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impact des APE sur le developpement des pays enclavés le cas du Mali

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par Matiéré Bassian DIARRA
IUG/UFP université de Bamako - Maîtrise en commerce international 2007
  

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L'impact des APE sur le secteur agro-alimentaire

Les relations commerciales avec l'Union européenne représentent un enjeu crucial pour le secteur agricole. Par exemple, les ventes de l'UE représentent 99%, 97%, 88%, 77% et 100% des achats extérieurs maliens respectivement en blé, en farine de blé, en poudre de lait, en autres produits laitiers et en poussins. Les importations agro-alimentaires originaires de l'Union européenne - sans inclure les réexportations qui ne se disent pas, de la part de pays de l'Uemoa - représentent une valeur de 20 milliards FCFA, ce qui est équivalent à 10% du déficit commercial du Mali.

La baisse des droits de douane appliqués aux produits européens à l'entrée de la CEDEAO auraient un impact sur la concurrence vis à vis du secteur agricole qu'il faut considérer à différents niveaux :

de produit à produit, directement sur le marché malien ; les produits européens arrivant sur le marché malien, accroissent la pression concurrentielle sur la production nationale. Sont concernés principalement le sucre, les huiles et les produits laitiers ;

de produit à produit, indirectement via les marchés de débouché des produits maliens ; les produits maliens perdant des parts de marché à l'export au bénéfice des produits européens devenus plus concurrentiels. Sont ici concernés des produits maliens, comme la viande bovine, consommés par ses voisins en particulier les pays côtiers;

de produit à un substitut. Il s'agit ici de prendre en compte les substitutions possibles entre produits maliens et des produits substituables (partiellement). On inclut ici le blé et le riz qui sont deux produits de consommation urbaine principalement (sauf dans les zones de production de riz).

Des simulations sur des modèles de filière ont été réalisées pour les différentes filières. La filière sucre

L'analyse de la compétitivité internationale, à partir des calculs en prix de référence conduit à mettre en évidence la protection dont jouit la production nationale (TPN=110%). Grâce à la protection, ce sont l'ensemble des acteurs concernés par la filière qui bénéficient d'avantages (TPE = 390%). ). Ces avantages sont d'ailleurs au prix d'un effort économique supporté par les consommateurs, sinon, aux prix d'opportunité, la production de sucre ne serait pas rentable.

Les simulations montrent, pour une baisse de 16% du prix du sucre importé -liée à l'abaissement du tarif -, une augmentation des importations d'environ 30000 tonnes. Compte tenu du surplus dégagé par les consommateurs, et du faible niveau actuel de la production nationale, ceci ne devrait pas conduire à une contraction de la demande pour le sucre local. Ce qui est en revanche beaucoup plus significatif est que si la production nationale devenait beaucoup plus importante - par exemple jusqu'à produire 170000 tonnes de sucre comme l'ambitionne le projet Markala - , le rapport entre sucre local et importé changerait radicalement. Pour une baisse de 16,4% du prix des imports et pour une production de 170000 tonnes (soit 28000 ha cultivés, la baisse de prix du sucre importé constituerait une incitation telle sur la consommation que s'opérerait un report de la demande sur les imports conduisant à une contraction de la demande de sucre local de 22 mille tonnes, soit une nécessité de réduire la production de 13% et donc de recalibrer le projet d'investissement.

La filière maïs

Le maïs est classé en catégorie 1 et subit l'imposition de la TVA. Son entrée sans droit de douane correspondrait à une baisse de 4,7% du prix du maïs importé.

Les conséquences d'une baisse des prix d'opportunités du maïs, seraient une baisse de la production nationale de 4,5%. Compte tenu de la part prépondérante de la production nationale dans la formation de la valeur ajoutée, il en résulterait une forte variation de la valeur ajoutée au niveau de la production, de l'ordre de -1,2 milliards FCFA, mais qui serait compensée par l'augmentation du commerce. L'impact global sur la valeur ajoutée serait

limité à -0,2%. Les importations passeraient de 3000 à 20000 tonnes, ce qui induirait une hausse de la facture de 650 millions FCFA.

La filière riz :

L'Union européenne n'est pas un concurrent sur le marché du riz consommé au Mali. Les faibles productions européennes concernent un créneau très particulier de riz haut de gamme à prix élevé. La valeur ajoutée créée par la filière malienne est de l'ordre de 80 milliards FCFA. Les importations représentent un peu plus de 10% de la production nationale. L'ensemble des transferts sur les biens et services échangeables et liés à la politique commerciale du Mali ne sont que de 3,7 milliards FCFA. A supposer que ces transferts soient intégralement liés à la protection vis à vis des intrants originaires de l'UE, on se rend compte que la marge de manoeuvre est très faible à ce niveau pour accroître la compétitivité de la filière.

En revanche, l'APE pourrait avoir un impact sur la consommation. Le riz est largement consommé en milieu urbain, à 40%. On peut ainsi craindre que selon le rapport de prix entre farine de blé, également consommée en ville sous forme de pain, et riz, ne s'opère une substitution en défaveur de ce dernier. Or 30000 tonnes de farines sont importées, principalement de France. L'enjeu de la farine ne porte donc pas seulement sur les industries de minoterie, mais aussi sur une partielle substitution au riz malien.

