu ne peux rien faire... Et ça, avec mon caractère, ça ne marche pas. Non, je n'aime pas aller au cinéma... Ça m'ennuie... »

Valérie, 35 ans Par mois ? Par semaine... peut être une fois par semaine... je vais surtout voir les nouveautés qui sont bien critiquées. Je suis allé voir Ensemble c'est tout, la dernière fois, 300, heuuum, Contre enquête... ce sont mes trois derniers films...

Marion, 20 ans

Ces remarques corroborent le constat des chiffres clés : « la sortie cinéma est ce qu'on appelle classiquement une « pratique juvénile » : le public du cinéma se recrute essentiellement parmi les individus de 15 à 25 ans.» ( Guy, 2000) Le cinéma reste une pratique de sortie considérable.

La location fait également partie des moyens de consommation de films. Selon nos entretiens, elle est une pratique irrégulière, qui dépend des infrastructures de location mise en place, du lieu d'habitation, de la proposition des films à louer :

Vous arrive t-il de louer des DVD ou des VHS ?

Alors... ouais, y'a 2ans, 2,3 ans, on louait vachement de films... ben c'était aussi l'époque ou y'avait des distributeurs installés partout... dans les villes, dans les quartiers, donc à Strasbourg, ça c'était quand j'habitait encore chez ma mère... avec une copine qui habitait dans le coin on allait souvent se chercher un film et l'après midi, le soir, on se regardait un petit truc... donc ça j'ai fait ça, peut être 6 mois, un an ; maintenant... mais je loue plus du tout... don ouais, je les regardais avec cette amie, plutôt que de errer à rien faire, on se louait des films...

Sophie, 25 ans

En fait, ce n'est pas forcément moi qui ai la démarche d'aller les louer, c'est surtout Jean qui va me dire... Après c'est moi qui vais choisir le film, mais je n'ai pas le réflexe, je n'ai pas la démarche première de me dire, tient on va se mater un DVD... (...) En fait je trouve que ça n'a pas le même impact à la maison... Quoique, avec un DVD c'est encore différent, qu'il va chercher le film, alors j'ai encore une certaine démarche mais quand même tu es beaucoup plus passif, quoi qu'il arrive, en regardant un film chez toi... Et c'est ça qui me gêne... Tu n'as pas l'échange que tu aurais pu avoir après sur un film que tu as vu au cinéma...

Hélène, 23 ans

« Des DVD oui, des VHS non... Plus du tout... Des DVD oui... Il y a un ciné
Bank à 1 m 5 de chez moi alors c'est facile... Des fois quand le soir il n'y a rien à la
télé... Ou quand j'ai déjà tout vu de ce qu'il y a sur l'ordi... Alors je vais louer un
DVD... Mais j'ai souvent la flemme de le ramener après... Mais j'y vais quand même... »
Juliette, 24 ans

La location de DVD sous-entend donc un déplacement, voire même plusieurs, et ne semble pas être particulièrement prisé par nos spectatrices. En effet, cela semble être une solution alternative, quand elles n'ont plus de films à regarder chez elle. Mais cette solution semble petite à petit être mise à l'écart au profit du téléchargement.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote