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Constance et évolution du système americain de défense au regard des mutations du systeme international

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par Roland Kayembe mungedi
Université de Kinshasa - Licence 2005
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

« L'Amérique semble choisir les retour à Clausewitz, mais sur le terrain de la petite guerre, c'est-à-dire le mûrissement délibéré des conflits locaux jusqu'à leur point de fusions, pour les éteindre effectivement comme naguère les puits de pétrole soufflés par l'explosif. La logique est l'inverse de celle de la guerre froide : au plafonnement par le nucléaire succède le déplafonnement total, puisqu'il est même envisagé dans certaines situations d'utiliser l'arme nucléaire tactique ».

Alexandre ADLER

DÉDICACE

A toutes ces existences

Croisées dans mon errance

Et ma transhumance :

Parents, frères et soeurs

Enfants, mécènes, connaissances

Et simples passants

Pour un regard volé

Un sourire échangé

Une larme séchée

Rien ne remplace une rencontre

Rien ne vaut une

Communion.

Je dédie ce travail

Roland KAYEMBE MUNGEDI

AVANT-PROPOS

Tant qu'il vit, l'homme ne peut demeurer en repos, car sa barque ne trouve pas refuge sur l'océan des âges. C'est ainsi que celui qui aspire au savoir, mène une lutte acharnée dans son périple intellectuel. Et surtout que le savoir joue le rôle de la pluie, il fera germer l'intelligence qui cherche à s'affirmer, à travers la publication des travaux de fin de cycle, mémoires, articles, essais et ouvrages, au classement des immortels, de par sa renommée. Car, dit-on, fama volat. C'est-à-dire la renommée se répand vite.

Le présent travail n'est que le fruit de notre intelligence et le concours de plusieurs interventions. C'est pourquoi, il serait indigeste de communiquer à autrui notre oeuvre, qui sanctionne la fin du second cycle, sans vouer une grande reconnaissance aux personnages si lettrés ayant accompagné notre cursus jusqu'à ce stade. Il s'agit tout d'abord du Professeur Joseph LOKULUTU BOKANGA MPENDELE qui, en dépit de ses multiples occupations académiques et para-académiques, a accepté de diriger cet exercice. Ensuite nous exprimons nos tendres délices, dans le même ordre, à l'Assistant NSAMBA MBOYO, rapporteur dudit travail.

Cependant, nous ne pouvons pas passer sous silence tous les professeurs du Département des Relations Internationales pour les connaissances qu'ils nous ont transmises. Aussi avec un coeur sincère, nous remercions le Professeur Sylvain SHOMBA KINYAMBA pour ses avis, encouragements qui furent pour nous un stimulant sans pareil.

Il nous serait injuste de ne pas témoigner notre gratitude à nos parents, frères, soeurs, cousins et cousines, oncles tant paternels que maternels, tantes et autres, car sans regret ni ressentiment, leur attachement à notre cause est le reflet d'une chaleur familiale incontestable.

Nous exprimons, enfin nos sentiments de profonde reconnaissance à tous ceux qui, de près ou de loin ont contribué à la réussite de ce travail, et en particulier à Papa J.C. N'LOLA et Maman Fifi, Papa Colonel NYOMBI, à mon estimé Serge BANGOBANGO, à Maître KABANDA Etienne, à mon complice de tout le temps Freddy KABONGO, à mon plus que frère Séraphin MULUMBA ainsi qu'à tous mes compagnons de lutte, camarades, amis et connaissances. Nous pensons ici à : Eric MUSENGE, Etty MBUYI, Bernard MUANZA, Bertin TSHAMA, Bertin MWABILA, Guylain PANZU, Niclette MOSEMO, Francis MUKUNA, Gay MUKUNA, Bob KATAY, Ben OKOKO, Fils BABAKILA, Slo BATULI, Ramzy NDUANGABO, Junior NKUNKU, Popol KASONGO, Pathy FOLI, Joe KAY, Général DJOKO, Eric KOLA, Charles NKANKU, Betty KULOBWASA, Amelia MUYA, Coco MAKOKO, Bijou BWEBWE, TUMBA Justine, et autres dont nous ne saurions établir une liste exhaustive, car ils sont si nombreux dans nos coeurs et nous sommes convaincu que vous vous reconnaîtrez dans ce travail.

Dit-on : « Nil perfectum sub sole » loin de nous la prétention d'avoir réalisé un travail parfait, nous endossons l'entière responsabilité des insuffisances qu'il pourrait contenir.

Roland KAYEMBE MUNGEDI

ABREVIATIONS

1. ABM : Anti Balistic Missile

Missile Anti-Missile Balistique

2. ASAT : Anti-satellite

3. AWACS : Airborne Warning and Controle System

Système de detection aéroporté (SDA)

4. CENTAG : Central Army Group

Groupe d'Armés Central

5. CERI : Centre d'Etudes et de Recherches Internationales

6. ICBM : Intercontinental Ballistic Missile

Missile Balistique Intercontinental

7. IDS : Initiative Defense System

Initiative de Défense Stratégique

8. IRBM : Intermediate - Range Ballistic Missile

Missile Balistique de portée intermédiaire

9. MIRV : Multiple Independently Targetable Reentry Vehicule

Corps de Rentrée Multiples à trajectoires individuelles commandées

10. MRBM : Medium Rang Balistic

Missile Balistique moyenne portée

11. NMD : National Missile Defense

Missile National de Défense

12. NORTHAG : Northern Army Group

Groupe d'Armées Nord

13. OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique-Nord

14. PSI : Initiative Pan Sahélienne

15. SACLANT : Supreme Allied Commander, Atlantic

Commandant Suprême Allié, Atlantique

16. SALT : Strategic Arms Limitation Treaty

Traité sur la limitation des armes stratégiques

17. URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

18. USA : United State of America

Etats-Unis d'Amérique

INTRODUCTION

1. PROBLÉMATIQUE

La société internationale est selon l'avis de certains spécialistes, caractérisée par une anarchie. Ce qui fait que chaque Etat poursuit son intérêt national, mais la politique leur permet non pas à l'harmonisation et la conciliation, mais l'ajustement des intérêts d'autant plus que cela est tributaire ou fonction des objectifs poursuivis par les différents acteurs de la vie internationale.

D'un côté, depuis 1945, le monde parait fracturé, l'affirmation par les Etats-Unis d'un modèle politique et économique combinant la démocratie et un libéralisme plus ou moins bien aménager socialement. Formant un réseau imposant de partenaires et d'alliés en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, les Etats-Unis disposent aussi d'une puissance militaire sans précèdent. A en croire François GERE, depuis 1998, le budget militaire américain (270 milliards de dollars) a repris sa progression pour la première fois depuis 1985, sans justification impérieuse1(*).

Or, même si les Etats-Unis ne revendiquent pas explicitement une vocation impériale, mais un leadership, ils disposent de fait d'une supériorité qui s'exerce par l'effet quasi-mécanique d'une loi newtonienne de gravité de la puissance.

En complément, l'action souvent brutale des entreprises américaines sur le marché mondial, les discours sur les bienfaits du leadership américain, la tentation affirmée par des hautes personnalités sorties de charge d'une OTAN qui prendrait une dimension mondiale, achèvent de susciter une défiance angoissée dans une vaste partie du monde.

Une cause d'alarme supplémentaire vient de ce que les Etats-Unis, à ce jour, ne formulent aucune doctrine cohérente. N'avouant rien de prévis, ils laissent tout soupçonner. Au cours de l'été 1999, dans un discours solennel à l'Institut Aspen du Colorado, le Secrétaire d'Etat adjoint de l'Administration Clinton, M. STROBE TALBOT, soulignait que les Etats-Unis n'entendaient pas intervenir partout et tout le temps mais précisait qu'ils devraient avoir à certains moments clés et dans certains endroits la volonté et la capacité de s'opposer, de dissuader et, si c'est nécessaire, de vaincre les régimes antidémocratiques lorsqu'ils menacent d'autres Etats qui s'efforcent de se constituer sur la base des principes de la démocratie libérale »2(*).

Cependant, il fallait attendre au lendemain du drame du 11 septembre 2001 que le Président Bush puisse déclarer que les Etats-Unis interviendront partout où leurs intérêts seront remis en cause par les ennemis de la démocratie.

L'ingérence n'est érigée en principe. Pour autant, elle n'est pas récusée. Faute de mieux, la logique conclura que les Etats-Unis pratiqueront une stratégie opportuniste, au gré de leurs intérêts et de variations conjoncturelles de leur politique intérieure. Interventionnisme aléatoire qui ne peut qu'alarmer tous ceux qui, n'étant pas alliés des USA, peuvent penser qu'un jour ou l'autre, ils pourraient être une cible.

De l'autre côté, se situe donc là, parmi les pays inquiets de la fin de la guerre froide, le second camp. S'y développe un discours politico stratégique qui revendique la multipolarité comme un état plus juste au regard du monde unipolaire, sous l'hégémonie des Etats-Unis et de leurs clients. Autour de cette thématique, se regroupent aujourd'hui des pays tels que la Chine, la Russie et leurs partenaires d'Asie centrale, dans le cadre du groupe se Shanghai crée en 1996, et sans oublier la France. A ceux là, il faudrait ajouter aussi cet acteur non étatique qui est le terrorisme, ne cessant pas de revendiquer la justice ainsi que l'égalité entre les Etats en récusant ainsi la politique étrangère des USA jugée injuste vis-à-vis de certains peuples.

De ce fait, il ressort clairement que cette cassure ne ressemble en rien à la bipolarité de la guerre froide, rigidifiée par la course aux armements nucléaires entre les deux grands. Géographiquement et politiquement, hormis le terrorisme, les tenants de la multipolarité sont plus unis par leur crainte de l'hégémonie et de l'ingérence des Etats-Unis que le véritable partage des valeurs et d'intérêts communs.

Cependant, puisqu'il existe une hypothèse généralement admise selon laquelle en relations internationales c'est la puissance qui détermine la place et le rôle d'un acteur dans le système international. Et aussi que l'intérêt minimum de chaque Etat est sa survie, la préservation de son identité politique et culturelle face aux Etats tiers.

A la lumière de toutes ces considérations évoquées ci haut, nous nous posons un certain nombre de questions devant trouver des réponses au sein de notre travail :

· Quelle est la stratégie américaine de défense et comment est-elle organisée ?

· Comment se présente-t-elle face aux mutations du système international ?

· Est-elle la même comme à l'époque de la bipolarité ou elle a évolué avec la recrudescence du terrorisme international ?

Telles sont des interrogations auxquelles nous essaierons d'apporter une lumière tout au long de notre travail.

2. HYPOTHÈSES DE TRAVAIL

L'hypothèse d'un travail est définie comme étant une proposition qui tente d'expliquer le problème posé à partir de l'observation. C'est une idée directrice, une tentative d'explication des faits formulés au début de la recherche destinée à orienter l'investigation et à être maintenu d'après les résultats de l'observation et de l'analyse3(*).

D'emblée, il faut bien admettre avec Thérèse Delpech que les années 1990, dont les attentats du 11 septembre sont l'apothéose inattendue, ont progressivement débouché sur une « géopolitique du chaos »4(*). Mais cette « géopolitique » s'accompagne d'orientations stratégiques inédites qui se profilaient discrètement avant de s'imposer après le 11 septembre sous la forme d'un plaidoyer pour une « action préventive tous azimuts » qui prend la relève d'une théorie de dissuasion.

Par conséquent, nous pouvons dire que la politique américaine de défense au fil des années peut se comprendre ou être appréhendé sur base des éléments ci-après :

- Priver tout agresseur potentiel de base d'attaque contre le territoire américain ;

- Promouvoir l'autodétermination et la démocratie dans le reste du monde ;

- Protéger et développer le commerce international ;

- Etablir ou maintenir dans le monde un équilibre de forces favorables aux Etats-Unis5(*).

Pour ce qui est de l'organisation de cette politique de défense nationale des USA, nous devons retenir qu'il existe des organes militaires et civils spécialisés en cette matière (Pentagone, CIA, FBI, DIA, CNS, NSA).

En outre, la politique de défense américaine ne peut pas demeurer statique. Elle doit s'accommoder à la nouvelle situation qui se présente. Hier, on parlait de la guerre par procuration, guerre localisée. Mais aujourd'hui, il s'agit plutôt de la guerre préventive, guerre chaude, déterritorialisée.

Partant de ce fait, et surtout des autres facteurs aussi importants, les Etats-Unis sont conscients que leur état d' « hyper puissance » et surtout leur façon de concevoir le monde ne sont plus les mêmes auprès des autres civilisations. D'où il faut prévenir que guérir en attaquant l'ennemi avant qu'il ne vous surprenne. Ce qui n'était pas le cas lors de la bipolarité. Car durant cette période régnait la dissuasion nucléaire empêchant les deux grands de s'affronter directement.

A ce sujet, nous sommes du même avis avec Olivier MONGIN, Directeur de la rédaction de la revue internationale « Esprit » lorsqu'il affirme qu'aujourd'hui, alors que l'équilibre des Etats ne repose plus sur une lutte idéologique, alors que la terreur est un facteur de déséquilibre et que la menace ne concerne pas que les pays de la périphérie puisque même le territoire américain peut être touché, la stratégie post-guerre froide désormais suivie est une « stratégie tous azimuts qui s'appuie sur l'idée d'action préventive »6(*).

En des termes clairs, couplé à la dissuasion nucléaire, le containment fut le principe organisateur de la stratégie américaine durant toute la guerre froide. Face au nouvel ennemi de l'Amérique, la nébuleuse du terrorisme islamique et les gouvernements susceptibles de les appuyer, l'administration Bush veut forger une nouvelle doctrine : l'action préventive7(*).

3. MÉTHODES ET TECHNIQUES

Avant l'élaboration de tout travail scientifique, les méthodes et techniques demeurent un passage obligé pour tout chercheur, car grâce à elles qu'un travail dit scientifique aboutit à une formulation des résultats scientifiquement prouvés et démontrables.

A. Méthodes

Une méthode est constituée d'ensemble d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie8(*).

Dans le cadre de notre travail, les méthodes ci-après nous ont apparu appropriées :

a. La méthode dialectique

L'un des mérites de la méthode dialectique est de mettre l'accent sur l'unité des phénomènes de la réalité, sur l'idée de totalité (concrète). Cette méthode nous a permis de cerner les contradictions, les confrontations qui naissent au sein du système international et bouleversant ainsi les relations internationales. Par rapport à notre sujet d'étude, cette méthode nous a servi à dégager les contradictions ayant conduit à la guerre froide, aux attentats terroristes contre les intérêts américains et à la lutte contre le terrorisme afin de palper du doigt les dispositifs de défense relatifs à chaque réalité indiquée.

b. L'approche anthropologico-diplomatico-stratégico militaire

Cette approche nous a permis de démontrer les facteurs idéologiques fondés soit sur une stratégie militaire de risque ou sur une stratégie prudente de conservation, c'est-à-dire basée sur la défense et la prévention de la guerre, selon que le système soit, soit fermé ou ouvert.

Par le truchement de cette approche nous avons eu le privilège de pénétrer le système américain de défense pendant la bipolarité et ensuite observer le comportement des USA après les frappes du 11 septembre 2001 dans le souci de déceler une nouvelle stratégie de défense et enfin d'établir une comparaison entre les deux systèmes.

c. Méthode comparative

Cette méthode nous a servi à comparer la stratégie de défense des Etats-Unis d'Amérique de la guerre froide à celle de l'après guerre froide et plus précisément à partir de l'action préventive que les américains ont amorcé pour faire face aux Etats voyous ainsi qu'aux terroristes.

d. Méthode culturaliste

Elle nous a permis à interpénétrer le terrorisme dans une dimension de choc des civilisations, c'est-à-dire le conflit entre la culture judéo-chrétienne contre la culture arabo-musulmane. Les terroristes accusent Washington de bercer Israël au détriment de la Palestine. Donc, depuis le début du siècle on retrouve les mêmes débats, les violences entre les entités arabes et les israéliennes.

e. La théorie de jeu

C'est en fait une théorie qui met aux prises deux parties à tel point que l'une de partie doit emporter sur l'autre, ou encore les deux parties acceptent un compromis pour éviter la destruction mutuelle. C'est la situation qu'ayant connue les Etats-Unis et l'ex-URSS durant la course aux armements pendant la guerre froide, et ayant débouché à la signature de plusieurs accords relatifs à la réduction des armements (Salt 1, Salt 2, etc.).

B. Techniques

Selon le professeur OLOFIO, « la technique peut être entendue comme un outil de travail, un instrument de découvrir, d'observer les faits et de recueillir des différentes données sur ces faits »9(*).

Pour ce qui est de notre travail, nous avons fait recours aux techniques documentaires lesquelles consistent à manier les écrits des différents spécialistes en rapport avec le sujet sous examen.

Ainsi, nous nous sommes adonnés aux documents écrits et audiovisuels traitant et abordant « l'hyper puissance » américaine après la guerre froide, la dissuasion nucléaire pendant la bipolarité, la course aux armements, toujours dans le but d'appréhender les données spécifiques à la stratégie des USA au regard du changement de la configuration du système international.

4. CHOIX ET INTÉRÊT DU SUJET

Il se présente comme le premier acte que l'on pose dans le processus de toute recherche scientifique. Il n'existe pas à ce propos un procédé unique présidant à la détermination d'un thème d'investigation. Ce choix peut provenir de l'intuition personnelle du chercheur, comme il peut être le résultat d'une influence directe ou indirecte subie par celui-ci.

Etant des futurs chercheurs et analystes en relations internationales, nous affirmons que le sujet tel qu'il se présente revêt une importance capitale à savoir :

- Primo, il retrace le passage de la fin de la bipolarité à la lutte contre le terrorisme ;

- Secundo, de ce fait, il se propose de pénétrer le système de défense américain de la guerre froide avec toutes ses ramifications pour l'opposer au nouvel ordre sécuritaire ayant vu le jour après les frappes apocalyptiques du 11 septembre ;

- Tertio, établi un parallélisme entre la politique de défense de la bipolarité et celle de la guerre préventive dans le souci de dégager les éléments nouveaux de la stratégie américaine actuelle de défense.

Cependant, nul n'ignore que l' « hyper puissance », l'unilatéralisme ainsi que l'interventionnisme américain, reflet de la politique étrangère des USA de nos jours, suscitent de remous et des inquiétudes dans le chef des autres acteurs étatiques.

Ainsi, partant des considérations précédentes, en mettant un accent particulier à la stratégie militaire des USA, notre contribution dans ce travail est de démontrer comment un Etat, aussi puissant soit-il, parvient à réajuster sa politique de défense nationale, après avoir perdu son invulnérabilité par des attaques terroristes. Et comment l'illusion du paraître peut céder à la réalité par rapport aux dommages subis, et après rédécoller sur des nouvelles bases sécuritaires.

Bref, notre étude démontre comment la psychose, la terreur, à l'instar d'un missile nucléaire soviétique, peuvent amener un Etat puissant comme les USA à réadapter et réaménager leurs systèmes de défense nationale.

5. DÉLIMITATION DU SUJET

Restreindre son champ d'investigation ne devrait pas être interprété comme une attitude bien au contraire, comme une contrainte de la démarche scientifique. En effet, « toute démarche scientifique procède fatalement par un découpage de la réalité. Il n'est pas possible d'étudier, de parcourir tous les éléments influents jusqu'aux extrêmes limites de la terre et jusqu'au début des temps »10(*).

Ainsi, bien que notre sujet présente une complexité, cela ne vous empêche pas de procéder à une délimitation spatio-temporelle exacte et stricte.

A. Sur le plan temporel

Du point de vue temporel, la borne inférieure est l'année 1947 (début de la guerre froide) et la borne supérieure est 2003 (intervention et occupation des USA en IRAK). Ces bornes sont retenues car elles renforcent des éléments clés ainsi que des événements ayant contribuer à la consolidation du système de défense américain pendant la bipolarité et aussi au réaménagement de ladite stratégie après les attaques du 11 septembre 2001.

B. Sur le plan spatial

Du point de vue de l'espace, cette étude s'étend non seulement sur le territoire américain, mais aussi sur les espaces où se trouvent les intérêts américains. Ici, nous savons fort bien que pendant la bipolarité, les USA avaient leurs Etats satellitaires où se trouvaient les bases militaires américains en Europe, en Afrique, en Asie, etc., et la sécurité des USA les impliquait directement. Raison pour laquelle en Europe il y a eu l'OTAN.

De nos jours, avec l'action préventive, certains Etats, pour la sécurité des USA, sont occupés. Il s'agit de l'Afghanistan, l'Irak. D'autres sont menacés d'intervention américain, là nous avons : la Corée du Nord, la Syrie, le Soudan et autres. Tous ces Etats, étant donné qu'ils sont liés à la sécurité des USA, intéresseront notre travail.

6. PLAN SOMMAIRE DU TRAVAIL

Outre l'introduction et la conclusion, ce travail se subdivise en quatre chapitres. Ainsi,

· Le chapitre premier est consacré aux explications conceptuelles (définition des concepts et notions de base) ;

· Le chapitre deuxième s'atèle, à son tour, aux objectifs et nature des défis auxquels les USA font face en matière de défense et de sécurité ;

· Le chapitre troisième aborde la politique de défense des USA pendant et après la guerre froide ;

· Le chapitre quatrième analyse les données comparatives de la stratégie américaine de défense au regard des mutations du système international.

PREMIER CHAPITRE : EXPLICATIONS CONCEPTUELLES

Nous allons tenter au cours de ce chapitre de procéder par la précision des concepts et notions de base estimées clés pour la compréhension de notre étude.

SECTION I. DÉFINITION DES CONCEPTS ET NOTIONS DE BASE

§1. Constance

Selon le Dictionnaire illustré 2001, le mot constance vient du matin : constantia. Il signifie la qualité d'une personne qui persévère dans son action, dans ses sentiments ou ses opinions. Il se comprend aussi comme une force morale de quelqu'un qui ne se laisse abattre par rien. Enfin, il peut aussi être perçu comme qualité de ce qui dure, de ce qui est stable, de ce qui se reproduit11(*).

Quant à nous, nous dirons que la constance signifie état de quelque chose qui est permanent à travers les époques ou les périodes, quelle que soit l'influence des agents extérieurs, la chose garde toujours le statu quo.

§2. L'évolution

Etymologiquement, ce mot vient du latin évolutio : déroulement. Il s'agit d'une transformation graduelle et continuelle. Sur le plan militaire, souvent au pluriel, il se dit du mouvement ordonné exécuté par une troupe, des véhicules, des navires, des avions, dans une formation précise fixée d'avance12(*).

Nous pensons, à notre niveau, que le terme évolution peut être compris comme un changement graduel et non brusque par rapport au statu quo d'une chose.

§3. Mutation

Ce terme provient du latin : mutatio, de mutare, changer. Il s'agit d'un changement durable ; une évolution.

Une mutation peut aussi se comprendre comme un changement, une évolution dans le sens d'une durabilité.

§4. La géostratégie

Avant de procéder à l'appréhension proprement dite de cette notion, il est impérieux de cerner deux concepts à propos desquels règne une certaine confusion. En effet les termes : « stratégie » et « tactique » sont très souvent utilisés au domaine militaire.

Cependant, quoique ces deux termes aient une origine militaire, ils sont susceptibles d'avoir une application beaucoup plus générale et d'être utilisés dans un domaine plus vaste.

Si l'on en croit Karl Von Clausewitz, dans son ouvrage consacré à la guerre, « la tactique est l'enseignement de l'emploi des forces armées dans le combat ». Tandis que la « stratégie est l'enseignement de l'emploi des combats en fonction du but de la guerre »13(*).

Cette opinion est clairement exprimée par GONIDEC lui-même, lorsqu'il affirme que par opposition à la stratégie, « la tactique concerne les moyens et les méthodes utilisés par les acteurs internationaux pour réaliser leurs objectifs. Entre la stratégie et la tactique, il y a donc toute la différence qu'il y a entre la fin et les moyens.

Cela dit, il n'y a cependant pas une séparation tranchée entre la stratégie et la tactique »14(*).

Après avoir lever la voile entre la stratégie et la tactique, nous tenterons maintenant d'appréhender la notion de « géostratégie ».

A ce sujet, le professeur LOKULUTU estime que pour bien définir la géostratégie, il faut tenter de concilier plusieurs définitions qui ont déjà apporté l'éclairage sur l'essentiel du concept « stratégie » et qui se réfère à l'organisation des pouvoirs qui régissent la défense d'un pays, à la définition des menaces contre lesquelles la notion entend lutter, à l'acquisition des armes qui y correspondent, la mobilisation des esprits et des bras pour faire face aux problèmes posés par la subversion, le terrorisme, le pacifisme et enfin à la sécurité des approvisionnements en énergie et en matières premières. En d'autres termes, la défense d'un Etat, c'est tout cela, un ensemble complexe et multiforme, qui évolue en fonction des données de la géopolitique, de la technologie et, enfin, des priorités générales des gouvernants appuyées par l'adhésion indispensable des gouvernés15(*).

Il nous serait incomplet de terminer cette partie réservée à la notion de la géostratégie sans parler de la culture stratégique.

En effet, le concept de culture stratégique est apparu aux USA à la fin des années 70 dans le souci d'échapper à un éthnocentricisme américain politique et stratégique.

Plusieurs chercheurs souhaitaient élargir leur champ de recherche à l'histoire stratégique, aux rapports entre culture et guerre, la psychologie sociale et aux études géopolitiques régionales. Par conséquent, la culture stratégique est l'ensemble des pratiques traditionnelles et des habitudes de pensée qui, dans une société géographiquement définie, gouvernent l'organisation et l'emploi de la force militaire au service d'objectifs politiques.

La culture stratégique compte six facteurs déterminants :

- l'assisse géopolitique

- les relations internationales : qui sont les alliés ? les ennemis ? comment fonctionne le système international ?

- l'idéologie et la culture politique

- l'histoire militaire

- les relations entre civils et militaires, l'armement et la technologie militaire.

Une culture stratégique résulte des opportunités, des ressources et de la façon dont celles-ci ont été gérées, ainsi que des leçons qu'une société choisit de retenir de son histoire. On peut d'ailleurs constater que les sociétés sont, dans une large mesure, prisonnières de ce passé.

§5. La guerre froide16(*)

Née au 14ème siècle sous la plume de Juan Manuel d'Espagne, l'expression « guerre froide', utilisée en 1947 par Bernard Baruch, conseiller de Roosevelt et popularisée par l'éditorialiste Walter Lippmann, désigne essentiellement la confrontation soviéto-américaine qui façonne les relations internationales pendant près de 50 ans. A une époque où la guerre était, pour reprendre Clausewitz, la continuation de la politique par d'autres moyens, en succède une où l'arme nucléaire interdit toute confrontation directe. La dissuasion nucléaire appelle même une certaine rationalité entre deux belligérants qui, s'ils usent de l'intimidation, la propagande, la subversion, la guerre locale par alliés interposés, s'emploient d'abord à ce que cette guerre froide ne se réchauffe pas trop.

« Guerre improbable, paix impossible », selon la formule de Raymond Aron, guerre idéologique surtout, menée par deux pays « universalistes » au nom de la « démocratie » et de la « paix », la guerre froide n'en a pas moins provoqué une course aux armements, la mort de millions d'hommes, dans les tiers monde en particulier. Partageant le monde en deux sphères politiques, économiques et militaires, peu de régions échappant à son emprise, elle modèle aussi la politique intérieure des deux grands. Donnant l'occasion aux USA d'étendre leur influence sur le monde, d'assumer, en prenant la tête du monde libre, un leadership longtemps repoussé, la guerre froide fournit en outre au régime soviétique une raison d'être, un ennemi extérieur à combattre.

Pour ce qui est de ses origines, des responsabilités de la guerre froide nourrit-elle un débat historiographique passionné, essentiellement américain, les russes s'en tenant à l'histoire officielle soviétique mettant en cause l'Amérique pour avoir introduit l'élément atomique dans leurs relations.

Si du côté américain, la thèse orthodoxe rejetant la responsabilité de la guerre froide sur l'URSS règne longtemps sans partage, opposant moralement le totalitarisme et l'expansionnisme de l'URSS aux valeurs américaines de liberté, le débat qui épouse les rythmes de la vie intellectuelle américaine prend corps lorsqu'une école révisionniste autour de Williams, auteur de The Tragedy of Americain Diplomacy (1959), remet en cause « l'innocence », des USA : par delà l'idéalisme affirmé, la politique étrangère américaine, liée aux milieux d'affaires, s'avérait résolument impérialiste, ouvrant le monde à ses ambitions et à son économie. Dans cette perspective, l'URSS en position d'infériorité, confrontée à l'expansionnisme économique et idéologique de l'Amérique, est constamment sur la défensive. La responsabilité américaine lui apparaît d'autant plus engagée que la supériorité écrasante des Etats-Unis aurait dû lui permettre d'envisager plus sereinement la montée des antagonismes. Mais que l'URSS ait été une davantage par la hantise de la sécurité que par ses ambitions idéologiques, que les responsables américains aient diabolisé leur adversaire et surestimé la menace soviétique n'empêche pas l'école poste-révisionniste, aujourd'hui, dominante, de vouloir remettre les choses à leur place et souligner qu'à vouloir trop stigmatiser les travers américains, les révisionnistes ont gommé la nature effroyable et la culpabilité fondamentale du régime soviétique17(*).

§6. Le terrorisme

Selon Alain Denvers, spécialiste des grands débats d'actualité sur TF1, le terrorisme est une forme de violence qui, soit par son caractère aveugle (elle touche n'importe qui au hasard, des « innocents »), soit par l'impossibilité d'identifier physiquement les auteurs de l'acte (au moment où il est commis) soit par manque de capacité des victimes à pouvoir riposter (personnes désarmées), vise à créer un sentiment de terreur et d'impuissance dans un pays (gouvernants et gouvernés)18(*).

Le dictionnaire Petit Larousse illustré 2001, quant à lui, définit ce terme comme « un ensemble d'actes de violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat d'insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l'égard d'une communauté, d'un pays, d'un système19(*).

Cette opinion est clairement exprimée dans le rapport annuel américain 2003 sur le terrorisme, lorsqu'il est affirmé que le terrorisme désigne des actes de violence prémédités à motivations politiques perpétrés contre des non combattants par des groupes sous-nationaux ou des agents clandestins, généralement dans le but d'influencer un public.

Le terrorisme international s'applique au terrorisme concernant des ressortissants ou le territoire de plusieurs pays.

Le terme « groupe terroriste » désigne un groupe qui pratique, ou qui possède de sous-groupes importants pratiquant le terrorisme international.

Le gouvernement des Etats-Unis emploie ces définitions à des fins statistiques et analytiques depuis 1983.

Toujours, d'après ce rapport, le terrorisme intérieur est probablement un phénomène plus répandu que le terrorisme international. Etant donné que ce dernier a des impacts directs sur des intérêts des USA, c'est lui qui fait l'objet principal des analyses du présent rapport20(*).

Au regard de toutes ces approches définitionnelles, nous pouvons affirmer, à notre tour, que le terrorisme est un moyen d'expression la plus cruelle, utilisée par un groupe ou un réseau d'individus organisés de complicités politiques, économiques et techniques, suscitant ainsi une terreur, un climat d'insécurité dans le chef des concernés.

Dans le but de bien étoffer cette question sur l'appréhension épistémologique du terrorisme, les concepts suivants méritent d'être clarifiés :

1. Le bioterrorisme

Il n'est pas à confondre avec « la guerre biologique » désignant la contamination délibérée d'humains, d'animaux ou des plantes. Par contre, il désigne la possibilité d'attentats terroristes qui seraient perpétrés au moyen d'armes nucléaires, bactériologiques, chimiques ou radioactives dites NBC.

2. Le cyber-terrorisme

Cette expression désigne la capacité de récupérer, par un réseau des méchants, sur Internet et d'utiliser des programmes de piratage informatique, ayant une réelle volonté de nuire. Donc c'est l'utilisation des programmes très pointus pour provoquer des réels dégâts ou exercer un chantage.

3. Le kamikaze

Littéralement, il signifie « souffle ou vent divin ». C'est un terrorisme sacrificiel où on trouve les commandos suicides. Il s'agit pour un groupe d'individus de se livrer même à la mort pour atteindre un objectif.

La stratégie de l'attentat suicide date du 11ème siècle, quand la secte des Assassins s'en servit pour promouvoir son islam. Même pendant la seconde guerre mondiale, les pilotes japonais furent recrutés pour des opérations dites « kamikazes », avec ces instructions : « il n'est absolument pas question pour vous de rentrer vivants ». Votre mission, c'est la mort »21(*).

Les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par 19 terroristes islamiques reflètent la forme la plus sophistiquée de l'histoire de kamikaze. Ainsi, l'islamologue LuiS MARTINEZ, spécialiste de la violence politique au centre d'études et de recherches internationales (CERI), affirme qu' « il s'agit là d'un type nouveau des terroristes, en rupture totale avec ceux que l'on a pu connaître auparavant, y compris les kamikazes palestiniens ».

Pour sa part, EHUD SPRINZAK, spécialiste du terrorisme et Doyen de l'Institut des Sciences Politiques de Herzliya, en Israël, s'est exclamé : « nous avons publié un livre sur les attentats suicides, mais, maintenant, il nous faut le réécrire : nous avons affaire à un modèle, complètement nouveau ? »

§7. La politique de défense

Selon le dictionnaire Larousse illustré 2001, la défense nationale est l'ensemble des moyens et organismes civils et militaires assurant la défense du territoire, des institutions et de la population, et garantissant le respect des engagements internationaux22(*).

Cette opinion est bien exprimée par HENRI PAC, lorsqu'il affirme qu' « il s'agit d'une activité de la collectivité nationale visant à satisfaire le besoin de la sécurité extérieure. Elle signifie doter le pays d'une pensée stratégique capable de guider l'action des forces armées dans les conflits potentiels, le monde étant ce qu'il est. Il s'agit de créer un nouvel ordre de défense défini comme : « la faculté d'analyser une menace polymorphe, d'en distinguer les forces et les faiblesses, et d'y faire face dans une situation qui n'est ni de paix ni de guerre. C'est défendre le bien commun de la patrie contre la menace extérieure, c'est ce devoir sacré de la défense de la patrie, que l'on appelle couramment, « la défense nationale »23(*).

En effet, la politique de défense quant à elle, c'est l'ensemble des mesures prises par l'Etat pour défendre les intérêts fondamentaux de la nation, en tout temps, en toute circonstance et contre toutes les formes de menaces menées contre un autre Etat, ou encore l'action de repousser une agression dirigée contre soi ou contre les autres.

Cependant, partant des considérations précédentes, il convient d'établir un distinguo entre la défense nationale et les doctrines militaires, car la défense nationale n'est pas seulement la chasse gardée militaire.

1. Les doctrines militaires

On emploie souvent le terme de stratégie pour désigner les doctrines qui se sont développées en matière militaire. On donne alors à ce terme un sens différent de celui que lui attribuait Clausewitz. Il ne s'agit plus de l'art d'employer des forces armées pour atteindre des buts politiques, mais, selon une conception plus exhaustive, « l'art d'employer la force ou la contrainte pour atteindre des buts fixés par la politique » (Général Beauffre), étant entendu qu'il peut s'agir simplement d'une menace et non d'un emploi effectif.

En croire l'auteur, le terme « stratégie » est impropre, car, en ce sens, il relève de l'ordre des moyens, donc de la tactique, et non de l'ordre des objectifs, à quoi correspond le terme de stratégie. On ne peut parler des doctrines stratégiques que dans la mesure où il s'agit de désigner les doctrines politiques appliquées au domaine militaire, c'est-à-dire des doctrines qui visent à définir la politique d'Etat en matière militaire. Or, de ce point de vue, il est bien évident que tout Etat doit définir ses objectifs en fonction de sa politique générale24(*).

Nous devons noter que les doctrines militaires contemporaines ont évolué en fonction du rapport de forces entre les USA et l'ex URSS.

§8. Sécurité nationale

Il est un concept qui a évolué à travers les époques, beaucoup d'auteurs ont tenté d'en donner un sens, mais il reste un sujet à controverse. Il n'existe pas de consensus sur la question de savoir quand est intervenu le tournant conceptuel menant à la notion telle qu'elle est entendue aujourd'hui. Trois propositions se partagent le champ dissensuel.

Selon Helga Haftendorn, la sécurité nationale est le produit direct de l'institutionnalisation progressive de l'État souverain depuis le XVII siècle.

Quant à Ernest May, il décèle l'usage du concept de « sécurité nationale» dans la doctrine politique réactive dévouée à la protection de la souveraineté étatique, qui se serait développée surtout après la Seconde Guerre mondiale25(*).

Enfin, liée à la deuxième proposition, l'idée de sécurité nationale a émergé aux États-Unis après 1945, comme une expression forte de la remise en cause du cadre restreint des études et des politiques de défense. Le but de ce tournant sémantique était de resserrer les liens entre les activités défensives de l'État et celles du département d'État, afin d'établir la politique étrangère des États- Unis au sein d'un cadre politique plus large que celui dessiné symboliquement par la notion d'intérêt national26(*).

Qu'est donc la sécurité nationale ? Autant la clarification conceptuelle est absente, autant il existe plusieurs définitions de la sécurité nationale et internationale, sans une réelle interaction. Notons-en quelques-unes. Penelope Hartland-Thunberg écrit « la sécurité nationale est la capacité d'une nation à poursuivre avec succès ses intérêts nationaux tels qu'elle les voie à n'importe quel endroit du monde »27(*).

Selon Giacomo Luciani, « la sécurité nationale, c'est la capacité de résister à toute agression étrangère »28(*).

Pour Frank N. Trager et Frank Simonie, « la sécurité nationale est cette partie de la politique gouvernementale qui a comme objectif central la création de conditions nationales et internationales favorables à la protection et à l'extension de valeurs vitales nationales contre des adversaires existants ou potentiels »29(*).

Arnold Wolfers, quant à lui, établit une distinction : « Dans un sens objectif, la sécurité mesure l'absence de menaces pesant sur les valeurs acquises ; dans un sens subjectif, elle désigne l'absence de peur que ces valeurs soient attaquées »30(*).

Enfin, selon Barry Buzan, « dans le cas de la sécurité, la discussion consiste à se soustraire à la menace. Dans le contexte du système international, la sécurité désigne la capacité des États et des sociétés à préserver l'autonomie de leur identité et leur intégrité fonctionnelle »31(*).

Ces définitions appréhendent tout le concept à travers un ou plusieurs biais restrictifs. Relevons-en quelques-uns. Les trois premières définitions tombent facilement dans la catégorie d'une vision réaliste de la politique internationale au sein de laquelle l'objectif de l'État est la quête de la puissance à travers l'intérêt national. Elles restreignent considérablement le champ d'application du concept de « sécurité nationale ». Par ailleurs, la définition de F. N. Trager et de F. Simonie recèle l'inconvénient d'être élitiste et bureaucratique. Ils font de la sécurité nationale un pur instrument de promotion et d'extension des « valeurs nationales vitales ». Cette idée peut être interprétée comme étant la manifestation d'une volonté de puissance impérialiste. En effet, parmi les valeurs nationales, il y a assurément l'idéologie organisatrice de l'État. Un État, à mesure que sa puissance croît, peut être amené à penser que sa culture et son mode de gouvernement sont les parangons à suivre pour un meilleur développement économique et social.

§9. La sécurité collective

Notion signifiant que la sécurité et l'intégrité territoriale d'un Etat reposent, non sur son effort militaire propre, mais sur la recherche de solutions négociées (bons offices, médiations) ou sur la garantie collective.

Il n'est pas un secret de Polichinelle que la sécurité collective est l'un des thèmes principaux développés par le courant idéaliste ou normatif des relations internationales contemporaines. Ce thème aboutit à la création, non seulement de la Société des Nations, mais aussi de l'Organisation des Nations Unies qui, en dépit des calamités apparaissant sur l'échiquier international, s'efforce de demeurer sur des voies et moyens susceptibles d'améliorer les possibilités de maintien de la paix et de la sécurité internationale.

Voilà pourquoi la Charte de l'ONU en ses chapitres VII et VIII, s'est spécialement livré aux mécanismes du système de sécurité collective et leurs modes d'application. Il convient de noter qu'à l'heure de la mondialisation où l'on pense à la villageisation du globe que la sécurité inter étatique soit un élément prépondérant dans les relations entre les Etats pour que l'équilibre politique, économique et culturel soit maintenu entre eux.

D'où l'importance des organisations régionales de sécurité collective pour pallier les efforts de l'ONU.

CHAPITRE DEUXIÈME : OBJECTIFS ET NATURE DES DÉFIS DES USA EN MATIÈRE DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ

Nous savons que, sur le plan stratégique, et surtout de défense, tout Etat est un adversaire potentiel pour l'autre. Et aussi au niveau du système international, certaines menaces, notamment le terrorisme, rendent l'espace géopolitique tantôt pacifique, tantôt violent.

C'est pourquoi, dans ce chapitre, nous nous sommes proposés d'aborder les facteurs ayant influencée et qui influencent le comportement américain en matière de défense nationale. Et pour ce faire, nous avons retenu l'ex- Union Soviétique et le terrorisme international afin de démontrer les atouts qu'ils possèdent et qui ont influés sur le système de défense américain.

D'une manière générale, nous allons illustrer, au cours de cette partie, les constituants de la force soviétique et du terrorisme international.

En outre, s'agissant des objectifs et nature des défis auxquels les USA font face, nous pouvons affirmer ce qui suit : qu'après l'effondrement de l'ex- URSS l'attention des américains s'est concentrée sur l'Irak, puis vers les pays du tiers monde, la Somalie, Haïti où vers les Balkans, puis l'Afrique des Grands Lacs. Mais à nos jours les priorités majeures se situent dans d'autres régions : le Proche-Orient, l'Asie Centrale, l'Asie du Sud et le Nord-Ouest du Pacifique. La détention de l'arme nucléaire par certains Etats du tiers monde (Inde, Chine, Pakistan, Corée du Nord) inquiète les USA, entre temps la crainte de voir la Russie reconstituer sa puissance d'antan, la présence des Etats voyous qui, selon Washington, soutiennent les terroristes, sont aussi des défis à ne pas négliger.

Ainsi nous aurons deux sections. L'une en rapport avec l'empire du mal et l'autre avec l'axe du mal.

SECTION I. LA NATURE DU DÉFI SOVIÉTIQUE

§1. Stratégie et structure de la défense soviétique

Si l'on croit le professeur VENEZIA, nous dirons avec lui que pendant longtemps, en effet, les doctrines stratégiques soviétiques sont demeurées immuables32(*).

Pendant plusieurs années, bon nombre des théoriciens pensaient que la troisième guerre mondiale serait nucléaire. Raison pour laquelle l'ex- URSS a été caractérisée, depuis les années 60, par la perfection de son arsenal nucléaire. Le Maréchal MALINOVSKI déclarait en son temps que : « le meilleur moyen de défense de l'URSS n'est pas d'attaquer, mais d'avertir l'ennemi que nous disposons de moyens puissants et que nous sommes prêts à l'anéantir à la première tentative d'agression »33(*). Ces phrases ont été prononcées au moment où le déséquilibre entre les deux grands au profit des USA rendait plausible pour les soviétiques une agression nucléaire dirigée contre l'URSS, ce qui explique que toute la stratégie militaire reposait sur l'hypothèse privilégiée d'une riposte à une agression nucléaire.

A. Situation de défense avant Gorbatchev

La période d'avant Gorbatchev a été marquée par plusieurs faits notamment :

- la division de l'Europe en deux ;

- le loup de Prague en février 1948 ;

- l'incident de l'U2, avion espion abattu au-dessus de l'URSS ;

- les victoires militaires dans un tiers monde enclin aux turbulences (Vietnam, Mozambique, Angola et Guinée Bissau) ;

- l'invasion de l'Afghanistan en 1979 ;

- la course aux armements par la mise au point des SS-20 en 1975.

§2. Le pacte de Varsovie

Traité « d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle » établi le 14 mai 1955 en réplique au réarmement allemand et à l'intégration de la RFA dans l'OTAN neuf jours auparavant, le pacte de Varsovie, copie conforme de l'OTAN, rassemble sous commandement militaire soviétique toutes les forces armées des pays d'Europe de l'Est, à l'exception de la Yougoslavie. Institutionnalisant en fait des relations militaires établies par traités bilatéraux entre 1945 et 1948 entre l'URSS et les pays de son glacis, à l'exception de l'Allemagne de l'Est, le pacte est aussi un moyen pour l'URSS, à la veille de la signature du traité d'Etat autrichien, de justifier sa présence militaire en Hongrie et en Roumanie. Outre cette logique de guerre froide, l'instauration du pacte s'inscrit dans les débuts de la déstalinisation : au système stalinien où la mainmise soviétique sur des pays satellites ignore les identités nationales, succède un pacte en théorie plus égalitaire, mais Moscou joue le rôle prééminent en plaçant le commandement unifié aux mains d'un maréchal soviétique, en déterminant souverainement la politique militaire de cet organisme qui ne comporte pas d'état-major comparable à celui de l'OTAN, et surtout, en installant des troupes soviétiques dans plusieurs pays membres. Plus qu'une alliance militaire véritable, le pacte de Varsovie vise essentiellement à maintenir l'ordre en son sein et à préserver l'hégémonie politique et militaire de l'URSS sur l'Europe de l'Est.

1. Objectifs du pacte de Varsovie

Bien qu'il ne soit pas facile de discerner les buts politiques et militaires à long terme des soviétiques et de leurs alliés de l'ex pacte de Varsovie, leur objectif principal, en temps de paix, était toujours d'exploiter les points faibles de l'OTAN. Au cours des dernières années, l'Union soviétique s'est lancée dans une habile et subtile campagne de relations publiques visant à minimiser la menace que constitue le Pacte aux yeux des Occidentaux. Elle a annoncé des réductions unilatérales d'armements et de dépenses militaires et elle a fait connaître sa nouvelle doctrine militaire défensive. De plus, les manoeuvres de l'armée soviétique comportaient souvent des opérations défensives.

2. Dissolution du pacte de Varsovie

Alors que les démocraties populaires revendiquent avec de plus en plus de virulence un égal partage des responsabilités au sein du pacte et un accès indépendant aux armes les plus avancées.

En 1983, les autorités Est allemandes et tchécoslovaques montrent ouvertement leur peu d'enthousiasme face à la décision de Moscou de déployer des missiles SS-20 sur leur territoire, l'alliance Gorbatchev un regain de tensions avec l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir en mars 1985, le lancement de la perestroïka et l'affaiblissement de l'Union Soviétique qui l'accompagne.

Après l'effondrement des régimes communistes et celui du mir de Berlin en 1989, les nouveaux gouvernements appellent à la transformation de cette alliance militaire anachronique en une alliance politique. En juin 1990, Gorbatchev les rejoint dans ce souhait et met fin à 45 ans de domination militaire soviétique sur l'Europe de l'Est. Mais en septembre 1990, l'Allemagne de l'Est quitte le pacte deux semaines avant la réunification. La structure militaire du pacte est dissoute en mars 1991, et sa structure politique en juillet. Les troupes soviétiques (564000 hommes au total en 1990) sont rapatriées progressivement, de Hongrie et Tchécoslovaquie en 1991, de Pologne en 1993, d'Allemagne enfin en septembre 1994 conformément à l'accord « 2+4 » de réunification.

SECTION II. LE TERRORISME INTERNATIONAL

§1. Origine

Comme phénomène, le terrorisme n'a pas une date précise pour ce qui est de sa genèse. Il est vieux comme le monde. Les Zélotes de Palestine vers 70 après J.C., la secte des Assassins qui opéra en Perse et en Syrie aux 11ième et au 13ième Siècle y recouraient déjà. Il a fallu attendre que la Révolution française lui donne ses lettres de noblesse, puisqu'elle en fit presque une forme de gouvernement en 1793, avec le régime de la « Terreur ».

A la fin du 19ième Siècle et au début du 20ième Siècle, l'Europe connaît sa première vague de violence systématique, notamment en Russie.

Le terrorisme, étant complexe car il y a diverses sortes de terrorisme, selon des buts et des stratégies différents, s'avère un des instruments les plus puissants de la guerre moderne.

Ce phénomène se présente finalement comme la plus violente de la guerre psychologique : l'objectif fondamental étant de créer une psychose auprès du public, de déstabiliser les esprits34(*).

A ce sujet, Roland JACQUARD, dans son ouvrage, note que c'est sous le terme de « terroriste » que les documents romains de l'époque 132 à 135 après J.C. ont qualifié le meneur de la révolte juive, BARKOKHBA, avec pour conséquence la destruction totale de Jérusalem, remplacé par la ville Romaine d'AELIA CAPITOLINA35(*).

§2. Objectifs des terroristes

Dans les lignes précédentes, il a été démontré que le terrorisme a comme objectif fondamental de créer ou de susciter une psychose auprès du public.

A l'époque, les terroristes visaient essentiellement des hommes d'Etats. Les présidents GARFIELD et Mc KINLEY tombèrent sous leurs coups aux Etats Unis, mais aussi le président français SADI CARNOT en 1894, le Premier ministre espagnol CANOVAS en 1897, l'impératrice ELISABETH d'Autriche en 1898, le roi d'Italie UMBERTO en 1900, ... la liste est loin d'être exhaustive.

Tout le monde peut être visé. Et la peur s'installe. Quels sont les endroits faut-il éviter de fréquenter ? Où frapperont-ils la prochaine fois ? Cette psychose déstabilise, tout particulièrement, un pays. Elle ne produit pas les mêmes effets sur une population en état de guerre qui sait qu'elle peut être touchée, et en a admis le principe de gré ou de force.

C'est ainsi que, toujours dans cette même optique, le Président des Etats-Unis d'Amérique, Georges W. BUSH déclara : « Le 11 septembre, les ennemis de la liberté ont commis un acte des guerres contre notre pays. Les Américains ont connu des guerres mais depuis cent trente-six ans ces guerres ont toujours eu lieu à l'étranger, à l'exception d'un certain dimanche en 1941. Les Américains ont subi des pertes humaines causées par la guerre, mais non dans le centre d'une grande ville par un matin calme. Les Américains ont connu des attaques-surprises, mais jamais auparavant contre des milliers de civils. Tout cela nous est arrivé en un seul jour, et la nuit est tombée sur le monde différent, un monde où la liberté elle-même fait l'objet d'une attaque [...]36(*).

Si l'on croit le professeur DIUR KATOND, les objectifs principaux des terroristes peuvent se classer comme suit : 37(*)

1. Obtenir de l'argent 

Les réalités démontrent à suffisance que certains groupes terroristes possèdent des budgets énormes. Les cas du budget de l'OLP, il dépasse 800 millions de dollars, soigneusement placés dans les banques suisses ou investis dans des valeurs sûres.

Les terroristes opèrent plusieurs actions pour avoir les ressources financières, telles que les prises des otages, les primes versées par les compagnies aériennes pour éviter les détournements d'avions, etc.

2. Tuer des personnalités qui risquent de gêner leur action

On se rappellerait que les modérés de l'OLP, partisans d'un dialogue avec l'Israël, furent les victimes. On se souviendrait aussi des attentats contre de nombreux diplomates de plusieurs pays et ceux contre REAGAN et le Pape Jean Paul II.

3. Prendre des otages

Ceci fut une tactique la plus utilisée dans l'histoire du terrorisme. Il a été un moyen par lequel ils se ressourçaient car les gouvernements ont souvent payé en argent ou en fourniture d'armes la libération de leurs ressortissants.

4. Faire peur aux populations et aux gouvernements par des attaques surprises et suicides

Les attentats commis dans les rues, dans les trains, dans les magasins, dans les bateaux, les avions, créent un sentiment de terreur et de psychose.

5. Affirmer la force de la foi islamique

Il apparaît aux yeux du monde que les attentats suicides orchestrés et perpétrés de par le monde ne sont que les fruits des islamiques extrémistes.

La question est de savoir si l'Islam favorise le terrorisme, ou encore s'il est prévu dans le Coran et dans la Charia les recours aux violences pour revendiquer ou défendre une cause.

AKEF, membre du Hezbollah, explique sa position : « Le Hezbollah, c'est Dieu, c'est le peuple et sa force ! Nous n'avons pas un chef mais des lignes générales, (...) Nous combattons les juifs de toutes nos forces jusqu'au bout. Avec l'aide de Dieu, nous allons construire une société islamique qui guidera le monde. Il n'y a pas de méthode interdite quand il s'agit d'auto défense. 38(*)»

Lorsque BEN LADEN déclare : « je jure par Dieu que les Etats-Unis d'Amérique ne connaîtra pas la sécurité avant que la Palestine ne la connaisse ». Ces paroles étaient diffusées en boucle à travers tout le monde musulman et ont essaimé de Djakarta à Casablanca comme un tapis de bombes à fragmentation39(*).

Par ailleurs, Cheikh Mohamed Sayyed Tantaoui, Recteur de la grande mosquée Al-Azher du Caire, après la tragédie du 11 septembre, s'est levé en affirmant sans trembler : tuer des hommes, des femmes et des enfants innocents est un acte horrible et hideux qu'aucune religion monothéiste n'approuve et qui est rejeté par tout esprit humain sain. » 40(*)

Il est évident que certains adeptes de l'Islam, en pratiquant le fanatisme, veulent fusionner cette religion à la cruauté, à la violence. Or l'Islam prêche la tolérance. A en croire OUSSAMA Ben LADEN et BUSH, nous dirons que nous assistons à la guerre des religions qu'eux désignent par d'autres termes en disant : la guerre entre le bien et le mal, la guerre entre les croyants et les infidèles, etc.

§3. Types du terrorisme41(*)

Le terrorisme, non seulement a plusieurs formes, mais aussi divers types. C'est à travers leurs actions, leurs objectifs et leurs idéologies qu'à travers les époques que cette typologie a été rendue possible.

Nous avons :

· le terrorisme nationaliste

· le terrorisme révolutionnaire

· le terrorisme d'Etat ou international

Voyons l'aspect spécifique de chaque type.

1. Le terrorisme nationaliste

Il est pratiqué par des mouvements de libération nationale, en général par des groupes ou des ethnies qui luttent pour l'indépendance.

Il a été largement utilisé durant toute la période de décolonisation depuis 1945, notamment en Algérie. Les rébellions sikhs et tamoules ben ont fait une arme redoutable ainsi que les Basques, les Irlandais et les Palestiniens. Les juifs l'ont également pratiqué avant 1948 lorsque l'Irgoun, ayant à sa tête Menahem Begin, futur Premier ministre, s'est attaqué, avec des bombes, à la présence britannique sur la « terre promise ».

A l'origine, de façon générale, c'est une poignée d'intellectuels et d'idéologues qui décide d'engager la lutte armée. En admettant qu'ils parviennent à réunir suffisamment des combattants pour mener des actions de guérilla, ils n'ont pratiquement aucune chance de triompher militairement de forces gouvernementales plus nombreuses et mieux organisées. Ils ont donc recours au terrorisme pour entamer un cycle de violence et de déstabilisation. Le gouvernement, qui n'en connaît pas les auteurs, opère des arrestations dans les milieux nationalistes.

Le terrorisme, dans ce cas de figure, aura permis de renverser un équilibre militaire largement défavorable au départ.

L'exemple de la lutte menée par le F.L.N. algérien est presque caricatural de la réussite de cette stratégie. Cette illustration ne prouve pas l'utilisation du terrorisme soit toujours couronnée de succès. Encore faut-il que la volonté d'indépendance soit partagée par la majorité de la population.

Le terrorisme des Palestiniens représente un cas particulier. N'ayant pas de territoire propre où perpétrer des attentats, ils ont posé leurs bombes ailleurs, au Moyen-Orient et n Europe.

L'OLP a essentiellement utilisé le terrorisme de 1970 à 1974 pour faire connaître sa cause au monde entier. Il l'a abandonné que YASSER ARAFAT a obtenu la consécration diplomatique, très exactement le jour où l'Assemblée Générale des Nations Unis a reconnu son mouvement comme le « représentant du peuple palestinien ».

Cet abandon, relatif d'ailleurs, de la violence aveugle a provoqué une scission au sein de l'OLP, puisque les éléments radicaux ont poursuivi cette forme de lutte.

Précision que ce type de terrorisme nationaliste s'appuie sur un combat plus classique : la guérilla.

2. Le terrorisme révolutionnaire

Généralement l'objectif stratégique des terroristes révolutionnaires est le même que celui des nationalistes.

Ils veulent déstabiliser puis reverser un système politique en amenant un gouvernement à militariser les institutions puis à supprimer suffisamment de garanties démocratiques pour que le peuple bascule dans la révolution.

Ce type de terrorisme correspond à une culture de société. Il sévit surtout en Amérique latine et en Europe. A un niveau nettement moindre, dans les pays arabes.

Depuis le 19ième Siècle, l'Amérique Latine vit ainsi avec une tradition de révolutionnaires qui pratiquent simultanément la guérilla et le terrorisme. Leur objectif est de provoquer une réaction forte de l'institution pivot de cette région : l'Armée.

En règle générale, ils ne sont jamais déçus. Les exactions des militaires contre « le sentier lumineux » au Pérou, les forces armées révolutionnaires (F.A.R.C.) ou le mouvement M19 en Colombie, ont permis aux rébellions d'asseoir leur base populaire.

En Europe occidentale, le terrorisme révolutionnaire est très différent. De façon cyclique, chaque crise de mutation des sociétés est accompagnée de périodes terroristes. La bande à Baader, les Brigades rouges, Action directe sont dans le droit de fil des poseurs de bombes qui luttaient contre la révolution industrielle du siècle dernier. A chaque fois, il s'agit d'une crise d'identité.

Mais aujourd'hui, le terrorisme est devenu plus « scientifique ». Les cibles sont soigneusement choisies. Sont visés en priorité des hommes politiques, des grands patrons ou des magistrats qui symbolisent un système économique oppressif et détesté, car dans la plupart des cas, les révolutionnaires européens sont des extrémistes de gauche.

Aucun groupe n'a réussi jusqu'à présent dans ses tentatives. Néanmoins, il est évident que la fraction armée rouge allemande (R.A.F. de Baader) ou que les Brigades rouges italiennes ont bénéficié à leur début, dans les années 70, d'un certain soutien moral auprès des étudiants, des intellectuels et des ouvriers.

La démocratie italienne a même été un instant en danger, en 1978, après l'enlèvement, suivie du procès révolutionnaire et de l'assassinat du leader de la démocratie chrétienne, Aldo Moro.

Les réseaux terroristes révolutionnaires sont difficiles à démanteler car ils vivent dans une clandestinité absolue, protégés par une mouvance de sympathisants.

La police finit généralement par réussir à les infiltrer et à retourner certains militants. Mais la coopération internationale entre les polices, aujourd'hui plus satisfaisante, connaît encore beaucoup de difficultés à se mettre efficacement en place.

3. Le terrorisme d'Etat

Si le terrorisme révolutionnaire ou nationaliste ne sont pas une invention du 20ième Siècle, le terrorisme d'Etat, lui, est un phénomène nouveau. La première attaque de ce type de terrorisme a eu lieu à Marseille, en 1934, lorsque le roi de Yougoslavie et Louis BARTHOU ont été assassinés. Les tueurs avaient été commandités par les Etats pour obtenir l'inflexion de la politique étrangère d'autres Etats.

Aujourd'hui, ce type de terrorisme peut être considéré comme une nouvelle composante des relations diplomatiques. Les organisations qui le pratiquent affirment agir de manière autonome et tissent un écran entre leurs commanditaires et les victimes. Mais on s'aperçoit bien vite que les revendications des commandos expriment les mêmes exigences que celle qui sont avancées, par voie diplomatique, par les Etats qui les manipulent.