La filière lait

Le lait est le troisième produit agro-alimentaire le plus importé au Mali. Il vient à près de 90% de l'Union européenne. Mais le montant du total importé ne doit pas faire oublier que le lait est principalement auto-consommé et donc en tant que tel représente une valeur créée considérable pour le pays. C'est l'ensemble de la valeur ajoutée dont il faut tenir compte dans une comparaison internationale.

Or la filière jouit d'une faible protection (TPE et TPN proches de 1). Le coût en ressources internes, proche de 0 indique une très forte valorisation des ressources nationales et donc un intérêt collectif à favoriser la production laitière.

La simulation réalisée conduit à estimer un impact important de la baisse du prix de la poudre sur la production locale. Cette dernière pourrait se contracter de plus de 4%, ce qui conduirait à une diminution de la valeur ajoutée de la filière de 3%. L'augmentation des importations pourrait correspondre à une production de 9000 tonnes de lait frais. La facture d'importation de lait s'accroîtrait de 2,6 milliards FCFA.

Seuls les consommateurs finaux en profiteraient avec une augmentation possible de leur consommation de 2,6% sans avoir à dépenser plus qu'actuellement, mais ceci seulement à condition que la baisse du prix de la poudre soit bien répercutée par les transformateurs et commerçants.

La filière bovine

européenne pourrait devenir beaucoup plus attractive que la viande sahélienne à la suite de la diminution du tarif douanier. Près de 60% de la production et donc de la valeur ajoutée est réalisée grâce au marché d'exportation. Le risque principal pour la filière est donc que se tarisse ce débouché.

Cette perte de part de marché serait alors assez lourde de conséquences. Nos simulations indiquent que la valeur ajoutée de la filière diminuerait de près de 6 milliards FCFA soit une baisse de plus de 8%. Les conséquences sur la production nationale serait une perte de débouchés pour 37000 animaux. Du point de vue macro-économique, la perte en devise serait de 6,6 milliards FCFA sur l'ensemble des exportations soit une chute de 14%.

La filière avicole

La filière avicole malienne n'est certes pas la plus confrontée à la concurrence internationale parmi les filières de la CEDEAO. Elle subit toutefois, au travers de l'UEMOA, les effets indirects d'une politique peu favorable à la filière.

Actuellement, plus que le prix, on peut considérer que ce sont les conditions d'acheminement de poulet congelé depuis la côte vers le Mali qui limitent la concurrence. On peut se demander si la baisse de 20% du tarif du poulet importé de l'Union européenne dans les pays côtiers ne provoquera pas la recherche, de la part d'importateurs ivoiriens ou sénégalais d'opportunités de commercialisation de poulet congelé vers l'hinterland. La diminution d'environ 100 FCFA par kilo du coût de revient sur une base prix CAF de 400 FCFA/kg pourrait devenir incitative et ainsi inverser le flux de marchandise au détriment des exportations maliennes.

L'influence de l'APE sur la production malienne dans sa globalité serait très faible compte tenu du poids de la production auto-consommée actuellement. Mais la perte du débouché à l'export induirait une perte de valeur ajoutée d'environ 1%. A supposer que la totalité de la production du secteur moderne soit exportée vers la Côte d'Ivoire, ce serait 35% de la production de ce secteur qui ne trouverait plus de débouché.

La filière tomate

L'industrie de transformation de tomate ou de concentré est absente du paysage industriel malien. Il existe pourtant un potentiel pour la tomate locale. Dans les conditions actuelles, le droit de douane de 20% sur le concentré accroît donc directement le prix au consommateur de produits de la tomate sans que cela bénéficie aux producteurs. D'autre part, on ne signale pas d'importations de tomates fraîches de l'UE. On peut donc dire que la réduction du tarif, en dehors de considérations fiscales, ne représente pas un enjeu crucial pour la filière tomate.

Les huiles de consommation

Actuellement, l'importation d'huile représente une facture de 5 milliards FCFA mais l'Union européenne ne prend qu'une faible part dans les livraisons (36% de l'huile de soja, soit environ 80 millions FCFA). Pour le Mali spécifiquement, l'APE ne constitue donc pas un enjeu particulier pour les huiles si ce n'est éventuellement pour exporter de l'huile du coton vers l'UE ou plus probablement vers d'autres pays de la CEDEAO.

La filière coton

S'agissant d'une filière d'exportation sans concurrence sur le marché intérieur, la filière coton peut être concernée par la mise en place d'un APE au niveau principalement de l'accès aux intrants. On a simulé en statique - c'est à dire sans prendre en compte l'effet sur le niveau de production - l'effet d'une diminution du prix des intrants sur la valeur ajoutée créée.

Le gain total serait assez faible en comparaison de la valeur ajoutée globale : il serait de 1,3 milliards FCFA au plus, dont environ 1 milliards reviendrait aux producteurs, le reste étant à répartir entre les différents maillons de la filière.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus