EPIGRAPHE
« L'Amérique semble choisir les retour
à Clausewitz, mais sur le terrain de la petite guerre,
c'est-à-dire le mûrissement délibéré des
conflits locaux jusqu'à leur point de fusions, pour les éteindre
effectivement comme naguère les puits de pétrole soufflés
par l'explosif. La logique est l'inverse de celle de la guerre froide : au
plafonnement par le nucléaire succède le déplafonnement
total, puisqu'il est même envisagé dans certaines situations
d'utiliser l'arme nucléaire tactique ».
Alexandre ADLER
DÉDICACE
A toutes ces existences
Croisées dans mon errance
Et ma transhumance :
Parents, frères et soeurs
Enfants, mécènes, connaissances
Et simples passants
Pour un regard volé
Un sourire échangé
Une larme séchée
Rien ne remplace une rencontre
Rien ne vaut une
Communion.
Je dédie ce travail
Roland KAYEMBE MUNGEDI
AVANT-PROPOS
Tant qu'il vit, l'homme ne peut demeurer en repos, car sa
barque ne trouve pas refuge sur l'océan des âges. C'est ainsi que
celui qui aspire au savoir, mène une lutte acharnée dans son
périple intellectuel. Et surtout que le savoir joue le rôle de la
pluie, il fera germer l'intelligence qui cherche à s'affirmer, à
travers la publication des travaux de fin de cycle, mémoires, articles,
essais et ouvrages, au classement des immortels, de par sa renommée.
Car, dit-on, fama volat. C'est-à-dire la renommée se
répand vite.
Le présent travail n'est que le fruit de notre
intelligence et le concours de plusieurs interventions. C'est pourquoi, il
serait indigeste de communiquer à autrui notre oeuvre, qui sanctionne la
fin du second cycle, sans vouer une grande reconnaissance aux personnages si
lettrés ayant accompagné notre cursus jusqu'à ce stade. Il
s'agit tout d'abord du Professeur Joseph LOKULUTU BOKANGA MPENDELE qui, en
dépit de ses multiples occupations académiques et
para-académiques, a accepté de diriger cet exercice. Ensuite nous
exprimons nos tendres délices, dans le même ordre, à
l'Assistant NSAMBA MBOYO, rapporteur dudit travail.
Cependant, nous ne pouvons pas passer sous silence tous les
professeurs du Département des Relations Internationales pour les
connaissances qu'ils nous ont transmises. Aussi avec un coeur sincère,
nous remercions le Professeur Sylvain SHOMBA KINYAMBA pour ses avis,
encouragements qui furent pour nous un stimulant sans pareil.
Il nous serait injuste de ne pas témoigner notre
gratitude à nos parents, frères, soeurs, cousins et cousines,
oncles tant paternels que maternels, tantes et autres, car sans regret ni
ressentiment, leur attachement à notre cause est le reflet d'une chaleur
familiale incontestable.
Nous exprimons, enfin nos sentiments de profonde
reconnaissance à tous ceux qui, de près ou de loin ont
contribué à la réussite de ce travail, et en particulier
à Papa J.C. N'LOLA et Maman Fifi, Papa Colonel NYOMBI, à mon
estimé Serge BANGOBANGO, à Maître KABANDA Etienne, à
mon complice de tout le temps Freddy KABONGO, à mon plus que
frère Séraphin MULUMBA ainsi qu'à tous mes compagnons de
lutte, camarades, amis et connaissances. Nous pensons ici à : Eric
MUSENGE, Etty MBUYI, Bernard MUANZA, Bertin TSHAMA, Bertin MWABILA, Guylain
PANZU, Niclette MOSEMO, Francis MUKUNA, Gay MUKUNA, Bob KATAY, Ben OKOKO, Fils
BABAKILA, Slo BATULI, Ramzy NDUANGABO, Junior NKUNKU, Popol KASONGO, Pathy
FOLI, Joe KAY, Général DJOKO, Eric KOLA, Charles NKANKU, Betty
KULOBWASA, Amelia MUYA, Coco MAKOKO, Bijou BWEBWE, TUMBA Justine, et autres
dont nous ne saurions établir une liste exhaustive, car ils sont si
nombreux dans nos coeurs et nous sommes convaincu que vous vous
reconnaîtrez dans ce travail.
Dit-on : « Nil perfectum sub sole »
loin de nous la prétention d'avoir réalisé un travail
parfait, nous endossons l'entière responsabilité des
insuffisances qu'il pourrait contenir.
Roland KAYEMBE MUNGEDI
ABREVIATIONS
1. ABM : Anti Balistic Missile
Missile Anti-Missile Balistique
2. ASAT : Anti-satellite
3. AWACS : Airborne Warning and Controle
System
Système de detection aéroporté (SDA)
4. CENTAG : Central Army Group
Groupe d'Armés Central
5. CERI : Centre d'Etudes et de Recherches
Internationales
6. ICBM : Intercontinental Ballistic Missile
Missile Balistique Intercontinental
7. IDS : Initiative Defense System
Initiative de Défense Stratégique
8. IRBM : Intermediate - Range Ballistic
Missile
Missile Balistique de portée intermédiaire
9. MIRV : Multiple Independently Targetable Reentry
Vehicule
Corps de Rentrée Multiples à trajectoires
individuelles commandées
10. MRBM : Medium Rang Balistic
Missile Balistique moyenne portée
11. NMD : National Missile Defense
Missile National de Défense
12. NORTHAG : Northern Army Group
Groupe d'Armées Nord
13. OTAN : Organisation du Traité de
l'Atlantique-Nord
14. PSI : Initiative Pan Sahélienne
15. SACLANT : Supreme Allied Commander,
Atlantic
Commandant Suprême Allié, Atlantique
16. SALT : Strategic Arms Limitation
Treaty
Traité sur la limitation des armes
stratégiques
17. URSS : Union des Républiques Socialistes
Soviétiques
18. USA : United State of America
Etats-Unis d'Amérique
INTRODUCTION
1. PROBLÉMATIQUE
La société internationale est selon l'avis de
certains spécialistes, caractérisée par une anarchie. Ce
qui fait que chaque Etat poursuit son intérêt national, mais la
politique leur permet non pas à l'harmonisation et la conciliation, mais
l'ajustement des intérêts d'autant plus que cela est tributaire ou
fonction des objectifs poursuivis par les différents acteurs de la vie
internationale.
D'un côté, depuis 1945, le monde parait
fracturé, l'affirmation par les Etats-Unis d'un modèle politique
et économique combinant la démocratie et un libéralisme
plus ou moins bien aménager socialement. Formant un réseau
imposant de partenaires et d'alliés en Europe, en Asie et au
Moyen-Orient, les Etats-Unis disposent aussi d'une puissance militaire sans
précèdent. A en croire François GERE, depuis 1998, le
budget militaire américain (270 milliards de dollars) a repris sa
progression pour la première fois depuis 1985, sans justification
impérieuse1(*).
Or, même si les Etats-Unis ne revendiquent pas
explicitement une vocation impériale, mais un leadership, ils disposent
de fait d'une supériorité qui s'exerce par l'effet
quasi-mécanique d'une loi newtonienne de gravité de la
puissance.
En complément, l'action souvent brutale des entreprises
américaines sur le marché mondial, les discours sur les
bienfaits du leadership américain, la tentation affirmée par des
hautes personnalités sorties de charge d'une OTAN qui prendrait une
dimension mondiale, achèvent de susciter une défiance
angoissée dans une vaste partie du monde.
Une cause d'alarme supplémentaire vient de ce que les
Etats-Unis, à ce jour, ne formulent aucune doctrine cohérente.
N'avouant rien de prévis, ils laissent tout soupçonner. Au cours
de l'été 1999, dans un discours solennel à l'Institut
Aspen du Colorado, le Secrétaire d'Etat adjoint de l'Administration
Clinton, M. STROBE TALBOT, soulignait que les Etats-Unis n'entendaient pas
intervenir partout et tout le temps mais précisait qu'ils devraient
avoir à certains moments clés et dans certains endroits la
volonté et la capacité de s'opposer, de dissuader et, si c'est
nécessaire, de vaincre les régimes antidémocratiques
lorsqu'ils menacent d'autres Etats qui s'efforcent de se constituer sur la base
des principes de la démocratie libérale »2(*).
Cependant, il fallait attendre au lendemain du drame du 11
septembre 2001 que le Président Bush puisse déclarer que les
Etats-Unis interviendront partout où leurs intérêts seront
remis en cause par les ennemis de la démocratie.
L'ingérence n'est érigée en principe.
Pour autant, elle n'est pas récusée. Faute de mieux, la logique
conclura que les Etats-Unis pratiqueront une stratégie opportuniste, au
gré de leurs intérêts et de variations conjoncturelles de
leur politique intérieure. Interventionnisme aléatoire qui ne
peut qu'alarmer tous ceux qui, n'étant pas alliés des USA,
peuvent penser qu'un jour ou l'autre, ils pourraient être une cible.
De l'autre côté, se situe donc là, parmi
les pays inquiets de la fin de la guerre froide, le second camp. S'y
développe un discours politico stratégique qui revendique la
multipolarité comme un état plus juste au regard du monde
unipolaire, sous l'hégémonie des Etats-Unis et de leurs clients.
Autour de cette thématique, se regroupent aujourd'hui des pays tels que
la Chine, la Russie et leurs partenaires d'Asie centrale, dans le cadre du
groupe se Shanghai crée en 1996, et sans oublier la France. A ceux
là, il faudrait ajouter aussi cet acteur non étatique qui est le
terrorisme, ne cessant pas de revendiquer la justice ainsi que
l'égalité entre les Etats en récusant ainsi la politique
étrangère des USA jugée injuste vis-à-vis de
certains peuples.
De ce fait, il ressort clairement que cette cassure ne
ressemble en rien à la bipolarité de la guerre froide,
rigidifiée par la course aux armements nucléaires entre les deux
grands. Géographiquement et politiquement, hormis le terrorisme, les
tenants de la multipolarité sont plus unis par leur crainte de
l'hégémonie et de l'ingérence des Etats-Unis que le
véritable partage des valeurs et d'intérêts communs.
Cependant, puisqu'il existe une hypothèse
généralement admise selon laquelle en relations internationales
c'est la puissance qui détermine la place et le rôle d'un acteur
dans le système international. Et aussi que l'intérêt
minimum de chaque Etat est sa survie, la préservation de son
identité politique et culturelle face aux Etats tiers.
A la lumière de toutes ces considérations
évoquées ci haut, nous nous posons un certain nombre de questions
devant trouver des réponses au sein de notre travail :
· Quelle est la stratégie américaine de
défense et comment est-elle organisée ?
· Comment se présente-t-elle face aux mutations du
système international ?
· Est-elle la même comme à l'époque
de la bipolarité ou elle a évolué avec la recrudescence du
terrorisme international ?
Telles sont des interrogations auxquelles nous essaierons
d'apporter une lumière tout au long de notre travail.
2. HYPOTHÈSES DE
TRAVAIL
L'hypothèse d'un travail est définie comme
étant une proposition qui tente d'expliquer le problème
posé à partir de l'observation. C'est une idée directrice,
une tentative d'explication des faits formulés au début de la
recherche destinée à orienter l'investigation et à
être maintenu d'après les résultats de l'observation et de
l'analyse3(*).
D'emblée, il faut bien admettre avec
Thérèse Delpech que les années 1990, dont les attentats du
11 septembre sont l'apothéose inattendue, ont progressivement
débouché sur une « géopolitique du
chaos »4(*). Mais
cette « géopolitique » s'accompagne d'orientations
stratégiques inédites qui se profilaient discrètement
avant de s'imposer après le 11 septembre sous la forme d'un plaidoyer
pour une « action préventive tous azimuts » qui
prend la relève d'une théorie de dissuasion.
Par conséquent, nous pouvons dire que la politique
américaine de défense au fil des années peut se comprendre
ou être appréhendé sur base des éléments
ci-après :
- Priver tout agresseur potentiel de base d'attaque contre le
territoire américain ;
- Promouvoir l'autodétermination et la
démocratie dans le reste du monde ;
- Protéger et développer le commerce
international ;
- Etablir ou maintenir dans le monde un équilibre de
forces favorables aux Etats-Unis5(*).
Pour ce qui est de l'organisation de cette politique de
défense nationale des USA, nous devons retenir qu'il existe des organes
militaires et civils spécialisés en cette matière
(Pentagone, CIA, FBI, DIA, CNS, NSA).
En outre, la politique de défense américaine ne
peut pas demeurer statique. Elle doit s'accommoder à la nouvelle
situation qui se présente. Hier, on parlait de la guerre par
procuration, guerre localisée. Mais aujourd'hui, il s'agit plutôt
de la guerre préventive, guerre chaude,
déterritorialisée.
Partant de ce fait, et surtout des autres facteurs aussi
importants, les Etats-Unis sont conscients que leur état
d' « hyper puissance » et surtout leur façon
de concevoir le monde ne sont plus les mêmes auprès des autres
civilisations. D'où il faut prévenir que guérir en
attaquant l'ennemi avant qu'il ne vous surprenne. Ce qui n'était pas le
cas lors de la bipolarité. Car durant cette période
régnait la dissuasion nucléaire empêchant les deux grands
de s'affronter directement.
A ce sujet, nous sommes du même avis avec Olivier
MONGIN, Directeur de la rédaction de la revue internationale
« Esprit » lorsqu'il affirme qu'aujourd'hui, alors que
l'équilibre des Etats ne repose plus sur une lutte idéologique,
alors que la terreur est un facteur de déséquilibre et que la
menace ne concerne pas que les pays de la périphérie puisque
même le territoire américain peut être touché, la
stratégie post-guerre froide désormais suivie est une
« stratégie tous azimuts qui s'appuie sur l'idée
d'action préventive »6(*).
En des termes clairs, couplé à la dissuasion
nucléaire, le containment fut le principe organisateur de la
stratégie américaine durant toute la guerre froide. Face au
nouvel ennemi de l'Amérique, la nébuleuse du terrorisme islamique
et les gouvernements susceptibles de les appuyer, l'administration Bush veut
forger une nouvelle doctrine : l'action préventive7(*).
3. MÉTHODES ET
TECHNIQUES
Avant l'élaboration de tout travail scientifique, les
méthodes et techniques demeurent un passage obligé pour tout
chercheur, car grâce à elles qu'un travail dit scientifique
aboutit à une formulation des résultats scientifiquement
prouvés et démontrables.
A. Méthodes
Une méthode est constituée d'ensemble
d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre et les vérifie8(*).
Dans le cadre de notre travail, les méthodes
ci-après nous ont apparu appropriées :
a. La méthode
dialectique
L'un des mérites de la méthode dialectique est
de mettre l'accent sur l'unité des phénomènes de la
réalité, sur l'idée de totalité (concrète).
Cette méthode nous a permis de cerner les contradictions, les
confrontations qui naissent au sein du système international et
bouleversant ainsi les relations internationales. Par rapport à notre
sujet d'étude, cette méthode nous a servi à dégager
les contradictions ayant conduit à la guerre froide, aux attentats
terroristes contre les intérêts américains et à la
lutte contre le terrorisme afin de palper du doigt les dispositifs de
défense relatifs à chaque réalité
indiquée.
b. L'approche
anthropologico-diplomatico-stratégico militaire
Cette approche nous a permis de démontrer les facteurs
idéologiques fondés soit sur une stratégie militaire de
risque ou sur une stratégie prudente de conservation,
c'est-à-dire basée sur la défense et la prévention
de la guerre, selon que le système soit, soit fermé ou ouvert.
Par le truchement de cette approche nous avons eu le
privilège de pénétrer le système américain
de défense pendant la bipolarité et ensuite observer le
comportement des USA après les frappes du 11 septembre 2001 dans le
souci de déceler une nouvelle stratégie de défense et
enfin d'établir une comparaison entre les deux systèmes.
c. Méthode
comparative
Cette méthode nous a servi à comparer la
stratégie de défense des Etats-Unis d'Amérique de la
guerre froide à celle de l'après guerre froide et plus
précisément à partir de l'action préventive que les
américains ont amorcé pour faire face aux Etats voyous ainsi
qu'aux terroristes.
d. Méthode
culturaliste
Elle nous a permis à interpénétrer le
terrorisme dans une dimension de choc des civilisations, c'est-à-dire le
conflit entre la culture judéo-chrétienne contre la culture
arabo-musulmane. Les terroristes accusent Washington de bercer Israël au
détriment de la Palestine. Donc, depuis le début du siècle
on retrouve les mêmes débats, les violences entre les
entités arabes et les israéliennes.
e. La théorie de jeu
C'est en fait une théorie qui met aux prises deux
parties à tel point que l'une de partie doit emporter sur l'autre, ou
encore les deux parties acceptent un compromis pour éviter la
destruction mutuelle. C'est la situation qu'ayant connue les Etats-Unis et
l'ex-URSS durant la course aux armements pendant la guerre froide, et ayant
débouché à la signature de plusieurs accords relatifs
à la réduction des armements (Salt 1, Salt 2, etc.).
B. Techniques
Selon le professeur OLOFIO, « la technique peut
être entendue comme un outil de travail, un instrument de
découvrir, d'observer les faits et de recueillir des différentes
données sur ces faits »9(*).
Pour ce qui est de notre travail, nous avons fait recours aux
techniques documentaires lesquelles consistent à manier les
écrits des différents spécialistes en rapport avec le
sujet sous examen.
Ainsi, nous nous sommes adonnés aux documents
écrits et audiovisuels traitant et abordant « l'hyper
puissance » américaine après la guerre froide, la
dissuasion nucléaire pendant la bipolarité, la course aux
armements, toujours dans le but d'appréhender les données
spécifiques à la stratégie des USA au regard du changement
de la configuration du système international.
4. CHOIX ET
INTÉRÊT DU SUJET
Il se présente comme le premier acte que l'on pose dans
le processus de toute recherche scientifique. Il n'existe pas à ce
propos un procédé unique présidant à la
détermination d'un thème d'investigation. Ce choix peut provenir
de l'intuition personnelle du chercheur, comme il peut être le
résultat d'une influence directe ou indirecte subie par celui-ci.
Etant des futurs chercheurs et analystes en relations
internationales, nous affirmons que le sujet tel qu'il se présente
revêt une importance capitale à savoir :
- Primo, il retrace le passage de la fin de la
bipolarité à la lutte contre le terrorisme ;
- Secundo, de ce fait, il se propose de pénétrer
le système de défense américain de la guerre froide avec
toutes ses ramifications pour l'opposer au nouvel ordre sécuritaire
ayant vu le jour après les frappes apocalyptiques du 11 septembre ;
- Tertio, établi un parallélisme entre la
politique de défense de la bipolarité et celle de la guerre
préventive dans le souci de dégager les éléments
nouveaux de la stratégie américaine actuelle de
défense.
Cependant, nul n'ignore que l' « hyper
puissance », l'unilatéralisme ainsi que l'interventionnisme
américain, reflet de la politique étrangère des USA de nos
jours, suscitent de remous et des inquiétudes dans le chef des autres
acteurs étatiques.
Ainsi, partant des considérations
précédentes, en mettant un accent particulier à la
stratégie militaire des USA, notre contribution dans ce travail est de
démontrer comment un Etat, aussi puissant soit-il, parvient à
réajuster sa politique de défense nationale, après avoir
perdu son invulnérabilité par des attaques terroristes. Et
comment l'illusion du paraître peut céder à la
réalité par rapport aux dommages subis, et après
rédécoller sur des nouvelles bases sécuritaires.
Bref, notre étude démontre comment la psychose,
la terreur, à l'instar d'un missile nucléaire soviétique,
peuvent amener un Etat puissant comme les USA à réadapter et
réaménager leurs systèmes de défense nationale.
5. DÉLIMITATION DU
SUJET
Restreindre son champ d'investigation ne devrait pas
être interprété comme une attitude bien au contraire, comme
une contrainte de la démarche scientifique. En effet, « toute
démarche scientifique procède fatalement par un découpage
de la réalité. Il n'est pas possible d'étudier, de
parcourir tous les éléments influents jusqu'aux extrêmes
limites de la terre et jusqu'au début des temps »10(*).
Ainsi, bien que notre sujet présente une
complexité, cela ne vous empêche pas de procéder à
une délimitation spatio-temporelle exacte et stricte.
A. Sur le plan temporel
Du point de vue temporel, la borne inférieure est
l'année 1947 (début de la guerre froide) et la borne
supérieure est 2003 (intervention et occupation des USA en IRAK). Ces
bornes sont retenues car elles renforcent des éléments
clés ainsi que des événements ayant contribuer à la
consolidation du système de défense américain pendant la
bipolarité et aussi au réaménagement de ladite
stratégie après les attaques du 11 septembre 2001.
B. Sur le plan spatial
Du point de vue de l'espace, cette étude s'étend
non seulement sur le territoire américain, mais aussi sur les espaces
où se trouvent les intérêts américains. Ici, nous
savons fort bien que pendant la bipolarité, les USA avaient leurs Etats
satellitaires où se trouvaient les bases militaires américains en
Europe, en Afrique, en Asie, etc., et la sécurité des USA les
impliquait directement. Raison pour laquelle en Europe il y a eu l'OTAN.
De nos jours, avec l'action préventive, certains Etats,
pour la sécurité des USA, sont occupés. Il s'agit de
l'Afghanistan, l'Irak. D'autres sont menacés d'intervention
américain, là nous avons : la Corée du Nord, la
Syrie, le Soudan et autres. Tous ces Etats, étant donné qu'ils
sont liés à la sécurité des USA,
intéresseront notre travail.
6. PLAN SOMMAIRE DU TRAVAIL
Outre l'introduction et la conclusion, ce travail se subdivise
en quatre chapitres. Ainsi,
· Le chapitre premier est consacré aux
explications conceptuelles (définition des concepts et notions de
base) ;
· Le chapitre deuxième s'atèle, à
son tour, aux objectifs et nature des défis auxquels les USA font face
en matière de défense et de sécurité ;
· Le chapitre troisième aborde la politique de
défense des USA pendant et après la guerre froide ;
· Le chapitre quatrième analyse les données
comparatives de la stratégie américaine de défense au
regard des mutations du système international.
PREMIER CHAPITRE :
EXPLICATIONS CONCEPTUELLES
Nous allons tenter au cours de ce chapitre de procéder
par la précision des concepts et notions de base estimées
clés pour la compréhension de notre étude.
SECTION I.
DÉFINITION DES CONCEPTS ET NOTIONS DE BASE
§1. Constance
Selon le Dictionnaire illustré 2001, le mot constance
vient du matin : constantia. Il signifie la qualité d'une personne
qui persévère dans son action, dans ses sentiments ou ses
opinions. Il se comprend aussi comme une force morale de quelqu'un qui ne se
laisse abattre par rien. Enfin, il peut aussi être perçu comme
qualité de ce qui dure, de ce qui est stable, de ce qui se
reproduit11(*).
Quant à nous, nous dirons que la constance signifie
état de quelque chose qui est permanent à travers les
époques ou les périodes, quelle que soit l'influence des agents
extérieurs, la chose garde toujours le statu quo.
§2. L'évolution
Etymologiquement, ce mot vient du latin évolutio :
déroulement. Il s'agit d'une transformation graduelle et continuelle.
Sur le plan militaire, souvent au pluriel, il se dit du mouvement
ordonné exécuté par une troupe, des véhicules, des
navires, des avions, dans une formation précise fixée
d'avance12(*).
Nous pensons, à notre niveau, que le terme
évolution peut être compris comme un changement graduel et non
brusque par rapport au statu quo d'une chose.
§3. Mutation
Ce terme provient du latin : mutatio, de mutare,
changer. Il s'agit d'un changement durable ; une évolution.
Une mutation peut aussi se comprendre comme un changement, une
évolution dans le sens d'une durabilité.
§4. La
géostratégie
Avant de procéder à l'appréhension
proprement dite de cette notion, il est impérieux de cerner deux
concepts à propos desquels règne une certaine confusion. En effet
les termes : « stratégie » et
« tactique » sont très souvent utilisés au
domaine militaire.
Cependant, quoique ces deux termes aient une origine
militaire, ils sont susceptibles d'avoir une application beaucoup plus
générale et d'être utilisés dans un domaine plus
vaste.
Si l'on en croit Karl Von Clausewitz, dans son ouvrage
consacré à la guerre, « la tactique est l'enseignement
de l'emploi des forces armées dans le combat ». Tandis que la
« stratégie est l'enseignement de l'emploi des combats en
fonction du but de la guerre »13(*).
Cette opinion est clairement exprimée par GONIDEC
lui-même, lorsqu'il affirme que par opposition à la
stratégie, « la tactique concerne les moyens et les
méthodes utilisés par les acteurs internationaux pour
réaliser leurs objectifs. Entre la stratégie et la tactique, il y
a donc toute la différence qu'il y a entre la fin et les moyens.
Cela dit, il n'y a cependant pas une séparation
tranchée entre la stratégie et la tactique »14(*).
Après avoir lever la voile entre la stratégie et
la tactique, nous tenterons maintenant d'appréhender la notion de
« géostratégie ».
A ce sujet, le professeur LOKULUTU estime que pour bien
définir la géostratégie, il faut tenter de concilier
plusieurs définitions qui ont déjà apporté
l'éclairage sur l'essentiel du concept
« stratégie » et qui se réfère
à l'organisation des pouvoirs qui régissent la défense
d'un pays, à la définition des menaces contre lesquelles la
notion entend lutter, à l'acquisition des armes qui y correspondent, la
mobilisation des esprits et des bras pour faire face aux problèmes
posés par la subversion, le terrorisme, le pacifisme et enfin à
la sécurité des approvisionnements en énergie et en
matières premières. En d'autres termes, la défense d'un
Etat, c'est tout cela, un ensemble complexe et multiforme, qui évolue en
fonction des données de la géopolitique, de la technologie et,
enfin, des priorités générales des gouvernants
appuyées par l'adhésion indispensable des
gouvernés15(*).
Il nous serait incomplet de terminer cette partie
réservée à la notion de la géostratégie sans
parler de la culture stratégique.
En effet, le concept de culture stratégique est apparu
aux USA à la fin des années 70 dans le souci d'échapper
à un éthnocentricisme américain politique et
stratégique.
Plusieurs chercheurs souhaitaient élargir leur champ de
recherche à l'histoire stratégique, aux rapports entre culture et
guerre, la psychologie sociale et aux études géopolitiques
régionales. Par conséquent, la culture stratégique est
l'ensemble des pratiques traditionnelles et des habitudes de pensée qui,
dans une société géographiquement définie,
gouvernent l'organisation et l'emploi de la force militaire au service
d'objectifs politiques.
La culture stratégique compte six facteurs
déterminants :
- l'assisse géopolitique
- les relations internationales : qui sont les
alliés ? les ennemis ? comment fonctionne le système
international ?
- l'idéologie et la culture politique
- l'histoire militaire
- les relations entre civils et militaires, l'armement et la
technologie militaire.
Une culture stratégique résulte des
opportunités, des ressources et de la façon dont celles-ci ont
été gérées, ainsi que des leçons qu'une
société choisit de retenir de son histoire. On peut d'ailleurs
constater que les sociétés sont, dans une large mesure,
prisonnières de ce passé.
§5. La guerre froide16(*)
Née au 14ème siècle sous la
plume de Juan Manuel d'Espagne, l'expression « guerre froide',
utilisée en 1947 par Bernard Baruch, conseiller de Roosevelt et
popularisée par l'éditorialiste Walter Lippmann, désigne
essentiellement la confrontation soviéto-américaine qui
façonne les relations internationales pendant près de 50 ans. A
une époque où la guerre était, pour reprendre Clausewitz,
la continuation de la politique par d'autres moyens, en succède une
où l'arme nucléaire interdit toute confrontation directe. La
dissuasion nucléaire appelle même une certaine rationalité
entre deux belligérants qui, s'ils usent de l'intimidation, la
propagande, la subversion, la guerre locale par alliés
interposés, s'emploient d'abord à ce que cette guerre froide ne
se réchauffe pas trop.
« Guerre improbable, paix impossible »,
selon la formule de Raymond Aron, guerre idéologique surtout,
menée par deux pays « universalistes » au nom de la
« démocratie » et de la
« paix », la guerre froide n'en a pas moins provoqué
une course aux armements, la mort de millions d'hommes, dans les tiers monde en
particulier. Partageant le monde en deux sphères politiques,
économiques et militaires, peu de régions échappant
à son emprise, elle modèle aussi la politique intérieure
des deux grands. Donnant l'occasion aux USA d'étendre leur influence sur
le monde, d'assumer, en prenant la tête du monde libre, un leadership
longtemps repoussé, la guerre froide fournit en outre au régime
soviétique une raison d'être, un ennemi extérieur à
combattre.
Pour ce qui est de ses origines, des responsabilités de
la guerre froide nourrit-elle un débat historiographique
passionné, essentiellement américain, les russes s'en tenant
à l'histoire officielle soviétique mettant en cause
l'Amérique pour avoir introduit l'élément atomique dans
leurs relations.
Si du côté américain, la thèse
orthodoxe rejetant la responsabilité de la guerre froide sur l'URSS
règne longtemps sans partage, opposant moralement le totalitarisme et
l'expansionnisme de l'URSS aux valeurs américaines de liberté, le
débat qui épouse les rythmes de la vie intellectuelle
américaine prend corps lorsqu'une école révisionniste
autour de Williams, auteur de The Tragedy of Americain Diplomacy (1959), remet
en cause « l'innocence », des USA : par delà
l'idéalisme affirmé, la politique étrangère
américaine, liée aux milieux d'affaires, s'avérait
résolument impérialiste, ouvrant le monde à ses ambitions
et à son économie. Dans cette perspective, l'URSS en position
d'infériorité, confrontée à l'expansionnisme
économique et idéologique de l'Amérique, est constamment
sur la défensive. La responsabilité américaine lui
apparaît d'autant plus engagée que la supériorité
écrasante des Etats-Unis aurait dû lui permettre d'envisager plus
sereinement la montée des antagonismes. Mais que l'URSS ait
été une davantage par la hantise de la sécurité
que par ses ambitions idéologiques, que les responsables
américains aient diabolisé leur adversaire et surestimé la
menace soviétique n'empêche pas l'école
poste-révisionniste, aujourd'hui, dominante, de vouloir remettre les
choses à leur place et souligner qu'à vouloir trop stigmatiser
les travers américains, les révisionnistes ont gommé la
nature effroyable et la culpabilité fondamentale du régime
soviétique17(*).
§6. Le terrorisme
Selon Alain Denvers, spécialiste des grands
débats d'actualité sur TF1, le terrorisme est une forme de
violence qui, soit par son caractère aveugle (elle touche n'importe qui
au hasard, des « innocents »), soit par
l'impossibilité d'identifier physiquement les auteurs de l'acte (au
moment où il est commis) soit par manque de capacité des victimes
à pouvoir riposter (personnes désarmées), vise à
créer un sentiment de terreur et d'impuissance dans un pays (gouvernants
et gouvernés)18(*).
Le dictionnaire Petit Larousse illustré 2001, quant
à lui, définit ce terme comme « un ensemble d'actes de
violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation pour
créer un climat d'insécurité, pour exercer un chantage sur
un gouvernement, pour satisfaire une haine à l'égard d'une
communauté, d'un pays, d'un système19(*).
Cette opinion est clairement exprimée dans le rapport
annuel américain 2003 sur le terrorisme, lorsqu'il est affirmé
que le terrorisme désigne des actes de violence
prémédités à motivations politiques
perpétrés contre des non combattants par des groupes
sous-nationaux ou des agents clandestins, généralement dans le
but d'influencer un public.
Le terrorisme international s'applique au terrorisme
concernant des ressortissants ou le territoire de plusieurs pays.
Le terme « groupe terroriste »
désigne un groupe qui pratique, ou qui possède de sous-groupes
importants pratiquant le terrorisme international.
Le gouvernement des Etats-Unis emploie ces définitions
à des fins statistiques et analytiques depuis 1983.
Toujours, d'après ce rapport, le terrorisme
intérieur est probablement un phénomène plus
répandu que le terrorisme international. Etant donné que ce
dernier a des impacts directs sur des intérêts des USA, c'est lui
qui fait l'objet principal des analyses du présent rapport20(*).
Au regard de toutes ces approches définitionnelles,
nous pouvons affirmer, à notre tour, que le terrorisme est un moyen
d'expression la plus cruelle, utilisée par un groupe ou un réseau
d'individus organisés de complicités politiques,
économiques et techniques, suscitant ainsi une terreur, un climat
d'insécurité dans le chef des concernés.
Dans le but de bien étoffer cette question sur
l'appréhension épistémologique du terrorisme, les concepts
suivants méritent d'être clarifiés :
1. Le bioterrorisme
Il n'est pas à confondre avec « la guerre
biologique » désignant la contamination
délibérée d'humains, d'animaux ou des plantes. Par contre,
il désigne la possibilité d'attentats terroristes qui seraient
perpétrés au moyen d'armes nucléaires,
bactériologiques, chimiques ou radioactives dites NBC.
2. Le cyber-terrorisme
Cette expression désigne la capacité de
récupérer, par un réseau des méchants, sur Internet
et d'utiliser des programmes de piratage informatique, ayant une réelle
volonté de nuire. Donc c'est l'utilisation des programmes très
pointus pour provoquer des réels dégâts ou exercer un
chantage.
3. Le kamikaze
Littéralement, il signifie « souffle ou vent
divin ». C'est un terrorisme sacrificiel où on trouve les
commandos suicides. Il s'agit pour un groupe d'individus de se livrer
même à la mort pour atteindre un objectif.
La stratégie de l'attentat suicide date du
11ème siècle, quand la secte des Assassins s'en servit
pour promouvoir son islam. Même pendant la seconde guerre mondiale, les
pilotes japonais furent recrutés pour des opérations dites
« kamikazes », avec ces instructions : « il
n'est absolument pas question pour vous de rentrer vivants ». Votre
mission, c'est la mort »21(*).
Les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par
19 terroristes islamiques reflètent la forme la plus sophistiquée
de l'histoire de kamikaze. Ainsi, l'islamologue LuiS MARTINEZ,
spécialiste de la violence politique au centre d'études et de
recherches internationales (CERI), affirme qu' « il s'agit
là d'un type nouveau des terroristes, en rupture totale avec ceux que
l'on a pu connaître auparavant, y compris les kamikazes
palestiniens ».
Pour sa part, EHUD SPRINZAK, spécialiste du terrorisme
et Doyen de l'Institut des Sciences Politiques de Herzliya, en Israël,
s'est exclamé : « nous avons publié un livre sur
les attentats suicides, mais, maintenant, il nous faut le
réécrire : nous avons affaire à un modèle,
complètement nouveau ? »
§7. La politique de
défense
Selon le dictionnaire Larousse illustré 2001, la
défense nationale est l'ensemble des moyens et organismes civils et
militaires assurant la défense du territoire, des institutions et de la
population, et garantissant le respect des engagements internationaux22(*).
Cette opinion est bien exprimée par HENRI PAC,
lorsqu'il affirme qu' « il s'agit d'une activité de la
collectivité nationale visant à satisfaire le besoin de la
sécurité extérieure. Elle signifie doter le pays d'une
pensée stratégique capable de guider l'action des forces
armées dans les conflits potentiels, le monde étant ce qu'il est.
Il s'agit de créer un nouvel ordre de défense défini
comme : « la faculté d'analyser une menace polymorphe,
d'en distinguer les forces et les faiblesses, et d'y faire face dans une
situation qui n'est ni de paix ni de guerre. C'est défendre le bien
commun de la patrie contre la menace extérieure, c'est ce devoir
sacré de la défense de la patrie, que l'on appelle couramment,
« la défense nationale »23(*).
En effet, la politique de défense quant à elle,
c'est l'ensemble des mesures prises par l'Etat pour défendre les
intérêts fondamentaux de la nation, en tout temps, en toute
circonstance et contre toutes les formes de menaces menées contre un
autre Etat, ou encore l'action de repousser une agression dirigée contre
soi ou contre les autres.
Cependant, partant des considérations
précédentes, il convient d'établir un distinguo entre la
défense nationale et les doctrines militaires, car la défense
nationale n'est pas seulement la chasse gardée militaire.
1. Les doctrines militaires
On emploie souvent le terme de stratégie pour
désigner les doctrines qui se sont développées en
matière militaire. On donne alors à ce terme un sens
différent de celui que lui attribuait Clausewitz. Il ne s'agit plus de
l'art d'employer des forces armées pour atteindre des buts politiques,
mais, selon une conception plus exhaustive, « l'art d'employer la
force ou la contrainte pour atteindre des buts fixés par la
politique » (Général Beauffre), étant entendu
qu'il peut s'agir simplement d'une menace et non d'un emploi effectif.
En croire l'auteur, le terme
« stratégie » est impropre, car, en ce sens, il
relève de l'ordre des moyens, donc de la tactique, et non de l'ordre des
objectifs, à quoi correspond le terme de stratégie. On ne peut
parler des doctrines stratégiques que dans la mesure où il s'agit
de désigner les doctrines politiques appliquées au domaine
militaire, c'est-à-dire des doctrines qui visent à définir
la politique d'Etat en matière militaire. Or, de ce point de vue, il est
bien évident que tout Etat doit définir ses objectifs en fonction
de sa politique générale24(*).
Nous devons noter que les doctrines militaires contemporaines
ont évolué en fonction du rapport de forces entre les USA et l'ex
URSS.
§8. Sécurité
nationale
Il est un concept qui a évolué à travers
les époques, beaucoup d'auteurs ont tenté d'en donner un sens,
mais il reste un sujet à controverse. Il n'existe pas de consensus sur
la question de savoir quand est intervenu le tournant conceptuel menant
à la notion telle qu'elle est entendue aujourd'hui. Trois propositions
se partagent le champ dissensuel.
Selon Helga Haftendorn, la sécurité nationale
est le produit direct de l'institutionnalisation progressive de l'État
souverain depuis le XVII siècle.
Quant à Ernest May, il décèle l'usage du
concept de « sécurité nationale» dans la doctrine
politique réactive dévouée à la protection de la
souveraineté étatique, qui se serait développée
surtout après la Seconde Guerre mondiale25(*).
Enfin, liée à la deuxième proposition,
l'idée de sécurité nationale a émergé aux
États-Unis après 1945, comme une expression forte de la remise en
cause du cadre restreint des études et des politiques de défense.
Le but de ce tournant sémantique était de resserrer les liens
entre les activités défensives de l'État et celles du
département d'État, afin d'établir la politique
étrangère des États- Unis au sein d'un cadre politique
plus large que celui dessiné symboliquement par la notion
d'intérêt national26(*).
Qu'est donc la sécurité nationale ? Autant la
clarification conceptuelle est absente, autant il existe plusieurs
définitions de la sécurité nationale et internationale,
sans une réelle interaction. Notons-en quelques-unes. Penelope
Hartland-Thunberg écrit « la sécurité nationale est
la capacité d'une nation à poursuivre avec succès ses
intérêts nationaux tels qu'elle les voie à n'importe quel
endroit du monde »27(*).
Selon Giacomo Luciani, « la sécurité
nationale, c'est la capacité de résister à toute agression
étrangère »28(*).
Pour Frank N. Trager et Frank Simonie, « la
sécurité nationale est cette partie de la politique
gouvernementale qui a comme objectif central la création de conditions
nationales et internationales favorables à la protection et à
l'extension de valeurs vitales nationales contre des adversaires existants ou
potentiels »29(*).
Arnold Wolfers, quant à lui, établit une
distinction : « Dans un sens objectif, la sécurité mesure
l'absence de menaces pesant sur les valeurs acquises ; dans un sens subjectif,
elle désigne l'absence de peur que ces valeurs soient attaquées
»30(*).
Enfin, selon Barry Buzan, « dans le cas de la
sécurité, la discussion consiste à se soustraire à
la menace. Dans le contexte du système international, la
sécurité désigne la capacité des États et
des sociétés à préserver l'autonomie de leur
identité et leur intégrité fonctionnelle »31(*).
Ces définitions appréhendent tout le concept
à travers un ou plusieurs biais restrictifs. Relevons-en quelques-uns.
Les trois premières définitions tombent facilement dans la
catégorie d'une vision réaliste de la politique internationale au
sein de laquelle l'objectif de l'État est la quête de la puissance
à travers l'intérêt national. Elles restreignent
considérablement le champ d'application du concept de «
sécurité nationale ». Par ailleurs, la définition de
F. N. Trager et de F. Simonie recèle l'inconvénient d'être
élitiste et bureaucratique. Ils font de la sécurité
nationale un pur instrument de promotion et d'extension des « valeurs
nationales vitales ». Cette idée peut être
interprétée comme étant la manifestation d'une
volonté de puissance impérialiste. En effet, parmi les valeurs
nationales, il y a assurément l'idéologie organisatrice de
l'État. Un État, à mesure que sa puissance croît,
peut être amené à penser que sa culture et son mode de
gouvernement sont les parangons à suivre pour un meilleur
développement économique et social.
§9. La
sécurité collective
Notion signifiant que la sécurité et
l'intégrité territoriale d'un Etat reposent, non sur son effort
militaire propre, mais sur la recherche de solutions négociées
(bons offices, médiations) ou sur la garantie collective.
Il n'est pas un secret de Polichinelle que la
sécurité collective est l'un des thèmes principaux
développés par le courant idéaliste ou normatif des
relations internationales contemporaines. Ce thème aboutit à la
création, non seulement de la Société des Nations, mais
aussi de l'Organisation des Nations Unies qui, en dépit des
calamités apparaissant sur l'échiquier international, s'efforce
de demeurer sur des voies et moyens susceptibles d'améliorer les
possibilités de maintien de la paix et de la sécurité
internationale.
Voilà pourquoi la Charte de l'ONU en ses chapitres VII
et VIII, s'est spécialement livré aux mécanismes du
système de sécurité collective et leurs modes
d'application. Il convient de noter qu'à l'heure de la mondialisation
où l'on pense à la villageisation du globe que la
sécurité inter étatique soit un élément
prépondérant dans les relations entre les Etats pour que
l'équilibre politique, économique et culturel soit maintenu entre
eux.
D'où l'importance des organisations régionales
de sécurité collective pour pallier les efforts de l'ONU.
CHAPITRE
DEUXIÈME : OBJECTIFS ET NATURE DES DÉFIS DES USA EN
MATIÈRE DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Nous savons que, sur le plan stratégique, et surtout de
défense, tout Etat est un adversaire potentiel pour l'autre. Et aussi au
niveau du système international, certaines menaces, notamment le
terrorisme, rendent l'espace géopolitique tantôt pacifique,
tantôt violent.
C'est pourquoi, dans ce chapitre, nous nous sommes
proposés d'aborder les facteurs ayant influencée et qui
influencent le comportement américain en matière de
défense nationale. Et pour ce faire, nous avons retenu l'ex- Union
Soviétique et le terrorisme international afin de démontrer les
atouts qu'ils possèdent et qui ont influés sur le système
de défense américain.
D'une manière générale, nous allons
illustrer, au cours de cette partie, les constituants de la force
soviétique et du terrorisme international.
En outre, s'agissant des objectifs et nature des défis
auxquels les USA font face, nous pouvons affirmer ce qui suit :
qu'après l'effondrement de l'ex- URSS l'attention des américains
s'est concentrée sur l'Irak, puis vers les pays du tiers monde, la
Somalie, Haïti où vers les Balkans, puis l'Afrique des Grands Lacs.
Mais à nos jours les priorités majeures se situent dans d'autres
régions : le Proche-Orient, l'Asie Centrale, l'Asie du Sud et le
Nord-Ouest du Pacifique. La détention de l'arme nucléaire par
certains Etats du tiers monde (Inde, Chine, Pakistan, Corée du Nord)
inquiète les USA, entre temps la crainte de voir la Russie reconstituer
sa puissance d'antan, la présence des Etats voyous qui, selon
Washington, soutiennent les terroristes, sont aussi des défis à
ne pas négliger.
Ainsi nous aurons deux sections. L'une en rapport avec
l'empire du mal et l'autre avec l'axe du mal.
SECTION I. LA NATURE DU
DÉFI SOVIÉTIQUE
§1. Stratégie et
structure de la défense soviétique
Si l'on croit le professeur VENEZIA, nous dirons avec lui que
pendant longtemps, en effet, les doctrines stratégiques
soviétiques sont demeurées immuables32(*).
Pendant plusieurs années, bon nombre des
théoriciens pensaient que la troisième guerre mondiale serait
nucléaire. Raison pour laquelle l'ex- URSS a été
caractérisée, depuis les années 60, par la perfection de
son arsenal nucléaire. Le Maréchal MALINOVSKI déclarait en
son temps que : « le meilleur moyen de défense de l'URSS
n'est pas d'attaquer, mais d'avertir l'ennemi que nous disposons de moyens
puissants et que nous sommes prêts à l'anéantir à la
première tentative d'agression »33(*). Ces phrases ont
été prononcées au moment où le
déséquilibre entre les deux grands au profit des USA rendait
plausible pour les soviétiques une agression nucléaire
dirigée contre l'URSS, ce qui explique que toute la stratégie
militaire reposait sur l'hypothèse privilégiée d'une
riposte à une agression nucléaire.
A. Situation de
défense avant Gorbatchev
La période d'avant Gorbatchev a été
marquée par plusieurs faits notamment :
- la division de l'Europe en deux ;
- le loup de Prague en février 1948 ;
- l'incident de l'U2, avion espion abattu au-dessus de
l'URSS ;
- les victoires militaires dans un tiers monde enclin aux
turbulences (Vietnam, Mozambique, Angola et Guinée Bissau) ;
- l'invasion de l'Afghanistan en 1979 ;
- la course aux armements par la mise au point des SS-20 en
1975.
§2. Le pacte de Varsovie
Traité « d'amitié, de
coopération et d'assistance mutuelle » établi le 14 mai
1955 en réplique au réarmement allemand et à
l'intégration de la RFA dans l'OTAN neuf jours auparavant, le pacte de
Varsovie, copie conforme de l'OTAN, rassemble sous commandement militaire
soviétique toutes les forces armées des pays d'Europe de l'Est,
à l'exception de la Yougoslavie. Institutionnalisant en fait des
relations militaires établies par traités bilatéraux entre
1945 et 1948 entre l'URSS et les pays de son glacis, à l'exception de
l'Allemagne de l'Est, le pacte est aussi un moyen pour l'URSS, à la
veille de la signature du traité d'Etat autrichien, de justifier sa
présence militaire en Hongrie et en Roumanie. Outre cette logique de
guerre froide, l'instauration du pacte s'inscrit dans les débuts de la
déstalinisation : au système stalinien où la mainmise
soviétique sur des pays satellites ignore les identités
nationales, succède un pacte en théorie plus égalitaire,
mais Moscou joue le rôle prééminent en plaçant le
commandement unifié aux mains d'un maréchal soviétique, en
déterminant souverainement la politique militaire de cet organisme qui
ne comporte pas d'état-major comparable à celui de l'OTAN, et
surtout, en installant des troupes soviétiques dans plusieurs pays
membres. Plus qu'une alliance militaire véritable, le pacte de Varsovie
vise essentiellement à maintenir l'ordre en son sein et à
préserver l'hégémonie politique et militaire de l'URSS sur
l'Europe de l'Est.
1. Objectifs du pacte de
Varsovie
Bien qu'il ne soit pas facile de discerner les buts politiques
et militaires à long terme des soviétiques et de leurs
alliés de l'ex pacte de Varsovie, leur objectif principal, en temps de
paix, était toujours d'exploiter les points faibles de l'OTAN. Au cours
des dernières années, l'Union soviétique s'est
lancée dans une habile et subtile campagne de relations publiques visant
à minimiser la menace que constitue le Pacte aux yeux des Occidentaux.
Elle a annoncé des réductions unilatérales d'armements et
de dépenses militaires et elle a fait connaître sa nouvelle
doctrine militaire défensive. De plus, les manoeuvres de l'armée
soviétique comportaient souvent des opérations
défensives.
2. Dissolution du pacte de
Varsovie
Alors que les démocraties populaires revendiquent avec
de plus en plus de virulence un égal partage des responsabilités
au sein du pacte et un accès indépendant aux armes les plus
avancées.
En 1983, les autorités Est allemandes et
tchécoslovaques montrent ouvertement leur peu d'enthousiasme face
à la décision de Moscou de déployer des missiles SS-20 sur
leur territoire, l'alliance Gorbatchev un regain de tensions avec
l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir en mars 1985, le lancement de la
perestroïka et l'affaiblissement de l'Union Soviétique qui
l'accompagne.
Après l'effondrement des régimes communistes et
celui du mir de Berlin en 1989, les nouveaux gouvernements appellent à
la transformation de cette alliance militaire anachronique en une alliance
politique. En juin 1990, Gorbatchev les rejoint dans ce souhait et met fin
à 45 ans de domination militaire soviétique sur l'Europe de
l'Est. Mais en septembre 1990, l'Allemagne de l'Est quitte le pacte deux
semaines avant la réunification. La structure militaire du pacte est
dissoute en mars 1991, et sa structure politique en juillet. Les troupes
soviétiques (564000 hommes au total en 1990) sont rapatriées
progressivement, de Hongrie et Tchécoslovaquie en 1991, de Pologne en
1993, d'Allemagne enfin en septembre 1994 conformément à l'accord
« 2+4 » de réunification.
SECTION II. LE TERRORISME
INTERNATIONAL
§1. Origine
Comme phénomène, le terrorisme n'a pas une date
précise pour ce qui est de sa genèse. Il est vieux comme le
monde. Les Zélotes de Palestine vers 70 après J.C., la secte des
Assassins qui opéra en Perse et en Syrie aux 11ième et
au 13ième Siècle y recouraient déjà. Il
a fallu attendre que la Révolution française lui donne ses
lettres de noblesse, puisqu'elle en fit presque une forme de gouvernement en
1793, avec le régime de la « Terreur ».
A la fin du 19ième Siècle et au
début du 20ième Siècle, l'Europe connaît
sa première vague de violence systématique, notamment en
Russie.
Le terrorisme, étant complexe car il y a diverses
sortes de terrorisme, selon des buts et des stratégies
différents, s'avère un des instruments les plus puissants de la
guerre moderne.
Ce phénomène se présente finalement comme
la plus violente de la guerre psychologique : l'objectif fondamental
étant de créer une psychose auprès du public, de
déstabiliser les esprits34(*).
A ce sujet, Roland JACQUARD, dans son ouvrage, note que c'est
sous le terme de « terroriste » que les documents romains
de l'époque 132 à 135 après J.C. ont qualifié le
meneur de la révolte juive, BARKOKHBA, avec pour conséquence la
destruction totale de Jérusalem, remplacé par la ville Romaine
d'AELIA CAPITOLINA35(*).
§2. Objectifs des terroristes
Dans les lignes précédentes, il a
été démontré que le terrorisme a comme objectif
fondamental de créer ou de susciter une psychose auprès du
public.
A l'époque, les terroristes visaient essentiellement
des hommes d'Etats. Les présidents GARFIELD et Mc KINLEY
tombèrent sous leurs coups aux Etats Unis, mais aussi le
président français SADI CARNOT en 1894, le Premier ministre
espagnol CANOVAS en 1897, l'impératrice ELISABETH d'Autriche en 1898, le
roi d'Italie UMBERTO en 1900, ... la liste est loin d'être exhaustive.
Tout le monde peut être visé. Et la peur
s'installe. Quels sont les endroits faut-il éviter de
fréquenter ? Où frapperont-ils la prochaine fois ?
Cette psychose déstabilise, tout particulièrement, un pays. Elle
ne produit pas les mêmes effets sur une population en état de
guerre qui sait qu'elle peut être touchée, et en a admis le
principe de gré ou de force.
C'est ainsi que, toujours dans cette même optique, le
Président des Etats-Unis d'Amérique, Georges W. BUSH
déclara : « Le 11 septembre, les ennemis de la
liberté ont commis un acte des guerres contre notre pays. Les
Américains ont connu des guerres mais depuis cent trente-six ans ces
guerres ont toujours eu lieu à l'étranger, à l'exception
d'un certain dimanche en 1941. Les Américains ont subi des pertes
humaines causées par la guerre, mais non dans le centre d'une grande
ville par un matin calme. Les Américains ont connu des
attaques-surprises, mais jamais auparavant contre des milliers de civils. Tout
cela nous est arrivé en un seul jour, et la nuit est tombée sur
le monde différent, un monde où la liberté elle-même
fait l'objet d'une attaque [...]36(*).
Si l'on croit le professeur DIUR KATOND, les objectifs
principaux des terroristes peuvent se classer comme suit : 37(*)
1. Obtenir de
l'argent
Les réalités démontrent à
suffisance que certains groupes terroristes possèdent des budgets
énormes. Les cas du budget de l'OLP, il dépasse 800 millions de
dollars, soigneusement placés dans les banques suisses ou investis dans
des valeurs sûres.
Les terroristes opèrent plusieurs actions pour avoir
les ressources financières, telles que les prises des otages, les primes
versées par les compagnies aériennes pour éviter les
détournements d'avions, etc.
2. Tuer des
personnalités qui risquent de gêner leur action
On se rappellerait que les modérés de l'OLP,
partisans d'un dialogue avec l'Israël, furent les victimes. On se
souviendrait aussi des attentats contre de nombreux diplomates de plusieurs
pays et ceux contre REAGAN et le Pape Jean Paul II.
3. Prendre des otages
Ceci fut une tactique la plus utilisée dans l'histoire
du terrorisme. Il a été un moyen par lequel ils se
ressourçaient car les gouvernements ont souvent payé en argent ou
en fourniture d'armes la libération de leurs ressortissants.
4. Faire peur aux
populations et aux gouvernements par des attaques surprises et suicides
Les attentats commis dans les rues, dans les trains, dans les
magasins, dans les bateaux, les avions, créent un sentiment de terreur
et de psychose.
5. Affirmer la force de la
foi islamique
Il apparaît aux yeux du monde que les attentats suicides
orchestrés et perpétrés de par le monde ne sont que les
fruits des islamiques extrémistes.
La question est de savoir si l'Islam favorise le terrorisme,
ou encore s'il est prévu dans le Coran et dans la Charia les recours aux
violences pour revendiquer ou défendre une cause.
AKEF, membre du Hezbollah, explique sa position :
« Le Hezbollah, c'est Dieu, c'est le peuple et sa force ! Nous
n'avons pas un chef mais des lignes générales, (...) Nous
combattons les juifs de toutes nos forces jusqu'au bout. Avec l'aide de Dieu,
nous allons construire une société islamique qui guidera le
monde. Il n'y a pas de méthode interdite quand il s'agit d'auto
défense. 38(*)»
Lorsque BEN LADEN déclare : « je jure
par Dieu que les Etats-Unis d'Amérique ne connaîtra pas la
sécurité avant que la Palestine ne la connaisse ». Ces
paroles étaient diffusées en boucle à travers tout le
monde musulman et ont essaimé de Djakarta à Casablanca comme un
tapis de bombes à fragmentation39(*).
Par ailleurs, Cheikh Mohamed Sayyed Tantaoui, Recteur de la
grande mosquée Al-Azher du Caire, après la tragédie du 11
septembre, s'est levé en affirmant sans trembler : tuer des hommes,
des femmes et des enfants innocents est un acte horrible et hideux qu'aucune
religion monothéiste n'approuve et qui est rejeté par tout esprit
humain sain. » 40(*)
Il est évident que certains adeptes de l'Islam, en
pratiquant le fanatisme, veulent fusionner cette religion à la
cruauté, à la violence. Or l'Islam prêche la
tolérance. A en croire OUSSAMA Ben LADEN et BUSH, nous dirons que nous
assistons à la guerre des religions qu'eux désignent par d'autres
termes en disant : la guerre entre le bien et le mal, la guerre entre les
croyants et les infidèles, etc.
§3. Types du terrorisme41(*)
Le terrorisme, non seulement a plusieurs formes, mais aussi
divers types. C'est à travers leurs actions, leurs objectifs et leurs
idéologies qu'à travers les époques que cette typologie a
été rendue possible.
Nous avons :
· le terrorisme nationaliste
· le terrorisme révolutionnaire
· le terrorisme d'Etat ou international
Voyons l'aspect spécifique de chaque type.
1. Le terrorisme
nationaliste
Il est pratiqué par des mouvements de libération
nationale, en général par des groupes ou des ethnies qui luttent
pour l'indépendance.
Il a été largement utilisé durant toute
la période de décolonisation depuis 1945, notamment en
Algérie. Les rébellions sikhs et tamoules ben ont fait une arme
redoutable ainsi que les Basques, les Irlandais et les Palestiniens. Les juifs
l'ont également pratiqué avant 1948 lorsque l'Irgoun, ayant
à sa tête Menahem Begin, futur Premier ministre, s'est
attaqué, avec des bombes, à la présence britannique sur la
« terre promise ».
A l'origine, de façon générale, c'est une
poignée d'intellectuels et d'idéologues qui décide
d'engager la lutte armée. En admettant qu'ils parviennent à
réunir suffisamment des combattants pour mener des actions de
guérilla, ils n'ont pratiquement aucune chance de triompher
militairement de forces gouvernementales plus nombreuses et mieux
organisées. Ils ont donc recours au terrorisme pour entamer un cycle de
violence et de déstabilisation. Le gouvernement, qui n'en connaît
pas les auteurs, opère des arrestations dans les milieux
nationalistes.
Le terrorisme, dans ce cas de figure, aura permis de renverser
un équilibre militaire largement défavorable au départ.
L'exemple de la lutte menée par le F.L.N.
algérien est presque caricatural de la réussite de cette
stratégie. Cette illustration ne prouve pas l'utilisation du terrorisme
soit toujours couronnée de succès. Encore faut-il que la
volonté d'indépendance soit partagée par la
majorité de la population.
Le terrorisme des Palestiniens représente un cas
particulier. N'ayant pas de territoire propre où perpétrer des
attentats, ils ont posé leurs bombes ailleurs, au Moyen-Orient et n
Europe.
L'OLP a essentiellement utilisé le terrorisme de 1970
à 1974 pour faire connaître sa cause au monde entier. Il l'a
abandonné que YASSER ARAFAT a obtenu la consécration
diplomatique, très exactement le jour où l'Assemblée
Générale des Nations Unis a reconnu son mouvement comme le
« représentant du peuple palestinien ».
Cet abandon, relatif d'ailleurs, de la violence aveugle a
provoqué une scission au sein de l'OLP, puisque les
éléments radicaux ont poursuivi cette forme de lutte.
Précision que ce type de terrorisme nationaliste
s'appuie sur un combat plus classique : la guérilla.
2. Le terrorisme
révolutionnaire
Généralement l'objectif stratégique des
terroristes révolutionnaires est le même que celui des
nationalistes.
Ils veulent déstabiliser puis reverser un
système politique en amenant un gouvernement à militariser les
institutions puis à supprimer suffisamment de garanties
démocratiques pour que le peuple bascule dans la révolution.
Ce type de terrorisme correspond à une culture de
société. Il sévit surtout en Amérique latine et en
Europe. A un niveau nettement moindre, dans les pays arabes.
Depuis le 19ième Siècle,
l'Amérique Latine vit ainsi avec une tradition de
révolutionnaires qui pratiquent simultanément la guérilla
et le terrorisme. Leur objectif est de provoquer une réaction forte de
l'institution pivot de cette région : l'Armée.
En règle générale, ils ne sont jamais
déçus. Les exactions des militaires contre « le sentier
lumineux » au Pérou, les forces armées
révolutionnaires (F.A.R.C.) ou le mouvement M19 en Colombie, ont permis
aux rébellions d'asseoir leur base populaire.
En Europe occidentale, le terrorisme révolutionnaire
est très différent. De façon cyclique, chaque crise de
mutation des sociétés est accompagnée de périodes
terroristes. La bande à Baader, les Brigades rouges, Action directe sont
dans le droit de fil des poseurs de bombes qui luttaient contre la
révolution industrielle du siècle dernier. A chaque fois, il
s'agit d'une crise d'identité.
Mais aujourd'hui, le terrorisme est devenu plus
« scientifique ». Les cibles sont soigneusement choisies.
Sont visés en priorité des hommes politiques, des grands patrons
ou des magistrats qui symbolisent un système économique oppressif
et détesté, car dans la plupart des cas, les
révolutionnaires européens sont des extrémistes de gauche.
Aucun groupe n'a réussi jusqu'à présent
dans ses tentatives. Néanmoins, il est évident que la fraction
armée rouge allemande (R.A.F. de Baader) ou que les Brigades rouges
italiennes ont bénéficié à leur début, dans
les années 70, d'un certain soutien moral auprès des
étudiants, des intellectuels et des ouvriers.
La démocratie italienne a même été
un instant en danger, en 1978, après l'enlèvement, suivie du
procès révolutionnaire et de l'assassinat du leader de la
démocratie chrétienne, Aldo Moro.
Les réseaux terroristes révolutionnaires sont
difficiles à démanteler car ils vivent dans une
clandestinité absolue, protégés par une mouvance de
sympathisants.
La police finit généralement par réussir
à les infiltrer et à retourner certains militants. Mais la
coopération internationale entre les polices, aujourd'hui plus
satisfaisante, connaît encore beaucoup de difficultés à se
mettre efficacement en place.
3. Le terrorisme d'Etat
Si le terrorisme révolutionnaire ou nationaliste ne
sont pas une invention du 20ième Siècle, le terrorisme
d'Etat, lui, est un phénomène nouveau. La première attaque
de ce type de terrorisme a eu lieu à Marseille, en 1934, lorsque le roi
de Yougoslavie et Louis BARTHOU ont été assassinés. Les
tueurs avaient été commandités par les Etats pour obtenir
l'inflexion de la politique étrangère d'autres Etats.
Aujourd'hui, ce type de terrorisme peut être
considéré comme une nouvelle composante des relations
diplomatiques. Les organisations qui le pratiquent affirment agir de
manière autonome et tissent un écran entre leurs commanditaires
et les victimes. Mais on s'aperçoit bien vite que les revendications des
commandos expriment les mêmes exigences que celle qui sont
avancées, par voie diplomatique, par les Etats qui les manipulent.
Les pays victimes de ce terrorisme d'Etat se heurtent à
une difficulté majeure : apporter la preuve du lien qui unit
organisations terroristes et pays commanditaires. Les réseaux qui
bénéficient d'argent et de soutiens logistiques sont fortement
« professionnalisés ». Appréhender leurs
membres est une preuve de longue haleine pour la police. Et
généralement, lorsqu'une organisation est
démantelée, il est impossible d'apporter juridiquement la preuve
qu'elle agit pour le compte de nations étrangères.
Dans ces conditions, toutes représailles
s'avèrent difficiles, sauf à risquer la condamnation d'une partie
importante de la communauté internationale.
4. Les principales
organisations terroristes dans le monde
Les réseaux terroristes opèrent toujours sur un
territoire bien défini. La classification faite dans ce travail, en
situant chaque organisation dans sa sphère de localisation, ne signifie
pas que l'Etat dont le territoire est utilisé par ces groupes de la
terreur est d'office terroriste.
Selon le Rapport bisannuel 2000 sur les tendances du
terrorisme mondial (« Patterns of Global Terrorism 2000 »),
le rapport bisannuel 2001 sur les organisations terroristes
étrangères (« Foreign Terrorist
Organizations ») ainsi que le bureau du Coordonnateur de la lutte
antiterroriste, Département d'Etat des Etats-Unis, il y a 28 groupes que
le Secrétaire d'Etat a désignés le 05 octobre 2001 comme
organisations terroristes étrangères. Par rapport à la
liste publiée en 1999, 25 mouvements sont maintenus dans ce
palmarès des affreux. Parmi les sortants, on signale l'Armée
rouge japonaise et le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru,
retirés de la liste pour cause d'absence d'activités
significatives.
Enfin, parmi les nouveaux venus, on compte deux mouvements
révolutionnaires : Autodéfenses Unies de Colombie (A.U.C.),
le Real IRA d'Omagh en Irlande du Nord.42(*)
BLACK LIST
ORGANISATIONS
|
PAYS
|
1. Organisation Abou Nidal (OAN)
|
LIBAN
|
2. Groupe Abou Sayyaf (ASG)
|
PHILIPPINES
|
3. Groupe islamique armé (GIA)
|
ALGERIE
|
4. Aum Shinrikyo (AUM)
|
JAPON
|
5. Organisation indépendantiste basque(ETA)
|
ESPAGNE/FRANCE
|
6. Al-Gama al-Islamiyya (Groupe islamique)
|
EGYPTE
|
7. HAMAS (Mouvement de résistance islamique)
|
PALESTINE
|
8. Harak el-Moudjahidine
|
PAKISTAN
|
9. Hezbollah (Parti de Dieu)
|
LIBAN
|
10. Mouvement Islamique d'Ouzberkistan
|
OUZBERKISTAN
|
11. Djihad islamique égyptien
|
EGYPTE
|
12. Kahane Chai (KACH)
|
ISRAËL
|
13. Parti des Travailleurs du Kurdistan
|
TURQUIE
|
14. Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (TLEE)
|
SRI LANKA
|
15. Armée de libération nationale (ELN)
|
COLOMBIE
|
16. Djihad islamique Palestinien
|
PALESTINE
|
17. Front populaire de libération de la Palestine
(FPLP)
|
SYRIE
|
18. FPLP-Commandement général
|
SYRIE
|
19. Al-Qaïda
|
AFGHANISTAN
|
20. Real IRA d'Omagh
|
IRLANDE DU NORD
|
21. Forces armées révolutionnaires
colombiennes(FARC)
|
COLOMBIE
|
22. Organisation révolutionnaire du 17 novembre
|
GRECE
|
23. Lutte révolutionnaire du peuple
|
GRECE
|
24. Sentier lumineux (Sendero Luminoso)
|
PEROU
|
25. Autodéfenses Unies de Colombie(AUC)
|
COLOMBIE
|
26. Front révolutionnaire de libération
populaire
|
TURQUIE
|
27. Front populaire de libération de la
palestine-Faction Abou Abbas
|
IRAK
|
28. Organisation des MUDJAHIDINE du peuple
|
IRAK
|
§4. Bases terroristes
La liste précédente démontre à
suffisance que certains Etats servent de base aux groupes terroristes. Cette
situation s'explique par le fait que le gouvernement de chacun des Etats n'a
pas, soit l'effectivité du pouvoir sur l'ensemble de son territoire, ou
soit il sert de bases arrières aux milices, groupes militaires qui
veulent déstabiliser l'autre gouvernement.
A cet effet, le terrorisme n'a pas de patrie : c'est une
société multinationale au même titre que Coca Cola, Pepsi
ou Nike. A la moindre alerte, les terroristes déménagent et
installent leurs « usines » ailleurs, dans un pays
où ils bénéficieront de conditions meilleures43(*).
§5. Les
conséquences du terrorisme
Si certains pensent que le terrorisme figure parmi les acteurs
des relations internationales et qui constitue une force et est capable de
changer les cours d'événements, il n'en est pas le cas, car il
produit des effets néfastes sur la scène internationale notamment
sur le plan :
1. Sur le plan
psychologique
Nous l'avons évoqué au début de notre
travail, et même dans le définitoire du terrorisme, que des actes
terroristes engendre la peur, la terreur ainsi que l'angoisse. Donc ils
affectent l'état psychique de la personne.
Nous devons noter que lors des attentats du 11 septembre 2001
à New York plus précisément ceux-là, n'habitant
même pas les Etats-Unis, furent sous le choc sans
précédent. A fortiori les New-yorkais eux-mêmes lorsque le
feu enveloppa les deux tours, la fumée envahit la rue inondée de
monde, un nuage gris s'abat sur le quartier des affaires, et après leurs
effondrements, les deux tours ne furent plus qu'un amas de verre et d'acier
brûlants. C'est la panique totale qui s'est emparée de la
population. Et la forme la plus élaborée de l'affection mentale
est la psychose.
La psychose
Selon le dictionnaire Larousse illustré 2001, la
psychose est l'état de panique collective provoqué par un
événement ou un fléau vécut comme une menace
permanente44(*).
Les principales psychoses
sont45(*) :
La psychose maniaco-dépressive
Psychose au cours de laquelle le malade présente une
succession d'accès maniaques et d'accès mélancoliques
séparés par des intervalles d'état normal plus ou moins
longs (abattement, tristesse insondable, sentiments d'indignité, de
culpabilité, de ruine et d'incurabilité, idée et tentative
de suicide : état dangereux).
La paranoïa
Psychose délirante chronique développée
sur un caractère paranoïaque, et caractérisée par
l'évolution progressive d'un délire cohérent,
organisé à partir de certains épisodes de la vie affective
ou émotionnelle, mais dont l'interprétation est erronée.
Cette psychose conduit souvent à des conduites asociales et prend des
aspects très divers : délire de revendication, fanatisme
politique ou religieux, délire hypocondriaque, jalousie
délirante, délire de persécution, mégalomanie,
...
La schizophrénie
Psychose chronique observée surtout chez le sujet jeune
(parfois même chez l'enfant ou l'adolescent), caractérisée
par une rupture de l'équilibre de la personnalité avec
dépersonnalisation et discordance, qui altère profondément
la pensée, le comportement et l'affectivité. Le
schizophrène perd le contact avec la réalité. Il s'enferme
dans un monde intérieur bouleversé,
désagrégé. Sa pensée est difficile à
comprendre, dépourvue de sens ; son comportement est
étrange, autistique, associé à un délire abstrait
et symbolique avec idées d'influence et hallucinations.
Comme on peut le constater, les conséquences du point
de vue psychique ne sont pas à négliger, et que la psychose
(étant l'objectif poursuivi par le terrorisme) s'est observée par
le comportement des autorités ainsi que du peuple américain.
Cette phrase, tirée du discours du président américain
Georges W. BUSH, extériorise et reflète l'affection mentale des
citoyens américains : « Le monde civilisé se
rallie aux côtés de l'Amérique. Il comprend que si ce
terrorisme reste impuni, ses propres citoyens pourraient subir le même
sort. La terreur, si l'on n'y répond pas, est capable non seulement de
détruire des immeubles, mais de menacer la stabilité de
gouvernements légitimes. Et cela, nous ne le permettrons
pas. » [...]46(*)
Rien que par cette phrase, « l'american way of
life » trouve son sens et se justifie par la guerre menée
contre les talibans en Afghanistan, contre Saddam HUSSEIN en Irak et aussi par
menaces de frappe américaine contre les « rogue
states » ou « les Etats voyous, scélérats, ou
encore les Etats de l'axe du mal.
2. Sur le plan
politique
A l'intérieur d'un Etat
A l'intérieur d'un Etat, il y a déstabilisation
du régime en place, les institutions politiques sont atteintes ou
fragilisées. L'Allemagne et l'Italie des années 70, furent des
victimes sur le plan politique du terrorisme.
En Allemagne, la R.A.F. (Rote Armée Fraktion : Fraction
Armée Rouge), également appelée Bande à Baader,
était spécialiste dans l'assassinat des grands patrons de
l'industrie ouest-allemande et des hommes politiques. C'est ainsi qu'en 1975,
le chef de fil du Parti chrétien démocrate à Berlin-Ouest,
Peter LORENZ fut enlevé et relâché en échange avec
la libération de six terroristes. Les autorités allemandes ont
cédé.
En Italie, les Brigades rouges ont attaqué le coeur de
l'Etat et ont multiplié des attentats contre les hommes politiques, les
magistrats et les industriels, notamment ceux de chez FIAT. L'assassinat du
chef de la démocratie chrétienne, Aldo MORO, marqua leur
apogée.
Au niveau du système International
Il y a dysfonctionnement dans la mesure où les
éléments qui constituent ce système connaissent ou
subissent un déséquilibre.
En d'autres termes, lorsqu'un Etat, formant avec les autres
Etats un système, est touché, c'est tout un système qui
est secoué et les relations internationales subissent un petit
changement.
3. Sur le plan
économique
Nul ne peut prétendre ignorer que les actes terroristes
ont une incidence sur l'économie d'un pays en particulier et du monde en
général.
On se rappellera qu'après les attentats du 11 septembre
2001 aux USA, l'économie mondiale était secouée. Car le
World Trade Center était le symbole de la réussite
économique et financière. Les grandes compagnies du monde
possédaient des bureaux dans les deux tours.
La faillite de bon nombre de sociétés a trait
avec l'attentat du 11 septembre. Ainsi les sociétés d'aviation
tel que United Airlines et American Airlines, étant la cible des
terroristes, ne pouvaient plus réaliser les bénéfices,
fautes de clients traumatisés pat l'utilisation des engins volants comme
arme par un réseau de terroristes.
Hormis la baisse enregistrée dans les marchés
boursiers pour ce qui est des valeurs d'entreprise, l'économie mondiale
a subi un choc fatal dans la mesure où certaines compagnies d'aviation,
non américaines, ont fermé. Le sort du SWISSAIR et de la SABENA
en est un exemple éloquent.
N'oublions pas qu'un acte terroriste peut entraîner la
faillite d'une entreprise, bâtie au bout de plusieurs années, en
un seul jour. Comme fut le cas de World Trade Center.
4. Sur le plan
socioreligieux
Juste après les attentats apocalyptiques de New York,
nous avons eu l'impression de vivre une guerre de religion, lorsque le
Président américain s'adressait aux chrétiens, il
utilisait le terme suivant : le « bien et le mal » ne
peuvent jamais cohabiter. Tout cela pour justifier sa campagne contre le
terrorisme. Par contre, le Chef de fil d'AL QAÏDA ripostait en disant que
c'est la guerre entre les « croyants et les
infidèles ».
Il ressort de cette guerre de religion, résultante du
terrorisme, une certaine xénophobie car tout arabomusulman sera
considéré comme un terroriste, et tout chrétien sera
traité d'infidèle. C'est ainsi qu'il y a eu plusieurs
arrestations des arabomusulmans aux Etats-Unis et partout dans le monde
même s'ils ne sont pas des suspects. Et encore, partout où il y a
eu des attentats meurtriers, les principales cibles ne sont que des
chrétiens. Les attentats commis dans l'île de Bali en
Indonésie ainsi qu'à Casablanca au Maroc illustrent parfaitement
les faits évoqués dans notre travail.
Bref, le terrorisme est un facteur qui empêche le
processus de socialisation entre les peuples de diverses cultures et diverses
religions. Il engendre la haine, la méfiance, le mépris des uns
envers les autres. Ce qui est contraire à l'article premier de la
déclaration universelle des droits de l'homme qui stipule :
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en
dignité et en droit. Ils sont doués de raison et de conscience et
doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de
fraternité. » 47(*)
5. Sur le plan
humanitaire
« Tout individu a droit à la vie, à la
liberté et à la sûreté de sa personne.48(*) » Le terrorisme
contrevient à cet article de la déclaration universelle des
droits de l'homme, adoptée à Paris le 10 décembre 1948,
car d'une manière aveugle, il frappe tout le monde, même
l'innocent. Cette manière d'agir, en supprimant
prématurément la vie des innocents sous prétexte de clamer
la justice ou encore sous prétexte d'accomplir la volonté divine
par des actes terroristes, n'est nullement synonyme de remporter la
bataille.
Cette opinion est clairement exprimée par Bechir Ben
Yahmed lorsqu'il dit : « s'attaquer principalement à des
civils, même en théorisant, est une faute morale, bien sur. Mais
aussi un signe de faiblesse : on reconnaît sa propre
incapacité à s'attaquer aux cibles militaires.
Choisir le terrorisme comme arme principale n'a jamais conduit
personne à la victoire. C'est une constante de l'histoire humaine.
Tous ceux qui ont gagné une guerre
d'indépendance ou de libération - Vietnamiens, Tunisiens,
algériens, Marocains, Juifs en Palestine, Sud Africains- n'ont
utilisé le terrorisme que comme arme complémentaire,
marginale.49(*) »
De tout ce qui précède, nous pouvons dire que le
terrorisme contribue à la violation flagrante de droits de l'homme par
ses actes horribles, odieux ainsi qu'inhumains. Ce paragraphe a
démontré à suffisance, si pas toutes, les
conséquences nuisibles du terrorisme.
CHAPITRE TROISIEME :
LES STRATÉGIES DE DÉFENSE DES USA PENDANT ET APRÈS LA
GUERRE FROIDE
Dans ce chapitre, il est question d'aborder avec
lucidité et exactitude les différentes doctrines ayant
émaillé ou caractérisé la sécurité
des USA pendant la guerre froide et après le démantèlement
de l'ex- Union Soviétique.
Cependant, de prime à bord, nous devons
reconnaître que pendant la guerre froide, la doctrine stratégique
américaine ayant fait plus des échos fut
« l'endiguement ». Ensuite, après l'effondrement de
l'empire soviétique, l'Amérique, en position de triomphe, n'avait
plus une autre stratégie de défense
« cohérente ». Il a fallu attendre l'après 11
septembre pour que « l'empire State Building » soit en
quête d'une grand « Strategy ». De nos jours, on
parle plus de la « guerre ou action préventive »
comme la nouvelle stratégie qui conduira « le monde
libre » à vaincre « les postes avancés de la
tyrannie ». Quitte à écouter trop attentivement les
sirènes du néo conservatisme militant, à surévaluer
l'efficience de moyens militaires aux dépens des autres instruments
d'influencer, à prendre de coupables libertés avec le droit et
les opinions des autres.
D'une manière générale, nous devons
retenir que les Etats-Unis d'Amérique possèdent deux visions de
préconiser leur puissance, en matière de politique
étrangère. Il s'agit de « soft power et hard
power ». Soft power (puissance douce) leur permet d'imposer leurs
vues en évitant le recours à la force armée ; il
s'agit pour l'essentiel du pouvoir d'attraction culturelle qui amène les
autres pays à adhérer aux valeurs américaines ou à
aspirer au niveau de prospérité américain. L'autre vecteur
de puissance est plus traditionnel, il s'agit du « hard
power » (puissance dure), dont les meilleurs exemples sont la
puissance économique ou la puissance militaire.
Partant des considérations précédentes,
nous pouvons affirmer que depuis sa genèse, les Etats-Unis
d'Amérique, en vue de sauvegarder ses intérêts vitaux,
d'assurer sa sécurité nationale, ont recouru à ces deux
visions de puissances. Raison pour laquelle, de Wilson à G.W. Bush, nous
avions remarqué dans le comportement diplomatique des USA, soit
l'ouverture au monde, ou soit l'isolationnisme, de nos jours
« l'unilatéralisme ». Toujours, dans le souci de
préserver leur défense nationale.
Toujours dans ce chapitre, les lignes qui vont suivre, nous
édifierons d'avantage pour ce qui est de la politique de défense
des USA pendant la bipolarité et durant la lutte contre le
terrorisme.
SECTION I. LE
SYSTÈME AMÉRICAIN DE DÉFENSE DURANT LA GUERRE FROIDE
Durant cette période, l'enjeu était
d'éviter à ce qu'un autre Etat, surtout non satellitaire des
USA, puisse acquérir l'arme nucléaire.
Cette opinion est clairement exprimée par les phrases
de W. CHURCHIL, lorsqu'il dit en 1946 : « je ne crois pas que
nous dormirions si bien dans la situation dans laquelle quelque Etat communiste
ou néo-fasciste monopolisait pour le moment ces engins de
terreur »50(*).
Selon les américains, la supériorité
stratégique après la deuxième guerre mondiale leur
étant d'une utilité capitale, ainsi qu'au monde libre, du fait de
leur position fondamentalement défensive. C'était le centre de
gravité de leur poids politique. C'était l'atout leur permettant
d'employer leurs forces classiques à des fins politiques. Elle imposait
aux soviétiques des freins sévères, les forçait
à prendre garde de ne pas leurs provoquer là où ils
pensaient que les américains pourraient réagir. S'ils laissent
les soviétiques prendre et garder l'avantage de la
supériorité stratégique, ils s'enhardiront
énormément, en visant de leur puissance en dehors du bloc
communiste. Ainsi, si l'ex- URSS possède la supériorité
nucléaire stratégique, et domine ainsi la menace d'escalade, les
dirigeants soviétiques pourraient conclure que les Etats-Unis ne seront
guère enclins à s'opposer par la force militaire aux manoeuvres
expansionnistes soviétiques et seront en conséquence de moins en
moins résolus dans leurs confrontations avec l'URSS.
Il apparaît clairement que, pendant la guerre froide,
les Etats-Unis connaissaient leur ennemi et face à qui ils manifestaient
certaines inquiétudes qui sont de trois ordres à savoir :
- Ne pas tolérer que les soviétiques
possèdent l'arme nucléaire ;
- Dans le cas contraire, il faut éviter que les
soviétiques aient la supériorité stratégique sur
eux ; enfin
- S'il n'en est pas le cas, il faut éviter
« l'impassable » qui n'est autre que l'affrontement
nucléaire. Le pire, en période de supériorité
nucléaire soviétique, serait la défaite des
américains sans guerre.
Partant de ces faits, les Etats-Unis étaient
censés élaborer un système de défense prenant en
compte tous éléments démontrant son parcours qui va de la
supériorité à la parité stratégique avec
l'ex- URSS. Cette prise de conscience a poussé les USA d'accepter la
« dissuasion nucléaire » mais les a poussé
aussi à perfectionner leurs armes tant conventionnelles que
nucléaires. Ainsi, par rapport à la configuration du rapport de
force entre les USA et l'ex- URSS, d'autres mécanismes de
défense, tel que l'OTAN, verront le jours. Conscient que dans le jeu
favori des russes, les échecs, la reine joue un rôle crucial
même si elle n'est pas utilisée. Sur l'échiquier de la
politique internationale, leur reine, les armes nucléaires, peut jouer
un rôle décisif sans jamais être employée.
D'où l'élaboration de la culture stratégique et autres
mécanismes en vue d'écraser l'autre sans que celui-ci use son
engin nucléaire.
§1. Stratégie et
structure de la défense américaine
La stratégie ayant caractérisé toute la
période de la guerre froide fut l'endiguement (containment), ensuite,
d'autres doctrines stratégiques élaborées par chaque
administration qui se succédait à la tête des USA
A. L'endiguement
Elle est la politique américaine de défense,
dans les années de l'après guerre, consista à contenir
l'Union Soviétique. George Kennan, l'un des principaux
représentants des Etats-Unis à l'Ambassade américaine de
Moscou, définit cette politique dans un long télégramme
qu'il adressa au département d'Etat en 1946. Il développa son
analyse lors de son retour aux Etats-Unis dans un article publié sous la
signature « X » par la prestigieuse revue Forein Affairs.
Evoquant le sentiment traditionnel d'insécurité des russes, le
diplomate alléguait que l'Union Soviétique n'assouplirait sa
position dans aucune circonstance. Moscou, écrivait-il,
« croyait avec fanatisme qu'il ne pouvait y avoir de modus vivendi
avec les USA et qu'il était souhaitable et nécessaire de
bouleverser l'harmonie interne de notre société
(américaine) »51(*). George Kennan ajoutait qu'il fallait mettre un terme
aux pressions exercées par Moscou « en endiguant avec
fermeté et vigilance les tendances expansionnistes russes.
La première application importante de la politique de
l'endiguement (containment) se produisit en Méditerranée
orientale. Après la guerre, la Grande Bretagne avait accordé son
soutient à la Grèce, livrée à une guerre civile
opposant les forces communistes au gouvernement monarchiste. Elle avait aussi
apporté son appui à la Turquie, où l'Union
Soviétique exerçait des fortes pressions pour obtenir des
concessions territoriales et le droit d'établir des bases navales sur le
Bosphore. En 1947, l'Angleterre fit savoir aux Etats-Unis qu'elle en pouvait
poursuivre cette aide, rapidement, le département d'Etat mit sur pied un
plan d'assistance.
Cependant, l'influence soviétique en Europe de l'Est
était devenue un sujet d'alarme permanent pour l'occident, les
Etats-Unis prirent l'initiative de créer une alliance militaire,
destinée à accompagner les efforts économiques
déployés en vue de l'endiguement du communisme. En 1949, les
Etats-Unis et onze autres nations fondèrent l'Organisation du
traité de l'Atlantique Nord (OTAN), alliance reposant sur le principe de
sécurité collective. Toute attaque contre l'un des membres serait
considérée comme une attaque contre tous et déclencherait
une riposte militaire.
L'année suivante, Washington précisa ses
objectifs en matière de défense. Le conseil national de
sécurité rédigea un document qui donna une nouvelle
orientation à la politique de sécurité des Etats-Unis.
Avançant l'hypothèse que « l'Union Soviétique
était engagée dans un effort fanatique pour s'emparer du pouvoir
dans tous les pays, partout où cela était possible »,
le document invitait les Etats-Unis à se porter au secours des nations
alliées, dans toute partie du monde où l'une d'elle serait
menacée par les soviétiques.
Nous devons noter que durant cette période, Washington
accrut alors son budget militaire de manière considérable afin de
parer aux agressions soviétiques contre l'Europe et contre la
présence américaine, britanniques et française à
Berlin - Ouest.
En outre, c'est d'ailleurs la volonté d'endiguement du
communisme qui mène à un engagement américain directe
dans les deux conflits armés asiatiques, la guerre de Corée puis
la guerre du Vietnam. Critiqué par l'administration Eisenhower qui lui
reproche d'être trop défensif, voire défaitiste, et lui
préfère une stratégie annoncée de refoulement du
communisme ou « roll back », le containment prévaut
pourtant dans la réalité. En proclamant la théorie des
dominos, Eisenhower y ajoute un corrélat lourd de conséquences en
Asie. En fait, qu'il soit contesté ou qu'on veuille que de
détente, l'endiguement est bien la stratégie américaine de
référence et la fin de l'Union Soviétique en
décembre 1991 a pu être interprétée comme la
succès final de cette stratégie52(*).
B. New look
Doctrine stratégique fondée sur le principe des
représailles massives, adoptée pour des raisons essentiellement
budgétaires par l'administration Eisenhower afin d'assurer au pays la
maximum de sécurité pour le moindre coût, « A
bigger bang for a buck » selon le résumé populaire.
Promulgué le 30 octobre 1953, le New Look (NSC 162/2) est fondé
sur la conviction que pour contrer les ambitions soviétiques, la
stratégie américaine doit être asymétrique, reposer
sur ses points forts et non chercher à rivaliser avec la
stratégie adverse. S'ils sont attaqués, les Etats-Unis
choisiraient les moyens, le lieu et l'intensité de leur riposte afin de
maximiser leurs avantages contre l'agresseur. Le secrétaire d'Etat John
Foster Dulles déclare qu'un ennemi potentiel « doit savoir
qu'il ne peut pas toujours choisir les conditions de bataille qui lui
conviennent ». Aussi, étant donnée la
supériorité nucléaire américaine, tous les plans
stratégiques élaborés prévoient l'utilisation des
armes nucléaires, même en cas de guerre limitée. La
doctrine est néanmoins plus subtile qu'il n'y parait, et s'ils renoncent
à entretenir de trop nombreuses forces armées, les Etats-Unis
n'envisagent pas d'avoir comme recours que la dissuasion atomique en cas de
conflits localisés. Cette doctrine se voit donc accompagnée de
l'établissement par les Etats-Unis, dans ce qui fut appelé une
« pactomanie », de tout un réseau de traités
comprenant près de cinquante nations chargées de fournir les
troupes de combat dont l'emploi s'avérait nécessaire.
C. Riposte graduée
Kennedy, constatant que les USA ne sont pas hors de
portée des fusées soviétiques, renonce à prendre le
risque d'un engagement nucléaire automatique au profit des alliés
européens et adopte avec la « riposte flexible » une
stratégie d'intervention éventuelle, conventionnelle (d'où
le refus de la France d'y souscrire). Le Secrétaire à la
défense, Mc. Namara, était chargé de la mettre en oeuvre.
Cette nouvelle politique impose la recherche de la supériorité
à tous les niveaux, la multiplication des procédures de
sauvegarde pour éviter toute méprise, des forces conventionnelles
(l'OTAN doit disposer de 30 divisions) et nucléaires (tactiques et
stratégiques), l'arrêt de la prolifération. Ainsi
s'instaure l'équilibre de la prudence. Les USA et l'ex- URSS,
possédant des engins intercontinentaux capables d'atteindre la force de
frappe adverse sans certitude toutefois de la détruire à 100%.
Notons que, toujours dans cette période, un accord fut
signé à Genève, plaçant un télex
crypté spécial dit « téléphone
rouge » assurant une communication permanente entre russes et
américains afin d'éviter le déclenchement d'une guerre
nucléaire par accident, il permet de régler plusieurs alertes
dues à des défaillances de radar ou d'ordinateur.
D. Doctrine de Nixon
La doctrine Nixon prévoyait que les Etats-Unis
fourniraient des armes et de l'assistance aux nations menacées par
l'agression, à la condition qu'elles puissent assumer la
responsabilité primordiale de fournir les hommes nécessaires
à leur défense.
Les intérêts des Etats-Unis et de leurs amis et
alliés exigeaient qu'ils fournissent aux nations menacées l'aide
qui leur faut pour se défendre. Les conditions internationales exigent
toujours que les éléments fondamentaux de la doctrine Nixon
soient respectés et imposés.
Cette opinion est clairement exprimée par le
Président Nixon, lorsqu'il affirme : « nous devons avoir
la puissance nucléaire stratégique pour tenir tête aux
soviétiques quand et où ils cherchent à étendre
leur domination. Nous devons respecter nos engagements par traité en
ayant une puissance de théâtre classique et nucléaire
adéquate. Quand les soviétiques ont recours à l'agression
indirecte en soutenant des guerres révolutionnaires, nous pouvons
éviter de nouveaux Vietnam en fournissant à nos amis une aide
militaire et économique afin endossions le fardeau de faire la guerre
à leur place »53(*).
E. Stratégie
défensive de l'avant
Elle est une stratégie basée sur l'emploi quasi-
immédiat d'armes nucléaires tactiques, pour remplacer la riposte
graduée estimée par les américains dès 1954
dangereuse et périmée (sans que cela soit dit). Selon les
ténors de cette stratégie, il est vain d'espérer pouvoir
faire face avec des moyens classiques et de ne faire appel à l'arme
nucléaire tactique que lorsque ceux-ci s'avèrent insuffisants. On
risque, disent-ils, de ne pas réagir assez vite et d'être
acculé à l'échange stratégique que la riposte
graduée voulait justement éviter54(*). L'affirmation de cette stratégie devrait
avoir un effet dissuasif.
F. Stratégie de
défense conventionnelle
Elaborée aux Etats-Unis depuis 1982, avec comme
principes : les progrès technologiques (guerre électronique,
munitions guidées) permettent d'enrayer une offensive classique et de
contre - attaquer localement, sans recourir à l'armement
nucléaire. Les soviétiques auraient eu le 1er jour un
avantage d'environs 5 contre 1, après 3 jours de combats et
l'arrivée de renforts, 10 contre 1. Avec des munitions guidées
(à développer), l'OTAN devait détruire ces renforts avant
qu'ils n'atteignent la zone de combats, c'est-à-dire 30 à 800km
derrière la zone de contact (concentrations de troupes,
dépôts, centre de commandement et de communication, bases
aériennes).
G. Nouvelle
stratégie de défense du président Reagan
Annoncée en juillet 1982, elle reconnaît que les
USA ont cessé de se suffire à eux-mêmes (ils
dépendent du pétrole étranger et des importations de 69
minéraux stratégiques sur 72.
· Stratégie politico-diplomatique
globale
Celle-ci consiste avec le Japon d'assurer une surveillance
spatiale et électronique du Nord-Ouest du Pacifique et la défense
d'une zone de 1.000 milles au large de ses côtes, puis la surveillance de
la route du Golfe Persique.
· Les moyens utilisés
Les moyens alors envisagés ont été, et
vont être encore réduits ou supprimés. Il s'agit de
l'abandon du missile Midgetman à une ogive, arrêt du programme de
sous-marins nucléaires d'attaque de la classe Seawolf, arrêt de
modernisation de l'ogive de l'enfin Trident 2 emporté par les
sous-marins (dont le nombre d'ogives qu'ils peuvent lancer - 5440 - serait
réduit de deux tiers si Moscou renonce à ses MIRV), arrêt
du programme de production de l'hélicoptère d'attaque
« Comanche).
· Stratégie Bush
Les USA se reconnaissent comme la seule super puissance ayant
des intérêts mondiaux et des responsabilités globales. La
priorité est donnée aux menaces régionales (Moyen-Orient,
Corée) et à l'instabilité des certaines zones (CEI, Europe
Centrale), ainsi qu'aux risques de prolifération nucléaire reste
essentielle, mais avec des moyens réduits de 50%. Le concept de la
« dissuasion minimale » avancé par la France
dès 1960 est adopté. Les forces classiques sont partagées
entre Atlantique et Europe, Pacifique et forces d'intervention pouvant agir
partout. Les forces d'active seront réduites de 2,1 à 1,6
millions d'hommes entre 1990 et 1995, et le déploiement à
l'étranger de 30 à 40%. L'accent est mis sur la
coopération internationale.
Toujours au cours de cette période, il y a eut passage
de la doctrine « Air Land Battle » (étude de
général Bavin, à l'OTAN, visant l'encouragement d'un
éventuel théâtre d'opération européen en
interdisant au 2ème échelon des forces du pacte de
Varsovie de renforcer celles de l'avant) à la doctrine « Air
Land Operation » visant l'envoie de forces aéroterrestres en
nombre suffisant pour intervenir sur tout théâtre à
distance des USA, la Marine assurant les transports lourds et la maîtrise
des voies océaniques de communication.
D'une manière générale, pour
clôturer ce paragraphe relatif la stratégie américaine,
nous pouvons affirmer avec VENEZIA que depuis 1945, seuil de l'ère
nucléaire, la pensée stratégique américaine a
évolué en fonction de deux facteurs :
- l'apparition de générations successives
d'armement nucléaire d'une part, et d'autre part ;
- la rivalité opposant les Etats-Unis et l'Union
Soviétique à l'échelle mondiale.
§2. Programmes de
défense stratégique, nucléaires et spatiaux
Pour prévenir la menace que l'URSS fait peser sur leur
sécurité, les Etats-Unis et leurs alliés comptaient
beaucoup sur la qualité de leurs moyens pour contrebalancer le volume
considérable des armements adverses. Selon eux, il sera primordial pour
la défense du monde occidental que les pays le constituant disposent des
programmes de défense stratégique, nucléaires et spatiaux
et d'un potentiel industriel capable de produire des systèmes d'armes
sophistiqués.
En outre, conscients de la compétitivité
technologique en matière d'armements, les USA fournissaient un gros
effort en recherche et développement afin de maintenir un potentiel
industriel puissant et compétitif, parallèlement à une
politique de sécurité technologique active.
A. Programmes de
défense stratégique et nucléaire55(*)
Lors de la création de l'OTAN, en 1949, les Etats-Unis
ne possédaient que 50 bombes A. Mais le premier essai de la bombe A
soviétique en août de la même année et le
déclenchement de la guerre de Coré en 1985
accélérèrent considérablement leurs programmes
stratégiques et nucléaires, ainsi que le développement de
têtes nucléaires plus légères. Les premières,
destinées aux missiles sol-sol corporal et Hornest John, ainsi qu'aux
mines terrestres (ADM), furent opérationnelles en 1953, et celles des
mortiers de 180mm en 1957. A la suite du lancement, la même année,
du satellite soviétique Spoutnik, la priorité fut donnée
aux têtes pour missiles balistiques à moyenne et longue
portée. Furent ainsi opérationnelles en 1958 : la tête
W5 (50 KT) pour les MRBM Thor et Jupiter ; en 1960 la W35 (1MT) et la W47
(800KT), destinées respectivement aux missiles Titan et Polaris.
Par ailleurs, la quantité des têtes
stratégiques augmenta également rapidement : 6.000 en 1957,
16.000 en 1960, 32.000 (54 modèles différents) en 1967, pour
être plafonnée à partir de 1980 à 25.000
têtes, en application du traité américano-soviétique
Salt II et 1979.
B. Programme spatial
Les Etats-Unis, au cours de cette période, ont
utilisé des systèmes spatiaux pour le soutien de leurs
opérations militaires tant au niveau tactique qu'à
l'échelle stratégique. Les moyens spatiaux militaires
américains, d'après Dick Cheney, alors Secrétaire à
la défense en 1989, furent suffisants en temps de paix ou de crise
à court terme, mais furent inadaptés aux besoins des forces
combattantes en cas de conflit entre l'OTAN et les pays du Pacte de
Varsovie56(*).
Il convient de signaler qu'à cette période, il
existait une dissymétrie considérable entre l'infrastructure
spatiale militaire des Etats-Unis et celle de l'URSS. L'organisation spatiale
américaine et son infrastructure ont évolué suivant une
orientation du temps de paix.
Par ailleurs, l'Union soviétique avait l'avantage sur
les Etats-Unis grâce à son système anti-satellite ASAT,
unique en son genre, et à sa puissante infrastructure de soutien
spatial. Les systèmes américains sur orbite ont des
capacités supérieures pour les opérations du temps de
paix. Toutefois, pour s'assurer la possibilité de conserver leur
efficacité opérationnelle dans un conflit, les américains
devraient continuer à rechercher une capacité anti-satellite
opérationnelle, à mieux à même de reconstituer leurs
systèmes spatiaux, et à disposer d'une infrastructure de soutien
spatial ayant de meilleures chances de survie. Raison pour laquelle le
Président Reagan annonça en 1983 des études intensives
pour définir la menace que constituent les missiles stratégiques
(NSSD 6-83 National Security Study Directive). Les études concluaient
qu'une protection totale n'était pas possible (dommages catastrophiques
causés par quelques missiles, car le système défensif
situé dans l'espace était très vulnérable57(*).
Ainsi, aussitôt annoncée, l'initiative de
défense stratégique (SDI) connue sous la dénomination de
« la guerre des étoiles » se verra contester et le
programme va susciter des critiques. La plupart des experts doutaient qu'un tel
bouclier puisse exister et être fiable et robuste pour annihiler une
attaque nucléaire massive, d'autant que le système ne pourrait
être testé et devrait être opérationnel
d'emblée.
Si l'on en croit Maurice VAISSE, ce programme suscitait trop
des remous, car les économistes estimaient que l'économie
américaine, gravement endettée, puisse faire face au coût
prohibitif de cette nouvelle initiative de défense. Par contre, d'autres
remarquaient que le projet violait les accords SALT I sur les ABM, l'URSS de
Gorbatchev exigeait d'ailleurs des Etats-Unis par la suite une limitation de
l'IDS comme préalable à toute négociation sur la
limitation des armements58(*).
Voila autant des raisons parmi tant d'autres ayant concouru
à la non mise sur pied de ce programme. Mais, grâce à la
réélection de Reagan en 1984, la demande initiale de 26 milliards
de dollars sur cinq ans a été obtenue et un bureau de l'IDS fut
crée au Pentagone. Donc l'administration républicaine
réussit à maintenir à flot le projet avec un budget de
quatre milliards de dollars par an jusqu'en 1990 puis trois milliards.
§3. L'OTAN
Alliance militaire défensive chargée lors de
guerre froide de dissuader l'URSS et de stopper une éventuelle offensive
de l'Est. Elle a assuré pendant après d'un demi siècle la
paix en Europe.
Notons que l'alliance comprend deux structures : la
structure civile et celle militaire.
La structure civile comprend le conseil de l'Atlantique lequel
est composé parfois des représentants permanents des Etats
membres, avec eux, il assure le bon fonctionnement de l'organisation,
assisté par de nombreux comités (comité scientifique,
économique, de l'infrastructure...) et par le secrétaire
général, désigné par consensus par le conseil,
responsable devant lui et qui la préside depuis 1957.
A cette structure civile s'ajoutent les organes militaires
intégrés avec, à leur tête, le comité
militaire crée en octobre 1949 et placé sous l'autorité
politique du conseil. Composé des chefs d'état-major ou de leurs
représentants, il constitue l'interface entre le pouvoir politique et un
groupe stratégique permanent (Standing group), organe exécutif
établi à Washington et composé des représentants
américains, britanniques et français, en charge de planifier la
stratégie de l'alliance.
Sur le terrain, en dehors d'un groupe stratégique
régional Canada - Etats-Unis et du commandement suprême
allié de la Manche, dissout en 1994, l'OTAN s'organise autour de deux
commandements suprêmes, l'un, uniquement naval pour l'Atlantique,
installé à Norfolk en Virginie avec à sa tête un
amiral, commandant suprême allié de l'Atlantique (le SACLANT) et
l'autre, le commandement suprême allié en Europe (le SACEUR), en
fait le plus important. Le SACEUR (Supreme Allied Commander in Europe), un
général nommé par le Président américain
sans concertation avec les alliés, également commandant des
forces américaines en Europe, est l'autre figure de l'OTAN avec le
secrétaire général. Depuis le SHAPE
transféré à MONS en Belgique en 1966, il doit assurer en
cas d'attaque soviétique la défense du continent divisé en
quatre commandements régionaux (Nord-Ouest, Centre, Sud et
Méditerranée).
· Les objectifs de l'OTAN
Depuis 1967, l'OTAN appliquait la doctrine stratégique
de la « riposte graduée » conçue pour
dissuader tout agresseur de l'alliance, et la défendre avec
succès en cas d'échec de la dissuasion. Aussi l'OTAN
entretenait-elle une combinaison de forces conventionnelles et de forces
nucléaires de théâtre qui, ajoutées aux forces
nucléaires stratégiques américaines, permettraient de
riposter de façon appropriée à une agression du Pacte de
Varsovie quelle que soit la forme du conflit. L'alliance avait besoin de
puissantes capacités militaires pour être sûre de pouvoir
résister à une intimidation politique et militaire venant de
l'union soviétique en période de montée de tensions. Si la
guerre est déclenchée, l'OTAN prévoit de riposter
directement à une agression militaire en défendant le territoire
de l'alliance aussi loin que possible sur l'avant, et si nécessaire, en
procédant à une escalade délibérée jusqu'au
niveau considéré comme approprié pour rétablir le
statu quo ante ou pour assurer la défense de l'alliance.
Aussi, en tant qu'alliance défensive, l'OTAN n'a jamais
recherché une capacité qui lui permette de mener une courte
guerre d'agression contre le Pacte de Varsovie. La structure, les effectifs et
la logistique des forces de l'OTAN la rendent incapable de lancer des
opérations offensives de grande envergure. Ils sont plutôt
conçus pour défendre la zone de l'avant, améliorer leurs
capacités pour attaquer les renforts du pacte avant leur arrivée
sur la ligne de front (principalement au moyen d'attaques aériennes
d'interdiction contre les forces de deuxième échelon) et garder
la possibilité de passer, si nécessaire, à l'escalade
nucléaire. Traditionnellement, l'OTAN a toujours compté sur la
qualité de ses forces conventionnelles pour composer la
supériorité quantitative du Pacte de Varsovie. Toutefois, si
l'Alliance conserve encore un avantage qualitatif significatif en aviation
tactique et dans certains domaines de l'électronique défensive,
les soviétiques ont sérieusement entamé la large
supériorité qualitative dont elle bénéficiait
naguère.
D'une manière générale, la
sécurité des USA pendant la guerre froide dépendait non
seulement de leur stratégie et programmes stratégiques,
nucléaires et spatiaux, mais aussi de l'OTAN, car sa
sécurité dépendait aussi de celle de ses alliés.
SECTION II. LA POLITIQUE
AMÉRICAINE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME PENDANT LA PÉRIODE
POST-GUERRE FROIDE
Lorsque la nuit de la guerre froide s'est achevée,
l'Amérique s'est réveillée seule. Soulagée de voir
s'effondrer l'adversaire d'un demi siècle, elle n'a pas renoué
avec la « normalité » d'une puissance comme les
autres parmi les autres. S'identifiant d'abord à la globalisation, elle
a vu passer une décennie d'enrichissement, d'optimisme, voire de
désinvolture, avant d'épouser plus ouvertement un projet
néo-impérial qui la taraudait depuis un moment. Servie par une
puissance militaire sans rivale, l'Amérique a envisagé de refaire
le monde à son image. Le divorce avec l'Europe devant une
possibilité ouvertement envisagée, la globalisation hier
adulée était sacrifiée sur l'autel de
l'intérêt national posé en dogme, alors que les attaques
terroristes du 11 septembre la mettaient face à un monde islamique mal
connu.
Cette opinion est clairement exprimée par Ghassan
Salamé, professeur des relations internationales à l'Institut
d'Etudes Politiques et Relations Internationales de Paris, lorsqu'il dit :
« les américains étaient soulagés de voir
disparaître l'adversaire d'un demi-siècle et, grâce à
cette divine surprise, espéraient sans doute revenir à une
normalité dans laquelle les soucis sécuritaires et
stratégiques réoccuperaient une place moins
prééminente et les fautes idéologiques s'apaiseraient. Le
dirigeant politique d'alors, tout en voulant tirer les plus grands avantages de
cette évolution inespérée, bientôt confortée
par le succès des armes américaines au Koweït, ne se sont
pas sentis obligés d'élaborer dans l'urgence une grande
théorie de la nouvelle ère, en dépit des injonctions
quasi quotidiennes, finalement sans véritable impact sur l'opinion,
d'une partie de la classe mandarinale »59(*).
En effet, il apparaît clairement que de Bush père
à Clinton, des doctrines sécuritaires et stratégiques ont
été élaborées mais pas avec beaucoup des
considérations et sériosités comme à
l'époque de la guerre froide car, ils connaissaient leur ennemi. Avec
Bush père, il élabora, après le bouleversement du monde,
une doctrine censée inspirer ses compatriotes. Il parla vaguement de
bâtir un « nouvel ordre mondial », mais sans
réelle conviction : praticien du politique, il ne montrait que peu
d'intérêt pour la vision thing, comme il l'avouait lui-même,
et ne déploya pas beaucoup d'efforts pour définir le contenu de
cet « ordre ». Joseph Nye (1992) disait de lui :
« le président pense et agit à la manière de
sans pouvoir trouver de synthèse ». Et quand, l'année
suivante, son secrétaire d'Etat, James Baker, fut pressé
d'expliquer pourquoi l'Amérique devait faire la guerre du Koweït,
il se contenta de répondre « le job »60(*).
Son successeur, Bill Clinton, à qui on reprocha au
contraire une tendance au syncrétisme artisanal, donnait l'impression de
croire fermement à trop de choses pour être capable de formuler
une orientation précise. Son aptitude quasi proverbiale à
s'ajuster semblait lui interdire de ne s'enchaîner à aucune
synthèse, traits qui seront fidèlement reflétés
dans une autobiographie de près d'un millier de pages où l'on
entre comme dans un déroutant bazar de délicieuses diversions de
détails tribaux et de malicieuses rancunes. Clinton cite au
départ trois éléments fondamentaux de ce que fut
« sa » doctrine : « sécurité
économique, restructuration des forces armées pour faire face aux
missions nouvelles de l'après guerre froide et soutien aux valeurs
démocratiques dans le monde ». « La doctrine Clinton
n'a pas de contenu fixe. Elle oscille entre les meilleures intentions
wilsoniennes du premier mandat et le néo-réalisme des
dernières années du second », écrivit justement
Denis Lacorne (2000)61(*).
Pour vouloir être « à la fois Reagan et mère
Teresa », on lui reprocha de confondre « politique
étrangère et travail social », ou de choisir des
personnalités sans grande stature et sans véritable
autorité pour conduire sa politique étrangère.
Ces affirmations sont consolidées par l'attitude du
Président Clinton face à la montée de la menace
d'attentats au moyen d'armes atomiques, bactériologiques et chimiques au
cours de son mandant. Il déclare : « je souligne
l'importance de ce problème depuis un certain temps. Je l'ai dit
à maintes reprises et je tiens à vous le redire : mon
intention n'est pas de semer la panique dans la population américaine
sur cette question, mais de veiller à ce que nous disposions d'une
réponse sérieuse, réfléchie, disciplinée,
à long terme, à une menace potentielle contre la vie et la
sécurité de la population américaine »62(*).
Au moment où les Etats-Unis s'inquiétaient
particulièrement de ces menaces terroristes « haut de
gamme » perpétrées au moyen d'armes NBC de destruction
massive, deux ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998
furent les cibles des terroristes. En réponse, c'est fut le bombardement
du Soudan qui, après le 11 septembre, se révèle comme une
goûte d'eau dans l'océan.
En revanche, il se peut simplement qu'entre 1990 et 2000 le
besoin d'une « vision » n'ait pas été si
pressant, que l'américain moyen ait joui alors d'un mélange de
sécurité et de croissance qui ne lui on faisait pas sentir le
manque, que l'élite ait nécessité une bonne
décennie pour tirer les leçons des bouleversements de 1989 et
pour s'entendre sur une doctrine 2000, de ce point de vue, marqua un tournant
capital : une nouvelle administration aux choix idéologiques
très affirmés, bientôt piquée au vif par les
attentats du 11 septembre, arrivait avec, dans ses bagages, des idées
bien plus ambitieuses que le pragmatisme débonnaire qu'elle reprochait
indifféremment dont à Bush père qu'à Clinton,
pourtant si différents par ailleurs.
Des ancêtres récents (en particulier Wilson et
Reagan) étaient mis à contribution pour mettre en oeuvre un
programme qui entendait répartir de l'héritage du reaganisme pour
réaliser ce que la « prudence du Bush senior » et
l' « indécision de Clinton » avait
malencontreusement stoppé net : un projet largement impérial
qui oserait assumer ses choix.
Toujours à ce sujet, Thérèse Delpech,
affirme qu'au début du mois de septembre 2001, il était difficile
d'imaginer un Président des Etats-Unis et un Secrétaire à
la Défense moins préparée à faire face à une
telle catastrophe. Le président Bush connaît depuis une
popularité sans précédent, que les mois érodent
mais ne détruisent pas, et Donald Rumsfelf, médiocre
secrétaire d'Etat à la défense, est devenu pour
l'Amérique un exceptionnel secrétaire à la guerre63(*).
Ainsi, avec le dynamisme qui la caractérise,
l'Amérique s'est vite ressaisie. Le 11 septembre a conforté des
nombreuses tendances antérieures tout en lui donnant un nouveau
dynamisme. Dans certains domaines, il a aussi conduit les Etats-Unis à
se reformer. Dans les lignes qui suivront, nous verrons des leçons qui
ont été tirées.
§1. Les instruments de la
lutte antiterrorisme
Les Etats-Unis, vu leur degré technologique, ont une
large avance par rapport aux autres Etats, en ce qui concerne la lutte
antiterroriste.
Pour François Taylor, coordonnateur des mesures
antiterroristes du Département d'Etat en 2001, la politique des
Etats-Unis en matière de lutte contre le terrorisme se résume en
cinq points64(*). Il
s'agit :
- de déloger les terroristes de leurs
cachettes ;
- de procéder au nettoyage des lieux qui leur servent
de refuge ;
- de faire pression sur les autres Etats pour qu'ils cessent
de les soutenir ;
- d'empêcher la préparation des attentats
terroristes ;
- de renforcer les moyens qu'ont nos amis et alliés de
combattre le terrorisme.
Outre les mesures ci-dessus, il estime également que
les Etats-Unis doivent forger les outils nécessaires à la lutte
contre le terrorisme et aussi tarir les sources de financement tout en
empêchant les transferts de fonds au profit des terroristes.
Cependant, poursuit-il, un certain nombre d'autres outils ou
instruments sont à notre disposition pour lutter contre le terrorisme et
nous procédons à leur amélioration. Ces instruments
sont :
A. Programme d'aide
antiterroriste
Il s'agit d'assurer la formation du personnel étranger
chargé de la sécurité et de l'application des lois. Il
aide à promouvoir la politique américaine et à
améliorer les contacts des autorités américaines avec
celles des étrangers afin de permettre que les objectifs
américains contre le terrorisme réussissent.
A ce sujet, l'exemple le plus frappant figurant dans le
rapport sur le terrorisme dans le monde en 2002, est que les Etats-Unis
oeuvrent avec les pays africains de diverses manières pour renforcer
leurs capacités en matière de lutte antiterroriste. C'est
notamment l'un des buts de l'initiative pan sahélienne (PSI), programme
du département d'Etat des USA conçu pour aider le Mali, le Niger,
le Tchad et la Mauritanie à protéger leurs frontières,
à suivre les déplacements des personnes, à combattre le
terrorisme et à accroître la stabilité régionale. La
PSI aura à aider ces pays à lutter contre les opérations
terroristes connues et les incursions transfrontières, ainsi que contre
le trafic des gens et le commerce des denrées illicites. La formation et
l'aide matérielle fournies par les USA s'accompagnent d'un programme
visant à réunir les responsables civils et militaires des autre
pays pour les encourager à une coopération accrue dans le domaine
de cette lutte et du contrôle des frontières dans les pays de la
région et entre ce pays. L'initiative comporte également des
composantes de formation et d'appui pour renforcer des aptitudes
professionnelles des forces de police et de sécurité, la
sécurité des aéroports et les procédures
d'immigration et de douane65(*).
B. Programme d'intervention
du terrorisme
Il consiste à utiliser des systèmes de
données informatiques sophistiquées et des communications
perfectionnées pour identifier les terroristes en puissance qui tentent
de franchir des frontières internationales.
C. Programme
« Rewards for Justice »
Ce programme prévoit le versement de primes pouvant
aller jusqu'à cinq millions de dollars en échange de
renseignements susceptibles d'empêcher un attentat terroriste ou
d'aboutir à l'arrestation d'un terroriste.
D. La diplomatie
Elle s'avère essentielle à lutter contre le
terrorisme international moderne, lequel transcende les frontières
à bine des égards. Les Etats-Unis ont besoin de l'aide de
partenaires étrangers pour contrer la menace terroriste, même
quand ce sont eux spécifiquement qu'elle lise.
§2. Stratégie
militaire des USA dans la lutte antiterroriste
Selon M. Douglas Feith, haut responsable du ministère
de la défense, les USA appliqueront leur stratégie militaire dans
les années à venir. Ils porteront leur attention sur les mesures
de prévention destinées à empêcher que les
problèmes en matière de sécurité ne se transforment
en crises et que ces crises ne dégénèrent en guerres. Ces
mesures comprendront l'exécution d'opérations de
stabilité, la mise en oeuvre de l'initiative visant à limiter la
prolifération des armes de destruction massive, le stationnement des
forces américaines dans des lieux d'où on peut les
déployer promptement en cas de besoin, ainsi que le renforcement de la
coopération militaire avec d'autres pays66(*).
En effet, il apparaît clairement que les Etats-Unis
souhaitent oeuvrer de concert avec leurs alliés non seulement pour
exécuter des opérations de combat, mais aussi pour
élaborer une stratégie cherchant à défendre leur
intérêt national, surtout dans le cadre de la guerre contre le
terrorisme, car certaines missions ne peuvent en pratique être
exécutées que par d'autres pays.
Donc, il convient aussi de signaler que cette stratégie
de la défense nationale porte aussi sur la nécessité de
priver les réseaux terroristes de tout sanction idéologique,
qu'il s'agisse des refuges, d'armes ou d'accès à des cibles.
C'est dans ce contexte que s'inscrivent les opérations militaires
menées en Afghanistan et en Irak et aussi des menaces acerbes à
l'endroit des pays qu'ils qualifient des Etats voyous ou des postes
avancés de la tyrannie.
CHAPITRE
QUATRIÈME : ANNALYSE COMPARATIVE DE LA STRATEGIE AMERICAINE DE
DEFENSE AU REGARD DES MUTATIONS DU SYSTEME INTERNATIONAL
Il va s'agir dans ce chapitre de faire un parallélisme
entre les éléments reflétant la stratégie
américaine : de défense pendant la période de la
guerre froide après la guerre froide en vue de déboucher au
constat qui nous amènerait à affirmer la Constance ou
l'évolution de cette stratégie de défense
américaine.
Cependant comme nous l'avons stigmatisé dans les lignes
précédentes, la stratégie américaine de
défense est partie de l'endiguement (il fallait contenir les forces
soviétiques) avec ses différentes manifestations selon les
administrations qui se succédaient à la destinée des
Etats-Unis d'Amérique à celle que Ghassan Salamé a
dénommé dans son ouvrage « la stratégie
néo-impériale »67(*).
Si l'on en croit à cet auteur, cette stratégie,
quand bien même elle est en action, mais ne fait pas d'unanimité
au Etats-Unis. C'est d'ailleurs moins sur des bases morales ou légales
que, le plus souvent, l'opposition s'exprime, qu'en fonction pratique d'une
telle stratégie et sur ses effets pour l'intérêt national
des Etats-Unis68(*).
Qu'à cela ne tienne, étant donné que la
stratégie néo-impériale traduit le mélange du
statut unipolaire et de transformer aussi rapidement que possible l'avantage en
situation durable qui puisse permettre au Etats-Unis d'interdire qu'aucune
autre puissance ne songe même à remettre en cause ce statut, les
éléments clés sont :
· Une fois profonde dans la nécessité d'une
puissance militaire inégalable ;
· Un engagement à perpétuer la
suprématie militaire américaine aussi longtemps
possible ;
· La maximisation de l'activité de cette puissance
par plan d'action globale.
D'une manière générale, l'analyse
comparative se fera entre les éléments de la stratégie
américaine de défense de la période de la guerre et de
celle post-guerre froide.
Ainsi, il est impérieux que nous puissions passer aux
éléments qui vont nous servir de base d'analyse comparative,
avant d'arriver au constat ayant trait à la constance ou à
l'évolution de la stratégie américaine vis-à-vis
des bouleversements du système international.
SECTION I. LES ELEMENTS
D'ANALYSE COMPARATIVE
§1. Au niveau du
système de défense
Au point de vue du système de défense il
apparaît clairement que ça soit l'endiguement ou la
stratégie néo-impériale, toutes visent à
protéger le sol américain mais avec une nuance pour ce qui est
de la protection des alliés.
A l'époque de la guerre froide »,
l'endiguement, à part la protection du sol américain, il visait
aussi celle de ses alliés, raison pour laquelle l'OTAN existe. Ce
dernier, avec des bases militaires et des théâtres
d'opération assurait la défense des intérêts
américains et des alliés.
Par ailleurs, avec la stratégie de l'après 11
septembre 2001, les américains font appel à la mobilisation de
la communauté internationale, c'est-à-dire, ils font voir au
Etats que tous le monde est menacé. D'où, il faut se coaliser
pour faire face à l'ennemi ambulant, sans domicile fie, qu'est le
terrorisme. Ils démontrent, à cet effet, qu'ils ne seront pas
capables d'assurer la défense de leurs alliés d'autre fois. Il
leur suffit d'accepter de collaborer avec les Etats-Unis dans la guerre contre
le terrorisme.
Un autre élément à considérer est
que, depuis le 11 septembre, c'est la protection du sol américain qui
est la priorité de la politique de défense à
Washington et c'est aussi une petite révolution. Certes, la
défense anti-missiles, qui avait précisément l'ambition
terroriste sa version stratégique de défendre le territoire des
Etats-Unis, avait déjà défragé la chronique
internationale avant les événements. Mais il s'agissait surtout
de se préparer à des menaces futures. La National Missile Defense
(NMD) envisageable la possibilité d'une attaque et extérieure
provenant de la Corée du Nord ou de l'Iran, mais seulement à
l'horizon d'une dizaine d'années. L'attaque a donc eu lien beaucoup
plus vite que prévu et elle est venue de l'intérieur, tout en
faisant plus de victimes que Pearl Harbour. Elle a ainsi conforté
l'idée que le territoire américain était menacé,
que les citoyens des Etats-Unis seraient désormais atteints sur leur sol
et que certains ennemis de l'Amérique lui portaient une haine sans
limites.
Il convient de signaler qu'en dehors du programme NMD, un
vaste programme de défense du territoire doté des moyens
financiers conséquents (37 milliards de dollars en 2003), est mis en
place et directement rattaché au président des
Etats-Unis69(*).
Par ailleurs, le professeur Ghassan Salamé, pense que,
face à l'ennemi de l'époque (URSS), il s'agissait d'opposer un
endiguement actif, et ce, en augmentant les défenses militaires pour le
dépasser techniquement (notamment par la fameuse IDS ou
« guerre des étoiles », censée affaiblir ses
capacités offensives en matière de missiles intercontinentaux) et
en le plaçant ainsi devant un choix difficile : ou il se
lançait à son tour dans la course engagée, quitte à
s'essouffler économiquement, où il déclarait
forfait70(*).
Avec G.W. Bush à la Maison-Blanche, une doctrine fut
appliquée, la guerre au sens strict est considérée comme
un complément de la diplomatie. Ce la revient à l'ordre du jour
en Afghanistan puis en Iraq, avant de l'être sans doute demain ailleurs.
Mais l'interventionnisme en déça de la guerre proprement dite
n'est pas exclu non plus. Comme pendant les dernières années de
l'ère Clinton, le militaire est l'instrument privilégié de
la diplomatie, mais au lieu de devoir choisir entre les grands conflits et les
interventions limitées, l'administration Bush semble les favoriser
à égalité.
La guerre d'Afghanistan avait paru inéluctable au
lendemain du 11 septembre. Celle d'Iraq est encore en cours, sa
nouveauté est multiple et son issue indécise ; son actuel
ensablement constitue un obstacle certain à des nouvelles
équipées dans le court terme, aussi souhaitées
soient-elles. C'est pourquoi il est encore hasardeux d'en tirer des conclusions
générales ou de savoir en particulièrement si elle sera
la première ou, définitive, la seule et unique application de la
stratégie proclamée en septembre 2002.
D'une manière brève, nous pouvons dire avec Paul
Hassner que la stratégie militaire américaine actuelle combine
donc deux traditions. La première tradition peut être
résultée ainsi : on n'y pas du tout, ou on y va massivement.
Et la seconde, ainsi : on fait se battre les autres, on n'y va pas
nous-mêmes. Tout cela se combine dans le primat de l'arme
aérienne71(*) .
§2. Au niveau des
infrastructures militaires et la production des armes
La concentration de la puissance de feu dans les mains de
l'Amérique ne connaît aucun précèdent dans
l'histoire. Contrairement à ce qui s'était passé
après la guerre de Sécession ou la première guerre
mondiale, les Etats-Unis sont largement restés, après
l'effondrement du Mur de Berlin, dans une logique de suprématie
militaire globale alors même que leur rival d'un demi siècle
s'affaissait et que les pays européens opéraient des
réductions autrement plus drastiques dans leur arsenal. Des
réductions en personnel, en allocations budgétaires, en arsenaux
ont bien entendu été réalisées aussi par les
américains. Mais les questions lancinantes du début des
années 1990 sur ce que serait la position militaire des Etats-Unis
dans le monde ont laissé place, à la fin de la décennie ,
à une sorte de divine surprise : celle d'une suprématie
militaire indiscutée, inégalable et inattaquable.
A l'origine, il y a ce qu'on appelle désormais le
contrôle des « parties communes » de la
planète. « Contrôle veut dire que les Etats-Unis font un
usage militaire du domaine aérien, maritime ainsi que de l'espace bien
plus important que les autres, qu'ils peuvent de manière
crédible, en interdire l'usage par d'autres, et que les autres
perdraient s'ils essayaient d'en interdire l'usage au
américains ». Ce contrôle préalable, maintenu et
si possible renforcé, vise par définition les obstacles que
d'autres acteurs chercheraient à placer à travers de son chemin,
elle doit être assurée d'accéder là où elle
entend le faire. C'est ainsi que l'Amérique s'impose non seulement comme
seule force globale, mais aussi comme gardienne incontestée de la
globalisation.
Actuellement, les Etats-Unis possèdent :
· Une aviation ultramoderne dotée de missiles
d'une surprenante précision. Il nous sera difficile d'oublier comment un
de ces missiles réussit à détruire le central
téléphonique d'al-Mansour , à Bagdad, laissant
intacte la partie administrative du complexe séparée de
l'ensemble technique par un simple mur mitoyen, ni comment, tout autour de la
capacité irakienne, il a été constaté des restes de
jeeps ou de simples fortins (gardés par trois ou quatre soldats) qui
avaient été anéantis par des missiles ultra précis
tirés depuis des avions de combats ou des bâtiments maritimes
croisant aussi loin que la méditerranée ou l'océan Indien.
La maîtrise de l'air des Etats -Unis est, de fait
éclatante : ils disposent aujourd'hui de plus d'avions de chasse ou
d'attaque au sol de la dernière génération que toutes les
autres aviations existantes réunies. Ils ont en effet à leur
disposition (chiffres de l'IISS pour 20047) 2.267 avions de la dernière
génération, 102 Awacs (avions de surveillance et de
contrôle dotés de radars puissants).
· Une armée de terre qui a été par
les réductions de l'après-guerre froide (en passant de 2.7
millions à 2.2 millions pour l'ensemble du personnel), renouvelée
dans les années 1990 avec un passage de 2.2 à 1.5 millions.
Mais, comme les guerres de multipliaient et que le ré&seau de bases
à travers le monde restait largement le même, l'armée
américaine s'est retrouvée, au lendemain de la guerre d'Irak,
avec près de 370 000 hommes déployés sur l'ensemble
de la planète, soit 24 de ses 33 brigades de combat, ou 73% du total.
Deux seulement de ses divisions restaient disponibles pour d'autres conflits
éventuels, l'Afghanistan et surtout l'Irak exigeaient une
présence en homme aussi massive.
Notons aussi, cependant que, di ans après la fin de la
guerre froide, le nombre des soldats basés (hors opérations)
à l'étranger avait diminué de 50% et représentait
250.000 hommes sur une force armée totale de 1.4millions absorbant
environ 50 milliards de dollars par an (dont 117.000 hommes en Europe, 101.000
en Asie orientale et 30.000 dans le Golfe). Les ambitions
néo-impériales poursuivies après 2001 inspirent non pas
une contraction supplémentaire du réseau de bases, mais des
choix géopolitiques différents. La nouvelle stratégie ne
vise plus à faire de ces boucliers destinés à endiguer
l'expansion soviétique, ni instruments de stabilisation dans des
régions sensibles. Mais ces bases deviennent des instruments de
préventions et d'intervention dans les pays ciblés. C'est
pourquoi les décisions annoncées à l'automne 2004 visent
d'abord à rapprocher, autant que faire se peut, ces bases de
théâtres potentiels d'application de la force.
· Près de 100 satellites militaires, de 150 autres
à usage civil et un contrôle jusqu'ici exclusif du GPS ou Global
Positionning System (Comprenant son usage au autres), les Etats -Unis ont
incontestablement la maîtrise de l'espace.
· Pour clore ce tableau, l'instrument militaire
américain a été beaucoup moins affecté qu'on ne le
pense par la fin de la guerre froide. Alors que, traditionnellement, les
industriels se démobilisaient à l'issue de chaque conflit et se
repliaient sur des productions civiles, tel ne fut pas le cas alors. Dix ans
après l'implosion de l'URSS, aucun site de protection privée
n'avait été formée ; plus de deux millions de
salariés y travailleraient encore. Ce qui fait que dix ans après,
la capacité de production militaire demeurait quasi intacte.
Ainsi, à ce sujet, le professeur Ghassan Salamé
affirme qu'en dépit de la disparition de la principale menace et de
l'existence d'arsenaux suffisants et ultramodernes, le budget d'acquisitions
n'a pas cessé de croître. Le complexe militaro-industriel est
plus que jamais puissant au Congrès, et on peut même constater
qu'il détermine, encore plus qu'à l'époque de la guerre
froide, la politique d'équipement des forces armées. C'est pour
quoi lorsque George W. Bush, élu, renoua avec la hausse du budget
militaire, les lignes de production n'attendaient que ses nouvelles
commandes72(*).
D'une manière générale, pour ce qui est
du budget militaire, depuis 2002 il dépasse les 400 milliards de
dollars annuels. Cela, sans compter les guerres qui exigent souvent des
rallonges, exemple le cas d'Irak en 2003 (75 milliards de dollars pour si
mois).
Pour terminer ce paragraphe, d'après le dictionnaire de
stratégie, l'arsenal actuel stratégique américain, qui est
placé sous le commandement d'une seule autorité (stratégie
command), a la composition suivante :
· 550 missiles terrestres (2500 têtes)
· 436 missiles embarquée sur sous -marins (3.488
têtes)
· 92 bombardiers (1.800 têtes), soit un total de
1078 vecteurs pour 7.7.88 têtes.
Quant à l'arsenal tactique, il comprend :
· 650 bombes (dont 150 déployées en
Europe) ;
· 350 missiles de croisière embarquements sur
navires de surface et sous- marins, soit 1.000 têtes
nucléaires73(*).
§3. Au niveau de la
méthodologie et moyens d'intervention
A ce niveau, il convient de signaler que la stratégie
américaine de défense durant la période de la guerre
froide procédait tout d'abord à équiper leurs
alliés en leur fournissant aussi de l'aide dans le domaine militaire.
Ensuite, l'installation des coins jugés stratégiques, toujours
dans le souci de stopper les avancées communistes. Raison pour laquelle
on a parlé de la guerre par procuration, c'est-à-dire que les
alliés ou les Etats satellitaires des USA étaient obligés
d'être à la position défensive en cas d'attaque
soviétique.
Par ailleurs avec la stratégie de l'après guerre
froide, il s'agit de la révision des alliances. Les attentats de
septembre 2001 ont servi de révélateurs sur une question
essentielle : qui sont les vrais alliés de l'Amérique ?
L'Europe a montré qu'elle prenait immédiatement sa part du deuil
américain et qu'elle manifestait sa solidarité de multiples
façons. Ces attentats ont permis aussi à Washington d'engager des
alliances tactiques indispensables : Pakistan en est le meilleur
exemple.
Concernant les moyens d'intervention, ils se fondent sur le
principe selon lequel « c'est la mission qui détermine la
coalition, et non l'inverse ». Ce principe conduit en
général à considérer les alliés moins comme
des partenaires durables que des atouts ponctuels ; il conduit aussi
évidemment à dévaluer l'OTAN et à la transformer en
simple « réservoir » de ressources. L'unité
de l'Europe devient, dans cet esprit, plus un obstacle qu'un atout, et certains
partisans de l'administration comme Gérard Baker, appellent
désormais à oeuvrer à sa
désagrégation74(*).
En outre, poursuit l'auteur, les alliés dans cette
nouvelle stratégie, doivent faire maintes concessions pour permettre
à l'Amérique d'accomplir la mission dont ils l'ont
chargée : ils doivent comprendre que l'Amérique est
obligée d'agir de manière préemptive pour venir à
bout de la « trônée », et ce, le plus souvent
unilatéralement ; que non seulement le gouvernement
américain « est la plus grande force agissant pour le bien
dans le monde, mais que l'armée américaine est l'instrument
principal de ce bien ». Pour lui permettre d'agir à sa guise,
ils doivent mettre à sa disposition leurs ressources et cesser de
vouloir lui imposer des normes comme celles de la cour pénale
internationale. Et s'ils n'acceptent pas tout cela ? Eh bien (allusion
très claire aux opposants européens à la guerre contre
l'Irak, ils démontreraient qu'ils sont en réalité de
« petits esprits égoïste préférant des
échecs américains à l'expansion globale du noyau dont ils
font partie ».
§4. Champs et type
d'intervention
Lors de la bipolarité, les champs d'intervention
coïncidaient avec les bases de l'OTAN, ainsi il y avait des
théâtres d'opérations ci- après :
· Les théâtres centre de l'Europe qui
comprenaient les forces ouest- Allemagne, américaine, britannique,
néerlandaises, belges, canadiennes et danoises. Le groupe
d'armées Nord de l'OTAN (NORTHAG) fournissaient quatre cors
d'armée ( le 1er néerlandais, le 1er
allemand, le 1er britannique et le 1er belge) pour
défendre la zone qui s'étend au sud de l'Elbe jusqu'au couloir de
Gottingen, tandis que le groupe d'armées centre (CENTAG) avec quatre
corps d'armée (le 3ème allemand,
5ème et le 7ème américains
e »t le 2ème Allemagne, plus un groupe de brigades
canadiens) défend une zone allant du sud de Gottingen jusqu'à la
frontière autrichienne.
Le théâtre Nord et sud : le
théâtre Nord Europe est particulièrement aigue suivant un
arsenal allant du Groëland à la Norvège et au Danemark en
passant par Island. Cette zone couvre les approches septentrionales de
l'Atlantique ainsi que les lignes de communication maritimes qui seraient en
temps de guerre un cordon ombilical vital entre la partie européenne de
l'OTAN et l'Amérique du Nord.
Le théâtre Sud Europe peut être
divisé en plusieurs théâtres secondaires : les
détroits turcs et la Thrace ; les Balkans et l'Italie du Nord. Dans
cette zone, la maîtrise de la méditerranée et de la mer
Noire, ainsi que des passages resserrés qui les relient : mer
Egée et détroits des Dardanelles et du Bosphore, demeure la
clé importante. La méditerranéen est une voie capitale
pour l'acheminement des renforts.
· Pour ce qui est de l'Asie orientale et Pacifique, les
caractéristiques géopolitiques et militaire font
l'évaluation des forces dans cette région soit différente
à celle des forces en Europe. En effet, il n'y a pas, dans le pacifique
de système d'alliance dirigé par une super puissance comparable
à celui de l'OTAN.
Par contre, dans la stratégie
néo-impériale, les champs et le type d'intervention
dépendent de la zone retenue comme cible et par après, les forces
soit américaines ou de la coalition s'installent dans les bases
américaines ou de l'Etat d'accueil le plus proche à l'endroit
où l'intervention doit avoir lieu. Les opérations menées
à l'Afghanistan et en Irak demeurent les exemples les plus
éloquents.
Une chose à ne pas oublier est que l'action
préventive demeure le type d'intervention de l'actuelle stratégie
américaine comparativement à la guerre froide où les
forces américaines et alliées étaient plus à la
défensive.
SECTION II. CONSTANCE
OU EVOLUTION ?
Il y a lieu, à partir des considérations ayant
émaillé les parties précédentes à cette
section, nous pouvons parvenir à démontrer la constance ou
l'évolution de la stratégie américaine.
§1. Constance de la
stratégie américaine de défense
Quand bien même, depuis la guerre froide, beaucoup des
doctrines stratégiques ont caractérisé les Etats-Unis
d'Amérique, il ressort que le primat dans toutes ces doctrines
sécuritaires n'est que la préservation de l'intérêt
national américain.
Ainsi, l'après guerre froide et surtout avec les
attaques terroristes du 11 septembre et d'autres qui s'en ont suivi partout
où se trouvaient les intérêt américains, la
stratégie américaine utilisée pour faire face à
cette terreur reflète le « Wilsonisme ». A ce sujet,
Salamé G. affirme que le Wilsonisme est en réalité un
mythe qui, en 1919, puis de nouveau 1945 et en 2001, s'est heurté
à la réalité des rapports de forces qu'il s'obstinait
à ignorer. Depuis F. Roosevelt jusqu'à nos jours, tous les
présidents ont prétendu être Wilsoniens mais ont souvent
peu de choses en commun75(*).
Si nous avions pris l'exemple de Wilsonisme pour illustrer la
constance dans la stratégie américaine de défense, c'est
pour démontrer que lors qu'il s'agit de défendre leurs
intérêts, les présidents américains voient d'abord
les Etats-Unis avant d'agir. Pour entrer à la première guerre
mondiale, il a fallu que les bateaux américains SUNSEX et LUSITANIA
soient torpiller par les bombes allemandes, pour prendre part à la
deuxième guerre mondiale, il a fallu qu'il y ait les attentats du Pearl
Harbour, enfin pour déclarer la guerre contre le terrorisme, il a fallu
l'écroulement des deux tours jumelles, symbole de
prospérité économique américaine. La constance est
que la stratégie américaine de défense est
éloquente que lorsque l'Amérique est touchée.
Bref, la constance dans la stratégie américaine
de défense se fait remarquer par la quête inavouable d'un monde
unipolaire. Et ce bien ce qui explique pour quoi les auteurs américains
contemporains ont tendance à revisiter la dynamique même de la
guerre froide pour reconnaître, avec bien du retard, ce que l'URSS, ses
satellites, la gauche européenne et une Kyrielle de mouvements
nationalistes du tiers monde n'ont cessé de clamer sans être
jamais étouffés à Washington, tout au long de la seconde
moitié de 20ème siècle, à savoir
qu'à côté de la mission affichée pour contenir
l'expansionnisme soviétique de par le monde, les Etats-Unis cherchaient
aussi, et peut-être d'abord , à accélérer la
mise en place d'une hégémonie planétaire
américaine.
§2. Evolution de la
stratégie américaine de défense
Il sied de reconnaître que tous les atouts que
possédaient les Etats-Unis lui conférant la force et la puissance
pendant la guerre froide ne sont jamais déclarés
obsolètes. Ce qui revient à dire que le 11 septembre n'a fait
qu'amener quelques rectifications dans la pensée stratégique
américaine, surtout par rapport à un ennemi qui est
différent de l'empire du mal. Ceci démontre à suffisance
combien il était impérieux de réadapter la
stratégie de défense aux caractéristiques de l'ennemi.
De nos jours, l'Amérique contrôle très
largement les mers, le ciel et l'espace. Elle a aussi le premier réseau
de bas des militaires, et c'est en fait la seule puissance militaire globale du
monde actuel. Un autre élément parmi tant d'autres
démontrant l'évolution de la stratégie de défense
américaine est la réforme des services de renseignement. En
effet, pour avoir constaté les erreurs d'appréciation de
l'échelon contrat de FBI et la faible réactivité de la
NSA, aussi que leur manque de coordination, le président Bush
annonçait la création d'une nouvelle agence, chargée
d'analyser les informations rassemblées par le FBI et la CIA sur les
menaces terroristes à l'intérieur des Etats-Unis. Il s'agit tout
simplement de la plus importante réorganisation de la bureaucratie
fédérale dans cinquante dernières années.
D'une manière générale,
l'évolution en matière de stratégie se manifeste non
seulement avec la tactique de la guerre préventive, mais aussi au
niveau des services des renseignement, car plus de 100 institutions du
gouvernement fédéral des Etats-Unis ont aujourd'hui des
responsabilités diverses en matière de défense du
territoire. Le ministère de la défense du territoire, sous la
direction de Tom Ridge, est censé faciliter les problèmes de
coordination entre les différentes entités. Le nouveau
département chargé de rassembler les informations relatives aux
menaces terroristes au sein des USA dépendra de ce Bureau76(*).
Voilà autant d'éléments démontrant
l'aspect évolutif de la stratégie américaine. Car une
stratégie de défense s'accommode au temps, aux circonstances et
aux paramètres du réel sans lesquels, la sécurité
nationale serait vulnérable.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
Il nous est absurde de terminer un travail scientifique sans
la conclusion et sans laisser une ouverture pour un autre débat. Sinon,
nous tombons dans un sophisme scientifique dangereux au renouvellement de la
connaissance.
Notre étude reposait sur « constance et
évolution de la stratégie américaine de défense
face aux mutations du système international ». Pour y arriver,
nous nous sommes servi de plusieurs méthodes que nous avons
jugées appropriées. La première est la méthode
dialectique qui nous a démontré qu'au sein du système
international existent des contradictions, des confrontations issues des
attitudes de chaque Etat cherchant à préserver ses
intérêts, lesquels le poussent chaque Etat à avoir une
stratégie de défense, car dit-on un Etat est un ennemi potentiel
pour l'autre. La deuxième est l'approche
anthropologico-diplomatico-stratégico militaire. Celle-ci à eu
comme contribution dans notre sujet de recherche par le fait que nous sommes
parvenus par interpénétrer la stratégie américaine
de défense depuis la guerre froide jusqu'à l'après 11
septembre et avons dégagé des éléments
nécessaires reflétant la constance et le dynamisme de cette
stratégie par rapport aux événements qui surgissent sur le
système international. Outre ces méthodes, nous nous servis aussi
de la méthode culturaliste, de la théorie du jeu, de la
méthode comparative.
Toujours dans notre réflexion, après avoir
parcouru toutes les expressions stratégiques ayant
caractérisé la stratégie américaine de
défense pendant la guerre froide, que ça soit le new look de
Eisenhower, la riposte gradué de Kennedy, la doctrine de Nixon, l'IDS de
Reagan, la stratégie de Bush Senior, nous avons démontré
que toutes les expressions stratégiques ont fait parti de l'endiguement
(containment) qui consistait à contrecarrer les velléités
expansionnistes de « l'empire du mal » qui n'était
autre que l'ex- URSS.
Cependant, nous avons aussi déceler qu'après
l'effondrement de l'empire soviétique, une certaine léthargie ou
cacophonie stratégique caractérisait le comportement des
Etats-Unis, car son rival n'existait plus, et quand bien, les américains
étaient conscients des nouvelles menaces réelles ou virtuelles,
ils ne s'imaginaient pas connaître un désastre ou un attentat sur
leur territoire, quand bien même leurs deux ambassades en Afrique de
l'Est furent touchés par des actes terroristes en 1998.
Ainsi, c'est le 11 septembre qui, dans le domaine de la
stratégie, a indéniablement changé la donne. Une forme
d' « impérialisme libéral » est apparue,
fondée sur le recours à la force comme instrument de
reconstruction d'un ordre international. Pour Pierre Hassner, l'explication de
cette rupture avec le multilatéralisme doit être directement
recherchée dans les attentats du 11 septembre77(*). Les Etats-Unis ont pris
conscience de leur vulnérabilité et du fait qu'eux seuls peuvent
agir pour la sauvegarde de leurs intérêts.
C'est pourquoi les guerres qu'ils ont menées depuis ne
sont en rien comparables à celle du Vietnam ou à la seconde
guerre mondiale. Les Etats-Unis ont aujourd'hui conscience de combattre pour
la sauvegarde de leurs intérêts vitaux, voire même à
moyen terme pour leur survie.
Ainsi, nous affirmons avec Pascal Cuche que dans cette
perspective, la politique de « containment » menée
par G.W. Bush est une stratégie réaliste, en ce qu'elle vise
à assurer avant tout la sécurité des Etats-Unis dans le
monde instable de l'après 11 septembre, en luttant contre le terrorisme
et les « Etats voyous ». Les objectifs de cette politique
ne sont pas éloignés d'une position isolationniste dans la mesure
où elle est résolument tournée vers l'intérieur.