Les pays victimes de ce terrorisme d'Etat se heurtent à une difficulté majeure : apporter la preuve du lien qui unit organisations terroristes et pays commanditaires. Les réseaux qui bénéficient d'argent et de soutiens logistiques sont fortement « professionnalisés ». Appréhender leurs membres est une preuve de longue haleine pour la police. Et généralement, lorsqu'une organisation est démantelée, il est impossible d'apporter juridiquement la preuve qu'elle agit pour le compte de nations étrangères.

Dans ces conditions, toutes représailles s'avèrent difficiles, sauf à risquer la condamnation d'une partie importante de la communauté internationale.

4. Les principales organisations terroristes dans le monde

Les réseaux terroristes opèrent toujours sur un territoire bien défini. La classification faite dans ce travail, en situant chaque organisation dans sa sphère de localisation, ne signifie pas que l'Etat dont le territoire est utilisé par ces groupes de la terreur est d'office terroriste.

Selon le Rapport bisannuel 2000 sur les tendances du terrorisme mondial (« Patterns of Global Terrorism 2000 »), le rapport bisannuel 2001 sur les organisations terroristes étrangères (« Foreign Terrorist Organizations ») ainsi que le bureau du Coordonnateur de la lutte antiterroriste, Département d'Etat des Etats-Unis, il y a 28 groupes que le Secrétaire d'Etat a désignés le 05 octobre 2001 comme organisations terroristes étrangères. Par rapport à la liste publiée en 1999, 25 mouvements sont maintenus dans ce palmarès des affreux. Parmi les sortants, on signale l'Armée rouge japonaise et le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru, retirés de la liste pour cause d'absence d'activités significatives.

Enfin, parmi les nouveaux venus, on compte deux mouvements révolutionnaires : Autodéfenses Unies de Colombie (A.U.C.), le Real IRA d'Omagh en Irlande du Nord.42(*)

BLACK LIST

ORGANISATIONS

PAYS

1. Organisation Abou Nidal (OAN)

LIBAN

2. Groupe Abou Sayyaf (ASG)

PHILIPPINES

3. Groupe islamique armé (GIA)

ALGERIE

4. Aum Shinrikyo (AUM)

JAPON

5. Organisation indépendantiste basque(ETA)

ESPAGNE/FRANCE

6. Al-Gama al-Islamiyya (Groupe islamique)

EGYPTE

7. HAMAS (Mouvement de résistance islamique)

PALESTINE

8. Harak el-Moudjahidine

PAKISTAN

9. Hezbollah (Parti de Dieu)

LIBAN

10. Mouvement Islamique d'Ouzberkistan

OUZBERKISTAN

11. Djihad islamique égyptien

EGYPTE

12. Kahane Chai (KACH)

ISRAËL

13. Parti des Travailleurs du Kurdistan

TURQUIE

14. Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (TLEE)

SRI LANKA

15. Armée de libération nationale (ELN)

COLOMBIE

16. Djihad islamique Palestinien

PALESTINE

17. Front populaire de libération de la Palestine (FPLP)

SYRIE

18. FPLP-Commandement général

SYRIE

19. Al-Qaïda

AFGHANISTAN

20. Real IRA d'Omagh

IRLANDE DU NORD

21. Forces armées révolutionnaires colombiennes(FARC)

COLOMBIE

22. Organisation révolutionnaire du 17 novembre

GRECE

23. Lutte révolutionnaire du peuple

GRECE

24. Sentier lumineux (Sendero Luminoso)

PEROU

25. Autodéfenses Unies de Colombie(AUC)

COLOMBIE

26. Front révolutionnaire de libération populaire

TURQUIE

27. Front populaire de libération de la palestine-Faction Abou Abbas

IRAK

28. Organisation des MUDJAHIDINE du peuple

IRAK

§4. Bases terroristes

La liste précédente démontre à suffisance que certains Etats servent de base aux groupes terroristes. Cette situation s'explique par le fait que le gouvernement de chacun des Etats n'a pas, soit l'effectivité du pouvoir sur l'ensemble de son territoire, ou soit il sert de bases arrières aux milices, groupes militaires qui veulent déstabiliser l'autre gouvernement.

A cet effet, le terrorisme n'a pas de patrie : c'est une société multinationale au même titre que Coca Cola, Pepsi ou Nike. A la moindre alerte, les terroristes déménagent et installent leurs « usines » ailleurs, dans un pays où ils bénéficieront de conditions meilleures43(*).

§5. Les conséquences du terrorisme

Si certains pensent que le terrorisme figure parmi les acteurs des relations internationales et qui constitue une force et est capable de changer les cours d'événements, il n'en est pas le cas, car il produit des effets néfastes sur la scène internationale notamment sur le plan :

1. Sur le plan psychologique

Nous l'avons évoqué au début de notre travail, et même dans le définitoire du terrorisme, que des actes terroristes engendre la peur, la terreur ainsi que l'angoisse. Donc ils affectent l'état psychique de la personne.

Nous devons noter que lors des attentats du 11 septembre 2001 à New York plus précisément ceux-là, n'habitant même pas les Etats-Unis, furent sous le choc sans précédent. A fortiori les New-yorkais eux-mêmes lorsque le feu enveloppa les deux tours, la fumée envahit la rue inondée de monde, un nuage gris s'abat sur le quartier des affaires, et après leurs effondrements, les deux tours ne furent plus qu'un amas de verre et d'acier brûlants. C'est la panique totale qui s'est emparée de la population. Et la forme la plus élaborée de l'affection mentale est la psychose.

La psychose

Selon le dictionnaire Larousse illustré 2001, la psychose est l'état de panique collective provoqué par un événement ou un fléau vécut comme une menace permanente44(*).

Les principales psychoses sont45(*) :

La psychose maniaco-dépressive

Psychose au cours de laquelle le malade présente une succession d'accès maniaques et d'accès mélancoliques séparés par des intervalles d'état normal plus ou moins longs (abattement, tristesse insondable, sentiments d'indignité, de culpabilité, de ruine et d'incurabilité, idée et tentative de suicide : état dangereux).

La paranoïa

Psychose délirante chronique développée sur un caractère paranoïaque, et caractérisée par l'évolution progressive d'un délire cohérent, organisé à partir de certains épisodes de la vie affective ou émotionnelle, mais dont l'interprétation est erronée. Cette psychose conduit souvent à des conduites asociales et prend des aspects très divers : délire de revendication, fanatisme politique ou religieux, délire hypocondriaque, jalousie délirante, délire de persécution, mégalomanie, ...

La schizophrénie

Psychose chronique observée surtout chez le sujet jeune (parfois même chez l'enfant ou l'adolescent), caractérisée par une rupture de l'équilibre de la personnalité avec dépersonnalisation et discordance, qui altère profondément la pensée, le comportement et l'affectivité. Le schizophrène perd le contact avec la réalité. Il s'enferme dans un monde intérieur bouleversé, désagrégé. Sa pensée est difficile à comprendre, dépourvue de sens ; son comportement est étrange, autistique, associé à un délire abstrait et symbolique avec idées d'influence et hallucinations.

Comme on peut le constater, les conséquences du point de vue psychique ne sont pas à négliger, et que la psychose (étant l'objectif poursuivi par le terrorisme) s'est observée par le comportement des autorités ainsi que du peuple américain. Cette phrase, tirée du discours du président américain Georges W. BUSH, extériorise et reflète l'affection mentale des citoyens américains : « Le monde civilisé se rallie aux côtés de l'Amérique. Il comprend que si ce terrorisme reste impuni, ses propres citoyens pourraient subir le même sort. La terreur, si l'on n'y répond pas, est capable non seulement de détruire des immeubles, mais de menacer la stabilité de gouvernements légitimes. Et cela, nous ne le permettrons pas. » [...]46(*)

Rien que par cette phrase, « l'american way of life » trouve son sens et se justifie par la guerre menée contre les talibans en Afghanistan, contre Saddam HUSSEIN en Irak et aussi par menaces de frappe américaine contre les « rogue states » ou « les Etats voyous, scélérats, ou encore les Etats de l'axe du mal.

2. Sur le plan politique

A l'intérieur d'un Etat

A l'intérieur d'un Etat, il y a déstabilisation du régime en place, les institutions politiques sont atteintes ou fragilisées. L'Allemagne et l'Italie des années 70, furent des victimes sur le plan politique du terrorisme.

En Allemagne, la R.A.F. (Rote Armée Fraktion : Fraction Armée Rouge), également appelée Bande à Baader, était spécialiste dans l'assassinat des grands patrons de l'industrie ouest-allemande et des hommes politiques. C'est ainsi qu'en 1975, le chef de fil du Parti chrétien démocrate à Berlin-Ouest, Peter LORENZ fut enlevé et relâché en échange avec la libération de six terroristes. Les autorités allemandes ont cédé.

En Italie, les Brigades rouges ont attaqué le coeur de l'Etat et ont multiplié des attentats contre les hommes politiques, les magistrats et les industriels, notamment ceux de chez FIAT. L'assassinat du chef de la démocratie chrétienne, Aldo MORO, marqua leur apogée.

Au niveau du système International

Il y a dysfonctionnement dans la mesure où les éléments qui constituent ce système connaissent ou subissent un déséquilibre.

En d'autres termes, lorsqu'un Etat, formant avec les autres Etats un système, est touché, c'est tout un système qui est secoué et les relations internationales subissent un petit changement.

3. Sur le plan économique

Nul ne peut prétendre ignorer que les actes terroristes ont une incidence sur l'économie d'un pays en particulier et du monde en général.

On se rappellera qu'après les attentats du 11 septembre 2001 aux USA, l'économie mondiale était secouée. Car le World Trade Center était le symbole de la réussite économique et financière. Les grandes compagnies du monde possédaient des bureaux dans les deux tours.

La faillite de bon nombre de sociétés a trait avec l'attentat du 11 septembre. Ainsi les sociétés d'aviation tel que United Airlines et American Airlines, étant la cible des terroristes, ne pouvaient plus réaliser les bénéfices, fautes de clients traumatisés pat l'utilisation des engins volants comme arme par un réseau de terroristes.

Hormis la baisse enregistrée dans les marchés boursiers pour ce qui est des valeurs d'entreprise, l'économie mondiale a subi un choc fatal dans la mesure où certaines compagnies d'aviation, non américaines, ont fermé. Le sort du SWISSAIR et de la SABENA en est un exemple éloquent.

N'oublions pas qu'un acte terroriste peut entraîner la faillite d'une entreprise, bâtie au bout de plusieurs années, en un seul jour. Comme fut le cas de World Trade Center.

4. Sur le plan socioreligieux

Juste après les attentats apocalyptiques de New York, nous avons eu l'impression de vivre une guerre de religion, lorsque le Président américain s'adressait aux chrétiens, il utilisait le terme suivant : le « bien et le mal » ne peuvent jamais cohabiter. Tout cela pour justifier sa campagne contre le terrorisme. Par contre, le Chef de fil d'AL QAÏDA ripostait en disant que c'est la guerre entre les « croyants et les infidèles ».

Il ressort de cette guerre de religion, résultante du terrorisme, une certaine xénophobie car tout arabomusulman sera considéré comme un terroriste, et tout chrétien sera traité d'infidèle. C'est ainsi qu'il y a eu plusieurs arrestations des arabomusulmans aux Etats-Unis et partout dans le monde même s'ils ne sont pas des suspects. Et encore, partout où il y a eu des attentats meurtriers, les principales cibles ne sont que des chrétiens. Les attentats commis dans l'île de Bali en Indonésie ainsi qu'à Casablanca au Maroc illustrent parfaitement les faits évoqués dans notre travail.

Bref, le terrorisme est un facteur qui empêche le processus de socialisation entre les peuples de diverses cultures et diverses religions. Il engendre la haine, la méfiance, le mépris des uns envers les autres. Ce qui est contraire à l'article premier de la déclaration universelle des droits de l'homme qui stipule : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » 47(*)

5. Sur le plan humanitaire

« Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.48(*) » Le terrorisme contrevient à cet article de la déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée à Paris le 10 décembre 1948, car d'une manière aveugle, il frappe tout le monde, même l'innocent. Cette manière d'agir, en supprimant prématurément la vie des innocents sous prétexte de clamer la justice ou encore sous prétexte d'accomplir la volonté divine par des actes terroristes, n'est nullement synonyme de remporter la bataille.

Cette opinion est clairement exprimée par Bechir Ben Yahmed lorsqu'il dit : « s'attaquer principalement à des civils, même en théorisant, est une faute morale, bien sur. Mais aussi un signe de faiblesse : on reconnaît sa propre incapacité à s'attaquer aux cibles militaires.

Choisir le terrorisme comme arme principale n'a jamais conduit personne à la victoire. C'est une constante de l'histoire humaine.

Tous ceux qui ont gagné une guerre d'indépendance ou de libération - Vietnamiens, Tunisiens, algériens, Marocains, Juifs en Palestine, Sud Africains- n'ont utilisé le terrorisme que comme arme complémentaire, marginale.49(*) »

De tout ce qui précède, nous pouvons dire que le terrorisme contribue à la violation flagrante de droits de l'homme par ses actes horribles, odieux ainsi qu'inhumains. Ce paragraphe a démontré à suffisance, si pas toutes, les conséquences nuisibles du terrorisme.

CHAPITRE TROISIEME : LES STRATÉGIES DE DÉFENSE DES USA PENDANT ET APRÈS LA GUERRE FROIDE

Dans ce chapitre, il est question d'aborder avec lucidité et exactitude les différentes doctrines ayant émaillé ou caractérisé la sécurité des USA pendant la guerre froide et après le démantèlement de l'ex- Union Soviétique.

Cependant, de prime à bord, nous devons reconnaître que pendant la guerre froide, la doctrine stratégique américaine ayant fait plus des échos fut « l'endiguement ». Ensuite, après l'effondrement de l'empire soviétique, l'Amérique, en position de triomphe, n'avait plus une autre stratégie de défense « cohérente ». Il a fallu attendre l'après 11 septembre pour que « l'empire State Building » soit en quête d'une grand « Strategy ». De nos jours, on parle plus de la « guerre ou action préventive » comme la nouvelle stratégie qui conduira « le monde libre » à vaincre « les postes avancés de la tyrannie ». Quitte à écouter trop attentivement les sirènes du néo conservatisme militant, à surévaluer l'efficience de moyens militaires aux dépens des autres instruments d'influencer, à prendre de coupables libertés avec le droit et les opinions des autres.

D'une manière générale, nous devons retenir que les Etats-Unis d'Amérique possèdent deux visions de préconiser leur puissance, en matière de politique étrangère. Il s'agit de « soft power et hard power ». Soft power (puissance douce) leur permet d'imposer leurs vues en évitant le recours à la force armée ; il s'agit pour l'essentiel du pouvoir d'attraction culturelle qui amène les autres pays à adhérer aux valeurs américaines ou à aspirer au niveau de prospérité américain. L'autre vecteur de puissance est plus traditionnel, il s'agit du « hard power » (puissance dure), dont les meilleurs exemples sont la puissance économique ou la puissance militaire.

Partant des considérations précédentes, nous pouvons affirmer que depuis sa genèse, les Etats-Unis d'Amérique, en vue de sauvegarder ses intérêts vitaux, d'assurer sa sécurité nationale, ont recouru à ces deux visions de puissances. Raison pour laquelle, de Wilson à G.W. Bush, nous avions remarqué dans le comportement diplomatique des USA, soit l'ouverture au monde, ou soit l'isolationnisme, de nos jours « l'unilatéralisme ». Toujours, dans le souci de préserver leur défense nationale.

Toujours dans ce chapitre, les lignes qui vont suivre, nous édifierons d'avantage pour ce qui est de la politique de défense des USA pendant la bipolarité et durant la lutte contre le terrorisme.

SECTION I. LE SYSTÈME AMÉRICAIN DE DÉFENSE DURANT LA GUERRE FROIDE

Durant cette période, l'enjeu était d'éviter à ce qu'un autre Etat, surtout non satellitaire des USA, puisse acquérir l'arme nucléaire.

Cette opinion est clairement exprimée par les phrases de W. CHURCHIL, lorsqu'il dit en 1946 : « je ne crois pas que nous dormirions si bien dans la situation dans laquelle quelque Etat communiste ou néo-fasciste monopolisait pour le moment ces engins de terreur »50(*).

Selon les américains, la supériorité stratégique après la deuxième guerre mondiale leur étant d'une utilité capitale, ainsi qu'au monde libre, du fait de leur position fondamentalement défensive. C'était le centre de gravité de leur poids politique. C'était l'atout leur permettant d'employer leurs forces classiques à des fins politiques. Elle imposait aux soviétiques des freins sévères, les forçait à prendre garde de ne pas leurs provoquer là où ils pensaient que les américains pourraient réagir. S'ils laissent les soviétiques prendre et garder l'avantage de la supériorité stratégique, ils s'enhardiront énormément, en visant de leur puissance en dehors du bloc communiste. Ainsi, si l'ex- URSS possède la supériorité nucléaire stratégique, et domine ainsi la menace d'escalade, les dirigeants soviétiques pourraient conclure que les Etats-Unis ne seront guère enclins à s'opposer par la force militaire aux manoeuvres expansionnistes soviétiques et seront en conséquence de moins en moins résolus dans leurs confrontations avec l'URSS.

Il apparaît clairement que, pendant la guerre froide, les Etats-Unis connaissaient leur ennemi et face à qui ils manifestaient certaines inquiétudes qui sont de trois ordres à savoir :

- Ne pas tolérer que les soviétiques possèdent l'arme nucléaire ;

- Dans le cas contraire, il faut éviter que les soviétiques aient la supériorité stratégique sur eux ; enfin

- S'il n'en est pas le cas, il faut éviter « l'impassable » qui n'est autre que l'affrontement nucléaire. Le pire, en période de supériorité nucléaire soviétique, serait la défaite des américains sans guerre.

Partant de ces faits, les Etats-Unis étaient censés élaborer un système de défense prenant en compte tous éléments démontrant son parcours qui va de la supériorité à la parité stratégique avec l'ex- URSS. Cette prise de conscience a poussé les USA d'accepter la « dissuasion nucléaire » mais les a poussé aussi à perfectionner leurs armes tant conventionnelles que nucléaires. Ainsi, par rapport à la configuration du rapport de force entre les USA et l'ex- URSS, d'autres mécanismes de défense, tel que l'OTAN, verront le jours. Conscient que dans le jeu favori des russes, les échecs, la reine joue un rôle crucial même si elle n'est pas utilisée. Sur l'échiquier de la politique internationale, leur reine, les armes nucléaires, peut jouer un rôle décisif sans jamais être employée. D'où l'élaboration de la culture stratégique et autres mécanismes en vue d'écraser l'autre sans que celui-ci use son engin nucléaire.

§1. Stratégie et structure de la défense américaine

La stratégie ayant caractérisé toute la période de la guerre froide fut l'endiguement (containment), ensuite, d'autres doctrines stratégiques élaborées par chaque administration qui se succédait à la tête des USA

A. L'endiguement

Elle est la politique américaine de défense, dans les années de l'après guerre, consista à contenir l'Union Soviétique. George Kennan, l'un des principaux représentants des Etats-Unis à l'Ambassade américaine de Moscou, définit cette politique dans un long télégramme qu'il adressa au département d'Etat en 1946. Il développa son analyse lors de son retour aux Etats-Unis dans un article publié sous la signature « X » par la prestigieuse revue Forein Affairs. Evoquant le sentiment traditionnel d'insécurité des russes, le diplomate alléguait que l'Union Soviétique n'assouplirait sa position dans aucune circonstance. Moscou, écrivait-il, « croyait avec fanatisme qu'il ne pouvait y avoir de modus vivendi avec les USA et qu'il était souhaitable et nécessaire de bouleverser l'harmonie interne de notre société (américaine) »51(*). George Kennan ajoutait qu'il fallait mettre un terme aux pressions exercées par Moscou « en endiguant avec fermeté et vigilance les tendances expansionnistes russes.

La première application importante de la politique de l'endiguement (containment) se produisit en Méditerranée orientale. Après la guerre, la Grande Bretagne avait accordé son soutient à la Grèce, livrée à une guerre civile opposant les forces communistes au gouvernement monarchiste. Elle avait aussi apporté son appui à la Turquie, où l'Union Soviétique exerçait des fortes pressions pour obtenir des concessions territoriales et le droit d'établir des bases navales sur le Bosphore. En 1947, l'Angleterre fit savoir aux Etats-Unis qu'elle en pouvait poursuivre cette aide, rapidement, le département d'Etat mit sur pied un plan d'assistance.

Cependant, l'influence soviétique en Europe de l'Est était devenue un sujet d'alarme permanent pour l'occident, les Etats-Unis prirent l'initiative de créer une alliance militaire, destinée à accompagner les efforts économiques déployés en vue de l'endiguement du communisme. En 1949, les Etats-Unis et onze autres nations fondèrent l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), alliance reposant sur le principe de sécurité collective. Toute attaque contre l'un des membres serait considérée comme une attaque contre tous et déclencherait une riposte militaire.

L'année suivante, Washington précisa ses objectifs en matière de défense. Le conseil national de sécurité rédigea un document qui donna une nouvelle orientation à la politique de sécurité des Etats-Unis. Avançant l'hypothèse que « l'Union Soviétique était engagée dans un effort fanatique pour s'emparer du pouvoir dans tous les pays, partout où cela était possible », le document invitait les Etats-Unis à se porter au secours des nations alliées, dans toute partie du monde où l'une d'elle serait menacée par les soviétiques.

Nous devons noter que durant cette période, Washington accrut alors son budget militaire de manière considérable afin de parer aux agressions soviétiques contre l'Europe et contre la présence américaine, britanniques et française à Berlin - Ouest.

En outre, c'est d'ailleurs la volonté d'endiguement du communisme qui mène à un engagement américain directe dans les deux conflits armés asiatiques, la guerre de Corée puis la guerre du Vietnam. Critiqué par l'administration Eisenhower qui lui reproche d'être trop défensif, voire défaitiste, et lui préfère une stratégie annoncée de refoulement du communisme ou « roll back », le containment prévaut pourtant dans la réalité. En proclamant la théorie des dominos, Eisenhower y ajoute un corrélat lourd de conséquences en Asie. En fait, qu'il soit contesté ou qu'on veuille que de détente, l'endiguement est bien la stratégie américaine de référence et la fin de l'Union Soviétique en décembre 1991 a pu être interprétée comme la succès final de cette stratégie52(*).

B. New look

Doctrine stratégique fondée sur le principe des représailles massives, adoptée pour des raisons essentiellement budgétaires par l'administration Eisenhower afin d'assurer au pays la maximum de sécurité pour le moindre coût, « A bigger bang for a buck » selon le résumé populaire. Promulgué le 30 octobre 1953, le New Look (NSC 162/2) est fondé sur la conviction que pour contrer les ambitions soviétiques, la stratégie américaine doit être asymétrique, reposer sur ses points forts et non chercher à rivaliser avec la stratégie adverse. S'ils sont attaqués, les Etats-Unis choisiraient les moyens, le lieu et l'intensité de leur riposte afin de maximiser leurs avantages contre l'agresseur. Le secrétaire d'Etat John Foster Dulles déclare qu'un ennemi potentiel « doit savoir qu'il ne peut pas toujours choisir les conditions de bataille qui lui conviennent ». Aussi, étant donnée la supériorité nucléaire américaine, tous les plans stratégiques élaborés prévoient l'utilisation des armes nucléaires, même en cas de guerre limitée. La doctrine est néanmoins plus subtile qu'il n'y parait, et s'ils renoncent à entretenir de trop nombreuses forces armées, les Etats-Unis n'envisagent pas d'avoir comme recours que la dissuasion atomique en cas de conflits localisés. Cette doctrine se voit donc accompagnée de l'établissement par les Etats-Unis, dans ce qui fut appelé une « pactomanie », de tout un réseau de traités comprenant près de cinquante nations chargées de fournir les troupes de combat dont l'emploi s'avérait nécessaire.

C. Riposte graduée

Kennedy, constatant que les USA ne sont pas hors de portée des fusées soviétiques, renonce à prendre le risque d'un engagement nucléaire automatique au profit des alliés européens et adopte avec la « riposte flexible » une stratégie d'intervention éventuelle, conventionnelle (d'où le refus de la France d'y souscrire). Le Secrétaire à la défense, Mc. Namara, était chargé de la mettre en oeuvre. Cette nouvelle politique impose la recherche de la supériorité à tous les niveaux, la multiplication des procédures de sauvegarde pour éviter toute méprise, des forces conventionnelles (l'OTAN doit disposer de 30 divisions) et nucléaires (tactiques et stratégiques), l'arrêt de la prolifération. Ainsi s'instaure l'équilibre de la prudence. Les USA et l'ex- URSS, possédant des engins intercontinentaux capables d'atteindre la force de frappe adverse sans certitude toutefois de la détruire à 100%.

Notons que, toujours dans cette période, un accord fut signé à Genève, plaçant un télex crypté spécial dit « téléphone rouge » assurant une communication permanente entre russes et américains afin d'éviter le déclenchement d'une guerre nucléaire par accident, il permet de régler plusieurs alertes dues à des défaillances de radar ou d'ordinateur.

D. Doctrine de Nixon

La doctrine Nixon prévoyait que les Etats-Unis fourniraient des armes et de l'assistance aux nations menacées par l'agression, à la condition qu'elles puissent assumer la responsabilité primordiale de fournir les hommes nécessaires à leur défense.

Les intérêts des Etats-Unis et de leurs amis et alliés exigeaient qu'ils fournissent aux nations menacées l'aide qui leur faut pour se défendre. Les conditions internationales exigent toujours que les éléments fondamentaux de la doctrine Nixon soient respectés et imposés.

Cette opinion est clairement exprimée par le Président Nixon, lorsqu'il affirme : « nous devons avoir la puissance nucléaire stratégique pour tenir tête aux soviétiques quand et où ils cherchent à étendre leur domination. Nous devons respecter nos engagements par traité en ayant une puissance de théâtre classique et nucléaire adéquate. Quand les soviétiques ont recours à l'agression indirecte en soutenant des guerres révolutionnaires, nous pouvons éviter de nouveaux Vietnam en fournissant à nos amis une aide militaire et économique afin endossions le fardeau de faire la guerre à leur place »53(*).

E. Stratégie défensive de l'avant

Elle est une stratégie basée sur l'emploi quasi- immédiat d'armes nucléaires tactiques, pour remplacer la riposte graduée estimée par les américains dès 1954 dangereuse et périmée (sans que cela soit dit). Selon les ténors de cette stratégie, il est vain d'espérer pouvoir faire face avec des moyens classiques et de ne faire appel à l'arme nucléaire tactique que lorsque ceux-ci s'avèrent insuffisants. On risque, disent-ils, de ne pas réagir assez vite et d'être acculé à l'échange stratégique que la riposte graduée voulait justement éviter54(*). L'affirmation de cette stratégie devrait avoir un effet dissuasif.

F. Stratégie de défense conventionnelle

Elaborée aux Etats-Unis depuis 1982, avec comme principes : les progrès technologiques (guerre électronique, munitions guidées) permettent d'enrayer une offensive classique et de contre - attaquer localement, sans recourir à l'armement nucléaire. Les soviétiques auraient eu le 1er jour un avantage d'environs 5 contre 1, après 3 jours de combats et l'arrivée de renforts, 10 contre 1. Avec des munitions guidées (à développer), l'OTAN devait détruire ces renforts avant qu'ils n'atteignent la zone de combats, c'est-à-dire 30 à 800km derrière la zone de contact (concentrations de troupes, dépôts, centre de commandement et de communication, bases aériennes).

G. Nouvelle stratégie de défense du président Reagan

Annoncée en juillet 1982, elle reconnaît que les USA ont cessé de se suffire à eux-mêmes (ils dépendent du pétrole étranger et des importations de 69 minéraux stratégiques sur 72.

· Stratégie politico-diplomatique globale

Celle-ci consiste avec le Japon d'assurer une surveillance spatiale et électronique du Nord-Ouest du Pacifique et la défense d'une zone de 1.000 milles au large de ses côtes, puis la surveillance de la route du Golfe Persique.

· Les moyens utilisés

Les moyens alors envisagés ont été, et vont être encore réduits ou supprimés. Il s'agit de l'abandon du missile Midgetman à une ogive, arrêt du programme de sous-marins nucléaires d'attaque de la classe Seawolf, arrêt de modernisation de l'ogive de l'enfin Trident 2 emporté par les sous-marins (dont le nombre d'ogives qu'ils peuvent lancer - 5440 - serait réduit de deux tiers si Moscou renonce à ses MIRV), arrêt du programme de production de l'hélicoptère d'attaque « Comanche).

· Stratégie Bush

Les USA se reconnaissent comme la seule super puissance ayant des intérêts mondiaux et des responsabilités globales. La priorité est donnée aux menaces régionales (Moyen-Orient, Corée) et à l'instabilité des certaines zones (CEI, Europe Centrale), ainsi qu'aux risques de prolifération nucléaire reste essentielle, mais avec des moyens réduits de 50%. Le concept de la « dissuasion minimale » avancé par la France dès 1960 est adopté. Les forces classiques sont partagées entre Atlantique et Europe, Pacifique et forces d'intervention pouvant agir partout. Les forces d'active seront réduites de 2,1 à 1,6 millions d'hommes entre 1990 et 1995, et le déploiement à l'étranger de 30 à 40%. L'accent est mis sur la coopération internationale.

Toujours au cours de cette période, il y a eut passage de la doctrine « Air Land Battle » (étude de général Bavin, à l'OTAN, visant l'encouragement d'un éventuel théâtre d'opération européen en interdisant au 2ème échelon des forces du pacte de Varsovie de renforcer celles de l'avant) à la doctrine « Air Land Operation » visant l'envoie de forces aéroterrestres en nombre suffisant pour intervenir sur tout théâtre à distance des USA, la Marine assurant les transports lourds et la maîtrise des voies océaniques de communication.

D'une manière générale, pour clôturer ce paragraphe relatif la stratégie américaine, nous pouvons affirmer avec VENEZIA que depuis 1945, seuil de l'ère nucléaire, la pensée stratégique américaine a évolué en fonction de deux facteurs :

- l'apparition de générations successives d'armement nucléaire d'une part, et d'autre part ;

- la rivalité opposant les Etats-Unis et l'Union Soviétique à l'échelle mondiale.

§2. Programmes de défense stratégique, nucléaires et spatiaux

Pour prévenir la menace que l'URSS fait peser sur leur sécurité, les Etats-Unis et leurs alliés comptaient beaucoup sur la qualité de leurs moyens pour contrebalancer le volume considérable des armements adverses. Selon eux, il sera primordial pour la défense du monde occidental que les pays le constituant disposent des programmes de défense stratégique, nucléaires et spatiaux et d'un potentiel industriel capable de produire des systèmes d'armes sophistiqués.

En outre, conscients de la compétitivité technologique en matière d'armements, les USA fournissaient un gros effort en recherche et développement afin de maintenir un potentiel industriel puissant et compétitif, parallèlement à une politique de sécurité technologique active.

A. Programmes de défense stratégique et nucléaire55(*)

Lors de la création de l'OTAN, en 1949, les Etats-Unis ne possédaient que 50 bombes A. Mais le premier essai de la bombe A soviétique en août de la même année et le déclenchement de la guerre de Coré en 1985 accélérèrent considérablement leurs programmes stratégiques et nucléaires, ainsi que le développement de têtes nucléaires plus légères. Les premières, destinées aux missiles sol-sol corporal et Hornest John, ainsi qu'aux mines terrestres (ADM), furent opérationnelles en 1953, et celles des mortiers de 180mm en 1957. A la suite du lancement, la même année, du satellite soviétique Spoutnik, la priorité fut donnée aux têtes pour missiles balistiques à moyenne et longue portée. Furent ainsi opérationnelles en 1958 : la tête W5 (50 KT) pour les MRBM Thor et Jupiter ; en 1960 la W35 (1MT) et la W47 (800KT), destinées respectivement aux missiles Titan et Polaris.

Par ailleurs, la quantité des têtes stratégiques augmenta également rapidement : 6.000 en 1957, 16.000 en 1960, 32.000 (54 modèles différents) en 1967, pour être plafonnée à partir de 1980 à 25.000 têtes, en application du traité américano-soviétique Salt II et 1979.

B. Programme spatial

Les Etats-Unis, au cours de cette période, ont utilisé des systèmes spatiaux pour le soutien de leurs opérations militaires tant au niveau tactique qu'à l'échelle stratégique. Les moyens spatiaux militaires américains, d'après Dick Cheney, alors Secrétaire à la défense en 1989, furent suffisants en temps de paix ou de crise à court terme, mais furent inadaptés aux besoins des forces combattantes en cas de conflit entre l'OTAN et les pays du Pacte de Varsovie56(*).

Il convient de signaler qu'à cette période, il existait une dissymétrie considérable entre l'infrastructure spatiale militaire des Etats-Unis et celle de l'URSS. L'organisation spatiale américaine et son infrastructure ont évolué suivant une orientation du temps de paix.

Par ailleurs, l'Union soviétique avait l'avantage sur les Etats-Unis grâce à son système anti-satellite ASAT, unique en son genre, et à sa puissante infrastructure de soutien spatial. Les systèmes américains sur orbite ont des capacités supérieures pour les opérations du temps de paix. Toutefois, pour s'assurer la possibilité de conserver leur efficacité opérationnelle dans un conflit, les américains devraient continuer à rechercher une capacité anti-satellite opérationnelle, à mieux à même de reconstituer leurs systèmes spatiaux, et à disposer d'une infrastructure de soutien spatial ayant de meilleures chances de survie. Raison pour laquelle le Président Reagan annonça en 1983 des études intensives pour définir la menace que constituent les missiles stratégiques (NSSD 6-83 National Security Study Directive). Les études concluaient qu'une protection totale n'était pas possible (dommages catastrophiques causés par quelques missiles, car le système défensif situé dans l'espace était très vulnérable57(*).

Ainsi, aussitôt annoncée, l'initiative de défense stratégique (SDI) connue sous la dénomination de « la guerre des étoiles » se verra contester et le programme va susciter des critiques. La plupart des experts doutaient qu'un tel bouclier puisse exister et être fiable et robuste pour annihiler une attaque nucléaire massive, d'autant que le système ne pourrait être testé et devrait être opérationnel d'emblée.

Si l'on en croit Maurice VAISSE, ce programme suscitait trop des remous, car les économistes estimaient que l'économie américaine, gravement endettée, puisse faire face au coût prohibitif de cette nouvelle initiative de défense. Par contre, d'autres remarquaient que le projet violait les accords SALT I sur les ABM, l'URSS de Gorbatchev exigeait d'ailleurs des Etats-Unis par la suite une limitation de l'IDS comme préalable à toute négociation sur la limitation des armements58(*).

Voila autant des raisons parmi tant d'autres ayant concouru à la non mise sur pied de ce programme. Mais, grâce à la réélection de Reagan en 1984, la demande initiale de 26 milliards de dollars sur cinq ans a été obtenue et un bureau de l'IDS fut crée au Pentagone. Donc l'administration républicaine réussit à maintenir à flot le projet avec un budget de quatre milliards de dollars par an jusqu'en 1990 puis trois milliards.

§3. L'OTAN

Alliance militaire défensive chargée lors de guerre froide de dissuader l'URSS et de stopper une éventuelle offensive de l'Est. Elle a assuré pendant après d'un demi siècle la paix en Europe.

Notons que l'alliance comprend deux structures : la structure civile et celle militaire.

La structure civile comprend le conseil de l'Atlantique lequel est composé parfois des représentants permanents des Etats membres, avec eux, il assure le bon fonctionnement de l'organisation, assisté par de nombreux comités (comité scientifique, économique, de l'infrastructure...) et par le secrétaire général, désigné par consensus par le conseil, responsable devant lui et qui la préside depuis 1957.

A cette structure civile s'ajoutent les organes militaires intégrés avec, à leur tête, le comité militaire crée en octobre 1949 et placé sous l'autorité politique du conseil. Composé des chefs d'état-major ou de leurs représentants, il constitue l'interface entre le pouvoir politique et un groupe stratégique permanent (Standing group), organe exécutif établi à Washington et composé des représentants américains, britanniques et français, en charge de planifier la stratégie de l'alliance.

Sur le terrain, en dehors d'un groupe stratégique régional Canada - Etats-Unis et du commandement suprême allié de la Manche, dissout en 1994, l'OTAN s'organise autour de deux commandements suprêmes, l'un, uniquement naval pour l'Atlantique, installé à Norfolk en Virginie avec à sa tête un amiral, commandant suprême allié de l'Atlantique (le SACLANT) et l'autre, le commandement suprême allié en Europe (le SACEUR), en fait le plus important. Le SACEUR (Supreme Allied Commander in Europe), un général nommé par le Président américain sans concertation avec les alliés, également commandant des forces américaines en Europe, est l'autre figure de l'OTAN avec le secrétaire général. Depuis le SHAPE transféré à MONS en Belgique en 1966, il doit assurer en cas d'attaque soviétique la défense du continent divisé en quatre commandements régionaux (Nord-Ouest, Centre, Sud et Méditerranée).

· Les objectifs de l'OTAN

Depuis 1967, l'OTAN appliquait la doctrine stratégique de la « riposte graduée » conçue pour dissuader tout agresseur de l'alliance, et la défendre avec succès en cas d'échec de la dissuasion. Aussi l'OTAN entretenait-elle une combinaison de forces conventionnelles et de forces nucléaires de théâtre qui, ajoutées aux forces nucléaires stratégiques américaines, permettraient de riposter de façon appropriée à une agression du Pacte de Varsovie quelle que soit la forme du conflit. L'alliance avait besoin de puissantes capacités militaires pour être sûre de pouvoir résister à une intimidation politique et militaire venant de l'union soviétique en période de montée de tensions. Si la guerre est déclenchée, l'OTAN prévoit de riposter directement à une agression militaire en défendant le territoire de l'alliance aussi loin que possible sur l'avant, et si nécessaire, en procédant à une escalade délibérée jusqu'au niveau considéré comme approprié pour rétablir le statu quo ante ou pour assurer la défense de l'alliance.

Aussi, en tant qu'alliance défensive, l'OTAN n'a jamais recherché une capacité qui lui permette de mener une courte guerre d'agression contre le Pacte de Varsovie. La structure, les effectifs et la logistique des forces de l'OTAN la rendent incapable de lancer des opérations offensives de grande envergure. Ils sont plutôt conçus pour défendre la zone de l'avant, améliorer leurs capacités pour attaquer les renforts du pacte avant leur arrivée sur la ligne de front (principalement au moyen d'attaques aériennes d'interdiction contre les forces de deuxième échelon) et garder la possibilité de passer, si nécessaire, à l'escalade nucléaire. Traditionnellement, l'OTAN a toujours compté sur la qualité de ses forces conventionnelles pour composer la supériorité quantitative du Pacte de Varsovie. Toutefois, si l'Alliance conserve encore un avantage qualitatif significatif en aviation tactique et dans certains domaines de l'électronique défensive, les soviétiques ont sérieusement entamé la large supériorité qualitative dont elle bénéficiait naguère.

D'une manière générale, la sécurité des USA pendant la guerre froide dépendait non seulement de leur stratégie et programmes stratégiques, nucléaires et spatiaux, mais aussi de l'OTAN, car sa sécurité dépendait aussi de celle de ses alliés.

SECTION II. LA POLITIQUE AMÉRICAINE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME PENDANT LA PÉRIODE POST-GUERRE FROIDE

Lorsque la nuit de la guerre froide s'est achevée, l'Amérique s'est réveillée seule. Soulagée de voir s'effondrer l'adversaire d'un demi siècle, elle n'a pas renoué avec la « normalité » d'une puissance comme les autres parmi les autres. S'identifiant d'abord à la globalisation, elle a vu passer une décennie d'enrichissement, d'optimisme, voire de désinvolture, avant d'épouser plus ouvertement un projet néo-impérial qui la taraudait depuis un moment. Servie par une puissance militaire sans rivale, l'Amérique a envisagé de refaire le monde à son image. Le divorce avec l'Europe devant une possibilité ouvertement envisagée, la globalisation hier adulée était sacrifiée sur l'autel de l'intérêt national posé en dogme, alors que les attaques terroristes du 11 septembre la mettaient face à un monde islamique mal connu.

Cette opinion est clairement exprimée par Ghassan Salamé, professeur des relations internationales à l'Institut d'Etudes Politiques et Relations Internationales de Paris, lorsqu'il dit : « les américains étaient soulagés de voir disparaître l'adversaire d'un demi-siècle et, grâce à cette divine surprise, espéraient sans doute revenir à une normalité dans laquelle les soucis sécuritaires et stratégiques réoccuperaient une place moins prééminente et les fautes idéologiques s'apaiseraient. Le dirigeant politique d'alors, tout en voulant tirer les plus grands avantages de cette évolution inespérée, bientôt confortée par le succès des armes américaines au Koweït, ne se sont pas sentis obligés d'élaborer dans l'urgence une grande théorie de la nouvelle ère, en dépit des injonctions quasi quotidiennes, finalement sans véritable impact sur l'opinion, d'une partie de la classe mandarinale »59(*).

En effet, il apparaît clairement que de Bush père à Clinton, des doctrines sécuritaires et stratégiques ont été élaborées mais pas avec beaucoup des considérations et sériosités comme à l'époque de la guerre froide car, ils connaissaient leur ennemi. Avec Bush père, il élabora, après le bouleversement du monde, une doctrine censée inspirer ses compatriotes. Il parla vaguement de bâtir un « nouvel ordre mondial », mais sans réelle conviction : praticien du politique, il ne montrait que peu d'intérêt pour la vision thing, comme il l'avouait lui-même, et ne déploya pas beaucoup d'efforts pour définir le contenu de cet « ordre ». Joseph Nye (1992) disait de lui : « le président pense et agit à la manière de sans pouvoir trouver de synthèse ». Et quand, l'année suivante, son secrétaire d'Etat, James Baker, fut pressé d'expliquer pourquoi l'Amérique devait faire la guerre du Koweït, il se contenta de répondre « le job »60(*).

Son successeur, Bill Clinton, à qui on reprocha au contraire une tendance au syncrétisme artisanal, donnait l'impression de croire fermement à trop de choses pour être capable de formuler une orientation précise. Son aptitude quasi proverbiale à s'ajuster semblait lui interdire de ne s'enchaîner à aucune synthèse, traits qui seront fidèlement reflétés dans une autobiographie de près d'un millier de pages où l'on entre comme dans un déroutant bazar de délicieuses diversions de détails tribaux et de malicieuses rancunes. Clinton cite au départ trois éléments fondamentaux de ce que fut « sa » doctrine : « sécurité économique, restructuration des forces armées pour faire face aux missions nouvelles de l'après guerre froide et soutien aux valeurs démocratiques dans le monde ». « La doctrine Clinton n'a pas de contenu fixe. Elle oscille entre les meilleures intentions wilsoniennes du premier mandat et le néo-réalisme des dernières années du second », écrivit justement Denis Lacorne (2000)61(*). Pour vouloir être « à la fois Reagan et mère Teresa », on lui reprocha de confondre « politique étrangère et travail social », ou de choisir des personnalités sans grande stature et sans véritable autorité pour conduire sa politique étrangère.

Ces affirmations sont consolidées par l'attitude du Président Clinton face à la montée de la menace d'attentats au moyen d'armes atomiques, bactériologiques et chimiques au cours de son mandant. Il déclare : « je souligne l'importance de ce problème depuis un certain temps. Je l'ai dit à maintes reprises et je tiens à vous le redire : mon intention n'est pas de semer la panique dans la population américaine sur cette question, mais de veiller à ce que nous disposions d'une réponse sérieuse, réfléchie, disciplinée, à long terme, à une menace potentielle contre la vie et la sécurité de la population américaine »62(*).

Au moment où les Etats-Unis s'inquiétaient particulièrement de ces menaces terroristes « haut de gamme » perpétrées au moyen d'armes NBC de destruction massive, deux ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998 furent les cibles des terroristes. En réponse, c'est fut le bombardement du Soudan qui, après le 11 septembre, se révèle comme une goûte d'eau dans l'océan.

En revanche, il se peut simplement qu'entre 1990 et 2000 le besoin d'une « vision » n'ait pas été si pressant, que l'américain moyen ait joui alors d'un mélange de sécurité et de croissance qui ne lui on faisait pas sentir le manque, que l'élite ait nécessité une bonne décennie pour tirer les leçons des bouleversements de 1989 et pour s'entendre sur une doctrine 2000, de ce point de vue, marqua un tournant capital : une nouvelle administration aux choix idéologiques très affirmés, bientôt piquée au vif par les attentats du 11 septembre, arrivait avec, dans ses bagages, des idées bien plus ambitieuses que le pragmatisme débonnaire qu'elle reprochait indifféremment dont à Bush père qu'à Clinton, pourtant si différents par ailleurs.

Des ancêtres récents (en particulier Wilson et Reagan) étaient mis à contribution pour mettre en oeuvre un programme qui entendait répartir de l'héritage du reaganisme pour réaliser ce que la « prudence du Bush senior » et l' « indécision de Clinton » avait malencontreusement stoppé net : un projet largement impérial qui oserait assumer ses choix.

Toujours à ce sujet, Thérèse Delpech, affirme qu'au début du mois de septembre 2001, il était difficile d'imaginer un Président des Etats-Unis et un Secrétaire à la Défense moins préparée à faire face à une telle catastrophe. Le président Bush connaît depuis une popularité sans précédent, que les mois érodent mais ne détruisent pas, et Donald Rumsfelf, médiocre secrétaire d'Etat à la défense, est devenu pour l'Amérique un exceptionnel secrétaire à la guerre63(*).

Ainsi, avec le dynamisme qui la caractérise, l'Amérique s'est vite ressaisie. Le 11 septembre a conforté des nombreuses tendances antérieures tout en lui donnant un nouveau dynamisme. Dans certains domaines, il a aussi conduit les Etats-Unis à se reformer. Dans les lignes qui suivront, nous verrons des leçons qui ont été tirées.

§1. Les instruments de la lutte antiterrorisme

Les Etats-Unis, vu leur degré technologique, ont une large avance par rapport aux autres Etats, en ce qui concerne la lutte antiterroriste.

Pour François Taylor, coordonnateur des mesures antiterroristes du Département d'Etat en 2001, la politique des Etats-Unis en matière de lutte contre le terrorisme se résume en cinq points64(*). Il s'agit :

- de déloger les terroristes de leurs cachettes ;

- de procéder au nettoyage des lieux qui leur servent de refuge ;

- de faire pression sur les autres Etats pour qu'ils cessent de les soutenir ;

- d'empêcher la préparation des attentats terroristes ;

- de renforcer les moyens qu'ont nos amis et alliés de combattre le terrorisme.

Outre les mesures ci-dessus, il estime également que les Etats-Unis doivent forger les outils nécessaires à la lutte contre le terrorisme et aussi tarir les sources de financement tout en empêchant les transferts de fonds au profit des terroristes.

Cependant, poursuit-il, un certain nombre d'autres outils ou instruments sont à notre disposition pour lutter contre le terrorisme et nous procédons à leur amélioration. Ces instruments sont :

A. Programme d'aide antiterroriste

Il s'agit d'assurer la formation du personnel étranger chargé de la sécurité et de l'application des lois. Il aide à promouvoir la politique américaine et à améliorer les contacts des autorités américaines avec celles des étrangers afin de permettre que les objectifs américains contre le terrorisme réussissent.

A ce sujet, l'exemple le plus frappant figurant dans le rapport sur le terrorisme dans le monde en 2002, est que les Etats-Unis oeuvrent avec les pays africains de diverses manières pour renforcer leurs capacités en matière de lutte antiterroriste. C'est notamment l'un des buts de l'initiative pan sahélienne (PSI), programme du département d'Etat des USA conçu pour aider le Mali, le Niger, le Tchad et la Mauritanie à protéger leurs frontières, à suivre les déplacements des personnes, à combattre le terrorisme et à accroître la stabilité régionale. La PSI aura à aider ces pays à lutter contre les opérations terroristes connues et les incursions transfrontières, ainsi que contre le trafic des gens et le commerce des denrées illicites. La formation et l'aide matérielle fournies par les USA s'accompagnent d'un programme visant à réunir les responsables civils et militaires des autre pays pour les encourager à une coopération accrue dans le domaine de cette lutte et du contrôle des frontières dans les pays de la région et entre ce pays. L'initiative comporte également des composantes de formation et d'appui pour renforcer des aptitudes professionnelles des forces de police et de sécurité, la sécurité des aéroports et les procédures d'immigration et de douane65(*).

B. Programme d'intervention du terrorisme

Il consiste à utiliser des systèmes de données informatiques sophistiquées et des communications perfectionnées pour identifier les terroristes en puissance qui tentent de franchir des frontières internationales.

C. Programme « Rewards for Justice »

Ce programme prévoit le versement de primes pouvant aller jusqu'à cinq millions de dollars en échange de renseignements susceptibles d'empêcher un attentat terroriste ou d'aboutir à l'arrestation d'un terroriste.

D. La diplomatie

Elle s'avère essentielle à lutter contre le terrorisme international moderne, lequel transcende les frontières à bine des égards. Les Etats-Unis ont besoin de l'aide de partenaires étrangers pour contrer la menace terroriste, même quand ce sont eux spécifiquement qu'elle lise.

§2. Stratégie militaire des USA dans la lutte antiterroriste

Selon M. Douglas Feith, haut responsable du ministère de la défense, les USA appliqueront leur stratégie militaire dans les années à venir. Ils porteront leur attention sur les mesures de prévention destinées à empêcher que les problèmes en matière de sécurité ne se transforment en crises et que ces crises ne dégénèrent en guerres. Ces mesures comprendront l'exécution d'opérations de stabilité, la mise en oeuvre de l'initiative visant à limiter la prolifération des armes de destruction massive, le stationnement des forces américaines dans des lieux d'où on peut les déployer promptement en cas de besoin, ainsi que le renforcement de la coopération militaire avec d'autres pays66(*).

En effet, il apparaît clairement que les Etats-Unis souhaitent oeuvrer de concert avec leurs alliés non seulement pour exécuter des opérations de combat, mais aussi pour élaborer une stratégie cherchant à défendre leur intérêt national, surtout dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, car certaines missions ne peuvent en pratique être exécutées que par d'autres pays.

Donc, il convient aussi de signaler que cette stratégie de la défense nationale porte aussi sur la nécessité de priver les réseaux terroristes de tout sanction idéologique, qu'il s'agisse des refuges, d'armes ou d'accès à des cibles. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les opérations militaires menées en Afghanistan et en Irak et aussi des menaces acerbes à l'endroit des pays qu'ils qualifient des Etats voyous ou des postes avancés de la tyrannie.

CHAPITRE QUATRIÈME : ANNALYSE COMPARATIVE DE LA STRATEGIE AMERICAINE DE DEFENSE AU REGARD DES MUTATIONS DU SYSTEME INTERNATIONAL

Il va s'agir dans ce chapitre de faire un parallélisme entre les éléments reflétant la stratégie américaine : de défense pendant la période de la guerre froide après la guerre froide en vue de déboucher au constat qui nous amènerait à affirmer la Constance ou l'évolution de cette stratégie de défense américaine.

Cependant comme nous l'avons stigmatisé dans les lignes précédentes, la stratégie américaine de défense est partie de l'endiguement (il fallait contenir les forces soviétiques) avec ses différentes manifestations selon les administrations qui se succédaient à la destinée des Etats-Unis d'Amérique à celle que Ghassan Salamé a dénommé dans son ouvrage « la stratégie néo-impériale »67(*).

Si l'on en croit à cet auteur, cette stratégie, quand bien même elle est en action, mais ne fait pas d'unanimité au Etats-Unis. C'est d'ailleurs moins sur des bases morales ou légales que, le plus souvent, l'opposition s'exprime, qu'en fonction pratique d'une telle stratégie et sur ses effets pour l'intérêt national des Etats-Unis68(*).

Qu'à cela ne tienne, étant donné que la stratégie néo-impériale traduit le mélange du statut unipolaire et de transformer aussi rapidement que possible l'avantage en situation durable qui puisse permettre au Etats-Unis d'interdire qu'aucune autre puissance ne songe même à remettre en cause ce statut, les éléments clés sont :

· Une fois profonde dans la nécessité d'une puissance militaire inégalable ;

· Un engagement à perpétuer la suprématie militaire américaine aussi longtemps possible ;

· La maximisation de l'activité de cette puissance par plan d'action globale.

D'une manière générale, l'analyse comparative se fera entre les éléments de la stratégie américaine de défense de la période de la guerre et de celle post-guerre froide.

Ainsi, il est impérieux que nous puissions passer aux éléments qui vont nous servir de base d'analyse comparative, avant d'arriver au constat ayant trait à la constance ou à l'évolution de la stratégie américaine vis-à-vis des bouleversements du système international.

SECTION I. LES ELEMENTS D'ANALYSE COMPARATIVE

§1. Au niveau du système de défense

Au point de vue du système de défense il apparaît clairement que ça soit l'endiguement ou la stratégie néo-impériale, toutes visent à protéger le sol américain mais avec une nuance pour ce qui est de la protection des alliés.

A l'époque de la guerre froide », l'endiguement, à part la protection du sol américain, il visait aussi celle de ses alliés, raison pour laquelle l'OTAN existe. Ce dernier, avec des bases militaires et des théâtres d'opération assurait la défense des intérêts américains et des alliés.

Par ailleurs, avec la stratégie de l'après 11 septembre 2001, les américains font appel à la mobilisation de la communauté internationale, c'est-à-dire, ils font voir au Etats que tous le monde est menacé. D'où, il faut se coaliser pour faire face à l'ennemi ambulant, sans domicile fie, qu'est le terrorisme. Ils démontrent, à cet effet, qu'ils ne seront pas capables d'assurer la défense de leurs alliés d'autre fois. Il leur suffit d'accepter de collaborer avec les Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme.

Un autre élément à considérer est que, depuis le 11 septembre, c'est la protection du sol américain qui est la priorité  de la politique de défense à Washington et c'est aussi une petite révolution. Certes, la défense anti-missiles, qui avait précisément l'ambition terroriste sa version stratégique de défendre le territoire des Etats-Unis, avait déjà défragé la chronique internationale avant les événements. Mais il s'agissait surtout de se préparer à des menaces futures. La National Missile Defense (NMD) envisageable la possibilité d'une attaque et extérieure provenant de la Corée du Nord ou de l'Iran, mais seulement à l'horizon d'une dizaine d'années. L'attaque a donc eu lien beaucoup plus vite que prévu et elle est venue de l'intérieur, tout en faisant plus de victimes que Pearl Harbour. Elle a ainsi conforté l'idée que le territoire américain était menacé, que les citoyens des Etats-Unis seraient désormais atteints sur leur sol et que certains ennemis de l'Amérique lui portaient une haine sans limites.

Il convient de signaler qu'en dehors du programme NMD, un vaste programme de défense du territoire doté des moyens financiers conséquents (37 milliards de dollars en 2003), est mis en place et directement rattaché au président des Etats-Unis69(*).

Par ailleurs, le professeur Ghassan Salamé, pense que, face à l'ennemi de l'époque (URSS), il s'agissait d'opposer un endiguement actif, et ce, en augmentant les défenses militaires pour le dépasser techniquement (notamment par la fameuse IDS ou « guerre des étoiles », censée affaiblir ses capacités offensives en matière de missiles intercontinentaux) et en le plaçant ainsi devant un choix difficile : ou il se lançait à son tour dans la course engagée, quitte à s'essouffler économiquement, où il déclarait forfait70(*).

Avec G.W. Bush à la Maison-Blanche, une doctrine fut appliquée, la guerre au sens strict est considérée comme un complément de la diplomatie. Ce la revient à l'ordre du jour en Afghanistan puis en Iraq, avant de l'être sans doute demain ailleurs. Mais l'interventionnisme en déça de la guerre proprement dite n'est pas exclu non plus. Comme pendant les dernières années de l'ère Clinton, le militaire est l'instrument privilégié de la diplomatie, mais au lieu de devoir choisir entre les grands conflits et les interventions limitées, l'administration Bush semble les favoriser à égalité.

La guerre d'Afghanistan avait paru inéluctable au lendemain du 11 septembre. Celle d'Iraq est encore en cours, sa nouveauté est multiple et son issue indécise ; son actuel ensablement constitue un obstacle certain à des nouvelles équipées dans le court terme, aussi souhaitées soient-elles. C'est pourquoi il est encore hasardeux d'en tirer des conclusions générales ou de savoir en particulièrement si elle sera la première ou, définitive, la seule et unique application de la stratégie proclamée en septembre 2002.

D'une manière brève, nous pouvons dire avec Paul Hassner que la stratégie militaire américaine actuelle combine donc deux traditions. La première tradition peut être résultée ainsi : on n'y pas du tout, ou on y va massivement. Et la seconde, ainsi : on fait se battre les autres, on n'y va pas nous-mêmes. Tout cela se combine dans le primat de l'arme aérienne71(*) .

§2. Au niveau des infrastructures militaires et la production des armes

La concentration de la puissance de feu dans les mains de l'Amérique ne connaît aucun précèdent dans l'histoire. Contrairement à ce qui s'était passé après la guerre de Sécession ou la première guerre mondiale, les Etats-Unis sont largement restés, après l'effondrement du Mur de Berlin, dans une logique de suprématie militaire globale alors même que leur rival d'un demi siècle s'affaissait et que les pays européens opéraient des réductions autrement plus drastiques dans leur arsenal. Des réductions en personnel, en allocations budgétaires, en arsenaux ont bien entendu été réalisées aussi par les américains. Mais les questions lancinantes du début des années 1990 sur ce que serait la position militaire des Etats-Unis dans le monde ont laissé place, à la fin de la décennie , à une sorte de divine surprise : celle d'une suprématie militaire indiscutée, inégalable et inattaquable.

A l'origine, il y a ce qu'on appelle désormais le contrôle des « parties communes » de la planète. « Contrôle veut dire que les Etats-Unis font un usage militaire du domaine aérien, maritime ainsi que de l'espace bien plus important que les autres, qu'ils peuvent de manière crédible, en interdire l'usage par d'autres, et que les autres perdraient s'ils essayaient d'en interdire l'usage au américains ». Ce contrôle préalable, maintenu et si possible renforcé, vise par définition les obstacles que d'autres acteurs chercheraient à placer à travers de son chemin, elle doit être assurée d'accéder là où elle entend le faire. C'est ainsi que l'Amérique s'impose non seulement comme seule force globale, mais aussi comme gardienne incontestée de la globalisation.

Actuellement, les Etats-Unis possèdent :

· Une aviation ultramoderne dotée de missiles d'une surprenante précision. Il nous sera difficile d'oublier comment un de ces missiles réussit à détruire le central téléphonique d'al-Mansour , à Bagdad, laissant intacte la partie administrative du complexe séparée de l'ensemble technique par un simple mur mitoyen, ni comment, tout autour de la capacité irakienne, il a été constaté des restes de jeeps ou de simples fortins (gardés par trois ou quatre soldats) qui avaient été anéantis par des missiles ultra précis tirés depuis des avions de combats ou des bâtiments maritimes croisant aussi loin que la méditerranée ou l'océan Indien. La maîtrise de l'air des Etats -Unis est, de fait éclatante : ils disposent aujourd'hui de plus d'avions de chasse ou d'attaque au sol de la dernière génération que toutes les autres aviations existantes réunies. Ils ont en effet à leur disposition (chiffres de l'IISS pour 20047) 2.267 avions de la dernière génération, 102 Awacs (avions de surveillance et de contrôle dotés de radars puissants).

· Une armée de terre qui a été par les réductions de l'après-guerre froide (en passant de 2.7 millions à 2.2 millions pour l'ensemble du personnel), renouvelée dans les années 1990 avec un passage de 2.2 à 1.5 millions. Mais, comme les guerres de multipliaient et que le ré&seau de bases à travers le monde restait largement le même, l'armée américaine s'est retrouvée, au lendemain de la guerre d'Irak, avec près de 370 000 hommes déployés sur l'ensemble de la planète, soit 24 de ses 33 brigades de combat, ou 73% du total. Deux seulement de ses divisions restaient disponibles pour d'autres conflits éventuels, l'Afghanistan et surtout l'Irak exigeaient une présence en homme aussi massive.

Notons aussi, cependant que, di ans après la fin de la guerre froide, le nombre des soldats basés (hors opérations) à l'étranger avait diminué de 50% et représentait 250.000 hommes sur une force armée totale de 1.4millions absorbant environ 50 milliards de dollars par an (dont 117.000 hommes en Europe, 101.000 en Asie orientale et 30.000 dans le Golfe). Les ambitions néo-impériales poursuivies après 2001 inspirent non pas une contraction supplémentaire du réseau de bases, mais des choix géopolitiques différents. La nouvelle stratégie ne vise plus à faire de ces boucliers destinés à endiguer l'expansion soviétique, ni instruments de stabilisation dans des régions sensibles. Mais ces bases deviennent des instruments de préventions et d'intervention dans les pays ciblés. C'est pourquoi les décisions annoncées à l'automne 2004 visent d'abord à rapprocher, autant que faire se peut, ces bases de théâtres potentiels d'application de la force.

· Près de 100 satellites militaires, de 150 autres à usage civil et un contrôle jusqu'ici exclusif du GPS ou Global Positionning System (Comprenant son usage au autres), les Etats -Unis ont incontestablement la maîtrise de l'espace.

· Pour clore ce tableau, l'instrument militaire américain a été beaucoup moins affecté qu'on ne le pense par la fin de la guerre froide. Alors que, traditionnellement, les industriels se démobilisaient à l'issue de chaque conflit et se repliaient sur des productions civiles, tel ne fut pas le cas alors. Dix ans après l'implosion de l'URSS, aucun site de protection privée n'avait été formée ; plus de deux millions de salariés y travailleraient encore. Ce qui fait que dix ans après, la capacité de production militaire demeurait quasi intacte.

Ainsi, à ce sujet, le professeur Ghassan Salamé affirme qu'en dépit de la disparition de la principale menace et de l'existence d'arsenaux suffisants et ultramodernes, le budget d'acquisitions n'a pas cessé de croître. Le complexe militaro-industriel est plus que jamais puissant au Congrès, et on peut même constater qu'il détermine, encore plus qu'à l'époque de la guerre froide, la politique d'équipement des forces armées. C'est pour quoi lorsque George W. Bush, élu, renoua avec la hausse du budget militaire, les lignes de production n'attendaient que ses nouvelles commandes72(*).

D'une manière générale, pour ce qui est du budget militaire, depuis 2002 il dépasse les 400 milliards de dollars annuels. Cela, sans compter les guerres qui exigent souvent des rallonges, exemple le cas d'Irak en 2003 (75 milliards de dollars pour si mois).

Pour terminer ce paragraphe, d'après le dictionnaire de stratégie, l'arsenal actuel stratégique américain, qui est placé sous le commandement d'une seule autorité (stratégie command), a la composition suivante :

· 550 missiles terrestres (2500 têtes)

· 436 missiles embarquée sur sous -marins (3.488 têtes)

· 92 bombardiers (1.800 têtes), soit un total de 1078 vecteurs pour 7.7.88 têtes.

Quant à l'arsenal tactique, il comprend :

· 650 bombes (dont 150 déployées en Europe) ;

· 350 missiles de croisière embarquements sur navires de surface et sous- marins, soit 1.000 têtes nucléaires73(*).

§3. Au niveau de la méthodologie et moyens d'intervention

A ce niveau, il convient de signaler que la stratégie américaine de défense durant la période de la guerre froide procédait tout d'abord à équiper leurs alliés en leur fournissant aussi de l'aide dans le domaine militaire. Ensuite, l'installation des coins jugés stratégiques, toujours dans le souci de stopper les avancées communistes. Raison pour laquelle on a parlé de la guerre par procuration, c'est-à-dire que les alliés ou les Etats satellitaires des USA étaient obligés d'être à la position défensive en cas d'attaque soviétique.

Par ailleurs avec la stratégie de l'après guerre froide, il s'agit de la révision des alliances. Les attentats de septembre 2001 ont servi de révélateurs sur une question essentielle : qui sont les vrais alliés de l'Amérique ? L'Europe a montré qu'elle prenait immédiatement sa part du deuil américain et qu'elle manifestait sa solidarité de multiples façons. Ces attentats ont permis aussi à Washington d'engager des alliances tactiques indispensables : Pakistan en est le meilleur exemple.

Concernant les moyens d'intervention, ils se fondent sur le principe selon lequel « c'est la mission qui détermine la coalition, et non l'inverse ». Ce principe conduit en général à considérer les alliés moins comme des partenaires durables que des atouts ponctuels ; il conduit aussi évidemment à dévaluer l'OTAN et à la transformer en simple « réservoir » de ressources. L'unité de l'Europe devient, dans cet esprit, plus un obstacle qu'un atout, et certains partisans de l'administration comme Gérard Baker, appellent désormais à oeuvrer à sa désagrégation74(*).

En outre, poursuit l'auteur, les alliés dans cette nouvelle stratégie, doivent faire maintes concessions pour permettre à l'Amérique d'accomplir la mission dont ils l'ont chargée : ils doivent comprendre que l'Amérique est obligée d'agir de manière préemptive pour venir à bout de la « trônée », et ce, le plus souvent unilatéralement ; que non seulement le gouvernement américain «  est la plus grande force agissant pour le bien dans le monde, mais que l'armée américaine est l'instrument principal de ce bien ». Pour lui permettre d'agir à sa guise, ils doivent mettre à sa disposition leurs ressources et cesser de vouloir lui imposer des normes comme celles de la cour pénale internationale. Et s'ils n'acceptent pas tout cela ? Eh bien (allusion très claire aux opposants européens à la guerre contre l'Irak, ils démontreraient qu'ils sont en réalité de « petits esprits égoïste préférant des échecs américains à l'expansion globale du noyau dont ils font partie ».

§4. Champs et type d'intervention

Lors de la bipolarité, les champs d'intervention coïncidaient avec les bases de l'OTAN, ainsi il y avait des théâtres d'opérations ci- après :

· Les théâtres centre de l'Europe qui comprenaient les forces ouest- Allemagne, américaine, britannique, néerlandaises, belges, canadiennes et danoises. Le groupe d'armées Nord de l'OTAN (NORTHAG) fournissaient quatre cors d'armée ( le 1er néerlandais, le 1er allemand, le 1er britannique et le 1er belge) pour défendre la zone qui s'étend au sud de l'Elbe jusqu'au couloir de Gottingen, tandis que le groupe d'armées centre (CENTAG) avec quatre corps d'armée (le 3ème allemand, 5ème et le 7ème américains e »t le 2ème Allemagne, plus un groupe de brigades canadiens) défend une zone allant du sud de Gottingen jusqu'à la frontière autrichienne.

Le théâtre Nord et sud : le théâtre Nord Europe est particulièrement aigue suivant un arsenal allant du Groëland à la Norvège et au Danemark en passant par Island. Cette zone couvre les approches septentrionales de l'Atlantique ainsi que les lignes de communication maritimes qui seraient en temps de guerre un cordon ombilical vital entre la partie européenne de l'OTAN et l'Amérique du Nord.

Le théâtre Sud Europe peut être divisé en plusieurs théâtres secondaires : les détroits turcs et la Thrace ; les Balkans et l'Italie du Nord. Dans cette zone, la maîtrise de la méditerranée et de la mer Noire, ainsi que des passages resserrés qui les relient : mer Egée et détroits des Dardanelles et du Bosphore, demeure la clé importante. La méditerranéen est une voie capitale pour l'acheminement des renforts.

· Pour ce qui est de l'Asie orientale et Pacifique, les caractéristiques géopolitiques et militaire font l'évaluation des forces dans cette région soit différente à celle des forces en Europe. En effet, il n'y a pas, dans le pacifique de système d'alliance dirigé par une super puissance comparable à celui de l'OTAN.

Par contre, dans la stratégie néo-impériale, les champs et le type d'intervention dépendent de la zone retenue comme cible et par après, les forces soit américaines ou de la coalition s'installent dans les bases américaines ou de l'Etat d'accueil le plus proche à l'endroit où l'intervention doit avoir lieu. Les opérations menées à l'Afghanistan et en Irak demeurent les exemples les plus éloquents.

Une chose à ne pas oublier est que l'action préventive demeure le type d'intervention de l'actuelle stratégie américaine comparativement à la guerre froide où les forces américaines et alliées étaient plus à la défensive.

SECTION II. CONSTANCE OU EVOLUTION ?

Il y a lieu, à partir des considérations ayant émaillé les parties précédentes à cette section, nous pouvons parvenir à démontrer la constance ou l'évolution de la stratégie américaine.

§1. Constance de la stratégie américaine de défense

Quand bien même, depuis la guerre froide, beaucoup des doctrines stratégiques ont caractérisé les Etats-Unis d'Amérique, il ressort que le primat dans toutes ces doctrines sécuritaires n'est que la préservation de l'intérêt national américain.

Ainsi, l'après guerre froide et surtout avec les attaques terroristes du 11 septembre et d'autres qui s'en ont suivi partout où se trouvaient les intérêt américains, la stratégie américaine utilisée pour faire face à cette terreur reflète le « Wilsonisme ». A ce sujet, Salamé G. affirme que le Wilsonisme est en réalité un mythe qui, en 1919, puis de nouveau 1945 et en 2001, s'est heurté à la réalité des rapports de forces qu'il s'obstinait à ignorer. Depuis F. Roosevelt jusqu'à nos jours, tous les présidents ont prétendu être Wilsoniens mais ont souvent peu de choses en commun75(*).

Si nous avions pris l'exemple de Wilsonisme pour illustrer la constance dans la stratégie américaine de défense, c'est pour démontrer que lors qu'il s'agit de défendre leurs intérêts, les présidents américains voient d'abord les Etats-Unis avant d'agir. Pour entrer à la première guerre mondiale, il a fallu que les bateaux américains SUNSEX et LUSITANIA soient torpiller par les bombes allemandes, pour prendre part à la deuxième guerre mondiale, il a fallu qu'il y ait les attentats du Pearl Harbour, enfin pour déclarer la guerre contre le terrorisme, il a fallu l'écroulement des deux tours jumelles, symbole de prospérité économique américaine. La constance est que la stratégie américaine de défense est éloquente que lorsque l'Amérique est touchée.

Bref, la constance dans la stratégie américaine de défense se fait remarquer par la quête inavouable d'un monde unipolaire. Et ce bien ce qui explique pour quoi les auteurs américains contemporains ont tendance à revisiter la dynamique même de la guerre froide pour reconnaître, avec bien du retard, ce que l'URSS, ses satellites, la gauche européenne et une Kyrielle de mouvements nationalistes du tiers monde n'ont cessé de clamer sans être jamais étouffés à Washington, tout au long de la seconde moitié de 20ème siècle, à savoir qu'à côté de la mission affichée pour contenir l'expansionnisme soviétique de par le monde, les Etats-Unis cherchaient aussi, et peut-être d'abord , à accélérer la mise en place d'une hégémonie planétaire américaine.

§2. Evolution de la stratégie américaine de défense

Il sied de reconnaître que tous les atouts que possédaient les Etats-Unis lui conférant la force et la puissance pendant la guerre froide ne sont jamais déclarés obsolètes. Ce qui revient à dire que le 11 septembre n'a fait qu'amener quelques rectifications dans la pensée stratégique américaine, surtout par rapport à un ennemi qui est différent de l'empire du mal. Ceci démontre à suffisance combien il était impérieux de réadapter la stratégie de défense aux caractéristiques de l'ennemi.

De nos jours, l'Amérique contrôle très largement les mers, le ciel et l'espace. Elle a aussi le premier réseau de bas des militaires, et c'est en fait la seule puissance militaire globale du monde actuel. Un autre élément parmi tant d'autres démontrant l'évolution de la stratégie de défense américaine est la réforme des services de renseignement. En effet, pour avoir constaté les erreurs d'appréciation de l'échelon contrat de FBI et la faible réactivité de la NSA, aussi que leur manque de coordination, le président Bush annonçait la création d'une nouvelle agence, chargée d'analyser les informations rassemblées par le FBI et la CIA sur les menaces terroristes à l'intérieur des Etats-Unis. Il s'agit tout simplement de la plus importante réorganisation de la bureaucratie fédérale dans cinquante dernières années.

D'une manière générale, l'évolution en matière de stratégie se manifeste non seulement avec la tactique de la guerre préventive, mais aussi au niveau des services des renseignement, car plus de 100 institutions du gouvernement fédéral des Etats-Unis ont aujourd'hui des responsabilités diverses en matière de défense du territoire. Le ministère de la défense du territoire, sous la direction de Tom Ridge, est censé faciliter les problèmes de coordination entre les différentes entités. Le nouveau département chargé de rassembler les informations relatives aux menaces terroristes au sein des USA dépendra de ce Bureau76(*).

Voilà autant d'éléments démontrant l'aspect évolutif de la stratégie américaine. Car une stratégie de défense s'accommode au temps, aux circonstances et aux paramètres du réel sans lesquels, la sécurité nationale serait vulnérable.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Il nous est absurde de terminer un travail scientifique sans la conclusion et sans laisser une ouverture pour un autre débat. Sinon, nous tombons dans un sophisme scientifique dangereux au renouvellement de la connaissance.

Notre étude reposait sur « constance et évolution de la stratégie américaine de défense face aux mutations du système international ». Pour y arriver, nous nous sommes servi de plusieurs méthodes que nous avons jugées appropriées. La première est la méthode dialectique qui nous a démontré qu'au sein du système international existent des contradictions, des confrontations issues des attitudes de chaque Etat cherchant à préserver ses intérêts, lesquels le poussent chaque Etat à avoir une stratégie de défense, car dit-on un Etat est un ennemi potentiel pour l'autre. La deuxième est l'approche anthropologico-diplomatico-stratégico militaire. Celle-ci à eu comme contribution dans notre sujet de recherche par le fait que nous sommes parvenus par interpénétrer la stratégie américaine de défense depuis la guerre froide jusqu'à l'après 11 septembre et avons dégagé des éléments nécessaires reflétant la constance et le dynamisme de cette stratégie par rapport aux événements qui surgissent sur le système international. Outre ces méthodes, nous nous servis aussi de la méthode culturaliste, de la théorie du jeu, de la méthode comparative.

Toujours dans notre réflexion, après avoir parcouru toutes les expressions stratégiques ayant caractérisé la stratégie américaine de défense pendant la guerre froide, que ça soit le new look de Eisenhower, la riposte gradué de Kennedy, la doctrine de Nixon, l'IDS de Reagan, la stratégie de Bush Senior, nous avons démontré que toutes les expressions stratégiques ont fait parti de l'endiguement (containment) qui consistait à contrecarrer les velléités expansionnistes de « l'empire du mal » qui n'était autre que l'ex- URSS.

Cependant, nous avons aussi déceler qu'après l'effondrement de l'empire soviétique, une certaine léthargie ou cacophonie stratégique caractérisait le comportement des Etats-Unis, car son rival n'existait plus, et quand bien, les américains étaient conscients des nouvelles menaces réelles ou virtuelles, ils ne s'imaginaient pas connaître un désastre ou un attentat sur leur territoire, quand bien même leurs deux ambassades en Afrique de l'Est furent touchés par des actes terroristes en 1998.

Ainsi, c'est le 11 septembre qui, dans le domaine de la stratégie, a indéniablement changé la donne. Une forme d' « impérialisme libéral » est apparue, fondée sur le recours à la force comme instrument de reconstruction d'un ordre international. Pour Pierre Hassner, l'explication de cette rupture avec le multilatéralisme doit être directement recherchée dans les attentats du 11 septembre77(*). Les Etats-Unis ont pris conscience de leur vulnérabilité et du fait qu'eux seuls peuvent agir pour la sauvegarde de leurs intérêts.

C'est pourquoi les guerres qu'ils ont menées depuis ne sont en rien comparables à celle du Vietnam ou à la seconde guerre mondiale. Les Etats-Unis ont aujourd'hui conscience de combattre pour la sauvegarde de leurs intérêts vitaux, voire même à moyen terme pour leur survie.

Ainsi, nous affirmons avec Pascal Cuche que dans cette perspective, la politique de « containment » menée par G.W. Bush est une stratégie réaliste, en ce qu'elle vise à assurer avant tout la sécurité des Etats-Unis dans le monde instable de l'après 11 septembre, en luttant contre le terrorisme et les « Etats voyous ». Les objectifs de cette politique ne sont pas éloignés d'une position isolationniste dans la mesure où elle est résolument tournée vers l'intérieur. Loin de tout idéalisme, les Etats-Unis ont adapté leur politique étrangère au nouveau contexte géopolitique issu du 11 septembre. Il n'est d'ailleurs pas certain que Bill Clinton aurait suivi une politique radicalement différente dans un contexte identique78(*).

En outre, la lecture de la stratégie américaine de défense de l'après 11 septembre est toutefois plus compliquée qu'il n'y parait. Car elle est construite, comme l'a montré Pierre Hassner, à partir d'un mélange idéologique mêlant isolationnisme, unilatéralisme, idéalisme et internationalisme messianique79(*). Au-delà de son caractère réaliste, il est en effet indéniable que la politique de G.W. Bush est également fortement imprégnée d'idéalisme. Derrière la lutte contre le terrorisme apparaît un objectif : la volonté de développer la démocratie au Moyen-Orient, et pour commencer en Irak. Cette politique d'inscrit dans la continuité de celle prônée par les partisans d'une vision idéaliste des relations internationales. On retrouve en effet dans le discours de G.W. Bush des intonations Wilsoniennes. L' « axe du Mal », identifié par W. Bush dans son discours sur l'état de l'Union le 29 janvier 2002, rappelle, dans une certaine mesure, le « nouvel ordre des choses » du président W. Wilson. L'existence d'une « axe du mal » appelle un combat pour le bien. Raison pour laquelle le Président Bush a déclaré : « nous sommes dans un conflit entre le bien et le mal, et l'Amérique appellera le mal par son. Lorsque nous luttons, poursuit-il, contre le mal et les régimes sans foi ni loi nous ne créons pas un problème nouveau : nous révélons un problème existant. Et nous conduirons les nations pour les régler »80(*). Cette rhétorique n'est pas non plus sans rappeler les déclarations de Wilson en 1919, lors qu'il dit : « la seule question importante pour le devenir de l'humanité était de savoir si telle ou telle chose était bien ou juste dans l'intérêt de l'humanité, avec la conscience du rôle messianique des Etats-Unis »81(*).

Certes, toutes les considérations et illustrations qui précédent, démontrent à suffisance que la stratégie américaine de défense est à la fois constante et évolutionniste. Constante, parce que elle défend tout d'abord les intérêts américains en gardant l'essence Wilsonienne. Elle est évolutionniste, car elle s'adapte aux nouveaux événements et à la nouvelle configuration du système international. Peu importe leurs dissensions internes liées aux tendances politiques (néo conservateurs, idéalistes, etc.).

Bref, nous pouvons dire que dans la vision américaine de défense, après le 11 septembre, avec le terrorisme messianique et la réalisation de l'administration Bush, on passe de la mondialisation heureuse où l'Amérique Clintonienne espérait régner par la séduction et le dynamisme économique, à la mondialisation sombre dramatique ou tragique, où l'Amérique livre une lutte sans merci, en tout lieu et en tout temps, à un ennemi mortel qu'il s'agit d'anéantir sans peine d'être détruit par lui82(*). D'où, la lutte sans merci en vue d'éviter le 2ème 11 septembre, car les terroristes n'avertissent pas avant d'attaquer, mais revendiquent les attentats.