Loin de tout idéalisme, les Etats-Unis ont adapté leur politique
étrangère au nouveau contexte géopolitique issu du 11
septembre. Il n'est d'ailleurs pas certain que Bill Clinton aurait suivi une
politique radicalement différente dans un contexte identique78(*).
En outre, la lecture de la stratégie américaine
de défense de l'après 11 septembre est toutefois plus
compliquée qu'il n'y parait. Car elle est construite, comme l'a
montré Pierre Hassner, à partir d'un mélange
idéologique mêlant isolationnisme, unilatéralisme,
idéalisme et internationalisme messianique79(*). Au-delà de son
caractère réaliste, il est en effet indéniable que la
politique de G.W. Bush est également fortement imprégnée
d'idéalisme. Derrière la lutte contre le terrorisme
apparaît un objectif : la volonté de développer la
démocratie au Moyen-Orient, et pour commencer en Irak. Cette politique
d'inscrit dans la continuité de celle prônée par les
partisans d'une vision idéaliste des relations internationales. On
retrouve en effet dans le discours de G.W. Bush des intonations Wilsoniennes.
L' « axe du Mal », identifié par W. Bush dans
son discours sur l'état de l'Union le 29 janvier 2002, rappelle, dans
une certaine mesure, le « nouvel ordre des choses » du
président W. Wilson. L'existence d'une « axe du
mal » appelle un combat pour le bien. Raison pour laquelle le
Président Bush a déclaré : « nous sommes dans un
conflit entre le bien et le mal, et l'Amérique appellera le mal par son.
Lorsque nous luttons, poursuit-il, contre le mal et les régimes sans
foi ni loi nous ne créons pas un problème nouveau : nous
révélons un problème existant. Et nous conduirons les
nations pour les régler »80(*). Cette rhétorique n'est pas non plus sans
rappeler les déclarations de Wilson en 1919, lors qu'il
dit : « la seule question importante pour le devenir de
l'humanité était de savoir si telle ou telle chose était
bien ou juste dans l'intérêt de l'humanité, avec la
conscience du rôle messianique des Etats-Unis »81(*).
Certes, toutes les considérations et illustrations qui
précédent, démontrent à suffisance que la
stratégie américaine de défense est à la fois
constante et évolutionniste. Constante, parce que elle défend
tout d'abord les intérêts américains en gardant l'essence
Wilsonienne. Elle est évolutionniste, car elle s'adapte aux nouveaux
événements et à la nouvelle configuration du
système international. Peu importe leurs dissensions internes
liées aux tendances politiques (néo conservateurs,
idéalistes, etc.).
Bref, nous pouvons dire que dans la vision américaine
de défense, après le 11 septembre, avec le terrorisme messianique
et la réalisation de l'administration Bush, on passe de la
mondialisation heureuse où l'Amérique Clintonienne
espérait régner par la séduction et le dynamisme
économique, à la mondialisation sombre dramatique ou tragique,
où l'Amérique livre une lutte sans merci, en tout lieu et en tout
temps, à un ennemi mortel qu'il s'agit d'anéantir sans peine
d'être détruit par lui82(*). D'où, la lutte sans merci en vue
d'éviter le 2ème 11 septembre, car les terroristes
n'avertissent pas avant d'attaquer, mais revendiquent les attentats.
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préventive est - eller une stratégie adaptée ? , un
esprit , août-seprt. 2002.
8. Hassner, P., « Etats-Unis : l'empire de la
force ou la force de l'empire », in Cahiers de Chaillot,
n°54, Paris, 2002.
9. Hassner, P., « Puissance et
légitimité », in commentaire, n°100, Hiver
2002-2003, Paris.
10. Journal Le nouvel observateur, 19 juillet 1985.
11. Luciani, G., « The Economic Content of Security
», in Journal of Public Policy, vol. 8, n° 2, 1989.
12. MAKARIAN, C., « Le fanatisme », in
Le vif/l'Express, n° 39/2621 sept-oct 2001.
13. May, E., « National Security in American History
», in Graham T. Allison, Gregory F. Treverton (eds.),
Rethinking America's Security : Beyond Cold War to New World Order, New York,
Norton, 1992.
14. Mongin, O., « Une entrée brutale dans
l'après-guerre froide », in Esprit, Août -
septembre 2002, n°287, Paris.
15. Remy, J., et alii, « les ressorts du
fanatisme », in Le vif/l'express, n°39/29621, septembre -
octobre 2001.
16. SOUDAN, F., « Ben Laden : Le chant du
Cygne », in Jeune Afrique / l'intelligent, n° 2127, du
16 au 22 octobre 2001.
17. Taylor, F., « La politique des Etats-Unis en
matière de lutte contre le terrorisme », in Les objectifs
de politique étrangère des USA, vol 6, n°3, novembre
2003.
18. THORIN, V., « Cherche ennemie,
désespérément », in J.A./L'intelligent,
n° 2127 du 16 au 22 octobre 2001.
19. Trager, F.N. et Simonie F.L., « An Introduction to
the Study of National Security », in Franck N. Trager,
Philip S. Kronenberg (eds.), National Security and American Society,
Lawrence, University Press of Kansas, 1973.
20. Wolfers, A., « «National Security» as an
Ambiguous Symbol », Political Science Quarterly, vol. 67, n°
4, 1952. Réédité dans Arnold Wolfers, Discord and
Collaboration. Essays on International Politics, Baltimore (Md.), Johns
Hopkins University Press, 1962.
IV. COURS (SYLLABUS)
1. OLOFIO BEN OLOMY, Cours de méthode de travail
scientifique, 1er graduat SPA, Unikin, 1996-1997,
inédit.
2. LOKULUTU, B., Cours de la
géostratégie, 1ère licence, Unikin,
2003-2004, inédit.
3. DIUR K., Cours d'Introduction aux relations
internationales, G1 R.I., UNIKIN, 2001-2002, inédit.
V. SITE INTERNET
www.usinfo.state.gov
TABLE DES MATIÈRES
EPIGRAPHE
I
DÉDICACE
II
AVANT-PROPOS
III
ABREVIATIONS
V
INTRODUCTION
1
1. PROBLÉMATIQUE
1
2. HYPOTHÈSES DE TRAVAIL
3
3. MÉTHODES ET TECHNIQUES
5
A. Méthodes
5
a. La méthode dialectique
5
b. L'approche
anthropologico-diplomatico-stratégico militaire
6
c. Méthode comparative
6
d. Méthode culturaliste
6
e. La théorie de jeu
6
B. Techniques
7
4. CHOIX ET INTÉRÊT DU SUJET
7
5. DÉLIMITATION DU SUJET
8
A. Sur le plan temporel
9
B. Sur le plan spatial
9
6. PLAN SOMMAIRE DU TRAVAIL
9
PREMIER CHAPITRE : EXPLICATIONS
CONCEPTUELLES
10
SECTION I. DÉFINITION DES CONCEPTS ET
NOTIONS DE BASE
10
§1. Constance
10
§2. L'évolution
10
§3. Mutation
11
§4. La géostratégie
11
§5. La guerre froide
13
§6. Le terrorisme
14
1. Le bioterrorisme
15
2. Le cyber-terrorisme
16
3. Le kamikaze
16
§7. La politique de défense
17
1. Les doctrines militaires
17
§8. Sécurité nationale
18
§9. La sécurité
collective
20
CHAPITRE DEUXIÈME : OBJECTIFS
ET NATURE DES DÉFIS DES USA EN MATIÈRE DE DÉFENSE ET DE
SÉCURITÉ
21
SECTION I. LA NATURE DU DÉFI
SOVIÉTIQUE
22
§1. Stratégie et structure de la
défense soviétique
22
A. Situation de défense avant Gorbatchev
22
§2. Le pacte de Varsovie
23
1. Objectifs du pacte de Varsovie
23
2. Dissolution du pacte de Varsovie
24
SECTION II. LE TERRORISME INTERNATIONAL
24
§1. Origine
24
§2. Objectifs des terroristes
25
1. Obtenir de l'argent
26
2. Tuer des personnalités qui risquent de
gêner leur action
26
3. Prendre des otages
26
4. Faire peur aux populations et aux gouvernements
par des attaques surprises et suicides
27
5. Affirmer la force de la foi islamique
27
§3. Types du terrorisme
28
1. Le terrorisme nationaliste
28
2. Le terrorisme révolutionnaire
29
3. Le terrorisme d'Etat
31
4. Les principales organisations terroristes dans
le monde
31
§4. Bases terroristes
33
§5. Les conséquences du
terrorisme
33
1. Sur le plan psychologique
33
2. Sur le plan politique
35
3. Sur le plan économique
36
4. Sur le plan socioreligieux
37
5. Sur le plan humanitaire
37
CHAPITRE TROISIEME : LES
STRATÉGIES DE DÉFENSE DES USA PENDANT ET APRÈS LA GUERRE
FROIDE
39
SECTION I. LE SYSTÈME AMÉRICAIN DE
DÉFENSE DURANT LA GUERRE FROIDE
40
§1. Stratégie et structure de la
défense américaine
41
A. L'endiguement
41
B. New look
43
C. Riposte graduée
44
D. Doctrine de Nixon
44
E. Stratégie défensive de l'avant
45
F. Stratégie de défense
conventionnelle
45
G. Nouvelle stratégie de défense du
président Reagan
46
§2. Programmes de défense
stratégique, nucléaires et spatiaux
47
A. Programmes de défense stratégique
et nucléaire
47
B. Programme spatial
48
§3. L'OTAN
49
SECTION II. LA POLITIQUE AMÉRICAINE DE LUTTE
CONTRE LE TERRORISME PENDANT LA PÉRIODE POST-GUERRE FROIDE
51
§1. Les instruments de la lutte
antiterrorisme
54
A. Programme d'aide antiterroriste
55
B. Programme d'intervention du terrorisme
56
C. Programme « Rewards for
Justice »
56
D. La diplomatie
56
§2. Stratégie militaire des USA
dans la lutte antiterroriste
56
CHAPITRE QUATRIÈME : ANNALYSE
COMPARATIVE DE LA STRATEGIE AMERICAINE DE DEFENSE AU REGARD DES MUTATIONS DU
SYSTEME INTERNATIONAL
58
SECTION I. LES ELEMENTS D'ANALYSE COMPARATIVE
59
§1. Au niveau du système de
défense
59
§2. Au niveau des infrastructures
militaires et la production des armes
61
§3. Au niveau de la méthodologie et
moyens d'intervention
64
§4. Champs et type d'intervention
65
SECTION II. CONSTANCE OU EVOLUTION ?
66
§1. Constance de la stratégie
américaine de défense
66
§2. Evolution de la stratégie
américaine de défense
67
CONCLUSION GÉNÉRALE
69
BIBLIOGRAPHIE
72
TABLE DES MATIÈRES
75
* 1 Gere, F.,
« L'ordinaire de la guerre et le nouveau grand schisme »,
in puissances et influences, 2000-2001, éd. 1001 nuits, Turin,
2000, p.13.
* 2 TALBOT, S., Cité par
François GERE, op.cit., p.13.
* 3 LOKA NE KONGO,
Schéma du travail scientifique, PUZ, Kinshasa, 1978, p.86.
* 4 Thérèse
Delpech, Politique du chaos. L'autre face de la mondialisation,
éd. Le Seuil, Paris, 2002, p.42.
* 5 CHASSE, J., cité par
Barrea, J., Théories des relations internationales, éd.
CIACO, Bruxelles, 1979, p.24.
* 6 Mongin, O., « Une
entrée brutale dans l'après-guerre froide », in
Esprit, Août - septembre 2002, n°287, Paris, p.15.
* 7 Exposé de Donald
Rumsfeld au début du mois de mai 2002 à l'OTAN.
* 8 Gratwitz, M.,
Méthode des sciences sociales, 2ème éd.,
Dalloz, Paris, 1974, p.47.
* 9 OLOFIO BEN OLOMY, Cours
de méthode de travail scientifique, 1er graduat SPA,
Unikin, 1996-1997, inédit.
* 10 REZSOHAZY, R.,
Théorie et critique des faits sociaux la renaissance du
livre, Bruxelles, 1971, p.68.
* 11 Dictionnaire Larousse
illustré 2001.
* 12 Dictionnaire Larousse
illustré 2001.
* 13 Clausewitz, K.,
cité par GONIDEC, P.F., Relations Internationales, édition
Montchrestien, Paris, 1974, p.291.
* 14 GONIDEC, P.F.,
op.cit., pp.298-299.
* 15 LOKULUTU, B., Cours de
la géostratégie, 1ère licence, Unikin,
2003-2004, inédit.
* 16 VAISSE, M., et alii,
Dictionnaire des relations internationales, au 20ème
siècle, Armand Colin, Paris, 2000, pp.117-118.
* 17 VAISSE, M., et alii,
op.cit., p.119.
* 18 Denvers, A., Points
chocs : atlas des conflits dans le monde, édition
n°1, Paris, 1987, p.17.
* 19 Dictionnaire Le Petit
Larousse illustré 2001.
* 20 Rapport sur le terrorisme
dans le monde en 2002,
http://usinfo.state.gov
* 21 Remy, J., et alii,
« les ressorts du fanatisme », in Le vif/l'express,
n°39/29621, septembre - octobre 2001, p.37.
* 22 Dictionnaire Larousse
Illustré 2001, p.
* 23 Henri Pac, cité
par LOKULUTU, op.cit.
* 24 GONIDEC, P.F.,
op.cit. p.346.
* 25 May, E., « National
Security in American History », in Graham T. Allison, Gregory F.
Treverton (eds.),
Rethinking America's Security : Beyond Cold War to New World
Order, New York, Norton, 1992, p. 235.
* 26 Lippmann, W., U.S.
Foreign Policy. Shield of the Republic, Boston (Mass.), Little / Brown,
1943, p.122.
* 27 Hartland-Thunberg, P.,
« National Economic Security : Interdependence and Vulnerability »,
in Frans A. M. Alting von Geusau, Jacques Pelkmans (eds.),
National Economic Security, Tilburg, John F. Kennedy Institute, 1982,
p.50.
* 28 Luciani, G., « The
Economic Content of Security », Journal of Public Policy, vol. 8,
n° 2, 1989, p. 151.
* 29 Trager, F.N. et Simonie
F.L., « An Introduction to the Study of National Security », in
Franck N. Trager, Philip S. Kronenberg (eds.), National Security
and American Society, Lawrence, University Press of Kansas, 1973, p.
36.
* 30 Wolfers, A., «
«National Security» as an Ambiguous Symbol », Political
Science Quarterly, vol. 67, n° 4, 1952. Réédité
dans Arnold Wolfers, Discord and Collaboration. Essays on International
Politics, Baltimore (Md.), Johns Hopkins University Press, 1962, p.
150.
* 31 Barry Buzan, Security
: A New Framework for Analysis, Boulder (Col.), Lynne Rienner, 1998,
pp.18-19.
* 32 VENEZIA, J.C.,
Stratégie nucléaire et relations internationales, Armand
Colin, Paris, 1971, p.17.
* 33 VENEZIA, J.C.,
op.cit, p.18.
* 34 DIUR K., Cours
d'Introduction aux relations internationales, G1 R.I., UNIKIN, 2001-2002,
inédit.
* 35 JACQUARD, R., Tueurs
sans frontières, les dossiers secrets du terrorisme, éd.
Albin Michel, Paris, 1985, p.7.
* 36 BUSH, G., « Le
terrorisme : Evaluation de la menace, contre mesures et
politique », in Objectifs de politique étrangère des
Etats-Unis, n°3, volume 6, Novembre 2001, Département d'Etat
des USA, p.2.
* 37 DIUR K.,
op.cit.
* 38 Journal Le nouvel
observateur, 19 juillet 1985.
* 39 SOUDAN, F.,
« Ben Laden : Le chant du Cygne », in Jeune Afrique
/ l'intelligent, n° 2127, du 16 au 22 octobre 2001, p.18.
* 40 CHEIK M., cité
par MAKARIAN, C., « Le fanatisme », in Le
vif/l'Express, n° 39/2621 sept-oct 2001, p.32
* 41 DENVERS, A.,
op.cit., p.23.
* 42 GESLIN, J.D.,
« Black list », J.A./l'Intelligent, n° 2127,
du 16 au 22 octobre 2001, p. 22.
* 43 ARUNDHATI ROY
cité par Valérie THORIN, « Cherche ennemie,
désespérément », in J.A./L'intelligent,
n° 2127 du 16 au 22 octobre 2001, p.16.
* 44 Dictionnaire Larousse
illustré, 2001.
* 45 Dictionnaire
médical pour les régions tropicales.
* 46 Bush, W.G., « Le
terrorisme : Evaluation de la menace, contre mesures et politique, in
les objectifs de politique étrangère des USA,
Vol6, n°3, nov. 2001.
* 47 Dominique et
Michèle FREMY, encyclopédie Quid, éd. Robert
Laffont, 1994, p. 860 a.
* 48 Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme.
* 49 Ben Yahmed, B., «Une
très mauvaise affaire », in J.A./ l'intelligent
n°2127, oct.2001, p.10.
* 50 Churchill, W., cité
par Nixon, R., La vraie guerre, Albin Michel, Paris, 1980, p.174.
* 51 Esquisse de l'histoire des
Etats-Unis, United States Information Agency, mai, 1994, p.284.
* 52 VAISSE, M., et alii,
Dictionnaire des relations internationales au 20ème
siècle, Armand Colin, Paris, 2000, p.94.
* 53 Nixon, R., op.cit,
pp.427-428.
* 54 FREMY, M.,
Encyclopédie quid, éd. Robert Laffont, Paris, 1994,
p.1880.
* 55 De Montbrial, T., et
Klein, J., Dictionnaire de stratégie, PUF, Paris, 2000, p.54.
* 56 Soviet Military Power,
Bilan 1989, p.88.
* 57 Fremy, M., op.cit,
p.1882.
* 58 Vaisse, M., et alii,
op.cit, p.117.
* 59 Salamé, G.,
Quand l'Amérique refait le monde, Fayard, Paris, 2005, p.51.
* 60 Idem, pp.52-53.
* 61 Lacorne, D., cité
par Salamé, G., op.cit., p.54.
* 62 Bill Clinton cité
par Bruce Hoffman, « La menace d'attentats en moyen d'armes
atomiques, bactériologiques et chimiques », in Puissances
et Influences, éd. 1001 nuits, Turin, 2000, p.66.
* 63 Delpech, T.,
« Quatre regards sur le 11 septembre : Etats-Unis, Europe,
Russie, Chine », in Esprit, Août - septembre 2002,
p.19.
* 64 Taylor, F., « La
politique des Etats-Unis en matière de lutte contre le
terrorisme », in Les objectifs de politique
étrangère des USA, vol 6, n°3, novembre 2003, pp.7-9.
* 65 Cofer Black (2003).
Rapport annule sur le terrorisme dans le monde, pp.8-9, le 23 mars 2005,
www.usinfo.state.gov
* 66
www.usinfo.state.gov
* 67 Salamé, G., op
cit, p. 103.
* 68 Idem, Pp.
117-118
* 69 Rapport annuel
américain de défense,
www.usinfo.state.gov.
* 70 Salamé, G,
op.cit, p 221
* 71 Hassner, P .,
« L'action préventive est - eller une stratégie
adaptée ? , un esprit , août-seprt. 2002, p.65
* 72 Salamé, G.,
op.cit, p.205
* 73 De Mont brial, T., Klein,
J., op.cit, p. 55.
* 74 Salamé, G.,
op.cit, p.2110
* 75 Salamé, G.,
op.cit, p.61
* 76 Depech, T., op.cit,
p.21.
* 77 Hassner, P.,
« Puissance et légitimité », in
commentaire, n°100, Hiver 2002-2003, Paris, p.787.
* 78 Cuche, P.,
« Irak : si la France s'était
trompée ? » in Politique étrangère,
n°2 été 2003, IFRI, Paris, p.418.
* 79 Hassner, P.,
« Etats-Unis : l'empire de la force ou la force de
l'empire », in Cahiers de Chaillot, n°54, Paris, 2002,
p.34.
* 80 Discours du 1er
juin 2002 à West Point, cité par P. Hassner et J. Vaisse,
« Washington et le monde. Dilemmes d'une surpuissance, Paris, CERI,
2003, p.57
* 81 W. Wilson, cité par
G. Chaliand et A. blin, América is back : les nouveau césars
du Pentagone, Bayard, Paris, 2003, P.107
* 82 Hassner, P.,
« L'action préventive est-elle une stratégie
adaptée ? », art.cit, p.86.
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