BIBLIOGRAPHIE

I. DOCUMENTS OFFICIELS

1. Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

2. Donald Rumsfeld au début du mois de mai 2002 à l'OTAN.

3. Esquisse de l'histoire des Etats-Unis, United States Information Agency, mai, 1994.

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5. Rapport national américain sur le terrorisme dans le monde en 2002.

6. Revue électronique du Département d'Etat des USA sur le terrorisme, 2001.

7. Soviet Military Power, Bilan 1989.

II. OUVRAGES

1. Barrea, J., Théories des relations internationales, éd. CIACO, Bruxelles, 1979.

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3. Chaliand, G. et A. blin, América is back : les nouveau césars du Pentagone, Bayard, Paris, 2003.

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6. Dictionnaire Larousse illustré 2001.

7. Dictionnaire médical pour les régions tropicales.

8. Dominique et Michèle FREMY, encyclopédie Quid, éd. Robert Laffont, 1994.

9. GONIDEC, P.F., Relations Internationales, édition Montchrestien, Paris, 1974.

10. Gratwitz, M., Méthode des sciences sociales, 2ème éd., Dalloz, Paris, 1974.

11. JACQUARD, R., Tueurs sans frontières, les dossiers secrets du terrorisme, éd. Albin Michel, Paris, 1985.

12. Lippmann, W., U.S. Foreign Policy. Shield of the Republic, Boston (Mass.), Little / Brown, 1943.

13. LOKA NE KONGO, Schéma du travail scientifique, PUZ, Kinshasa, 1978.

14. Nixon, R., La vraie guerre, Albin Michel, Paris, 1980.

15. P. Hassner et J . Vaisse, «  Washington et le monde. Dilemmes d'une surpuissance, Paris, CERI, 2003.

16. REZSOHAZY, R., Théorie et critique des faits sociaux la renaissance du livre, Bruxelles, 1971.

17. Salamé, G., Quand l'Amérique refait le monde, Fayard, Paris, 2005.

18. Delpech,T., Politique du chaos. L'autre face de la mondialisation, éd. Le Seuil, Paris, 2002.

19. VAISSE, M., et alii, Dictionnaire des relations internationales, au 20ème siècle, Armand Colin, Paris, 2000.

20. VENEZIA, J.C., Stratégie nucléaire et relations internationales, Armand Colin, Paris, 1971.

III. ARTICLES

1. Ben Yahmed, B., «Une très mauvaise affaire », in J.A./ l'intelligent n°2127, oct.2001.

2. Cuche, P., « Irak : si la France s'était trompée ? » in Politique étrangère, n°2 été 2003, IFRI, Paris.

3. Delpech, T., « Quatre regards sur le 11 septembre : Etats-Unis, Europe, Russie, Chine », in Esprit, Août - septembre 2002.

4. Gere, F., « L'ordinaire de la guerre et le nouveau grand schisme », in puissances et influences, 2000-2001, éd. 1001 nuits, Turin, 2000.

5. GESLIN, J.D., « Black list », J.A./l'Intelligent, n° 2127, du 16 au 22 octobre 2001.

6. Hartland-Thunberg, P., « National Economic Security : Interdependence and Vulnerability », in Frans A. M. Alting von Geusau, Jacques Pelkmans (eds.), National Economic Security, Tilburg, John F. Kennedy Institute, 1982.

7. Hassner, P ., « L'action préventive est - eller une stratégie adaptée ? , un esprit , août-seprt. 2002.

8. Hassner, P., « Etats-Unis : l'empire de la force ou la force de l'empire », in Cahiers de Chaillot, n°54, Paris, 2002.

9. Hassner, P., « Puissance et légitimité », in commentaire, n°100, Hiver 2002-2003, Paris.

10. Journal Le nouvel observateur, 19 juillet 1985.

11. Luciani, G., « The Economic Content of Security », in Journal of Public Policy, vol. 8, n° 2, 1989.

12. MAKARIAN, C., « Le fanatisme », in Le vif/l'Express, n° 39/2621 sept-oct 2001.

13. May, E., « National Security in American History », in Graham T. Allison, Gregory F. Treverton (eds.), Rethinking America's Security : Beyond Cold War to New World Order, New York, Norton, 1992.

14. Mongin, O., « Une entrée brutale dans l'après-guerre froide », in Esprit, Août - septembre 2002, n°287, Paris.

15. Remy, J., et alii, « les ressorts du fanatisme », in Le vif/l'express, n°39/29621, septembre - octobre 2001.

16. SOUDAN, F., « Ben Laden : Le chant du Cygne », in Jeune Afrique / l'intelligent, n° 2127, du 16 au 22 octobre 2001.

17. Taylor, F., « La politique des Etats-Unis en matière de lutte contre le terrorisme », in Les objectifs de politique étrangère des USA, vol 6, n°3, novembre 2003.

18. THORIN, V., « Cherche ennemie, désespérément », in J.A./L'intelligent, n° 2127 du 16 au 22 octobre 2001.

19. Trager, F.N. et Simonie F.L., « An Introduction to the Study of National Security », in Franck N. Trager, Philip S. Kronenberg (eds.), National Security and American Society, Lawrence, University Press of Kansas, 1973.

20. Wolfers, A., « «National Security» as an Ambiguous Symbol », Political Science Quarterly, vol. 67, n° 4, 1952. Réédité dans Arnold Wolfers, Discord and Collaboration. Essays on International Politics, Baltimore (Md.), Johns Hopkins University Press, 1962.

IV. COURS (SYLLABUS)

1. OLOFIO BEN OLOMY, Cours de méthode de travail scientifique, 1er graduat SPA, Unikin, 1996-1997, inédit.

2. LOKULUTU, B., Cours de la géostratégie, 1ère licence, Unikin, 2003-2004, inédit.

3. DIUR K., Cours d'Introduction aux relations internationales, G1 R.I., UNIKIN, 2001-2002, inédit.

V. SITE INTERNET

www.usinfo.state.gov

TABLE DES MATIÈRES

EPIGRAPHE I

DÉDICACE II

AVANT-PROPOS III

ABREVIATIONS V

INTRODUCTION 1

1. PROBLÉMATIQUE 1

2. HYPOTHÈSES DE TRAVAIL 3

3. MÉTHODES ET TECHNIQUES 5

A. Méthodes 5

a. La méthode dialectique 5

b. L'approche anthropologico-diplomatico-stratégico militaire 6

c. Méthode comparative 6

d. Méthode culturaliste 6

e. La théorie de jeu 6

B. Techniques 7

4. CHOIX ET INTÉRÊT DU SUJET 7

5. DÉLIMITATION DU SUJET 8

A. Sur le plan temporel 9

B. Sur le plan spatial 9

6. PLAN SOMMAIRE DU TRAVAIL 9

PREMIER CHAPITRE : EXPLICATIONS CONCEPTUELLES 10

SECTION I. DÉFINITION DES CONCEPTS ET NOTIONS DE BASE 10

§1. Constance 10

§2. L'évolution 10

§3. Mutation 11

§4. La géostratégie 11

§5. La guerre froide 13

§6. Le terrorisme 14

1. Le bioterrorisme 15

2. Le cyber-terrorisme 16

3. Le kamikaze 16

§7. La politique de défense 17

1. Les doctrines militaires 17

§8. Sécurité nationale 18

§9. La sécurité collective 20

CHAPITRE DEUXIÈME : OBJECTIFS ET NATURE DES DÉFIS DES USA EN MATIÈRE DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ 21

SECTION I. LA NATURE DU DÉFI SOVIÉTIQUE 22

§1. Stratégie et structure de la défense soviétique 22

A. Situation de défense avant Gorbatchev 22

§2. Le pacte de Varsovie 23

1. Objectifs du pacte de Varsovie 23

2. Dissolution du pacte de Varsovie 24

SECTION II. LE TERRORISME INTERNATIONAL 24

§1. Origine 24

§2. Objectifs des terroristes 25

1. Obtenir de l'argent 26

2. Tuer des personnalités qui risquent de gêner leur action 26

3. Prendre des otages 26

4. Faire peur aux populations et aux gouvernements par des attaques surprises et suicides 27

5. Affirmer la force de la foi islamique 27

§3. Types du terrorisme 28

1. Le terrorisme nationaliste 28

2. Le terrorisme révolutionnaire 29

3. Le terrorisme d'Etat 31

4. Les principales organisations terroristes dans le monde 31

§4. Bases terroristes 33

§5. Les conséquences du terrorisme 33

1. Sur le plan psychologique 33

2. Sur le plan politique 35

3. Sur le plan économique 36

4. Sur le plan socioreligieux 37

5. Sur le plan humanitaire 37

CHAPITRE TROISIEME : LES STRATÉGIES DE DÉFENSE DES USA PENDANT ET APRÈS LA GUERRE FROIDE 39

SECTION I. LE SYSTÈME AMÉRICAIN DE DÉFENSE DURANT LA GUERRE FROIDE 40

§1. Stratégie et structure de la défense américaine 41

A. L'endiguement 41

B. New look 43

C. Riposte graduée 44

D. Doctrine de Nixon 44

E. Stratégie défensive de l'avant 45

F. Stratégie de défense conventionnelle 45

G. Nouvelle stratégie de défense du président Reagan 46

§2. Programmes de défense stratégique, nucléaires et spatiaux 47

A. Programmes de défense stratégique et nucléaire 47

B. Programme spatial 48

§3. L'OTAN 49

SECTION II. LA POLITIQUE AMÉRICAINE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME PENDANT LA PÉRIODE POST-GUERRE FROIDE 51

§1. Les instruments de la lutte antiterrorisme 54

A. Programme d'aide antiterroriste 55

B. Programme d'intervention du terrorisme 56

C. Programme « Rewards for Justice » 56

D. La diplomatie 56

§2. Stratégie militaire des USA dans la lutte antiterroriste 56

CHAPITRE QUATRIÈME : ANNALYSE COMPARATIVE DE LA STRATEGIE AMERICAINE DE DEFENSE AU REGARD DES MUTATIONS DU SYSTEME INTERNATIONAL 58

SECTION I. LES ELEMENTS D'ANALYSE COMPARATIVE 59

§1. Au niveau du système de défense 59

§2. Au niveau des infrastructures militaires et la production des armes 61

§3. Au niveau de la méthodologie et moyens d'intervention 64

§4. Champs et type d'intervention 65

SECTION II. CONSTANCE OU EVOLUTION ? 66

§1. Constance de la stratégie américaine de défense 66

§2. Evolution de la stratégie américaine de défense 67

CONCLUSION GÉNÉRALE 69

BIBLIOGRAPHIE 72

TABLE DES MATIÈRES 75

* 1 Gere, F., « L'ordinaire de la guerre et le nouveau grand schisme », in puissances et influences, 2000-2001, éd. 1001 nuits, Turin, 2000, p.13.

* 2 TALBOT, S., Cité par François GERE, op.cit., p.13.

* 3 LOKA NE KONGO, Schéma du travail scientifique, PUZ, Kinshasa, 1978, p.86.

* 4 Thérèse Delpech, Politique du chaos. L'autre face de la mondialisation, éd. Le Seuil, Paris, 2002, p.42.

* 5 CHASSE, J., cité par Barrea, J., Théories des relations internationales, éd. CIACO, Bruxelles, 1979, p.24.

* 6 Mongin, O., « Une entrée brutale dans l'après-guerre froide », in Esprit, Août - septembre 2002, n°287, Paris, p.15.

* 7 Exposé de Donald Rumsfeld au début du mois de mai 2002 à l'OTAN.

* 8 Gratwitz, M., Méthode des sciences sociales, 2ème éd., Dalloz, Paris, 1974, p.47.

* 9 OLOFIO BEN OLOMY, Cours de méthode de travail scientifique, 1er graduat SPA, Unikin, 1996-1997, inédit.

* 10 REZSOHAZY, R., Théorie et critique des faits sociaux la renaissance du livre, Bruxelles, 1971, p.68.

* 11 Dictionnaire Larousse illustré 2001.

* 12 Dictionnaire Larousse illustré 2001.

* 13 Clausewitz, K., cité par GONIDEC, P.F., Relations Internationales, édition Montchrestien, Paris, 1974, p.291.

* 14 GONIDEC, P.F., op.cit., pp.298-299.

* 15 LOKULUTU, B., Cours de la géostratégie, 1ère licence, Unikin, 2003-2004, inédit.

* 16 VAISSE, M., et alii, Dictionnaire des relations internationales, au 20ème siècle, Armand Colin, Paris, 2000, pp.117-118.

* 17 VAISSE, M., et alii, op.cit., p.119.

* 18 Denvers, A., Points chocs : atlas des conflits dans le monde, édition n°1, Paris, 1987, p.17.

* 19 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré 2001.

* 20 Rapport sur le terrorisme dans le monde en 2002, http://usinfo.state.gov

* 21 Remy, J., et alii, « les ressorts du fanatisme », in Le vif/l'express, n°39/29621, septembre - octobre 2001, p.37.

* 22 Dictionnaire Larousse Illustré 2001, p.

* 23 Henri Pac, cité par LOKULUTU, op.cit.

* 24 GONIDEC, P.F., op.cit. p.346.

* 25 May, E., « National Security in American History », in Graham T. Allison, Gregory F. Treverton (eds.),

Rethinking America's Security : Beyond Cold War to New World Order, New York, Norton, 1992, p. 235.

* 26 Lippmann, W., U.S. Foreign Policy. Shield of the Republic, Boston (Mass.), Little / Brown, 1943, p.122.

* 27 Hartland-Thunberg, P., « National Economic Security : Interdependence and Vulnerability », in Frans A. M. Alting von Geusau, Jacques Pelkmans (eds.), National Economic Security, Tilburg, John F. Kennedy Institute, 1982, p.50.

* 28 Luciani, G., « The Economic Content of Security », Journal of Public Policy, vol. 8, n° 2, 1989, p. 151.

* 29 Trager, F.N. et Simonie F.L., « An Introduction to the Study of National Security », in Franck N. Trager, Philip S. Kronenberg (eds.), National Security and American Society, Lawrence, University Press of Kansas, 1973, p. 36.

* 30 Wolfers, A., « «National Security» as an Ambiguous Symbol », Political Science Quarterly, vol. 67, n° 4, 1952. Réédité dans Arnold Wolfers, Discord and Collaboration. Essays on International Politics, Baltimore (Md.), Johns Hopkins University Press, 1962, p. 150.

* 31 Barry Buzan, Security : A New Framework for Analysis, Boulder (Col.), Lynne Rienner, 1998, pp.18-19.

* 32 VENEZIA, J.C., Stratégie nucléaire et relations internationales, Armand Colin, Paris, 1971, p.17.

* 33 VENEZIA, J.C., op.cit, p.18.

* 34 DIUR K., Cours d'Introduction aux relations internationales, G1 R.I., UNIKIN, 2001-2002, inédit.

* 35 JACQUARD, R., Tueurs sans frontières, les dossiers secrets du terrorisme, éd. Albin Michel, Paris, 1985, p.7.

* 36 BUSH, G., « Le terrorisme : Evaluation de la menace, contre mesures et politique », in Objectifs de politique étrangère des Etats-Unis, n°3, volume 6, Novembre 2001, Département d'Etat des USA, p.2.

* 37 DIUR K., op.cit.

* 38 Journal Le nouvel observateur, 19 juillet 1985.

* 39 SOUDAN, F., « Ben Laden : Le chant du Cygne », in Jeune Afrique / l'intelligent, n° 2127, du 16 au 22 octobre 2001, p.18.

* 40 CHEIK M., cité par MAKARIAN, C., « Le fanatisme », in Le vif/l'Express, n° 39/2621 sept-oct 2001, p.32

* 41 DENVERS, A., op.cit., p.23.

* 42 GESLIN, J.D., « Black list », J.A./l'Intelligent, n° 2127, du 16 au 22 octobre 2001, p. 22.

* 43 ARUNDHATI ROY cité par Valérie THORIN, « Cherche ennemie, désespérément », in J.A./L'intelligent, n° 2127 du 16 au 22 octobre 2001, p.16.

* 44 Dictionnaire Larousse illustré, 2001.

* 45 Dictionnaire médical pour les régions tropicales.

* 46 Bush, W.G., « Le terrorisme : Evaluation de la menace, contre mesures et politique, in les objectifs de politique étrangère des USA, Vol6, n°3, nov. 2001.

* 47 Dominique et Michèle FREMY, encyclopédie Quid, éd. Robert Laffont, 1994, p. 860 a.

* 48 Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

* 49 Ben Yahmed, B., «Une très mauvaise affaire », in J.A./ l'intelligent n°2127, oct.2001, p.10.

* 50 Churchill, W., cité par Nixon, R., La vraie guerre, Albin Michel, Paris, 1980, p.174.

* 51 Esquisse de l'histoire des Etats-Unis, United States Information Agency, mai, 1994, p.284.

* 52 VAISSE, M., et alii, Dictionnaire des relations internationales au 20ème siècle, Armand Colin, Paris, 2000, p.94.

* 53 Nixon, R., op.cit, pp.427-428.

* 54 FREMY, M., Encyclopédie quid, éd. Robert Laffont, Paris, 1994, p.1880.

* 55 De Montbrial, T., et Klein, J., Dictionnaire de stratégie, PUF, Paris, 2000, p.54.

* 56 Soviet Military Power, Bilan 1989, p.88.

* 57 Fremy, M., op.cit, p.1882.

* 58 Vaisse, M., et alii, op.cit, p.117.

* 59 Salamé, G., Quand l'Amérique refait le monde, Fayard, Paris, 2005, p.51.

* 60 Idem, pp.52-53.

* 61 Lacorne, D., cité par Salamé, G., op.cit., p.54.

* 62 Bill Clinton cité par Bruce Hoffman, « La menace d'attentats en moyen d'armes atomiques, bactériologiques et chimiques », in Puissances et Influences, éd. 1001 nuits, Turin, 2000, p.66.

* 63 Delpech, T., « Quatre regards sur le 11 septembre : Etats-Unis, Europe, Russie, Chine », in Esprit, Août - septembre 2002, p.19.

* 64 Taylor, F., « La politique des Etats-Unis en matière de lutte contre le terrorisme », in Les objectifs de politique étrangère des USA, vol 6, n°3, novembre 2003, pp.7-9.

* 65 Cofer Black (2003). Rapport annule sur le terrorisme dans le monde, pp.8-9, le 23 mars 2005, www.usinfo.state.gov

* 66 www.usinfo.state.gov

* 67 Salamé, G., op cit, p. 103.

* 68 Idem, Pp. 117-118

* 69 Rapport annuel américain de défense, www.usinfo.state.gov.

* 70 Salamé, G, op.cit, p 221

* 71 Hassner, P ., « L'action préventive est - eller une stratégie adaptée ? , un esprit , août-seprt. 2002, p.65

* 72 Salamé, G., op.cit, p.205

* 73 De Mont brial, T., Klein, J., op.cit, p. 55.

* 74 Salamé, G., op.cit, p.2110

* 75 Salamé, G., op.cit, p.61

* 76 Depech, T., op.cit, p.21.

* 77 Hassner, P., « Puissance et légitimité », in commentaire, n°100, Hiver 2002-2003, Paris, p.787.

* 78 Cuche, P., « Irak : si la France s'était trompée ? » in Politique étrangère, n°2 été 2003, IFRI, Paris, p.418.

* 79 Hassner, P., « Etats-Unis : l'empire de la force ou la force de l'empire », in Cahiers de Chaillot, n°54, Paris, 2002, p.34.

* 80 Discours du 1er juin 2002 à West Point, cité par P. Hassner et J. Vaisse, «  Washington et le monde. Dilemmes d'une surpuissance, Paris, CERI, 2003, p.57

* 81 W. Wilson, cité par G. Chaliand et A. blin, América is back : les nouveau césars du Pentagone, Bayard, Paris, 2003, P.107

* 82 Hassner, P., « L'action préventive est-elle une stratégie adaptée ? », art.cit, p.86.






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